Le directeur de Poudlard avait annoncé la bonne nouvelle dans la grande salle à l'heure du repas, en début d'année. De loin, sa prise de parole avait été ce qu'il y eut de plus délicieux ce soir-là. Je m'en souviens très bien. Il avait dit à l'ensemble des élèves de sixième année, que les plus méritants auraient le droit de participer, au mois de décembre, à un échange culturel avec la célèbre école de magie américaine, Ilvermorny. Il y avait là la possibilité de côtoyer une autre culture pendant un mois complet. L'exemplarité et l'excellence avaient été les deux maîtres mots de son discours. Aussi, motivé par cette opportunité comme si c'était un trésor que j'avais longtemps convoité, j'avais accentué mes efforts pour faire partie de cette liste des quelques élèves privilégiés. A coup de longues nuits passées à réviser. D'après-midi dans le parc où les livres avaient été mes seuls compagnons. De week-end où j'avais refusé de sortir à Pré-au-Lard pour les troquer contre du temps dans ma salle commune. J'avais réussi à être, de Serpentard, un des deux meilleurs élèves.





~ Quartier des Aurors, locaux du MACUSA, New-York. 1er décembre, 18h40.

- La vérité, vous voulez la vérité ?! Comme je vous l'ai déjà dit, je suis venu ici en vue d'avoir une nouvelle expérience pour décrocher mes futurs examens !
- Nous voulons toute la vérité Monsieur Lival ! Vous êtes accusé de faits graves ! Racontez nous exactement comment s'est déroulée votre journée depuis votre réveil ! En détails !
- Très bien, si c'est ce que vous voulez, alors la voici !


~ 1er décembre. 10h du matin.

     Je dormais paisiblement dans les cachots de Poudlard. Cronos, mon meilleur ami, me réveilla avec un oreiller en pleine tête. Il tira les rideaux de la fenêtre qui me protégeaient de l'éclat extérieur. Je lui ai crié dessus, mettant mon bras en opposition pour ne pas que la lumière ne m'éblouisse trop. Son rappel à l'ordre me fit cependant, céder rapidement. En effet, c'était le grand jour. LE jour. Ilvermorny. J'avais travaillé dur et c'était enfin le moment tant attendu. L'heure du départ, pour une aventure de tout un mois. J'allais découvrir une nouvelle école, aussi je ne pus m'empêcher de sourire bêtement à mon camarade. Je n'avais pas le temps de le poursuivre comme nous avions pu le faire des dizaines de fois par le passé. Mes affaires étaient presque déjà toutes prêtes.

     Le directeur nous avait averti quelques jours plus tôt, que le portoloin partirait à treize heures, juste après le repas. Il avait ajouté que personne n'avait intérêt à être en retard, sous peine d'être retiré de l'échange. J'avais évidemment pensé que cela n'était qu'une menace destinée à ce qu'il n'y ait pas de retardataires, ce qui pourrait faire mauvaise impression. Il en allait de "l'image" de l'école. J'avais une heure pour me préparer, finir de tout rassembler, c'était suffisant. Une fois ma douche prise et mon habit de Serpentard fraîchement revêtit, j'avais récupéré toutes mes affaires qui trainaient. Enfin, pour vous dire la vérité, j'ai utilisé un Failamalle. Juste ma chouette qui n'est pas rentrée dedans, Neige. J'avais préféré la garder dans sa cage. Surtout qu'elle commence à être vieille, je ne voulais pas qu'elle s'inquiète pour le voyage.

     Cronos m'accompagna toute la matinée et pendant le repas. Il me taquina gentiment plusieurs fois. Il avait vraiment le don pour Emmerd*r les gens. C'était sa plus grande qualité. Il me dit que j'avais intérêt à me trouver une copine américaine. Je lui avais répondu que je n'aurais aucun mal à en trouver une avec un caractère plus sympathique que le sien, et surtout plus intelligente que lui. Le repas n'a pas été glorieux. Rien n'avait été fait spécialement pour notre départ. Ils avaient seulement l'air de se soucier des élèves qui allaient arriver à notre place.

     Une fois le repas terminé, j'avais dû quitté Cronos, non sans une belle accolade. J'avais ensuite récupéré mes bagages avant de quitter les murs de pierre pour affronter mon épopée. Le portoloin qui devait nous faire partir était dehors. Le directeur attendait près de lui, accompagné par plusieurs professeurs. Un livre. C'est ce qu'ils avaient trouvé comme idée pour nous faire voyager. Tous les autres lauréats étaient déjà présents, ils ne semblaient attendre plus que moi.

