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[Concours RPG] Le conte hivernal - Aysha Brayd
Aysha Brayd
Aysha Brayd
Serdaigle
Serdaigle
Année à Poudlard : Septième année

Matière optionnelle : Médicomagie

Spécialité(s) : Permis de Transplanage


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[Concours RPG] Le conte hivernal - Aysha Brayd
Aysha Brayd, le  Jeu 15 Fév - 19:37

Complainte hivernale
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Ce jour-là avait le goût particulier des départs en vacances. L’excitation à l’idée de partir, le sentiment de bonheur lorsque l’on ferme sa valise après l’avoir préparée pendant deux longues semaines d’attente interminable, la perspective de ce trajet qui nous mènera tout près, où à l’autre bout du monde, mais dans un endroit qui restera longtemps synonyme de bons souvenirs, chose certaine. Ce jour-là, donc, était empli de ce sentiment si spécifique, sentiment qu’Aysha avait toujours adoré. Elle attendait sur le perron de la maison, valise posée à ses pieds, appareil photo flambant neuf - gentiment apporté le bonhomme rouge - autour du cou, une grande place faite dans son esprit pour y graver des souvenirs impérissables. Dans quelques minutes, peut-être même moins, elle partirait en direction du grand Nord. Grand Nord, tout était relatif, la petite famille se dirigeait vers la Norvège. Mais l’image qu’en avait la sorcière correspondait à l’idée qu’on se faisait de tous ces magnifiques pays nordiques, aux fjords gris et nuits sans fin. Le froid écossais était déjà mordant : la bleue observait le nuage de vapeur qui s’échappait d’entre ses lèvres à chaque expiration en attendant que sa mère, son beau-père et ses deux petites soeurs la rejoignent pour partir à l’aventure. Aysha avait un objectif bien particulier pour cette semaine de vacances : elle voulait voir des Aurores Boréales. Une suffirait, d’ailleurs. Elle ne comptait pas repartir de son voyage sans avoir pu observer l’un de ces phénomènes étranges et fascinants.

Jane déboula en courant de la maison, suivie de près par Flinny. Les deux jumelles, qui étaient excitées comme des puces, ouvrirent la portière de la voiture et s’installèrent à l’arrière en couinant. La petite famille ne souhaitait pas prendre le risque d’un transplanage d’escorte sur une aussi grande distance. Des kilomètres de terre et d’eau séparait leur Écosse de leur destination. Leur itinéraire était bien tracé : ils laisseraient leur voiture à Portsmouth où un portoloin les attendait, trouvant sa correspondance dans le nord de la France. Là-bas, ils prendraient le train jusqu’au Danemark, après quoi un nouveau portoloin les conduirait jusqu’en Norvège. C’était un trajet fastidieux, mêlant moyens de transports moldus et sorciers, mais c’étaient le voyage que leur avait paru être le plus sécurisé. Le transplanage comme l’usage de portoloins ne pouvait se faire sans risque sur de grandes distances, et traverser la manche où la mer nordique avec ceux-ci était déjà périlleux.

Il fallut de longues heures à la famille pour rejoindre le lieu de leurs vacances. Le trajet en train fut le plus fastidieux, tant les transports moldus étaient lents. Les vacanciers arrivèrent donc en Norvège las et fatigués, alors que la nuit était déjà quasiment tombée. Ils n’avaient pas choisi de résider en ville. Tous demandaient du calme et de la tranquillité, et le pays regorgeait de landes, fjords et autres littoraux rocheux dans lesquels passer un séjour solitaire. Ainsi, leur choix s’était porté sur une région reculée de la Norvège, non loin d’un minuscule village encore imprégné de traditions ancestrales. Ce dernier était quasiment à cheval sur l’eau, au bord d’un fleuve large qui s’apparentait presque à un lac, coincé entre des falaises grises et pierreuses. Il s’avéra que certaines maisons étaient même accrochées au flanc des rochers qui portaient le village, soutenues par des pilotis. Ces petites bâtisses étaient rouges, bardées de blanc aux fenêtres. Le froid avait recouvert l’eau d’une fine couche de glace, sans doute bien trop fragile pour s’y tenir debout, mais qui maintenait la surface sombre immobile, bien qu’elle ne dût pas être bien agitée d’ordinaire. Les roches projettaient sur elle une ombre majestueuse, et l’on pouvait distinguer, en regardant bien, des cavernes naturelles creusées ici et là sur les paroies grises. Tout en ce village respirait le calme, surtout en cette heure tardive. Aysha était déjà émerveillée par ce paysage, et n’attendait que le lendemain matin pour le voir sous un soleil haut et blanc.

