Oyez, oyez, gentes dames et damoiseaux. Approchez et venez, écoutez la complainte de la victime du Guévaudan. Vous ouïssez bien mes compères, la monstrueuse Bête est de retour. Craignez ses crocs, craignez ses griffes. Des dizaines de victimes au XVIIIeme siècle, des centaines de victimes à venir. Hommes, cachez vos femmes et vos enfants car il s'en prendra à eux. Protégez ceux que vous chérissez avant qu'ils ne se fassent décapiter. Ce fut ce qui arrivera à la pauvre jeune fille qui osa l'affronter et qui aujourd'hui n'est plus. Mais pourquoi en vouloir à une pauvre écervelée qui n'avait que ses yeux pour pleurer? Jeune élève de Poudlard elle avait appris à oublier. Oublier tous ces morts qui la suivaient, tous ces êtres aimés qu'elle n'avait plu, qu'elle avait perdu. Il ne lui en restait que deux. Il ne lui en reste aucun. Innocente elle courait dans la campagne qu'elle avait toujours côtoyé n'imaginant pas ce qu'il pourrait lui arriver. Heureuse et emplit de bonheur elle se laissait enfin aller. Chantant au gré du vent avec des oiseaux. La belle ne s'attendait à rien qui pourrait s'apparenter à ce qui lui arriva. Pourtant, c'est là où le malheur frappe toujours. Lorsque tout fut rose et ensoleillé la Bête a frappé. Dans une maisonnette tranquille où la joie de vivre régnait la tristesse et la terreur entra. Sur le vieux parquet vernis le sang c'est incrusté, le verre des vases fut éparpillé, les lattes en bois déchiquetées. D'énormes griffures ornaient les murs et les traces de pas du monstre étaient visibles. Voici la scène macabre que vit la jeune fille. Un effroi paralysant s'empara d'elle. Pas un mot, le silence de la mort qui passe seulement, puis le flot des larmes, la compréhension et le désespoir arriva. Une grand-mère disparu et un grand-père incapable de réagir. Elle était de nouveau seule sans pouvoir agir puis un éclair de lucidité. Une scène macabre mais sans macchabée. Peut-être que l'espoir était encore là. Elle ignorait tout mais ferait ce qu'elle pourrait pour élucider l'affaire. Rien ni personne ne pouvait l'en empêché et elle s'élança à la recherche de celle qu'elle aimait suivant les traces laissées par le monstre. Seulement munie du peu d'espoir qui lui restait et d'une grande volonté elle courait dans les champs de blé. Mais les signes de celui qui s'en prit à sa douce et paisible vie de jeune sorcière s'estompèrent et ne menaient à rien. Seul un vieux village français était à sa portée. N'ayant aucun lieu où aller ce fut son seul endroit destiné. Les vieilles dalles de pierres, les maisons en briques, la chaume sur les toits s'offrait à sa vue mais aucune trace de la Bête et de sa grand-mère. C'est alors que le vieux fou arriva, comme un signe de la providence. Hurlant au loup, hurlant à la Bête, à son grand retour. Intriguée elle s'approcha, le questionna et comprit. Comprit ce qui se passait. Elle était victime de la Bête du Guévaudan. Au lieu de l'apaisement que pourrait procurer le savoir, la panique s'empara de nouveau d'elle car cela signifiait que si la mort n'avait pas encore frappée elle n'allait pas tarder. Le temps était bien trop comptée. La Bête rôdait. La Bête tuait. Où aller ? Où chercher ? Mais un fou a toujours la réponse aux questions excentriques. N'ayant plus rien à perdre elle suivit ses douteux conseils et se rendit à travers les champs au repère de la Bête. Le soleil partit et la nuit s'empara du monde. Quoi de mieux pour les histoires où le sang coule à flot ? Elle marchait avec crainte mais déterminée. Une seule chose comptait, retrouver sa famille. Peu importe le peu de chance qu'elle avait, peu importe la dangerosité de l'acte, elle le ferait. Stupide il est vrai sachant que le fou l'avait bien prévenu des jours sombres qui s'étaient déroulés par le passé, des nombreux morts et de la terreur permanente. Mais cela n'avait aucune importance, elle avançait le nez en l'air et les yeux face à son destin. Si seulement elle avait su. La lune montait, majestueuse dans le ciel noir et elle le vit. Un monstre velu, un monstre énorme sous la lumière du jour, un monstre que l'on nomme par chez nous loup-garou. Était-ce donc ça la Bête du Guévaudan, un lycanthrope ? N'étant pas de Gryffondor c'est pourtant avec courage qu'elle s'avança à pas feutré. Doucement, en silence, sans se faire remarquer. Une grotte noire en face d'elle. Le loup ne la vit pas. Elle entra doucement et vit l'horreur. Devant elle pas un mais deux monstres. Un loup-garou étrangement sous contrôle et un renard chatoyant. Seul la lumière de la lune et des torches enflammées les éclairs. En face d'eux un corps recouvert de sang à moitié nu mais pourtant encore vivant. Le corps de sa recherche. Un frisson glacial arrive. Le renard avance mais ce n'en est plus un. Un homme, un fou arrive. Le fou. L'animagus rit, l'animagus rugit, l'animagus psalmodie. La Bête est de retour !hurle-t-il. La Bête est de retour et je la contrôle ! La Bête tuera ! La Bête fera couler le sang ! Voici sa première victime. Un couteau en main il le lève et met ainsi fin aux souffrances de la pauvre vieille. Le désespoir arrive alors. L'erreur de sa vie. Un hurlement déchirant, les larmes de la tristesse, et le rire froid du fou. Il se retourne et hurle de nouveau vous dis-je : Et tu seras la suivante ! Faisons revivre la Bête du Guévaudan ! Le lycanthrope se lève alors et hurle à la lune. Dernière vision de la jeune fille, des crocs blancs ensanglantés. La victime du Guévaudan pleure aujourd'hui encore sur son sort. Elle a perdu sa famille et sa vie. Cette victime c'est moi, Rose Layroy.