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L'enterrement [terminé]
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L'enterrement [terminé]
Cara De Lanxorre, le  Lun 30 Mar - 16:50

PV Antonius
Saison 30 - Début du Printemps
Manoir de Lanxorre
LA mutuels


    Ce lac ne lui laissera donc aucun souvenir heureux. Bras croisés et lèvres pincées, Cara observe, du perron du Manoir, l’étendue verdâtre creusée dans le parc. Juste à côté, trois rangées de chaises blanches, moins d’une vingtaine de places. C’était presque drôle, comme cet endroit concentrait les malheurs de la famille de Lanxorre. De la sœur, à peine sortie de l’eau (et elle se souvenait de cette vision, son corps glacé, dégoulinant), pour être placée sous terre. Aujourd’hui, même décor ; c’était au tour du père.

    Ce n’était pas comme si elle éprouvait vraiment de la peine, qu’elle réfléchit, ses chaussures noires s’enfonçant dans l’herbe humide, vers le lieu de la cérémonie. Son père avait toujours eu ce caractère effacé, écrasé par le tempérament de la Mère. Elle n’avait jamais vraiment eu l’impression de le connaître ; c’est le constat qu’elle en fait. Il avait toujours été là, en arrière-plan, soumis et docile. Alors, pourquoi avait-elle dans la bouche ce goût amer ? Ce n’était pas du chagrin ; c’était de la haine. Le sentiment, comme les pas de Cara, dirigés vers la silhouette au premier rang.

    La Mère avait cette voilette noire qui lui tombait sur les yeux. Sa fille en portait une identique. Toutes deux, debout devant le cercueil ouvert, leurs mains gantées l’une sur l’autre, se tenaient là telles des statues jumelles. Têtes baissées, entendre sans se retourner les invités arriver – les condoléances seront pour plus tard. Cara n’avait aucune idée des personnes qui s’étaient déplacées, probablement des vieux collègues du Ministère, peut-être quelques amis. Son père en avait-il ? Même ça, elle l’ignorait. Avait la certitude que sa mère le préférait isolé.

    Ce type inconnu qui se place face à eux. Prononce, d’une voix automatique, l’éloge mortuaire. Les yeux rivés sur ses pieds, Cara n’en écoute pas un mot. Pense à autre chose. Élisabeth, elle fait semblant de suivre ; mais elle aussi, a l’esprit ailleurs. Ce simulacre d’enterrement, pour ne rien ressentir – essayez ! Pas une larme. Même quand il s’agit de jeter une fleur sur le bois du cercueil (serrer les dents ; la Mère a choisi des roses blanches), même quand le trou dans la terre devient une tombe. Granit gris, épitaphe lapidaire. A côté de celui de la sœur, tragique arrivée ; compagnie prématurée. Et il faut se tenir là, serrer les mains ridées des spectateurs de ce triste, si triste spectacle. Nuée de vieux aux cheveux blancs, entendre leurs voix chevrotantes égrener les mêmes mots vides de sens.

    Ils s’éloignent. Il ne reste qu’elles deux. Et vous.



Dernière édition par Cara De Lanxorre le Sam 4 Avr - 20:14, édité 1 fois
Antonius R. De Lanxorre
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Re: L'enterrement [terminé]
Antonius R. De Lanxorre, le  Lun 30 Mar - 19:16



Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Ce soir cependant, j'éprouvais une difficulté maligne à fermer l’œil. J'étais assis là, en robe de chambre, derrière mon bureau faiblement éclairé. Dans ma main, une lettre. Non pas que ce papier en lui même m'empêchait de dormir. C'était ce qui avait été couché dessus par son expéditrice - cruelle expéditrice - qui me torturait. Des mots cinglants, brutaux et méchants pour le profane. De douces caresses et des murmures sensuels pour moi. Mon regard se perd dans la contemplation d'un cliché encadré d'argent. Une distance immémoriale, brisée en une nuit. Trois coups à ma porte me tirent de ma rêverie. Je raccroche le téléphone que je venais à peine de décrocher. Un appel de Vienne.

- Entrez.

Le battant de la porte dévoile la silhouette féminine d'Athénaïs. Ma fille. D'un geste lent, je dépose la lettre à l'intérieur de mon sous-main en cuir. Elle demeure à quelques pas de mon bureau, me fixant droit dans les yeux.

- Père, navrée de vous déranger à cette heure si tardive. J'ai une requête à formuler.

- Parle, je t'écoute ma fille.

- J'ai appris que vous vous absentiez demain. Vous n'avez cependant pas reporté la partie de chasse sur le domaine. Il serait malséant que notre clan ne soit pas représenté sur ses propres terres. J'aimerais que vous me laissiez tenir ce rôle.

Touché. Admire ton oeuvre, Elisabeth. Tes lettres me font commettre des erreurs aussi ridicules que celle-ci. Oublier d'annuler une battue. Tout en conservant mon calme, je viens hocher lentement mon visage aux traits tirés. Je vais devoir être très prudent. Elle ne laissera rien passer.

- C'est entendu. Tu représenteras le clan demain à ma place. Tâche de nous faire honneur.

La nuit va être longue. Très longue.

