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[Concours RPG] Un Noël édifiant - Luke Belt
Luke Peverell
Luke Peverell
LégendeSerpentard
Légende
Serpentard
Année à Poudlard : Diplômé(e)

Matière optionnelle : Arithmancie

Spécialité(s) : Permis de Transplanage
Fourchelang
Occlumens


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[Concours RPG] Un Noël édifiant - Luke Belt
Luke Peverell, le  Jeu 27 Déc - 12:29

Le personnage principal de ce récit est Eden Peverell.
Ses parents sont Alhena Peverell et Luke Peverell Belt, ses soeurs sont Lyra Peverell et Vesper Peverell. LA de tout le monde.

Noël approchait à grands pas. Les triplets étaient pour l’occasion rentrés chez eux. Après six mois passés loin de leur mère, ils avaient hâte de la retrouver et de la serrer dans leur bras. Bien qu’Eden ait apprécié le temps passé à Poudlard, le confort et le silence de sa chambre lui manquaient terriblement. Le Manoir Peverell reprenait ainsi peu à peu vie. Il s’emplissait de rires, de discussions joyeuses, de courses poursuites dans les couloirs.  

Dans le salon principal, un gigantesque sapin verdoyant, bien fourni en épines et paré de décorations lumineuses, avait été dressé pour l’occasion. Les chandeliers, ornés de guirlandes rouges, disposés de part et d’autre dans les différentes pièces, apportaient chaleur et couleur. Pour venir compléter ce tableau hivernal, toute trace de verdure avait disparu du parc du Manoir ; les parterres, chemins de graviers, carrés de gazon et arbustes étaient tous recouverts d’une épaisse couche de neige.  



Eden relisait pour la énième fois les contes de Beedle le Barde, calé dans un moelleux fauteuil de velours pourpre, au coin d’un feu crépitant, lorsqu’un cri déchira le silence. Le garnement abaissa son livre et plissa les yeux, perplexe. Vesper s’était-elle étalée dans les escaliers en trébuchant sur une robe trop longue qu’elle aurait emprunté à maman ? Maman avait-elle appris une mauvaise nouvelle ? Légèrement inquiet mais sans plus, Lyra étant également spécialiste en caprices et hurlements stridents, le garçonnet corna tranquillement sa page, déposa le livre à côté de sa tasse de chocolat chaud, puis glissa ses pieds dans ses petits chaussons.

A pas de loup, le petit aiglon sortit de la bibliothèque et se dirigea tout d’abord vers la pièce où travaillait aujourd’hui l’inconnu, son père, présent pour les vacances de noël. Il abaissa doucement la poignée pour éviter que celle-ci ne grince et passa la tête dans l’embrasure de la porte. L’homme était concentré, noircissant un parchemin, et n’avait pas entendu son fils approcher. Le cri ne venait assurément pas de lui. Refermant en douceur la porte pour ne pas déranger le Ministre, l’enfant se dirigea vers les escaliers, où se situaient a priori les autres.

Sautant de marche en marche à pieds joints, le petit aventurier atteint rapidement le rez-de-chaussée et tendit l’oreille. Il n’y avait pas un bruit. Étrange. Si une de ses sœurs s’était fait mal ou avait piqué une crise, elle aurait continué à pleurnicher ou pester. Eden passa sa main entre ses cheveux bouclés et les ébouriffa encore plus qu’ils ne l’étaient déjà. Il songea un instant à son livre et son chocolat, à la chaleur de la cheminée, mais secoua la tête. La chasse au trésor actuelle était bien plus palpitante que la morale d’un conte qu’il connaissait déjà par cœur. Et puis il adorait être au courant des dernières histoires.  

Le garçonnet pivota sur la gauche, en direction du salon principal, lorsqu’il constata que ses gants ne trainaient plus sur le radiateur de l’entrée. Il ronchonna dans son inexistante barbe et souffla avec agacement. Vesper avait encore dû se tromper et prendre les siens. Ce qui signifiait qu’elle était dehors. Heureux de l’indice, Eden envoya allègrement valser ses chaussons à travers le hall d’entrée, glissa les pieds dans ses bottines et attrapa une épaisse cape de voyage.  

