La cour des grands [Abandonné]

Saison 30
Fin du printemps

Avec Trésor Burton

Il suffit de pas grand chose pour que le temps ralentisse. Se retrouver à attendre devant un ascenseur par exemple, ou bien un plat en train de réchauffer au micro-ondes. La petite aiguille de vos montres pourraient même carrément se stopper s'il vous venait l'idée saugrenue de vous inscrire en cours d'arithmancie ou encore de lire un essai sur la guerre des nifleurs en Irlande ou quelque chose du type. Oui, ralentir le temps c'était au final assez simple, l'accélérer, en revanche c'était autre chose. Castielle avait tout essayé mais la seule chose qui fonctionnait était de se ronger les ongles à penser à ses examens. Dés qu'elle plongeait le nez dans ses révisions, le temps se payait sa tête et filait à toute allure ! Rapprochant inexorablement le moment fatidique des ASPIC. L'angoisse était totale. Heureusement, elle avait aussi de quoi s'occuper l'esprit avec de plus agréables pensées.

D'abord, à la seconde où elle aura son diplôme en poche, elle compte bien filer droit vers le port et se payer la croisière solo dont elle avait toujours rêvé ! Et puis rien de tel qu'une virée seule au monde après un tel stress et bain de foule que sont les examens dans cette école... S'enfuir sans regarder en arrière, rien qu'elle et le Mary Oliver contre l'océan, direction le sud ! La louve de mer prévoit ce voyage depuis son retour de Turquie, trépignant d'impatience rien qu'en y pensant.

Et ensuite, il y avait ici. Ce bâtiment immense et caché à la vue des Moldus, ses congénères malgré tout : le Ministère. Elle, Castielle Colt, si prompte à cracher sur le fonctionnaire moyen, toujours la raillerie sur l'incompétence des institutions et la bonne blague que sont les Aurors jusqu'à présent. Oui, elle, la Miss Moi-Jamais-Dans-Un-Bureau-Plutôt-Crever! traversant le hall du Ministère, prête à aller s'engager dans une Brigade spéciale. On aura tout vu ! Celle qui pourra bien se marrer, c'est cette employée dont notre sorcière n'avait pas pris la peine de retenir le nom. Rencontrée quelques semaines avant son départ pour Karadeniz et qui lui avait ouvert pas mal de portes, de pistes de réflexions, avant que l'adolescente ne lui tourne le dos avec un dernier mot pas très poli. Oui, si cette dame la voyait prendre l'ascenseur pour le deuxième étage, prête à entamer un stage en ces murs, elle aurait bien le droit de sourire.

Prête à en découdre, un sursaut d'adrénaline quand la voix automatique déclame « Deuxième Niveau - Département de la Justice Magique », Castielle joue des coudes et bouscule le fonctionnaire moyen pour se frayer un passage. Allez du balais, les choses sérieuses vont commencer ! Malgré les protestations étouffées, la préfète continue sa route à la recherche de la bonne porte à laquelle frappée. On lui avait donné un étage, un numéro et un nom.

La police c'est comme l'armée mais en moins bien. Alors elle reprend ses bonnes vieilles habitudes de soldat mais pas trop, histoire de ne pas avoir l'air trop protocolaire. Et puis la police sorcière n'a peut-être rien à voir avec celle du côté Moldu, c'est justement ce qu'elle espérait déterminer avec ce stage.
D'une main ferme, Castielle frappe à la porte avant d'entrer.
« Bonjour. Je cherche l'agent Burton. »

Saison 30
Printemps
+ incruste de l'agent Mordecai Magnussen

Fixer le mur jusqu’à l’usure, s'offrir le luxe d’en faire autant avec un second. En voilà une activité fructueuse pour tuer l’ennui. Achevez-moi sur-le-champ. À croire que le Monde Magique s’est assagi depuis l'arrestation haut en couleur d’Élius Askin. Un uppercut du destin que j’accuse sans cérémonie. Pour autant les faits sont là - Je pâtis à longueur de journée. Qu’y a-t-il d’exaltant à croupir derrière un bureau ? Bon, je fais ma mauvaise langue, quelquefois il arrive qu’il y ait du tohu-bohu dans les étages. Notamment cette fois où cette sorcière, pas plus haute qu’une chaise, est venue m’échauffer les oreilles soi-disant parce qu’elle avait inversé la brique de lait avec une potion d’invisibilité. Depuis impossible pour elle de mettre la main sur son matou volatil. La pauvre femme insistait pour que je me rende à son domicile, séance-tenante. Qu’il était impératif que je l’aide à le retrouver puisqu’il s’agissait tout bonnement de son “crétin de mari”. Ni une ni deux nous nous sommes rendus au domicile pour finalement y découvrir le présumé animagi se prélasser sur sa chaise longue à l’orée du jardin. Erreur sur le félin, désolée du désagrément. Tu parles. Et Ravental qui se terre dans ses appartements pour faire on ne sait quoi. Ce n’est pas la décence qu’il porte pour manteau. Pas un mot de sa part depuis la soirée fatidique. Jace n’est pas en reste non plus, il est présent qu’une fois sur deux. C’est bien ma veine, pas une âme pour entendre mes jérémiades.