------------

Madame Veuve de Lanxorre m'avait donné rendez-vous en début d'après-midi à son domicile. C'est habillé d'un grand manteau et d'un costume noir que j'arrive dans la banlieue londonienne. Inutile de préciser que je connaissais parfaitement l'adresse du lieu. Ma première surprise fut de constater l'agitation manifeste en direction des jardins. L'on vint me saluer en ma qualité de Directeur de la Justice Magique m'haranguant de plusieurs "Vous étiez un ami du défunt ?". La garce. Elle ne l'emportera pas au paradis.

La cérémonie fut d'un ennui mortel, à l'image du principal intéressé. Je n'avais jamais trouvé l'homme passionnant de son vivant ; mon point de vue n'a pas évolué de son gisant. Pour passer le temps, je m'amuse à imaginer les épitaphes les plus réalistes. "Ci-gît John Montgomery, ayant enfin trouvé sa juste place, piétiné par sa femme.".

Lorsque cette mascarade prit fin, je me découvre seul avec les deux dernières survivantes de cette maison. Tout en m'approchant davantage d'Elisabeth, je laisse ces quelques mots couler de ma bouche avec un air désolé et doucereux.

- Je vous présente à nouveau mes plus sincères condoléances pour la perte de votre époux, Madame. Lui qui aimait tant ses rosiers. Le sort est parfois bien cruel. Toutes nos pensées vous accompagnent et sont tournées vers votre famille.

Dans une ultime expiration, je viens adresser à cette harpie obséquieuse un sourire fin. Aucune once de gentillesse dans ce geste bien entendu. Le pur plaisir de lui montrer que ce petit théâtre -que j'espère presque organisé à mon attention- m'amuse. Me dirigeant alors près de Cara de Lanxorre, je lui dis, sur un ton bien plus sérieux.

- De là où il se trouve, je suis persuadé que John votre père apprécie ces roses. Mes plus sincères vœux de courage.

Me voilà une dernière fois face à cet homme, mort. Je demeure sans bouger quelques secondes avant d'accrocher mon regard d'acier dans celui de ma correspondante épistolaire de la veille. Qu'il est tentant de lui raconter ce rêve délicieux que j'ai vécu la veille. Gardons la tête froide car à présent, le bal est ouvert, Madame.

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Re: L'enterrement [terminé]
Cara De Lanxorre, le  Mar 31 Mar - 16:52


    Ça ne l’étonne guère, en y réfléchissant, de le voir ici. Après tout, Ravental travaillait au Ministère, comme feu son père. Ils avaient bien pu se croiser, se fréquenter peut-être même. Alors, pourquoi Cara a-t-elle l’impression que l’atmosphère autour d’eux devient plus consistante, presque solide ? Comme une tension nouvelle qui emprisonne le trio. Ses pas sont lents, la scène s’étire. Cara sent, qu’à sa gauche sa mère se redresse, relève la tête, étire son cou vers les yeux du Directeur. Elle ne lui répond pas, mais elle sourit, d’un sourire entendu, et Cara a véritablement l’impression d’être exclue de leur échange. Désagréable sensation, que celle de comprendre qu’il s’agit de davantage qu’une conversation banale, sans savoir ce qui ce joue, exactement. Égocentrique, elle se demande si sa mère est au courant du lien qu’entretien l’homme avec sa fille. Est-ce là une tentative pour les inciter à se rapprocher davantage – par une promesse de mariage, par exemple ? Le jour de l’enterrement de son père, Élisabeth en serait tout à fait capable. Inquiète, désormais, Cara, qui regarde à peine Ravental et répond à ses condoléances par un hochement de tête bref – mettre de la distance.

    « Rentrons. » C’est la voix sèche de la Mère qui rompt le moment suspendu, l’étrange entrevue des amants devant la dépouille. Élisabeth qui ouvre la marche, ses enjambées minuscules mais rapides en direction du Manoir, où se pressent les invités, avides, telles des charognes, de se rapprocher du buffet disposé dans la grande salle à manger, au rez-de-chaussée. L’Elfe de Maison, courbé sous un lourd plateau en argent, montre la voie. Cara, les yeux baissés, marche en silence. Elle sent, près d’elle, Ravental avancer au même rythme qu’elle. Elle reste muette, trop consciente que sa mère écouterait chaque mot de leur conversation, aussi banale soit-elle. Les voilà arrivés dans l’entrée du Manoir, sans avoir échangé la moindre parole. Et alors que Cara s’apprêtait à bifurquer dans la salle à manger, Élisabeth interrompt le projet ; « Par ici ». Sans se retourner, elle s’enfonce dans le couloir, ouvre la porte du salon privé, beaucoup plus intimiste. Elle daigne enfin leur accorder un regard, et aux sourcils relevés, il veut dire Qu’est-ce que vous attendez ? Cara en est certaine, désormais, qu’il s’agit d’un guet-apens destiné à précipiter des fiançailles. Pourtant, elle obéit. Pas la moindre tentative pour se dérober – à quoi bon ? Elle se demande si l'Amant est au courant ; car lui non plus, ne manifeste ni surprise ni résistance.