Une silhouette familière se situait là, à une trentaine de mètres. Son corps mince était replié sur lui-même, le buste penché, secoué de sanglots violents. Tout sourire s’effaça du visage de l’enfant et celui-ci, terriblement inquiet, se précipita vers sa sœur. Celle-ci devait s’être fortement blessée pour pousser un hurlement aussi fort.

- Tu t’es fait mal Lyra ? Tu veux que j’appelle maman ?

La petite fille fut incapable de formuler le moindre mot et ses sanglots redoublèrent. Le brun se mordit la lèvre, ne comprenant pas la situation et ne sachant pas quoi faire, puis enroula ses petits bras autour des épaules tremblotantes de sa jumelle, tentant de la réconforter. Après quelques instants, l’aiglon, en quête de réponse, s’écarta et planta son regard turquoise dans les émeraudes embuées de larmes. La fillette articula un unique mot et montra à son ainé de quelques minutes ce qu’elle serrait au creux de son poing.  

- Vesper… souffla-t-elle.

Fronçant les sourcils, Eden attrapa le petit gant. Son petit gant. Il avait du mal à relier les différentes informations entre elles, à comprendre la situation. Il ne saisissait pas. Tout ce qu’il voyait, c’était sa soeur en mauvais état, dans un terrible état. Il ne l’avait jamais vue pleurer autant. A vrai dire, le serdaigle ne se rappelait même pas avoir déjà vu sa soeur pleurer ouvertement. Les Peverell sont forts et puissants, ils ne pleurent pas devant les autres. C’est oncle James qui leur a appris.

- Pourquoi t’es triste ? C’est rigolo comme blague d’avoir piqué le gant de Vesper, elle doit être en train de pester comme jamais !

Le garçonnet termina sa phrase avec une mimique propre de sa cadette pour illustrer son propos – le roulage des yeux – puis pouffa légèrement de rire. Les saphirs joyeux rencontrèrent à nouveau les émeraudes ternes et froides. Lyra n’aimait pas la blague.

- Non… on jouait… j’étais… tournée… de l’autre côté… et puis… elle a… disparu… balbutia la fillette en larmes.

Eden ouvrit la bouche une fois. Deux fois. Sans qu’aucun son n'en sorte. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi demander. Il avait peur de comprendre, peur de la réalité. Peur du scénario catastrophe que son esprit était en train de bâtir. Il recula de deux pas et regarda dans toutes les directions, scrutant le parc du Manoir, cherchant l’endroit où Vesper aurait dû être en train de former un bonhomme de neige, comme hier, comme lorsqu’ils étaient petits. Comme quand tout était encore simple. Et c’est là qu’il les vit, les traces de pas, en train de disparaitre sous les flocons de neige et la brise hivernale.  

Eden s’y précipita et se laissa tomber sur les genoux, choqué.

- VESPEEEEEEEEEER, hurla-t-il jusqu’à s’en briser la voix.

Non. Non. Non. C’était impossible. Ce genre de choses n’arrivaient qu’aux autres. Pas ici. Pas au Manoir. Il était censé être protégé d’excellents sortilèges. C’est oncle James qui l’avait dit. Oncle James n’aurait pas menti. Non. C’était impossible. Impossible. Vesper était toujours là. Elle était forcément là. Il sentait même son parfum. Ça ne pouvait pas arriver ici. Pas à Vesper. Non. Non. Non. L’enfant n’était pas d’accord. Lui qui avait toujours vécu dans un monde aseptisé, coupé de l’extérieur jusqu’à sa rentrée à Poudlard, ne pouvait pas croire qu’un malheur soit arrivé au sein de son cocon, de son univers paisible, de son chez-lui.  

Bien-sûr qu’il avait vu dans la gazette du matin que cinq disparitions avaient eu lieu depuis la veille. Tout le monde était au courant. Mais Eden ne s’en était pas inquiété ni préoccupé. C’était une information comme une autre, et celle-ci n’avait guère retenu son attention. Lui qui s’était toujours considéré invincible, encore plus depuis que ses parents occupaient les plus hautes places du gouvernement magique, ne comprenait pas que quelqu’un ait pu s’en prendre à sa sœur.  



