Arty ne semble pas prendre les choses au sérieux. Même pas ton engueulade. Il est même... Heureux d'être en cellule. Super. Il lui manque vraiment une case. Si habituellement, tu trouves ça plutôt amusant et que ça fait parti de son charme de se foutre royalement de tout en voyant toujours le bon côté des choses, sur ce coup, c'est simplement agaçant. Et le voilà qui part dans une course sautillante en solo tandis que tu te contentes de l'assassiner du regard. T'as limite envie de lui en retourner une histoire de lui remettre les idées en place, mais t'es contre la violence sur les enfants. Et Arty est clairement toujours un gosse.

Mais voilà, tu n'es pas le seul à qui cette attitude tape sur le système. Elly ne semble pas apprécier non plus. Enfin c'est sûrement le mélange de vos deux attitudes en fait. Parce que toi, t'as juste envie de te barrer de là le plus rapidement possible. Mais ce n'est pas pour autant que tu prends réellement la situation au sérieux. Si tu ne détestais pas à ce point les espaces clos et la privation de liberté, tu te foutrais d'elle également, et sans y penser à deux fois. Mais t'es clairement pas dans de bonnes dispositions. Tu balances un "Mais ferme-la !" à Arty et voilà votre geôlière qui prend enfin la parole.

Elle est vraiment sur les nerfs. Elle vous menace même de sa baguette. Tu fronces les sourcils. Non mais elle déconne là, pas vrai ? Elle va pas passer ses nerfs sur l'un d'entre vous, sur une base de volontariat en plus ? Non, il y a anguille sous roche. Elle est cheffe des Aurors, et elle est en plein milieu du Ministère. Pas moyen que tu te laisses faire si facilement. Mais, plus important, pas moyen qu'elle ne touche ne serait-ce qu'à un cheveu d'Arty sans le regretter amèrement par la suite.

- J'suis pas sûr que torturer deux étudiants de Poudlard fasse parti de tes fonctions ici. Laisse-nous partir, c'bon, on a compris la leçon.

Voix plutôt posée, même si la colère gronde en toi. Toujours pareil. Tu remplaces l'angoisse par la rage. C'est bien plus facile pour toi de tout laisser exploser quitte à regretter après que de devoir faire face à une de tes faiblesses. Surtout en public. Surtout quand tu dois tout faire pour protéger Arty.

- Et j'te jure que si tu le touches tu le regretteras.

Regard noir. Au pire Lival viendra te faire la peau. Peu importe. Arty avant tout.

Et ben dis donc. Si on ne pouvait plus rigoler ici, sympathique, vraiment. Ça donnait à l’atmosphère une ambiance plus joyeuse, festive, colorée. Alors il fait semblant d’être outré, complètement, par l’insulte qui vient de fuser des lèvres agacées du Serpentard. Il venait de lui dire de se la fermer. Il se vexe, forcément, immédiatement, essaie de croiser les bras sur son torse gonflé d’orgueil. Ça ne fonctionne pas, assurément, il est ligoté. Mais l’intention y est, et va-t-on dire, c’est amplement suffisant. Puis il tique, lève le sourcil gauche, n’est pas bien sûr d’avoir entièrement saisi les paroles de la cheffe des Aurors. Passer le premier à quoi ? J’dois pas faire pipi merci. C’est vrai qu’il n’y avait pas de toilettes, alors peut-être parlait d’elle de ça.
Ou pas. Bordel, une nouvelle fois, il n'avait pas pigé.
Il secoue la tête et fait mine d’avoir tout compris depuis le début de l’échange. Elle était sérieuse. Aza aussi. Il se déroulait sous les yeux curieux du Blaireautin quelque chose d’intéressant. D’ailleurs, ses rétines vont d’un protagoniste à l’autre, tente de déceler des détails informatifs qu’il n’arrivait pas à saisir naturellement. Il est devant un match de tennis. Tout simplement.

