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[Concours RPG] Le conte hivernal - Lizzie Bennet
Lizzie Cojocaru
Lizzie Cojocaru
Personnel de Poudlard
Personnel de Poudlard
Année à Poudlard : Diplômé(e)

Spécialité(s) : Permis de Transplanage
Manumagie (Niveau 1)
Loup-garou


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[Concours RPG] Le conte hivernal - Lizzie Bennet
Lizzie Cojocaru, le  Mer 28 Fév - 22:36



PoV : Narrateur

L’écrivain se lève. Hésite. Il lui semble qu’il fait plus froid debout qu’assis. La température de la salle n’a pas changé, pourtant. Des guenilles trop légères, ou un problème dans la répartition sanguine. Ou juste l’idée de devoir affronter l’extérieur. Couper du bois… Il s’y est essayé, quelques fois ; avec les fluctuations quotidiennes des intempéries, ce dernier est trop souvent trempé. Alors il se résout à faire ce qu’il fait de mieux. Se débarrasser de tout ce qui ne fait pas assez sens.

Vous savez, je l’appelle l’écrivain, après je ne sais si c’est le terme adapté. Personne à part lui n’a jamais lu ses écrits. Il a beau s’essayer à tous les genres, il est avec lui-même un juge impitoyable. Il veut un texte qui dise tout. Un texte avec des phrases-essence, des phrases qui résument l’existence et le caractère et l’identité d’un être. Ce n’est pas seulement une question de permettre au lecteur de s’y reconnaître, non ; c’est plutôt une exigence d’authenticité.

Le chalet est à peine plus grand qu’une chambre de bonne à Paris, mais il a un atout indéniable : en son centre trône une vieille cheminée. Et ici repose toute la chaleur, et la source de survie de l’artiste. La plateforme et la tablette de cette amie d’un autre âge sont couvertes de livres mal reliés et de poèmes à moitié déchirés ; çà et là des feuilles s’empilent, sans trop trouver la page vouée à être leur voisine et alliée. Ce sont ceux qui ont manqué à leur tâche : ceux qui sont destinés à brûler, sous peu, car ils n’étaient pas assez vrais, pas assez intenses. Les justes, en revanche, dansent sur la bibliothèque. Leur heure viendra, un jour — pour l’instant, ils sont en sécurité.

Le prosateur approche, et se saisit d’un court récit. Il l’avait oublié, celui-ci. Difficile d’y démêler fiction et non-fiction. Il lui paraissait qu’il avait réellement rencontré une femme dénommée Lizzie Bennet, et que ceci était son histoire. Il faut dire que sa mémoire faillait avec le temps ; il ne savait pas à quel point ses largesses et inspirations fantaisistes avaient pu déformer la nouvelle. Elle était si courte… Il se décida à la relire, une dernière fois, avant de l’offrir à l’âtre en offrande.



PoV : Ecrivain

À Voltimärvi règnent en maîtres les feux de bois. De la majorité des chaumières finlandaises s’échappe une fumée grisâtre, et quand les claires nuées se rejoignent, on raconte qu’elles sont visibles depuis la Russie. Inutile de rappeler que c’est parce que cette dernière ne se tient qu’à une trentaine de kilomètres — elles sont notre fierté, nos aurores polaires. Il faut bien se raccrocher à quelque chose, parce que pour le reste, le village est quasi inexistant de la plupart des cartes. Froid et rustique, il a l’une des plus maigres populations du pays, et ne préserve aucun lieu-dit. Rien de notable, donc, sinon que ce chant des cheminées.



PoV : Narrateur

Il soupire. C’est peu dire, tant ces mêmes fumées ont pour lui un effet quasi hypnotique. C’est trop dire, car le fait d’avoir des cheminées ne devrait être considéré comme un motif d’unicité, un si ferme trait d’identité. Rien d’intéressant ne se passe jamais dans son village ; cette histoire était même la seule qu’il s’était autorisé à écrire sur ces lieux. Avec 907 habitants — la mère Red était décédée en décembre dernier — il est si rare de voir du nouveau monde que chaque arrivée avait un caractère fracassant. Celle-ci, pourtant, dépassait toute commune mesure.

