Retour à la fourmilière [Abandonné]

DE RETOUR DANS LA FOURMILIÈRE Magnussen et Burton Saison 30-PrintempsLe Ministère de la Magie. Magnussen avait une relation toute particulière avec ce lieu, lui vouant un sentiment d'amour-haine bien singulier. En effet, cela faisait une bonne vingtaine d'années que le sorcier des Cornouailles s'acharnait sur de la paperasse toujours plus débordante, dans son petit bureau du Département de la Justice Magique. Il avait ici des collègues qu'il tenait en estime, de grands sorciers aux talents multiples, toujours concentrés sur leur travail. Mais le Ministère était aussi parasité par des sorciers corrompus, usant jusqu'au fil chaque privilège que leur accordait leur poste, vautrés dans la suffisance et le confort. Magnussen abhorrait ces petits seigneurs, qui pullulaient tout particulièrement à son étage, à la recherche d'un de leurs semblables un peu plus influent, qui pourrait assouplir le verdict de tel juge, pour le délit de tel ami.

"Dégoûtant." pensa-t-il alors qu'il s'engouffrait dans une des nombreuses cabines téléphoniques enchantées du Ministère. Il composa le code, qui, espérait-il, n'avait pas changé durant son absence. Le bruit métallique de l'ascenseur -tchac ! balaya les craintes du sorcier. Le crâne et les joues consciencieusement rasées, il s'était, pour l'occasion, paré d'un costume officiel bleu marine, sans cravate. Un attaché-case, pour l'instant vide, parfaisait sa panoplie d'employé du mois. Il était, bien qu'il refusât de se l'avouer, en proie à un certain stress. C'était son retour. Cela faisait un moment, et il redoutait la cruauté de la distance et du temps.

En effet, le sorcier revenait d'une longue mission. En sa qualité de membre de la Brigade d'Elite des tireurs de baguette magique, il avait été dépêché, il y a trois ans, par le Ministère, pour une situation de crise au Costa Rica. "Pourquoi diable le Costa Rica aurait-il besoin des sorciers du Ministère anglais ?" devriez vous vous demander alors. Eh bien, c'est très simple : le pays, surendetté et en plein dans une mauvaise passe financière, se retrouvait dépourvu d'effectifs solides. Suite à un partenariat avec le Ministère, nombre de sorciers furent alors déployés sur le territoire, notamment pour une situation urgente impliquant notamment des géants, nécessitant des mois de supervision sur place, et, évidemment, des pelletées entières de papiers à remplir. Magnussen n'était, il faut bien le dire, pas mécontent de rentrer au bercail.

Il s'était arrangé avec un certain Burton, Tresor Burton, pour lui faire faire un tour des lieux complets. En trois ans, beaucoup de choses changeaient, c'était inévitable. Même si cela était tout à fait fastidieux, Magnussen était bien obligé de passer par là.

Burton était un Brigadier de la Police Magique. Par un heureux hasard, il se trouvait être le neveu de Atrophius Burton, une des rares personnes avec qui Magnussen était proche lors de son bref passage à Poudlard. Membre des rouge et or, Atrophius était un énergumène tout à fait insaisissable, un phénomène de sorcier comme on en voyait rarement. C'était un marginal en puissance, s'affranchissant des règles autant qu'il le pouvait, violant avec plaisir les codes de tenues réglementaires à Poudlard, arborant piercings, boucles d'oreilles et bottes compensées durant quasiment tout son cursus. Magnussen se rappelait notamment de la fois ou il avait volontairement relâché un essaim de Doxys dans le château, invoquant pour sa défense le " droit à la liberté pour tous les êtres vivants."

Atrophius Burton:

Le némésis total de Mordecai, en somme. La droiture contre la fantaisie. Mais, quoiqu'il aie jamais pu faire, l'insolente capacité à se mettre dans la poche n'importe qui, de par son humour perçant et son regard de biche avait toujours réussi à réprimer la répulsion du sorcier pour le désordre. Oui, c'était quelqu'un de bien, et par dessus tout un magicien aux ressources inépuisables. Il était devenu par la suite un Magizoologiste reconnu, auteur de plusieurs bouquins sur le soin aux créatures magiques, aujourd'hui étudiés à Poudlard, notamment "Les Eruptifs, ces géants incompris" et " Comment se lier d'amitié avec une goule". De véritables best-sellers.

" En tous cas, j'espère que le jeune Burton fera honneur à son oncle," songea-t-il. " Des sorciers comme ça, on en fait plus. Je me demande bien ce qu'il est devenu, ce bougre."

L'ascenseur s'arrêta et les portes s'ouvrirent. Il était arrivé au point de rendez-vous. Derrière la porte qui trônait devant lui, on pouvait entendre la clameur habituelle qui nappait le Ministère. Il y était presque. Il n'avait plus qu'à attendre son jeune guide, qui, il l'espérait, serait un collègue pas trop insupportable.

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Quand faut y aller. Magnussen & Burton, Saison XXX - Printemps
Nombreux étaient les curieux, qui, ce matin, ne me quittaient pas des yeux. Tresor Burton en train de sourire à pleines dents, c’était possible ? Quelle mouche l’avait piqué ? Était-il sous l’emprise d’un philtre d’amour pour manifester à ce point tant d'euphorie ? Telles étaient les questions qui se murmuraient à travers le bureau des brigadiers. D’autant que pour jaser ils n’y allaient pas avec le dos de la cuillère et me voir à la une de la Gazette des Sorciers ne me surprendrait pas non plus mais n’ayez crainte, demain je me parerai de mon éternel masque déconfit et tout reviendra à la normale. Pour l’instant profitez.

Alors qu’est-ce qui pouvait bien me rendre si guilleret aujourd’hui ? La réponse se trouvait entre mes mains, pardi ! Lettre lambda que je n’avais de cesse de relire, reçue par hibou il y a des semaines de cela. Une oeillade à la pendule pour m’assurer du temps qu’il me restait avant que je ne daigne le chercher. C’est ce qui avait été convenu au fil de nos échanges après tout. Pour autant je peinais à rassembler le puzzle de mes souvenirs. J’entamai ma sixième année à Poudlard lorsque nous nous sommes vus pour la dernière fois. Le temps a fait son oeuvre depuis. Toutefois il y a cette image intacte que je garde de lui, celui d’un homme insaisissable. Mystique presque. Et cette suffisance, parlons-en. Pour une raison que j’ignore mon oncle et lui étaient toujours accolés l’un à l’autre.

Je harponne l’aiguille de l’horloge d’un regard opiniâtre, un tic et un tac suivi d’un autre tic et d’un autre tac. Mes deux pépites font un tour complet avant que je ne pousse la chaise en prenant appui sur le sol. À tout berzingue je passe la porte qui me mène au couloir séculaire marbré de noir et d’ivoire, mon pas se veut pressé. On ne fait pas attendre Magnussen. Un cognard humain fendant les airs des corridors du deuxième étage. Impact inévitable à cette vitesse, une sorcière vacille et manque de chuter, dans ses bras une tonne de paperasse empilée dangereusement qu'elle ceint cahin-caha. Je me confonds en excuse mais ne m’arrête pas pour autant. Un virage à droite, un essaim de sorciers que j’évite en serpentant maladroitement, au bout de l’infinité carrelée, un Magnussen apprêté pour son retour en bonne et due forme.

Franc sourire et main tendue maintenant.

— Ravi de vous revoir, Magnussen. Cela fait une éternité n’est-ce pas ?
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DE RETOUR DANS LA FOURMILIÈRE Magnussen et Burton Saison 30-Printemps "Ravi de vous revoir, Magnussen. Cela fait une éternité n’est-ce pas ?" Une voix doucereuse arracha Magnussen à ses habituelles machinations mentales. Son propriétaire, Tresor Burton, se tenait devant lui, main tendue. Avant de l'empoigner, il effectua sur le jeune homme une analyse détaillée, celles pour qui il était aussi doué que méthodique.

Tresor était un jeune homme de taille moyenne, et il était doté d'une carrure étonnamment athlétique pour un membre du Ministère ; non pas que la fonction de brigadier ne requière pas de physique, mais tout de même. Il n'avait clairement pas hérité du faciès de son oncle, si ce n'était dans la forme du nez, fine et élégante. Sa peau était d'un éclat sombre, et les lampes du Ministère formaient sur elle de fascinants reflets irisés. Une mâchoire anguleuse servait de charpente à un visage encore jeune, et ses pommettes ressortaient doucement de ses joues. Ses yeux, d'un noir insondable, auraient exprimé de l'espièglerie si d'épais sourcils ne venaient pas calmer leur enthousiasme. Coupés ras, ses cheveux étaient ceux d'un agent efficace : faciles à laver et à entretenir, et surtout, avaient l'avantage de ne pas gêner lors de situations délicates.

Magnussen n'était étrangement jamais parvenu à retrouver les traits d'Atrophius dans ceux de son neveu. Peut-être était-ce le Ministère ? Atrophius et l'administration étaient deux forces que la nature opposait. Tresor avait choisi une voie bien différente de celle de son oncle.

Il saisit la main de Tresor, lui adressant un sourire cordial.

" En effet, Tresor, cela fait longtemps que nous ne nous étions pas croisés. Tout comme cet endroit, en somme."

Les deux hommes se mirent en marche aussitôt. Magnussen ne savait pas vraiment où ils allaient, ni ce que Tresor comptait lui montrer, mais il devait avouer que malgré sa nervosité, il se sentait presque chez lui au Ministère. Il eut même un léger sourire lorsqu'ils débouchèrent au niveau 0, dans le grand Hall. Le Ministère n'était pas dans sa liesse habituelle ce jour-là, en raison de l'horaire un peu creuse, ce qui n'était pas désagréable. Les deux comparses n'avaient pas à slalomer entre les ploucs malodorants venus réclamer une compensation pour leur invasions de gnomes, ou les Magenmages arrogants aux bottines cirées rentrant dans leur appartement propret du West End. Cette bonne vieille fontaine dorée trônait toujours au milieu de la place, sans qu'aucun employé n'y prête plus attention, après d'inlassables allers-retours dans l'enceinte du Ministère.

" Toujours aussi ignoble, cette fontaine." se permit Magnussen à l'attention de Tresor. " Alors, où comptes-tu donc m'emmener ? Fais-moi un rapide topo : qu'ont-t-ils changé pendant mon absence ? Ont-ils réussi à faire pire qu'avant ?"

Les deux hommes entrèrent dans un ascenseur presque vide dont le seul occupant était un gobelin bougon à la peau si fripée qu'il avait l'air de sortir d'un bain de plusieurs siècles.
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