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[Concours RPG] Le conte hivernal - Guéthenoc Ursion
Guéthenoc Ursion
Guéthenoc Ursion
Serdaigle
Serdaigle
Année à Poudlard : Diplômé(e)

Matière optionnelle : Pas encore disponible

Spécialité(s) : Aucune spécialité enregistrée actuellement.


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[Concours RPG] Le conte hivernal - Guéthenoc Ursion
Guéthenoc Ursion, le  Dim 11 Fév - 19:28

La Noël vient de s'achever. Le sapin est équarris, mis en bûchette et les repas à peine digérés qu'il faut refaire ses valises. Non pas pour rentrer à l'Académie. Il est trop tôt pour y songer. Ses parents ont pris la décision qu'ils partaient tous les trois Outre-Manche. Pour quelques jours, de tourisme, de grands airs, de retour aux sources et surtout, dans le but de présenter ses vœux aux lointains membres de la famille Ursion restés sur le Continent. Il ne les connaît que de noms. Autant dire des inconnus mais ses parents sont attachés aux traditions, même si cela tend à se perdre. Qui de nos jours envoie encore des cartes pour la Nouvelle Année ?

Ils avaient pris un ferry reliant la côte sud de l'Angleterre vers la côte septentrionale de la Bretagne. Arrivé à Saint-Malo, ils avaient loué une voiture, conduite par sa mère, la seule ayant son permis de conduire, étant une moldue. Elle avait insisté pour utiliser des moyens de locomotion non-magiques, prétextant le côté amusant de la chose. Son père avait bien insisté sur le fait qu'ils auraient pu utiliser le transplanage d'escorte mais elle n'en avait pas voulu en entendre parler. Il en était étonné, d'habitude, elle était toujours si fière de faire étalage des capacités de son mari. L'avis de Guéthenoc sur la question était moins nuancé, mais cela était une autre histoire.

Dans la Cité des Corsaires, ils avaient rendu visite à un oncle de son père, Gwilherm, prénom très pittoresque à son oreille. Il l'avait trouvé fort sympathique quoiqu'un peu trop porté sur la boisson et les blagues grivoises. Il marqua des points dans l'estime du jeune aiglon, les dites-farces faisant monter le rouge aux joues de sa génitrice. Ils avaient fait le tour des remparts, humant le bon vent iodé, échangeant des anecdotes sur la ville, ses habitants et la petite communauté de sorciers qui y vivait. La vie y avait l'air tranquille. Il passèrent la soirée et la nuit dans la modeste maison du tonton, qui se révéla un très bon hôte, jamais avare d'histoires.

Le lendemain, ils reprirent la route, en direction de Rennes. Cette fois-ci, arrêt chez un cousin, un peu plus âgé que Guéthenoc. Anton. Lui aussi leur réserva un accueil chaleureux. Ils se rejoignirent en centre-ville. Là, point de visites d'agrément. Sauf si la tournée des bars pouvait être considéré comme du tourisme... Il commençait à se demander si la boisson n'était pas un sport régional. A son grand étonnement, sa procréatrice suivait le mouvement, enfin pas à propos de la consommation. Elle conduisait tout de même. Apparemment, il avait pas mal de temps en ce moment, son lieu de travail étant bloqué d'accès. Il se proposa de les accompagner pour le reste. Ainsi, ils se retrouvèrent à quatre.

Ils roulèrent de nuit, l'obscurité tombant précocement à cette saison de l'année. Son père avait réservé, sans doute largement aidé de son épouse, un gîte à Paimpont. Cela ne vous parle pas ? Et si je vous dis « Brocéliande » ? Oui, c'est mieux hein. Il était donc pour la première fois sur le terre de ses Ancêtres. Aaah Brocélande et ses Mystères. Il y avait de quoi frémir et entrer dans un état d'excitation. Anton paraissait plutôt blasé mais il n'allait pas se faire refroidir par cette humeur peu avenante. Malgré cela, il se manifestait comme un compagnon de route agréable et leur fit bénéficier de son savoir en matière de légendes arthuriennes.

La rumeur populaire voulait que Merlin reposait sous les frondaisons de la forêt, emprisonné là par la ruse de la fée Viviane, jalouse des pouvoirs merveilleux de l'enchanteur. Par amour, il lui livra tout ses secrets et c'est ce même amour pour elle qui signa sa perte. Une fontaine à souhait portait même officieusement son nom, remarquable par les petites offrandes qui ornaient ses rebords. Plus loin, sur le chemin du Val Sans Retour, réputé ensorcelé par Morgane pour confondre les sens des chevaliers et les mener à leur perte, se dresse le fameux Arbre d'Or, qui ce jour là étincelait au milieu de la végétation qui n'avait pas été épargnée par les frimas de l'hiver.

La nuit passa bien vite, les rêves de l'apprenti écuyer peuplés par des joutes chevaleresques, des princesses en détresse, de magie et de prodiges issus des Temps Anciens. Il dormit comme une souche et grand bien lui en fit car la nuit suivante n'allait pas s'annoncer de tout repos. Hélas pour lui, il ne le savait pas encore, sinon, nul doute qu'il aurait demandé à rebrousser chemin ou au moins changer de destination, tant pis pour la grand-mère Truc ou le trisaïeul Machin-Chose. Pourtant, à un peu plus de deux heures de route de là, il allait faire une rencontre qui allait bouleverser son point de vue à propos de certains des résidents de l'Académie.

Le trajet se fit sans rien de vraiment notable. Il regardait le paysage défiler. Les routes bretonnes, bordées de champs, de bocages, de ses petites villes typiques et de ses agglomérations plus dynamiques. Il était songeur. Où allaient-ils poser leurs bagages? Il s'en enquit auprès de son père, qui lui répondit, avec un sourire : « Plougrescant ! ». Pardon ? Vient-il de prononcer un sortilège ? Quel en était les effets ? La victime enflait-elle ?
A tout bien considérer, aussi soit étrange le nom du lieu où ils se rendaient, il revêtait un nom peu commun et son exotisme éveilla sa curiosité.

Sa mère arrêta la voiture et éteignit les phares. « Terminus ! Tout le monde descend ! Chéri, tu t'occupes du matériel de camping ?». Ils sortirent de la voiture. Il faisait froid. Première constatation. Au milieu de nul part. Seconde constatation. Pire, il allait camper en plein hiver et au milieu de nul part. Conclusion : ils étaient arrivés au lieu où ils allaient passer le reste de leur séjour. Anton poussa un soupir, dont il se fit l'écho. Madame Ursion ne se laissa pas démonter par ce manque enthousiasme. « Allez, les garçons, c'est les vacances pour tout le monde ! Maintenant, au travail ! Les tentes ne vont pas se monter toutes seules ! ».

Revenons à la première constatation. Aaah l'hiver breton... Il est tantôt sauvage, tantôt apaisé. Le froid danse avec un soleil timide, remplacé dans la minute par une pluie crachotante ou battante. Théâtre de tempêtes destructrices mais néanmoins envoûtantes et pleine de mysticisme, il témoigne du caractère indomptable de la nature. Le ciel se teinte d'une palette de couleurs qui ferait sombrer dans la folie un grand maître tant il serait compliqué de la transcrire sur une toile. Le paysage peut se parer d'une robe de givre mais il n'est jamais trop rigoureux, sachant que bientôt il se parera de tons verdoyants et annonciateurs de temps meilleurs.

Aujourd'hui, l'océan capricieux est apaisé, seulement agité par un léger remous. Le ciel gris et sans autres nuances semble attendre impatiemment la permission de s'exprimer. Ses habitants, habituellement chantants, l'ont déserté sans vergogne. L'air semble figé. Rien ne bouge, pas même la végétation, malgré une très légère brise qui caresse doucement les joues des voyageurs. Tout paraît plus sombre, plus mystérieux. Le temps est en suspens, n'ayant cure des fêtes de fins d'années. Tout semble fragile et cassant. Un léger filet de vapeur sort de la gorge de Guéthenoc, pour aussitôt se dissiper et rejoindre l'onde impalpable.

Très vite, les toiles de tentes sont montées. Il est surpris que ses parents les lancent dans du camping sauvage ? L'endroit n'a pas l'air fréquenté. Déjà, sa mère s’attelle à faire un feu pour préparer le repas. L'aiglon qui se veut parangon s'assoit et observe plus attentivement son environnement. De la verdure à perte de vue. Seulement remarquable par le gris de l'horizon et celui de la mer. Une insignifiante bande de sable ocre qui marque le paysage comme une blessure. Il se retourne vers son père qui semble s'accoutumer aux mœurs locales en s'ouvrant une canette de bière et en en tendant une autre à son cousin. « Dites, Père, où sommes-nous ? ».

Il est temps de revenir à la deuxième constatation en prenant en compte ses paroles : - « Comme je te le disais dans la voiture, nous sommes arrivé à Plougrescant. Une petite ville d'à peine 1200 âmes. C'est tranquille ici, loin des turpitudes des grandes villes. Ce que tu vois n'est pas la mer en tant que telle. C'est la baie de Morlaix ». Il avale une gorgée de son breuvage avant de poursuivre : « l'été ici, c'est la folie ! Les touristes sont attirés par la maison là-bas ! ». Il désigne du menton un modeste édifice sis entre deux rochers. « C'est une vrai curiosité et beaucoup de rumeurs circulent sur l'endroit et son bâtisseur... Je pensais que l'endroit allait t’intéresser. Mais des sorciers du Ministère Français de la Magie s'y sont rendus mais n'ont rien observé de notable ».

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Sa curiosité ainsi titillée, il se leva et détailla la maison. Il s'agissait d'une petite maison de pierre, à volets blancs,  construite et enchâssée entre deux énormes blocs de granit. Elle était entourée d'un muret de pierre. Il remarqua aussi que la nature avait laissé libre cours à sa fantaisie, sans réelle domestication. Son père lui appris qu'elle était appelée « Castel Meur », ce qui signifierait « Grand Château ». Plutôt ironique. Ou bien le constructeur était un poil mégalomane. Il avoua que cette maison était surprenante. Le bâtisseur devait avoir un amour immodéré pour la mer et ses caprices pour vivre en un tel endroit, surtout en hiver.

Son père continua de lui narrer l'histoire de la demeure. Ainsi, derrière la petite maison, aujourd'hui abandonnée, il existait une faille qui s'était taillée un chemin presque jusqu'au pied du rocher qui protège la demeure. Faisant face aux éléments lorsque les vents soufflent, ses pans de rochers amplifient le déchaînement au point d'en faire trembler, selon la légende, les fondations. A l'autre extrémité de la plage, s'enfonçant un peu plus dans la mer devant un amas chaotique, un gouffre ouvre sa gueule tel un dragon tapis dans les entrailles du granit rose qui caractérise la côte. Surnommé le Gouffre de la Baie d'Enfer, il est formé d'un enchevêtrement de pans de falaise écroulés il y a bien longtemps.

L'imagination du jeune mage galopait et effectuait des ruades à chaque précision apporté par son père. Pendant la collation préparée au bénéfice du feu de camp, il continua d'écouter les paroles de son concepteur, comme s'il s'agissait de paroles d'évangiles. Il évoqua les déferlantes de vagues, se ruant avec une violence décuplée contre les énormes blocs de granit, les éléments en colère, des gerbes d'écume soufflées sur des centaines de mètres. Heureusement pour l'heure, la côte n'avait pas cette colère en son sein et affichait un visage serein. C'est sur cette dernière pensée que le repas prit s'acheva et que Guéthenoc regagna ses pénates.

Il n'eut guère de mal à s'endormir, bercer par le souvenir des histoires des lieux. Pourtant, son essai de sommeil fut agité. Le vent s'était levé, mais il avait malgré tout chaud. A ses côté, son cousin était alangui, les yeux et les poings fermés. Le vent gémissait et avait l'air de se transformer en une complainte lancinante. Il se retourna une énième fois. Rien n'y faisait, l'alizé lui faisait l'effet d'un chant de sirènes, irrésistible et implacable. Il n'était pas un Ulysse, ni aucun autre héros de cet acabit à vrai dire, aussi ne se boucha-t-il pas les oreilles. L'aiglon, n'ayant pas non plus l'oreille musicale, crut pourtant discerner un rythme, une répétition dans les rafales. Comme quelques mots portés par le vent.

Très vite, il ne tient plus. Il sort la tête de la tente pour revenir aussi sec à son point de départ. Le froid lui a mordu les joues, lui embuant les yeux. Il perçoit toujours le chant lancinant, mais il semble avoir changé de rythme, se faisant plus suave, comme une invitation, une main tendue vers mille promesses. Il prend une décision. Il réveille son cousin, à grands renforts de bousculades. Il ne veut pas parler trop fort, au risque de réveiller ses parents. Surtout sa mère, qui le tanne toujours sur les vertus d'un bon sommeil réparateur. Au terme de longues minutes, Anton finit par émerger. Plutôt mécontent d'être ainsi réveillé.

Cet état d'esprit change radicalement quand à son tour, il perçoit les notes. Il considère le jeune aiglon et lui fait signe de se préparer pour une sortie. Il sort sa baguette et ils s’apprêtent à affronter le temps spectral. Guéthenoc l'imite aussitôt et le suit au dehors. Étrangement, l'appel chantant semble se faire moins pressant, moins audible. Il tire sur la manche de son aîné. Il lui désigne la maison sise entre les deux rochers. Selon le récit de son père, elle était abandonnée depuis des lustres, alors pourquoi pouvait-il apercevoir une lumière au travers de la fenêtre de droite ? Une flamme tremblotante, qui ne faisait émaner aucune chaleur dans le cœur du petit bleu.

Tel deux lucioles attirés par une incandescence, ils se dirigent vers la maison, empruntant l'étroite bande de terre  séparant leur campement de la vieille bâtisse. Tout deux lancent un Lumos, pour éviter les éventuels pièges camouflés par l'obscurité. Dès que leurs baguettes produisent une lueur, celle de la maisonnette s'éteint. Ils échangent un regard. Le plus jeune est anxieux et sent la peur naître dans ses entrailles. L'autre, parce que peut-être plus âgé, affiche un air calme, plus dans une expectative sereine que dans la crainte. Le premier a envie de faire demi-tour. Le comble pour un apprenti chevalier... Le second le pousse à aller de l'avant et de ne pas se montrer couard.

La progression est laborieuse. Ils éteignent leurs baguettes, la lumière, sans doute provenant d'une bougie se rallume alors. Ils tentent l'expérience à plusieurs reprises. Le résultat en est toujours le même. Cela ne leur dit rien qui vaille. Pourtant, faire demi-tour semble à présent exclus. En effet, la porte de la masure vient tout juste de s’entrebâiller, laissant échapper un fin voile de poussière, vite emporté par le vent tonitruant. Le chant s'est tût. Il n'y a plus que la rumeur du vent qui saisit le jeune Guéthenoc par la nuque, lui dont la situation lui faisait déjà froid dans le dos. Quelle était donc cette folle témérité qui l'avait poussé dans cette quête absurde ?

Le courage est une notion toute relative. Ce ne semble être ni de l'audace ni de la témérité. Malgré cela, pour certain, il s'agit de foncer tête baissée. Pour d'autres, c'est une vertu qui permet d'entreprendre des choses en apparence insurmontables. « Surmonte ta peur, affronte le danger, la souffrance, la fatigue », diraient quelques personnes de son entourage... « Elle est indispensable au héros », assénerait sa mère. Au Vème siècle avant notre ère, Euripide affirmait que « le courage n'est rien sans la réflexion ». Ce qui n'était manifestement pas l'apanage de son cousin qui toqua à trois reprises avant de pousser la porte d'un coup de pied.

Attrapant l'aiglon, éberlué de tant d'imprudence et émoustillé par tant de panache, par le bras, Anton pénétra dans la demeure de pierre et augmenta la lueur de son sortilège d'Allumage de baguette. Il sursauta pendant que son cadet poussait un cri tout sauf viril. Ils étaient tombés nez-à-nez avec trois laiderons. Guéthenoc ne savait plus s'il devait être effrayé par cette apparition soudaine ou par l'apparence peu avenante des résidentes de l'habitation normalement vide de toute vie. La lumière peinait à pénétrer les ténèbres de la pièce et l'atmosphère se faisait pesante. Ses yeux avait du mal à percer l'obscurité, à moins qu'il n'avait fermé pour échapper à cette vision.

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Sans un mot, elles convièrent les deux protagonistes à prendre place. Si Anton ne se fit pas prier et obéit à l'injonction sans opposer de résistance, l'oisillon restait sur ses gardes, ne voulait pas obtempérer à l'invitation aussi prestement que son cousin. Il se demandait sans quel guêpier ils s'étaient fourrés. L'une des ancêtres coiffées de dentelle apporta une bougie, qu'elle alluma devant lui, qui se demandait s'il s'agissait de la chandelle qui les avait attirés en cet endroit. Elle esquissa un sourire torve au bénéfice de Guéthenoc. Avait-elle lu dans ses pensées ? Son cousin, lui continuait à regarder leurs hôtesses, ne pipant mots.

Plein de réserve, il finit par prendre place autour de la table ronde. Elles aussi s'assirent, sauf une qui partit s'affairer auprès d'un chaudron dont le feu s'alluma sans qu'elle ne craque d'allumette. Le silence se faisait pesant. Bien vite, la cuisinière revint les bras chargés de victuailles. Il devait bien avouer que tout semblait alléchant mais il n'avait pas d'appétit. Il fut désolé de constater que son cousin dévorait du regard les trois rombières. Avait-il un goût prononcé pour la viande faisandée ? Ils furent tout deux servis mais aucun des deux ne fit mine de vouloir manger. Chacun ayant d'autres préoccupations.

- «  Yaaaah ! Pirâââtes ! C'est-y qu'vous allez don' manger ? J'avions point fait ripailles pour qu'ça r'froidisse ! », tonitrua la cuistote.

- «  Vas-t-y pas les écha'der ! Y sont-y maigrichons mais vas-t-y pas les gaver ! C'est-y pas des oies ! », répondit celle de gauche.

- « Beh... C'est-y toujours la même r'cette... », se lamenta celle de droite.

S'ensuivit une débat houleux sur les bienfaits du choux. Sur les multiples façons de le préparer. Sur les aliments qui le mettait le mieux en valeur. Chacune interrompant l'autre, tapant tantôt du poing sur la table, tantôt se qualifiant de quolibets malaffectueux.  La scène lui paraissait surréaliste. Et puis, qu'est-ce que c'était cette façon de parler ? Et cet accent à couper aux couteaux... Guéthenoc en avait assez des pépiements des vieilles pies. Et son cousin qui avait toujours cet air hébété. Il adopta la coutume locale de taper du poing, ce qui était mieux que frapper Anton après tout. N'étant pas un Serdaigle pour rien, il voulait avoir des réponses, et il ferait tout pour les obtenir.  

- « S'IL VOUS PLAIT », beubla-t-il. « Mais qui êtes-vous ? J'eusse crû que la maison était abandonnée ? Sommes-nous vos prisonniers ? ». Il se saisit d'Anton et l'agita comme un cocotier. Aucune réaction. « Qu'avez-vous fait à mon cousin ? ».

- « C'est-y qu'il est ben curieux çui-ci ! », gloussa la rôtisseuse.

Dès lors, ce fut un vrai capharnaüm, toutes se mettant à parler en même temps.

- « J'en avons ben marre du chou... », « Prisonnier ? Mouahaha ? Et c'est-y qu'on f'rait quoi de deux s'rins comme vous ? », « C'est-y, jeune homme, qu'nous soyons des vélanes ! », « Encore et toujours du chou... », « Avions-vu c'que la dame là-bas vous à mitonné... », « C'est-y qu'on s'ennuie un peu... Alors un peu d'compagnie... », « Vindiou ! », « Nous f'sions ben fureur étant jeunettes ! », « C'est-y qui sont pas vilains ! J'ai ben envie d'les garder ! », « J'tuerai ben pour des patates ! », « Mangez ! On va-t-y pas s'r'garder en chien d'faîence pendant tout l'repas ! ».

Une seule information était parvenue à son cerveau parmi tout le brouhaha. Pardon ? Des vélanes ? Nous parlons bien de ces entités aux atours d'humaines ? Celles capables d'affriander tous les hommes par une puissante diablerie de sortilège ? Il en était navré, mais cela lui paraissait peu crédible. Pourtant... Peut être était-il insensible à leur pouvoir du fait de son jeune âge. Ou bien peut-être que la capacité des vélanes s'émoussait avec le temps. Avec un regard à son coin, peut-être pas en fait. Mais elles étaient si vieilles ! Toutes les vélanes terminaient-elle de la sorte ? Il en était triste pour elles. Fraîches naguère, et décrépites aujourd'hui.

Ne voulant pas faire apparaître la manifestation harpiesque, ô combien hideuse des trois femmes, il se saisit de ses couverts, faisant mine de se sustenter. En réalité, il commençait à échafauder un plan pour quitter au plus vite cette geôlerie. A deux contre trois, ils pourraient s'en sortir. Elles semblaient faiblardes et à condition qu'Anton sorte de sa torpeur, son idée pouvait marcher. Cette machination n'avait rien de chevaleresque ni de courtoise, mais parfois, la fin justifie les moyens. Il analysa son environnement et il mémorisa ce qui pouvait se révéler utile... Il lui faudrait beaucoup d'agilité, de rapidité et de courage pour mener le projet à bien.

La représentation allait bientôt commencer.

Et il était temps, car Anton commençait à manifester des velléités à bécoter la vélane réfractaire au chou. Guéthenoc se leva, renversant sa chaise. Il s'en saisit et la projeta contre le chaudron emplis du légume vert honni. L'adrénaline montait, à la même cadence que le feu léchait le siège à peine malmené par la modeste force du sorcier. La mixture répandue et sa sauce peu appétissante grésillaient face à l'assaut des flammes. Une odeur malséante se répandait dans l'air. Les vieilles bigoudènes laissèrent tomber le masque de la bienveillance pour adopter leurs vrais faciès. Des monstres, dans le plus simple appareil.

Il esquiva une louche lancée par celle qui esclavageait ses sœurs avec ses petits plats. Il se baissa et courut vers le brasier. Il prit un brandon ardent et le jeta au visage de son agresseuse. Il la manqua de peu mais le tison rougeoyant se prit dans la coiffe de dentelle qui prit feu, alimenté par l'amidon. Elle poussa un cri strident et tenta vainement d’ôter sa fausse galure. La scène mit du baume au cœur du petit seigneur qui profita de la diversion créée pour se rapprocher de son cousin. Il lui versa un verre de cidre sur le crâne et jeta le verre à terre, explosant en mille éclats coupant. Anton sembla sortir de la torpeur ensorcelante et pris la mesure de la situation.

Il poussa un cri rugissant et se jeta littéralement au cou de la vélane la plus proche. Celle qui aurait bien voulu les détenir, sans doute dans le garde-mangé. La querelle qui s'ensuivit n'était pas vraiment descriptible. Si Guéthenoc n'avait pas été occupé avec la dernière de la sororité malfaisante, il aurait pu constater un amas de membres gesticulants. Des cris étaient poussés, des râles expulsés de la gorge, des bruits de coups et de ruades. Il y eu des glapissements et des gémissements. Puis, plus rien. Le cousin, se releva, ébouriffé, débraillé, griffé au visage mais l'air particulièrement content de lui et surtout très motivé à en découdre.

Le duo se ligua donc vers la dernière des vélanes. Elle sortit sa baguette et jeta un maléfice qu'il ne reconnut pas. Il dut son salut à Anton qui dévia le sort de sa propre baguette. Le sort ricocha sur la pierre et enflamma les poutres de la maison, théâtre d'une lutte pour la survie alimentaire pour les unes, tout court pour les autres. La dernière grimaça. Sans aucun doute s'était-elle rendu compte de sa fâcheuse posture. Une sœur estourbie, la seconde qui tentait en vain d'éteindre le feu qui la couronnait. Savait-elle que tourner en rond en poussant des cris d’orfraie n'allait pas vraiment lui venir en aide ?

La vélane encore opérationnelle comprit que la situation tournait largement en sa défaveur. Elle se détourna et transplana, abandonnant les deux autres à leurs sorts. Quelle solidarité... Finalement, le cordon bleu parvint à enlever sa coiffe, se roussissant par l'occasion une belle portion de sa chevelure. Elle murmura une sombre malédiction contre les deux cousins. Elle se précipita ensuite vers sa consœur inanimée et à leur tour, elle transplanèrent, laissant en plan les deux jeunes sorciers, encore sous le coup de l'adrénaline. Avec le recul, il fut content du dénouement, se rendant compte que les vélanes n'avaient pas été vraiment combatives.

Un craquement le fit revenir à la réalité. Sans se concerter, ils sortirent précipitamment de la maison désormais en proie aux flammes. Cet éclairage funeste les guida sur le chemin du retour, qui se déroula fort heureusement sans encombres. Ils avaient vécus leur lot en cette nuit d'hiver. Toujours sans parler, ils pénétrèrent dans la tente et entreprirent de se dévêtir pour se recoucher. Nul doute que tout deux réfléchissaient à une explication plausible à donner aux parents de Guéthenoc. Ils ne manqueraient guère de s'interroger le lendemain en voyant la maison entre les deux rochers en ruine. Mais cela est une autre histoire et il n'est pas temps d'entamer un autre récit...

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