De dos, elle était pour le moins quelconque : des cheveux oscillant entre le châtain foncé et le brun, sans trop oser trancher ; une taille moyenne, une corpulence moyenne. Et puis elle s’était retournée, l’air complètement paumée. Il ne lui avait pas fallu longtemps pour comprendre : l’étrangère était aveugle. L’écrivassier ne lisait plus tout à fait — ses yeux sautaient un paragraphe ou deux, trop plongés dans leurs souvenirs pour se remémorer les lignes à suivre. Quel électrochoc, en même temps. Aveugle.

Voilà qui changeait tout ; qui pourrait, peut-être, lui fournir un nouveau personnage. Elle se prénommait Elizabeth, et cherchait une taverne, un cabaret, quelque chose. Elle se disait frigorifiée, et déjà il cherchait s’il y avait des jeux de mots à faire entre son prénom et l’hiver, ou février, ou la neige. Ne trouvant rien sur le coup, il lui emboîta le pas, disant qu’il se rendait lui-même à l’auberge de Voltimärvi : L’apocalypse. Elle le suivit avec difficulté, se retournant deux ou trois fois, comme craignant d’être suivie. Paranoïaque, possiblement.



PoV : Ecrivain

L’aveugle s’essaya à répéter le nom du village, et plus elle parlait, plus il se faisait évident qu’elle n’était pas d’ici. Elle déformait des voyelles à la prononciation basique, et claquait trop des dents pour rendre justice aux consonnes. Il y avait sur chaque millimètre de sa peau une fatigue et une lassitude extrêmes. Une fois entrés à L’apocalypse, en revanche, sa langue se fit plus précise, et elle reprit peu à peu des couleurs.

C’était comme si le désespoir l’ayant habitée était chassé hors de son corps. Elle débordait de questions, et sa soif de savoir était intarissable. Tout ce qu’elle ne pouvait voir, elle voulait qu’on le lui décrive. Les toitures, comme des W à l’envers, avec une partie aplatie à l’intérieur ; le rouge du bois de la cambuse, vieilli mais suffisamment féroce pour se repérer dans l’hiver ; la hauteur des pins devinés sur le chemin. Il lui fallait tout voir, à travers nous.



Le vin chaud coula à flots, ce jour-là. Elizabeth était de ceux qui vivent pour deux : dans sa bouche, tout prenait des accents magiques. Elle disait qu’une amie voulait partir en quête des derniers dodos, et que cette quête l’avait menée à l’est de la Finlande. Il ne s’agissait de dodos que nous connaissions : plutôt de dodos aquatiques, gourmands de lacs de glace et de banquises. Elle ne devait pas être très au fait de leur extinction, celle-là. Un matin pourtant, elle avait cru, dans un demi-sommeil, que sa comparse la pressait pour partir ; ce n’était qu’un rêve, et lorsqu’elle s’en était aperçue, il était devenu impossible de mettre la main sur la petite Ida.

D’une moue boudeuse, elle admettait que son amie penserait sans doute qu’elle avait fait le mur. Cela suscita quelques rires — elle paraissait aussi étrange en amitié qu’au premier abord. C’était loin d’être déplaisant ; drôle et atypique, elle rugissait d’histoires toutes plus fantasques les unes que les autres. Apparemment, la forêt l’avait menée sur une rencontre surprenante, répondant au nom de Kathleen — une âme perdue, dont le portrait ne pouvait se dresser qu’en filigranes.