D’autre part il y a bien Mordecai que je peux aller voir. Ce n’est pas comme s’il croulait sous les missions celui-là. De plus il n’est qu’à une rangée de portes d’ici. Mais avant. L’arrière-train bien enfoui dans le moelleux de mon fauteuil roulant, les semelles ancrées contre le plateau du bureau en bazar - genoux fléchis. Je me cramponne aux accoudoirs sans omettre de froisser un papier que je roule en boule et qui me servira de souafle improvisé. On fait avec les moyens du bord. Décollage imminent dans 3… 2… 1… Me voilà propulsé dans l’immensité des lieux alors que je tourne sur moi-même comme une toupie déchaînée. Sondant le sol à la recherche d’une corbeille qui fera office d’anneau de Quidditch provisoire. Instantanément mes sourcils se froncent à l’entente d’une porte qui s’ouvre sans que je ne puisse rien y faire. Une gamine, aux airs de Boursouf. Des lunettes carrées pour structurer un visage démesurément trop rond. Oh non. Non, non. Pas aujourd’hui. De quoi j’ai l’air ? Mes bras enlacent mes jambes ramenées contre mon torse. Et ma partie de Quidditch improvisée ?

Abort, abort. Je me redresse dans un tressaut. La chaise catapultée à l’autre bout de la pièce face à mon agitation machinale. Fendant les airs comme un cognard. Elle cherche l’Agent Burton... Eh bien le voici.

— Oui, bonjour ! C'est bien lui. Du moins je veux dire bien moi. Je peux faire quelque chose pour vous ?

Droite comme un i, ses documents bien rangés dans une pochette qu'elle tenait à deux mains, Castielle ne s'attendait pas à faire bondir le brigadier par une simple entrée. Peut-être qu'elle aurait du attendre qu'on lui dise de venir, plutôt que de passer la porte d'elle-même ? Le protocole, tout change d'une institution à l'autre, c'était agaçant quelque part. Et chacune était persuadée d'avoir raison sur toutes les autres, bien évidemment, notre Américaine expatriée ne faisant pas exception à la règle. À Poudlard elle n'était pas connue pour être la plus grande admiratrice de la vie à l'Anglaise, si on peut dire ça comme ça.

Évitant de souligner une attitude étrange de la part de son potentiel supérieur, Castielle ne fit pas de commentaire de la situation et passa directement au sujet de cet entretien. Elle avait de la chance de tomber sur la bonne personne du premier coup ! S'avança vers le bureau, la jeune femme répondit à la question sur le ton du soldat au rapport. Sa demande était claire, pas besoin de fioriture.
« Bonjour, je suis Castielle Colt. J'ai été admise en stage à la Brigade de Police Magique et l'on m'a donné votre nom comme référence. »
On ne lui en avait dit pas beaucoup plus. A vrai dire, entre sa demande de stage et son application imminente, le Ministère avait été assez avares en renseignements. De fait, c'était un avantage comme un inconvénient et notre Poufsouffle s'était parée à toutes éventualités, même celle impliquant que le service ne soit pas très efficace. C'est pourquoi elle tendit alors sa pochette vers l'agent Burton en expliquant : « Vous trouverez ici tous les documents officiels concernant ma demande de stage et aussi mes antécédents si besoin. »

Par antécédents, la sorcière entendait toutes informations qui lui avaient semblé pertinentes dans le cadre du stage. Ses passages répétés dans la sphère de l'armée pour junior en Amérique, ses faits d'armes en tant que personne d'autorité et notamment en tant que préfète à Poudlard, etc. De quoi justifier sa place et mettre un peu de concret sur sa motivation à être ici.
Plutôt satisfaite de cette entrée en matière, Castielle remonta ses lunettes teintées d'un vert mat sur son nez en attendant que Burton lui explique la suite des opérations. Qu'est-ce qui était prévu pour son premier jour ? Peu importait la réponse, la stagiaire voulait en découdre au plus vite ! La paperasse n'avait jamais été son truc.