Parce que ça parle de torture. Immédiatement, le gamin réagit. Fait non de la tête. Non, merci, ce sera sans moi. C’est pas que ça ne le tentait pas, juste, bizarrement, il n’était pas d’humeur. Il recule par précaution, écoute attentivement les remarques de son pote. Il n’a pas tort. Ce n’était pas légal pour un Auror que de torturer des adolescents qui s’amusaient tranquillement – innocemment- dans la rue. Puis le réflexe intervient. Son seul instinct de survie dans n’importe quelle situation extrême, même quand Aza n’était pas là. Il se glisse derrière lui, façon ninja qu’on ne voit pas. C’est-à-dire que oui, même quand le Vert & Argent n’était pas dans les parages et qu’Arty se retrouvait en danger, pour une raison inconnue, il le cherchait du regard, criait son nom dans sa tête. Essayer de faire travailler ce lien de jumeaux inventé. Un jour ça fonctionnerait, il en était persuadé. Anyway, il fait dépasser sa tête au dessus l’épaule de son pote. C’est pas gentil c’que vous faites. Déjà, vous nous embarquez sans nous dire nos droits. C’pas folichon, vous êtes dans l’illégalité. Puis vous nous coffrez sans expliquer pourquoi. Il dodeline de la tête, prend un air faussement assuré. Alors j’vous l’demande madame l’Auror, qu’a-t-on fait de mal ?

Puis il se cache. Heureusement qu’Aza était plus grand, c’était pratique. Lâche, mais bien pratique.

Arty est vraiment complètement à la ramasse. Y'a que lui pour parler de ses besoins naturels alors qu'il est derrière les barreaux. Encore heureux qu'il n'a pas envie de pisser, sinon bonjour le caprice à gérer. Tu l'imagines déjà venir de loin. "j'ai envie de faire pipiiiiiii !", et ça en boucle jusqu'à ce qu'il puisse enfin se soulager. L'horreur. Finalement, vous vous en sortez pas si mal. Il en vient même à se planquer derrière toi. Comme quoi, suffit de laisser le temps à la lumière de se faire pour qu'il finisse par réagir de façon... Toujours aussi puérile. Mais au moins il comprend que personne ici n'a envie de jouer. C'est déjà un bon point.

Sauf quand il demande ce que vous avez fait de mal. Parce que ça paraît plutôt évident que détruire les devantures des bâtiments de l'Allée des Embrumes n'est pas franchement autorisé par le Ministère. Mais apparemment la leçon qu'elle veut vous donner ici n'est pas uniquement due à votre comportement du jour. Elle a l'air de penser que vous avez un peu trop pris la confiance. Et que la vie ne vous a pas suffisamment puni. T'es pas franchement d'accord sur ce dernier point. Enfin, Arty s'en est sûrement toujours très bien sorti, tu ne te fais pas trop de soucis là dessus. Mais c'est une autre histoire en ce qui te concerne.

Mais ça ne change rien. Au contraire. Tu mets un point d'honneur à protéger Arty et son insouciance enfantine, que tu lui envies parfois. Il ne se soucie de rien. Aucune conséquence. Il finit toujours par s'en sortir. Il faut que ça continue ainsi. Il faut qu'il reste protégé par la vie. Ou par toi. Ou par quiconque d'autre. Personne n'a le droit de le détruire, de le briser. Tandis qu'Elly t'approches des barreaux de la cellule, tu lances un sourire encourageant à ton pote. Faut pas qu'il s'inquiète non plus. Et tu plantes ton regard dans celui de la cheffe des Aurors. Avec toujours cette lueur de défi. Celle que tu conserves, pour montrer que tu ne plieras pas. Que quoi qu'elle fasse, tu ne changeras pas d'avis.

- Tu me fais pas peur. J'assume toujours les conséquences de mes actes.

C'est plutôt vrai. Parce qu'à chaque fois que tu fais un truc, ça a tendance à mal finir. Surtout pour toi. Tu commences à avoir l'habitude. On va dire que c'est le karma.

Bon. Ça commençait à pétiller dangereusement, Arty devenait petit à petit mal à l’aise. Surtout lorsqu’Aza fut emmené près des barreaux, à la manière d’un jambon pendu dans une boucherie. Pauvre petit. Et lui tout seul, dans le fond, complètement à découvert. Visiblement, conversation tout à fait intéressante, là-bas devant sur le fait de prendre ses responsabilités. Il fait la moue faussement attentive. Aza et lui avaient toujours assumé, jamais ils n’avaient menti, non, non. Ils déformaient peut-être la réalité – enfin lui du moins – mais le mensonge, quand même, c’est proscrit. Maman l’a dit. Tout de même, si le Serpentard lui avait souri, il s’inquiétait. Il ne s’agissait pas qu’il se prenne dans la gueule un sortilège malencontreux. Puis il n’allait pas rester là à rien faire, c’est trop ennuyant.
Alors un bouing en avant. Excusez-moi ? On veut bien tout assumer hein. Bouing. Mais bon, on est p’tet pas obligé de passer par des méthodes pareilles ? Bouing et le revoici derrière un Azaël ravi. On est vraiment désolés pour l’allée, mais c’était juste notre terrain de jeu, on voulait rien faire de mal, promis, on est des gentils. Après tout, ils n’avaient blessé personne.