     On nous souhaita de profiter, de nous amuser, d'être respectable, et respectueux. J'ai acquiescé, comme tout le monde, évidemment. C'était le moment, treize heures, nous pouvions partir. On nous dit de bien tenir nos valises, que l'arrivée pourrait être un peu dure.

.......

     Un peu dure mon cul ! Heureusement que le directeur n'avait pas été présent à notre arrivée, car je lui en aurait mis dans la tête du "un peu dure" ! Neige n'apprécia pas le voyage. Et encore moins l'atterrissage. Pas plus que mon crâne d'ailleurs, qui est encore un peu douloureux à cette heure.



     J'en avais beaucoup entendu parlé. Enfin, pour dire vrai, mon travail pour faire partie des lauréats, avait fait que je m'étais intéressé à tous les écrits que j'avais pu trouvé au sujet de cette école. Alors, au-delà de la douleur suite à notre arrivée, quand j'avais porté mon regard sur tout ce qu'il y avait autour de ma personne, c'était... incroyable ! Fascinant ! Je m'étais relevé, puis j'avais redressé la cage de mon amie à plumes. Je percevais les formes de mes camarades, mais je ne regardais ni n'écoutais ce qu'ils disaient. Je fis un tour entier sur moi-même au ralenti. Ilvermorny et sa silhouette somptueuse, montagne de granite bâtie sur le mont Greylock. Et face à elle, une vue sur une terre immense au dénivelé envoûtant que mes pensées arpentèrent.

     Je connaissais l'histoire. Du moins, je pouvais me vanter d'en avoir lu une partie. Terre du Massachussets, l'école avait été fondée par une descendante de Salazar Serpentard, Isolt, qui était aussi surnommée Morgane.  Et les quatre maisons avaient été nommées par rapport aux animaux préférés du moldu qu'elle avait pris pour époux, des enfants qu'ils avaient choisi d'élever ensemble, et le sien. Je sortis de mes rêveries quand la main d'une camarade me tira par l'épaule.

     Je me retournais immédiatement et je vis face à moi une sorcière dans une robe bleue et rouge aux étranges motifs, me tendre une main que je saisis maladroitement. Un demi sourire sur le visage.

- Votre nom s'il vous plait ?
- Oh euh pardon, m'excusais-je. Evan Lival. Je...
- Et bien enchanté Evan Lival. Soyez toutes et tous les bienvenus à Ilvermorny ! Je suis la directrice de l'école. Vos affaires vont être amenés à l'intérieur par nos amis ! fit-elle en faisant un signe de la main.

     A quelques mètres derrière elle, plusieurs créatures avancèrent après son signe. C'était des Puckwoodgenies. Je le savais car j'avais lu un article sur eux. Et leurs grandes oreilles et le teint de leur peau me rappelèrent ses pages que j'avais lues. J'observais donc, ces petites créatures qui récupéraient Neige ainsi que ma valise, et qui s'emparaient également des bagages de mes camarades de Poudlard.

- Ne vous inquiétez pas ! Les Puckwoodgenies, bien que n'appréciant pas trop les humains, prendront soins de vos affaires comme il se doit ! Tout le monde vous attend à l'intérieur ! Veuillez me suivre. Si vous avez des questions, n'hésitez pas !

     Je regardais mes amis, en particulier Ilana, qui était la seconde représentante de Serpentard. Elle sourit, comme moi, devant ce tout nouveau paysage qui s'offrait à nous. Je laissais volontairement de la distance entre la directrice et mes autres camarades, préférant fermer la marche. Nous tournions le dos à la plaine qui descendait du mont, pour nous diriger dans le ventre de l'édifice de granite.

     Nous marchions vers l'entrée du château. Une grande muraille de pierre entourait l'école. De nombreuses petites tours tout du long, comme les bourgeons d'un arbre porteur de fleurs d'espérance. Un arbre d'ailleurs. Majestueux, se dressait non loin de nous, près de l'entrée de l'école.

- Voici le célèbre amourette d'Ilvermorny. Un arbre qui est aussi vieux que cette école. Et qui survit à travers les âges ! J'imagine que vous connaissez un peu son histoire ! fit la directrice sans pour autant s'arrêter pour laisser le temps à d'éventuelles questions.