    Le salon est dominé par le bleu. Sur une table basse en bois sombre, un parchemin enroulé. Autour du meuble, un canapé en cuir et deux fauteuils en tissu bleu roi. La cheminée crépite, c’est le seul bruit ; ce craquement, répété, des bûches qui se désagrègent. Comme les autres pièces, celle-ci est surchargée de portraits aux murs. Sur l’un d’eux, un ancêtre des de Lanxorre portant une large perruque blanche à bouclettes, s’agite dans son cadre ; « Un proche du Roi moldu Louis XIV, ça vous dit quelque chose ? » qu’elle piaille, Élisabeth, en direction de l'invité. Elle a, collé au visage, cet air condescendant qu’on pourrait prendre pour de la fierté, si on la connaissait mal. Que sa famille ait infiltré la noblesse française au point de se retrouver dans les cercles restreints de la Couronne, voilà ce qui la mettait en joie. « Pur et influent depuis des générations... D’où notre devise, que vous connaissez si bien » - derrière la voix, toujours glaciale, une pointe d’amusement. « Ce qui nous amène à la raison de votre présence ici, aussi peu souhaitée soit-elle, Ravental ». On y était. Après avoir évoqué la grandeur de la famille, il fallait garantir sa pérennité. S’assurer que des descendants conserveraient le nom, dans les siècles des siècles. « Cara, allez nous chercher du thé. Ravental, asseyez-vous. » Le ton autoritaire ne souffrirait d’aucune opposition. Traitée comme une vulgaire Elfe, Cara tourne les talons, certaine, que dans ce salon, allait se jouer son mariage futur. Et elle ne pouvait même pas être présente ! A peine devait-elle se contenter des indices jetés comme des miettes par sa mère. La gorge sèche, elle sort. Referme à peine le battant. Vouloir tout écouter.
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Re: L'enterrement [terminé]
Antonius R. De Lanxorre, le  Mar 31 Mar - 19:10



Cette tension ambiante est délectable. Vous voilà subitement moins loquace, Madame la Sénéchale. Est-ce donc ça, votre croix ? La chose en serait presque touchante. D'ailleurs, l'entracte nous donne l'occasion de changer de décor. Sous la direction autoritaire et sacro-sainte d'Elisabeth, nous passons au salon. Sans un mot, je prends la suite de l'ignoble maîtresse de maison. Une image saugrenue me traverse l'esprit. La voir ainsi vêtue n'est pas sans me rappeler les guenilles arborées par les détraqueurs. Je parie qu'un seule de ses baisers ôterait la joie de vivre - si ce n'est la vie, pour filer la circonstance - à n'importe quel individu. Mais brisons là.

La découverte du salon bleu de la demeure de Lanxorre me laisse passablement de marbre. Un nouveau fort dont on n'abaisse la herse que pour signer des alliance. D'ailleurs, est-ce une constante de notre génération de louer nos aïeuls encadrés ? Nos soirées futures s'annoncent d'un amusement morbide. Sans plus de cérémonie, je viens m'asseoir dans l'un des fauteuils. Méthode astucieuse pour n'avoir à souffrir de la proximité de personne en société. J'écoute d'une oreille distraite le panégyrique ennuyeux et auto-congratulant. Mon attention est monopolisée par le silence de l'héritière et par le parchemin trônant au milieu de la table basse. Evidemment qu'il n'est pas question d'aller au front sans s'être convenablement armé au préalable. Elisabeth, vous avez bien travaillé votre leçon. Mais l'âge n'est pas une raison pour occulter une autre règle fondamentale.  Cara en dehors de la pièce, je finis par prendre la parole.

- Je suis sincèrement touché par cette mise en scène pitoyable, Elisabeth. Tu as dû te donner une peine peu commune pour la réaliser. Un petit exploit, lorsqu'on te connaît un tant soit peu.

Je retire mon manteau, prenant soin d'en extraire un document proprement plié en quatre. Je me redresse une seconde pour le poser sur la table, à côté du parchemin. Je reprends place, entrelaçant mes doigts devant moi, coudes sur les accotoirs.

- Mes conditions. Permets moi de t'épargner une lecture. Notre temps est précieux. Cette alliance sera connue sous le nom "de Lanxorre" précédé du patronyme adéquat, dans le cas d'une nouvelle alliance. Les biens respectifs des deux familles demeureront administrés par la lignée propriétaire le temps que nous serons en vie. Dans le cas où l'un de nous décède, les biens de sa lignée seront administrés par son descendant le plus direct. Dans ton cas, ta fille, Cara. Dans le mien, Athénaïs. Lorsque l'époux survivant perdra la vie, les droits sur ses biens seront répartis entre les héritiers des deux lignées. Ainsi, l'alliance sera complète et nos deux familles en sortiront plus fortes. Un marché honnête et équitable qui préserve nos intérêts futurs.

Je marque un temps, me replaçant plus confortablement. Mon regard se plonge longuement sur Elisabeth. Je la détaille. Centimètre par centimètre. J'aimerais sincèrement pouvoir lutter contre ce que je ressens pour elle. Pour cette harpie obséquieuse et bouffie d’orgueil. Le pire dans cette histoire, c'est qu'elle pense certainement la même chose de moi. Nous sommes détestables. Et pourtant.

- Tant d'années se sont écoulées et pourtant, tu n'as pas changé. Pas un écart, pas une évolution. Une continuité et une stabilité glaçante.

