Je continue de sonder son regard tandis qu'elle me parle tentant d'y déceler une once de malice, mais elle est visiblement aussi innocente qu'elle le prétends. Je ne peut m'empêcher de sourire en l'entendant bredouiller et se perdre dans ses propos. Cette petite manque peut-être de souffle, mais pas de courage. Elle travaille de nuit dans un bar moldu pour aider financièrement ses parents ... c'est choux non ? Jetant un coup d’œil aux alentours, je m'assure que personne ne nous surveille et pose doucement sur le comptoir mon badge étincelant.

« A ma décharge, lorsqu'on est en mission on se méfie des rencontres hasardeuses du destin ... »

Lui laissant seulement le temps de l'observer un instant, je glisse à nouveau la plaque d'argent dans la poche de ma robe de sorcier et vide d'un trait le reste de ma tasse. Franchement, si j'avais voulu faire sauter un bar moyen je ne me serais pas attardé pour y boire un café avant, si ? Après il faut avouer que les mages noirs sont aussi imprévisibles que tordus. Je les imagines bien faire péter le comptoir au moment de passer à la caisse, mais quand même ...

« Je ne suis ici ni pour me promener, ni pour faire sauter la boutique. Enfin, sauf si vous vous aventurez à raconter partout que vous avez croisé un Auror bien sûr. »

Avec un clin d’œil et un sourire, j'espère que la plaisanterie sera comprisse comme t'elle. Manquerait plus qu'elle me fasse un malaise et je vais me retrouver avec tous les clients du bar sur le dos. D'un geste de la main je suis demande un nouveau café et perds mon regard sur la salle en attendant qu'elle se remette de ses émotions.

Elle semble comprendre et se détendre légèrement, mais les mots n'ont pas l'air d'être suffisant pour qu'elle se remette de ses émotions. Une fois mon café servit, elle plaça quelques pièces dans la caisse et se servit un liquide visiblement alcoolisé. Je lui avait donc fait peur à ce point ? Ce n'était pourtant pas le but ... elle reprit doucement la parole entre deux gorgées et sa question sur mes heures supplémentaire m'arracha un éclat de rire. Quelques têtes se tournent dans la salle, mais je n'y prête pas attention.

« Je ne crois pas avoir lu sur mon contrat que celui-ci était réglementé par un nombre d'heures maximales » je glisse le sucre dans ma tasse et prend le temps de mélanger le tout avant de continuer « Les criminels n'ont pas d'emploi du temps réglementé alors, pourquoi en aurions nous un ? » je porte la tasse à mes lèvres et en avale une gorgée à mon tour « Je ne termine ma journée qu'une fois que je suis sûr de plus pouvoir rien faire de plus ... voilà tout »

Il fallait bien dire, tout de même, que même si le salaire n'était pas totalement dégoutant, travailler au Bureau des Aurors ne laissait que peu de temps à l'épanouissement de la vie personnelle de chacun. Elina me l'a bien assez souvent fait remarquer et si elle n'était pas là j'aurais surement déjà franchis le cap et me serais marié avec ma plaque...

« Vous pourriez faire des roulement si c'est ça le problème. Vous créez de l'emploi et vous assurez le repos des travailleurs et des honnêtes gens qui sont protégés par vos équipes. » Un sourire gentil, un brin de compassion dans le fond de l’œil, je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Ce serait idéal c'est vrai ... disposer d'une équipe pleine et entière pour le bureau des Aurors, d'escouades à la façon des tireurs d'élite de la baguette magique ! Mais soyons réaliste, de nos jours la carrière d'Aurors n'attire plus grand monde. C'est trop risqué et trop peu reconnu auprès des civils pour que les agents qui y sont fassent de vieux os dans le service.

« Si vous connaissez des volontaires, envoyez les nous ! Mais je crains fort que ce soit un métier trop peu reconnu pour être convoité par la population et les jeunes sorciers. » Je hausse les épaules, découragé, il faut voir les choses comme elles sont. Nous étions cinq lorsque j'ai rejoins le bureau des Aurors et nous ne sommes plus que trois aujourd'hui ... les nouvelles recrues fiables et sérieuses se font rares. Mais on tiens le cap et on continuera à s'accrocher !

La demoiselle m'extirpe de mes réflexions par une nouvelle question à laquelle j'éclate littéralement de rire ! « Ah ah ah ! Une vie privée ?! Sérieusement ? Le peu de temps libre qu'il me reste me sert surtout à me reposer, je n'ai pas de compagne et je n'aurai actuellement pas le temps de m'en occuper si ce n'était pas le cas alors ... c'est peut-être mieux ainsi. » Pas de compagne ... enfin si il y aurait bien « elle » mais je suis sans nouvelles depuis si longtemps déjà ...

« Hé beh! Heureusement que ce n'est pas vous qui faites les tracts de recrutements, vous n'auriez plus aucune candidature. » La blague ! J'éclate à nouveau de rire. Décidément cette petite pause m'aura permis de me détendre bien plus que je ne le pensais. Les candidatures ... faut-il vraiment qu'on en parle ou le simple fait que nous tournons en sous régime démontre la chute libre des candidatures reçues ? Mon équipe n'est constitué que de quatre membres et les autres équipes ne sont pas beaucoup mieux garnies...

M'enfin, on fait avec ce qu'on a et on s'adapte, c'est pas comme si nous avions vraiment le choix. Elle bifurque sur les qualifications requises pour exercer le métier. Les qualifications requises ... « En réalité on acquiert les qualités requises pendant la formation et on apprends à exercer le métier sur le terrain. Je dirais que ce qu'il faut avant tout c'est le sens du devoir, une certaine faculté d'analyse et une bonne dose d'empathie. Sur papier, notre rôle devrait se résumer à pourchasser les mages noirs, mais en réalité notre champs d'action est bien plus vaste que ça et peut aller du petit vol au coin de la rue au kidnapping. » Une faculté d'adaptation, voilà ce qui était primordial pour exercer.