Sud-Est de l'Europe

Secrets de famille

PV Personnage

Le voyage n'avait pas été trop difficile. Longue, c'était certain que non, le transplanage n'était jamais long, mais voyager en compagnie d'un elfe de maison et d'une valise pour apporter quelques affaires. La chaleur était tombée sur les épaules du presque-géant une seconde à peine après son arrivée dans son pays natal, un été normal en Roumanie. Il avait quitté Londres, aux températures grisonnantes et était arrivé sous un soleil brûlant. Il avait prévu le coup, sa coiffe de perles habituelle mais aussi une cape ouverte sans manche assez ample et noire, laissant ses bras blancs avec quelques cicatrices visibles. Un pantalon confortable, ni trop moulant, ni trop large, de couleur taupe et des bottes noires. À sa ceinture, se trouvait sa baguette dans l'étuis prévu à cet effet. Un t-shirt de la même couleur que la cape recouvrait son torse et semblait accueillir l'astre solaire avec joie.

Pantofia, l'elfe de maison, maintenant le bagage à l'aide sa magie, regardait la demeure qui se trouvait devant elle. Elle n'y avait mis qu'une fois les pieds, il y a quelques années, lorsque son maître s'y était rendue avec Eléane Lestrange. C'était d'ailleurs sûrement la dernière fois qu'il y était aussi allé. Ses activités l'accaparant trop. De rares lettres avaient été échangées, mais ni ses parents, ni lui n'avaient suggéré de visite. L'habitation n'avait pas beaucoup changé, peut-être un petit coup de vieux mais rien de bien méchant. Elle s'élevait sur trois étages entourée d'un jardin. Tout était un bois, ce qui le frappa, il semblait qu'il ait hérité de cet intérêt pour cette matière tant tout ses meubles personnels étaient en bois. Des escaliers menaient à la porte d'entrée, derrière se trouvait un couloir donnant sur la droite sur le salon et sur la gauche la salle à manger. Tout était en bois sculpté, des commandes passées au fil des années. La bibliothèque se trouvait au dernier étage avec un bureau, la chambre d'amis et de Finrod se trouvaient au deuxième. Tout étant dans un style victorien.

Impatient mais ne sachant pas comment ses parents l'accueilleraient, Finrod appréhendait malgré tout. Il n'avait pas reçu de réponse suite à sa lettre, ce qui annonçait qu'ils l'attendaient mais quelle était leur humeur ? La relation tendue avec son père pouvait exploser à tout moment. Mais sa mère serait sûrement ravie de le revoir. Cependant, il saurait que sa venue n'était pas de pour profiter de la demeure familiale et s'y reposer. Il venait dans un but précis. Dévoiler le mensonge de ses parents et découvrir la vérité. La famille dont il faisait partie semblait bien plus grande que celle qu'on lui avait présentée jusqu'alors.

Il avança jusqu'à la porte, gravit les marches et toqua.

La lettre reçue quelques jours plus tôt avait mis Valériu dans l'embarras. Ainsi, Finrod avait été mis au courant de la liaison de sa mère, quelques années auparavant, en Roumanie, et appris l'existence de son demi-frère et sa demi-soeur. Lui cacher toute cette histoire avait été un moyen de le préserver lui, alors adolescent, mais aussi pour Valériu une façon de tourner la page et de ne pas laisser cette affairte prendre trop d'emprise sur lui. Aux grandes explications et justifications de Carolyn, sa belle épouse, il avait préféré les silences embarrassants et garder une zone d'ombre ; un moyen de se préserver lui, en quelque sorte. Bien évidemment, sa sévérité à l'égard de sa femme, son manque de tendresse périodique, avaient aussi joué leur rôle. Que reprocher, en définitive, à l'écart de Carolyn alors qu'il n'avait été un époux exemplaire ?

Cette période de sa vie l'avait quelque peu calmé, lui l'homme d'apparence brute, comprenant qu'il était par dessus tout amoureux de sa femme, ne s'imaginant un seul instant vivre sans elle.
Avec Carolyn, ils avaient quelques fois évoqué cette histoire, se questionnant sur l'intérêt d'en révéler les ramifications à Finrod. Bien entendu, ils avaient rapidement mis en évidence le fait que plus le garçon viendrait à l'apprendre tard, plus il risquait de mal le prendre, mais là encore, ils s'étaient enfermés dans une forme de déni à son égard. Mais aujourd'hui il avait connaissance des faits, évoqués par une bouche trop éloignée de l'histoire pour en connaître les détails. Carolyn, la belle beauté brune, était la seule à tout savoir, et la lettre de Fin' ne laissait plus de place au doute, les choses seraient sus.