     Je le regardais, fasciné. J'en avais entendu parlé, et des légendes qui allaient avec également. Il paraissait que ses feuilles avaient un haut pouvoir de guérison. Et que jamais personne n'avait réussi à déloger cet arbre qui était le gardien de la baguette endormie de Salazar Serpentard. Je me demandais si elle était réellement enterrée en-dessous, où si cela n'était qu'une fable pour jeunes sorciers.

     Face à l'arbre, se dressait le château et ses entrées. Nous nous dirigions vers un portail de fer noir, marquant la première. En l'ouvrant, la directrice nous expliqua qu'il était fait des armoiries de l'école, en plus d'un nœud gordien dont elle nous conta l'histoire.

     Nous poursuivions à l'intérieur. Je ne cessais de laisser mon regard explorer les moindres recoins visibles. C'était à la fois semblable à Poudlard et pour autant, étonnement différent. Le mystère qui s'en dégageait m'animait, et mes pupilles en redemandaient. Près de l'entrée, deux immenses statue de marbre entouraient la grande porte. L'une représentant Isolt Sayre, l'autre James Steward. La directrice nous narra qu'ils étaient les deux fondateurs d'Ilvermorny, même si pour ma part, je le savais déjà.

     La grande porte d'entrée était ouverte. On nous attendait. La directrice nous fit un signe de la main pour que nous rentrions en premiers, elle fermant la marche. Un tonnerre d'applaudissement retentit à notre entrée. J'en écarquillais de grands yeux. Cela venait d'au-dessus de nous.

     Nous étions arrivés dans le grand hall rond, qui faisait office de lieu de répartition. Le premier passage obligatoire de tout élève entrant à l'école d'Ilvermorny. Je laissais mon regard s'enfuir, m'imbibant de toute la force du lieu et du moment, pour le graver en un éternel souvenir. Le brouhaha qui régnait au-dessus, provenait d'un balcon circulaire en bois qui faisait tout le tour du hall. Élèves et membres du personnel de l'école s'y mêlaient. Tous nous acclamaient comme si nous étions des héros. C'était étrange, et à la fois tellement fort en émotions.

     Une coupole de verre faisait office de toit au hall, délivrant une lumière suffisante et radieuse dans toute la hauteur de la pièce. Face à nous, quatre statues de bois démesurées. Nos juges du jour. Un Serpent cornu. Un Womatou. Un Oiseau-tonnerre. Un Puckwoodgenie.

     Nous étions alignés près du mur, dans l'ordre où nous étions rentrés. La directrice se mit face à nous, fit un signe vers le haut à l'attention des élèves. En l'espace d'une seconde, le brouhaha incessant s'était éclipsé pour laisser place à un silence pesant. J'en tremblais.

- Bien ! fit la directrice d'une voix forte qui se répercuta sur les murs, imposant le respect et l'écoute. Dans le cadre de l'échange culturel entre Poudlard et Ilvermorny, veuillez accueillir comme il se doit les élèves de sixième année les plus méritant de leur école !

     Une nouvelle nuée d'applaudissement retentit, accompagnée de quelques sifflets à l'apparence joyeuse et festive. A nouveau, la directrice leva les mains. Le silence revînt. Elle reprit à notre attention.

- Comme vous le savez certainement, il est de coutume à Ilvermorny, de commencer par votre répartition dans une des quatre maisons dès votre entrée en ce lieu ! C'est pourquoi je vais vous inviter un à un, à venir près de moi, pour vous présentez face aux statues qui vous sonderont. La directrice avait montré le sol près d'elle. Dans lequel, était gravé un nœud gordien. Il était le garant du passage sous le regard des sculptures de bois. Les statues décideront de vos compagnons de route pour le mois à venir parmi nous !

     Tour à tour, la directrice nous invita à nous présenter sur le nœud gordien. En nous demandant de dire notre nom. Je vis mes camarades, certains aux pas hésitants, d'autres aux regards enjoués, avancer à la demande de la sorcière. Trois furent répartis à la maison de Womatou, accueillis sous un rugissement qui ne laissait clairement pas indifférent. Mon amie Ilana atterrit au Serpent cornu pour sa plus grande joie, sous la brillance du cristal serti dans le front de la statue. Deux arrivèrent à Oiseau-tonnerre, sous un battement d'ailes impressionnant. Enfin, l'élève qui me précédait, eut quant à lui, la surprise de voir la flèche du Puckwoodgenie s'élever dans les airs. Sept de passer. A chaque fois sous un tonnerre d'applaudissement une fois le verdict tombé. J'étais le dernier.

