Salle d'interrogatoire N°2

Vraiment ? C'était terminée ? La verte se leva, soufflant de contentement. On en faisait tout un plat de ces interrogatoires, finalement elle ne voyait pas pourquoi. Certes ça avait durée un peu trop longtemps à son goût, mais si elle n'avait pas eu peur qu'on la traite de menteuse le rendez-vous se serait fini en un post de la narratrice. Ce qui n'aurait pas été vraiment amusant non plus, il fallait l'avouer. Ester en savait peut-être plus que les autres, mais elle n'en savait pas tant que cela non plus.

- Merci pour ces renseignements mademoiselle Pasca, si toutefois un détail vous revenait en mémoire, vous savez où me joindre ... merci pour votre collaboration.

- Ce fut avec plaisir ! chantonna-t-elle, heureuse de sortir.

Evidemment, il y avait un brin de mensonge à peine décelable dans sa réponse. /me toussote. Ce fut alors que l'agent Lhow appela celui qui allait la remplacer dans la pièce. Lïnwe ? Que faisait-il là celui-ci ? Il ne fallu pas longtemps à la sorcière pour se faire sa propre oppignon sur le sujet. Il n'y avait pas besoin d'être devin pour comprendre que cela avait un rapport avec la récente attaque et encore moins pour deviner qu'Asclépius et elle n'avaient sans doute pas été les seuls piégés.

Sans trop savoir pourquoi, Ester adressa un clin d’œil presque joueur à jeunet avant de s'en aller. En encouragement peut-être. "T'es pas tout seul dans c'te galère".

[Départ de Rachel]

Mensonge ou Vérité ?

avec Artemis Lhow

Convocation

Recevoir une lettre de la sorte, c'était assez flippant. Un brin excitant, certes. Mais surtout flippant. La chemise blanche dans le pantalon. La ceinture adéquat. Les chaussures noires. La cravate assortie. Les cheveux en arrière. Il avait au moins fait l'effort de bien se saper. De paraître sain, tout ça. C'était important pour ce genre d'entretien. Ou était-ce plutôt un interrogatoire ? Parce que sur le parchemin, y'avait comme un truc qui clochait. Pourquoi lui, sérieux ? Ils tiraient au pile ou face quel élève convoquer ?!

C'était un poil abusé. Il avait rien à se reprocher, hein ? Hein ! Non, il avait rien à se reprocher. Marchant le long du couloir, il se regarda une dernière fois dans le carrelage resplendissant — manquait pas d'entretien ici, c'était pas comme à Poudlard avec Hughie. M'enfin, la pression commençait à monter. L'attente. Les questions. Le tourment. Et en plus, il était sobre. L'oreille aux aguets, il essayait de choper quelques bribes derrière la porte mais il se redressa vivement lorsqu'il entendit la poignée cliqueter devant lui.

Y'avait une autre élève de l'Elite qui sortait. Elle lui fit un clin d’œil mais il ne la connaissait vraiment pas personnellement pour que se soit réciproque. C'allait être marrant. Alors, il se leva lorsqu'on l'appela. « Lïnwe ... je pense que c'est à nous ... entre je te prie. »

Une dernière pensée —
Ouhla, les aurors sont-ils tous comme lui ?
Il m'a appelé par mon prénom, j'ai pas rêvé ?
Il s'est cru chez mémé ou quoi.
avant de prendre part à ce nouveau jeu...

« Bon- » ah pu*tain, faut que ça tombe sur lui.
C'est l'auror du bar ! « -jour. »

Alors ? Mensonge
ou Vérité ?

Interrogatoire de Lïnwe Felagünd

avec Lïnwe Felagünd et Sean Balor

Se levant à l'annonce de son nom, le jeune homme semble étrangement surpris de tomber nez à nez avec Artemis. Il faut dire que leur dernière et seule rencontre n'avait pas été des plus amicales. Sans toutefois être désagréable. Rachel passa devant l'auror et laissa la place au jeune homme. Celui-ci entra dans la pièce et s'installa sans dire un mot sur la chaise qui faisait face au bureau.

Fermant la porte derrière lui, Artemis retourna à sa chaise, priant silencieusement pour que son collègue y mette les formes. Il n'était pas question pour lui de bousculer chaque personne convoquée aujourd'hui ... certes ça avait fonctionné avec la demoiselle précédente, mais il doutait que ça fasse de l'effet sur le jeune homme.

