Le Dialogue du vent et de la mer [Abandonné]

Saison 30 - Hiver
Rp avec Amy Shields
Accompagnement musical

Le Dialogue du vent et de la mer

La mer, la dernière frontière ! Là où après tout s’arrête ou tout du moins c’est ce que l’on imaginait quelques siècles plutôt où les connaissances géographiques étaient l’imitées, ou l’Amérique n’existait pas encore. Puis il y eut des curieux, que ça soit pour la science, le succès ou autre chose, ces fous de l’exploration se sont lancés au travers des mers et océans de notre monde afin de franchir cette frontière et de la repousser au plus loin, si loin que la frontière qu’était la mer est devenu les cieux ! Partir explorer les nuages, voir ce qu’il y avait là-haut ! Plusieurs siècles après avoir écumé les mers et découvert la majeure partie de leurs secrets, d’autres explorateurs tout aussi dingues se sont sentis pousser des ailes et tel Icare, ils ont exploré le ciel, voyager au travers des nuages jusqu’à ce qu’ils ne puissent plus monter assez haut et atteindre les limites technologiques de l’époque ! Pourtant bien qu’ils avaient encore repoussé les limites de cette frontière, ils se sont assez vite rendu compte que si on le voulait, on pouvait la repousser au-delà de toutes limites et ne jamais cesser l’exploration. De nos jours, cette frontière ne semble plus avoir que pour seule limite celle que les politiques et grands patrons de notre monde ont décidé de fixer. Certes, d’autres limitations propres à notre nature nous empêchent de continuer d’explorer, pourtant ça n’est pas l’envie qui manque. Mais tandis que certains rêves d’être les premiers à marcher sur une planète encore inexplorée par l’homme, moi je réalise que j’en suis resté à l’époque de Vespucci et Colomb, traversant les mers, j’ai presque réalisé un tour du monde pour protéger celle qui est maintenant ma fille.

C’est pourquoi la mer représente tant de choses, à la fois cette frontière que j’ai franchie pour repousser les limites et aussi une forme de libération, de renouveau ! Me retrouver alors ici était une évidence, peut-être que Jude comprendrait un jour, mais pour le moment elle préférait profiter du temps clair pour s’amuser en bord de mer, jouer un peu dans le sable, ramasser quelques coquillages, elle s’éloignait peu à peu de moi, je craignais toujours qu’il lui arrive quelque chose, mais depuis tout ce temps, qu’est-ce qu’elle risquait ? Qu’est-ce que je risquais ? Impossible à savoir, peut-être qu’il n’y avait jamais eu de risque, mais pourquoi tenter le diable si on peut l’éviter ? Heureusement, ma paranoïa était maintenue à un niveau assez faible, car bien qu’elle était éloignée de moi, je pouvais tout de même avoir encore un œil sur elle, juste au cas où… Assise sur le sable, j’attendais simplement qu’il soit l’heure du notre rendez-vous avec Amy… On s’était juré de ne plus se cacher des choses, de ne plus se séparer sans en avertir l’autre et si on voulait tenir cet engagement, il fallait bien tôt ou tard qu’elle apprenne l’existence de Jude. Je n’avais pas l’intention de lui cacher pour autant, j’attendais juste le bon moment et puis l’endroit était parfait pour ça mais aussi pour lui parler de notre deuxième engagement, ne plus se séparer c’est bien, mais être ensemble c’est mieux, alors c’est pourquoi je lui avais donné rendez-vous ici sur cette plage, là où je souhaitais que nous restions ensemble pour… toujours ? C’est ce que j’espérais en tout cas, il y avait tant de choses à dire, à faire !

