Chasse en Ecosse [Abandonné]

Saison 30 - Hiver
Avec A. Cobredy, A. Ravental, K. Underlinden

Le temps était clair. La pluie de la veille avait rendu le terrain boueux. Une nappe de brume surnaturelle planait à quelques centimètres du sol. Le temps parfait pour chasser en Ecosse. J'avais envoyé il y a de cela deux semaines quelques invitations à de nobles et riches familles alliées à mon clan. Entretenir notre univers hermétique était certainement l'une de nos activités favorites. Vétu d'un costume de chasse en Tweed et de bottes hautes, je battais le rappel.

Notre groupe était composé d'une poignée de traqueurs, membres de mon personnel et amis du village proche. Le groupe des postés était réservé à mes invités et à moi même. J'avais envoyé Hector, mon Garde-Chasse en chef, faire le pied pour repérer les bêtes potentiellement présentes dans l'enceinte. Tout en écoutant son rapport, j'attendais que mes invités nous rejoignent aux portes du Manoir, là où le rendez-vous avait été donné.

Je rouspète intérieurement alors que je marche en direction du manoir que j'aperçois devant moi. Mes grands-parents ne m'ont toujours pas lâché la grappe ! Comme si j'avais envie de me mêler de leurs affaires et, surtout, de leur servir de remplaçante.
Ma grand-mère a reçu une invitation, d'une vieille connaissance, pour une partie de chasse dans son charmant domaine écossais. Jusque-là, rien d'étonnant et je m'en fiche un peu, à dire vrai. Sauf que cette chère Magda Von Sacht, beaucoup trop débordée en ce moment par ses oeuvres carritatives (c'est qu'elle fait dans le social, la dame), a décidé de m'envoyer, moi, Kohane, sa petite-fille, pour la représenter. Pensez, j'ai balancé qu'elle n'avait qu'à décliner l'invitation, voilà tout. Mais non, il faut entretenir les bonnes relations entre familles et donc décliner une telle invitation ne se fait pas.
Rah mais quelle poisse !
Je me suis juré que plus jamais elle ne déciderait de ma vie.
Mais bon, j'en ai eu marre de l'entendre me rabâcher cette histoire et la voir faire pression sur mes parents pour que j'accepte le rendez-vous. De mauvaise grâce, je me suis exécutée. Un week-end où je suis libre. Un week-end où j'aurais pu faire plein d'autres trucs, comme faire un tour aux 3B, m'assurer qu'Arty n'a rien fait exploser et qu'Elias trouve ses marques dans le bar.

Ma grand-mère a insisté pour que je sois bien habillée. C'est qu'il y a quelques codes rudimentaires à respecter. A commencer par ne pas se pointer en sweat et jeans. Pour peu, elle m'aurait filé un corset à mettre !
A la place, j'ai juste fouiller dans ma garde-robe variée pour en tirer un chemisier blanc et une longue jupe couleurs d'automne sur des bottes confortables. Vu le temps, il y a de fortes chances pour que le terrain soit plein de boue. Eh bien mes bottes sont prêtes ! On pourrait même faire une bataille de boue. Mais je doute que ce soit dans le programme.

Après un transplanage réussi, je parcours ce qui me reste à pied et, bientôt, arrive devant l'entrée du manoir où attend notre hôte. Je ne sais même pas si ma grand-mère l'a prévenu qu'elle ne venait pas en personne. Si ça se trouve, elle a estimé que c'était à moi de le faire et comme je l'ai pas fait, il s'attend à voir sa chère Magda, laquelle n'arrivera jamais.
L'homme qui attend devant son manoir a un certain âge et, je ne sais pas trop pourquoi, je sens qu'il doit bien s'entendre avec ma grand-mère. Ils ont l'air d'appartenir au même monde -celui d'en haut. Si ça se trouve, ils ont déjà partagé bien d'autres parties de chasse en Ecosse ou en Allemagne.
J'arrive à sa hauteur, le dévisage rapidement.

-J'viens de la part de Magda Von Sacht. L'est trop occupée. Elle m'a envoyée à sa place. J'suis Kohane. Sa petite-fille. J'y connais pas grand-chose à la chasse. Mais elle a dit que c'était important que j'y aille. Parce qu'on décline pas une invitation comme ça.

« - Une partie… de chasse… Quelle heureuuuuuse idée. »

Quelle connerie oui. C’est ainsi qu’Andy, ravi, réagit au courrier que lui avait transféré sa tante. Un sombre vieillard l’avait invité à une partie de chasse, mais sans doute avait-elle piscine ce jour-là et c’était au neveu de s’en charger. Deux possibilités : l’hôte était d’un ennui total et Eleanor voulait simplement se débarrasser poliment de la corvée, ou elle voyait un intérêt stratégique à ce que ce soit Andy qui y aille en lieu et place de tantine. Impossible cependant de savoir, elle avait eu le bon goût de le prévenir la veille au soir, limitant ainsi toute recherche préalable.

Et comme si l’affront n’était pas suffisant, la lettre était accompagnée de consignes. Il fallait donc, en plus de se coltiner une bande de vieillards s’auto-congratulant de leur barbarie, récupérer un portoloin à SEPT HEURES du matin, et porter un SOMBRE COSTUME traditionnel gallois. Rouge, vert, blanc, petit chapeau. Un chaudron et des pièces d’or pour la prochaine fois, non ? Anyway, faire bonne figure, et avec un peu de chance trouver un moyen discret de ruiner cette partie de chasse.

Encore à moitié endormi, après quatre petites heures de sommeil, Andrew rejoignit la cloche pour brebis qui devait le transporter (et le transporta) en Écosse. Une bonne demi-heure de marche le séparait encore du manoir, et le sol boueux acheva de vernir sa mauvaise humeur. A quelques centaines de mètres de l’arrivée, pause nécessaire pour respirer et fixer sur son visage un sourire de circonstance. Après deux ou trois dernière minutes de marche, le manoir. Sans faire vraiment attention au reste des invités, Andrew se dirigea directement vers celui qu’il avait identifié comme hôte.

« - Bonjour cher Monsieur, Andrew Cobredy, neveu d’Eleanor Green. Ma tante, hélas, ne peut pas se joindre à nous, mais je suis ravi d’avoir l’occasion de vous rencontrer. »

C’était le départ d’une matinée d’amusements.