Joignant ses mains sur la table, Artemis fixa le jeune homme avec attention, cherchant la façon la plus simple d’amener les choses.

« Lïnwe ... je te présente l'agent Sean Balor, il était présent le soir de l'attaque des Mangemorts à Poudlard ... tout comme toi. C'est pour ça que tu es ici aujourd'hui, nous aimerions que tu nous raconte tout ce que tu sais de cette attaque, ce qui tu as vu et entendu. Dans les moindres détails bien sûr. Plus ton récit sera complet, plus vite tu seras libre de retourner vaquer à tes occupations. Rassure toi, tu n'es pas le seul à être convoqué aujourd'hui. Ce qui veux aussi dire que nous avons déjà connaissance de certains éléments... Il laissa quelques instants sa phrase en suspens puis adressa un sourire jovial au jeune homme Nous t'écoutons. »

Beaucoup de questions. Une farandole d'hypothèses. Un cercle infini de théories se présentent devant lui. Rapidement. Très rapidement. Trop rapidement. Chaque pas qu'il faisait en valait cent dans sa tête. Chaque geste qu'il effectuait en coûtait dix de plus en réflexion. Chaque parole qu'on lui attribuait résonnait encore et encore en écho cristallin comme si son corps était bien au Ministère de la Magie, et son esprit dans les landes de Mongolie. Et qu'entre les deux, il y avait un espace vide entre le bureau et la chaise. Entre le Ministère et la Mongolie.

Il lui parut un siècle avant que l'auror qu'il connaissait ne prenne la parole. L'autre était totalement silencieux et paraissait stoïque aux yeux de l'irlandais. Comme s'il n'était qu'une statue de pierre qui faisait office de monument dans la salle. Le garçon était déjà assis lorsque le sorcier s'adressa à lui en édifiant les règles du jeu :

« Lïnwe ... je te présente l'agent Sean Balor, il était présent le soir de l'attaque des Mangemorts à Poudlard ... tout comme toi. C'est pour ça que tu es ici aujourd'hui, nous aimerions que tu nous raconte tout ce que tu sais de cette attaque, ce qui tu as vu et entendu. Dans les moindres détails bien sûr. Plus ton récit sera complet, plus vite tu seras libre de retourner vaquer à tes occupations. Rassure toi, tu n'es pas le seul à être convoqué aujourd'hui. Ce qui veux aussi dire que nous avons déjà connaissance de certains éléments... Nous t'écoutons. » conclut-il avec un sourire de Maître du Jeu.

C'était donc Sean Balor, qui ressemblait plus à du marbre cuit ou de la pierre qu'autre chose. Lui, avait été une pièce. Un pion sur l'échiquier géant qu'était Poudlard. Il avait été une pièce essentielle à l'attaque de l'école. Un acteur et un témoin à la fois. C'était assez flippant rien qu'en y repensant, même s'il n'était pas sûr de tout comprendre ce qui leur était arrivés — parce qu'effectivement, il n'était pas tout seul dans la même m*erde. L'auror l'avait si délicatement bien tourné. Il aurait préféré être un fou ou un cavalier. Mais Kholov, le Roi, en avait choisi autrement. Non, l'Elite n'avait été que de simples petits soldats de plomb. En première ligne. Les moins discrets. Les plus dociles. Ceux qu'on mène au front pour qu'il meurt et permette une victoire certaine. Ceux qu'on sacrifie, quoi.

Et cette fois-ci, il n'y aurait pas de patronne généreuse pour lui sauver la mise. Le mec était plutôt dans son élément, fallait pas faire le c*on. « Et bien... hmm... il faisait beau. Le temps était clément, lorsque le Directeur nous a convoqué dans son bureau. Et si je vous disais... admettons, qu'un Roi décide d'envoyer quelques uns de ses spadassins en avant-garde lors d'une bataille... admettons qu'il puisse les contrôler que d'une simple pensée, et que ces soldats reviennent vainqueurs de leur mission... mais qu'entre temps, le gouvernement du Roi a été renversé et que celui-ci a pris la fuite et a été remplacé par un maître de la justice. Ces spadassins sont-ils punissables pour ce qu'ils ont fait ? Alors qu'ils ont vraisemblablement perdu la raison pour quelques heures. »

Ah bah trop tard ?!

Mensonge
ou Vérité ?