Le retour à la réalité, l’éclatement de la bulle, fut extrêmement douloureux pour Eden qui éclata en sanglots, fourra dans sa poche le parchemin détrempé qui avait dû tomber de sa cape lorsqu’il s’était laissé tomber, et couru se réfugier dans sa chambre. Il croisa sa mère à l’instant où celle-ci, paniquée par les différents hurlements, ouvrait la porte du hall d’entrée, mais il se baissa pour passer sous son bras tendu et poursuivi sa course sans s’arrêter, sans prêter aucune attention à son prénom qui résonnait dans la cage d’escalier ou aux énormes traces d’eau qu’il laissait sur son passage.

Le garçonnet atteint rapidement sa chambre, en bloqua vainement l’ouverture à l’aide de son coffre à jouet, puis se précipita vers son immense armoire de bois massif. Il ouvrit la petite porte située en bas, se faufila dans l’ouverture, verrouilla le passage derrière lui, avança à quatre pattes dans le court tunnel, et parvint dans l’antre secrète que lui avait conçue tonton Azaël. Il s’agissait d’une cachette douillette élaborée avec un basique sortilège d’extension, remplie de coussins et peluches, de figurines animées et livres, de chocogrenouilles et dragées surprises de Bertie Crochue. Elle n’était pas bien grande - le marmot pouvait à peine s’y tenir debout -, uniquement éclairée d’une petite loupiote, mais il l’adorait.  

Eden attrapa son ours en peluche favori et se roula en boule dans un coin de la cabane, laissant les larmes dévaler sur ses joues rebondies et les sanglots briser le silence. Il resta longtemps ainsi, là où personne ne pouvait ni le voir ni l’entendre. Rien ne le fit sortir de son antre, pas même les appels inquiets et répétés de sa mère, qui finit tout de même par comprendre qu’il avait besoin d’espace et quitta la pièce, après l’avoir informé que les aurors l’interrogeraient après le dîner, lorsqu’il se serait calmé.  

Lorsque sa respiration se calma et que les coulées de larmes s’asséchèrent, l’enfant s’assit et se frotta longuement les yeux. Maintenant que le chagrin et le choc étaient passés, l’aiglon ne ressentait plus grand chose. Juste un immense vide. Tout lui paraissait terne, vide de sens, absurde. Et par-dessus tout, invraisemblable. Jamais il n’avait été involontairement séparé de sa sœur jumelle. Jamais il n’avait ressenti une telle douleur, c’était comme si on lui avait retiré un bras, sauf que son bras était toujours là, il le voyait. Tout ça n’existait que dans sa tête, mais la souffrance lui paraissait si réelle.  

Et puis peu à peu, la colère vint l’anesthésier. Il ferait payer au méchant qui avait osé enlever sa sœur qu’il aimait tant. Toujours motivé par les aventures en tout genre et animé par une curiosité sans égale, l’enfant se releva et essuya son nez baveux de sa manche, signe qu’il était prêt à en découdre. Vesper lui aurait tellement lancé un regard dédaigneux et rempli de dégout si elle avait été là… l’aiglon esquissa un sourire triste à cette idée et eut du mal à réprimer un dernier sanglot. Cherchant un mouchoir dans ses poches de pantalon, Eden se rendit compte que l’une d’elle était détrempée. Et pour cause, il y avait un bout de truc tout mouillé à l’intérieur. L’aiglon s’en empara et fronça les sourcils, perplexe.  

Il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu’il s’agissait du papier qu’il avait perdu dans la neige puis remis dans sa poche, et quelques autres supplémentaires pour réaliser qu’il n’avait jamais perdu de papier dans la neige, puisque son pantalon sortait tout juste du placard. Personne ne range un parchemin dans la poche d’un pantalon revenant de la buanderie. Et aucun parchemin ne survit à un passage à la buanderie. Donc ceci ne lui appartenait pas. Mais alors à qui était-ce ?  