Sauf si on leur demandait de nettoyer. Ça non. Par contre, s’excuser volontairement avec un sourire espiègle, il pouvait le faire, surtout si ça pouvait éviter à Aza de s’en prendre plein la figure. C’était là encore le temps des négociations, parce qu’Arty savait que si ne serait-ce qu’un sortilège partait, il allait entrer dans une colère, un caprice mémorable. Ce n’était pas un comportement d’Auror ça, franchement. Alors il faufile sa tête, délicatement, doucement, enfin, d’abord le front, puis les yeux, puis le nez finalement Vous pouvez nous détacher ? C’quand même trop facile sinon pour vous. Et injuste. Carrément injuste. Oui, à sa place, pour la fierté personnelle, il ne voudrait pas s’en prendre à deux adolescents ligotés. Question de dignité.
Mais bon, tout le temps n’a pas les mêmes valeurs.

Peut être qu'Arty est réellement persuadé d'avoir toujours la mignonnerie et l'innocence d'un enfant de quatre ans. Au moins, ça expliquerait beaucoup de choses. Notamment sa façon de s'exprimer, ses caprices habituels, et une réelle difficulté à discerner ce qui et bien ou légal de ce qui est mal ou illégal. Mais dans tous les cas, il n'a pas tort. Vous ne pensiez pas vraiment à mal. Juste à vous amuser, à vous entraîner. Les dommages collatéraux sont plutôt infimes. Avec la magie, quelques carreaux, ça se répare facilement. Une seconde, tu espères qu'elle accède à la requête de ton pote et finisse par vous détacher. Tu te sentirais bien plus à l'aise. Et en plus, tu aurais accès à ta baguette, ce qui serait sécurisant. Tu détestes être à la merci de quelqu'un.

Mais sa volonté est de fer. Elle refuse de céder malgré les yeux de chien battu d'Arty. Tu pousses un soupir. Et la voilà qui lève la baguette. Instinctivement, tu te redresses afin de protéger Arty aussi bien que tu le peux. Mais elle parvient à le viser. Et le sort qu'elle lance te fige un instant. Tu regardes pendant une demie seconde ton pote qui se tord de douleur dans un cri déchirant sans parvenir à bouger. Et le temps reprend soudainement son cours. Tu te jettes contre les barreaux de la cellule, pour te mettre pile en face de l'Aurore et de sa baguette.

Ton coeur bat à tout allure. Tu forces sur tes liens comme jamais, la rage qui te consume semble avoir doublé tes forces. Ton corps heurte les barreaux plusieurs fois, de toutes tes forces, tandis que tu hurles sur Elly, postillonnant au passage sans la moindre retenue.

- Qu'est ce que tu fous ? Arrête ! Il a rien fait ! C'est d'ma faute, ok ? Tout est d'ma faute ! Fous lui la paix !

Un chien enragé. Le sang tambourine à tes tempes trop vite, trop fort. Tu vois à moitié trouble, tes liens te rentrent dans la chair tellement tu forces dessus, mais tu ne ressens même pas cette douleur. Tu ne penses qu'à empêcher Arty de vivre ça. Personne n'a le droit de briser Arty. Lorsque le sort s'arrête enfin, tu te rends compte que ton pote n'est pas du tout par terre en train de se tordre de douleur. Mais derrière toi, debout, et qu'il n'a vraiment pas la tronche de quelqu'un qui vient de se faire torturer. Tu ne comprends rien. Tu fermes les yeux un instant, mais la scène était réelle. On ne peut plus réelle. Tu les rouvres, en essayant de récupérer un peu ton calme.

- Ca va, Arty ? J'suis désolé... Tout va bien, hein ?

T'es complètement paumé. T'as du mal à comprendre ce qu'il vient de se passer. T'as l'impression qu'on vient de te piétiner le crâne et la mémoire. Nouveau regard vers Elly. T'es très en colère. Mais t'as un peu peur aussi. Peur de ce qu'elle a fait. A Arty. Ou à toi. Tu ne comprends pas.

- Mais c'est quoi ton problème à la fin ? Qu'est ce que tu veux ?

Pourtant il avait demandé assez gentiment, enfin, voilà, il ne comprend pas. On lui apprend durant toute son enfance de se montrer poli et avenant, et le voici ligoté dans une cellule du Ministère de la Magie – pour rien qui plus est ! Sauf que cette situation commençait sérieusement à durer, il pourrait presque se mettre à bailler pour communiquer son ennui. Mais quelque chose se passe, d’intéressant, mais pas dans le bon sens. La baguette de l’Auror s’était délicatement faufilée sur la silhouette d’Azaël. Arty craignait le pire, il pourrait peut-être le pousser, prendre le sort à sa place, ou appuyer sur la tête du Serpentard tellement fort qu’il rentrerait dans le sol, champignon courageux mais pas téméraire. Pourtant, rien ne jaillit, il n’entend aucune formule. Des secondes de silence qui lui font hausser les sourcils. Qu’est-ce qu’il était en train de se passer ?  
C’est alors que son pote réagit, brutalement, veut fusionner avec les barreaux de la cellule, violemment. Quelque chose clochait, il s’énervait, pris d’une terrible colère. Arty le regarde de dos, les yeux écarquillés. Alors que rien n’avait bougé.

Il se met alors à crier sur l’Auror, lui hurle de laisser quelqu’un en paix. Le gamin se recule, chancèle devant le mystère de la situation. Il parlait de qui exactement ? Un sort aurait-il attaqué un barreau sans défense ? Non. Aza ne serait pas mis dans une telle rage pour un pauvre petit barreau de cellule abîmé. Non, de dos, le voir s’agiter comme ça, il comprenait que ça avait pris Zaza près du cœur. Il allait même finir par réussir à se détacher tellement il remuait. La bouche d’Arty s’entrouvrait de panique : son pote adoré devenait fou – littéralement. Sa voix s'enraille alors dans un cri terrifié. Qu'est-ce qui lui arrive ? Faites quelque chose ! Dans un élan de désespoir tellement la scène avait des allures de science-fiction. De très mauvaise science-fiction.
Et ça repart comme c’est venu. Aza a l’air complètement déboussolé, à reprendre ses esprits. Arty se glisse à ses côtés, l’observe pour le voir regagner la terre ferme. Il lui demande si ça va. Heu, moi oui oui, tout va bien je. Il remue la tête, n’y comprend plus rien. Son regard fait alors des allers-retours de l’Auror au Vert & Argent. Mec, il s’est passé quoi ? t’as totalement déraillé là. On aurait dit qu’tu faisais un cauchemar ! Une lumière s’allume alors rapidement dans son cerveau spongieux.

Il fixe la cheffe des Aurors de ses yeux soudainement perspicaces, Aza avait raison, elle avait clairement un problème, elle venait de jouer avec les neurones de son pote pour s’amuser. Rien à prouver, aucun intérêt si ce n’est de le mettre dans une colère extrême. Il se demande comme ça T’as vu quoi ? Et ils ne savaient toujours pas ce qu’elle désirait, si tant est qu’elle désirait réellement quelque chose et non pas juste passer le temps à embêter deux adolescents innocents. Vous avez traficoté son esprit làààà ! Ça s’fait pas ! Rien ne se faisait de toute façon, de son point de vue. Il s’énerve, tape du pied, vraiment, les pensées, c’était interdit, question de respect. Alors, répondez ! Qu’est-ce que vous voulez ?

Elle s’en fichait, aucune réponse avant qu’un nouveau sortilège ne surgisse de son bois magique. Elle voulait se venger, les faire taire. Il ne peut pas. Cette vision lui retourne le cœur qu’on vient d’enfourner dans le grille-pain – de force. Un Azaël torturé. Brusquement, voilà qu’une expiration se coince dans sa poitrine, là, tout au milieu. Avant que sa bouche ne se torde par empathie devant la scène qui lui perce les rétines. Il a beau soudainement crier, déchiré, des non non non non non, qui s’emparent alors de ses cheveux dressés d’effroi. Arrêtez ! alors que ses yeux virevoltent vers celle qui est en train de lui lancer le sortilège impardonnable. Parce qu’Aza n’avait absolument rien fait, que c’était de sa faute à lui et ses caprices, son besoin de faire des bêtises et d’être surveillé par la même occasion. Et voilà que son pote souffrait, que ses entrailles étaient emparées, brisées par la douleur parce que lui ne savait pas se tenir. Alors il veut s’approcher de lui, le saisir par les épaules et montrer qu’il était juste là, à côté de lui, qu’il était désolé de tout ça. Lui hurler à elle qu’elle devait arrêter, qu’il ferait tout ce qu’elle voudrait. Juste. Qu’elle ne le touche plus.

Mais son mouvement s’arrête brutalement, il cligne des yeux plusieurs fois, observe un Azaël pas tout à fait serein mais loin d’être torturé. Beh… Sa tête dodeline sous la surprise avant de se tourner vers Elly. Elle venait de recommencer, l’inverse, sûrement. Il la regarde là, devant eux, droite, si froide alors qu’elle venait de tourmenter leur esprit et d’imprégner un quelque chose qu’ils espéraient ne jamais vivre réellement. Ça lui arrachait des frissons dans le dos. A vrai dire, Arty ne savait pas s’il supporterait de voir son pote torturé devant ses yeux emplis d’amour, il tomberait à genoux devant le ou la tortionnaire, l’égo s’envolerait, filant rapidement, ce qu’il s’apprêtait à faire en fait.
Il la toise, est-ce qu’elle serait vraiment capable de ça ? torturer des adolescents pour se faire entendre et correctement comprendre ? Il regarde Azaël, n’est pas bien sûr de la marche à suivre dorénavant qu’ils s’étaient montrés ainsi, trop faibles, moins insolents. Alors il déglutit, pas question de la tenter une nouvelle fois, surtout pas alors qu’ils étaient toujours attachés. Oui, madame Elly. Il baisse la tête, chien battu et légèrement humilié qui veut se faufiler dans les rainures du sol gris. Est-ce qu’il disait ça comme ça ? Pour se sortir d’affaire et pouvoir tourner le dos à cette maudite cellule ? Pas que. Devant elle plus jamais. Il serait sage.

Arty semble plutôt paniqué, mais plus par ton état que par une quelconque torture qui aurait pu lui être infligée. Elly s'est amusée avec ton esprit. T'es pas le seul à l'avoir compris, Arty est parvenu à la même conclusion que toi. Mais au moins, elle ne lui a rien fait. Tu te contentes donc de lui lancer ton regard le plus noir. Pendant qu'Arty commence à taper un caprice. Comme si c'était vraiment le moment de taper du pied... T'es encore à moitié paumé. T'as du mal à remettre en cause quelque chose qui t'a paru si réel. Mais voilà que c'est au tour d'Arty de péter un plomb.

Tu comprends tout de suite qu'elle lui fait exactement la même chose qu'à toi. Il suffit de le voir, de l'entendre. Te voilà une nouvelle fois en train de pester contre l'Aurore. C'est qu'elle commence à sérieusement t'agacer avec ses techniques d'éducation moyen-âgeuses.

- Mais arrête-toi, me*de ! Tu vois pas qu'il est pas bien ?

Tu te doutes bien que ce n'est pas cela qui la fait cesser. Simplement le fait qu'elle soit persuadée que sa petite leçon a porté ses fruits. Elle met les choses au clair directement. Elle est prête à bien pire si jamais vous continuez ainsi. Arty semble s'admettre vaincu. Il accepte aussitôt de se soumettre. Toi, tu la fixes un instant, avec toute la rage qui boue en toi et qui brûle tes veines. T'aimerais tellement qu'elle paie pour ça. Pour ce qu'elle vient de faire. D'implanter dans ton crâne, alors même que tu n'en as pas besoin. Mais tu dois finalement admettre que la victoire est sienne. Elle a réussi à vous atteindre, sans doute beaucoup trop facilement pour que ton ego s'en remette immédiatement.

Tu te contentes d'un soupir. Pas un mot. Tu refuses de capituler même par la parole. Tu te contentes de détourner le regard avec un hochement de tête presque imperceptible pour montrer que t'as compris. Tu te laisses tomber sur le bord de la couchette qui longe le mur de la cellule. L'air sombre. Habituellement, tu aurais continué à t'indigner sur sa façon de vous traiter et sur le fait qu'elle devrait vous laisser sortir. Mais elle a gagné. Tu n'as donc pas vraiment d'autre choix que de te plier à sa volonté. Et c'est loin de calmer tes pensées.

C’est étonnant. Ils n’avaient jamais rencontré quelqu’un comme ça, qui les mate aussi facilement. Peut-être parce qu’elle n’avait pas de limites, ou aucune sensibilité au charme légendaire du duo. Arty observe la mine renfrognée d’Aza, son silence envahissant, il sait qu’il aurait tellement de choses à dire à l’Auror, là, maintenant, des insultes qui se répercuterait pitoyablement sur les barreaux de la cellule. Une défaite pour Azarty, la première, il en fallait bien une. Mais quelque part, c’était pour la bonne cause. Est-ce que cette défaite n’était pas le synonyme de l’amour qui liait les deux garçons ? Of course. Arty acceptait de perdre pour sauver la vie d’Aza. Et visiblement, le contraire était tout aussi absolument vrai. Ainsi, triomphe de l’amour, et c’était tout ce qu’on retiendrait de ce fameux épisode.
Le gamin reste là, debout, entre les deux, l’un assis sur la couchette, avoué vaincu, et la victorieuse de l’autre côté de la cellule. Du bon côté. Elle continuer d'enfoncer la lame piquante dans l’égo des adolescents. Une leçon. Le Blaireautin eut envie de dire qu’ils n’avaient jamais été très bons à l’école, que les leçons, ce n’était pas trop leur truc. Mais il préfère ravaler ses provocations. Il s’agissait de sortir d’ici, de respirer l'air frais rapidement.

Il regarde les cordages qui l’enserraient disparaître. C’est un bon début. Le Fripon commence alors à s’étirer, gymnastique essentielle pour que ses membres retrouvent leur mobilité magique habituelle. Sur le côté, on étire les bras, de l’autre côté. Roulement de la nuque. On pause les paumes de main par terre. Puis on sautille, allègrement, faire résonner les dalles grises du sol poussiéreux. Aaaaah on se sent mieux quand même ! D’une voix légèrement malicieuse. C’est qu’il fallait détendre l’atmosphère lourde qui pesait sur leurs épaules vexées. Il se met alors à taper dans les mains, signe d’impatience. Ils n’allaient pas rester là toute la journée. Est-ce qu’on peut sortir maintenant Madame Elly ? Promis, pas de bêtises. Ils étaient trop épuisés pour le contraire de toute façon, enfin, sûrement. Il lui sert alors son plus beau sourire gêné-timide-charmant-innocent qu’il doit sortir de très loin. Au fond de la poitrine écrasée par l'orgueil lui-même écrabouillé. Il n'avait pas l'habitude d'obéir. Mais c’était là la seule solution pour clore ce chapitre le plus rapidement possible. Faire semblant d’être content.
Pourtant il ne la détestait pas. Loin de là. Il la comprend presque. Elly n’était pas foncièrement méchante. Elle n’était pas horripilante comme tous les autres adultes, même, il commençait peut-être à la respecter. Elle venait d’accomplir l’impossible, un peu.

Les liens finissent par tomber. Les quelques mots qu'elle ajoute ne font que décupler la colère en toi. Tu es libre de tes mouvements à présent. Et pourtant, tu ne bouges pas d'un millimètre. T'es toujours assis sur cette couchette tandis qu'Arty fait ses étirements comme si de rien était. Tes poings s'ouvrent et se ferment au même rythme que le sang tape dans tes tempes. Tu boues de l'intérieur. T'arrives pas à te contenir. T'en es incapable. T'essaies pourtant. De longues minutes. Ton pote est déjà en train de promettre qu'aucune bêtise ne sera faite. Mais toi, t'en sais rien. Tu ne sais pas ce dont tu es capable actuellement. Tout ça est allé beaucoup trop loin. Tu revois sa silhouette se tordre de douleur au sol. T'essaies de te débarrasser de cette vision en secouant légèrement la tête. Mais c'est ancré. Profondément dan ta mémoire.

