My gosh [En cours] Winniemae Bishop, le Sam 23 Mai - 23:17
My gosh
Saison XXXI - Automne - Avec Riley Callaghan
J’avais attendu le moment parfait. Celui où les garçons et les filles de mon âge – et pas seulement – auraient déserté la tanière des Serpents pour aller dîner tranquillement. Je sifflote alors que je traverse la salle commune, comme un triste cliché d’un mauvais coup préparé, les mains moites derrière le dos, je regarde à droite et à gauche avant de m’engouffrer dans les sombres escaliers, les souliers vernis d’une précipitation crispée. J’ai l’impression que mon cœur nerveux tambourine contre les murs de pierre, mais je me contiens. C’est pas tant mon genre de faire des bêtises, mais là, ça devenait importemment vital. J’essaie de trouver le dortoir des garçons plus jeunes, je sais, vous vous dîtes que c’est curieusement curieux – et impoli, malsain ? Mais pas du tout. Entre les lits et les malles, j’essaie de farfouiller et de trouver ce que je voulais. Un uniforme parfaitement repassé mais cette fois-ci équipé d’un pantalon qu’on ne trouvait décidément pas chez les filles. J’dois être chez des élèves plus jeunes, c’est pas plus mal, surtout pour mon petit corps menu.
En vérité, j’aimais la jupe grisée-plissée, mais parfois, j’avais envie de revêtir un pantalon dit de garçon, parce que c’était le jour où comme ça, l’idée m’avait gratouillé le nez. Et puis surtout, j’arrivais pas à empêcher l’esprit de contradiction de venir me picoter les doigts arrogants. Demain, j’avais envie de débarquer avec un uniforme de mec, même pas pour agiter les lèvres choquées de mes camarades, j’m’en fichais, mais juste pour ressentir ce fameux plaisir de l’avoir fait. Cet uniforme, j’en prendrais soin, je devrais le laver moi-même et le dissimuler quelque part dans mes affaires, mais les efforts semblaient bien infimes par rapport à la révolte que je pensais entamer. Finalement, le Graal scintille devant mon sourire enthousiaste, aaaaah ! Dans une des salles de bains des jeunes garçons, un des uniforme pendouillait, comme s’il était en train de sécher – ça ferait largement l’affaire. C’est bête, mais j’vérifie que personne dans la petite pièce carrelée n’espionne mon vol, et je glisse les vêtements sous le bras.
Rapide, efficace, discrète. J’avais décidément toutes les qualités pour une apprentie cambrioleuse. Je me retiens de m’attarder dans les secrets de ces Serpentins inconnus et vais pour quitter ce dortoir où je n’étais en principe pas désirée.
Re: My gosh [En cours] Riley Callaghan, le Sam 30 Mai - 15:58
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Avec Winniemae Bishop
Saison 31 Automne
Ma jolie boîte était cassée. Fissurée tristement, comme un mauvais sourire qui lui barrait le visage-couvercle. Mais c’était pas l’pire, y’avait en dessous du bois, le mécanisme musical de la ballerine rose bonbon qui ornait le couvercle. Une belle jeune femme en tutu qui gardait la position de ses mains au-dessus de sa tête éternellement. Maintenant elle ne pouvait plus danser, tourner, chanter sur les airs du Lac des Cygnes. La mollette à l’arrière pouvait tourner cent fois, qu’il n’y aurait plus que le bruit du silence pour l’accompagner.
Vachement triste. J’empoigne délicatement la relique entre mes doigts fins ; la gorge nouée de voir un trésor de mon enfance se briser. Elle avait pas une grande valeur marchande, elle était même bien usée par le temps, mais elle était surtout ma boîte à secrets. Là-dedans s’étalait un morceau de vie ; des boutons de ma première chemise au seul bracelet que j’ai jamais pu m’offrir. Que j’ai jamais porté non plus, d’ailleurs. Sûrement par crainte de le perdre - ça arrive si souvent, ce genre de m*rde.