Me voilà debout sans même que je puisse m'en rendre compte. Il me faut quelques pas pour arriver au niveau d'Elisabeth. Je la regarde. Droit dans les yeux. Pas un sourire, seulement mon souffle. Profond et caverneux. Mes mains sont jointes dans le bas de mon dos. Et je m'interroge. Qu'allez-vous faire, Madame de Lanxorre ? Qu'allez-vous répliquer ? Quelle lame allez-vous employer pour vous défendre face à cet assaut ? Je veux savoir. Je veux vous voir vous battre comme par le passé, comme durant cette nuit. Je vous veux, vous.

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Re: L'enterrement [terminé]
Cara De Lanxorre, le  Mer 1 Avr - 17:52


    Les doigts encore serrés sur la poignée ronde, épaule doucement pressée contre le battant pour empêcher la porte de complètement se refermer, Cara écoute. Les premiers mots giclent de la bouche du Directeur. Il déchire, de ses phrases tranchantes, le silence à peine installé. Froncement de sourcils chez l’espionne dissimulée ; il tutoie la Mère. L’avait-elle déjà entendu tutoyer l’un de ses pairs ? Aussi loin qu’elle s'en souvienne, c’est une familiarité qu’il accordait peu – voire pas. Même la tête entre ses cuisses, c’est le vouvoiement qu’il avait utilisé. Alors, pourquoi Élisabeth bénéficiait-elle de ce rapprochement linguistique ? Que s’était-il passé entre eux, pour qu’il la tutoie comme une vieille amie, et que, de surcroît, il semble si bien la connaître ? Car sa mère avait son fonctionnement particulier, qui la rendait si prévisible ; mais il fallait l’avoir fréquenté un certain temps pour s’en apercevoir.

    C’est la suite, qui, véritablement, glace Cara. Ainsi, Ravental connaissait la raison de sa présence ici ; pire, il était venu préparé. Mais elle s’était trompée ; s’il s’agissait bel et bien d’un mariage, elle n’était pas la de Lanxorre concernée. Elle le comprend, à l’évocation de la descendance – juron silencieux quand tout s’éclaire, lèvres qui s’écartent et se pressent en deux syllabes muettes. Si sa mère avait tout planifié, c’est de son propre mariage dont il s’agissait. Sur le corps à peine décomposé de son époux, elle prospectait déjà auprès des familles influentes. Dégoût réel, viscéral, qui prend Cara, lui tord les boyaux, à imaginer sa mère décider avec qui s’allier, les yeux secs de ne jamais avoir pleuré. Comme tout ce que faisait sa mère, le choix était aussi réfléchi que judicieux ; Ravental, héritier d’une grande famille, à l’un des plus hauts postes du Ministère, beau coup. Il avait juste le léger défaut d’avoir couché avec sa fille. À l’idée que cet homme, qu’elle connaissait sous toutes les coutures, puisse un jour se glisser dans le lit de sa mère, là, dans la chambre juste au dessus de leurs têtes, la de Lanxorre est prise d’un fou-rire nerveux. Elle est obligée d’appuyer sa main libre contre sa bouche pour ne pas être entendue, corps secoué ; hilare. Comme si elle n’avait pas assez d’histoires de ce genre avec la famille Gold.

    Occupée à dompter le rire qui menace de glisser entre ses lèvres, Cara ne parvient pas à entendre l’ultime prise de parole de Ravental. Parvenant à se calmer, elle ouvre légèrement le battant pour pouvoir mieux observer. Elle aperçoit l’homme dos à elle, face à la Mère. De là, elle voit la moitié du visage d’Élisabeth, mais cela est assez ; on pourrait croire qu’elle veut tuer son visiteur. Rarement, Cara l’a vu regarder un homme comme ça – une femme, oui ; sa fille. Un nouveau point commun avec Antonius. Il y a autre chose, dans ce regard, un sentiment rarement aperçu chez Élisabeth ; elle est déstabilisée. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la dame est troublée. Suspicion validée par les mots que Cara tente de lire sur les lèvres de sa mère, quelque chose comme « Je vais prendre un verre. » - Évidemment. Étonnant qu’elle ait même attendu 15 heures. Pendant un instant, la silhouette disparaît, penchée sans doute sur le meuble à droite du canapé. Sans la voir, Cara sait exactement ce qu’il se passe ; sa mère est en train de se servir un large verre de liquide ambré. « Je ne t'en propose pas. A ton âge, la mort te guette déjà, inutile de faciliter sa venue avec une cirrhose ». Première lampée ; elle entend Élisabeth claquer sa langue contre son palais de contentement. Mais Cara l’a entendu mille fois, ce son, alors peut-être l’a-t-elle simplement imaginé.

    « Tu ne te bats pas pour conserver ton patronyme ? » La voix est plus assurée, moqueuse, même. « Je t’ai connu plus coriace... A moins que tu y vois le moyen de posséder enfin une particule ? » La mère parcourt la pièce, échappe au contrôle visuel de Cara, par intervalles. Elle la voit marcher jusqu’à la cheminée, se retourner au moment d’asséner ses piques – quel sens du spectacle. « J’ai fait une liste » ; évidemment, que serait Élisabeth sans sa manie des listes ? « Plus fournie que la tienne. » Signe du menton vers le parchemin posé sur la table. « Dans l’ensemble, nous sommes d’accord. » Une pause. « Mais jette un œil aux points 27 à 35. Ils concernent ta fille. Que cette alliance ne te donne pas des idées de reconnaissance. » - De quoi elle parle ? « Le point 47 concerne la pension que tu me verseras, et le pourcentage de ton salaire qu’elle représente. Crois-moi, ce ne sera jamais assez pour supporter ta présence ici. Car nous nous installerons dans ce Manoir, évidemment. C’est le point numéro cinq. » Ne pas repenser à la scène ridicule plus tôt imaginée. Surtout pas. « Quant à ta demeure à Saint-Émilion... » Latence. « Je la veux. »



Dernière édition par Cara De Lanxorre le Jeu 2 Avr - 17:13, édité 1 fois
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Re: L'enterrement [terminé]
Antonius R. De Lanxorre, le  Mer 1 Avr - 22:12

Avertissement

Ce RP mentionne du contenu sensible :

Vocabulaire choquant








Chaque phrase qui coulait des lèvres d’Elisabeth m’arrachait un sourire de plus en plus grand. Oh, vous pensiez peut-être que j’allais me soumettre à vos suppliques … comment dit-on, déjà ? Sans opposer la moindre résistance ? Cela, il n’en est pas question. Dans un silence mortuaire, je me dirige vers le meuble où sont entreposés les flacons enivrants. Sans plus de cérémonie, je me saisis d’un verre en cristal adapté à la dégustation du whisky. J’inspecte d’un œil expérimenté la bouteille disponible. Un bon choix. Privilège macabre d’un palais bien trop exercé certainement. Le liquide ambré se déverse entre les parois translucides. Ce liquide, nœud de toutes les discordes survenues sous ce toit depuis des décennies. Au moment de me retourner vers la maîtresse femme du Manoir, je me surprends à lui dire dans un allemand tout à fait convenable.

- Keine Rose ohne Dornen, Frau. Il n’y a pas de roses sans épines, Madame. Si nous voulons avancer pour gagner, il faudra consentir à quelques sacrifices.

Je demeure une seconde ici, à l’observer. Mes yeux d’acier plongés tout entiers dans les siens. N’allez pas croire que la passion est absente de cette scène. Il ne s’agit tout simplement pas de la passion banale et académique entre deux êtres attirés l’un par l’autre. Ces deux créatures à sang froid n’ont qu’une seule ambition : sentir la chair lacérée, sanguinolente, sous leurs ongles élimés. Sentir que leur proie se vide petit à petit de son sang, de tous ses fluides vitaux. Voir s’envoler de leurs poumons l’ultime souffle de vie, arraché de longue lutte. Aucun remords. Seulement la hargne du charognard. A cette seconde, je pourrais me jeter sur elle. La posséder. Serrer ses membres féminins. Sentir ses os, ses muscles, ses articulations se contracter. Jeter ces verres au sol. Entendre le déchirement du cristal. Laisser l’animalité en moi dégueuler par tous mes pores. Prendre le sens de l’histoire par le cou. Brûler. Nous consumer. Mais avant cela, je dois reprendre le contrôle absolu de la situation. Reprendre la main dans cette valse sinistre dans laquelle nous nous sommes lancés.

- Et moi qui pensais naïvement que tu avais su garder une once d’honneur et d’amour propre. Je ne suis pas John, Elisabeth. Et je ne te laisserai pas tomber encore plus bas que là où ta vie dispendieuse t’a mené.

C’est vers le canapé en cuir que je décide maintenant de porter mon attention. Je m’y installe confortablement, buvant une gorgée de whisky. Je sens l’alcool réchauffer mon œsophage, délivrer mon esprit des barrières inconsciemment posées. Je sens l’ivresse qui commence à allonger mon souffle. La suite de mes propos s’élance dans la discussion.  

- Te voilà réduite à mendier une solde, à exiger une demeure, à viser Athénaïs et à m’astreindre à ta résidence. Elisabeth, allons. Si j’ai accepté de renoncer à mon patronyme, ce n’est pas pour ce goût fallacieux des particules que tu me prêtes. C’est pour l’ amour immodéré que tu portes à ta famille et à ta fierté. C’est là la seule concession que j’accepterai de te faire. En ce qui concerne tes besoins, tu les assumeras toi-même. Je participerai à l’entretien du foyer et aux dépenses que je juge utiles. Pour Saint-Emilion, j’accepte de te céder la moitié des droits sur la propriété, en guise de bonne foi. Pour Athénaïs, enfin, il ne sera pas question de l’impliquer dans une autre succession que la mienne si tu acceptes de suivre ces demandes raisonnables. Elle continuera à tout ignorer de sa mère et je continuerai à veiller à son ignorance.

Je m’installe plus profondément dans le canapé, ma jambe droite croisée sur ma jambe gauche. Je fais naviguer dans un geste circulaire ma boisson, les yeux rivés sur les flots gorgés de lumière. Ce mouvement hypnotique me rappelle des souvenirs charnels forts. Mes muscles se tendent. Je la sens. Je sens la fougue de la Mère. Je sens son corps chaud, armure glacée mise à bas. Un long soupire par le nez m’aide quelque peu à réfréner des pulsions masculines plus poignantes. Je reprends, sur un ton plus sombre et sérieux.

- Cette alliance est probablement l’une des plus profitables qui soit au sein de notre communauté de plus en plus réduite. Nous n’avons plus vingt ans. Notre vie et nos aventures sont dans notre dos. Maintenant, il ne nous reste plus que la grandeur de nos familles. Laisse-moi te faire revenir un instant dans le monde des vivants. Si tu fais le choix de persévérer dans tes conditions déraisonnables, je conseillerai à Athénaïs d’engager une procédure d’enquête de maternité auprès des autorités compétentes. Inutile de te préciser que l’autorité compétente en question se fera une joie immodérée de l’appuyer dans sa requête. Mariage ou non. Je sais ton imagination fertile en ce qui concerne les scandales. Très français, comme reflexe. Je te laisse le choix : l’union ou la mort. N’entre pas dans un combat que tu es sûre de perdre si proche du trépas. Pour ma part, j’ai fait mon choix. Et c’est pour défendre ce choix que je suis ici. Mais que les choses soient claires. Je ne le défendrai pas contre un sacrifice sur l’autel de tes exigences.

Me voilà à nouveau à observer Elisabeth de Lanxorre. A nouveau à partager une pièce avec elle. Un combat. Un tournois. Une étreinte sensuelle et cruelle qui depuis des décennies nous ronge. Mais qu’importe. Nous avions besoin de savoir. Besoin de savoir si l’autre avait su garder toute sa superbe. Besoin de savoir si tu étais encore celle avec qui j’ai partagé ce moment d’extase commune sans réserve. Je t’aime. Et je défendrai cet amour. Même de toi-même et du mensonge que tu t’infliges.

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Re: L'enterrement [terminé]
Cara De Lanxorre, le  Ven 3 Avr - 18:53


    Telle mère telle fille, pour le coup ; vouloir davantage que ce que la raison dicte, placer les exigences là où l'on place les limites – trop loin – c’est tellement de Lanxorre. Et c’était Cara la traînée ; alors que sa mère demande une maison contre un mariage – devoirs conjugaux inclus, probablement. C’est Élisabeth qui fixe la dot, bien consciente de ce qu’elle vaut ; moins au courant de ses défauts. Et elle a trouvé quelqu’un pour les lui rappeler. Ravental se tient là, stature imposante et voix calme, à peine troublée par la tension palpable. Chaque mot est une attaque, dague aiguisée qui picote le cœur d’Élisabeth ; la voilà qui grince à l’évocation de son amour propre supposément réduit en cendres. Le rictus est trop forcé pour être véritable. Celui sur les lèvres de Cara, en revanche, est bien plus spontané – satisfaction de voir sa mère si bien remise à sa place.

    Ravental se lance dans l’une de ses tirades dont il a le secret. Il balaie d’un revers de main les demandes les plus fantasques de sa mère, en concède certaines. Il lui cède la moitié de son domaine « En plein dans les vignes, judicieux Ravental » qu’elle murmure, Cara. Comme si l’alcoolisme de sa mère n’était pas déjà suffisamment problématique. Mais Élisabeth semble satisfaite ; il y a fort à parier qu’elle ne souhaitait pas la moitié des choses demandées dans sa liste, et à son sourire, elle a obtenu plus que ce qu’elle espérait. Mais c’est mal la connaître que de penser qu’elle en restera là. Après tout, ce qui l’intéresse, c’est le combat contre le Directeur ; lui arracher, obstinée, les gallions jalousement gardés – peu lui importe de les dépenser. C’est comme le nom, et ça a l’air de lui déplaire, qu’il ait si facilement accepté. Alors, elle en rajoute ; « Ce n’est pas une concession. Rassure-toi comme tu peux, nous savons que mon nom est le plus prestigieux. » Les mots d’après sont crachés, postillons de condescendance sur l’invité ; « Tu convoites mon nom comme un chien convoite un os. » - Remue la queue, pour voir ?

    La voix de Ravental se fait plus basse, et malgré l’oreille tendue de Cara, la moitié des phrases lui échappe, rendant le puzzle plus insoluble qu’il ne l’était déjà. Il s’agit d'intimidations, pour sûr. Maternité et scandale, ces mots ne veulent rien dire – est-ce une référence à sa sœur ? Il y avait eu une enquête, le résultat avait été sans appel ; c’était un accident. Alors quoi ? Maintenant que le secret se craquelle, Cara sent cette envie mordante, dévorante, d’arracher la vie privée de sa mère, l’éventrer ; que les entrailles crachent enfin la vérité. Jamais, elle n’osera poser de questions. Cette discussion est sa meilleure chance.

    Goût de trop peu ; Ravental se tait. Il sait l’impact de ses mots, connaît la puissance de sa menace. Élisabeth s’est figée. Les bras pendent le long du corps, le verre encore rempli de moitié manquant de se déverser sur le parquet. « Pourriture. » elle le dit avec un tel mépris, une telle hargne ! Et elle se détourne. La voilà acculée. Le silence s’étend, s’épaissit, ni l’un ni l’autre ne parle. « Très bien. » Qu’elle finit par dire, le corps de nouveau tourné vers l'homme. « C’est d’accord. » Voix sèche. « Serrons-nous la main. » Car après tout, c’est un marché comme un autre ; point d’effusion de joie nécessaire ici. Pas même un baiser, apparemment. La main osseuse de la Mère agrippe celle de Ravental et Cara, à les voir, sent les doigts de sa génitrice s’enfoncer dans sa propre peau.
Antonius R. De Lanxorre
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Re: L'enterrement [terminé]
Antonius R. De Lanxorre, le  Sam 4 Avr - 5:03



Ma main dans la sienne. L’affaire est entendue. La parole est donnée. Quelques lettres, un verre de whisky, deux tirades et me voilà Lord Antonius R. de Lanxorre. Ironie, victoire, rebondissement, opportunisme … les mots ne manquent pas pour définir ce pied-de-nez fait à l’histoire et au destin. De ma main libre, je m’accorde une nouvelle gorgée. Resserrant mon emprise, j’attire Elisabeth un peu plus près de moi. Je viens siffler entre mes dents à voix basse, sèchement.

- Ce n’est que le début. Un premier assaut. Je te conseille de reprendre contenance. Nous avons de nouveaux détails à régler.

Je la libère. D’un trait, je termine mon verre et le pose bruyamment sur la table basse. Je fais les cent pas, mains jointes dans le bas de mon dos. Tant bien que mal, j’essaie d’habituer mon regard aux nombreuses peintures, aux bibelots, aux stucs, aux fenêtres … Dorénavant, je vais me retrouver à vivre sous le même toit que l’Amante et l’Aimée. Cruel coup du sort. Qu’allez-vous en penser, Madame la Sénéchale, lorsque vous l’apprendrez ? Lorsque vous me regarderez à votre table, assis où votre père se tenait ? L’image m’arrache un rictus amusé. Quel spectacle cela sera. Tout en observant un tableau choisi au hasard, je prends la parole.

- Maintenant que les détails sont réglés, nous allons devoir passer à l’étape suivante. Ce qui signifie un mariage dans la discrétion la plus totale, une annonce ultérieure dans la presse et une reprise des affaires le plus rapidement possible. Tu feras porter le deuil à ta famille pendant quelques jours. Pour les convenances. De mon côté, je vais tout mettre en ordre pour préparer un transfert rapide de mes effets dans ce Manoir lugubre.

Je fais volte-face. Mes talons résonnent sur le sol, emplissent la pièce. Je m’enfonce à nouveau dans le canapé. Je respire longuement par le nez. Cette nouvelle vie aux côtés d’Elisabeth, j’en ai rêvé. Tant de nuits. Tans de fois. Maintenant que j’ai enfin entre les mains toutes les cartes pour réaliser ce rêve, je me rends compte que je n’ai pas un seul instant pensé à l’après. Je sens pointer en moi une pulsion que je n’avais pas rencontrée depuis des années. Est-ce de l’appréhension ? De la panique ? De l’incompréhension ? Non, non. C’est la volonté pour la première fois de mon existence de me laisser porter par une émotion. Par ma passion en lieu et place de ma raison. Et cela me fait peur. Pour tromper mon esprit, je viens jeter un œil à ma montre de gousset, claquant ma langue à l’intérieur de ma bouche.

- Il en met du temps, ce thé.

Tout en rangeant l’objet à sa place initiale, j’invite ma future épouse à me rejoindre, ce qu’elle fait. Mes yeux ne peuvent plus la quitter très longtemps. Ils ne peuvent plus rien après tout ce temps. J’aime davantage cette femme que les requins aiment le sang. Ce Venin de Vénus, cette favorite envoutante. Je plonge mon regard tout entier dans le sien. Dans un geste assuré, j’avance ma main gauche. Pas une seule émotion ne filtre sur mon visage. Cette main, ces doigts longs et fins, ma chevalière en or portée à l’annulaire. La voilà posée sur la cuisse d’Elisabeth de Lanxorre. Après des décennies de distance, venir tout anéantir en l’espace de quelques secondes. Je ne bouge pas. Je conserve mon masque immuable de dignité, de candeur et d’honorabilité. Quelques mots filtrent. A mon intonation, tu sais que je ne joue plus.

- Tu m’as manqué. Tant d’années gaspillées par des relations médiocres. Par des humains stupides et ignares. Tu ne m’as jamais quitté, pas un seul instant, Elisabeth.

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Re: L'enterrement [terminé]
Cara De Lanxorre, le  Sam 4 Avr - 11:44


    Cara se rend compte qu’elle se retient de respirer. L’air bloqué dans les poumons retrouve sa liberté au moment où elle réalise qu’elle était en apnée. C’est que la scène est haletante ; une incursion privilégiée dans les sphères du pouvoir. Ainsi, on noue des alliances avec autant de facilité. Une liste d’exigences, un débat bref, et voilà que l’on se retrouve à passer sa vie avec un quasi-inconnu. Qu’elle était soulagée, Cara, d’avoir échappé aux manœuvres de sa mère pour la marier ; près de dix années à slalomer entre les prétendants, exhibant son titre de veuve comme un collier d’immunité. Aurait-elle accepté, si les intentions d’Élisabeth étaient celles que sa fille lui avaient prêtées plus tôt dans la journée ? Un instant, elle s’imagine mariée à Ravental, amant érigé en époux, Directrice et Directeur. Ce n’est pas une vision qui lui déplait ; du moins, cela ne la rebute pas. Peut-être aurait-ce été la solution du moindre mal. Mais peu importe, désormais ; il sera son beau-père.

    Ravental précise les modalités de l’engagement, de l’annonce. Attentive, Cara, qui devra, le moment venu, doser ce qu’elle sait déjà avec la réaction de surprise attendue d’elle. « Parfait » ; la Mère est d’accord. Parviendra-t-elle à porter le deuil durant les prochains jours, elle qui vient de se jeter dans la couche d’un autre homme ? Il n’y a qu’à la regarder, élégamment cintrée dans sa robe noire, pour comprendre que tout cela était prémédité. Elle ne s’est pas habillée pour honorer un mort. Elle s’était habillée pour séduire. Flagrante démonstration de l'instinct de survie d’une femme effrayée d’être seule ; pire, d’être perçue comme telle.

    Mouvement brusque chez l'espionne quand Antonius évoque le thé ; raison pour laquelle elle avait été congédiée. Elle s’écarte d’un bon mètre de la porte pour ne pas être aperçue, cœur battant dans la poitrine, et s’éloigne en silence vers la cuisine. Déboulant là, elle avise l’Elfe, le hâte de lui préparer du thé. Le regarde s’affairer en le pressant, lui arrache le plateau, tourne les talons sans le remercier. Sur le chemin, les trois tasses en porcelaine blanches et bleues s’entrechoquent, bruit clair quand elles se touchent, manquent de glisser de leurs soucoupes. La théière assortie, remplie à ras-bord, alourdit considérablement le poids du plateau, et Cara manque à plusieurs reprises de le renverser. Pestant contre sa mère, elle se retrouve de nouveau devant la porte entrouverte, la pousse d’une épaule pour entrer.  

    Elle surprend la scène. Les deux, assis l’un face à l’autre, rapprochement physique – tactile. L’arrivée de Cara a un effet étonnant sur Élisabeth. Alors que cette dernière, regard de nouveau troublé, s’apprêtait à dire quelque chose, la voilà qui se dégage brusquement de l’emprise d’Antonius, se relève. Lissant sa robe où se trouvait, un instant plus tôt, la main de Ravental, elle s’exclame sèchement, sans le regarder ; « Nous sommes tous la relation médiocre de quelqu'un. Tu seras la mienne, je n'en doute pas une seconde ». Elle se détourne, se rapproche de Cara, l’invective ; « Tu n’es donc même pas capable d’apporter du thé » qu’elle conclue avec froideur en avisant le liquide renversé au fond du plateau. « Nous allons nous marier. » qu’elle continue, voix égale – factuelle. Même sans la surprise, Cara sent ses doigts se resserrer sur les anses du plateau, sa mâchoire se contracter. Comme elle la déteste, sa mère. Se jurer, d’une promesse silencieuse, de détruire son mariage. « Félicitations. » Le ton est morne, aucune chaleur. « Je vous sers ? »  
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Re: L'enterrement [terminé]
Antonius R. De Lanxorre, le  Sam 4 Avr - 17:41



L’observation. Une observation méticuleuse, attentive à chaque détail. Voilà la première des clés du succès. Cette assimilation de l’information doit être rapide, exacte et rationnelle. Une fois cela fait, il est possible d’aiguiser sa lame pour donner le premier coup. Dans le cas d’un ennemi de faible carrure, ce premier coup peut être fatal. Mais face à une de Lanxorre, toute la fatalité intervient au second et troisième coup. Patience, précision et stratégie. Je vois ton trouble, Elisabeth de Lanxorre. Je n’en perds pas une goutte. Les mots préparent au geste. Principe élémentaire de l’hypnose moldue. Pour une fois que ces êtres inférieurs produisent quelque chose d’ingénieux. Je souris finement. Tu reprends le spectacle, harpie colérique.

- Je serai donc le très médiocre époux de la tout aussi médiocre Elisabeth de Lanxorre. Et dire que certains sont morts pour cette médiocrité. Quelle tragédie.

La suite des propos de l’épouse, dirigés vers l’amante, me fait perdre mon sourire et crispe ma mâchoire. C’est donc cela, votre quotidien entre ces murs. Je vais devoir être plus prudent que je ne le pensais. Je ne me redresse pas. Mon regard se fixe sur le thé et sur la femme qui le propose. J’ancre mes jambes dans le parquet, mains sur les genoux. Les images se bousculent dans mon esprit. Des flashs. Des réminiscences. Je prends une grande inspiration par le nez. Je les entends, simultanément. Leurs cris. Je sens leurs viscères. Je ressens encore la pulpe de leurs doigts posée sur mon torse. J’ai besoin d’une échappatoire. Maintenant.

Nous allons nous marier. Cet état de fait me rappelle instantanément à la réalité. Je ne te remercie pas, gorgone sans cœur. Ce serait déplacé. Aussi vais-je simplement noter la réaction de ta fille. Prévisible. Mais qu’en est-il réellement ? Vous connaissez les règles du jeu. Vous savez ce que les mots « pouvoir » et « conquête » signifient. We are the sword we tame the fire, the flame. Un nouvel acte commence et vous et moi savons à quel point il s’annonce distrayant. Macabre distraction qui nous pousse toujours plus loin. Je vous déteste pour ce que vous êtes. Je vous hais pour ce que vous faites. Je vous maudis pour ce que vous représentez. Mais je vous prends. Je vous enserre tout entière pour continuer à brûler avec vous, à laisser les flammes dévorer la chair des êtres qui croisent notre chemin. Pour notre bon plaisir. Et c’est dans un sourire des plus courtois que je vous autorise de la main à me servir. A faire encore une fois couler ce liquide chaud pour nous.

- Volontiers.

N’ayez aucune pitié. Prenez-moi. Arrachez-moi. Je vous attends.

- Fin du RP -

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