La petite famille dressa les tentes sur un terrain d’herbe, non loin du village. De loin, ont eut dit trois petites tortues colorées : pour n’éveiller les soupçons de quiconque dans ce village moldu, les Brayd avaient opté pour des tentes traditionnelles en toile, bien qu’elles fussent bien moins confortables que les tentes sorcières. Aysha se coucha ainsi, exténuée et frigorifiée, dans son sac de couchage bleu. Cette nuit là, elle dormit si profondément qu’elle n’entendit pas ce qui attiserait sa curiosité les nuits suivantes. D’ailleurs, personne ne l’entendit : les villageois étaient trop loin de la falaise, et les autres membres de la famille avaient un aussi grand besoin de sommeil.

Mais ce fut tout à fait différent la nuit suivante. La journée s’était déroulée sans encombre. Les sorciers avaient d’abord visité le village, emmitouflés dans des doudounes qui n’étaient pas encore assez chaudes pour les préserver du froid mordant, ils étaient allés se balader sur des chemins qui serpentaient entre les rochers, avaient dégusté des mets traditionnels norvégiens, et s’étaient retrouvés le soir autour d’un feu de camp tout près des tentes. Chacun d’eux espérait apercevoir une Aurore boréale, et Aysha scrutait sans cesse le ciel à la recherche d’une lueur verte, même infime. Mais après plusieurs heures, après avoir rallumé le feu à l’aide de leurs baguettes quatre fois de suite, après avoir été obligé de mettre leurs sacs de couchage sur leurs épaules tant il faisait froid, les Brayd décidèrent de rentrer. Jane et Flinny s’étaient endormis sur l’épaule de leur mère et aucune Aurore boréale ne semblait prompte à se montrer. Aysha se coucha, rangeant sa déception dans un coin de sa tête. Après tout, il lui restait encore 5 jours pour voir tout ce qu’elle avait à voir dans le pays.

Mais au beau milieu de la nuit, alors même que le village, comme la famille, était endormi, Aysha fut tirée du sommeil par un étrange bruit. Elle pensa tout d’abord rêver et tenta de se rendormir, enfonçant la tête dans le cocon chaud que formait le sac de couchage, mais le son persista. Elle se força à s’extirper légèrement de son lit de fortune et resta immobile, tendue, l’oreille aux aguets. C’était une sorte de complainte irrégulière qui s’élevait. Elle n’était pas très forte, quiconque dormait profondément n’aurait été dérangé. Non, c’était un son grave, qui fluctuait et changeait constamment. Il ne correspondait à rien de reconnaissable, c’était comme un cri profond, étouffé, sans doute pas humain. Par instants, cela ressemblait à une musique, puis le bruit s’arrêtait une seconde avant de reprendre avec un son et une intensité différents. Il semblait à la fois proche et lointain, comme si il était recouvert par quelque chose. Et comme la nuit, aucun son ne résonnait pareil que le jour, Aysha était incapable de mettre un nom sur ce qu’elle entendait. Elle se contenta d’écouter, frissonnante, cherchant à identifier la chose en vain. Elle savait qu’elle ne parviendrait pas à se rendormir sans savoir la provenance de la complainte, mais elle aurait été bien incapable de sortir de le tente pour aller voir de quoi il s’agissait. Au lieu de cela, elle enfonça à nouveau la tête dans le sac de couchage, se bouchant les oreilles et plissant les paupières. La tente était secouée par le vent qui fouettait la toile. Aucun bruit ne parvenait de la tente voisine qui abritait ses parents, et ses petites soeurs, dans la troisième tente, ne remuaient pas une oreille. La sorcière était passablement effrayée. Elle se sentait nue, dans sa petite tente moldue, sur cette lande déserte, auprès de ce minuscule village silencieux. Elle se sentait seule et vulnérable dans ce pays qu’elle ne connaissait guère, et elle ne parvenait pas à se détacher du bruit pour se rendormir.

Au bout de quelques heures, le vent cessa de souffler. Le bruit diminua lui aussi, puis finit par s’éteindre. Aysha en tira la rassurante conclusion que c’était le vent qui avait porté ce bruit à ses oreilles, et que désormais qui plus rien ne soufflait, on pouvait être sûr que la chose venait de très loin. Peut-être un village à des kilomètres qui faisait la fête. Peut-être un clan de baleines dans la mer, de l’autre côté de la falaise. Peut-être un effet de son imagination, un joueur de flûte du village voisin dont elle avait amplifié la sonate. Alors la bleue parvint à retrouver le sommeil, et profita des quelques heures nocturnes qui restaient avant le lever du soleil.

Le lendemain, lorsque Aysha se leva, elle ne parla à personne de ce qu’elle avait entendu durant la nuit. A présent qu’elle était en famille, que le soleil s’était levé sur un village animé et rassurant, sa frayeur nocturne lui paraissait ridicule. Elle s’était fait tout un film d’un simple bruit de la nature, elle qui pourtant vivait sur une lande écossaise presque déserte. Et la journée se déroula sans encombres, la jeune fille complétant sa collection de clichés et de souvenirs, profitant de ses vacances hivernales en observant les magnifiques paysages gelés de Norvège. Étonnement il ne neigeait pas. Le froid était glacial, le vent particulièrement violent par moments, l’eau était toujours figée, mais la neige était absente. Cette fois encore, les Brayd firent plusieurs grandes marches solitaires dans les fjords alentours. Par instants, le souvenir de la nuit revenait en mémoire d’Aysha, lorsqu’elle voyait quelque chose qui aurait pu être susceptible de produire l’étrange bruit, mais il s’évanouissait aussitôt, une autre découverte prenant sa place dans l’esprit de l’Aiglonne.

Quand le soir fut venu, cependant, l’angoisse commença à lui nouer le ventre. La nuit était tombée, le village était à nouveau silencieux, et la perspective de retourner passer une nuit avec une complainte non-identifée résonnant à ses oreilles n’était guère réjouissante. D’un naturel nerveux, la bleue eut bien du mal à profiter du feu de camp. Aucune Aurore boréale ne daigna se produire cette fois encore, et bientôt tous rejoignirent leurs tentes. Seule Aysha ne semblait pas pressée de se coucher. Elle redoutait d’être réveillée par le bruit, si bien qu’elle ne parvint pas à s’endormir. Bientôt, le vent se fit fort, et au bout de quelques heures, le son retentit à nouveau. Aysha, qui s’attendait à l’entendre depuis plusieurs heures déjà, se crispa. Ses mains serrèrent le sac de couchage avec force et sa mâchoire se contracta sous l’effet de la peur. Comme la veille, la sombre mélodie oscillante résonna dans la nuit. L’hypothèse que le son était lointain ne tenait plus : il semblait proche, étouffé et grave, puissant et profond. Il se répercutait sur les paroies rocheuses, et cette fois encore personne ne semblait rien entendre.

Au bout d’une heure à écouter, immobile et terrifiée, Aysha prit une décision qui la surprit elle-même. Elle se dégagea violemment de son sac de couchage, craignant de changer d’avis, attrapa sa baguette et fit glisser la fermeture éclaire de sa tente. Elle fut bientôt dehors, frigorifiée, se demandant déjà ce qui lui avait pris. Mais elle devait savoir d’où venait ce son. Il était sans doute anodin, et elle pourrait alors dormir sans crainte. Mais c’était l’inconnu qui la tenait éveillée et terrorisée. Elle devait éclaircir de mystère si elle voulait profiter un tant soit peu de ses vacances. Car elle savait à ce stade que si elle ne parvenait pas à identifier l’origine de la complainte, elle passerait toutes ses journées en redoutant l’heure où il serait temps d’aller dormir, redoutant de voir la nuit tomber, incapable de penser à autre chose.

Aysha fit quelques pas, tremblante. Le froid était glaçant, bien plus violent que dans la journée. Il battait son visage avec force, malmenant ses cheveux et ses vêtements, frappant chaque parcelle de son corps avec puissance. Le bruit n’avait pas cessé, et la bleue décida d’en finir au plus vite. Elle prononça le sortilège qui lui permit d’allumer sa baguette et tendit le bras. Elle resta là un instant, tentant d’identifier la direction à prendre. Mais ainsi immobile, elle se sentait vulnérable, aussi se mit-elle à courir, tremblante, bras tendu droit devant elle. Ce ne fut que lorsqu’elle s’arrêta quelques minutes plus tard qu’elle constata que les larmes avaient roulé sur ses joues, rendant le vent plus glacé et agressif encore. Mais miraculeusement, elle semblait avoir couru dans la bonne direction. Le son se faisait plus fort et plus puissant. Plus proche. Aysha ne retenait pas ses larmes, elle coulaient sur son visage sans qu’elle ne ressente aucun sentiment. La peur la paralysait, elle avait du mal à réfléchir et les larmes n’étaient qu’un réflexe dont elle prenait à peine conscience. La sorcière marcha d’un pas rapide et paniqué vers l’endroit d’où semblait venir le son. Elle fit demi-tour plusieurs fois, se remit à courir, s’immobilisa, marcha et sursauta maintes fois, croyant apercevoir quelqu’un, ou entendre quelque chose de nouveau par dessus la complainte. Le son était désormais si proche. Il résonnait si fort à ses oreilles que la bleue n’entendait plus rien d’autre. Il était indescriptible, rond, profond, grave et irrégulier. Il ne pouvait être humain. Il ne semblait pas pouvoir être du fait d’un animal non plus, ou bien c’était une créature qu’Aysha ne connaissait pas. Ce son lui rappelait plein de choses, et rien à la fois. Elle était incapable de mettre des mots dessus. Il lui vrillait la tête, emplissait l’espace et ne semblait pas vouloir le lâcher. Par instants il se faisait brusquement plus fort, comme l'accélération d’une voiture, puis diminuait et reprenait à un volume moindre, mais toujours assourdissant.

La bleue repéra soudain une caverne dans la roche, non loin de là où elle se trouvait. C’était un trou béant, noir, dans lequel l’eau désormais malmenée par le vent entrait et sortait. Il était à son ras, le fleuve léchait le bord de la grotte sans l’innonder. Aysha eut beau faire quelques pas, tendre le bras en direction du trou pour l’éclairer, elle ne parvint pas à voir plus loin à l’intérieur que quelques mètres de roche et de sol nu. Mais elle avait la certitude désormais que c’était de cette caverne que le son s’échappait. Plus aucun doute n’était possible, la complainte résonnait plus fort que jamais, et le noir de l’entrée de la caverne était happant, hypnotisant et terrifiant à la fois. Aysha resta figée à cet endroit un moment, incapable de bouger. Elle ne pouvait pas, elle ne voulait pas pénétrer dans cette caverne. Elle en était incapable. La terreur lui enserrait déjà la poitrine, contractait tous ses muscles alors même qu’elle était dans cet espace ouvert qu’était la lande norvégienne balayée par le vent.

Soudain, elle prit conscience de l’endroit où elle se trouvait, de ce qu’elle faisait. Elle se retourna brusquement mais l’horizon noir était plane, pas une silhouette de tente ou de village, pas une lumière. Elle se mit à paniquer, et courut à toutes jambes, scrutant en vain la plaine, aveuglée par des larmes aussitôt séchées par le vent assassin. Elle courut ainsi pendant ce qui lui sembla être des heures, fuyant la complainte, fuyant la caverne. Elle aperçut bientôt la forme caractéristique d’une maison, puis une autre, et le village tout entier se détacha dans la nuit. La bleue se mit à courir plus vite, jusqu’à la tente, oubliant toute prudence. Elle se précipitait tant qu’elle tomba à plat ventre devant sa tente, ne se releva même pas, ouvrit la toile d’un grand coup de bras, roula à l’intérieur de la tente et referma le zip avec précipitation. Elle se jeta sur le sac de couchage, se glissa à l’intérieur, baguette en main. La pression ne retomba pas. Elle était essoufflée par sa course folle, frigorifiée, contractée et tremblante comme jamais. Secouée de sanglots, elle ne prit pas la peine d’écarter la masse de cheveux emmêlés qui recouvrait son visage. Elle haleta ainsi pendant de longues minutes, sans parvenir à se remettre de la panique qui l’avait soudain gagnée devant la caverne. Ses pleurs couvraient le bruit qui pourtant continuait, sa gorge était nouée, elle avait du mal à respirer. Il lui fallut bien une heure pour retrouver un rythme cardiaque normal, pour arrêter de pleurer. Lorsqu’elle fut moins raide et enfin calmée, elle remarqua que le bruit s’était arrêté. Tout était calme désormais, la tente avait cessé de bouger, le vent s’était atténué de beaucoup. C’est abattue par la fatigue et le contre-coup de son expédition nocturne que la sorcière se rendormit.

Le lendemain matin fut l’un des plus durs de sa vie. Aysha se réveilla avec le souvenir amer de la nuit. Ses cheveux étaient dans un état lamentable, ses yeux secs et bouffis par les pleurs incessants, elle avait des courbatures dans tous les muscles tant ceux-ci avaient été contractés par la terreur. Elle s'assura que sa baguette était toujours là puis sortit de la tente avec grande peine, incapable de tenir une conversation sensée avec les membres de sa famille. La souvenir de la nuit l’assaillait sans merci à chaque instant de la journée. Elle ne parvenait à y échapper, et le seul fait de penser à la nuit qu’elle allait encore devoir passer la mettait dans un état de panique indescriptible. Sa mère inquiète lui posa un tas de question, auxquelles la bleue ne parvint pas à répondre. Elle préféra se réfugier au village, où la présence des habitants la rassurait. Ces derniers étaient plus animés que les jours précédents. Il y avait du monde au dehors, tous parlaient avec agitation sans que, bien sûr, Aysha ne puisse comprendre un mot de ce qu’ils disaient. Elle se glissa parmi eux. Tous étaient rassemblés autour d’un homme hébété qui était assis sur une chaise en bois. Ils le pressaient de questions auxquels il semblait répondre malgré un apparent épuisement. Il était en piteux état : ses vêtements étaient déchirés par endroit, maculés de vert et de brun. Ses cheveux étaient ébouriffés, emmêlés, son visage marqué par la fatigue. Une voix retentit soudain derrière Aysha qui tentait de comprendre ce qu’il se passait. Un vieil homme avait posé une main sur son épaule.

“Tu vouloir savoir ce qu’il se passe ?”

Aysha haussa un sourcil. L’homme parlait anglais avec un accent prononcé. Elle savait que la norvège, pays aux villes cosmopolites, n’était pas en reste quand à la maîtrise des langues étrangères. Mais dans ce petit village reculé, tous semblaient coupés du monde. Elle hocha la tête avec énergie. Elle voulait savoir, évidemment.

“Lui est rentré ce matin. Il faisait trois jours qu’il marchait. Son bateau a échoué sur la fleuve pendant le tempête de trois jours, et il a nagé longtemps, longtemps… On le pensait morte, mais il est revenu. Il s’était perdu, il avait plus de forces. Mais maintenant il est ici, c’est une miracle !”

L’homme fit un sourire à la jeune fille et se mêla à la foule pour embrasser le rescapé. Cet événement inattendu ne parvint cependant pas à éclipser réellement l’anxiété d’Aysha. Elle resta quelques instants à observer les villageois, et l’homme a qui on avait donné une guitare pour qu’il joue un morceau de musique malgré son état déplorable. Sous la mélodie maladroite du marin exténué, elle rejoignit les tentes. Les heures passèrent bien trop vite et il fit bientôt nuit à nouveau. Cette fois, la famille n’attendit pas l’Aurore boréale. Elle avait perdu espoir d’avoir la chance d’en voir une. Les villageois coutumiers du phénomène leur avait indiqué que c’était une chose assez rare, même en cette période hivernale. Aysha se coucha donc, la peur au ventre. Elle ne comptait pas dormir. Elle savait qu’elle n’y arriverait pas. Non, elle comptait retourner à la caverne, comprendre d’où venait le bruit. Elle voulait que la terreur qui la nouait la gorge s’arrête. Elle ne prit donc même pas la peine de se coucher. Elle empoigna sa baguette et tendit l’oreille, attendant que ses parents s’endorment. Le vent soufflait à nouveau, moins fort que la veille. Le bruit lui, ne tarda pas à se faire entendre de nouveau. Aussitôt, Aysha sortit de la tente. Elle avait passé un pull supplémentaire, bien décidée à tirer des leçons de son expédition de la veille. Elle tentait de calmer sa peur, soufflant. Elle se remit à marcher, d’un pas rapide et décidé, sachant dans quelle direction aller cette fois-ci. Elle se mit à chanter pour couvrir le bruit, sans réel succés. Mais elle continua, à plein poumons dans la lande déserte, sur tout le chemin qui la séparait de la caverne. Elle chantait à tue-tête, puis au bout d’une quinzaine de minutes, elle arriva à l’endroit. La caverne était là. Le son était fort, si bien que la bleue arrêta de chanter. Elle fit quelques pas, s’approcha plus encore que la veille, posant les pieds sur la roche humide avec prudence. Elle tremblait à nouveau. Elle avait peur, cette fois encore. Mais elle était plus déterminée que la veille. Elle tentait de rester lucide, se persuadant qu’il ne pouvait rien y avoir de menaçant dans cette caverne.

Aysha murmura un “Lumos maxima” et la lueur qui sortait de sa baguette se fit plus forte. Puis elle s’engouffra dans la caverne. Le vent était décuplé dans le couloir sombre. Il s’y engouffrait et devait sans nul doute ressortir quelque part de l’autre côté, si bien qui violent courant d’air balayait la fine silhouette d’Aysha. Elle devait faire des efforts pour tenir debout et ne pas être déséquilibrée par les bourrasques. La complainte résonnait et se répercutait sur les paroies du couloir qui semblait ne pas avoir de fin. Aysha parvenait à détailler le son un peu plus qu’à l’extérieur et elle eut la certitude que ce ne pouvait être un être vivant. Le son était trop puissant, trop irrégulier, trop rond et infini pour cela. A mesure qu’elle avançait, les doigts d’Aysha se contractaient sur sa baguette. Le vent se faisait plus fort à chaque pas, et bientôt il fut tel, emportant avec lui une puissante odeur d’embruns, qu’Aysha sut qu’elle était toute proche. Et de fait, après quelques minutes de marche, le couloir s’agrandit et se termina enfin, débouchant sur une sorte de crique coincée entre deux roches.

Aysha avait traversé la falaise. Elle se retrouvait de l’autre côté, perchée au bout du tunnel, ne pouvant avancer plus en raison du fleuve qui s’étendait à nouveau devant elle, léchant le bout de ses chaussures de randonnée. Il laissait découvrir un sol de pierre à chaque vague. Le vent violent poussait la sorcière dans le dos, elle manquait de trébucher à chaque instant. Mais surtout, surtout, il y avait là, devant ses yeux, l’origine du bruit.

Ce n’était pas une créature terrifiante. Ce n’était pas un esprit hantant les lieux. Non ce n’était rien de tout ça. A sa vue s’offrait un bateau, échoué contre les rochers, que l’eau ne parvenait à déplacer. L’embarcation était renversée sur le flanc, et certains objets étaient répandus sur le côté, tout près du tunnel, échoués sur la pierre humide, protégés par les paroies qui formaient la crique. Parmi ces objets, il y avait une harpe. Un saxophone. Une guitare. Un tuba. Et d’autres instruments de musique abîmés par la mer qu’Aysha ne connaissait pas. Parmi les boués, caisses de nourriture et filets de poisson, il y avait la vision irréelle de cet orchestre animé par des musiciens imaginaires. Le vent s’engouffrait par un côté de la crique et semblait prisonnier de celle-ci. Il cognait contre les murs, faisait trembler la surface de l’eau et s’engouffrait à nouveau par le tunnel, faisant des allers-retours par toutes les entrées qu’il trouvait à cette crique. Il soufflait fort, faisant trembler les cordes de la harpe, filant à l’intérieur du tuba avec une puissance inouïe. Et ces instruments, qui n’avaient pas été sauvés du naufrage, produisaient un son étrange et inconstant à mesure que les bourrasques les faisaient chanter. Cette mélodie imaginaire se répercutait sur les paroies rocheuses, était transportée par le vent dans le tunnel, où elle résonnait là aussi, retentissant sur toute la lande, dans la nuit, jusqu’aux oreilles des villageois endormis.

Aysha resta immobile un instant devant le spectacle irréel qui s’offrait à elle. Le hasard avait fait que le marin, rencontré dans l’après-midi, s’était échoué ici, avec tous ses instruments. Ce passionné de musique avait perdu son bateau non loin de cette crique, dans laquelle il s’était encastré et avait livré son contenu de cuivre et de corde à la pierre froide. Il avait offert au vent ces instruments, cette harpe, ce tuba, et lui avait laissé en jouer à sa guise chaque nuit alors qu’il malmenait la lande et le fleuve, impétueux. Et chaque nuit depuis ce naufrage il livrait sa complainte au village et au monde. Aysha profita de l’instant. Le son lui semblait plus mélodieux tout à coup. Moins effrayant. Elle l’écouta pendant de longues minutes, le visage à nouveau baigné de larmes, mais elles n’étaient plus de l’effet de la peur. C’était la beauté du monde, du fjord, de la crique, du concert improvisé par le vent, du son qui résonnait autour d’elle. C’était le hasard, la nature. C’était la musique. C’était tout ça qui transparaissait à travers ses larmes salées comme la mer. Au bout d’un moment, la bleue fit demi-tour pour regagner la lande. Elle n’allait pas en parler. Elle ne dirait pas à quiconque ce qu’elle avait vu, laissant le hasard faire les choses encore un peu, laissant le vent jouer tant qu’il le pouvait, laissant le monde s’exprimer aux hommes.

Lorsqu’elle parvint au bout du tunnel, Aysha leva les yeux vers le ciel. Une traînée verte et ondulante balayait la nuit, fantasmagorique. Elle semblait danser au rythme de la complainte.

FIN ♥
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