Tirer sur le fil qui nous lie [Abandonné]

PV Tempérence
Saison 28 - Début du printemps.

Temperence était assise derrière son bureau, elle avait le nez plongé dans un livre de loi et faisait de constants aller-retours entre le livre, un dossier et un parchemin qu’elle s’appliquait à noircir de son écriture. Il y avait un certain temps maintenant qu’elle travaillait comme apprentie avocate et, pour une durée indéterminée, c’était ici son nouveau bureau. D’ordinaire, elle travaillait dans le cabinet d’Alanya, la mentor sévère et efficace au charme fou, elle avait pu y redécorer son bureau, transformant le blanc par des teintes de verts et d’argent avec quelques touches de bleu. Elle en avait fait son cocon, un cocon qui rassurait et déstabilisait. Les couleurs, bien que douces, hypnotisaient. Lorsqu’on les fixait avec intensité, elles donnaient l’impression de bouger, d’onduler tel le serpent ou de voler tel le corbeau délavé. Lorsqu’Alanya avait découvert le lieu, elle avait eu un sourire en coin. Cela signifiait qu’elle appréciait même si elle ne le disait pas. C’était toujours amusant d’essayer de percer ses pensées, de comprendre les non-dits et de traduire ses expressions. Parfois, le charisme de la femme lui rappelait celui d’une femme exceptionnelle, celui d’une succube renversante.

Temperence passa ses doigts dans ses cheveux, repoussant le dossier et s’étirant quelque peu avant de se redresser et de faire quelques pas pour détendre ses muscles endoloris. Elle ne savait plus réellement depuis combien de temps elle était assise ici mais elle savait que cela faisait certainement plus de cinq heures qu’elle se brûlait l’esprit avec ce cas assez prenant. Elle aimait ce qu’elle faisait, elle appréciait ce qu’elle apprenait. En quelques gestes tendres, elle se servit un thé avant de se mettre face à la fenêtre pour le boire avec une lenteur presque enivrante. La tasse terminée, elle regarda sa montre quelques secondes avant d’abandonner là la tasse vide, près d’une plante grasse poussant dans son pot en terre cuite. Il était temps de retourner à sa tâche, de recommencer à travailler pour terminer ce dossier dans les temps.

Cela faisait à peine deux minutes que Temperence était de nouveau pleinement dans son travail qu’une âme frappa contre le bois massif de sa porte. Elle n’attendait personne du moins pas avant quelques heures. Elle n’eut le temps de demander à l’inconnu d’entrer que la porte s’ouvrit dans un geste lent, ramenant avec un courant d’air le parfum tentateur de la femme qui passait le pas de la porte. Cara.

La jeune femme resta bouche bée un instant, une fraction de seconde avant de se lever poliment, saluant l’ancienne professeure avec un sourire en coin. Cela faisait longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, elle l’apercevait du coin de l’œil de temps à autres mais jamais plus. Il n’y avait pas eu de mots échangés depuis le baiser.

– Bonjour madame De Lanxorre… Cara. Il est assez surprenant et délicieux de vous voir apparaître ici, après tant de temps.

Temperence avait un petit sourire en coin sur le visage alors qu’elle s’appuyait avec nonchalance sur le bureau. Ses cheveux étaient maintenus dans un chignon déstructuré dont quelques mèches s’échappaient pour venir caresser ses joues, son front, ses tempes. Elle n’avait pas beaucoup changé depuis l’époque et la professeure non plus. C’en était presque troublant mais, si lors de la dernière confrontation elles étaient dans le bureau de la succube, cette fois, elles étaient dans celui de Temperence. La donne avait quelque peu changé.

– Aurais-je l’honneur de savoir pourquoi vous venez ainsi frapper à ma porte ?

En disant ces mots, Temperence avait laissé glisser ses mains sur le bureau, sentant l’épaisseur du bois contre ses paumes alors que ses jambes demeuraient parfaitement droites. Temperence avait changé de style depuis le temps, elle avait troqué l’uniforme scolaire contre une tenue plus appropriée à son travail. Un pantalon crayon noir dévoilant ses chevilles et ses pieds chaussés d’escarpins. Une ceinture large en cuir noir marquant sa taille fine puis une chemise blanche dont les deux premiers boutons étaient ouverts, laissant apparaître la peau pâle de la naissance de sa poitrine. Le tout était complété par une veste de tailleur bleu marine et cintrée qui était ouverte et donc les manches étaient relevées sur es fins avant-bras de la demoiselle, révélant une montre mécanique avec son bracelet brun sur le poignet droit.

Temperence attendait sa réponse, n’invitant pas la femme à s’asseoir car si elle désirait s’asseoir, elle le ferait. Aucune des deux n’était sans manières, bien au contraire mais l’une était chez elle et la seconde assez dominatrice pour agir sans que son geste ne soit vu comme un affront. Charisme dévastateur.

Cara

Temperence

Cara

Bonjour Temperence

J’ai entendu dire que vous travailliez au Ministère

Avocate, c’est ça ?

Je me devais de venir vous féliciter

Temperence observait. Cara se déplaçait et emplissait l’espace de tout son charisme. C’était étrange de sentir de nouveau cette présence qui, pour la jeune avocate, n’était plus que souvenir fantomatique accroché à ses lèvres. Il y avait le parfum de Cara qui flottait dans l’air, cette odeur de lavande contrastant agréablement à l’odeur de rose que portait Temperence depuis son départ de Poudlard. Il ne fallut pas attendre cent ans pour que la voix de la femme emplisse l’espace. Notes mélodieuses savamment accordées. Elle parlait et touchait du bout des doigts la tasse abandonnée là. Temperence ne la quittait pas des yeux. Elle se tournait pour garder sous les yeux la courbure de sa hanche et se déplaçait légèrement pour capter une mèche de cheveux.

– Oui, avocate.C’est étrange que ce métier se soit présenté à moi. Avant, je pensais que j’allais devenir professeure ou bibliothécaire mais le destin en a décidé autrement… Temperence laissa ses mots en suspend alors que Cara prenait place. Les mots moururent dans sa gorge dès que la femme accrocha son regard. Les sensations revenaient et un frisson se glissa sur le corps de Temperence qui pivota légèrement pour ne montrer que son profil.

D’un coup de main, elle poussa quelque peu les papiers et certains tombèrent sur le sol mais elle ne s’en formalisa pas. Elle allait les ramasser. Plus tard. Elle n’avait pas à cœur de rompre l’instant. Cette rencontre, c’était une chose qu’elle avait cent fois imaginée. Cent scénarii qu’elle n’avait jamais oubliés.
Levant légèrement le nez, Temperence inspira une petite bouffée d’air imprégnée du parfum féminin avant de descendre de son perchoir, de laisser sa comparse à demi assise seule sur le bois brut. Ses doigts fins attrapèrent sa baguette et, d’un coup de poignet délicat, elle fit apparaître deux tasses blanches. Service à thé impeccable qu’elle remplit d’une eau frémissante. Elle ne parlait pas beaucoup. Elle n’avait jamais réellement été bavarde. Sans mot dire, elle déposa une tasse non loin de la main de Cara, profitant de cette proximité pour briser le voile du contact. Elle ne la toucha pas vraiment mais elles étaient si proche que le contact semblait réel alors qu’il n’existait pas. Nouvelle caresse fantôme.

Le contact flou ne dura pas. Un dixième de seconde tout au plus mais c’était assez pour raviver le souvenir un peu plus. Il n’en fallait pas plus pour laisser les ondes de la pièce se tendre légèrement en tension étrange.
Petit sourire camouflé, Temperence attrapa la tasse qui était sienne, un sachet de thé posé à côté de la tasse pour venir s’asseoir sur le fauteuil qui, d’origine, était destiné à un client. Cara sur le bureau, la dominant de sa splendeur et elle, assise sur le bord du siège, les jambes croisées et le dos droit.

– Je vous remercie d’être venue me féliciter. Il faut avouer que je ne pensais pas vous revoir après mon départ de Poudlard. Enfin, pas si tôt. Petit sourire avant de saisir la queue de la tasse pour la porter à ses lèvres. Thé blanc. Elle laissa le liquide frapper ses lèvres, une brûlure délicate sur la chaire teintée de rouge. D’un nouveau geste lent, elle redéposa la tasse sur la soucoupe qu’elle tenait de la main gauche avant de déposer l’ensemble sur le large bras du fauteuil.

– Comment allez-vous outre cela ? Que devenez-vous ? Calme olympien dans la voix. C’était un art de ressentir les choses mais c’était aussi un art que de feindre de ne rien ressentir. Ne rien laisser paraître pour voir jusqu’où tenir. Pour observer avec frisson le moment où le voile tombera et que les souvenirs empliront l’espace à s’en faire tourner la tête pendant que d’autres s’en créeront.

LA Temp.

Cara

Temperence

Cara

Temperence

Cara

Je vais bien.

Je suis Directrice adjointe de Poudlard maintenant

Pourtant, votre bureau est presque aussi grand que le mien

Temperence

Mais se passe-t-il des choses aussi intéressantes dans le vôtre que dans le mien ?

Elle était amusante cette situation Dans le bureau de Cara, Temperence s’était senti être la biche traquée par la louve mais ici, maintenant, qui était la biche et qui était la louve ? Était–ce Cara la biche s’aventurant dans la tanière de la louve ou bien Temperence avait–elle ce rôle proie venant se faire visiter par le traqueur ? Il n’y avait plus aucun rôle, les deux femmes jouaient une valse dangereuse et passionnelle à la fois. Un tango. Elles se provoquaient, se chauffaient ouvertement et se tendaient des perches mais aucun ne passaient réellement à l’acte. Une guerre froide. Drôle de guerre charnelle.

La femme savait capter les sens.
La vue était sous l’emprise de sa peau, de la douceur de ses courbes et de son charisme.
L’odorat était pris au piège par la délicate fragrance qui l’embaumait comme celle qui entourait une fleur délicate.
L’ouïe était accaparée par sa voix délicieuse déversant sa vie dans ce bureau à la sonorité parfaite.
Le toucher faisait naître cette sensation de chaleur contre l’épaule sous le joug de cette main baladeuse.
Il ne manquait que le goût à cette valse sensorielle. Il lui suffisait de tendre le cou, d’offrir sa gorge le temps d’une seconde avant de laisser ses lèvres se poser sur celle de Cara. La tension, ce fils invisibles, se tendait et les yeux de Temperence se fermèrent au gré de la caresse prodiguée par la Succube. Instant mortelle. Question hasardeuse et murmurée au creux de l’oreille. Temperence n’avait pas besoin de bouger pour sentir la femme contre elle, pour sentir son corps se dessiner dans son dos alors qu’ils ne se touchaient que par cette main déposée.

– Tout dépend ce que vous entendez par choses intéressantes. Il s’y passe des choses, c’est juste mais intéressantes… Cela reste à voir.

Temperence murmurait. Il n’y avait pas besoin de hausser le ton plus que nécessaire, Cara était assez proche pour entendre le souffle de son ancienne élève et pour sentir ses muscles se tendre alors qu’elle tournait la tête pour observer la femme du coin de l’œil. Elle était belle. Il n’y avait pas à disserter sur ce sujet, elle respirait la beauté et la luxure. Il était doux de l’avoir. De la voir.
Doucement, Temperence laissa remonter sa main pour venir caresser celle de Cara qui reposait toujours sur son épaule. Elle ne quittait pas le regard de son ancienne professeure alors qu’elle la faisait glisser sur sa clavicule saillante. Sa main fraîche épousait l’os de Temperence. Cette fois-ci, Temperence ne fuyait pas et elle ne fuirait pas comme elle l’avait fait lors de la dernière rencontre. C’était une certitude.

Il s’y passe des choses

Cara

Tempérence

Cara

Tempérence

Cela reste à voir.

offerte

L’odeur. Ce parfum qui l’entourait était envoûtant, cela en devenait indécent. Le nez de Temperence était prisonnier de cette fragrance délicate si bien que la Femme, sans la toucher, pouvait dès à présent lui faire plier le genou d’un simple mouvement capable de remuer le Parfum dans l’espace.
Temperence sentait aussi ses doigts dans ses cheveux. Ils ne la touchaient ni ne tiraient vraiment la mèche, le mouvement de ses doigts avec l’ondulation suffisait à la faire frémir. C’était une sorte de vague qui s’échouait dans le creux de ses hanches, contre ses lèvres entrouvertes ou contre son cœur.

Temperence avait les yeux presque clos. Les garder ouverts était une injure à la Femme qui n’était plus dans son champ de vision depuis un temps maintenant. Son esprit compliquait les choses alors que la main qui jouait, un instant auparavant, avec les mèches brunes venait de s’envoler pour s’égarer contre la peau pâle, glisser contre le menton et serrer délicatement la pointe du visage. Temperence sentait l’empreinte de la main contre sa mâchoire, une chaleur douce voguant sur peau avant qu’un geste brusque ne fasse s’ouvrir ses yeux, ses deux prunelles abyssales s’ouvrant sur le regard la dévorant. La nuque reposait sur le dossier et elle tendit la gorge un peu plus alors que les lèvres de la Femme rencontraient les siennes.

Ses yeux se fermèrent sous le coup du baiser. Elle en savoura la tendre saveur tandis que le Parfum l’entourait pleinement, le nez pointant vers la gorge à la peau fine. Le baiser était intense et chaste. Les lèvres étaient scellées entre elles avec force et délicatesse, toute la beauté de deux femmes s’embrassant émanait du tableau.
D’un geste tendre, Temperence plaça sa main sur la nuque de Cara, pivotant légèrement dans une invitation à peine cachée pour qu’elle vienne, qu’elle s’installe elle aussi sur le large siège. Temperence avait le souffle court, elle choisit d’écarter quelques peu ses lèvres de celle de la Femme pour inspirer délicatement l’air imprégné de cette fragrance entêtante. Elle avait le rose aux joues, un rose poudré rappelant la couleur des roses et son cœur qui battait avec force, son cœur qui pulsait contre sa poitrine pour la faire vibrer.

D’un geste lent, elle tendit un peu plus la gorge. Elle sentait sa peau la tirer et sa nuque se briser de manière exquise. Offerte. Soumise un peu plus encore à cette femme avant d’ouvrir un peu les lèvres, laissant paraître les petites dents blanches et droites qui vinrent se planter dans la lèvre inférieure de la Femme. La morsure que Temperence exerçait était douce. Elle serrait la mâchoire avec contrôle. Juste assez pour se faire sentir. Pas assez pour entraîner la douleur.

La juste mesure.

Cara

Temperence

Cara

Venez là