-Cela ne tient qu'à une ligne d'horizon-
La pluie martelait au dehors, mais Londres était silencieuse. Seuls quelques fous osaient s’aventurer dans les rues de la capitale, et c’était certainement pour rentrer chez eux. La plupart des magasins et restaurants étaient fermés, cela faisait seulement deux ou trois semaines, qu’une guerre civile avait éclaté, dépassant même les bordures de l’Angleterre. Comment le secret magique avait-il tenu si longtemps? C’est ce que se demandait la population, en ces temps de trouble. Il y avait des ombres qui valsaient dans le ciel. On aurait dit qu’elles se nourrissaient de la pluie qui ne cessait de tomber en trombe. La vie n’avait pas encore repris son court, personne n’osait s’aventurer hors des murs de leur appartement. Les Londoniens avaient vu de leur propre yeux, ce que les sorciers étaient capable de faire, à eux, les moldus. Donnez leur une baguette et ils avaient le monde entre les mains. Tous, étaient terrifiés.
Bien que la bataille fut dure et longue, les sorciers avaient fini par s’en prendre au Premier Ministre moldu, et à le faire abdiquer. Et depuis, la peur et la violence régnaient dans les esprits. C’était comme si la vie s’était arrêtée, et tout le monde se demandait qui pourrait bien être le premier à oser sortir de chez lui.
Mais alors que faisaient les habitants de la belle capitale? Marie mangeait de la jelly, rare chose qui lui restait dans ses placards; il faut dire qu’elle retardait au plus possible le moment où elle devait sortir de chez elle pour se trouver à manger. Mark quant à lui, regarder des films, encore et encore, à la télévision. Emma et Jack avaient eux, du mal à tout réaliser, ils restaient dans leur lit toute la journée. Mais que faisait la jeune Skyline, qui avait vu la bataille de ses propres yeux, qui connaissait la magie, puisque dès son plus jeune âge, elle avait baigné dedans? Il faut dire, quand maman travaille à Poudlard et papa au Ministère, on passe plus de temps à essayer de faire des étincelles avec ses doigts qu’à se demander combien font trois plus trois.
Skyline était une jeune fille blondinette, qui ne comprenait pas vraiment pourquoi en un rien de temps, la vie avait changé. Et puis d’ailleurs, pourquoi la famille avait préféré se carapater à Londres plutôt qu’un endroit plus sûr à Pré-au-Lard, ou bien même au château? Ils devaient rester groupés, c’est ce que maman disait. Et papa et maman devaient prendre part à la bataille, c’était un peu obligé, pour les sorciers. Alors, ils restaient dans leur appartement de Londres, au cas où. La violence des moldus était telle que ce n’était pas vraiment partisans des Mangemorts contre les autres, mais plutôt qui peut sauve sa vie.
Skyline avait un grand frère, Cole. Les deux enfants n’avaient aucunement le droit de sortir de l’appartement. Et puis de toute façon, la porte avait été ensorcelée de telle sorte que personne, à part les parents des deux petits monstres, ne pouvaient entrer ou sortir de là.
Cole adorait sa petite soeur, mais bien-sûr il ne lui montrait pas directement. Il l’a laissait s’amuser avec ses jouets, sauf un. Son mini balais volant. Ah ça, non! Skyline avait la formelle interdiction d’y toucher. Mais bien entendu, ne pas en avoir le droit, c’est ce qui donnait encore plus envie à la blondinette d’attraper ce fameux jouet. Il lui fallait un plan parfait. Le seul problème étant qu’elle n’avait que dix printemps, la petite Benbow. Alors pour la logique et les mathématiques, elle n’était pas encore tout à fait au point. Mais c’est comme ça que la petite fille avait décidé d’occuper quelques une de ses journées, pendant que tout avait été mis entre parenthèses.
Allongée sur son lit, la tête dans les étoiles dessinées au plafond, Skyline rêvait les yeux ouverts. Elle imaginait un monde de fleurs et de magie douce. Elle avait mal au coeur de cette violence et pour son jeune âge, elle en avait trop vu. Tous les gens qu’elle croisait dans sa tête, portaient un sourire, simplement parce qu’il étaient heureux. Seulement le vrai monde ne ressemblait pas à ça, elle le savait. Alors sur cette idée, elle ferma les yeux, paisiblement. Elle s’endormit quelques minutes plus tard, pour sombrer dans un sommeil profond.