L'amour incommensurable qu'elle portait à son fils lui laissait croire que les choses ne se passeraient pas mal, que l'homme qu'il était devenu saurait faire la part des choses et comprendre qu'il est préférable de ne pas tout dire à un adolescent de quinze ans. Mais Valériu, lui, ne trouverait-il pas les échos de rancoeur et de coups de sang passagers, surgis du passé, pour revenir empoisonner le quotidien de son épouse ? Là était la plus grande crainte de Carolyn, et de cette possibilité, il valait mieux que Finrod n'apprenne jamais rien. Côtoyer son conjoint dans le cadre du travail n'est jamais une chose aisée, être entouré de tensions, d'histoires infidèles, d'enfants cachés, étaient autant de raisons pour voir un couple, une famille s'ébranler.

Les deux époux avaient revêtit un sourire de façade pour accueillir leur fils. S'ils n'avaient clairement défini un code de conduite ou de réserve à avoir, Valériu comme Carolyn espérait que leur enfant ne se montrerait pas trop agressif dès son arrivée. C'est Valériu, le visage grave mais fendu d'une expression joyeuse peu coutumière, qui alla ouvrir la porte sur Finrod quand celui-ci frappa.
- Bonjour mon fils ! dit-il chaeureusement en écartant les deux bras pour l'accueillir.
Derrière la porte, le sourire de Carolyn était immense et sa joie de voir son enfant palpable.
- Fin' ! l'acueuillit-elle à son tour, ravie.

Les parents Elensar conduisirent leur fils au salon, un peu plus loin sur la droite après la porte d'entrée. Carolyn l'accompagnait de banalités " J'espère que tu as fait bon voyage... " " Tu es toujours aussi beau...", tout ce qui pouvait permettre de détendre l'atmosphère avant d'avoir à discuter de choses déplaisantes.

L'attente ne fut pas longue. Comme si ses parents l'attendaient... Tendus ? Stressés ? Très probable. Finrod n'avait même pas eu le temps de réfléchir au moyen d'amener le sujet sensible et qui l'avait fait venir sur la table, il ne l'avait pas pris à Londres, alors il devait bien reconnaître que vouloir le faire devant la porte de la maison où se trouvaient ses parents était ridicule. Cependant, il était indéniable que ses parents appréhendaient sa visite. L'attitude de son père trahit le malaise qui allait régner au sein de la famille Elensar pour les quelques heures, si ce n'est jours à venir.

Posant ses yeux sur son patriarche, Finrod ne dit mot. Il ressentit un mélange d'émotions difficilement définissable. Mais il crut déceler un peu de joie dans ce capharnaüm de sentiments, mais n'en était pas certain. Était-ce le retour dans cette demeure qu'il chérissait ou revoir ses parents après de longues années ? Un peu des deux ? Il n'arrivait pas à le dire, lui qui était toujours extrême dans ce qu'il ressentait. Hésitant, il s'approcha de son père puis le prit dans ses bras, mais rapidement il se recula, ne souhaitant pas rester dans cette étreinte étrange. Puis il entra dans cette maison où il avait grandi.

- Mère. Dit-il avec un sourire sincère en la voyant. S'avançant, cette fois-ci avec plus d'entrain, vers elle, il la prit dans ses bras et attendit qu'elle fasse de même. Quelques secondes suffirent pour le presque-géant, il ne venait pas pour une visite de courtoisie après tout.

L'elfe de maison passa le pas de la porte et salua Valériu d'un "Monsieur" et d'un "Madame" pour Carolyn. Elle ne disait pas grand chose et resta dans l'entrée. Dans son regard, si on y faisait attention, on pouvait y distinguer de l'inquiétude. Car elle partageait les secrets, aussi sombres soient-ils, de son maître et l'avait vu s'énerver quelques heures après avoir appris la vérité de la bouche de sa grand-mère. Elle craignait de voir son maître perdre son sang-froid comme cela était déjà arrivé par le passé. Redoutant d'assister à une déchirure familiale. Le bagage de Finrod flottait toujours grâce à la magie de la créature, attendant silencieusement qu'on lui indique où le poser.

