Parfois, j’observe les gens. Dans le métro, dans la rue. J’ai envie de les peindre, les graver comme des estampes, mais je n’ai pas ce talent. Alors je les peints à la plume. Mes mots pour décrire, consciencieusement. Pour que mes textes vous permettent de vivre ces moments, comme si vous regardiez un tableau.
*
Sur la place de Paris
Enfin, c’est mon tour. Mes doigts en hypothermie s’empressent de lancer bocaux et bouteilles sur le tapis qui roule jusqu’à la caissière. Elle va vite, passe les articles. Moi, je peine à les réceptionner. Une trêve lorsqu’elle s’arrête pour chercher le prix des rutabagas, légumes malaimés, tandis que je fourre les dernières victuailles dans mon sac. Derrière moi, un homme qui peste, probablement de ma lenteur. Il a acheté deux bières, une en bouteille, une en canette. Elles sont posées, fièrement, sur le tapis, prêtes. Il est habillé comme quelqu’un qui descend juste de chez lui pour une petite course. Il semble pressé. A les cheveux grisonnants et le visage fermé. Un autre client lui dit que la vie et belle et que nous avons le temps. Il a un joli sourire.
Balancier incertain sur le trottoir, le froid me gèle les poumons et mes sacs m’alourdissent. L’homme grommelant me rattrape, je crois qu’il me parle, mais je ne saisis que les quelques mots qu’il lance lorsqu’il me dépasse.
« Ils le savent ? Que je suis le plus grand dragueur sur la place de Paris ? A qui il pense qu’il s’adresse ? »
J’ai cru qu’il déclamait un texte, avec sa voix claire. Mais il avait l’air vraiment énervé, alors je ne sais pas. Plus tard, j’y ai repensé, à ses mots. Tournés et retournés. Sans en comprendre le sens.
Balancier incertain sur le trottoir, le froid me gèle les poumons et mes sacs m’alourdissent. L’homme grommelant me rattrape, je crois qu’il me parle, mais je ne saisis que les quelques mots qu’il lance lorsqu’il me dépasse.
« Ils le savent ? Que je suis le plus grand dragueur sur la place de Paris ? A qui il pense qu’il s’adresse ? »
J’ai cru qu’il déclamait un texte, avec sa voix claire. Mais il avait l’air vraiment énervé, alors je ne sais pas. Plus tard, j’y ai repensé, à ses mots. Tournés et retournés. Sans en comprendre le sens.
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Tant qu’il y aura du cidre
Le métro ondule, sous la terre. Contre la porte du fond, celle qui ne s’ouvre pas, un couple s’accroche, roc coagulé contre la violence des virages. Elle, elle le tient du bout des doigts, accrochée à ses poches. Elle le serre un peu plus fort quand le train tressaute, se colle doucement à lui en riant.
Lui, est dos contre la vitre, plus stable. C’est peut-être pour cela qu’il a été désigné pour porter la bouteille de cidre que j’aperçois dans le petit sac orange transparent. Il est abimé, ce sac. Les poignées en plastique se sont étirées, passant d’un orange vif à un beige terne. Il n’abrite que cette unique bouteille, mais c’est assez pour m’imaginer ce couple bien habillé gavé de crêpes sucrées.
Ils s’embrassent, en équilibre instable, et la précieuse bouteille n’est plus une priorité. Il laisse le sac se balancer, cogner contre la vitre au gré des secousses. Je suis descendue avant qu’elle ne s’explose, piteuse victime d’une étreinte trop impétueuse.
Lui, est dos contre la vitre, plus stable. C’est peut-être pour cela qu’il a été désigné pour porter la bouteille de cidre que j’aperçois dans le petit sac orange transparent. Il est abimé, ce sac. Les poignées en plastique se sont étirées, passant d’un orange vif à un beige terne. Il n’abrite que cette unique bouteille, mais c’est assez pour m’imaginer ce couple bien habillé gavé de crêpes sucrées.
Ils s’embrassent, en équilibre instable, et la précieuse bouteille n’est plus une priorité. Il laisse le sac se balancer, cogner contre la vitre au gré des secousses. Je suis descendue avant qu’elle ne s’explose, piteuse victime d’une étreinte trop impétueuse.