Lorsqu’elle se réveilla, la jeune fille eut une impression bizarre… Elle ne s’était pas douté que son monde pouvait encore basculer. Timidement, elle se leva, et prit la porte de sa chambre, pour découvrir un spectacle qui la fit tomber à genoux. Tout l’appartement avait été saccagé, chaque recoin, chaque objet. La petite fille se mit à pleurer, instinctivement. Puis difficilement, elle fit le tour des chambres: personne. Du haut de ses dix ans, elle se retrouvait seule, sans ses parents, sans son frère, dans un monde qui la terrorisait.
Elle aurait voulu se cacher dans un placard, pour le restant de sa vie, rester carapatée pour être sûre de ne pas se faire trouver. Seulement, elle voulait revoir ses parents. Bien que de chaudes larmes coulaient sur son visage de petite poupée, elle était décidée à sortir au dehors. Elle n’avait plus le choix. Dans sa tête c’était comme si elle avait prit dix ans. Elle n’avait plus qu’une seule chose à laquelle se raccrocher, prendre son papa et sa maman dans ses bras.
Skyline enfila ses chaussures à scratch, puis se faufilait déjà entre les dégâts de l’appartement, jusqu’à la chambre de son frère. Persuadée qu’elle irait plus vite sur un mini balais, elle ouvrit le placard de Cole, satisfaite de le voir toujours emballé dans une couverture. Elle s’empara du jouet sans vraiment savoir qu’il ne lui serait pas d’une grande utilité, et prit la fuite en sortant de l’appartement, dont la porte d’entrée était restée grande ouverte après le cambriolage. La petite fille n’avait pas la moindre idée de comment les criminels avaient pu dévier le sortilège de ses parents.
Dévalant les escaliers à toute vitesse, elle n’avait rien pris d’autre que le balais-jouet de son frère. La jeune souffla un coup, puis poussa la porte du hall. Une chaleur étouffante la prit de court, et il y avait une sorte de brume constante qui l’empêchait de voir à l’horizon. Et oui très vite, elle se retrouva trempée à cause de la pluie.
La petite fille prit ses jambes à son cou et commença à se hâter, dans les rues de Londres, pour trouver quelqu’un qui pourrait l’aider. Elle s’enfonça alors dans une rue mondaine, enfin si de mondaine pouvait-on encore la qualifier.
Elle marchait à tâtons dans cette partie de Londres, et s’aperçut ensuite, qu’elle n’était pas vraiment seule. Un chat tout noir vint lui caresser les jambes. Comme son frère, Skyline adorait les animaux. Un peu de baume au coeur de lui faisait pas de mal. Elle s'accroupit pour caresser le vieux chat qui était lui aussi, tout content d’avoir trouvé quelqu’un. Skyline leva les sourcils lorsque l’animal tourna la tête d’un côté comme pour lui avertir de le suivre. Soit, peut-être n’était-ce-que son imagination, mais la jeune fille ne se fit pas prier, et elle s’enfonça dans les profondeurs de la ville, juste derrière le chat noir.
Après quelques secondes de marche douteuse pour la jeune Benbow, le chat l’emmena auprès d’un homme étrange. Il portait un chapeau, ses yeux étaient à demi cachés, il avait un masque en cuir, et un bras pas très humain. La petite fille aurait voulu courir, tétanisée. Mais cet étrange monsieur avait bizarrement, quelque chose de rassurant. Elle n’osait rien dire, évidemment. C’est alors que le chat noir se hissa sur pattes arrière, et en un rien de temps, se transforma en un vieil homme, avec de longs cheveux et une longue barbe poivre et sel. Le sang de Sky ne fit qu’un tour, elle se retrouvait alors avec deux hommes parfaitement inconnus. Une ou deux secondes, elle resta la tête levée vers les étrangers, pour finalement demander:
“Je...J’ai perdu mes parents”.
Ce à quoi le vieil homme répondit:
“Nous le savons”.
Skyline arbora de gros yeux. Comment ça, ils le savaient? L’étrange homme quant à lui, se décida à son tour d’ouvrir la bouche, pour rassurer la jeune fille:
“On s’doutait qu’tallais débarquer. Puis sinon, on s’rait v’nu t’chercher, hein. Faut pas laisser un p’tite fille toute seule!
-Mais, comment ça?
-On a vu tes parents, et ton grand frère. Je ne sais pas ce qui leur veule, mais on a bien vu qu’ils avaient oublié la petite dernière, la petite Skyline!
-Comment connaissez-vous mon prénom? Et ma famille? Où sont-ils?!
-Eh du calme la m’selle, faut pas s’en faire! On va les r’trouver moi j’te l’dis. On kidnappe pas m’dame Philaester comme ça hein.
-Mais...Qui êtes vous?
