RP avec Robert Gold
Saison XXX- été
LA mutuel
Saison XXX- été
LA mutuel
« Il faut descendre Madame »
La casquette du capitaine du petit ferry aussi brinquebalant qu'inchangé rappelle doucement à l'ordre.
Le baiser de la brise et toujours aussi mordant, et encore étourdie par l'image des criques émergeant de la brume
j'en ai oublié de descendre.
Les quelques affaires agglutinées à l'épaule et sur le dos, je rentre à la maison et c'est sur le sol béni des iles orkney que je retrouve l'équilibre.
J'ai parcouru le monde, des contrées ensablées aux mille yeux des cyclades. J'ai marché sur des villes ensevelies, me suit mêlée à des citées englouties. J'ai grimpé des monts oubliés dont personne ne connaît plus les noms, nagé dans des sources d'eaux chaudes au fin fond de la norvège pendant presque sept ans
mais ici rien a changé.
J'entends encore au loin les vagues percuter les falaises de la côte. Je sais que dès que je sortirai de Kirkwall, l’île aux mille pierres m'accueillera en son sein. Je tracerai à pieds les lignes invisibles imaginés par des hommes dont personne ne se souvient.
Vois comme je me tiendrai droite et fière au dessus de Skara Brae. Cette ile n'est pas la mienne, je suis née de Gomorrhe, mais c'est ici qui m'a formée.
Vois comme je regarde l'infinie péninsule où rien ne pousse.
Le vent pour seul manteau.
J'irai peut-être plus loin, pousser le vice jusqu'à pousser les portes du pub du bourg le plus proche. Commander un bon plat, et de quoi bien l'accompagner.
La barman me reconnaîtra peut-être, me gratifiera d'un sourire.
Des gens comme moi il n'y en a pas cent.
Regarde-moi, vois mon regard fasciné, satisfait de voir que rien à bouger mais que j'ai tant changé.
J'ai foulé des terres chargées de bien plus d'histoire, de bien plus de guerre,
j'ai senti sous ma peau ce à quoi j'ai échappé.
Je t'ai conçu ici, dans l'arrière salle après une soirée un peu trop arrosée, je ne me suis jamais sentie aussi puissante que ce soir là.
Tu es né d'une soirée ou rien ne pouvait mal se passer. D'une nuit où toute la vie s'étalait devant moi autant qu'elle s'étend devant toi où que tu sois.
Ne crois jamais que je regrette.
Je ne regrette plus le moindre de mes gestes. Les regrets je les laisse à ceux qui dansent avec la honte.
J'en ai fini de danser.
Une fois rassasiée je transplanerai sur la côte, à quelques miles à peine de Kirkwall, dans ces contrées où une fois le vent levé il n'y a plus âme qui vive. J'observerai la mer, les lumières de la ville au loin dans le soir tombant. Et j'attendrai immobile sans le savoir
celui qui marche sur trois pattes le soir.
Ce sera une intuition qui me fera tourner la tête à l'instant même où il apparaîtra au milieu des reliefs. Je l'attendrai sans trop savoir pourquoi.
L'homme élégant qui a du s'égarer,
car aucun noble ne vient aux orcades en connaissance de cause.
Je rentrerai plus tard, la maison n'est plus à une ou deux heures près, et son allure m'intrigue. Les invasions ont toujours été d'avantage viking que bourgeoise ici. Qui es-tu ? Tiresias ne rendait pas visite à Poros que je sache, pourquoi te traîner jusqu'ici ?
Je porte en moi les cendres des Gomorrhe. Dis moi quel est ton mythe à toi. Que je comprenne pourquoi tu es venu t'égarer dans le pays le plus inintéressant qui soit.