Plissant les yeux, le garçon déplia le parchemin et tenta, à la lueur de la lanterne, de démêler les quelques mots inscrits dessus. L’encre avait bavé par endroit, ce qui rendait la lecture difficile, mais Eden finit par déchiffrer le message. Il s’agissait en réalité d’une adresse.


« 7 Crescent Road
Tinworth »


Les yeux de l’aiglon s’écarquillèrent. Tinworth ! Ne s’agissait-il pas d’un village situé non loin du Manoir ? Il avait déjà entendu des adultes en parler comme étant l’un des derniers villages semi-sorcier en Angleterre, et le seul dans les Cornouailles. L’adrénaline se diffusa à toute allure dans les veines du marmot et ses lèvres s’étirèrent en un éclatant sourire. Un indice ! Il lui suffirait de se rendre à cette adresse pour s’emparer du prochain indice et il finirait bien par retrouver la trace de Vesper !  Les héros dans les histoires suivaient toujours cette méthode, et elle marchait à chaque fois.

Le sorcier en herbe gonfla la poitrine, heureux de sa trouvaille, et se vit déjà acclamé par toute sa famille, porté en héros, couvert de cadeaux et de câlins. Oui, il allait retrouver Vesper et sa maman serait fière de lui. Peut-être même qu’elle lui offrirait enfin le set de balles de Quidditch qu’il réclamait depuis des mois et des mois. Peut-être même que son soi-disant père aussi serait fier, et qu’il passerait plus de temps avec lui. Oui, tout serait vraiment parfait lorsque sa sœur aurait été sauvée par ses soins. Tout est si simple dans l’imaginaire d’un enfant naïf…




Eden s’extirpa de sa cabane et constata que la nuit était déjà tombée sur le parc. Parfait. Il pourrait s’enfuir sans se faire tout de suite remarquer, personne ne verrait sa silhouette dans le noir. Le petit aventurier attrapa un de ses sacs à dos, y glissa une couverture, un couteau, des chocolats, la gourde d’eau qui trainait sur sa table de chevet, puis enfila un gros pull en laine. Il attrapa une des lanternes magiques qui illuminaient sa chambre et rangea sa baguette dans la poche de son pantalon.  

C’est seulement une fois les préparatifs pour l’excursion terminés que l’enfant se posa la question essentielle : comment partir sans se faire repérer dans les escaliers ? Et que faire une fois en bas des escaliers ? Peu importe finalement du crépuscule, le serdaigle n’avait pas envie de marcher sous la neige pendant des heures dans une direction inconnue...

Le gamin s’assit sur son lit, dépité. Pourquoi ne pouvait-on pas transplaner à 11 ans ? Cela aurait été tellement pratique… Les pieds pendouillant au-dessus du vide, Eden laissa son esprit vagabonder et étudier toutes les possibilités de fuite. Seulement deux retinrent son attention, les autre comportant bien trop d’inconvénients. La première consistait à appeler l’elfe de maison, lui demander d’apporter en transplanant le balai que le Ministre lui avait offert l’an dernier, puis à s’échapper par la fenêtre. Le problème, c’est que le sens de l’orientation du garçonnet avoisinait le zéro. Autant dire que trouver en pleine nuit une ville dont il ignorait la localisation risquait d’être complexe. La deuxième option demanderait à Eden bien plus de finesse, mais lui éviterait de se perdre durant des semaines dans les Cornouailles : atteindre la salle à manger ou le salon sans se faire remarquer, puis utiliser la poudre de cheminette.  

Evidemment, Eden opta pour la seconde option. L’optique de voyager en balai par un tel temps ne l’enchantait guère, surtout s’il avait la possibilité de se rendre à destination en un rien de temps. C’est ainsi que le marmot appela l’elfe de maison qu’il connaissait le mieux et lorsque celui-ci apparut dans sa chambre, lui raconta à quel point il avait faim, mal aux pieds, et donc qu’il lui était impossible de se rendre au rez-de-chaussée pour se rassasier. L’enfant fit les yeux doux comme il savait si bien le faire et l’elfe finit par accepter de le faire transplaner par escorte dans la salle à manger, qui fort heureusement était vide à cette heure. Le diner ne serait servi que dans une grosse heure, ou plus tard, car le manoir tout entier devait être bouleversé par l’enlèvement de Vesper.  