     Je m'avançais sur le nœud gordien avec une légère appréhension. Je dis haut et fort mon nom. J'espérais moi aussi être envoyé au Serpent cornu. Le Choixpeau n'avait pas hésité pour m'envoyer à Serpentard. Je voyais cela logique. J'avais pris place en silence, en fermant les yeux. J'eus l'impression qu'il s'écoula dix minutes pendant que j'attendais le verdict des statues. Un "Ooooooh" retentit dans la pièce et j'ouvris alors les yeux. J'en restais bouche bée. Face à moi, le Serpent cornu m'avait invité avec l'appel de son cristal illuminant. Mais il y avait également l'Oiseau-tonnerre qui battait des ailes.

- Quelle surprise ! lança la directrice. Deux maisons souhaitent vous recevoir ! Cela n'arrive pas souvent ! Comme vous le savez peut-être, c'est à vous que revient le choix de trancher ! Alors, où irez-vous en notre sein ?
- Je... commençais-je avant de marquer une pause. Je ne m'y étais pas attendu. Je ne savais pas s'il fallait que j'y vois là une quelconque signification ou non. Finalement, je choisis la raison du cœur. Aussi fis-je face à la directrice avec un sourire timide. Je vais choisir le Serpent cornu dans ce cas !

     Une nouvelle salve d'applaudissements accueillit ma réponse. J'avais le regard un peu perdu. La directrice ne tarda pas à reprendre la parole pour remettre un peu d'ordre et établir la suite de notre journée.

- Très bien, dans ce cas, vous êtes tous officiellement des élèves d'Ilvermorny à compter de ce jour et pour tout le mois de décembre ! Les préfets de vos maisons vont venir vous chercher pour vous accompagner dans vos quartiers respectifs ! En partenariat avec les cours que vous suiviez chacun et chacune à Poudlard, un planning vous a été fait afin que vous continuiez votre année normalement ! Ils vous seront remis une fois dans vos dortoirs. Nous nous verrons à l'heure du repas !

     La directrice avait fini en tapant d'un coup sec entre ses mains. Des bruits de pas de toute part se firent alors entendre. Tandis que la sorcière disparaissait par une porte dérobée, les préfets de chaque maison nous rejoignaient en bas. Un garçon et une fille se présentèrent à Ilana et à moi. Lui se prénommait Dylan, elle Salia. Je leur rendis le magnifique sourire qu'ils me firent. Ils nous invitèrent à les suivre.

     Les couloirs s'enchainèrent, c'était un vrai labyrinthe ! Si on nous avait demandé de nous rendre de nous-mêmes jusqu'à nos dortoirs, qu'on y serait pas arrivés ! Après de longues minutes où nous dûmes traverser bons nombre de groupes d'élèves qui nous observaient avec attention, nous arrivions au fameux lieu. Ilana suivit Salia vers un petit escalier pour rejoindre le dortoir des filles de son côté. Nous entrions. Quelque part, l'intérieur ressemblait aux salles commune de Poudlard. C'était chaleureux, spacieux, et les lits avaient l'air particulièrement confortables.

     Dylan me conduisit jusqu'à mon lit. Dessus, m'attendait Neige qui ne put s'empêcher de pousser un cri de joie en me voyant. Je n'avais qu'à peine écouter mon interlocuteur, allant ouvrir à mon amie pour qu'elle puisse se dégourdir un peu les ailes. Ma valise était juste au pied. J'entendis que la garçon me demandait ma taille de vêtements. Je me retournais vers lui pour lui dire. Il me sourit, s'en va quelques instants vers une grande commode non loin. Il revînt quelques secondes après, avec une tenue qu'il posa près de moi sur mon lit.

     La tenue était bleue et rouge, les couleurs de l'école. Dylan me dit de me changer, qu'il devait me faire faire un tour de l'école ensuite, alors que la majorité des élèves serait en cours. Il s'éloigne un peu pour que je me dévêtisse tranquillement. J'enlevais ma tenue poudlarienne, déposait mon collier sur ce qui faisait office de petite table de nuit personnelle. Puis j’enfilais la tenue de l'école. Je trouvais cela étrange qu'elle soit de même couleurs pour tous les élèves. La seule différence notable était le blason des maisons qui était là pour voir à laquelle appartenait chaque élève.

     Mon nouvel ami revînt vers moi, et il m'invita à le suivre. Je lui fis un grand sourire et lui emboitait le pas. On monta dans les différents couloirs de l'école. On passa devant plusieurs salle de cours où il me dit le nom de chaque professeur. J'en ai pas retenu la moitié d'entre eux ! On passa à la bibliothèque, où il me conseilla de m'intéresser aux livres sur les sortilège de Chadwick, un des enfants adoptifs d'Isolt et James.

     L'après-midi passa très rapidement. Je suivais les pas de Dylan avec un regard avide de tout découvrir. Chaque nouvelle tour qui prenait forme devant moi m'émerveillait. Il me parla des quatre directeurs de maisons en me disant que celui de Serpent Cornu n'était pas très commode. Je n'avais pas hâte de le rencontrer. L'heure du repas approchant, on avait rejoint la grande salle, où j'avais pu retrouvé Ilana ainsi que tous mes autres camarades de Poudlard, accompagnés par les différents préfets de l'école.

     La directrice d'Ilvermonry était en pleine discussion tout au fond de la vaste pièce que je mangeais du regard. Pas de centaines de bougies pour éclairer le plafond. Non, ici, c'était bien plus sobre. Les tables étaient disposées dans un alignement presque semblable cependant. Mon interlocuteur me parla des quatre directeurs de maisons plus en avant, ceux-ci étant en pleine conversation avec la directrice.

     Seul Womatou avait une femme à sa tête, les trois autres maisons, des hommes. Je dévisageais celui de Serpent Cornu. Il n'avait pas l'air si terrifiant, même si son visage exprimait un poids des années certain. Leur discussion fut interrompue, un geste de la main vers nous. L'ensemble des préfets nous invitant à aller près de la table centrale où il y avait tous les directeurs attroupés. Un instant hésitant, je choisis de fermer la marche comme à mon arrivée.

     Le Directrice nous accueillit chaleureusement, nous présentant les "chefs" de ses maisons. Je pus croiser le regard de mon directeur qui semblait me juger, hormis cela, je l'imaginais bien sympathique et je me voyais avoir des conversations avec lui pour en savoir plus sur l'école. Nous échangions quelques poignées de mains chaleureuse avec eux. Puis la directrice nous dit, qu'en tant qu'invités d'honneur d'Ilvermony, nous aurions les premières places aux tables pour manger. Les plus proches de la table du personnel de l'école. S'en suivrait les préfets, puis tous les élèves par ordre décroissant des années d'études.  

     Elle nous invita à tous prendre place, nous contant le merveillosité de la soirée qui s'annonçait. Je m'assis face à Ilana, Salia à côté d'elle, Dylan près de moi. Nous entamions alors une discussion sur les différences notables entre nos deux écoles, discussion dans laquelle j'ai laissé Ilana prendre les rênes. Nous eûmes moins de cinq minutes avant de voir apparaître tous les professeurs de l'école, qui nous saluèrent tous un à un. Puis dans la foulée les élèves arrivèrent, dans une cohue impressionnante en bavardages.

     Une fois que tout le monde eut pris place, la directrice fit s'imposer un silence complet. Baguette en main, elle nous souhaita une nouvelle fois la bienvenue. Elle nous conta l'origine d'Ilvermorny, et invita tout le monde au partage et au respect mutuel. Ses derniers mots furent accueillis par beaucoup d'applaudissements.

     D'un geste souple, elle transforma la décoration que j'avais jugé anodine, en un océan de lumières. Les tables furent agrémentées par plusieurs petit chandeliers qui scintillaient de mille feux. Et, d'un claquement de doigt impressionnant, nous vîmes apparaître tout un tas de mets, comme si ceux-ci avaient déjà été présents sur les tables, mais qu'ils avaient été dissimulés en attendent le moment venu.  

     J'hésitais une seconde, et elle lança le feu vert à ce repas festif ! L'argenterie était impeccable et les odeurs qui voguaient dans l'atmosphère suffisaient à enchanter les papilles ! Tout semblait parfait, tout. Jusqu'au moment où un cri retentissant mis fin aux bavardages. Il venait du hall d'entrée. L'ensemble des regards se tournèrent alors en cette direction.