La mer… Drôle d’endroit pour proposer un rendez-vous. Ou pas ? La mer avait quelque chose de romantique finalement. Avec un beau coucher de soleil en fond ça pouvait vraiment être très chouette. Encore fallait-il qu’il y ai du soleil. Et un coucher. En Angleterre le coucher et le soleil ce n’était pas fifou finalement. Mais bon, il suffisait d’avoir la bonne personne à ses côtés pour que n’importe quel endroit devienne beau. En tout cas c’est comme ça que le voyait Amy. Et depuis leurs retrouvailles, la brunette profitait beaucoup plus de la vie. Elle aimait se dire qu’en rentrant du travail, quelqu’un l’attendrait. Bon, elles ne vivaient pas encore ensembles mais ça ne savait tarder et le simple fait de se sentir aimer lui faisait du bien. Cette sensation de ne pas être seule permettait de tenir éloignée Dame Solitude. Cette dernière n’avait plus fait son apparition depuis longtemps. A part quelques fois en rêves mais ce n’était pas dramatique comparé à avant. L’animagus avait donc accepté de bon cœur le rendez-vous fixé par Emily. C’était une bonne opportunité pour la voir. La jeune femme ne comprenait juste pas très bien pourquoi sa bien-aimée avait voulu faire ça à l’extérieur. Une envie de neuf peut-être ? Elle ne savait pas mais, ce n’était pas ce qui allait la freiner.

Amy arriva donc sur la plage. Elle s’était habillée avec un chemisier blanc avec un joli décolleté un V. Un pantalon noir accompagnait le tout et par-dessus, son indémodable long manteau noir. Ses longs cheveux bruns étaient lâchés et voletaient au vent. La jeune femme marchait dans le sable d’un pas instable. Elle n’avait jamais vraiment eu l’habitude du sable. Ce n’était pas chose courante de là où elle venait il fallait l’avouer. Tandis qu’elle avançait, Amy pensa à tout ce qu’elle devait dire à Emily. Une boule se forma dans son ventre. Il faudrait lui avouer son appartenance à l’Ordre du Phénix. Était-ce vraiment une bonne idée d’avouer ce genre de chose ? Très clairement non, c’était même une faiblesse. Mais elles s’étaient promis de ne rien se cacher et Amy ne voulait pas manquer cette promesse. Mais elle avait préparé une autre nouvelle bien plus réjouissante ; elle était prise comme Auror au ministère. C’était pas trop cool ça ? Il est vrai qu’elle avait postulé sans en parler à sa compagne, redoutant un peu sa réaction mais, maintenant que c’était officiel, elle ne pouvait manquer de lui dire.

Trop perdue dans ses pensées, l’animagus ne vit pas qu’elle avait beaucoup avancé. Une chevelure rousse apparut bientôt dans son champ de vision. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle accéléra le pas pour bientôt se retrouver à côté de sa compagne. Elle s’assit à côté d’elle et vint lui voler un baiser rapide.

- Bonjour jolie rousse ! Comment tu vas ?

Sourire radieux sur les lèvres tandis que la brunette passe une main sur la cuisse d’Emily, simple signe d’affection. Assises à quelques centimètres l’une de l’autre, Amy releva la tête pour observer l’horizon, ses cheveux toujours au vent. L’endroit était beau, bien choisi. Du Emily tout craché. Elle aussi était belle. Peut-être un peu trop pour Amy. La méritait-elle ? Surement pas mais tant pis.Je t’aime.

Dire la vérité, ça n’est jamais quelque chose d’évident, pourtant ça devrait l’être quand on s’apprête à tout avouer à celle qu’on aime, quand on ne craint plus notre passé… Pourtant, pourtant on croit encore quelque part au fond de nous qu’il serait peut-être préférable de lui mentir, ou tout du moins de ne pas lui dire certaines choses. Mais alors je me rappelle de notre promesse, de ne plus se cacher des choses, de ne plus s’éloigner l’une de l’autre. Alors je l’invite ici, avec mon secret, je l’invite à le rencontrer, à faire connaissance avec celle pour qui j’ai tout sacrifié… Je la regarde alors s’éloigner, craintive et rassurée à la fois. Ces sentiments contradictoires qui ont guidés la majeur partie de ma via continue encore aujourd’hui, mais j’arrive à présent à mieux les gérer pour rendre mes choix cohérents ou tout de moins ne plus réagir de manière impulsive. Alors oui, je me sens bien au bord de mer, je me sens comme une vague qui fonce vers la plage ou les rochers, ne sachant pas trop sur quoi elle va tomber ! Fonçant à toute vitesse sans se poser de question la mer m’inspire, la mer me porte elle me guide à sa manière… Mais que serait la mer seule ? Perdre un bateau c’est simple, mais le faire chavirer c’est encore mieux, lutter ensemble contre l’adversité c’est encore mieux ! Et qui d’autre que le vent comme meilleur allié de la mer ? Oh oui mon vent à moi je pouvais le sentir s’approcher délicatement, s’installer auprès de moi et souffler son amour, me poussant à tenir bon pour faire chavirer le navire de notre passé et l’engloutir définitivement derrière nous.

Je posais alors ma main sur la sienne afin de la saisir comme une crainte qu’elle ne s’échappe, j’avais peur qu’elle fuit face à tout ce que je devais lui dire alors je m’assurais qu’elle ne parte pas, pas avant que nous nous soyons dit tout ce que nous avions à nous dire. Je gardais le silence, profitant de l’instant présent à observer les vagues et essayer de deviner où pouvait bien se trouver Jude, elle qui était cachée par les dunes, je savais bien qu’elle ne s’éloignerait pas, mais bon que voulez-vous, mère poule un jour, mère poule toujours.

« Qu’est-ce que tu penses de cet endroit ? Je le trouve magnifique, reposant… La mer m’inspire et me donne le courage d’être là avec toi aujourd’hui. » Tandis que je finissais ma phrase, je pouvais observer au loin une petite silhouette revenir vers nous, ‘était-ce le bon moment pour lui annoncer ? De toute manière je n’avais guère le choix, d’ici quelques minutes je n’aurais plus le choix. « J’ai besoin de courage, parce que j’ai des choses à te dire, des secrets que je ne peux plus garder pour moi et que tu dois savoir… Tu es la personne en qui j’ai le plus confiance sur cette terre et il est temps que nous n’ayons plus de secret toi et moi… » Je retenais mon souffle une dernière fois…

L'air frais rentrait dans les poumons d'Amy et ressortait aussi vite. La jeune femme avait l'impression de dépolluer ses poumons avec l'air frais et salé de la mer. Elle inspira plusieurs fois pour remplir complètement son corps avant d'expirer. Elle était contente. Cela faisait des lustres qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien. Les mauvais sentiments l'avaient quitter au profit de l'espoir et de l'ambition. Et de l'amour évidemment. Mais fallait pas le dire, c'était beaucoup trop niais au goût d'Amy, vraiment. Elle ne voulait pas tomber dans ce cercle vicieux de l'amour guimauve et niais. Soyons des battantes et soyons fortes. Ça ce sera stylé. L'animagus détourna son regard de l'horizon pour le poser sur le visage d'Emily qui avait pris la parole.

Ouille, ça commençait mal. Par réflexe, Amy retira sa main de la cuisse de sa compagne pour venir la poser dans le sable derrière elle et prendre appui dessus. Elle fixa Emily sans rien dire pour commencer. Un stress grandissant prenant possession de son ventre, de ses entrailles. Même son estomac se tordait sous le stress. Elle déglutit tandis que des centaines de pensées se bousculaient dans sa tête. Adultère, Mangemort, Prostitution, fin de la relation,... Autant de pensées négatives qui venait prendre les bons sentiments qu'Amy ressentait depuis des semaines. Ces sentiments venaient d'être balayés à une vitesse à laquelle la brunette ne s'attendait pas. Elle répondit d'une voix grave, la gorge serrée.

- Tu me fais peur. Mais je t'écoute.

Les yeux qui se baissent tandis que les doigts jouent avec le sable en attendant la sentence. Elles devaient donc toutes les deux se dire les choses. Qui avait l'information la plus mauvaise ou la plus honteuse ? Qui se ferait le plus engueuler par l'autre ? Excellente question, les paris étaient lancés. Pour savoir tout ça, il suffisait d'attendre. Attendre que la rouquine parle, attendre que tout soit révélé au grand jour. Les secrets, c'était mauvais. L'auror le savait que trop bien. Il fallait donc que ça sorte et vu la mine grave qu'avait sa compagne, ça devait être assez important que pour la préoccuper. Elle se redressa donc et tenta un sourire gentil pour encourager Emily à parler. Ça allait bien se passer. Amy estimait que ses sentiments étaient assez forts que pour surmonter certains obstacles. Elle croyait en Emily et en leur couple. Ça allait bien se passer.

Avertissement

Ce RP mentionne du contenu sensible :

Décès, Violence (physique)

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J’allais devoir avouer sans doute la pire chose que j’ai faite durant mon existence, pourtant tout ce que j’ai fait, c’était pour quelque chose de juste, pour sauver une vie… Pour une vie, j’ai dû en sacrifier plus d’une, pour celle qui m’appelle Maman aujourd’hui, j’ai fait les pires choses que je pensais être capable de faire, le genre de choses qu’on craint de faire un jour et bien moi je l’ai fait. Et je devais avouer tout ça à ma moitié, mais devais-je tout lui dire dans son entièreté ? Peut-être que je pouvais arrondir les angles et modifier un peu les choses, non, elle s’en rendrait compte et si elle s’en rend compte que je n’ai pas été entièrement honnête, elle m’en voudrait pour toujours et peut-être même bien plus. Je devrais donc affronter mes démons, me montrer telle que je suis, faire face à mes actes. Je fixe alors le regard d’Amy, comme si j’essayais de l’attendrir pour que mon histoire lui paraisse moins horrible, mais je ne pouvais plus rien changer à ce qu’il s’était passé, tout ce que je pouvais espérer, c’est qu’elle accepte ce que j’ai fait ou tout du moins qu’elle le comprenne. Grande inspiration, je sens tout mon corps trembler et quand je prends la parole, ma voix tremble…

« Il y a maintenant quelques années, j’ai perdu complètement pied… J’ai appris que je ne pourrais jamais avoir d’enfant, j’étais dévastée et je suis tombée dans mes pires travers. A l’époque l’alcool était ma seule solution, mon seul moyen d’obtenir la paix intérieure qui me manquait tant… Enfin bref, un soir où j’étais complètement ivre, je me suis perdue dans les rues de la capitale… Et alors que je commençais à reprendre doucement conscience, j’ai croisé le chemin de deux hommes qui tenaient un tas de chiffons, ils n’avaient pas l’air rassurés du tout et se sont planqués dans une bâtisse abandonnée. Comme je ne savais pas trop si je délirais ou si c’était vrai, j’ai suivi les deux hommes. Dans une des pièces du bâtiment, ils étaient en train de décider qui allait… » Silence, impossible de prononcer les mots rien que d’imaginer ce qui aurait pu se passer. « Qui allait s’occuper du tas de chiffons… Dans les chiffons, il y avait un enfant, une petite fille et… et… et ils avaient reçu l’ordre de mettre fin à ses jours. » Je lançais un regard au loin pour voir où elle se trouvait. « Quand j’ai compris ce qui allait se passer, je ne pouvais pas laisser cette horreur se produire, alors je suis intervenue… » Le moment le plus difficile arrivait enfin. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça s’est passé, je n’étais pas totalement moi-même et j’ai raté mon sortilège… Le premier est tombé la tête la première contre un meuble de la pièce et est mort sur le coup… Le deuxième… le deuxième, il a essayé de se défendre. Il s’en est pris à moi et je n’ai pas eu le choix, c’était lui ou moi. » Impossible d’en dire plus, mais il était plus qu’évident de déduire ce que j’avais dû faire pour m’en sortir face à l’homme. « Après, je ne me souviens plus trop de ce qu’il s’est passé, mais le lendemain, j’étais chez moi, les mains recouvertes de sang et un bébé à mes côtés. J’ai compris ce que j’avais fait, mais j’espère que tu comprendras que je ne pouvais pas laisser ces hommes s’en prendre ainsi à un enfant. Surtout que quelque temps après, ils m’ont retrouvé, ceux qui avaient donné ordre de mettre fin aux jours de l’enfant. Je ne savais pas quoi faire, alors j’ai décidé de fuir loin d’ici. Ils m’avaient retrouvé une première fois, ils pourraient le refaire encore… »