Le jeune homme semblait bien différent par rapport à leur première rencontre aux trois balais. Il semblait avoir prit pleine mesure de la situation et avait ravalé toute forme de défi à l'égard des Aurors. Après quelques instants de réflexion, il tint des propos qui laissèrent Artemis dans le doute. Il délia ses mains et commença à triturer sa barbe...

Ses propos tenait de l’énigme et Artemis dut faire travailler ses méninges pour faire le rapprochement entre la réponse et la question. Il plissa les yeux, examinant les traits du visage de son interlocuteur. Il semblait avoir choisi ses mots avec soin, mais l'Auror crut déceler en lui une pointe de peur. Si l'on se basait sur sa question, peur d'éventuelles représailles avec la justice sans doute.

Détendant les muscles de son visages et déridant son regard, le jeune homme adressa un sourire au garçon. Il choisit ses mots avec soin et attention avant de les délivrer d'une voix calme et douce. Il ne faudrait pas brusquer un nouveau témoin et passer à côté d'éléments essentiels à l’enquête...

« Il est évident que si les spadassins n'ont fait qu’exécuter des ordres qui leurs ont étés imposés de force par un roi corrompu, le juge ne pourra évidement pas leur en tenir rigueur ... à condition bien sûr que les spadassins se rangent du côté de la justice en coopérant du mieux qu'ils le peuvent. »

Joignant à nouveau ses mains devant lui, il laissa ses mots en suspens, attendant une réaction du garçon.

Lïnwe leva la tête au ciel. Il n'avait pas encore remarqué la décoration particulière de la salle d'interrogatoire. Il était encore en train d'admirer le peu d'ornements du plafond lorsque l'auror reprit la parole. Il y avait comme une certaine courtoisie. Un fil conducteur invisible entre l'enfant et l'adulte. Peut-être que cette rencontre de l'autre soir avait joué son rôle. Comme un sous-fifre que le roi envoie pour apporter son pichet de vin.

« Il est évident que si les spadassins n'ont fait qu’exécuter des ordres qui leurs ont étés imposés de force par un roi corrompu, le juge ne pourra évidement pas leur en tenir rigueur ... à condition bien sûr que les spadassins se rangent du côté de la justice en coopérant du mieux qu'ils le peuvent. » finit-il par dire. Les mains croisées. Le sourire aux lèvres. A ce qu'il avait entendu dire, les aurors étaient de sacrés rigolos. Alors, fallait se méfier. Y'avait jamais de fumée sans feu. Et l'étudiant avait bien pu être une braise le jour de l'attaque. Comme les aurors pouvaient être cette fumée qui emplit vos narines et celle qui détruit vos poumons rabougris.

La fumée qui se lève aux aurors
La fumée qui se libère
La fumée autour du feu
meurtrière.

« Et comment savoir ? Comment prouver que les spadassins ont été contraint par le roi corrompu ? » demanda-t-il après un instant de blanc. Le silence est d'or. Et la langue d'argent. Ses sourcils, à lui, marquaient la ride du lion, la ride du jeu, au milieu de son front.

Mensonge
ou Vérité ?

Le jeune homme semblait avoir peur des représailles et Artemis sentait son collègues s’agiter à ses cotées. La patience de Sean devait être mise à rude épreuve. Sans plus attendre, le jeune homme décida de jouer carte sur table. Mieux valait que le garçon se décide à parler rapidement ...

« Écoute Lïnwe, je vais être cash et je te demanderais d'en faire autant. Nous sommes déjà au courant de beaucoup de choses, plusieurs témoignages corroborent l'utilisation du sortilège de l'Impero. Tu n'as donc pas à t'en faire à ce propos. De plus, si tu doute venait à subsister quant à votre implication dans l'affaire, l'examen de vos souvenirs vous disculpera définitivement au besoin. Comme tu as pu le remarquer, tu as été convoqué. Convoqué, pas interpellé. Tu es ici en tant que témoin des faits, pas en tant que complice ou coupable. Alors je vais te le demander une nouvelle fois ... détaille nous ta soirée dans les moindres détails. J'aimerai que tu me donne le noms de chaque personne non élève que tu as croisé sur le champs de bataille. »

Déliant ses mains, le jeune Auror ne s'était départi de son sourire. Ce n'était pas qu'il voulu attendrir le garçon non, simplement il commençait à apprécié cet être qui semblait voguer aux frontières entre deux mondes, tantôt ici, tantôt ailleurs ... une idée lui vint en tête, il se racla la gorge et ajouta ...

