Il n'y avait rien de plus ennuyeux que l'Hiver, d'abord il faisait froid pour moi et ensuite les gens étaient d'un ennui mortel dans cette période de l'année. Ils faisaient tous leur dépression de fin d'année avant de se revigorer d'un seul coup au début de la suivante comme si passer d'une année à l'autre changeait la moindre chose autre que celle de modifier le numéro derrière celle passée. C'était assez risible, assez triste en soit d'ailleurs. Mais qu'importait, au ministère, il n'y avait pas place à faire cette petite déprime hivernale, il n'y avait la place qu'au travail et au travail bien fait car le mal n'attendait pas la fin de cette période pour continuer à ramper et à essayer de continuer de corrompre les foules blasées par le comportement ces dernières années des hauts magistrats et des ministres du monde magique anglais.

Loin de tout cela, j'avais pris du temps pour moi. Quelques mois de pause, loin de la ferveur du monde magique anglais, j'avais remis une sorte de lettre demandant quelques mois de repos pour retourné une nouvelle fois en Irlande. Là-bas, le monde me paraissait moins complexe, les sorciers n'étaient peut-être pas aussi doués voir organisés qu'en Angleterre mais la vie était bien plus simple. L'on se levait aux aurores, l'on se couchait à la tombée de la nuit et la journée passant l'on se contentait de faire les tâches qui menaient à la bonne vie de la maison des Balor. Sans compter que cela lui permettait de revoir ses douces petites sœurs et mieux encore Aileen, ma demie-sœur au fil des années était devenue d'une importance capitale dans ma vie et revoir celle-ci ne serait qu'un simple moment me rendait heureux.

Nous pouvions parler de tout et de rien, un simple sujet pouvait occuper une nuit entière de discussion et de débat autour d'une cheminée de sa maison maternelle. J'en venais presque à me demander comment mon imbécile de père avait pu m'offrir comme dernier cadeau une sœur aussi agréable que sympathique, en soit tout l'inverse de ce vieux bourru alcoolique, et c'était avec le cœur déchiré que j'avais du quitter les lieux lors du dernier jour devant repartir en Angleterre pour retrouver mon poste au sein du Ministère de la magie.

Ce fut surprenant que de remettre les pieds au sein de ce lieu antithèse absolu de celui décrit juste au-dessus où tout était froid et amère, tout puait les règles et l'ordre mais en même temps, il s'agissait de mon travail et je n'avais pas moyen d'y échapper. Parcourant ce monde qui ne m'était guère inconnu des yeux, c'était droit vers le bureau des Aurors que je me dirigeais, jetant de toute part des regards pour savoir si je reconnaîtrais le visage d'un collègue ou au moins d'une occupation pour un instant mais il n'en était rien, je savais après tout qu'il y avait eu nombreux changements au sein des Aurors mais j'ignorais encore à quel point ces modifications étaient profondes.

Jusqu'à ce que je la croise elle, mes yeux se plantèrent un instant comme la foudre et ma mémoire me fit défaut, je connaissais son visage, je savais que je l'avais déjà rencontré à un moment précis dans ma vie mais j'ignorais qui elle était, adossée contre un mur elle donnait l'impression d'observer le monde à la façon dont je le faisais mais d'une façon différente, là où j'avais la froideur de l'expérience elle semblait n'avoir celle que d'une jeune femme qui découvrait les lieux. Ma main alla directement à ma baguette tout de même, si je reconnaissais quelqu'un sans mettre de nom sur son visage en général la rencontre n'avait été guère assez agréable pour que je puisse me souvenir d'elle d'autant plus que mon odorat de loup me chuchotait qu'effectivement nous la connaissions.

J'abhorrais au plus au point le simple fait de reconnaître quelqu'un sans savoir de qui il s'agissait. C'était comme jouer à un de ces jeux de moldus comme le cluedo où il fallait deviner rien qu'à mon odorat où j'avais bien pu croiser une pareille demoiselle et Dieu seul savait que cela pouvait être long.. des demoiselles j'en croisais bien souvent mais elle, son odeur me rappelait réellement quelque chose. Fallait-il encore que je me souvienne, que je me souvienne de qui elle était et de ce que nous avions bien pu faire ensembles ou du moins comment nous nous étions rencontrés la précédente fois. Mes yeux rivés sur elle, je la vis détourner le regard.. petit oiseau ne fait pas ça, laisse moi deviner qui tu es et d'où tu viens avant de déployer tes ailes pour t'enfuir. Ici, dans le ministère tu étais chez moi, sur mon terrain de chasse, sur mon lieu de travail alors cela m’ennuierait que tu t'enfuis loin de mes griffes.

J'approchais gracieusement, à la manière qu'on m'avait apprise dans ces stupides grandes réceptions que ma famille maternelle adorait tant et qui me pourrissait sympathiquement la vie quand je retournais dans mon pays natal. Elle me fit un sourire et je ne pus m'empêcher de lui répondre, le petit oiseau n'était visiblement pas décidé à fuir et intérieurement je souriais bien plus que ce que je lui présentais. D'autant que plus je m'approchais plus son odeur me semblait familière et mes sens s'affolaient, il y avait quelque chose que je connaissais chez cette femme, un sentiment d'excitation, un sentiment de violence, quelque chose qui s'était produit et mon instinct de loup adorait ça autant que mon instinct d'être humain et arrêtant mes pas, elle s'approcha à son tour.

Ainsi le petit oiseau n'avait même pas la peur de venir se présenter au grand méchant loup. Quelle triste ironie pour elle, Dieu seul savait ce que je lui ferais si je me rappelais bien de notre première rencontre. J'arquais un sourcil quand elle se présenta d'un bonjour. Sa voix, cette voix. Les souvenirs me revirent et naturellement le sourire au coin de mes lèvres s'allongea un peu plus. La question qui suit est d'autant plus amusante que maintenant je sais très clairement qui elle est. Petite princesse de Poudlard qui a osé défier l'insigne, petite princesse de Poudlard qui a préféré se protéger en sacrifiant ses camarades sous l'acide. Je priais pour qu'elle se souvienne de moi, tous les deux nous pourrions rigoler des blessures que les autres ont sûrement eu à cause de son manque d'altruisme. "Bonjour, mademoiselle." Je prenais un ton clair pour faire comme si j'ignorais qui elle était. "J'ai aussi l'impression de reconnaître votre visage." Ton odeur surtout. "Nos routes ont du se croiser quelque part." Et moi je sais où. Mais qu'importe, elle me pose déjà une autre question, elle est bien curieuse. "Je le suis depuis un bon moment, mademoiselle." Néanmoins je me frottais la barbe avant d'ajouter. "Vous par contre, c'est la première que je vous vois dans nos couloirs.." Et j'étais bien curieux de savoir ce que tu faisais là petit oiseau. "Vous faites partis du ministère ? Sinon il est possible qu'on se soit croisé là."