- Il s'agit de Pantofia, une très agréable et fidèle elfe de maison. J'occupe ma chambre ou pas ? Elle pourra y déposer mes affaires plutôt que d'encombrer l'entrée. Dit-il avec une légère maladresse, tentant d'éviter qu'un silence s'installe. Et enchaîna : "Vous avez l'air d'aller bien... Vous avez réussi à être libres les deux pour moi... Il n'ajouta rien, pour éviter que ses propos ne deviennent des critiques ou puissent être prises comme telles.

La situation, bien que calme pour l'instant, semblait trahir des tensions d'un passé douloureux et maintenu sous silence, tuant à petit feu l'affection que Finrod portait à ses parents, mais ceci, il ne le percevait pas encore.

- Il s'agit de Pantofia, une très agréable et fidèle elfe de maison. J'occupe ma chambre ou pas ? Elle pourra y déposer mes affaires plutôt que d'encombrer l'entrée.

Les paroles de Finrod sortirent Valériu de ses pensées et il adressa un sourire mécanique à son fils.
- Oui fais ça.
Son enfant qui n'avait pas manifesté une grande joie en franchissant la porte.
Le patriarche jeta un oeil à l'elfe de maison qui n'avait pas l'air de rechigner à la tâche et suivait son maître avec plaisir. Il se demanda s Finrod l'avait éduqué dans la dureté pour que la créature reste obéissante et serviable, jusque dans les apparences. L'Elfe s'éclipsa alors que Valériu et Carolyn gagnaient le salon, accompagnés par Finrod.

- Oui, dès que nous avons su que tu venais, nous avons tout fait pour être là, déclara Carolyn, un peu tendue. Ça va bien oui...

Si son ravissement de voir Finrod était réel, elle n'était pas pressée de connaître le motif de la présence si soudaine de leur fils ici. Les secrets des époux Elensar étaient mieux quand ils étaient gardés entre eux, selon eux-même, bien qu'au fil de leurs discussions Valériu comme Carolyn avaient convenu que cacher leurs histoires à leur fils était une mauvaise idée, que c'était injuste pour lui, en plus de leur faire courir le risque de subir sa colère s'il venait à apprendre les choses par d'autres bouches que les leurs...

- J'ai préparé des boissons, café, thé, jus de citrouilles, je vais aller les chercher, dit Carolyn en s'éclipsant alors que son époux et son fils prenaient place autour de la table. Il ne fallut qu'une minute pour qu'elle réapparaisse avec un plateau flottant à côté d'elle, qui alla se déposer sur la table, garni de boissons et de petits gâteaux à grignoter. Carolyn gesticula quelques secondes avant de s'assoir à côté de son mari, un sourire gravé sur ses lèvres. Sa main glissa sur la cuisse de Valériu qu'elle serra fortement, pour l'intimer de prendre la parole. Celui-ci s'éclaircit la gorge, tout en se servant un café noir.

Comment ça va toi, professionnellement ? Tu repars bientôt c'est ça ? La voix de Valériu était parfaitement calme, bien qu'il n'était pas dupe et savait que si leur enfant était là aujourd'hui, c'était pour une bonne raison. Il valait mieux ne pas tourner autour du pot ni jouer l'idiot. Finrod était tout sauf naïf. Tu avais l'air pressé de nous voir, qu'est-ce qui nous vaut cet honneur ?

Les deux époux affichaient une courtoisie de circonstance envers leur fils, qui cachait parfaitement le malaise qui risquait de s'installer pour les prochaines heures.

Dans un petit crac, l'elfe de maison disparu avec les affaires du fils Elensar. Elle tâcherait de sortir le strict nécessaire pour son Maître, lui laissant le plaisir de s'occuper du reste. Il le lui avait ordonné avant de partir de l'appartement dans l'Allée des Embrumes.

Sa mère continuait de le traiter comme son enfant chéri, n'imaginant pas qui il était devenu au fil des années. Elle avait comme une envie de garder l'image intacte qu'elle se faisait de lui. Un sorcier sans grande histoire, qui réussissait plutôt bien dans la capitale anglaise. Si elle savait.

La famille Elensar alternait entre silence et paroles sans pour autant arriver à cacher une certaine tension et malaise. Mais après tout, rien de bien différent. Surtout au vue de la situation actuelle, de la raison de sa venue, il y avait de quoi ne pas se sentir bien en cet instant. Finrod s'assit, attendant de profiter des quelques rafraîchissement préparés par sa mère. Il avait fait en sorte d'être face à eux. Histoire que les regards ne fuient pas ou s'ils tendaient de l'être, il pouvait remarquer que quelque chose n'allait pas. Il n'était pas légilimens mais le comportement d'un individu pouvait être percé à jour sans avoir besoin d'user de magie.

- Je suis toujours le propriétaire de la Boutique d'Animaux Magiques, tout se passe bien. Mais j'ai beaucoup de travail donc je repars dans deux, trois jours. Cela dépend si je trouve rapidement ce que je suis venu chercher ici.
Sa phrase se termina presque comme un reproche. Ses yeux émeraudes passant de son père à sa mère, leur faisant comprendre qu'il était tant de passer aux choses sérieuses. Son père semblait l'avoir compris avec sa question.

- La famille Elensar ne se limite pas à nous trois, n'est-ce pas ? Question rhétorique. "Je le sais bien... J'ai rencontré ta sœur, papa. Celle que vous avez reniée, parce qu'elle avait épousé un homme qui ne vous convenait pas. J'ai rencontré aussi ma cousine ! Le ton commençait à monter. Finrod s'était promis de se gérer mais ses cachotteries montraient bien à tel point ses parents et lui étaient distants. Il était pourtant leur fils. "Pourquoi me l'avoir caché tout ce temps ? Et j'ai le sentiment que ce n'est pas le seul secret que vous avez..." Un autre reproche. Assassin, acide, il veut savoir ce qu'il en est.

- Je suis toujours le propriétaire de la Boutique d'Animaux Magiques, tout se passe bien. Mais j'ai beaucoup de travail donc je repars dans deux, trois jours. Cela dépend si je trouve rapidement ce que je suis venu chercher ici.

À ces mots, la mâchoire de Valériu se contracta, il comprima les poings qui se refermèrent sur quelque chose d'invisible qu'il devait broyer mentalement. S'il était plus éloigné de Fin' ces derniers temps, il restait pourtant un homme réfléchi et censé : deux ou trois jours avec leur fils sous le même toit risquait de détériorer leurs relations, d'autant que Finrod, s'il n'avait encore clairement exprimé ses pensées, n'était pas venu les voir par manque d'affection, mais bien pour obtenir des réponses à ses questions.

- Qu'es-tu donc venu chercher mon chéri, risqua Carolyn, d'une voix sûre mais fragile, ce qui correspondait plutôt bien à l'impression qu'elle devait laisser aux gens.

Mais déjà Finrod enchaînait, épargnant le doute à ses deux parents. Ainsi il savait..., il avait même rencontré sa cousine. Le regard de Valériu se teinta d'un miroir blanc, celui qu'a le poids des grandes révélations, et sa femme l'imita. Comment dire, comment parler après tout ce temps ? Jusqu'où Finrod irait dans sa soif de savoir, insisterait-il pour tout savoir ? Connaître les liens cachés et les secrets les plus sordides ? C'est lui, qui risquait d'écourter sa visite s'il apprenait tout, le mauvais mari qu'était Valériu, la femme dissipée qu'était Carolyn.. Comment expliquer un enfant les détériorations d'un couple instable quand le couple même ne sait remettre les évènement dans un ordre et une logique acceptable à ses yeux ?
- Tu as donc rencontré ma soeur... dit Valériu, le regard aussitôt vague.
- Fin', nous avons eu quelques problèmes avec ton père, tenta d'expliquer Carolyn, Tu sais... À cet instant, la main prévenante de son mari sur son avant bras la coupa.
- Peut-être qu'il est temps d'assumer nos mauvais choix. Finrod est notre fils, dit Valériu en regardant le concerné droit dans les yeux. Il est en droit de savoir.

Carolyn hocha fébrilement la tête avant de poursuivre :
- Tu as... sa voix flancha un peu et elle s'arrêta pour prendre une gorgée de thé, avant de redresser fièrement la tête vers son fils. Tu es en droit de savoir que tu as un demi frère et une demi soeur, Finrod. Ils s'appellent Sirlan, et Sargrid.

Presque subjuguée de révéler cela, Carolyn s'arrêta aussitôt, plongeant un regard maternel dans les yeux de Finrod, un regard empli de tendresse et de regrets, de la déception d'un aveu tragique.
- Tu étais adolescent et concentré sur tes études à Poudlard, tenta-t-elle de justifier, nous avons, après discussion, jugé préférable de ne pas t'en parler. Nous souhaitions déjà, ton père et moi, mettre toute cette histoire derrière nous. Elle nous a fait assez de mal comme cela, ce n'était pas utile de te parler de tout cela et de risquer de te faire souffrir.

La main de Carolyn s'était refermée sur celle de son époux, à qui elle adressait le même regard plein de regrets qu'elle venait d'offrir à son fils.

La nouvelle tomba sur les épaules de Finrod d'une manière si inattendu qu'il sembla se ratatiner, autant qu'il pouvait vu sa carrure ce n'était pas évident, sur place. Il ne savait pas quoi penser. Perdu dans ses pensées, dans ses questions, étonné de voir ses parents tout lui avouer de manière aussi abrupte. Ne rendaient-ils pas compte que pour lui, c'était nouveau, que ceci changeait bien plus qu'ajouter une branche à l'arbre généalogique ? Qu'à présent, il fallait découvrir ce qu'était devenu ces enfants... Pour éviter que d'autres ne l'apprennent et abusent de cette information. Et puis, pourquoi ? Comment ?

Abasourdi encore. Quelques secondes s'écoulèrent avant que l'ancien Serpentard puisse mettre de l'ordre dans ses questions, dans son raisonnement...

- J... J'étais à Poudlard ? Cela remonte à douze ans minimum... Comment c'est arrivé ? Mère... Pourquoi ? Et où sont-ils ? L'étonnement commençait à laisser place à un peu de colère. Trop habitué à tout maîtriser, à être celui que l'on informait en premier, il avait pris cette habitude et appréciait de moins en moins apprendre les choses après tout le monde."La famille Elensar a donc tant de secrets ?" Question rhétorique. Finrod reprenait de la prestance, se tenant droit, regardant droit dans les yeux ses parents, chacun leur tour. "Dites-moi tout." Siffla-t-il entre ses dents, un air sévère sur le visage.

À quoi ressemblaient ces enfants ? Quel âge avaient-ils ? Étaient-ils encore en vie ? Si oui, où ça ? Finrod devait-il entrer en contact avec eux ? Que faire après les avoir trouvés ? Mais, surtout, comment les trouver, c'était une question primordiale avant de tenter quoique ce soit. Il ne pouvait pas quitter son poste pendant des mois, on avait trop besoin de lui.

Silencieux, il attendait une réponse... Se répétant constamment : Sirlan et Sargrid comme pour imprimer ses prénoms dans son cerveau et ainsi ne jamais les oublier, quoiqu'il arrive.

Observant les attitudes de son fils, Valériu ressentait une pointe de fierté en décryptant ses réactions et le moindre de ses gestes. Malgré le ton de reproche dans la voix de son fils, les questions pesantes qu'il amenait avec lui, Finrod était devenu un sorcier, un homme, tout à fait respectable. Au moins, il dégageait quelque chose. C'était un jeune homme avec beaucoup de prestance, de classe et de sobriété ; quelqu'un que l'on imaginait facilement avoir réussi dans la vie, et, s'il ne ressortait de son apparence aucun aspect de méchanceté, que l'on aurait pas forcément vu propriétaire de la boutique d'Animaux Magique, mais peut-être dans un secteur plus ambitieux du monde de la Magie, comme le Ministère ou un quelconque endroit de recherche. Oui, à la réflexion, Valériu s'imaginait cela de son fils grandi.

Mais plus que ce sentiment de fierté, ce qui préodminait en ce jour était l'envie de ne pas le blesser davantage. Révéler les erreurs de son couple avec Carolyn à leur enfant risquait surtout de voir se briser quelque chose entre eux, et cela, le patriarche le savait. Les erreurs de deux parents ne devraient jamais mettre à dos leur enfant.
Le sorcier observa son épouse avec un regard brillant, lorsque celle-ci exposa à leur enfant les faits, ce qui avait découlé de leurs erreurs, plutôt que d'en faire le tour complet. Après tout, les quelques écarts de conduite qu'avaient eu Valériu et Carolyn l'un pour l'autre ne regardaient qu'eux. C'était plus ou moins ce qu'insinuaient leurs accords pour éviter de remuer ce passé douloureux, si tant est que Carolyn n'avait pas cherché à lui désobéir depuis....

- Pourquoi c'est arrivé, Finrod ? Il y a des choses qui ne s'expliquent pas, tu sais. Il y avait comme de la naïveté dans le ton de sa voix. Je ne sais où ils sont aujourd'hui mon chéri... Le regard de Carolyn chercha celui de Valériu, qui se montrait un peu plus tendu maintenant ; nous avons souhaité laisser toute cette histoire derrière nous, sinon, notre couple n'aurait pas survécu.

Il était difficile de savoir si Carolyn ressentait de la peine à ne pas savoir où se trouvaient ses enfants illégitimes ou si la sévérité de Valériu sur le sujet était la seule chose qu'elle craignait.
- Il y a eu un temps où je ne me sentais pas bien dans notre mariage, justifia-t-elle, plus pour elle que Finrod apparemment, et où sont nés ces deux enfants de cet écart.
Si Carolyn éprouvait des souvenirs douloureux de cette époque, elle ne le montrait pas dans ses attitudes, malgré le fait qu'évoquer ce temps semblait lui être douloureux.
- J'étais peut-être un peu dur avec toi, c'est vrai, coupa Valériu sur un ton qui était à mi-chemin entre le regret et la confession.

Les deux époux Elensar se regardèrent longuement. Parler du sujet ne leur était pas facile et ils semblaient trouver beaucoup de difficulté à le faire, même pour Finrod. Leur fils voudrait-il rencontrer ce demi-frère et cette demi-soeur, alors même que Carolyn s'était vu interdire toute recherche à leur sujet ? La concernée semblait appréhender la chose et la réaction qui surviendrait alors de Valériu. Si son mari paraissait calme, elle savait cette apparence trompeuse.

Face à leur fils, les parents Elensar ne semblaient pas vouloir lui tenir tête, car, petit à petit, les langues se déliaient et les secrets remontaient à la surface après avoir été enfouis au plus profond des mémoires. Les explications étaient quelque peu minimes, trop au goût de l'ancien Serpentard mais il sentait que c'était un passé douloureux. Pourtant, il avait envie d'en savoir plus. Car, à Poudlard pendant cette période, il n'avait pas vu grand chose de la vie de ses parents et il comprenait à présent que tout ne s'était pas passé calmement.

La famille Elensar prenait une nouvelle dimension avec toutes ces révélations. Mais Finrod ne savait pas encore quoi faire. Y plonger au risque de découvrir encore plus de mystères cachés depuis des années ou rester éloigné de tout ce qui pouvait apparaître lorsqu'on grattait la surface ? C'était une situation peu agréable pour le jeune homme, car malgré ses soucis avec son père, il ne tenait pas à blesser sa mère.

- Et... Vous n'avez vraiment aucune nouvelle d'eux... Je... Je crois que j'aimerai savoir ce qu'ils sont devenus... Dil-il hésitant, sachant ce que cela pouvait déclencher. Mais à présent qu'il était adulte, Carolyn et Valériu ne pouvaient plus lui imposer quoique ce soit, surtout pas à lui... S'ils savaient...

Les yeux émeraudes du Fourchelang fixèrent sa mère puis son père, le défiant presque de lui interdire d'aller à la recherche de ces enfants dont il n'avait appris l'existence que depuis quelques instants. Les questions sur ce qu'il ferait réellement ne viendraient que plus tard mais une envie de provoquer son père naissait petit à petit. Le presque géant savait que c'était lui qui avait imposé cette situation à sa mère. Un mélange d'émotions étranges qu'il n'arrivait pas à trier. Chaque chose en son temps.

Les époux Elensar se tenaient de l'autre côté de la table, face à leur fils, raidis à attendre sa réaction. Avaient-ils été de mauvais parents ? Sur le côté des cachoteries, c'était certain. Mais plus encore, ils avaient été l'un pour l'autre mauvais mari et femme. Carolyn infidèle, Valériu violent. Leurs mains jointes sous la table semblaient exprimer tout cela, le poids de leurs erreurs passées et la rancoeur qui les habitait toujours autant l'un envers l'autre. Finrod venait en quête de vérité, remuant tout ça.
La poigne de Valériu se fit plus forte sous la table, alors que Fin' paraissait avoir du mal à digérer l'information. La crainte du patriarche de voir sa femme repartir en conquête de ses enfants illégitimes laissait la colère l'envahir petit-à-petit. Ne manquerait plus que cela.
La mâchoire carrée de l'homme se contracta. Et la voix de Finrod créa un frisson qui lui dévora l'échine :

- Et... Vous n'avez vraiment aucune nouvelle d'eux... Je... Je crois que j'aimerai savoir ce qu'ils sont devenus...

Il n'est pas sérieux

Aussi calmement que possible, le visage de Valériu pivota vers Carolyn qui s'empourpra aussitôt et parut glacée de mutisme. Quand elle fut proche de prendre la parole, Valériu la coupa d'une voix forte et sévère :
- J'ai ordonné à ta mère de ne jamais les chercher. Et tu ferais bien de faire la même chose. Ces enfants sont des démons, ils n'auraient jamais dû naître ! Ce ne sont pas des Elensar.

Le geste était invisible, mais sous la table, les mains des deux parents de Finrod s'étaient déliées. Celles de Carolyn tremblotaient sur ses cuisses alors que Valériu avaient posé les siennes en poings serrés sur la table.

- Ces histoires sont honteuses pour notre famille, renchérit Valériu. T'élever loin de cet affront que l'on m'a fait était la meilleure chose à faire pour que tu sois un bon sorcier, sans être perturbé. Et ta mère est maintenant revenue dans le droit chemin, c'est la seule chose qui compte.
- Dans le droit chemin ? s'indigna celle-ci, d'une voix beaucoup plus aigûe qu'elle l'aurait sans doute voulu. Si tu avais été de l'exemplarité que tu souhaites pour notre famille, tout cela ne serait peut-être pas arrivé ! Ce ne sont peut-être pas des Elensar, mais ils ont mon sang, comme Finrod, que tu le veuilles ou non !

Le rouge monta aux joues de Valériu et une veine battit sur son cou tendu. Il ne risquait pas de s'en prendre à Carolyn en présence de Finrod, pourtant, il n'avait jamais paru si proche d'exploser de colère à son encontre en présence de leur fils. On sentit autour de la table à sa respiration brutale qu'il luttait contre de violentes émotions pour ne pas s'emporter.
- Finrod, lâcha-t-il, ignorant les propos de sa femme, ces bâtards ne feront jamais partie de notre famille.

La colère s'invitait petit à petit à la table des Elensar. Elle n'était que braises endormies lorsque les deux hommes étaient loin l'un de l'autre mais rougeoyaient dès que l'un deux soufflait trop fort dessus. Et c'était ce qui était en train d'arriver. Les secrets ne faisaient jamais rien de bien. Et pourtant, chacun en avait. Par crainte, par cruauté. Qu'importe les raisons.

- Crois-tu que c'est à toi de décider ce qui est bon pour cette famille ?! Avec tout ce que tu lui as fait, tu crois encore pouvoir m'empêcher de faire quoique ce soit ? Rétorqua Finrod. Qui commençait à se laisser gagner par la rage de voir son père jouer l'homme de la famille alors qu'il n'avait jamais mérité cette place. Surtout depuis que l'ancien Serpentard se faisait un nom dans les rues sombres de Londres...

- Tu n'es plus rien. Un être déchu, honteux et qui ne devrait même plus avoir le droit de poser les yeux sur cette femme. Ajouta le fils Elensar. Désignant sa mère du doigt. Ce dernier savait qu'il allait trop loin. Mais qu'importe, il se savait plus puissant que son père et vu la colère qui bouillonnait en lui, il n'hésiterait pas très longtemps à infliger de sévères blessures à son patriarche.

S'étant levé, pour dominer de toute sa hauteur cet être qu'il méprisait. Qui venait de perdre le peu de respect que lui portait encore son fils. Finrod se tut. Laissant le silence pesant prendre le dessus. Sa baguette était toujours rangée et pourtant, il l'avait presque sortie pour menacer son père. Sauf qu'il ne ferait rien, pas en présence de sa mère. Hors de question de prendre cette décision à sa place. Préférant éviter un duel potentiel mortel père-fils.

- Il faut que je sorte. Et il fila vers l'extérieur, seul. Et marcha sans réel but.

Fin du RP. Merci pour tout !

Un petit coin de monde

avec Aewera Drabyssae

Castielle serait bien capable de s'endormir. Après une journée épuisante de cours intensifs, la chaleur, le bruit des vaguelettes et du vent ; oui, l'appel de la sieste se fait grandement ressentir. Kamila et Salim, les deux camarades de classe avec qui elle s'entend le mieux depuis son arrivée, lui avait refilé l'adresse. Une plage sans touristes et sans autochtones, un petit coin de sable où les étudiants de Karadeniz venaient zoner de temps en temps, quand ils voulaient avoir la paix. Pour le coup, c'est réussi ; il n'y a pas un chat. Pourtant, en tendant l'oreille, Castielle entend bien l'agitation d'un village pas très loin. C'est qu'avec le vent, les sons portent loin et que les fêtes villageoises sont souvent bruyantes. La jeune femme ne s'en plaindra pas, la musique est plus que sympa !

Assise dans le sable, face à la mer noire, ridée par le vent, la Poufsouffle (plus si Poufsouffle que ça, loin de l'Angleterre) baille sans retenue en se demandant quoi faire. Dormir ? Travailler ? Rentrer ? Rejoindre ses amis et s'amuser ? Pas moyen de se décider et la fille Colt n'est pas du genre à aimer les pièces choisir pour elle. Alors elle décide d'aller piquer une tête.
En cas de doute, faire le grand plongeon. C'est pas ça qu'on dit ? Si si.
Lunettes ensorcelées pour y voir clair sous l'eau, baguette accrochée à la cuise avec un holster spécial, Castielle plonge avec joie dans l'eau tiède. Aah les gens du nord ne comprendront jamais ce plaisir de sauter la tête la première sans devoir se mouiller le cou et les poignets pour ne pas risquer la mort par choc thermique ! Quand elle pense qu'il n'y a pas si longtemps elle voguait en mer du nord et sur l'océan Atlantique, elle en grelotte presque ! Rien de tel qu'une mer chaude, garantie cent pour cent plaisir.

Immergée dans son élément de prédilection, Castielle n'a aucun mal à s'aider d'un sort de Tête en bulle. La base pour les amateurs de plongée. Enfin, la base. Pour là d'où elle vient, oui. Pour ici, c'est une autre histoire ! Les différences culturelles se ressentent dans la façon d'envisager le monde mais aussi les problèmes. Face à une situation, Castielle se retrouve souvent la seule du groupe à réagir d'une certaine manière, la plus logique pour elle, tandis que les autres procèdent autrement. Ça vaut également pour la manière d'étudier, parler, manger ! Un vrai casse-tête quand on veut s'intégrer ! Mais l'Américaine ne désespère pas et compte bien se faire accepter un jour ou l'autre, comme une élève de Karadeniz comme les autres. Difficile en seulement six mois, mais pas impossible. Déjà qu'en seulement deux, elle maîtrise un peu la langue. Suffisamment pour se débrouiller sans guide à ses côtés constamment.

Retour à la surface. Grande inspiration, par réflexe, car elle n'a jamais manqué d'air. La bulle éclate et Castielle rejette ses cheveux en arrière, redresse ses lunettes correctement et se dit que c'était une bonne idée, cette petite baignade. Sa tête rafraîchie, et ses idées aussi, il est temps de se remettre au boulot. Elle est pas en vacance, là.

Aewera se sentait perdue en Angleterre, à vrai dire elle ne savait plus trop où elle en était.
Comme un oiseau perdu,
Voltigeant, virevoltant,
Cherchant son chemin à contre courant.
Le jour s’était enfin levé sur la tamise,
Révélant un ciel peu nuageux et un soleil quelque peu froid.
Aewera décida de s’en aller,
Un sac sur le dos, des rêves plein la tête, sa baguette dans la main,
Elle transplana plusieurs fois pour enfin arriver,
Sur une plage dorée,
Dans un pays lointain,
Où le soleil brûlant brillait de milles feux.
L’ancienne Gryffondor se laissa alors choir sur le sable chaud,
Laissant ses yeux rêveurs contempler l’étendue d’eau sous ses yeux.
Laissant son sac sur le sol, elle se mit à courir dans le sable,
Appréciant le vent dans ses cheveux,
La chaleur sur sa peau,
Le soleil se reflétant sur l’eau en face d’elle.
Puis elle sentit l’eau sous ses pieds,
Les éclaboussures sur sa peau.
Le contact entre sa peau et l’eau dessina un sourire béat sur ses lèvres.
Puis elle plongea, son corps submergé par l’eau tiède,
Ses cheveux flottants comme une auréole autour de sa tête,
Le clapotis de l’eau résonant dans ses oreilles.
Aewera sortit alors brusquement la tête de l’eau,
Ses pieds retrouvant le sol,
Ses mains écartant les cheveux de ses yeux.
Elle posa alors son regard sur ce qui l’entourait,
C’est alors qu’elle l’aperçut,
Une jeune femme,
En quelques mouvements de bras elle vint à sa rencontre,
Et s’adressa alors à elle d’une voix douce,
“Bonjour, beau paysage n’est ce pas ?”
Soleil brillant, Rêves étincelants, Yeux pétillants….