« Dit moi Lïnwe, le Roi avait-il pour habitude de donner des ordres à ses spadassins ? Aurait-il donné d'autres ordres cette soirée là ? »

Lïnwe avait de nouveau lancé quelques dés sur le plateau de jeu. On aurait dit un jeu d'oies, ou simplement des osselets. Un jeu plein de mystères. Un jeu plein de volontés. Et de manières. Des questions — des réponses qu'on retourne en questions. Il avait beau vouloir faire un effort. Il avait beau avoir envie de faire confiance à cet auror, y'avait quelque chose qu'il redoutait. C'était de perdre. De tout perdre, encore une fois.

« Écoute Lïnwe... » déjà, c'annonçait du lourd. Et ça partait mal.
« ... je vais être cash [...] » - ah oui, effectivement.

Le sorcier en face de lui perdait patience. Et il y avait comme un rictus léger mais satisfait sur le visage du garçon. On disait que celui qui perdait patience lors d'une bataille perdait alors toute la guerre. Et celui qui le fascinait le plus était sans nul doute cette statue, juste à côté de l'autre, ce Sean machin. Assembler ses pensées bout à bout n'était pas chose aisée, en particulier celles de Lïnwe qui en prenaient déjà un coup lorsqu'il parlait. Mais Artemis avait l'air de bien saisir ce que l'irlandais essayait de dire.

« Dit moi Lïnwe, le Roi avait-il pour habitude de donner des ordres à ses spadassins ? Aurait-il donné d'autres ordres cette soirée là ? » finit-il par dire après un long discours qui ne semblait pas toucher le moins du monde le sang-mêlé. Restant stoïque le plus longtemps possible, il essayait d'imiter le second auror. La face de marbre. Et puis, un peu de répit pour réfléchir n'était pas de refus. Il fixait droit devant lui. Quelque chose d'inexistant entre les deux silhouettes d'auror. Le regard dans le vide. L'air soudainement... étrange. Et la voix qui s'éteint en un murmure.

« Au début... ça a commencé comme ça... dans le bureau... » fit-il et un silence
qui est de bronze.

« ils étaient trois spadassins... et sont allés... aux portes de la cité... c'était le roi corrompu, qui le leur avait ordonné » - il ne bougeait plus
et déglutit difficilement,
non, il ne réussit pas à
déglutir
finalement.

Et on perd le jeu
on gagne le je.

« et puis... je les ai vus... » — instant
instant
pause cérébrale
et il déglutit
difficilement

se redressa
soudainement
la torpeur blanche
qui descendit
jusqu'à ses dents

le regard planté
dans celui de l'auror

et l'attente
c'était à son tour de jouer

et il venait de sacrifier
quelques pensées
pour pouvoir
remporter la partie

sur l'échiquier.

Mensonge
ou Vérité ?

Lïnwe prit le temps de la réflexion, fixant un accro invisible sur le mur derrière les Aurors. Son visage de glace sculptait une expression qui petit à petit laissait place à une autre. Ses lèvres se délièrent alors, lâchant quelques brides d'information..

Il semblait sur le point de craquer et ses yeux virent se poser sur ceux d'Artemis qui n'exprimait alors plus qu'une vague de compassion. C'était encore un gamin après tout ... il souffla un grand coup et massa ses tempes de sa main droite. Comment aborder un sujet aussi sensible avec un adolescent.

Cet adolescent, en prime, avait la fâcheuse habitude de parler par métaphores qui demandaient un trésor de réflexion au jeune Auror pour les comprendre. Il lui fallait s'exprimer à sa sauce s'il voulait des réponses. Nous sommes aux échecs non ? Parlons donc de la couleur des pièces et de leurs rôles ... où étaient les professeurs et le personnel ?

« J'imagine que vous étiez les pions blancs sur ce grand échiquiers ... combien de pions noirs aviez vous à affronter ? Où se trouvaient les tours, les cavaliers et les fous blancs lors de cette partie ? Le roi à peut-être prit la fuite, mais il n'était peut-être pas le seul à être corrompu ... as-tu lors de cette soirée pu observer chaque pièce maîtresse ou certaines étaient-elles absentes ? »

L'homme avait retrouvé son ardeur pour la friandise qu'était l'énigme et les métaphores. L'art de vivre derrière le jeu de la parole. Il se massa les tempes, comme s'il avait reçu de grands coups de marteau et que sa tête servait d'enclume. Comme s'il avait reçu beaucoup trop d'informations en un temps record. Comme s'il avait besoin de se concerter un instant, parce qu'il ne comprenait pas grand chose. Mais l'art de vivre derrière le jeu des gestes est aussi important.