     C'était le concierge de l'école. Il entrait en courant avec un visage horrifié. Il s'est mis à crier « C'est l'arbre madame la Directrice ! J'étais parti faire ma ronde ! Et... Et l'arbre ! L'amourette ! Il n'est plus ! »

     Il y eut une seconde, lourde, où tout se tut. La directrice s'était levée. Demandant plus de précisions. Le visage du concierge était apeuré. Il clame à nouveau que l'arbre n'existe plus, dit tout fort que la baguette de Salazar Serpentard a disparue. J'en eu un frisson, comme beaucoup j'imagine. La directrice n'en demanda pas plus et se dirigea promptement vers le hall d'entrée, suivie de près par les différents directeurs et membres du personnel de l'école. La majorité des élèves ne tarda pas à suivre tout ce beau petit monde.

     J'étais bouche bée, et j'emboitais le pas de Dylan maladroitement. Des cris stupéfaits s'élevaient de partout, tandis que nous nous approchions. En effet, l'arbre vu plus tôt dans la journée, n'était plus là. Je ne voyais pas très bien. Les discussions s'entremêlant étaient confuses. Il se passa quelques minutes sans que personne n'ait de précisions. Du moins, nous étions trop loin pour voir quelque chose de concret. C'est là que la voix de le directrice retentit. « Evan Lival ? » J'en eus des frissons. J'en ai encore. En quelques secondes tous les visages s'étaient retournés vers moi.

     Je restais médusé. Pourquoi m'appelait-elle ? Je ne tardais pas à le savoir. Je la vis fendre la foule d'élèves, suivie par les directeurs des maisons, un regard accusateur vers moi. Mais, surtout, c'est là que je l'ai vu. Mon collier. Celui que j'avais déposé à côté de mon lit. Celui à mon nom. Dans sa main. Je fus parcouru de tremblements. Mon collier avait été retrouvé près de l'arbre disparu. Et je ne savais pas quoi dire... Et je ne sais toujours pas quoi dire d'autre...



~ Locaux du MACUSA, 1er décembre, 19h10.

- C'est là votre version des faits. Toute la vérité ?
- Oui, je vous le répète, je ne sais pas comment mon collier est arrivé là-haut !
- Vous ne savez pas qui aurait pu y avoir accès ?
- Non... Tous les élèves de Serpent Cornu j'imagine ! Je l'ai laissé près de mon lit avant de suivre Dylan ! On est pas retourné aux dortoirs ensuite ! Je n'y comprends rien...
- Bien... Je dois vous informer qu'une enquête approfondie va être menée devant cette histoire grave ! Vous risquez d'être appelé à comparaître si nous venions à trouver une preuve irréfutable de votre implication. Vous en avez bien conscience...
- Oui... Ça ne change rien à tout ce que je vous ai dit...




~ Quelque part en Angleterre, demeure secrète. 25 novembre, six jours avant les faits.

- Un mensonge, c'est ça l'idée ?
- Ce n'est pas vraiment un mensonge ! me répondit mon interlocuteur. Cela sera la vérité. Tu ignoreras tout des faits. Eux aussi. Tu ne seras jamais inquiété. Nous savons que tu viens d'une famille de mangemorts, que tu as de bonnes dispositions pour fermer ton esprit et tes pensées. Tu n'as qu'à leur dire que c'est en vue de ton examen final. Cela sera la vérité quelque part !

Je regardais mes interlocuteurs, tous les deux masqués. Un ne me parlait pas, comme s'il était là uniquement pour m'observer.

- Bien, que dois-je faire exactement ?
- Il te suffira juste de laisser un objet à toi en évidence. Près de ton lit quand tu auras gagné tes dortoirs à Ilvermorny.
- Et si je ne suis pas réparti dans la bonne maison ?
- Ce n'est pas un problème. Ne nous parle pas de l'objet que tu laisseras. Fait-le simplement. Si tout se passe bien, nous nous reverrons bientôt.

     L'homme se leva, suivit par l'autre resté muet. Il m'invita à sortir. Je serrais la main des deux. Il ne tardèrent pas à disparaître. Je compris que je devais partir de mes propres moyens, et que je ne reviendrais jamais dans cette bâtisse de pierres.





~ Hollow Bastion, 18 décembre, dans l'après-midi.