-De grands amis de tes parents, enfin de ta maman, particulièrement. Elle nous a donné un toit il y a longtemps, alors qu’on vivait chacun dans la rue. Depuis on a gardé contact, puis elle nous a demandé de veiller sur toi et ton frère. Elle savait que ça allait arriver, je crois. Mais elle ne pensait pas que Cole serait mêlé à tout ça. Enfin. Tes parents sont retenus au Ministère.
-Au Ministère?? Il faut y aller!
-Oh mais, ils ne le seront plus pour longtemps. L’Ordre du Phénix est sur le coup, ne t’inquiète pas.”
La demoiselle resta silencieuse. Qu’est-ce-que c’était que cette histoire? Elle avait envie de croire les deux monsieurs, mais une voix intérieure ne lui disait rien qui vaille concernant les énergumènes. Elle fit mine de partir, mais à peine avait-elle décollé son pied du sol que l’étrange homme l’avait prit par le bras.
“Pas si vite, m’amselle. On va pas t’faire de mal”.
Il avait ce regard paradoxal. Comme si il savait parfaitement embobiner les gens. Skyline n’en savait rien, elle ne comprenait pas grand chose. Le vieil homme souriait de toutes ses dents à la jeune fille, ce qui lui procurait, il faut le dire, un sentiment de dégoût. Elle ne se sentait pas à l’aise. Elle ne voulait qu’une seule chose, revoir ses parents.
“Alors que fait-on?
-Tu vas nous suivre.”
Dans sa voix, Skyline comprit qu’elle n’avait pas du tout le choix. Alors de pas traînants elle suivait les hommes qui avaient commencé déjà à prendre la route. Durant une heure ou presque ils marchèrent, tandis que la demoiselle avait enfourché le jouet de son frère qui lui permettait de voler à quelques centimètres du sol. Au moins, ça ne lui fatiguait pas les jambes.
Ils arrivèrent devant une vieille maison. Tout le long du trajet Skyline s’était demandée si oui ou non, tout cela était une bonne idée. Quoi qu’il en soit la blondinette prit confiance quand elle vit une jolie demoiselle, d’une quinzaine d’année environ, brunette aux yeux d’un bleu magnifique. Elle lui chuchota d’entrer. Skyline ne réfléchit pas plus longtemps, et en trois enjambées, elle découvrait l’intérieur.
La maison était assez miteuse, ça sentait la poussière. Il y avait beaucoup de bazarre et pas beaucoup d’endroit pour s’asseoir. Accrochée à son balais-jouet volant, la petite sorcière zieutait les environs d’un air étonné. Il y avait des ustensiles de potions en tout genre, une marmite pleine d’une liquide visqueux, des jouets anciens et des livres abandonnés. Skyline apporta son attention sur un ours métallique, rouillé, et plein de vis. Décidément, elle passait une journée qu’elle n’était pas prête d’oublier… Qu’était donc cet endroit?
La jeune fille aux yeux bleus ne parlait pas, et avait un sourire constant sur les lèvres. Skyline préféra la regarder elle, c’était la seule chose ici, qui lui inspirait confiance.
Mais tout à coup, le vieil homme se jeta sur la petite Benbow et lui prit un bras; l’étrange monsieur lui, se chargea de l’autre; elle fit tomber son précieux balais. Bien qu’elle eût usé de toutes ses forces pour se débattre, Sky restait prisonnière des deux individus. Des larmes coulaient déjà sur ses joues et elle s’en voulait, elle aurait dû voir cela arriver. Elle tenta de soudoyer la brunette du regard mais celle-ci arbora finalement un sourire narquois alors que le polynectar cessa après quelques minutes de fonctionner, sous les cris horrifiés de la petite fille.
Les beaux yeux bleus se transformèrent en iris noires et les cheveux bruns disparurent pour laisser un crâne rasé et luisant de sueur. Le sorcier reprit son apparence normale, il était répugnant, petit, maigre comme tout et il avait l’air vieux comme le monde. Skyline n’avait jamais vu quelqu’un a qui il manquait autant de dents. Malgré la continuité de ses cris, il n’y avait rien à faire. Les trois hommes se mirent à rire si fort que l’on ne pouvait percevoir les gémissement de la pauvre petite fille, qui hurlait à la mort. L’homme face à elle dégaina sa baguette, et après avoir rigolé une dernière fois, il pointa la petite princesse et lança les deux mots irrémédiables du sortilège impardonnable.
Skyline n’eut pas le temps de voir la lueur verte sortir de la baguette. Elle tomba raide morte, et sur son mince cadavre de petite fille, coulaient encore ses dernières larmes. Elle avait finalement rejoint sa famille, et je suis sure qu'Azénor l'avait accueillie les bras ouverts.
- hrp:
