Pourquoi être obsolète quand on peut changer de tête ? [Abandonné]

Saison 30 - Hiver
Avec Antonius Ravental, Azael Peverell, Sean Balor, Amy Shields, Tempérence Black

Consigne avait été donnée à tous les services. Elle était simple, claire, sans fioritures : "Nouveau Directeur du Département de la Justice Magique nommé. Convocation neuf heures et demie en salle de réunion numéro quatre." Je foulais de nouveau les longs couloirs de ces lieux si familiers à ma présence. Je me revois encore toquer à la porte du bureau de Rosie Peltz, aujourd'hui mien. Dorénavant, la Justice, c'est moi.

J'étais assis au bout d'une longue table rectangulaire en bois obscur pouvant facilement accueillir une vingtaine de sorciers. Les autres agents et les retardataires seront condamnés à demeurer debout. Dans un costume trois pièces gris anthracite accompagné d'une cravate bordeaux et d'une chemise blanche, je patientais. Quelques ajustements au niveau de mon col et de mes manches. Tout devait être parfait. Je joints mes mains devant moi, sur la table. Un sous-main en cuir noir se trouvait devant moi, uniquement. Privilège de la charge. Dans le couloir, les agents les plus zélés trépignaient d'impatience. Volonté de se faire bien voir de leur hiérarchie, certainement.

Neuf heures et demie pile. Un geste de tête à l'un de mes assistants. Les portes de la grande salle de réunion s'ouvrent, laissant entrer les employés du Ministère dûment convoqués. Je me redresse, mains jointes au milieu de mon dos. Attendant le silence, je finis par prononcer mes premiers mots officiels. (HRP : les personnages ponctuels arrivent à ce moment.)

- Bonjour à tous et merci d'avoir aménagé vos emplois du temps respectifs pour vous présenter à cette réunion. J'invite les Chefs de Service ainsi que les Agents titulaires à prendre place. Nous allons débuter.

Endroit pas encore familier. Le carrelage qui claque sous les talons, la fraîcheur des couloirs et le bruit de fond des conversations des employés. Tout ça n'était pas encore habituel pour Amy. C'est pourquoi elle continuait de se faire discrète, passant sans un bruit près des gens qui parlaient. Elle qui voulait du neuf dans sa vie, elle était servie. Mais depuis son escapade en Suède, la nouvelle auror mettait du temps à s'adapter et à avoir des contacts avec les personnes qu'elle ne connaissait pas. Elle restait donc discrète et essayait d'observer pour mieux comprendre le fonctionnement de ce nouvel environnement.

Apparemment elle n'était pas la seule à être nouvelle dans le ministère puisqu'elle avait reçue l'information comme quoi il y avait une nouveau Directeur de la Justice Magique. Ce dernier organisait une réunion pour se présenter. Quelle meilleure manière pour se présenter elle-même et pour faire la connaissance de son supérieur que de participer à cette réunion. Elle fut donc dans les première à entrer dans la salle lorsque les portes s'ouvrirent. En bout de table, un homme inconnu au bataillon. Le présumé directeur. Etant donné le silence ambiant, Amy se contenta de parler d'une voix grave pour ne pas trop attirer l'attention.

- Bonjour.

Se présenter lui paru superflu, étant directeur, il devait bien savoir qui elle était. L'animagus s'installa à quelques chaises de son supérieur, croisant ses mains sur le dessus de la table. Sans faire attention aux autres personnes présentes, essayant de rester discrète pour ne pas être vue, la jeune femme baissa les yeux sur ses doigts. Il fallait vraiment qu'elle travaille son côté social, ça n'allait pas être facile pour son intégration sinon. Ceci dit, le simple fait de pouvoir fouler le sol du ministère rendait la jeune femme heureuse. Ça prouvait qu'elle était capable de faire un travail comme celui là. Ou en tout cas, ça prouvait qu'elle était capable d'être reconnue et prise pour ce qu'elle était. Prend confiance Amy, prend confiance. Les yeux toujours baissés, elle commença à jouer avec ses doigts, attendant le début de la réunion.

9h20. Du moins si j'en croyais le cadran de ma montre, j'étais presque en retard, c'était dommageable. La nouvelle était venue comme une bénédiction, enfin, enfin j'aurais peut-être un chef qui ne se contemplerait pas à se regarder dans un grand miroir au milieu de son bureau comme un Narcisse du pauvre. Bref, je souriais doucement, rien ne valait vraiment la peine de se presser, ça se trouve ce dernier serait comme les autres, ça se trouve le Ministère avait encore envoyé un peigne-cul pour donner l'impression à ses agents que l'on avait quelque chose à faire d'eux, que le terrain ça comptait. Tandis que je rejoignais les quelques gueux qui attendaient patiemment qu'on leur ouvre les portes du bureau, un bureau que je ne connaissais que trop bien pour y avoir déjà travailler de longues heures avec Peltz, je restais en arrière. Je me demandais à quoi pourrait ressembler ce nouveau directeur, le terme de "nouveau" me dérangeait par ailleurs, je préférais travailler avec des femmes.. question de pratique bien sûr. Quoique Rosie avait eu cette particularité d'être aussi mignonne qu'efficace rendant les pires journées de notre travail presque belles. Elly l'était un peu moins mais bon, chacun ses défauts après tout.

9h30. Quelques minutes d'attentes et l'irrépressible envie d'en coller une à l'un ou deux de ces imbéciles qui attendaient avec impatience qu'on daigne leur ouvrir un bureau où n'importe qui pouvait se rendre auparavant. C'était la triste métaphore des Aurors, plus le temps passait plus on les empêchait de faire des choses, plus on resserrait les murs autour d'eux. C'était presque le synonyme d'un système qui ne tournait, le synonyme d'un système qui était malade et qu'il fallait sûrement purger, un système qui à force ne régulait plus le monde mais le subissait. Mais qu'importait les quelques pensées qu'il pouvait avoir après tout quand les portes s'ouvrirent tout devait disparaître puisqu'il s'agissait de bien paraître devant le nouveau seigneur des lieux. Les premiers firent leur entrée comme toujours prenant leur rôle de courtisan à cœur, ils allèrent se coller au nouveau chef. Je le dévisageais un instant tandis que les autres se mettaient déjà à tourner autour de lui, il n'avait rien d'exceptionnel cet homme. Rien qui ne méritait d'intérêt à première vue.. du moins qui méritait d'intérêt autre que son poste bien sûr.

Je fis mon choix sur une chaise qui était assez éloignée des vautours et de leur nouveau cadavre, au moins de loin j'aurais sûrement la paix pour un moment. La paix, certes, mais mes yeux en profitaient tout de même pour parcourir un à un, les saltimbanques qui étaient rentrés en premier. J'en connaissais quelques uns, toujours les mêmes en général qui jouaient à ça, mais certains m'étaient inconnus et voir les nouveaux visages fraîchement débarqués essayer de se faire reconnaître me faisait toujours sourire. Jusqu'à ce que je pose mes yeux sur un des visages que je connaissais, Amy, mon sourire s'effaça presque immédiatement. C'était comme si le Ministère s'amusait à constamment me faire ch*er.. je la dévisageais un instant, elle avait l'air timide. Petit chat va sortir de sa litière rapidement parce que sinon il va se faire dévorer par les reptiles autour. C'était ça la réalité d'un ministère alors il allait falloir que petit chat se dépêche à sortir les griffes et à éviter de ressembler à un chaton au milieu d'une autoroute si elle voulait survivre plus de 10 minutes.

Temperence était ponctuelle. Elle avait attrapé ce virus, abandonnant ses cinq minutes de retard habituelles. Il fallait dire qu’Alanya n’avait pas été la plus douce des femmes quant à son retard continuel et les sentences tombant durement, Temperence avait fini par abdiquer, arrivant dorénavant en avance de cinq minutes. Cette précision était presque agaçante mais la jeune femme trouvait si amusant le fait de jouer avec les nerfs de sa mentor que c’en était devenu un véritable jeu entre elles.

Ordre avait été donné au sujet d’une convocation dans la salle de réunion suite à la nomination d’un nouveau directeur au département de la Justice Magique. Les deux femmes devaient être présentes. Elles représentaient un pan de la justice. Temperence était déjà devant la salle lorsqu’Alanya apparut enfin. Elle n’avait pas de retard mais cette femme si stressée avait du retard dans son avance habituelle. Elle discutait avec un homme aux cheveux grisonnant. Ils semblaient rire ensemble. Un amoureux ?

– Temperence, j’entends tes pensées d’ici. Petit regard amusé de la part d’Alanya qui n’était plus qu’à quelques centimètres de son élève. Tu es à l’heure. C’est parfait. Si j’avais su que te priver de travail, te restreignant à la relève du courrier, était une solution radicale, j’aurai agi bien avant.

– Mais ce n’est pas en me formant uniquement à l’art du thé et à l’art de l’ouverture d’enveloppe que tu vas pouvoir prendre ta retraite tu sais.

Les deux femmes se mirent à rire doucement. Alanya passa sa main sur la joue de son élève avant de lui frotter délicatement l’épaule. C’était là sa manière à elle de lui dire bonjour. Quelques personnes observaient la scène sans réellement comprendre ce lien maternel les unissant l’une à l’autre. Temperence avait une envie folle d’écraser de son talon le pied de l’homme venant de suggérer qu’elles pouvaient s’embrasser pendant qu’elles y étaient. Cependant, elle se limita à lever les yeux vers le ciel tandis que la porte s’ouvrait. Les personnes présentes entrèrent d’un bloc, presque désireuse d’élargir l’entrer afin de pouvoir passer à plus d’un dans le grand encadrement de bois.

D’un même pas, les deux femmes entrèrent dans la pièce, observant les gens prendre place. D’un pas certain, Alanya se dirigea vers la droite du nouveau directeur que Temperence découvrait et reconnaissait. Antonius. La jeune femme observa sa mentor du coin de l’œil. Il n’y avait aucune surprise dans son regard. Elle savait et ne lui avait rien dit. Bougresse.

Le brouhaha fut coupé net par la voix forte de l’homme. C’était une voix qui ne s’oubliait pas, elle résonnait encore dans la poitrine de Temperence. Il était toujours aussi impressionnant dans son costume parfaitement taillé et, bien que Temperence le connaisse plus personnellement, il gardait cette aura de fer autours de lui.

Temperence se décala légèrement alors qu’Alanya allait prendre place à la droite d’Antonius. « Chefs de Service et Agents titulaires » seulement avaient le droit de prendre place autour de la table or, elle, elle n’était ni l’un ni l’autre donc elle se mit quelque peu en retrait, s’effaçant avec les autres quand Alanya lui fit un signe de main. La femme était catégorique dans son signe. Temperence devait prendre place autour de la table avec elle.

La jeune femme acquiesça avant de sortir de la foule pour s’installer aux côtés d’Alanya. Elle glissa un regard à Antonius, lui offrant un sourire avant de laisser son regard couler vers les membres installés. Certains la jugeait du regard, voyant d’un mauvais œil le fait qu’elle prenne ainsi place alors qu’elle n’était encore qu’une vulgaire apprentie. Elle préféra ne rien dire, ne rien laisser paraître plutôt que de répondre à ces loups qui n’attendaient qu’un faux pas de sa part pour la virer de la table.

Temperence observait les personnes installées autours d’elle. Elle avait l’impression de reconnaître quelques figures, il y en avait d’autre qu’elle savait avoir croisé dans Poudlard puis il y avait lui. Balor. Sean. Elle avait changé depuis leur dernière rencontre mais lui n’avait pas changé. Il avait toujours la même tête. Se souvenait-il ?

HRP : Alanya Start est avocate. Elle est la mentor de Temperence et possède
une place très importante dans le développement de Temperence tel que je
la vois maintenant. Une partie lui sera réservée dans ma fiche perso mais je
n'ai pas encore eu le temps de m'en occuper, je vous laisse juste une photo
d'elle pour que vous ayez son visage.
De l'amour pour vous,
Tempête

Tout le monde était à présent installé. Plus aucune chaise n'était disponible. Une grande partie de l'assistance se trouvait encore debout. La masse humaine coiffée de chapeaux biscornus et de tenues alambiquées se trouvait là, suspendue à mes paroles. Je pris une grande respiration avant d'ajuster ma coiffure. D'une voix posée et monocorde, je débutais mon propos.

- Un peu de silence, je vous prie. Bien. Pour commencer, je me présenterai succinctement. Je suis Antonius Ravental. Certains d'entre vous m'ont, par le passé, connus en tant que Directeur Adjoint ou en tant que Chef de service. Cette période est dorénavant révolue.

Je marque un temps. J'ajuste ma cravate avant de poursuivre, joignant mes mains sur la surface en cuir face à moi.

- Notre Département se doit d'être un rempart contre l'anarchie, l'apathie et contre la perte de confiance latente en nos institutions. Car ne nous leurrons pas un instant. Celles et ceux en dehors de ces murs jugent tout autant nos actions que nous jugeons les leurs. Je n'aurai aucune pitié pour les ronds-de-cuir, les comploteurs et les propagateurs de bassesses intellectuelles. Nous tous ici présents œuvrons pour la Justice. Mais nous n’œuvrons vraisemblablement pas pour la même Justice. Celle que je souhaite défendre sait qu'il faut se salir les mains. Elle sait qu'il faut pouvoir agir promptement et efficacement pour contrecarrer les menaces d'aujourd'hui et de demain. Elle sait qu'au plus fort de l'obscurité, on ne peut compter que sur sa baguette et sur son courage. Pas sur un formulaire ou un quelconque dossier.

Aussi, j'aimerais que les choses soient très claires entre nous : les travailleurs honnêtes et les adeptes de l'efficacité seront récompensés. Ils auront l'autonomie nécessaire. Ils seront accompagnés et soutenus par la direction. Quant aux flagorneurs, aux zélés incompétents et aux arrivistes, qu'ils n'attendent aucune clémence de ma part. C'est tout, pour le moment.

Je n'avais pas besoin d'ajouter quoi que ce soit. Le ton était donné et il était incontestable. Je ne connaissais que trop bien la lourdeur et la pesanteur du système pour l'avoir mainte fois éprouvée. Clignant à quelques reprises des yeux, je finis par ajouter, sur un ton un plus plus léger.

- Questions, remarques, interrogations ?

(Les retardataires arrivent à ce moment)

T'as bien reçu la convocation, comme tout le monde. Et t'aurais même pu arriver à l'heure, comme tout le monde. Le truc, c'est que la ponctualité, ça se mérite. Comme le respect. Et toi, ce nouveau Directeur de la Justice Magique, tu sais pas qui c'est, alors il n'a pour l'instant rien mérité de tout ça à tes yeux. Arriver en retard à sa petite réunion de présentation est un très bon moyen de poser les bases qui, selon toi, régissent toute relation humaine. Alors t'as bien pris le temps de ranger ton bureau, classant les dernières plaintes en date par ordre de prise en charge, reprenant ton planning pour vérifier ton prochain tour de garde dans les rues de la capitale, en espérant qu'il s'y passe quelque chose, pour une fois.

Et une fois l'heure de la convocation bien dépassée, tu sors enfin de ton bureau, traversant les couloirs pour arriver à la salle de réunion quatre. Derrière la porte, tu entends quelques bribes d'un discours, ou plutôt d'une fin de discours. Pas de phrases complètes, simplement des mots qui se détachent. "Flagorneurs", "Incompétents", "Arrivistes". Et enfin, une question, qui s'élève plus clairement pour toi. C'est le moment que tu choisis pour actionner la poignée et entrer dans la pièce. Comme tu l'avais imaginé, tu es probablement le dernier arrivé. Toutes les places assises sont prises, et tu sens les regards sur toi. Tu te contentes d'une salutation d'un signe du menton, sans chercher à t'excuser, et tu t'adosses contre le mur du fond de la pièce, mains dans les poches, une fois la porte refermée.

Sauf que ton regard se pose enfin sur le type qui parlait. Et tu dois bien admettre que sa tête te dit un truc. Faut dire que des vieillards importants, y'en a pas tant que ça dans le monde magique. Nullement gêné par ton retard, ni par le fait de le dévisager purement et simplement, un sourire légèrement insolent prend place sur tes lèvres tandis qu'une question s'en échappe.

- Vous étiez pas Magenmage, vous ? Vous pensez vraiment être capable de gérer un service de terrain comme le nôtre ? Politiciens et justice ont rarement fait bon ménage, chez nous, les paroles ne valent rien, ce sont les actes qui comptent. Alors, concrètement et factuellement, vous allez faire quoi ?

Est-ce que tu commences directement par taxer votre nouveau Directeur de beau parleur incompétent ? Oui. Mais t'as toujours eu besoin que tes chefs fassent leurs preuves avant de pouvoir les considérer comme tels. N'importe qui ne peut pas se vanter d'avoir un Peverell sous ses ordres. Pour l'instant, le seul arriviste que tu vois dans cette salle, c'est ce type en costume. En plus, son costume, il est moins beau que le tien, très objectivement.

J'observe avec attention l'Auror ayant pris la peine d'arriver en retard. J'écoute sa question. J'écoute son petit numéro. Il serait presque convaincant. Etais-je en train de taxer directement ce nouvel employé de beau parleur guère plus compétent que moi ? Oui. Sa question achevée, je laisse quelques secondes de silence s'écouler. Je me penche vers une bannette en cuir déposée à mes pieds et en tire un épais dossier. J'en défais le lien et commence à la parcourir. Je m'arrête sur une page précise comportant une photo dans son coin supérieur droit.

- Monsieur Peverell. Membre du Bureau des Aurors depuis une année. Bien. Considérant vos états de service, je pense pouvoir vous donner une réponse.

Croisant mes mains sur la table, je le juge de pied en cape. Mon visage demeure parfaitement inexpressif.

- Je constate qu'effectivement, vous accordez une importance toute particulière aux actions. Qu'elles fussent bonnes ou mauvaises. J'ai effectivement été Magenmage. J'ai aussi, comme vous l'avez très justement souligné, occupé la tête du Service des Usages Abusifs de la Magie. Concrètement et f actuellement, j'accorderai aux services de ce Département toute la lattitude nécessaire pour réaliser leurs tâches. Je compte également lancer une campagne de recrutement afin de nous assurer une capacité de réplique immédiate et proportionnée en cas de danger imminent. Tous les employés du Département seront soumis à un entretien par trimestre visant à réévaluer régulièrement la justification de leur travail au service du Ministère. De même, l'ensemble du protocole de mise en détention provisoire sera allégé.

Vous n'aurez pas les actes que vous attendez en sortant de cette pièce. Vous me considérerez toujours comme un bureaucrate. Peu m'importe. Le jour où cependant vous aurez vraiment besoin de moi, je serai présent. Je tiens à ce que vous fassiez de même. Par respect envers votre propre intelligence et vos propos.

Du reste et à moins que vous ayez d'autres fulgurances désinvoltes à nous soumettre, je vous remercie pour cette question pertinente. C'est cet esprit rationnel et ancré dans le réel que je souhaite insuffler à ce département. Que vos collègues prennent exemple. Qu'ils soient moteurs et non spectateurs.

Je prends une grande respiration et me replace devant l'assemblée. J'observe les réactions et les autres potentielles questions.

Beaucoup de bla bla. Les personnes présentent se taisaient et écoutaient. Azaël Peverell venait visiblement de foutre une claque à l'assemblée. Amy regardait le jeune homme d'un regard désintéressé. Ses airs nonchalants ne lui inspiraient pas confiance c'est pourquoi elle eut vite fait de retourner la tête vers son directeur. Elle avait ignoré toutes les personnes présentes dans la pièce jusqu'à présent. En même temps se mettre à parler avec des inconnus ne lui plaisait guère. Tandis que le directeur et Peverell réglait leurs comptes entre hommes, l'animagus tâcha d'observer les gens autour. La plupart des personnes étaient habillés comme à la vieille époque, mode que Amy avait beaucoup de mal à aimé. Elle préférait clairement les jeans classiques aux robes multicolores. Seuls quelques visages lui disaient quelques chose. Sean, bien évidemment. Flirt d'un soir n'ayant jamais abouti. Le visage d'une autre jeune femme dit quelque chose à la brunette mais elle n'avait aucune idée de où elle l'avait déjà vue. Peut-être une cliente lorsqu'elle était aux Halles. Dans tous les cas, elle ne se souvenait pas de lui avoir déjà parlé.

Les derniers mots de Monsieur Ravental parvinrent aux oreilles d'Amy tandis qu'elle était perdue dans ses pensées. Elle tourna lentement la tête vers lui. Cet homme ne se prenait pas pour rien. Ça c'était sûr et c'était le genre de comportement qui avait tendance à vite énerver la jeune femme. Elle nota donc intérieurement de le côtoyer le moins possible. C'est après un petit silence et une grande inspiration que Amy parla d'une voix claire mais neutre.

- Vous avez dit que les gens en dehors du Ministère jugent nos actions et que nous jugeons les leurs. Je suis d'accord avec vous jusque là. Cependant, ne pensez vous pas qu'il est intéressant pour l'image du ministère que nous soyons plus..ouverts avec le peuple sorcier ? Je veux dire par là, est-ce que vous comptez nous faire sortir de nos bureaux uniquement quand il y a crime ? Ou est-ce dans vos projets d'organiser des événements en dehors des ces murs pour que le peuple puisse nous rencontrer, discuter et voir comment nous fonctionnons ?

Les paroles avaient été prononcées sans aucune agressivité. C'était une simple question ou plutôt, une proposition déguisée. Avant d'y entrer, Amy n'avait jamais eu beaucoup de contact avec le ministère qui était pour elle totalement invisible. Inviter les gens à discuter donnait une image plus humaine à l'institution qui, en cette période, ne pouvait être mal venue.

T'apprécies moyen la taille du dossier qu'il sort lorsque tu prends la parole. C'est quoi ce type, un membre du bureau des renseignements ? Non, parce que t'as quand même quelques trucs pas très légaux à ton actif, et qui sont de notoriété publique. Autant dire que si t'es déjà fiché à ce point, ta petite pique risque de perdre fort de son intérêt. Et si sa réponse commence très mal, tu dois bien admettre qu'il se rattrape sur la suite. Ce ne sont que des mots, des promesses, mais si elles sont tenues, elles t'arrangent grandement pour la manière dont tu accomplis ton travail.

Il assure qu'il sera là lorsque le besoin s'en fera sentir, tout en étant conscient que ses mots ont peu de valeur tant que leur véracité n'a pas été prouvé. Sa demande concernant une réciprocité des choses ne te plaît pas beaucoup. T'as l'impression qu'il remet en cause ton travail et ton investissement. T'es pourtant conscient qu'il est normal pour un Directeur de département de demander une telle chose à ses employés. Il n'empêche que ton amour propre en prend un léger coup, même si tu acquiesces d'un signe de tête entendu, lèvres scellées.

Nouvelle pique de sa part concernant ton insolence, bien vite recouverte par quelques éloges. Ce type maîtrise parfaitement les mots, tu dois bien lui reconnaître ça. Un vrai politicien. Mais il ne te manipulera pas aussi facilement. Tu n'es pas du genre à accepter n'importe quelle hiérarchie sous prétexte qu'elle t'est imposée, et il devra faire ses preuves pour gagner ton respect. Tu vas simplement éviter de le prendre à parti en public dorénavant, risquant davantage une humiliation qu'autre chose. Alors tu te contentes de te rappuyer contre le mur en enfonçant à nouveau tes mains dans tes poches, silencieux, attendant la suite.

Celle qui prend la parole est une nouvelle Aurore en formation. Sa vision du monde te semble un peu trop rose pour être applicable. Depuis quand le Ministère se soucie de ce que pense les citoyens ? Il doit avant tout être efficient. Ensuite, ce genre de détail pourra entrer dans l'équation. C'est du moins ta façon de voir les choses.