Il disait qu'il y avait des pions noirs. Noirs et blancs. Sur ce grand échiquier qu'était Poudlard. Mais en vérité, il n'y avait pas que du noir et du blanc. Il y avait, quelque part entre les deux, des nuances de gris. Tellement infimes, ces nuances, qu'on entendait à peine la douce harmonie parvenir aux oreilles.

« Je ne crois pas que nous étions blancs, ni noirs, pour être honnête... - l'honnêteté était un élément indispensable à la diplomatie. « ...mais quelque chose de gris et sale entre ces deux armées. » commença-t-il. L'intrigue était lancée, maintenant qu'il se comprenait dans les trois soldats dépravés.

Du gris, parce qu'à cet instant : ces élèves n'avaient été gentils ni méchants.
Et sale, parce qu'à cet instant : leurs pensées avaient été violé par un barbare à la barbe noire.

« Je n'ai vu passer que deux pièces obscures. Et je ne sais lesquelles. C'aurait pu être deux pions comme le Roi et la Reine. » une qu'il ne connaissait pas et une qu'il avait déjà vue quelque part... comme dans un rêve.

« Je n'ai vu ni cavalier, ni fou. Peut-être cette tour blanche qui tient, bien souvent, sa canne qui ne lui sert pas à marcher... » commenta-t-il comme si il était tout seul dans la pièce.

Mensonge
ou Vérité ?

Artemis fronça les sourcils à l'écoute de ses propos et adressa un regard circonspect à son camarade de jeu. Qu'avait-il voulu dire au juste... décortiquant ses propos, il dégagea quelques axes de travail ...

« Je ne crois pas que nous étions blancs, ni noirs, pour être honnête... mais quelque chose de gris et sale entre ces deux armées. »

Quelque chose de gris et sale entre ses deux armées ? C'est le choix de la couleur qui est intéressant. Gris, un mélange de noir et de blanc, comme si le noir prenait possession d'une partie du blanc le rendant gris en somme. Cette information étant déjà connue du bureau, le jeune homme n'y prêta pas plus d'attention.

« Je n'ai vu passer que deux pièces obscures. Et je ne sais lesquelles. Ç’aurait pu être deux pions comme le Roi et la Reine. »

Le Roi et la Reine ? Aurait-il pu déterminer que l'un de ces deux pions était une femme ?

« Je n'ai vu ni cavalier, ni fou. Peut-être cette tour blanche qui tient, bien souvent, sa canne qui ne lui sert pas à marcher... »

D'autres informations encore, plus troublante si c'était possible. Il n'avait vu ni cavalier ni fou, juste une tour blanche ... sur tous les professeurs et le personnel présent ce soir là, il n'en aurait vu qu'un ? Et qui était cette tour blanche ? Trop abstrait, trop flou, il fallait au jeune homme des informations concrètes.

« Les deux pions noirs, l'un d'eux était une femme ? Et cette tour blanche, dit m'en plus à son sujet, qui était elle ? Qu'a tu appris à son contact ? »

Levant une fois de plus les yeux au ciel, il se redressa lentement sur son siège. Comme si ces gestes lui étaient répétitifs. Et ce n'était pas une impression. Répéter. Répéter maladivement les mêmes gestes. Torpeur mécanique. Rouages qui se délitent. Le cerveau en furie. La vapeur qui s'échappe des oreilles à la force d'un wagon dans une mine gigantesque. Les dynamites dans les yeux. Puis il fixa de nouveau son regard dans celui de l'auror.

Il essayait vraiment de faire son taf, le bonhomme. Et si ce n'était pas écrit dans le petit formulaire cérébral qui fait office des règles du jeu, il aurait foutu le camp d'ici. Parce que d'un côté, c'était assez effrayant d'être ainsi interrogé. Etre au cœur de l'accident, au cœur du désespoir. Sa parole est en or. Il aurait pu très bien dire des conneries. Il pourrait très bien en dire. Et il en a sûrement déjà dit. Et c'est bien cette unique fois où l'on voudrait revenir en arrière, être partout ailleurs sauf ici. Et puis, de l'autre côté, la nature enfantine et son innocence impatience qui revient au galop.

