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[Concours RPG] Le Conte Hivernal - Megan K. Hayajân
Megan K. Hayajân
Megan K. Hayajân
Serpentard
Serpentard
Année à Poudlard : Aucune année renseignée

Matière optionnelle : Pas encore disponible

Spécialité(s) : - Métamorphomage
- Permis de Transplanage


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[Concours RPG] Le Conte Hivernal - Megan K. Hayajân
Megan K. Hayajân, le  Mar 20 Fév - 23:47

____________________


Les vacances de Février relevaient du mystère pour Megan. Elle ne rentrait jamais chez elle après les fêtes et profitait du calme du château. Pour la première fois, elle allait devoir tirer un trait sur ses deux semaines de répis au profit d'un voyage. Kyan l'emmenait à la découverte du monde. Cet oncle paternel tout récemment découvert se montrait plus à même de la comprendre que sa grand-mère ou sa propre-mère. Il était tout comme elle un métamorphomage et connaissait les tenants et aboutissants de cette malédiction : le regard admiratif des autres, la douleur constante, la peur de la métamorphose. Ce point commun magistral les avaient unis plus surement qu'un lien familial. A la mi-janvier, il lui avait envoyé une lettre pour la prévenir qu'il l'attendrait à la gare de King's Cross et qu'ils partaient tous les deux explorer un bout de terre et qu'il lui réservait de belles surprises. Megan n'avait pas hésité : et c'est avec un sourire plein de reconnaissance qu'elle salua son oncle, adossé nonchalamment à une grosse valise, sur le quai. Ils s'enlacèrent un moment. Son oncle était un grand gaillard, fin mais athlétique. Il était naturellement doté d'yeux et de cheveux bruns sombres : aujourd'hui, il arborait une tignasse écarlate et des prunelles dorées. Autour d'eux, les sorciers se disaient qu'il était rare de voir deux représentants de cette espèce cachée le même jour. Les moldus se frottaient les yeux : étaient-ils des personnages de dessin-animés ? des cosplayeurs ? des excentriques ? Quand ils étaient ensemble, Kyan et Megan pouvaient se contenter de répondre qu'ils étaient eux-mêmes.

Une fois repassés du côté moldu de la gare, Kyan entraîna sa nièce jusqu'à une venelle sombre puis, main dans la main, ils transplanèrent. Bien qu'elle ait récemment acquis son permis de transplanage, elle s'était laissée guider dans le néant. Seul l'oncle connaissait leur véritable destination et elle n'avait pas eu envie de se battre en avance pour savoir où ils allaient. Cet espèce de mystère avait quelque chose de rassurant : Megan préférait être guidée, portée et protégée. Elle n'avait en aucun cas les attributs du leader et pensait d'avantage qu'elle n'agissait. Une fois de plus, sa logique allait être mise à rude épreuve... le boyau obscur du néant se resserrait. Ils firent trois haltes. Elle n'eu jamais vraiment l'occasion de voir où ils attérissaient et se contentait de papillonner des yeux, de masser son ventre endoloris et de prendre une grande inspiration avant de s'enfoncer à nouveau dans les ténèbres. Ils arrivèrent tout en sueur devant un charmant portillon de bois.

Devant eux se dressait un chalet. Avant même d'examiner la bâtisse, Meg posa les yeux sur ses bottines trempées de neige. Où qu'ils soient, ils étaient profondément enfoncés dans un hiver brutal. Un vent puissant balayait leurs mèches de couleur et elle se sentait transie. Le petit chalet leur offrirait un abris tout à fait convenable ; s'il était petit et tout en hauteur, il était chauffé au bois et isolé par magie. Kyan poussa gentiment Megan en avant, et, après avoir barboté dans la neige, elle parvint à atteindre le hauvent. Le métamorphomage sortit un trousseau de clef et elle put découvrir sa demeure de vacances : le chalet était un véritable nid. Les meubles étaient presques tous en osier, chargés de plaids et de couvertures duveteuse. Le parquet était recouvert de tapis et le sofa se résumait à une montagne de coussins. Elle cru distinguer une petite cuisine vers l'arrière et un grand escalier qui devait monter jusqu'aux chambres. Kyan posa avec fracas leurs valises sur le sol avant de clamer :

- Bienvenue... en Norvège !

Megan resta sans voix. Elle avait toujours été attirée par les pays scandinaves. Elle aimait cette culture, ces paysages sauvages qu'elle n'avait vu qu'en se baladant sur l'ultra-net, chez elle... pourtant, là tout de suite, elle n'aurait pas été contre une île de sable fin. Palmiers, coco, bronzage... elle chassa l'idée de sa tête. Elle avait quitté son Irlande natale, c'était déjà pas vilain.

- Tu es déjà venu ici ? demanda-t-elle à son oncle.
- Oui, avec ton père. Nous avions à peine dix-sept ans.

Inconsciemment, elle s'attendait presque à la réponse. Elle se secoua pour chasser l'image de son père, mort, dans son cercueil. Ce n'était pas le moment de révéler à Kyan qu'elle était certaine de savoir qui avait tué son frère - et qu'elle aimait cette personne de toute son âme. Aussi, elle récupéra sa valise et la porta à l'étage. La jeune métamorphomage opta pour la plus petite des trois chambres - elle était bien orientée et elle était presque sure qu'elle pourrait voir le ciel étoilé de la baignoire de la salle d'eau. Un bain sous les astres, que demander de plus ? Kyan et elle s'installèrent à la cuisine.

- Demain, nous irons voir le Geiranger Fjord ! Tu verras, c'est pas désagréable pour les yeux. J'ai des amis là-bas, un couple encré dans les traditions. Tu m'as dit que les sociétés t'intéressaient ; ils sauront t'éclairer sur les traditions nordiques.
- Ca, c'est vraiment trop cool !

Kyan cuisinait tout en lui racontant un peu le programme de leur semaine de vacances. Il avait tout prévu - et comptait bien lui changer les idées. Le métamophomage savait bien, pour l'avoir vécu, comme il était difficile d'accepter la différence qui leur collait à la peau. Il avait en tête de lui faire découvrir une terre si riche qu'elle se mettrait à vouloir la découvrir toute entière. Il prendrait sans nul doute un plaisir immense à lui présenter ses endroits préférés du globe. La Norvège était un bon point de départ. En hiver, comme maintenant, la neige recouvrait presque tout le pays. Les jours ne duraient pas plus de deux ou trois heures - mais ce n'était pas un mal. Les ténèbres avaient à elles seules bien plus de charme. Le froid pouvait être combattu par d'épaisses couches de vêtements et les paysages étaient si beau qu'ils vous réchauffaient le coeur. La nourriture des yeux peut vous combler bien plus que celle du ventre - même si dès demain, il comptait bien faire découvrir la cuisine locale à sa nièce.

Megan regardait défiler dans les yeux de son oncle des paysages qu'elle devinait superbes. Dès le lendemain, elle pourrait les observer de son propre chef : en attendant, le souvenir valsant dans les iris de Kyan valait tout l'or du monde. Ils mangèrent en discutant de tout et de rien, burent un bon chocolat chaud et se couchèrent de bonne heure - si l'on peut estimer l'heure dans cette obscurité quasi-permanente. Ils avaient prévu de se lever le plus tôt possible pour profiter de leur séjour. Megan laissa son oncle sur le pas de sa porte et emprunta le chemin jusqu'à son propre domaine ; un lit, une étagère, d'épais tapis : mais surtout une salle de bain toute en baie vitrée. Elle ouvrit ses affaires, récupéra un pyjama et une brosse à dents et se laissa porter par l'envie d'une eau brûlante qui l'habitait. L'eau, ici, était tirée des sources thermales des montagnes voisines. Les minéraux naturels qu'elle contenait étaient bons pour la peau et Megan se laissa couler toute en douceur. Elle devait bien reconnaître que ce bain était divin.

Une fois qu'elle se fut assez bien installée, elle ouvrit grand les panneaux de bois et embrassa le paysage nocturne qui s'offrait à elle. La visibilité était limitée mais la nature sauvage était éclatante : de larges montagnes effilées se détachaient d'une toile de nuances bleues et noires. Des milliers d'étoiles étaient couchées sur le papier, à peine cachées par la cime des plus hauts sapins. Une large plaine était visible sur la gauche : un vague nuage de fumée révélait l'existence d'autres chalets tel que le leur. Elle s'imprégnait de cette beauté millénaire comme si c'était la dernière fois. Elle regrettait de ne pas savoir dessiner. Elle aurait aimé immortaliser la danse des astres.

Puis un faisceau attira son attention. Elle cru d'abord que c'était la fumée du voisinage : puis les couleurs qui teintaient l'épaisse brume lui intimèrent qu'elle faisait fausse route. Alors que la nuit rongeait les bords, un nuage de couleurs magiques vint ébranler l'obscurité - un faux jour terne remplaçant les ténèbres autour des halos verts et jaunes. La phénomène semblait danser autour de la maison qui se détachait bien mieux dans cette demi-noirceur. Megan connaissait mal la magie mais elle savait la reconnaître : ils n'étaient pas les seuls sorciers ici. Elle quitta la chaleur de son bain, se sécha aussi vite qu'elle put et enfila des vêtements chauds. Un pull épais, un pantalon de randonné par dessus un collant double épaisseur et une parka coupe-vent. Elle fit faire plusieurs tours à sa vieille écharpe élimée et prit aussi ses gants et son bonnet. Elle trouva sa baguette - étant maintenant majeure, elle avait le droit de s'en servir si les choses se gâtaient pour elle. Sur la pointe des pieds, elle quitta le chalet.

Le vent était glacial : cela lui fit l'effet d'une claque. Elle eut presque l'impression que ses poumons s'étaient racornis. Elle inspira fort l'air froid et regretta de ne pas avoir mis deux paires de chaussettes. Elle se frayait un chemin dans la neige en balançant ses pieds aussi fort que possible devant elle. Une fois à l'abris des premiers arbres, elle alluma la pointe de sa baguette et, tous les sens aux aguets, essaya de se repérer dans l'obscurité. Elle quitta l'orée du bois pour une plaine et son orientation en fut facilitée : devant elle, tout droit mais à bonne distance se dressait une chaumière autour de laquelle les ombres de couleurs dansaient, comme milles esprits maléfiques invoqués. Elle espérait de tout son coeur qu'elle n'avait pas à faire à un nécromancien... elle n'en avait que peu entendu parler mais l'idée de jouer avec la mort lui foutait franchement les jetons. Elle regarda en arrière et se surpris à se trouver courageuse : pour ne pas se décevoir, elle avançait toujours. Le mystère ne s’éclaircissait pas en avançant. Les yeux rivés sur les lumières, elle aurait mit sa main à coupé que des visages monstrueux se détachait en nuances de verts. Elle ferma les yeux, s'obligea à respirer malgré le froid qui brûlait ses poumons.

Eh m*rde ! Autour d'elle, du noir obscur. Elle était même incapable de voir la chaumière ; sa baguette s'était éteinte, les lumières aussi, comme une bougie que l'on aurait soufflée. Le froid ne lui sembla que plus mordant. Cette fois, ça en était trop pour elle. Elle le formuler à plusieurs reprises mais elle réveilla le lumos au bout de sa baguette et rebroussa chemin aussi vite que la neige tassée le le lui permettait. Elle avait l'horrible impression que si elle ne fuyait pas assez vite, les grandes lumières aux visages malsains la rattraperait. Elle sentait son coeur battre à toute vitesse contre sa poitrine et elle essuya des cristaux de larmes sur ses joues. Elle s'effondra sur le tapis de l'entrée, tétanisée. Les minutes passaient mais elle ne parvenait pas à se sentir en sécurité. Finalement, Megan se força à se relever. Elle monta les escaliers le plus doucement possible - elle ne voulait pas que Kyan la voit dans cet état et se réfugia dans sa chambre. Elle se changea à toute vitesse, ferma les panneaux de la salle de bain et ceux près de son lit, aussi. Elle se glissa sous les couvertures et fit de très étranges cauchemars ; les lumières mangeaient les montagnes tandis qu'un vieux chaman en peaux de bêtes hurlaient des incantations pour qu'elles obéissent. Les lumières devenaient alors des montres très effrayants qui au même titre que les titans combattus par Zeus, piétinaient la chaumière de Kyan.

- Megan... ! Megan... ! Debout, chérie !

Megan se contenta, dans un premier temps, d'un grondement.

- Meg, j'ouvrirais bien les volets en grand mais il fait encore nuit - le traîneau nous attends, papa Noël ne sera pas patient éternellement...

Il lui jeta un pull au visage en pouffant de rire et la laissa se changer. Les yeux mi-clos, elle enfila ses vêtements et ses chaussures, attrapa tout son attirail de la veille et descendit. Kyan lui fourra un petit pain dans la bouche et un verre de jus d'orange dans la main tout en la pressant. Elle avala aussi vite qu'elle pu et suivit son oncle dehors. Elle devait bien reconnaître que la comparaison avec le père Noël était pertinente. Adossé contre un traîneau, une masse de muscles et de barbe attendait sagement. L'homme devait faire dans les deux mètres et devait avoir la cinquantaine bien tapée. Il leur adressa un geste de la main tout en désignant ses rennes... qui n'étaient en fait que de superbes chiens-loups.

Kyan installa Megan devant lui puis referma ses bras sur la barre de sécurité, enfermant la jeune métamorphomage contre lui; il connaissait désormais assez sa nièce pour savoir qu'elle était incroyablement maladroite. Meg, les yeux dans le vide, ne trouva rien à redire.

- On va traverser la plaine ? sa voix tremblait plus qu'elle ne l'aurait voulu.  
- Non, répondit Kyan. Il n'avait visiblement pas saisit les trémolos de sa nièce. Le fjord est de l'autre côté.

Le traîneau s'ébranla et les chiens se mirent à courir : elle eut peur de la solidité de la bête. Leur moyen de locomotion se résumait à une palette de bois rattachée à des demis-loups par des cordes. Pourtant, l'effet était là : ils fendaient la nuit et les neiges avec une facilité déconcertante. Si l'on repoussait le vent qui lui piquait les yeux et les oreilles, la balade était agréable. Le fjord n'était pas très loin selon Kyan, et le traîneau était plus sur que le moto-ski, par exemple. La neige était trop épaisse, les chiens étaient plus agiles qu'un moteur moldu. Megan ne trouva rien à redire.

Ils faisaient toujours nuit quand ils arrivèrent au fjord. L'eau reflétait comme un miroir les pointes aigues des montagnes enneigées. Ils descendirent du traîneau et leur guide marmonna dans un anglais maladroit que s'ils étaient patients, dans une heure ou deux l'aube se lèverait et le spectacle serait alors à couper le souffle. Le guide avait raison. Quand les premières lueurs jaunes et roses vinrent chatouiller les bords du lac, ce fut comme si le monde entier se réveillait d'une trop longue hibernation. Les montagnes semblaient s'étirer, les arbres se secouer : il n'y avait plus que la beauté de la nature et trois humains, perdus dans la neige, la bouche grande ouverte.

- Viens, Meg ! Andreas et Silje nous attendent.

Ils chaussèrent des raquettes et Meg suivit son oncle de bon coeur, les yeux rivés sur cette aube qui se reflétait dans le lac. Elle avait toujours aimé les beaux décors - mais là, ça dépassait ses rêves les plus fous. La progression était lente : la glace craquait à l'infini sans jamais se fendre mais elle glissait beaucoup. Il fallait donc qu'ils soient prudents. Le jour faisait briller la neige et les aveuglait considérablement. Pourtant, ils prenaient un plaisir fou à s'imaginer des histoires et des épopées : ils riaient beaucoup. Devant eux, une maisonnette se dessinait. Un homme attendait. Il serra sans hésiter Kyan dans ses bras et fit de même avec Megan. Elle se sentait un peu gênée mais ne répliqua pas.

- Andreas, mon ami, je te présente ma nièce, Megan Khâli.
- Meg, simplifia la jeune métamorphomage dans un sourire.

Andreas était un ancien trapeur. Il était petit mais costaud. Sa barbe blanche ne cachait pas une mine joyeuse. Il releva maladroitement son bonnet : il dévoila ainsi deux iris bleus. Il avait les traits tirés de ceux qui vivent à l'air libre tous les jours. Malgré son âge, il était encore un solide gaillard. Tout en leur demandant si la balade avait été bonne, il les guida jusque dans sa maison. Sa femme, Silje, se précipita vers eux armée de chocolats chauds et de plaids. Megan apprécia ce brin de chaleur. Silje était une femme replète et vive : elle s'agitait tant et si bien que la jeune métamorphomage aurait été incapable de dire dans quelle pièce elle était. Kya s'installa près d'elle, posant une main sur son épaule.

Andreas leur expliqua que s'ils voulaient partir en randonnée, ils feraient mieux de partir dès qu'ils auraient grignoté des gâteaux : la nuit tomberait vite et le vent se lèverait alors. Kyan se plia aux recommandations et alors que ses doigts retrouvaient une couleur rose rassurante, Megan se retrouva à nouveau les pieds enfoncés dans la neige. Elle commençait à regretter le soleil. Pourtant, sa morosité s'effaça dès qu'ils pénétrèrent dans le bois derrière la maison d'Andreas : le chemin longeait le fjord et révélait les merveilles de la nature. Son oncle et le guide marchaient en tête. Silje avait passé son bras sur celui de Megan et l'aidait à avancer.

- C'est dépaysant, n'est-ce pas ? demanda la Norvégienne avec un sourire conciliant.

Megan fit un petit oui timide de la tête. En réalité, elle trouvait ça bien moins effrayant que sa virée nocturne. Ces lumières aux visages déformés la hantait.

- Est-ce que... vous pratiquez la magie ? je veux, dire, ici ?
- Oui, répondit vivement Silje. De nombreux sorciers viennent mener leurs expériences ici. Le calme est propice au travail.

La jeune sorcière hésita un moment, puis elle décida de se lancer :

- Dans la nuit, j'ai aperçu un étrange phénomène. D'étranges esprits s'agitaient au dessus d'une cabane. Ils étaient terribles : je pense qu'il s'agissait d'un mauvais sort.

Silje lui lança un regard de mauvais augure. Il était évident qu'elle la prenait au sérieux mais qu'elle trouvait cette information particulièrement effrayante. Meg se sentit un peu coupable. Elle aurait peut-être mieux fait de garder cette information pour elle-seule... cette pauvre petite femme ne méritait pas de se faire du soucis.

- Des esprits tu dis ?
- De grandes formes de couleurs, qui s'élevaient haut dans le ciel, confirma Meg.

La femme du trappeur hocha prudemment la tête, et tout en surveillant que les hommes avançaient à bonne distance, elle se rapprocha de Megan :

- Ce sont des Bifröst, comme tu me les décris... des démons, des esprits invoqués par de puissants nécromanciens.. elle marqua un silence. Je suppose que tu ne veux pas en parler à ton oncle ?

Meg jeta un coup d'oeil désolé vers ce tout nouveau membre de sa famille. Un instinct, quelque chose d'imprécis et d'irrationnel lui soufflait qu'il valait mieux garder cette histoire juste pour elle.

- Je préférerais éviter, oui...
- Dans ce cas je ne connais qu'un moyen : le sel et la limaille de fer. Jetés au visage du nécromancien, ils absorberont ses pouvoirs et le ciel redeviendra pur !

Les deux femmes n'échangèrent plus un mot. Meg gardait les yeux rivés sur le sol afin d'éviter les racines. Bientôt, ils se regroupèrent tous au bord d'une falaise qui surplombait le lac. La route avait été longue mais ça en valait la peine : à présent, le crépuscule tombait et semblait peser sur chaque forme. Tout et chacun courbait l'échine devant le dieu soleil qui rentrait à l'ombre. Megan se sentait incontestablement impressionnée devant ces manifestations d'une force naturelle incroyable. Ils mangèrent des sandwiches en regardant se coucher le jour puis reprirent le chemin dans le sens inverse. Kyan et Megan promirent à Andreas et Silje de revenir dès le lendemain. La femme du trappeur donna avec une discrétion remarquable un petit sachet à Megan. La jeune métamorphomage devinait bien ce que contenait le sachet et remercia la norvégienne.

Ils prirent le traîneau et gagnèrent le chalet où ils passèrent la fin d'après midi à jouer aux cartes avec leur guide. Sans son grand manteau, il ressemblait d'avantage à un viking qu'à un père Noël mais Meg le trouvait plein d'humour. Il riait fort : c'était un son unique qu'elle apprécia naturellement. Il s’appelait Erik. En discutant avec lui, elle découvrit qu'il était veuf et passionné par les étoiles. Il était devenu guide pour pouvoir les observer tout en étant payé. Son traîneau était son principal outil de travail. Il était également payé pour entretenir ce chalet réservé aux locations. Il ne mentionna pas de propriétaire. Finalement, ils dînèrent et burent tout leur soul : Megan fit jouer son jeune âge pour s'abstenir. En réalité, elle voulait être lucide pour sa grande expédition du soir. Erik les abandonna vers minuit. Kyan s'était endormis sur le sofa. Megan enfila donc sa parka et ses bottes avant de s'enfoncer dans la nuit, armée de sa baguette et d'un petit sachet noué d'un très joli ruban.

Le froid, toujours. Un titan qui se dressait sur son chemin : lui bouffant les joues, lui mordant la gorge. Elle aurait aimé être accompagnée. Ne serait-ce que d'un chien ou d'un elfe. Mais c'était seule qu'elle allait affronter cette nouvelle aventure. Seule et morte de peur. Elle eut une brève pensée pour Kyan, seul et sans défense, ivre mort. Pourtant, elle était prête à parier que même soul son oncle était plus dangereux qu'elle.

A mi-chemin, dans la plaine, Meg se stoppa brusquement. Les lumières montaient, mutantes. Elles s'entortillaient, exécutant une sorte de ballait morbide. Elles étaient vertes, bleues et jaunes, tirant presque sur le rose par endroit. Elles s'agitaient lentement, comme des drapeaux secoués par le vent. Cette fois encore, elle sortaient directement d'une maisonnette, plantée dans la neige. Elle était proprement effrayée. Tout son être lui soufflait de faire demi-tour. la main crispée sur le sachet de sel et de limaille, elle peinait à respirer. Pourquoi devrait-elle faire cela, d'ailleurs ? Elle n'avait rien à faire là ! Ce nécromancien n'était pas son problème ! Pourtant... pourtant une part d'elle était aussi curieuse que tétanisée. Elle se mit un immense coup de pied aux fesses mentale et reprit sa route, lente et éreintante, dans la neige. La route était bien plus longue qu'elle ne le paraissait. Elle avait presque l'impression que l'aura du nécromancien commençait à peser sur ses épaules.

- Allez Meg... tu peux le faire...

Elle avait toujours trouvé bête de s'auto-encourager de la sorte mais pour la première fois, elle se sentit étrangement rassurée d'entendre sa propre voix. Elle voyait les pointes blanches de ses cheveux chatouiller ses joues. Elle était aussi pâle que la neige, son corps adaptant son costume pour faire d'elle un point du décor. Elle aurait préféré le gris de pierre des hautes montagnes ou le bleu presque noir de l'entité du ciel - elle avait vu assez de neige pour les cinq prochains siècles.

Finalement, elle arriva au bout du chemin. La maisonnette semblait trembler : elle vibrait d'une étrange énergie. Les lumières voguaient en étendards loin au dessus de sa tête. La porte de derrière était ouverte. A pas aussi silencieux que possible, Megan se glissa dans la cabane. Tapie dans le recoin d'un mur, elle posa les yeux sur une silhouette courbée. L'être marmonnait dans une langue étrangère, l'oeil collé à un étrange tube rivé par la fenêtre. Etait-ce une baguette magique norvégienne ? Meg connaissait peu les méthodes magiques étrangères. Comment allait-elle jeter son sel et sa limaille aux yeux d'une telle créature si elle restait immobile ?

A pas lents, Meg avança jusqu'à l'ombre. La silhouette était imposante, même ainsi recroquevillée. Elle était tellement concentrée dans son bavardage incessant qu'elle n'entendait pas la jeune métamorphomage. La brunette prit une grande inspiration...

- #Bombarda ! souffla-t-elle en désignant le canapé le plus proche de l'être.

Le sort réussit - elle en fut elle-même étonnée. La silhouette se retourna aussitôt : Megan usa de ses réflexes. Elle jeta d'un coup le contenu du sachet au visage du nécromancien qui s'effondra en hurlant. Bah ouais, le sel, ça brûle. c'était le moment ou jamais ! Meg, comme une lutteuse professionnelle, se projeta contre le corps du magicien et tenta d'immobiliser les poignets de sa victime. Elle pu enfin voir son visage...

- Erik... !
- Megan ! Bordel !

Il se tenait les yeux et tâtonnait pour repousser l'adolescente ébahie qui s'était installée sur lui.

- Mais... t'es pas moldu, toi ?
- Mais de quoi tu me parles ! Vas me chercher de l'eau !

Megan se releva aussitôt et trouva un torchon qu'elle humidifia avant de le tendre au géant. Le viking essuya longuement ses yeux. Ils restèrent rouges, mais au moins, il parvenait à les ouvrir.

- Tu es nécromancien, Erik ? Parce-ce que si c'est le cas, sache que je suis aussi une puissance sorcière !

Ok, ce n'était absolument pas vrai. Mais il fallait bien qu'elle se défende !

- Megan, je sais pas de quoi tu me parles. son accent était à couper au couteau et la douleur n'aidait pas. Elle lui fit répéter deux fois.
- Je te parle des esprits que tu as lancé dans le ciel !

L'astronome qu'était Erik comprit bien vite le rapprochement. Attention, spoiler-alerte, nous sommes sur la chute de l'histoire. Et c'est pas piqué des hannetons. Le viking, épuisé par l'ignorance de cette adolescente à moitié ermite, décala son matériel puis fit signe à Megan de regarder le ciel par la fenêtre. La jeune femme se pencha. Les lumières étaient moins menaçantes vues d'ici ; on aurait dit les coups de pinceaux abstraits d'un peintre divin.

- Megan... ce ne sont pas des esprits... ce sont des aurores boréales... !
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