     J'étais rentré. Ils m'avaient gardés plus de dix jours. Devant répété la vérité, encore et encore. Ils avaient finis par être convaincus que je n'avais pas les capacités magiques nécessaires, pour faire disparaître un arbre que beaucoup de sorciers n'avaient pu faire disparaître. Des sorciers bien plus âgés et expérimentés de surcroît.

     J'avais obtenu le soutien indéfectible de Dylan, qui n'avait cessé d'exposer aux oreilles du MACUSA, que j'avais passé toute la journée avec lui. Que jamais je n'avais été seul dans cette fameuse journée. L'enquête était toujours en cours, ils n'avaient pas de pistes.

     Je n'eus même pas le droit d'aller récupérer mes affaires à Ilvermorny. Malgré la présomption d'innocence, les avis à mon sujet restaient très partagés. Ce fut le plus difficile à vivre. J'avais donc été renvoyé à Poudlard. Et même si j'avais vu clairement dans le regard du directeur qu'il n'avait pas apprécié les retombées, j'avais reçu un soutien moral plus conséquent. J'avais peiné à retrouver le sourire.

Mais là je l'avais. Ils avaient repris contact avec moi. Ils étaient venus me chercher.

     Je faisais face au Seigneur des Ténèbres. Il se présenta ainsi. J'étais assis autour d'une vaste table ou sept autres silhouettes masquées étaient assises. Un long silence avait accompagné mon entrée. Je restais calme. J'avais fait ce qu'ils m'avaient demandés.

- Ton... Examen d'entrée est validé avec succès !

     J'écarquillais de grands yeux. Cela voulait-il dire, que je les rejoignais ? Que j'avais réussi ? A détourner l'attention comme ils le souhaitaient ? J'entendis quelques voix s'élever qui me félicitaient.

- Es-tu prêt à nous rejoindre, comme tes parents ont servis les Ténèbres avant toi ?
- Oui... Je me raclais la Gorge. Oui ! fis-je avec plus de conviction.
- Bien ! Tu vas devoir procéder au marquage en nous prêtant allégeance. Une fois fait, il te sera attribué un matricule. Dès lors, tu seras à-même de savoir qui nous sommes. De comprendre ce puzzle.

     Je me contentais d'acquiescer d'un signe de tête. Il se leva, m'invitant à le suivre. Les autres silhouettes se levèrent derrière moi. Je suivais l'homme masqué dans une petite coure derrière une porte dérobée. Les minutes qui suivirent, je changeais d'identité. A genoux, je prêtais serment. Mon avant-bras gauche en offrande pour recevoir ce que je voyais comme ma récompense. Marque des ténèbres sur cœur obscur. J'avais fait mon choix. Depuis bien longtemps dans ma tête déjà.

     Je ressentais une sensation étrange, entre brûlure et picotement sur cette nouvelle empreinte. Nous retournions à l'intérieur, reprenant les places où nous étions assis quelques minutes plus tôt. D'un geste de la main, le Seigneur des Ténèbres invita ses compères à se dévoiler à moi. Beaucoup de visages dont j'ignorais tout. Ils me dirent leur matricule. Seuls restaient masqués, lui et l'homme sur sa gauche.

- La pièce manquante du puzzle... Il ne nous sert pas en Grande-Bretagne, mais ailleurs...

     L'homme masqué, que je devinais être le même que j'avais croisé près d'un mois plutôt, retira son masque de fer et le posa sur la table. Il se retourna vers moi, j'en eus un frisson.

- Enchanté, même si on se connait déjà... me dit-il d'une voix froide, tout en posant une vieille baguette devant lui.
- Enchanté...

     Je laissais mes mots mourir en même temps que je construisais mes pensées. C'était lui ? Celui qui ne parlait pas lors de ma première entrevue ? Il s'assurait que j'avais bien compris les consigne. Lui, qui était suffisamment puissant pour déloger l'arbre ? Lui, qui pouvait accéder aux quatre maisons sans contraintes ? Lui... Descendant de Salazar ?

     Je regardais le directeur de Serpent Cornu dans le vague. Je ne savais pas quoi lui dire d'autre. J'imaginais qu'il était fourchelang. C'était donc cela le but, mon "examen" ? Créer une diversion, lui permettre de se dédouaner le temps qu'il se couvre lui ?

     Un silence s'installa. Le Seigneur des ténèbres se révélant à moi. Il me dit la marche à suivre. Chacun se nomme sous un matricule en mission. Quel choix faire ? Mes numéros, 14 et 17, déjà autour de la table.

- Va pour 08...