Tu te retrouves soudainement sur tes jambes. Le demi-tour est rapide. Le poing s'abat sur le mur dans la foulée. Suivi par le second. Le temps de recommencer. Encore. Une fois, deux fois, trois fois. Tu frappes sans même te soucier de ce qu'il se passe autour. T'es tout seul avec la colère mêlée à la peur en toi. La peur de le perdre par ta faute. Que du mal lui soit fait par ta faute. La peur de ne pas pouvoir le protéger de toi-même. La peau de tes phalanges se déchire. Le rouge de ton sang reste sur le mur. La douleur te fait soudain reprendre conscience de là où tu es. De ce que tu fais.

Un pas en arrière, un regard vers tes mains abîmées. Puis vers Arty. Et enfin vers Elly. Ta mâchoire se crispe. Ce n'est pas vraiment à elle que tu en veux. Parce qu'elle n'a fait que vous ouvrir les yeux. Sur ce qu'il pourrait arriver. Sur ce qu'il risque d'arriver si vous continuez toujours plus loin dans vos provocations. Quoi que tu puisses en penser, tu ne pourras pas toujours le protéger. Tu ne seras pas là à chaque fois. Et ta présence pourrait même empirer les choses. Les gens pourraient s'en prendre à lui pour t'atteindre toi. Et tu ne te le pardonnerais jamais.Tu fais craquer ta nuque d'un mouvement de tête tout en poussant un soupir.

La colère redescend petit à petit, tu parviens à laisser la raison prendre le dessus. Tu masses tes mains, l'une après l'autre, espérant faire diminuer légèrement la douleur ressentie. Le sang s'étale légèrement avant de s'effacer peu à peu. Tu te laisses à nouveau tomber sur la couchette. Aucun mot ne sort de ta bouche. Tu n'as pas l'intention de lui demander de vous libérer. Elle peut bien faire ce qu'elle veut. De toute façon, tu as besoin de te calmer. Ici ou ailleurs, peu importe.

Bam. Ça lui lance des frissons pas agréables dans l’échine. Subitement, ça remonte jusqu’à la racine de ses cheveux. Bam. Ses épaules sursautent de douleur empathique. Bam. Ça le fige complètement, ses yeux s’ouvrent de nouveau devant la colère de son pote. Il semblait complètement écrabouillé, brisé à l’intérieur, tellement qu’il pouvait voir des petits morceaux de lui-même s’écraser contre le sol dégoûtant de la cellule qu’il commençait à exécrer sérieusement. Partir, partir, partir. Rien que pour donner un sérieux coup d’air frais dans la figure du Serpentard qui en avait grandement besoin. Sortir. Le Blaireautin regarde Aza sortir de sa zone de combat contre le mur pour s’asseoir de nouveau. Instant de malaise, brièvement, Arty grimace, les silences pesants, il n’aimait pas ça. Avant qu’Elly ne veuille bien entrer dans la cage et le soigner, le gamin les regarde, réfléchit. Parce qu’à vrai dire, même s’ils se tenaient à carreaux, ils ne cesseraient d’avoir des soucis. C’est la vie qu’ils avaient choisi. For Ever.

Arty regarde la porte laissée ouverte par l’Auror, il a envie de crier à Aza Go go go go ! et de s’échapper en courant, rapidement, hop, s’enfuir. Mais il est comme abasourdi de ce qu’il venait de se passer. Alors doucement il va s’asseoir à côté de Vert & Argent, tranquillement, il attend, c’est qu’il pouvait être sage sous la menace de l’horrible souffrance de l’autre. Vous nous avez tout cassés, là, regardez. Ils avaient l’air de deux petits chiens malheureux. Même la gaieté du Poufsouffle en avait profité pour filer à travers les barreaux, la légère traîtresse, l’abandonner de la sorte. Comme quoi, c’est dans ces moments là qu’on reconnaît les vrais amis. Faut surtout qu’on devienne plus forts, pour éviter de se faire attaquer. Qu’il souffle dans un soupir. C’était ça la solution, non pas d’être sages et de se tenir correctement au risque de s’en prendre plein la figure. Non, il fallait qu’ils soient sur leurs gardes, toujours, présager l’éventualité d’une attaque. Et de la pire possible, surtout, être prêts à riposter contre celui qui serait assez manipulateur-compréhensif pour torturer l’un sous les yeux de l’autre.