Les rênes. Les rênes. Il faut les reprendre ! « Les deux pions noirs, l'un d'eux était une femme ? Et cette tour blanche, dit m'en plus à son sujet, qui était elle ? Qu'a tu appris à son contact ? » les lèvres s’amincissent.

— il perd du terrain. Et un jour où l'Histoire a été oublié, un vieux jour pluvieux de l'auror au crépuscule. Un jour, un Grand Roi Prusse innommé a dit qu'il ne fallait jamais perdre du terrain. Toujours avancer, écraser l'ennemi. A coups de foulées. Alors, il dit lentement, pour avoir le temps de reprendre le flambeau :

« J'ai dit... qu'ils étaient deux. Et que cela pouvait être deux pions, comme un couple royal. Cela ne veut pas inclure irrémédiablement qu'il s'agissait d'un homme... et d'une femme. Mais... » - pause - « Je dirai que c'était... deux hommes. »

Quoi, il avait sa propre justice à mener.

- pause -
réflexion*
il veut la retrouver. il la tuera. échapper ainsi à la colère du garçon serait une erreur.
« Et cette tour... on l'a forcée. On l'a forcée à les ouvrir... C'est comme ça que je les ai vus. Le couple de corbeaux. » annonciateur de miracles obscurs. Désinvolture.

Mensonge
ou Vérité ?

« J'ai dit... qu'ils étaient deux. Et que cela pouvait être deux pions, comme un couple royal. Cela ne veut pas inclure irrémédiablement qu'il s'agissait d'un homme... et d'une femme. Mais... Je dirai que c'était... deux hommes. »

Pour la première fois depuis le début de l'entretien, le jeune homme saisi sa plume et note en vrac quelques informations sur son bloc-note. Il ne laissa rien voir au garçon qui continua presque aussitôt des nouvelles informations. Linwë semblait avoir pas mal d'informations en sa possession, mais il fallait les lui tirer du nez...

« Et cette tour... on l'a forcée. On l'a forcée à les ouvrir... C'est comme ça que je les ai vus. Le couple de corbeaux. »

Alors c'était donc ça ? Reposant sa plume en travers du bloc-note, l'Auror plongea ses yeux dans ceux du garçon.

« Cette tour blanche, j'imagine que c'est le gardien des clés ? Le "on" dont tu parles il s'agit des pions gris n'est-ce pas ? Et cette chose ouverte de force il s'agit des portes du parc, je me trompe ? »

Si les réponses à ces trois questions étaient oui, Artemis aurait suffisamment d'éléments pour convoquer le gardien des clés et mettre fin à cet interrogatoire. Enfin, un rayon de soleil perce les nuages et illumine la zone à travers l'obscurité...

Et aussi soudainement que se pose une mouche le long de votre bras, l'auror se mettait à écrire. Comme si... comme si le garçon était devenu intéressant. Comme si il était écouté pour la première fois. Comme si... on le mettait en avant. Qu'on le pouponnait. Qu'on le maquillait, telle une poupée. Ou pour passer à l'écran. Une déposition, une simple déposition qui part en sucette à l'anisette. La puissance du parfum anisé dans la bouche et qui descend le long de l’œsophage et qu'il réclame encore et encore. On commence par un simple et passe au double.

Lïnwe fermait les yeux. Seules ses oreilles étaient attentives au frottement, non, au grippage de la plume sanglant le parchemin neuf. La pression poignante et l'encre qui passe au travers car la peau n'est que chair. La relation de la pensée par l'écriture, la vision des mots. La vision nocturne, ou beaucoup trop blanche pour être vu lorsqu'on ferme les yeux et qu'on imagine le vide ; dans les bons moments comme dans les pires. Et le nez qui fait réviser ses papilles. Les narines grandes ouvertes, buvant de tout leur saoul cet air un poil contaminé. Atomisé. Infecté par quelques malfrats qui passèrent par là. — Était-il un malfrat ? Lui, ce petit enfant de brume irlandais ?

« Cette tour blanche, j'imagine que c'est le gardien des clés ? Le "on" dont tu parles il s'agit des pions gris n'est-ce pas ? Et cette chose ouverte de force il s'agit des portes du parc, je me trompe ? » lui demande-t-il alors, après un instant troublant de pointe tranchante contre le papier gouttant.