Il y avait aussi des tonneaux dans lesquels nos voisins prenaient des bains chauds en pleine montagne, et elle tapait du pied de n’avoir pu y contempler la lune comme les autres. D’autant que sur Mars, le coucher de soleil était bleu, sur Terre il était rose — de son côté, elle en oubliait les nuances. Alors si on lui retirait la Lune, quels repères restait-il ? Elle se rassurait cependant d’avoir pu reconnaître les flocons, quand ils avaient entonné leur danse. Quand elle appela cela des bains norvégiens, le barman cogna du poing sur le comptoir. « Des bains norvégiens ! Il ne manquait plus que ça. Ce sont des bains nordiques, ma petite dame. »

Au fil des verres, l’inconnue s’était faite de plus en plus mystique. Elle prétendait pouvoir lire l’avenir, et comme on ne l’avait crue, avait claqué ses paumes l’une contre l’autre pour faire taire les brouhahas. Encore aujourd’hui, certains jurent avoir vu des flammes s’en échapper — c’était probablement dû au magnétisme qu’elle exerçait sur la foule. Puis la mesure était allée se coucher, laissant Elizabeth danser entre les verres, brailler l’alcool plein les poumons qu’elle était « si vide et si pleine de toi à la fois. »



PoV : Narrateur

C’en était trop pour le petit bourg — l’étrangère en disait et faisait trop. Il était clair que sous ses masques, la jeune femme était terrible de désespoir, et l’écrivain savait ce mal plus contagieux que tous les rhumes. Il fut établi qu’elle était une mauvaise fréquentation, et n’était plus la bienvenue dans l’auberge. Le toit se retirait alors que la nuit s’avançait, et l’excitée pesta vers la sortie. Il va sans dire que l’homme de lettres la suivit : simplement pour voir comment elle s’arrangerait de ces mésaventures. Son arc à elle ressemblait à une harpe.

Elizabeth se retourna encore, mais cette fois-ci, point d’illusion. Quelqu’un était bien sur ses pas, et il s’agissait de son guide de tantôt, qui la rassura immédiatement. Il venait s’enquérir de ses projets pour la nuit. Y entendant une allusion sexuelle, l’étrangère le renvoya dans ses buttes. N’insistant pas plus, le versificateur la laissa à ses tourments. Quelque chose l’interpella : il eut l’impression de voir un caillou bouger. Il pivota une seconde fois, rien. Bah voyons… Il devait être fatigué. Le librettiste se souvenait que dans l’instant, il avait pensé avoir assez de matière pour sa nouvelle, et était allé se coucher.



PoV Ecrivain

Le jour se lève sur le village de Voltimärvi. Tous se réveillent, et contemplent avec stupeur l’entrée de l’auberge. Cette dernière a été ravagée : la neige est sans dessus dessous, et les planches de bois semblent avoir été criblées de coups de couteau. La coupable est vite désignée,  et après quelques plaintes du barman, chacun s’arme de son plaid le plus chaud pour traquer l’aveugle et obtenir réparation. C’est un enfant de onze ans qui finit par la trouver : elle n’a même pas fait l’effort de se cacher. Une tente jaune fluo dort à l’orée de la forêt.

Tout le monde se hâte pour lui demander des comptes, et la bousculade pour ouvrir la tente prend des proportions irréalistes. Quelqu’un glisse et dit qu’un caillou a bougé ; un autre sort un couteau pour découper une ouverture dans la tente. L’aveugle est là, dormant paisiblement. Ou presque. Des sueurs froides serpentent le long de ses joues, drainant quelques poussières dans leur chemin. La première à entrer la secoue comme un prunier, et s’étonne de sa température, anormalement basse. Enfin, ce n’était pas parce qu’elle était malade qu’elle allait obtenir la sympathie des villageois, et elle fut bientôt contrainte à se mettre sur pied.



...

Lizzie — STOP. Y a un moment les gars, c’est mon histoire. Arrêtez de vouloir toujours tout mansplainer : si quelqu’un doit raconter ces vacances, c’est bien moi.
Narrateur — D’où sors-tu ? De mon imagination ? De la main de l’écrivain ?
Lizzie — Je sors tout court, j’suis juste hors de moi quand j’vous entends. On reprend dès le début, donc.

(L’écrivain tremble. Il a toujours aussi froid. Il suppose qu’il n’aurait pas du prendre le temps de relire ce passage. Il est des personnages qu’il vaut mieux ne pas réveiller.)

Lizzie — J’étais dans un état semi-léthargique, à réfléchir sur pourquoi la Terre bouge si vite sans que je le sente et apprécier la profondeur du vide et la certitude de la mort. Là, d’un coup, j’me tape 300 questions sans comprendre. Le barman était relou, mais si j’avais voulu me venger, je l’aurais buté, je n’aurais pas foutu le bordel à l’entrée, c’est mal me connaître.

(Elle renifle d’un air insulté, puis marque un silence.)

Lizzie — J’étais absolument pas en état de faire un débat, donc j’ai hoché la tête en disant qu’il faisait nuit, et j’ai attendu que le temps passe. Sauf qu’ils ont pris ça pour une approbation.
Narrateur — Tu étais la coupable parfaite. Ce genre de chose n’arrive jamais, tu venais d’arriver, ils ne te connaissaient pas…
Ecrivain — …et elle avait un motif, l’oublions pas.
Lizzie — J’ai un alibi, aussi. Je dormais.
Ecrivain — Sans témoin.
Lizzie — Ah bah c’est clair que j’allais pas te ramener. C’juste que j’ai eu l’impression qu’après ton départ, quelqu’un continuait de me suivre.
Ecrivain — Ce n’était pas moi.
Lizzie — Je sais, j’aurais reconnu ton pas. J’étais un peu sur le qui-vive, et faute de preuves visuelles, je mettais ça sur la fatigue du voyage. Après, comme la personne ne voulait pas établir le contact, je me suis dit que c’était peut-être un animal, plutôt qu’un individu. J’connais pas trop la faune finlandaise, alors dans le doute j’ai essayé de le semer. J’ai puisé dans mes réserves de bouffe et semé des morceaux de pain, avec pour intention de disparaître en cours de route, et que la créature s’occupe de se nourrir.
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PoV : Narrateur

Comme cela a été expliqué tantôt, la jeune femme avait souvent des idées des plus farfelues. Faute de pouvoir prouver qu’elle n’avait pas saccagé l’entrée de l’Apocalypse, elle préfère admettre que le meurtre lui est d’une banalité affligeante, et continuer ses contes animaliers à deux balles. Et comment comptait-elle disparaître, si elle attirait l’animal dans son sillon ? Rien n’avait de sens. Il ne faut pas s’étonner que la mémoire du scribouillard peine à suivre le fil de son histoire.

D’après Lizzie, donc, un animal l’avait suivie. Hypothétiquement plus d’un : il lui semblait que l’un pouvait agir sur son moral, car sitôt sortie de la guinguette ses pensées négatives lui avaient rendu visite, resurgissant avec une force croissante. Cependant, si c’était celui auquel elle pensait, il n’y avait de raison qu’il s’en prenne ainsi au perron de la gargote. L’épistolier se souvient de ce caillou qui bougeait, hésite à en parler. Il se doute bien que s’il tend cette perche, il ne sera pas tiré d’affaire. Et puis, elle va le rendre fou.

Le narrateur expire, las. Il faudrait que quelqu’un lui explique que les animaux ne peuvent lui faire l’effet de sangsues émotionnelles à distance. Elle est vraisemblablement fiévreuse. Elle enchaine aussitôt en demandant la fréquence à laquelle les hérissons oublient d’hiberner dans la région. Parce que vous savez, chez elle, il y a des animaux qui ressemblent aux hérissons, et ne sont pas des hérissons. Un cousin qui n’aime pas les cadeaux, et qui aurait pu prendre ses bouts de pain pour un danger.

Soudain, l’écrivain lui met un coup avec la pelle à cendres. En pleine tête. Il n’en peut plus de ses sornettes. L’aveugle se rétracte ; sa peau se fait plus claire, et son corps plus fin, plat même. Elle redevient le parchemin qu’elle aurait dû rester. L’auteur se penche et froisse la femme de papier, puis la jette dans l’âtre. Là. Il en est fini de la fascinante révulsion. N’en déplaise au caillou roulant : au moins, lui n’aura plus froid. Le regard braqué dans les flammes, il s’oublie. Dans une heure peut-être, il devra brûler une autre histoire.
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