Je me levais pour marcher quelques mètres devant moi, je craignais par-dessus tout la réaction d’Amy, comme allait-elle me considérer à présent ? Je venais de lui avouer que j’avais tué deux personnes, certes dans des circonstances assez particulières et pour protéger une autre vie, mais je l’avais fait. « Je regrette que ça se soit passé comme ça, j’aurais préféré qu’ils soient encore en vie même si ce qu’ils comptaient faire justifie leur sort, mais au moins elle est en vie et heureuse maintenant ». Je désignais alors au loin la petite fille qui courait, jouait et s’amusait sur la plage. « Elle s’appelle Jude et si je n’avais pas été là cette nuit, elle ne serait pas là en train de s’amuser pendant que je te dis tout ça. » Je me retournais pour faire face à Amy. « Je dois vivre avec ça tous les jours, j’espère que tu comprendras et que tu nous accepteras dans ta vie. Je sais que ce que j’ai fait est horrible, mais c’est arrivé et je ne compte pas demander pardon alors que j’ai sauvé une vie qui n’avait pas la moindre idée de dans quoi elle était impliquée. »

La rouquine se met à parler. Quelque chose dans sa voix est bizarre. Quelque chose cloche. Et Amy n'allait pas tarder à savoir quoi. Qu'est-ce qui tourmente Emily à se point ? Qui la stress et qu'elle a du mal à révéler ? Connaissant la jeune femme, la brune savait que ça devait être grave si elle agissait ainsi.
Amy écouta sans broncher. Chaque mot venait résonner dans sa tête et s'effondrer sur les plages de son esprit. L'histoire qui était en train de lui être contée prenait vie derrière ses yeux et elle imaginait. Les deux hommes, les chiffons, l'enfant, le sang, ... Le souffle qui se coupe. Flash-back de cette nuit là. Bianca à sauver, un Mangemort qui s'interpose et Amy qui perd le contrôle. La dague dans la main qui entaille le bras. Les doigts ensanglantés qui écrivent sur le mur. Quelques se secondes dans le vide pendant lesquelles Amy oublie de respirer. Plus jamais ça. Et soudain elle revient. Emily s'est levée. En revanche, l'animagus ne bouge pas, se contentant d'essayer de respirer, la bouche entrouverte. L'air revient dans ses poumons tandis que les étoiles derrières les yeux repartent lentement. Les picotements qui avaient envahis tout son corps sans qu'elle s'en aperçoive repartirent en même temps.
Puis soudain elle se retourne. La brunette avait toujours ses yeux un peu vitreux. Elle les posa sur sa compagne et tenta tant bien que mal d'avaler sa salive. Au terme d'un ultime effort elle réussi enfant et pris une grande inspiration. C'est d'une petite voix qu'elle commença :

- Emily...

L'animaus n'avait même pas encore regardé là où sa bien aimée lui avait indiqué. Pour l'instant elle tentait de ne pas s'évanouir. La jeune femme tendit ses jambes pour les étirer avant de se lever lentement. Le corps vacilla un peu mais resta droit sur ses pattes. Amy s'avança alors vers Emily pour prendre ses mains dans les siennes. Elle parla d'une voix plus ferme mais tout aussi basse, les yeux plantés sur leurs mains.

- Peu importe ce que tu as fait. Tu l'as fait parce que sur le moment, ça t'a semblé juste. Tu as suivi ta conscience et ce que tu es au plus profond de toi. Comment pourrais-je t'en vouloir d'avoir sauver une petite fille d'une mort certaine. Certes la méthode n'est pas très... légale. Mais je ne t'en veux pas. Tu n'as pas tué juste pour tuer. Tu as suivi ce qui te paraissait être bon et juste.

Petit regard en direction de l'enfant.

- En plus ça valait la peine, elle est mignonne comme un cœur vue d'ici.

Air expiré par la bouche dans un souffle. Concentration au maximum pour se remettre du flash-back. Ça allait mieux. Elle releva ses yeux clairs vers ceux de sa compagne et lui fit un petit sourire.

- Je n'aurai qu'à aller me présenter à elle lorsque je t'aurai annoncé une bonne nouvelle... Je suis prise au ministère comme Auror.

Repartir sur un sujet moins grave. Est-ce que ça allait suffire pour faire oublier à Emily ? Aucune idée mais en attendant, Amy ne bougea pas, attendant la réaction de la rouquine. Surtout qu'elle venait d'annoncer une bonne nouvelle mais.. Une autre arrivait derrière et celle là allait probablement moins bien passer. Commençons par analyser la réaction d'Emily face à la bonne nouvelle avant de stresser pour la mauvaise.

Je repense à tout ça, je regrette puis, un instant plus tard, je suis contente de la tournure que tout cela a pris. Certes, j’ai sacrifié deux vies, mais j’en ai sauvé une qui n’avait strictement rien demandé, alors pourquoi je m’en voulais ? J’avais peur, peur de perdre une des dernières personnes en qui j’avais confiance et surtout une des dernières personnes à m’aimer réellement. Je craignais qu’après cette révélation elle ne s’enfuit loin de moi, me laissant seule avec mes regrets et mes crimes. Refusant d’admettre que je ne voulais pas commettre ses meurtres à la base et que c’est arrivé malgré moi, mais que ça pouvait en valoir la peine. Je me tenais face à elle, mais je n’osais pas la regarder, pas avant qu’elle m’ait donné sa réponse. Le soulagement se fit instantané, lorsqu’elle n’annonçait qu’elle ne m’en voulait pas et qu’elle comprenait d’une certaine manière. Je ne pouvais pas attendre plus de sa part et puis elle semblait même heureuse de découvrir Jude, du moins à distance, puisque la gamine s’amusait encore loin de nous tandis que nous nous avouions les choses que nous n’avions pas eu l’occasion de faire après tout ce temps passé. Et cette fois, c’était à elle de m’annoncer la chose à laquelle je ne m’attendais pas trop, enfin si peut-être qu’au fond de moi je savais que ça allait arriver, mais peut-être pas si vite, peut-être pas me sachant avec elle…

« Et bien en voilà une nouvelle… Je suis contente pour toi, c’est ce que t’as toujours voulu d’une certaine manière. »

A cette annonce, je repensais à tout ce que j’avais fait d’illégale et à tout ce que j’avais d’illégale… Je savais bien qu’elle n’était pas à écarter de tout reproche non plus, mais si je pouvais au moins lui éviter de devoir m’embarquer un jour ou l’autre, j’essayerais de faire en sorte que ça n’arrive pas ou du moins qu’elle ne soit pas au courant. Comme quoi des fois garder certaines choses secrètes ça n’est pas toujours négatif et à propose de garder certaines choses secrètes.

« Tu as décidé de te ranger ? Ou bien tu fais ça pour autre chose ? » Il devait y avoir quelque chose d’autre la derrière, c’était plus fort que moi mais j’avais du mal à admettre qu’elle avait décidé de faire carrière au Ministère aussi simplement. « Dis-moi la vérité, tu ne fais pas ça que parce que tu en as envie ? C’est ton idée ou la leur ? Et depuis quand tu es retourné auprès d’eux ? » J’aurais dû m’en douter, non pas que je ne les appréciais plus ; mais je doutais de leurs réelles motivations, pourtant j’ai combattu avec eux, pour eux et je suis intimement convaincu que leur combat est le bon, mais le faisaient-ils correctement ?