Dès que l’elfe quitta la pièce, le petit aiglon se précipita vers l’âtre de la cheminée. Il n’avait que quelques secondes avant que l’elfe ne revienne de la cuisine avec un encas ou ne prévienne sa mère qu’il était sorti de sa chambre. L’enfant ajusta son sac sur ses épaules, plongea sa main dans l’urne contenant la poudre de cheminette afin d’en saisir une bonne poignée et la lança dans les flammes, qui devinrent instantanément vertes.  

- 7 Crescent Road, Tinworth, s’écria-t-il d’une voix claire et forte après avoir pénétré dans la cheminée.

Le serdaigle fut alors pris d’un terrible doute : si jamais l’arrivée n’était pas reliée ? Ou pire, si jamais il n’y avait pas de cheminée ? Que se passerait-il ? Mais il était déjà trop tard pour agir, le décor de la salle à manger du manoir avait déjà disparu. Eden fut contraint de serrer les bras le long de son corps et de fermer les yeux, méthode conseillée par sa tante Elladora pour voyager en toute sécurité.  




Après quelques instants de stress intense, les pieds de l’enfant touchèrent de nouveau le sol et il rouvrit les yeux. Sa première réaction fut de tâter son corps afin de vérifier qu’il n’avait rien perdu en cours de route. Oncle Azaël lui avait raconté d’horribles histoires de transplanages ratés et Eden ignorait totalement si le risque s’appliquait également au réseau de cheminette. Une fois rassuré sur sa condition physique, l’aventurier en herbe sortit de la poussiéreuse cheminée dans laquelle il se trouvait, non sans accrocher au passage un certain nombre de toiles d’araignées. Habitées de créatures à huit pattes ou non, la sensation demeurait désagréable et il poussa un cri peu viril, avant de plaquer les mains sur sa bouche et de se traiter intérieurement d’idiot. Silence ! On ne rentre pas par effraction quelque part pour se faire remarquer au bout de 30 secondes.

L’enfant resta immobile durant quelques instants, retenant sa respiration, et tendit l’oreille. Pas un bruit. Il soupira de soulagement et plissa les yeux afin d’essayer de discerner quelque chose dans l’obscurité ambiante, en vain. Il dégaina donc sa baguette et chuchota un Lumos. La lueur produite, bien que faible, permit au petit sorcier d’y voir un peu mieux dans toute cette pénombre. On aurait dit une maison hantée, même les greniers du Manoir n’étaient pas dans un état aussi dramatique. Le papier peint, décrépit, pendait lamentablement par endroit. Des rares fauteuils, il n’en restait presque que l’ossature, le rembourrage déchiqueté par les rats et les mites. Le parquet, quant à lui, donnait l’impression de pouvoir céder à tout instant tant il grinçait terriblement.

Il n’y avait absolument rien d’intéressant là. Aucune trace humaine, et encore moins celle de Vesper. L’aiglon ne savait même pas s’il se situait à la bonne adresse, rien ne pouvait le renseigner sur sa localisation. Même les fenêtres, fissurées, étaient bouchées par de vieux volets à la peinture écaillée. L’enfant n’en menait pas large, comme ses poils hérissés en témoignaient, l’atmosphère étant terriblement angoissante, mais il gardait espoir. Il y avait forcément une raison pour laquelle il s’était retrouvé ici. Et dans le pire des cas, ça ferait de lui le meilleur aventurier des triplés.

Revigoré à cette idée, le marmot décida de poursuivre l’exploration. Au fond de la pièce, il venait en effet d’apercevoir une porte qui devait bien mener quelque part. Après quelques minutes à forcer de ses petites mains sur la poignée rouillée et capricieuse, celle-ci tourna enfin et Eden découvrit une volée d’escalier en colimaçon menant à un niveau inférieur.

Le rez-de-chaussée, à en croire la présence d’une cuisine et d’un salon, était tout aussi délabré que l’étage précédent. Mais contrairement à ce dernier, c’est comme si la vie s’y était stoppée nette. Il y avait de vieux journaux, des assiettes recouvertes de poussière encore dressées sur la table à manger. Les meubles étaient tout aussi misérables, mais semblaient un peu mieux conservés. Peut-être moins de rats ? Et puis il y avait cette énorme porte rouge cadenassée, angoissante, qui ne s’ouvrit à aucune des tentatives d’Alhomora du serdaigle.

Eden tira sur les manches de son pull en laine afin d’y cacher ses mains tremblotantes – de froid, ou bien de peur ? – et termina son exploration par le salon. Il dépassa un haut fauteuil qui avait dû être élégant en son temps, rien qu’à en voir le dossier, et jeta un coup d’œil au bureau à trois pieds – le quatrième étant brisé par terre – mais il n’y avait rien là non plus, même dans les tiroirs. Niet. Dépité et ayant de plus en plus de mal à garder calme sa respiration, le petit explorateur tourna les talons, bien décidé à retourner auprès de la cheminée.

Le petit intrépide poussa alors un hurlement strident et son cœur s’emballa. Il ne put plus contenir sa respiration, qui s’accéléra encore et encore, et des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Il y avait un corps dans le haut fauteuil. Un corps humain, les yeux ouverts. Des yeux noirs, qui le fixaient. Des yeux qui clignèrent le temps d’un instant. Des yeux vivants. Un corps vivant. Un humain vivant. Un second hurlement vint déchirer les tympans de l’effrayante chose.

Pourquoi. Pourquoi est-ce qu’il était ici. Pourquoi avait-il voulu jouer les héros. Pourquoi n’avait-il prévenu personne. Il aurait dû donner le papier à maman et aux aurors. Pourquoi. Pourquoi n’arrivait-il pas à bouger. Pourquoi n’arrivait-il pas à s’enfuir de cette maison d’horreur. Pourquoi n’arrivait-il pas à lancer le moindre sort vers le cadavre vivant. Seul un cadavre pouvait habiter un tel endroit. Les larmes coulaient à présent à flots sur les joues rebondies de l’enfant, pétrifié, incapable de faire le moindre geste.

Au fond de lui, Eden espérait que cette vieille femme soit l’indice qu’il était venu chercher, qu’il saurait répondre à ses questions, qu’il ne s’agissait que d’une épreuve pour tester sa vaillance et son tempérament de héros, mais il ne parvenait pas à ordonner ses idées ou à prononcer le moindre mot. Sa gorge le brûlait et ses lèvres étaient comme soudées, cousues entre elles. L’aiglon n’avait définitivement rien d’un héros, les héros eux arrivaient à accomplir leur quête malgré les différentes épreuves.

De ses yeux écarquillés, il vit la grand-mère sortir une baguette de sous les loques qui lui servaient de vêtements et un sortilège le frappa de plein fouet. La vie du petit Peverell, et plus particulièrement ses dernières heures, défila alors dans son esprit. Était-ce donc ce à quoi ressemblait la mort ?

Après un temps qui sembla durer une éternité, la présence se retira de son esprit et le garçon, peu habitué aux situations intensément angoissantes et persuadé que son heure était venue, perdit connaissance. La dernière chose qu’il entendit avant que le rideau ne tombe, fut une voix rocailleuse marmonnant quelque incompréhensible propos : « Je m’attendais à plus coriace cette fois… »




Les paupières d’Eden étaient collées, pâteuses ; il peinait à les bouger à cause de toutes les larmes qui avaient séché là. Lorsqu’enfin il parvint à entrouvrir les yeux, la première chose qu’il vit fut des cheveux gras et grisaillant pendouillant au-dessus de son visage, et des yeux aussi noirs que la mort qui le fixaient sans ciller. On aurait dit des portes d’accès immédiat vers les abysses des enfers, perforées à travers une peau rugueuse et abimée par les années. Le garçonnet, frappé de terreur par une telle vision, poussa un hurlement et s’écarta aussi vite qu’il le put de la femme, rampant, crapahutant sur le poussiéreux parquet, jusqu’à se retrouver acculé dans le coin de la pièce. Le Serdaigle tournait la tête de droite à gauche, de haut en bas, cherchant à trouver un échappatoire et à comprendre la situation. Il était en pleine exploration d’un grenier lorsque tout d’un coup il s’était réveillé par terre avec cette vision d’horreur au-dessus. Cette dernière ne l’avait d’ailleurs pas poursuivi. La vieille femme, habillée d’une robe de sorcier rapiécée de toute part, s’était simplement redressée et lui tendait ce qui ressemblait fortement à une plaquette de chocolat.

- Mon garçon, mon garçon, n’ait pas peur, je ne te veux aucun mal. Tu as fait une terrible chute dans les escaliers en colimaçon… minauda la sorcière en pointant de ses mains griffues l’endroit en question. Veux-tu du chocolat pour te remettre de tes émotions ?

Le garçonnet tourna la tête et reconnut les escaliers. Il se souvenait en effet d’avoir ouvert une porte dans le grenier qu’il fouillait, et que celle-ci masquait des marches très similaires, mais aucun autre souvenir ne lui revenait en mémoire. Eden se gratta la tête, gêné de la situation. Il avait apparemment débarqué chez cette grand-mère, l’avait dérangée, et l’avait ensuite fuie à cause de son apparence, ce qui avait sans aucun doute dû la vexer. Pourvu qu’elle ne prévienne pas maman et ne le raccompagne pas au Manoir, sinon il serait privé de Quidditch au moins jusqu’à l’été suivant. Terriblement navré et inquiet des possibles représailles, l’enfant se redressa d’un bond et se confondit en excuses. Il avait juste suivi l’indice comme dans ses livres d’aventures favoris, il n’avait jamais voulu déranger une mamie… de toute façon les héros aussi se trompaient parfois d’indice, cela ne faisait pas forcément de lui un mauvais aventurier, n’est-ce pas ?

- Je ne t’en veux pas mon enfant, le coupa dans ses excuses la vieille femme. Les sorciers vont et viennent dans ma maison, tous en quête de réponses. Quel bon ou mauvais vent te porte donc ici ?

Les yeux du sorcier en herbe s’écarquillèrent soudainement, illuminés d’une incroyable lueur de joie, et il se jeta dans le piège qui ne fit qu’une bouchée d’un enfant aussi naïf, sans même que ce dernier ne s’en rende compte.

- Ma sœur, Vesper, a été enlevée. J’ai trouvé un indice qui m’a emmené jusqu’ici et je suis à la recherche d’autres indices pour la retrouver. Vous pensez pouvoir m’aider ? Questionna l’enfant un éclatant sourire aux lèvres, tout en saisissant le chocolat.

- Mon troisième œil me permet de répondre à toutes les questions, et je pense déjà savoir où se trouve ta sœur… pérora la mystérieuse vieille femme. Mes dons ne sont cependant pas gratuits mon garçon, tu n’auras la réponse à ta question qu’après m’avoir rendu un service. Vois-tu, j’ai du mal à me déplacer… Es-tu d’accord avec ces conditions ?

Le garçon avait presque oublié l’origine de sa venue en ces lieux, tant il était absorbé par la proposition de la grand-mère. Lui qui avait toujours voulu prouver sa valeur était plus que servi, jamais une pareille occasion de jouer à l’aventurier ne s’était présentée à lui. Explorer les caves du Manoir avec ses sœurs c’était bien, mais maintenant qu’il était grand et pouvait jeter des sorts, il lui fallait de plus palpitantes missions. Sans réaliser qu’il se faisait manipuler, caresser dans le sens du poil, par une efficace manipulatrice qui savait exactement comment parvenir à ses fins, l’enfant scella son destin.

- J’accepte ! S’exclama Eden, en croquant à pleines dents dans le chocolat.

- Bien… allons faire les courses, susurra la dite voyante, un sombre sourire en coin tracé sur ses lèvres fripées.

Le Serdaigle laissa échapper un discret soupir de déception, un peu dépité de se voir finalement confier une mission si banale alors qu’il avait cru être enfin pris au sérieux, mais se ravisa immédiatement de râler en voyant ce qui venait de sortir d’une des nombreuses poches la sorcière et qu’elle plaça autour de son cou. Une longue chaine en or à laquelle un sablier était accroché. Un retourneur de temps ? Incroyable ! Eden venait de se voir confier un objet d’une rareté inestimable !

- Les magasins sont déjà fermés, il se fait tard. Je compte sur toi pour ta discrétion. Justifia hâtivement la grand-mère, en faisant venir à elle par de rapides coups de baguette d’autres artefacts.

- Evidemment ! Répondit précipitamment Eden, la poitrine gonflée de fierté et sa curiosité de Serdaigle rassasiée pour les semaines à venir.

L’enfant se vit également confier une cape d’invisibilité, pour ne pas se faire repérer, ainsi qu’une enveloppe avec des bouts de parchemins portoloin sur lesquels étaient inscrits les différents lieux auxquels se rendre. Tous ces préparatifs finirent néanmoins par rendre Eden quelque peu suspicieux. Ce ne devait pas être de banales courses, mais peut-être plutôt des braquages ? Sinon pourquoi autant de matériel et de préparation ? A cette idée, l’enthousiasme du garçonnet dégringola en chute libre. Dans quoi s’était-il encore embarqué… ce n’était pas en croupissant à Azkaban qu’il pourrait sauver Vesper ! Comment le choixpeau avait-il pu hésiter entre Serpentard et Serdaigle, franchement ? Il venait de tomber dans le même piège que tous les héros des histoires.

Le coupant net dans ses réflexions et sans remarquer tout de suite le revirement d’attitude du Serdaigle, la mystérieuse voyante lui tendit la liste de course. Le petit explorateur n’en lu que la première ligne et releva des yeux terrifiés vers l’ancêtre.

- Evidemment… puisque le temps presse, tu ne me laisses pas le choix… IMPERO !




Tu ouvres l’enveloppes. Tu saisis le portoloin en direction de la sixième adresse à l’heure indiquée. Tu atterris dans la neige. Tu vérifies que la cape d’invisibilité est correctement mise en place. Tu avances jusqu’aux deux silhouettes en silence.

Vesper. Vesper est là. C’est Vesper. Sa trace est retrouvée !

Tu attends qu’une des deux s’écarte un peu. Tu chuchotes son nom pour l’attirer. Tu attends qu’elle soit juste à côté de toi.

Elle est retrouvée ! Vesper est là ! Au manoir !

Tu la stupéfixies avant que l’autre ne se retourne. Tu n’écoutes que moi. Tu suis mes ordres. Tu…

Résiste Eden, tu peux résister. Ne l’écoute pas. Tu as retrouvé ta sœur. C’est tout ce qui compte.

Tu enroules ta cape autour d’elle, tant que son corps est vertical. Tu agis rapidement. Tu…



Des larmes glissent sur les joues de l’enfant. Il tremble tant l’effort est important. Il voudrait hurler mais il n’y arrive pas. Il voudrait lâcher Vesper, retirer la cape d’invisibilité, mais il n’y parvient pas. La voix est trop forte. La voix contrôle tout. Il est obligé d’obéir à la voix. Mais la voix ne peut pas tout prévoir. Alors au prix d’un incroyable effort, le serdaigle laisse tomber dans la neige le parchemin avec l’adresse de la voyante. Il faut que les aurors le trouvent.


Ton double de cet espace-temps est bientôt à tes pieds, il faut absolument que tu t’en ailles maintenant. Utilise le dernier portoloin retour, tu vas le rater sinon.


Le noir se fit de nouveau.




- Voyons voir quelles sont les mesures que le gouvernement sera prêt à faire passer pour récupérer les enfants de ses hauts fonctionnaires… je me demande combien de doigts vous resteront-ils lorsque le secret magique sera révélé, gloussa, un sourire carnassier aux lèvres, la grand-mère, en refermant sur les sept enfants la grande porte rouge cadenassée.
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