Rouvrant et levant les yeux vers lui, il mit un instant avant de répondre. Aimant le désir d'attendre, qui en est le plus puissant et le plus ardent, le plus amusant lorsqu'on se trouve du bon côté, évidemment ; et le plaisir d'être patient et faire perdre de son impertinence.

« C'est... c'est exact. Ces pauvres pions grisâtres et manipulés par l'impudence de ses malpropres actes. » parce qu'il s'agissait de sa vérité, et même bien de la vérité. De celle qu'on n'achète point dans une ruelle sombre, à l'abris des regards et une liasse à la main. Et puis, une dose de pitié ne fait pas de mal pour souligner son innocence.

« Les portes du domaine... oui. Le seul véritable accès de l'école, non ? » avait-il dit. Et eux, en avaient-ils fini avec lui ? Moins il en disait, et mieux il se portait. Les salles d'interrogatoire n'avaient-elles pas été construites pour contourner la réalité ?

Mensonge
ou Vérité ?

Soupire de soulagement et décontraction musculaire. Enfin, j'obtiens l'information que je voulais obtenir. J'adresse un franc et large sourire au jeune homme, pose ma plume et désigne la porte d'un léger geste de la main.

« Eh bien voilà ... j'ai tout ce qu'il me faut ! Si jamais un détails te reviens en tête, n'hésite pas à envoyer un hibou au bureau à mon nom, je me ferai un plaisir de te payer un verre pour en discuter dans un cadre un peu plus ... convivial. »

Un clin d’œil appuyé de celui qui sait et je range parchemin et plume que je garde bien en main. Je ne sais pas où en sont les autres dans leurs interrogatoires, mais j'ai de nouvelles convocations à envoyer. Voilà qui occupera ma journée, c'est parfait ! Je me lève sans rien ajouter et ouvre la porte au jeune homme afin qu'il puisse sortir.

« Merci pour ton aide Lïnwe, elle nous est précieuse tu peux me croire ... »

En attendant que le jeune homme se lève et ne sorte de la salle, j'observe mon partenaire du jour qui a su se montrer extrêmement discret pendant cet interrogatoire. Je ne crois pas d'ailleurs l'avoir entendu prononcer le moindre mot. Le café ne serait-il passé ? Si ça se trouve, une fois le garçon parti il filera vers les toilettes et j'aurais fait ma semaine en une seule matinée !

Sauf si vous avez quelque chose à ajouter Lïnwe et Sean, fin du RP pour moi ici ! Merci Smile

Il avait perçu comme une décrispation du visage au complet. Il voyait cette petite gueule se décontracter démesurément, assurément. Comme un ballon de baudruche. Ou une de ces friandises qu'on nomme Ballongomme de Bullard et qui ne s'éclate jamais, c'en fait l'amusement des plus petits et la colère des plus grands. Ou inversement. C'était... c'était comme si une poignée de mots avait su libérer les muscles bloqués de l'auror vieilli par l'angoisse de ne rien pouvoir noter sur ce bout de papier. Un panier garni de mots magiques pour l'enquête. Voilà. Voilà.

« Eh bien voilà ... j'ai tout ce qu'il me faut ! Si jamais un détails te reviens en tête, n'hésite pas à envoyer un hibou au bureau à mon nom, je me ferai un plaisir de te payer un verre pour en discuter dans un cadre un peu plus ... convivial. » dit-il avant de lui faire un clin d’œil. Un clin d’œil, vraiment ? Ce n'était pas son pote ! Mais c'est vrai qu'un verre activerait succinctement la mémoire.

C'est pas mon pote.
Wsh.

L'invitant ainsi à prendre congé — ce qui était à prendre avec beaucoup de générosité de sa part - le garçon se leva. Evidemment qu'il était précieux. Il le savait, depuis qu'il était né. Et avant de partir, il adressa un dernier regard aux deux aurors, en s'attardant une fois de plus sur cette statue mi-humaine.

Vraiment chelou lui.
Ui. — pensée inversée. Et la lune est un citron aveugle.

Un signe de tête aux deux hommes « pourvu que ce verre soit aussi bon que l'autre... » cette banana mémorable pour un soir

— et le regard plus appuyé pour celui qu'il connaît. Cette petite torture amicale et pour le moins très cordiale avait eu le mérite de se passer... rapidement. Par rapport à ce qu'il savait. Et étrangement, ça s'était plutôt bien passé.

Départ de Lïnwe.
Merci à toi, ce fut très plaisant ! A bientôt, j'espère. (: