[Concours RPG] Un Noël édifiant - Azénor Benbow

La disparition de trop
Un Noël Édifiant - décembre 2018
LA de Cara
Je précise que nous ne nous sommes absolument pas concertées avec Cara (c’est dingue)

Azénor était une femme respectable. Toujours parfaitement présentée, on l’a reconnaissait dans les rues de Pré-au-Lard grâce à son poste de Directrice de Poudlard fraîchement obtenu. Bien qu’assez petite de taille, la dame en imposait. Elle avait des cheveux bruns qui commençaient à titiller ses épaules, des yeux foncés, de longs cils noirs et un petit nez retroussé. Elle avait un port de tête qui l’a rendait gracieuse, sa démarche légendaire était reconnaissable entre cent. Elle était connue pour être toujours bienveillante envers ses élèves, d’ailleurs en chacun d’entre eux, elle voyait un certain potentiel, une entité unique. Elle se mettait toujours en quatre pour tenter de venir en aide à une petite âme égarée. Souvent, elle était l’oreille à qui parler, l’épaule sur laquelle se reposer. Elle avait deux merveilleux petits enfants, Cole, étudiant à Poudlard, et Skyline, sa petite dernière. Elle était éperdument amoureuse de son mari qu’elle chérissait tout particulièrement, connu dans la communauté magique pour avoir été professeur et directeur de maison à Poudlard. Le pauvre était tombé dans le coma, et ne s’était jamais réveillé depuis. Mais Azénor ne perdait pas espoir. Elle lui parlait, persuadée qu’il pouvait comprendre ce qu’elle lui racontait. Au plus profond de son coeur, elle s’autorisait à espérer qu’un jour, il rouvre les yeux sur la vie, et qu’ensemble, ils recommenceraient là où ils avaient dû s’arrêter.

Noël arrivait à grands pas et le château de Poudlard était décoré de mille et une coquetteries. Azénor avait fait installer des guirlandes aux couleurs des quatre maisons un peu partout dans le château, dans les salles communes, sur les grands pylônes, dans les couloirs menant aux salles de classe. La Grande Salle resplendissait de la magie de Noël. Il y avait un gigantesque sapin juste à côté de la table du personnel du château, habillé de boules et de guirlandes dans les tons de doré. Sur chaque table, étaient dessinés des traîneaux tirés par des cerfs, et si on regardait assez longtemps, on pouvait remarquer des sourires sur leur frimousse. Bien qu’Azénor eut fait son possible pour rendre le château féérique en cette période de l’année toute particulière, on ne distinguait pas un sourire sur les visages. En réalité, ce qu’on voyait le plus, c’était la peur dans les regards de tout le monde…
En effet, les journaux ne parlaient plus que des disparitions d’enfants qui avaient lieu depuis quelques jours. Le total s’élevait déjà à cinq petits innocents. Tous, étaient élève à Poudlard, et bien qu’Azénor ne soit pas employée du Ministère pour un sous, elle se posait nombre de questions, et voulait savoir ce qu’il se passait. Elle voulait des réponses à ses pourquoi. Et plus que tout, elle avait pour but d’arrêter ce désastre! Les meilleurs enquêteurs du Ministère avaient déjà été mobilisés pour la situation, mais rien n’avait été concluant. Cela devait s’arrêter.

Azénor aimait marcher dans les rues de Pré-au-Lard, très tôt le matin, avant de se rendre au château. Elle aimait le bruit de la neige qui craquait sous ses chaussures, l’odeur de pâtisserie en train de cuire, et la légère fumée qui sortait de sa bouche quand elle respirait l’air frais de l’aube. Elle ne s’étonnait plus des multiples affiches collées sur les murs de pré-au-Lard, promettants une récompense alléchante contre quelconque information donnée sur cet événement qu’on entendait de toutes les bouches. Elle passait désormais devant en levant les yeux au ciel, attristée que l’argent soit la seule récompense valable pour aider les enquêteurs. La justice ne primait-elle pas? La sécurité des enfants non plus?

Bien qu’énormément tracassée par les événements et ces étranges disparitions, elle se devait de continuer son travail et d’être là pour ses élèves. Après tout, les enfants passaient le plus clair de leur temps à Poudlard, c’était donc le meilleur moyen pour les surveiller, et si possible, empêcher une quelconque agression. La pauvre n’avait plus que cela en tête. Sans cesse, elle se demandait qui donc pouvait être à l’origine de ce désastre. Elle voulait agir activement dans l’affaire, tant elle se sentait préoccupée, et parfois même fautive. Pourquoi ces élèves disparaissaient-ils alors qu’ils étaient principalement sous sa garde? Y-avait-il un lien avec la nouvelle direction de Poudlard? Penser à tout cela lui faisait froid dans le dos.

Alors qu’elle prit un détour en direction du château, elle sursauta en entendant un énorme cri poussé par une femme, derrière elle. Pré-au-Lard était pourtant si silencieux, à l’accoutumée! Surprise, Azénor fit demi tour pour aller rassurer cette pauvre femme. Plus la Directrice se rapprochait, plus elle remarquait les pleurs sur les joues de la sorcière. Immédiatement, et quelques peu inquiète, Azénor demanda ce qu’il s’était passé. C’est à ce moment là qu’elle vit un petit gant dans la main de la femme catastrophée. Entre ses sanglots, elle comprit que son enfant venait d’être enlevé. Malheur! Le souffle court, Azénor regarda dans toutes les directions voisines, à l'affût d’une quelconque information sur le kidnappeur. C’est alors qu’elle remarqua des traces de pas qui se formaient dans la neige. La démarche avait l’air lourde, et hasardeuse. Prenant ses jambes à son cou, la Directrice ne réfléchit point à deux fois avant de se lancer à la poursuite des traces de pas mystérieuses. Décidée à rendre justice et à, une bonne fois pour toute, redonner sécurité et sourires aux enfants et aux élèves de la communauté magique, elle se sentit pousser des ailes, et bientôt, rattrapa ces traces de pas. Elle voulut plonger sur l’inconnu.e mais au lieu de cela, à peine avait-elle tendue la main qu’elle se retrouva propulsée dans un tourbillon désagréable qu’elle ne connaissait que trop bien: elle avait transplané avec le malfaiteur.

L'atterrissage fut difficile. Bien qu’expérimentée dans ce domaine, Azénor ne s’était pas attendu une seule seconde à se retrouver “prise au piège” avec l’inconnu.e voleur d’enfants! Elle se sentait frémir, l’envie de vomir lui prenait presque, ce qui lui rappelait malheureusement ses premiers essais de transplanage, il y a fort longtemps. Rapidement, elle se releva, et épousseta sa robe de sorcière. En relevant la tête pour s’informer d’où elle avait atterri, la directrice tomba des nues:
“Cara?! Mais, que fais-tu ici?”

Cara De Lanxorre était une très bonne amie d'Azénor. Cette dernière l'avait même promue au titre de directrice adjointe de Poudlard et ensemble, elles tenaient le château à bout de bras, privilégiant la sécurité et le confort de ses habitants. Au cours des années, elles avaient développé une amitié particulière. Bien que leurs débuts n’avaient point été aisés, l’eau avait coulé sous les ponts, et elles s’accordaient une confiance sans pareille.
Elle ne comprit pas tout de suite, Azénor. Et ne voulait sans doute pas comprendre d’ailleurs, que sa chère amie avait une face cachée, une sorte de double vie.
La directrice zieuta autour, elle se trouvait dans une sorte de cachot humide, une odeur de moisi était incrustée entre les murs, et il y faisait très froid. C’était tout ce qu’elle savait sur cet endroit:
“Où sommes-nous?”

Mais Cara ne pipait mot. Elle se contentait de regarder sa collègue avec un air de défi dans ses yeux. Elle avait l’air changée. Sa peau était lisse, ses yeux avaient changé de lueur, mais elle gardait sa posture gracieuse, presque dominante. Azénor, ébahie, ne comprenait rien de la situation. Elle commençait à s’attendre au pire, et frottait ses mains l’une contre l’autre. Elle remarqua alors que Cara tenait quelque chose dans un bras, caché sous sa longue cape noire:
“Qu’est-ce-que…”

La directrice ne se fit pas prier pour vérifier ce qu’elle tenait dans ses mains, et les bras lui en tombèrent. Elle comprit alors, que Cara, qui tenait l’enfant kidnappé dans son bras, était la cause de toute la misère de la région. C’était donc elle, qui enlevait des enfants, les uns après les autres. Azénor ne s’autorisa aucun sentiment de déception envers sa collègue, et dans une colère noire, leva sa baguette en direction de Cara De Lanxorre:
“Où sont les autres?”

Cara fit de même, et le pauvre enfant se mit à pleurer.
“Donne-le-moi. Tes sottises ont assez duré.
-Plutôt mourir.
-Qu'à cela ne tienne!"

Azénor n’attendit point réponse et envoya le premier sortilège. Bien que gênée avec un bébé dans les bras, Cara se défendait fort bien. Quelques minutes le combat dura, des sortilèges multiples et variés étaient lancés de toutes parts, détruisant les murs du cachot à quelques endroits. Azénor avait une petite habitude des duel, alors elle esquivait les sortilèges de son adversaires avec soin et agilité. Il faut dire que la directrice prônait aussi sur l’âge. Elle avait l'expérience en supplémentaire, et c’est Azénor qui mit fin aux hostilités, en prenant grand soin de sauver le pauvre bébé. La directrice n’eut pas le choix que de tuer sa collègue qui était devenue enragée. Elle n’était plus du tout la Cara qu’Azénor chérissait. Ou peut-être… l’avait-elle toujours été. Mais De Lanxorre emporta avec elle son secret, de ce qu’elle avait fait subir aux autres malheureux disparus.

Les journaux ne parlaient que de ça, et de comment Azénor Philaester-Benbow, avait sauvé la communauté magique. Cette dernière avait préféré offrir la récompense à une association caritative sorcière de Grande Bretagne. Quand elle passait dans les rues, les gens acclamaient son nom, ils buvaient en sa santé.

Malgré de longues recherches effectuées par les autorités magiques, on ne retrouva jamais la trace des enfants précédemment kidnappés par Cara De Lanxorre. Personne ne sut donc, qu’elle se faisait un malin plaisir à la cuisiner, puis à les manger. Parfois, Azénor imaginait cette possibilité. Mais l’image d’une Cara mangeuse d’enfants lui était trop insupportable, alors elle préférait penser qu’une maladie lui avait atteint le cerveau, voilà tout.
La sorcière s’en voulait énormément, de ne jamais avoir compris, de ne jamais avoir vu juste dans le regard de sa collègue, du moins pas assez tôt. Elle se mordait les doigts de lui avoir donné sa confiance, de l’avoir suivie parfois les yeux fermés.
Décidément, elle avait tout perdu. Son mari, sa Lydie, une Cara qui lui mentait… Il ne lui restait plus que ses charmants enfants. Elle se demandait souvent, s’ils étaient sur sa liste, à la cannibale.

Les jours passèrent et tous les soirs elle s’endormait aux côtés de Ian, espérant qu’il se réveille. C’était ce qui lui permettait d’oublier un peu cette affreuse histoire…
Cara De Lanxorre mangeuse de petits Hommes. Était-ce si étonnant que cela, après tout?

fin