Avec Kathleen Gold
LA ok
Saison 30 - Début du printemps
Bangkok, Thaïlande.
LA ok
Saison 30 - Début du printemps
Bangkok, Thaïlande.
- L’air était moite. Si moite que chaque inspiration donnait l’impression de vivre dans un hammam. L’inhalation emplissait vos bronches de cette humidité presque solide, manquait de vous étouffer. Pourtant, Cara ne s’en plaignait pas ; sentir sa respiration, aussi désagréable soit-elle, lui rappelait qu’elle était vivante. Privilégiée, qu’elle avait été, pour ne pas s’apercevoir de cette chance, à profiter de son existence comme si tout cela lui était dû. Les mois cloîtrée au Manoir Gold, prostrée et défigurée, avaient été comme un cruel rappel. Si Cara haïssait toujours Azaël, de toute son âme, force était de constater que l’adjointe avait appris à tenir aux choses ; avoir été à un fil de tout perdre rendait la survie précieuse.
Parmi ces choses, il y avait Kathleen. C’était exactement par cette appellation que Cara l’aurait nommée, avant ; une jolie petite chose, une poupée à la mine toujours boudeuse qu’elle aimait exposer comme un trophée. Mais il y avait eu, dans ces mois de cohabitation imposée, des silences dépourvus de froideur, des mots moins cinglants que d’ordinaire, et des attentions dissimulées sous un masque d’indolence. Pour la première fois, je crois, Cara avait chéri la compagnie de Kathleen. Elle n’avait rien dit, mais les yeux ! Les yeux avouaient. De la douceur à la place de la convoitise, à en balayer l’envie vorace de la mettre dans son lit. Il semblait évident que le séjour chez les Gold avait rendu la harpie plus humaine ; enfin, la voilà qui ressentait quelque chose.
Et elles étaient là, toutes les deux, dans cet hôtel moldu au cœur de Bangkok, au début de la saison des pluies. Volonté de se lover dans une ville bruyante, grouillante, après des mois dans ce manoir silencieux. Elle avait réalisé, Cara, allongée sur le dos dans ce grand lit la première nuit de leur arrivée, incapable de dormir, qu’elle n’avait jamais passé autant de temps avec Kathleen. Étonnante vérité accolée à cette constatation, une fois la matinée entamée ; cela ne l’effrayait pas. Elle qui l’avait expulsée, à peine rhabillée, de son appartement, envisageait la journée à venir avec un optimise jouxtant la naïveté ; elles sortiraient, dans la ville verticale, déambuleraient en sifflant un jus de mangue, rentreraient ici, feraient l’amour peut-être. Assise sur le lit, dans une serviette de bain blanche, Cara observait le ciel noir en se démêlant les cheveux du bout des doigts. Un claquement derrière elle, la porte de la salle de bain, probablement. Sans se retourner, assumant que sa compagne de voyage était revenue dans la chambre, Cara demande ; « On va se promener ? »