« Si t’as pas de karma,
au moins t’as une famille. »
Avec Morfin Ryddles
au moins t’as une famille. »
Avec Morfin Ryddles
Saison 29
Hiver
À seize ans, il n’y a rien d’autre à faire en plein hiver à Londres qu’arpenter les rues pleines de guirlandes lumineuses, boire un chocolat chaud et se moquer des passants soudainement emplis par l’esprit de Noël. Et c’est exactement ce que j’étais en train de faire le jour où j’ai eu la plus stupide des idées.
[...]
Les flocons tombaient lourdement comme le sucre en poudre qu’on jette sur un gros gâteau. À peine espacés, ils couvraient les trottoirs et les fleurs comme une chaude couverture. Dans tout ce blanc, j’enfonçais mes traces de pas dans l’une des rues les plus huppées de la capitale. Boutiques de luxe, voitures aux lignes dynamiques et brillantes, londoniens pressés par leur femmes BCBG... Bref, la quintessence de la haute société en bonne santé et des goûts raffinés. Tout ce beau monde m’ignorait et je le leur rendais bien. Les doigts autour d’un gobelet fumant de chocolat chaud, je me penchais avec envie devant les vitrines des magasins, bousculant ceux qui me gênaient la vue et pestant contre ceux qui osaient râler.
Enfermée dans ma cape noire, je ne faisais que regarder ce que je ne pouvais m’offrir tout en me promettant qu’un jour j’achèterai ce petit collier qui me faisait de l’oeil depuis son promontoire. Il était en argent et la chaînette en maille fine accueillait une émeraude taillée en prisme. Son prix équivalait exactement à mes économies de six ans, accumulées grâce à mes petits jobs d’été dans des cafés moldus. Bien sûr, je ne songeai pas vraiment à me le procurer, mais il fallait admettre que l’idée me trotta dans la tête pendant quelques heures.
L’après-midi passa sans que je ne retourne voir la bijouterie. J’étais presque fière d’y avoir résister. Mais il me restait encore à passer devant une dernière fois pour rejoindre l’arrêt du bus qui me ramènerait chez Chloé, ma tutrice provisoire. Il était presque dix-huit heures, les magasins ne tarderaient plus à fermer. Je m’autorisais un dernier coup d’œil, juste pour vérifier que le collier y était toujours.
-50% Joyeuses Fêtes
Je m’étranglais presque en le lisant. Bon sang Riley, craque pas. Oh, et puis m*rde. Je rentrai dans la bijouterie presque à reculons, luttant entre raison et envie. La sonnette tinta, quelques personnes levèrent la tête tandis qu’un vendeur s’apprêtait à conclure une vente. À première vue c’était un gros caillou car le vendeur sortait compliment sur compliment pour épater sa cliente. Je ronchonnais un peu car j’étais loin d’être la clientèle habituelle et je ne voulais pas être assimilée à ces bonnes femmes blindées et coincées comme un balais. J’attendis un peu, un autre client entra. C’est maintenant ou jamais pour faire marche arrière.
