DILEMMES
Cette impression de tomber, chuter dans le vide, incapable de se retenir. Et dans un sursaut, se réveiller.
Tu te relèves, décolles ta tête de la table en bois sur laquelle tu t’étais affaissé.e. Tes mains ont accroché les papiers sur la table, brochures froissées entre tes doigts. Les yeux pas encore vraiment ouverts, tu en attires deux à toi. Et au fur et à mesure que tu les regardes, tu te souviens de ce que tu étais en train de faire avant de sombrer dans le sommeil. C’est que c’est difficile de choisir où partir en vacances, avec ton train-train éreintant, les jours avalés par la routine. Circonspect.e, tu regardes les prospectus entre tes mains. Sur l’un, la photo animée d’un château entouré d’une eau calme. Il se tient là, harcelé par le lac, enserré par les montagnes, la plus haute tour comme dressée contre la nature envahissante. Et au dessus, inscrit en lettres scintillantes, la réclame ; « À LA RENCONTRE DES ROIS MOLDUS ». Ça t’intrigue, l’histoire Moldue. Tu es comme fasciné.e par leur capacité à se débrouiller sans magie. Mais tu laisses tout de même tes yeux glisser sur l’autre annonce ; petite ville italienne entassée sur des rochers, maisons colorées et marché animé. Le patelin domine une calme Méditerranée que l’on distingue en contrebas. Promesses sur le prospectus ; « DÉCOUVREZ LE CHARME DU PLUS ANCIEN VILLAGE SORCIER ITALIEN ». Tu soupires, hésites encore, et finalement, ne garde qu’une annonce entre tes doigts.
→ Où vas-tu ?
Tu te relèves, décolles ta tête de la table en bois sur laquelle tu t’étais affaissé.e. Tes mains ont accroché les papiers sur la table, brochures froissées entre tes doigts. Les yeux pas encore vraiment ouverts, tu en attires deux à toi. Et au fur et à mesure que tu les regardes, tu te souviens de ce que tu étais en train de faire avant de sombrer dans le sommeil. C’est que c’est difficile de choisir où partir en vacances, avec ton train-train éreintant, les jours avalés par la routine. Circonspect.e, tu regardes les prospectus entre tes mains. Sur l’un, la photo animée d’un château entouré d’une eau calme. Il se tient là, harcelé par le lac, enserré par les montagnes, la plus haute tour comme dressée contre la nature envahissante. Et au dessus, inscrit en lettres scintillantes, la réclame ; « À LA RENCONTRE DES ROIS MOLDUS ». Ça t’intrigue, l’histoire Moldue. Tu es comme fasciné.e par leur capacité à se débrouiller sans magie. Mais tu laisses tout de même tes yeux glisser sur l’autre annonce ; petite ville italienne entassée sur des rochers, maisons colorées et marché animé. Le patelin domine une calme Méditerranée que l’on distingue en contrebas. Promesses sur le prospectus ; « DÉCOUVREZ LE CHARME DU PLUS ANCIEN VILLAGE SORCIER ITALIEN ». Tu soupires, hésites encore, et finalement, ne garde qu’une annonce entre tes doigts.
→ Où vas-tu ?
- CHÂTEAU FRANÇAIS:
Tu sors un peu vacillant.e du Magicobus bondé de vacanciers. L’avantage de ce moyen de locomotion, c’est qu’il peut te déposer pile à l’endroit indiqué, y compris dans des lieux moldus, mais le voyage a été mouvementé. Ta valise en cuir à tes côtés et tes mains sur tes hanches tu observes le paysage. Et tu te dis que, vraiment, tu as fait le bon choix. Tu es sur l’île minuscule colonisée par le château de pierres, et tu observes le lac, à perte de vue. La surface en miroir te renvoie ton image. Tu lèves la tête, et il faut te tordre le cou pour apercevoir le sommet de la haute tour qui t’avait tant plu en photo. Tu oses même t’approcher un peu pour toucher le mur blanchit, lisse et froid. C’est certes un peu austère, mais tu te dis que cela te changera de ton quotidien confortable. Et puis, ils font comme ils peuvent les Moldus, sans magie. Te mettant en marche, tu te faufiles à travers les herbes hautes, seule végétation de l’île, jusqu’à une lourde porte en bois. Elle est imposante, ceinturée de lames de métal noir, probablement infranchissable lorsqu’elle n’est pas entrouverte comme aujourd’hui. Tu pousses un battant, te retrouves dans l’entrée. Si dehors, la douce lumière de fin d’après-midi avait réchauffé ton visage, il n’y a ici que l’obscurité couplée à une chaleur relative. Les fenêtres hautes ne parviennent qu’à capter de rares rayons de soleil, et les murs froids ne sont habillés que de pierres. Au sol, la même pierre, dure, polie par les passages, glissante. Pas un meuble, pas une décoration, et pas une âme. Tu commences à douter de ton choix, mais peut-être qu’en haut de ce grand escalier en bois, tu trouveras un autre visiteur ? Tu décides de gravir les marches, qui craquent sous tes pas. Tes doigts sur la rampe charrient la poussière déposée en flocons. Te frottant les mains, tu regardes autour de toi, et tes pas te portent vers une petite porte à gauche.
Tu la pousses doucement, et tombes nez à nez avec un escalier qui descend. Le chemin est éclairé par des torches contre le mur, et l’atmosphère est doucement inquiétante. Pendant quelques minutes, il n’y a plus que le bruit de tes talons contre les marches, et soudain, tu débarques dans une pièce. Elle a l’air grande, mais pourtant tu t’y sens oppressé.e, comme si le plafond bas allait t’écraser. Contre un mur, une montagne de livres, les uns sur les autres dans une construction instable. Il y en a d’autres, des livres, sur le sol. Des pages déchirées sont roulées en boule près d’un grand poêle, la seule source de lumière de la salle. Il ronronne de chaleur, avec son ventre ouvert et le tube de métal qui s’échappe vers les étages supérieurs. Les flammes incandescentes dansent contre les murs. Et par terre, une vieil homme.
Il a l’air d’avoir traversé les années avec peine. Ses traits sont marqués par la vie qui est passée, a glissé sur lui, ridé sa peau. Tu distingues ses cheveux longs, emmêlés, grisâtres. Mais lui, il ne te voit pas. Assis en tailleurs sur le sol, il murmure à voix basse, un livre posé sur ses genoux. Ses doigts suivent les mots, jusqu’à s’arrêter en bas de la page. Une pause, un soupir que tu perçois, et le bruit de la page qui s’arrache, déchirement. Et comme s’il avait déjà répété le geste des centaines de fois, il ratatine les précieux mots en une boule de papier qu’il jette dans le feu. Ce n’est que là qu’il t’aperçoit. « Vous êtes le nouveau bruleur de livres ? » Les mots sont murmurés, la voix rocailleuse, comme si elle n’avait pas servi depuis longtemps. « Le quoi ? » que tu demandes, incertain.e. « Vous venez prendre ma place ? Je suis libre ? » Vraiment, la situation t’échappe. Et ça doit se voir, parce que l’homme consent à te donner des informations. « Les bruleurs de livres se relaient tous les dix ans. Ils réchauffent le château avec le seul combustible qu’il reste sur l’île. Il paraît qu’avant, il y avait du bois ici, une étagère même ! Mais nous, nous n’avons le choix qu’entre les livres ». Tu le regardes, cet homme rempli d’espoir à l’idée de quitter cette cave, et tu plonges la main dans ta poche.
→ Que fais-tu ?- JE SORS MA BAGUETTE:
Tu souris, fier.e de toi, confiant.e. Car tu as la solution. Ta main se referme sur ta baguette, et tu la tires de ton vêtement, la présente au Moldu. « Pas besoin d’un bruleur de livre » que tu fanfaronnes avant d’informuler un Incendio qui crée immédiatement un feu nourri et ronronnant. Mais tu n’es pas sûr.e que l’homme ait vraiment remarqué cet étrange tour de magie. Car son regard est rivé sur ta baguette. Elle semble l’hypnotiser, le happer. Et il s’approche. Tu le laisses faire, car après tout, c’est normal qu’il soit impressionné de la sorte. Sans te le demander, il te prend ta baguette des mains, la regarde avec une attention démesurée. « Je n’ai pas vu de bois depuis dix ans » qu’il murmure. Et alors que tu comprends ton erreur, il se détourne de toi et se hâte vers le poêle. Tu amorces un mouvement, mais trop tard, ta précieuse baguette est dans les flammes.
L’homme reste regarder le feu un long moment, immobile, apaisé. Et puis, il semble se souvenir qu’il n’est plus le bruleur de livres désormais, puisque tu es là. Alors, il approche lentement de toi, tend une main que tu serres mollement, vidé.e de ton énergie, de ta magie. Tu ne bouges pas quand il s’éloigne, pas non plus de mouvement quand tu entends la porte claquer derrière toi. Tu pensais être au dessus des Moldus, et tu te retrouves ici, à bruler des livres. Probablement recherché par le Ministère pour avoir violé le Code International du Secret Magique, aussi.
Tu ne sais pas combien de temps tu restes debout, dans cette pièce. Mais il se passe un long moment avant que tu ne t’approches des livres sur le sol. De la littérature française, des livres cornés, abîmés, jaunis. Tu te demandes ce que vas bruler en premier. Quel livre vas-tu considérer comme valant moins que les autres ? Lequel te fera le moins de peine à déchirer ?
- JE CACHE MA CONDITION DE SORCIER.E:
Tes doigts se serrent sur ta baguette, caressent le bois de l’objet qui pourrait tout résoudre. Car à vrai dire, un Incendio et l’existence du bruleur de livres serait réduite à néant – en fumée. Mais tu es venu.e ici pour découvrir la vie Moldue, et tu n’as guère envie d’être poursuivi.e par le Ministère pour avoir brisé le Code International du Secret Magique. Alors, tu joues le jeu. « C’est bien moi ». Le visage de l’homme s’éclaire, et il se lève, s’approche de toi. Tu as juste le temps de desserrer ta main de ta baguette, la sortir de ta poche, avant que l’inconnu ne te serre chaleureusement contre lui. Et, sans ajouter un mot, il se rue dehors. Tu entends le claquement de la porte en haut de l’escalier, et tu sais que tu es désormais seul.e. Tu t’approches un peu des livres sur le sol. De la littérature française, des livres cornés, abîmés, jaunis. Tu te demandes ce que tu aurais brulé en premier. Quel livre aurais-tu considéré comme valant moins que les autres ? Lequel t’aurais fait le moins de peine à déchirer ? Mais tu n’as pas à te poser ce genre de questions. Car déjà, tu amorces un tour sur toi-même, et dans un crac sonore, tu transplanes à l’extérieur de la bâtisse.
- VILLAGE ITALIEN:
Tu époussettes tes vêtements recouverts de suie et sors de l’âtre. Tu n’es pas sûr.e que le trajet par poudre de cheminette soit celui qui te convienne, mais au moins le réseau européen est fonctionnel. Tu es arrivé.e dans une pièce où un petit monsieur en uniforme contrôle ton identité, avant de te laisser sortir. Et te voilà dehors, plissant tes yeux pas encore tout à fait habitués au soleil italien. Un mélange d’eau iodée et de pain tout juste sorti du four arrivent à tes narines, et tu te sens enfin en vacances. Requinqué.e par ces odeurs d’été, tu entreprends de déambuler dans les petites rues jusqu’à ton hôtel. Il est encore tôt et les ruelles sont vides, il n’y a que tes pas qui claquent les pavés inégaux alors que tu descends une rue bordée de maisons bariolées. Et alors que, le nez en l’air, tu profitais de ta ballade, tu remarques à ta droite une petite allée qui tranche avec l’esthétique italienne. Les murs ne sont plus blancs mais en brique d’un rouge terne, tandis que les pavés ont laissé la place à du goudron. Un coup d’œil sur la route où tu te trouves, un autre vers l’étrange ruelle.
→ Que fais-tu ?- JE CONTINUE SUR LA ROUTE OÙ JE ME TROUVE:
Haussement d’épaule, après tout, cette configuration étrange ne t’interpelle pas plus que ça. Tu n’es pas du genre aventureux.se, toi tu veux juste aller déposer ta petite valise et entamer tes petites vacances. Rien ne viendra te détourner de ton paresseux objectif. La narratrice t’en félicite, car tu as choisi la fin la moins drôle de toutes, mais aussi celle qui se finit le mieux. Si finalement tu as envie de frisson, n’hésite pas à revenir un peu (ou beaucoup) en arrière !
- JE PRENDS LA RUELLE:
Soit les italiens ont vraiment mauvais goût, soit il se passe quelque chose d’étrange dans cette rue. C’est qu’elle semble juste... ne pas être à la bonne place. Tu fais quelques pas dans la ruelle sombre, ombrageuse. Il y a par ici une odeur de pluie, et le goudron scintille encore de la dernière averse. C’est bizarre, que tu te dis en te retournant vers la rue que tu viens de quitter, parce que les pavés ne semblent pas avoir reçu la moindre goutte d’eau. Tu avances, et tes yeux accrochent des escaliers rouillés, suspendus les uns aux autres. Tu fronces les sourcils devant cette configuration typiquement américaine. Et c’est à ce moment que tes yeux accrochent le chat assis sur l’une des marches. Il semble te fixer – véritablement te regarder. Et c’est comme s’il cherchait ton attention, car une fois que tu l’as remarqué, il se lève et descend les escaliers, vient se frotter contre tes jambes. Il est mignon, que tu te dis en entendant ses ronronnements, avec son pelage d’encre. Et quand tu allais te baisser pour le caresser, le voilà qui s’éloigne. Tu le suis des yeux, et tu es à peine surpris.e de le voir se retourner vers toi. Après tout, tu es un.e sorcier.e et les animaux qui ne sont pas que des animaux, tu connais. Tu te dis que tu vas le suivre. Tu as le temps, et puis, pourquoi pas. Quelques pas vers lui, qui avance, garde la même distance entre vous. Et le voilà qui se glisse à travers une porte rouillée, entrouverte. Un coup d’œil, tu n’aperçois que l’obscurité. Mais tu n’es pas arrivé.e là pour faire demi-tour, alors tu pousses la porte et tu t’engouffres dans l’inconnu.
Tu ne distingues plus le chat, tant l’obscurité est épaisse dans ce que tu penses être un couloir. Tu attends quelques instants immobile, le temps que tes yeux s’habituent. Et ce n’est qu’au bout de quelques longues secondes que tu aperçois une raie de lumière sous une porte, comme un fil doré auquel te raccrocher, pour te guider. Les bras tendus devant toi, tu avances, presque aveugle, vers le soleil artificiel. Et tu n’es pas vraiment surpris.e, en arrivant devant la porte, d’entendre de nouveau des ronronnements près de tes jambes. Ils sont mélangés cependant, avec un bruit nouveau. Comme le clapotis impatient d’une eau bouillonnante. Tu hésites à pousser la porte, planté.e là dans le couloir. Et une fois de plus, c’est le chat qui te guide. Sa tête contre le battant, chat-bélier. Cette fois-ci, la lumière t’inonde, et pendant que tes yeux s’habituent, tu entends une voix grave qui s’exclame « Ah te voilà toi ! Où étais-tu passé ? Hé ! Vous êtes qui vous ? »
Entre tes paupières à moitié closes, tu distingues une masse qui s’approche, claudiquant, les pas mêlés à un claquement sec. Ta main fouille ta poche, se serre, tremblante, sur ta baguette que tu pointes vers l’inconnu. Il s’arrête, et ton regard désormais habitué à la lumière se pose sur lui. Tu ne vois que ses yeux qui te dévisagent, le reste de son visage étant caché derrière un masque et un haut de forme. « Ah, vous êtes un sorcier ? Le chat ramène parfois des Moldus, mais vous, je n’aurai pas à vous oublietter. Puisque que vous êtes là... Approchez. » Et il se retourne dans une chorale de cliquetis. Tu en profites pour reprendre tes esprits et observer la pièce. Tu es dans une sorte de cave, meublée d’une étagère remplie de fioles et d’un petit établi derrière lequel l’inconnu est retourné. Sur le plan de travail, un chaudron qui clapote – l’origine du bruit que tu avais cru percevoir plus tôt. Aussi, différentes fioles de plusieurs couleurs et un mortier qui semble avoir récemment servi à écraser quelque chose maintenant réduit en poudre verte. Et dans un coin, le chat roulé en boule.
Tu approches de l’établi, méfiant.e. C’est que l’inconnu ne t’inspire pas vraiment confiance. Affalé sur une canne, il est sanglé dans un étrange attirail de boulons et de cuir. Et cette main, n’est-elle pas artificielle ? Mais l’homme s’est déjà détourné de toi et mélange le contenu du chaudron que tu regardes d’un air circonspect. « La rue, dehors... » que tu commences. « Ah, elle ressemble à quoi cette fois-ci ? » qu’il te répond sans te regarder. Tu la décris brièvement, assez pour que l’autre s’arrête de remuer son étrange mixture. Il saisit une plume posée près de lui, et sur l’étiquette vierge d’une des fioles, griffonne un inscription que tu déchiffres : États-Unis, années 2000. Tu ouvres la bouche mais l’inconnu ne semble pas prêt à répondre à ton air interrogateur. Il range avec application la petite fiole sur l’étagère derrière lui, et se retournant, te propose « Vous voulez essayer ? » « Essayer quoi ? » Tu n’as pas confiance en cet homme, ni en son accoutrement bizarre et ses expériences étranges. « Buvez le contenu d’une de ces fioles » qu’il dit en désignant cinq contenants posés près du chaudron. « Toutes vers une époque différente. Mais rassurez-vous, rien de dangereux, elles ne feront effet que dans la rue que vous venez de parcourir. Quelques mètres et vous retrouverez l’Italie. »
→ Que fais-tu ?- NE PAS BOIRE:
Tu hoches la tête de gauche à droite, décline poliment. L’inconnu te regarde, soupire. « Vous êtes de ces gens-là », qu’il dit d’un air déçu. « Alors sortez. » Tu ne te le fais pas dire deux fois et retourne sur tes pas, remontes le couloir, l’étrange rue bloquée dans une autre époque, et déguerpis bien vite. T’es pas du genre aventureux.se, toi tu veux juste aller déposer ta petite valise et entamer tes petites vacances. Rien ne viendra te détourner de ton paresseux objectif. La narratrice t’en félicite, car tu as choisi une des fins les moins drôles de toutes, mais aussi une de celles qui se finit le mieux. Si finalement tu as envie de frisson, n’hésite pas à revenir un peu (ou beaucoup) en arrière !
- BOIRE:
Tu regardes les fioles colorées posées sur l’établi et tu te dis qu’après tout, ça peut être rigolo. Et puis, tu ne risques rien ; quelques mètres, et te revoilà loin de cet étrange espace-temps modulable à l’envie. Tu hésites encore un peu, mais tu es tenté.e de savoir où tu pourrais atterrir. L’aventure, c’est excitant ! Tu pointes ton doigt sur l’une des fioles « Je vais prendre celle-ci ». Désignant une fiole remplie d’un liquide émeraude, tu attends l’aval du potionniste pour t’en saisir. Le bouchon de liège saute entre tes mains et tu avales la potion d’une gorgée. Tu la sens couleur dans l’œsophage, tandis que dans ta bouche, un arrière goût de terre. « C’est tout ? » que tu demandes. « Il faut sortir, maintenant. Pour voir. » T’encourage l’homme.
Ton cœur bat à la chamade tandis que tu remontes le couloir. Jouer avec le feu, avec le temps, tu aimes. Tu pousses la porte rouillée avec enthousiasme et...
La rue goudronnée a disparu. Tu aperçois encore la ruelle italienne à quelques mètres, mais tu es désormais dans un vaste champ à l’herbe piétinée. Il y a une masse sombre un peu plus loin, tu plisses les yeux pour voir ce qui ressemble à un oiseau, mais n'est-il pas beaucoup trop imposant ?
Et pendant que tu observes l'étrange animal, tu sens le ciel s'assombrir, faire comme un cercle d’obscurité autour de toi. Pourtant, au loin, le ciel est encore bleu, pourquoi... Tu lèves la tête, et l’exclamation reste coincée dans ta gorge. Avant de te faire écraser par l’énorme pate du Diplodocus, tu as une dernière pensée pour le potionniste qui t’avais convaincu que tu ne courrais aucun danger. Peut-être que tu aurais dû prendre une fiole qui t’amenait autre part qu’à l'ère Jurassique.