Allons bon, Callaghan, t’es une crack du bricolage et de la seconde main. Cette boîte, ce n’est que l’un de mes nouveaux casse-têtes. Un plan de plus à créer, sans magie de préférence. Faut pas qu’elle soit souillée par un monde qui l’a pas vu naître. Non, non, cette boîte doit résister au temps sans tricher. Me faut de la colle et des pinceaux. Sauf que j’en ai pas - plus -, et le seul moyen de m’en procurer, tout de suite, c’est dans les affaires des autres.
Direction le dortoir des garçons, parce que chez les filles, ça serait moins discret. Elles font toutes gaffe à leurs affaires. Et puis les mecs, à part Jude, je les côtoie peu. Y’a moins de risque d’éveiller les soupçons. Précipités, mes pas me conduisent jusqu’aux dortoirs des Serpents mâles mais sont bien vite stoppés dans leur course par une étudiante qui pousse la porte en même temps que moi je la tire. Y’a un bug. J’ai la berlue ou quoi ? J’étais tellement perdue dans mes pensées que j’me suis pas rendue compte que j’étais revenue au point de départ ?
Un peu perplexe, je dévisage la brunette devant moi. J’me trompe jamais. C’est elle qu’est bizarre. Winnie... Le ton se fait suspicieux, mais un peu incertain, comme s’il était sur une corde raide, à ne pas savoir de quel côté se pencher. Qu’est-ce que tu trafiquais chez les garçons ? Ironique, non ? Puis là mon regard tombe sur ses bras. Un pantalon. Pourquoi un pantalon ? Peut-être que... Un sourire amusé étire mes lèvres. Dis-moi Winnie... j’dois m’attendre à voir débarquer un mec à moitié à poil derrière toi ? Ce serait pas la première fois que certains s’octroieraient quelques galipettes pendant les pauses repas... pu*ain heureusement que j’arrive que maintenant.
Re: My gosh [En cours] Winniemae Bishop, le Dim 31 Mai - 22:28
Tout petit hii s’échappe couinement de mes lèvres surprises – horrifiées sur l’instant. C’est la grande silhouette de la Préfète qui vient de faire son apparition, me voici dans de beaux draps, et vraiment pas le temps d’aller me cacher sous ceux des garçons. Je pressens simplement que ce n’était pas une colossale rouspétade qui m’attend, parce que Riley venait de m’appeler, Winnie, et non pas Winniemae. Pourtant je déglutis, la bouche pâteuse, sèche, le regard fuyant, j’ai envie de dissimuler le pantalon volé derrière mon dos, mais ce serait à la fois ridicule et inutile. Peut-être même d'enfoncer ma tête dedans, et n’y voyez pas quelque chose d’absolument dégoûtant – simplement me faire toute petite. Une sorte de bribe de réponse improvisée commence à se former sous ma tignasse embarrassée quand, hein ? quoi ? J’suis pas sûre de bien comprendre, enfin si, j’suis sûre de rien comprendre du tout. Pourquoi y’aurait un mec à poil derrière moi ? J'ai l'air bête avec cet air ingénu. Puis, une grimace dégoûtée vient me plisser le nez, comme si un b-e-r-k géant venait de s’écrire sur mon teint hâlé. Au moins la répugnance avait quelque peu chasser la gêne. De curieuses images viennent faire chavirer ma langue avant que je ne décide de me reprendre en soupirant.
J’sais pas mentir, c’est même pas que j’aime pas ça, juste, ce n’est pas dans mes compétences. Alors la Grande pouvait bien m’enguirlander, ça ne changerait rien. Et puis je n’avais décidément pas l’imagination pour inventer quelque rocambolesque raison pour laquelle mes jolis souliers m’auraient doucement amenée jusqu’ici. Je convoque subitement mon agressivité protectrice – alors que bon, la Callaghan j’l’aimais plutôt bien ; je crois – en déposant un poing déterminé sur ma hanche. L’autre trop occupé à serrer le trésor de tissu entre les doigts, j’avais galéré pour le récupérer, je ne l’abandonnerai pas. Tu sais qu’on est obligées de porter des jupes ? Enfin, pas tout le temps, mais c’était ça l’uniforme, le règlementaire, d’une horripilation à me réveiller toutes les nuits. Je secoue ma tête, j’ai comme l’impression qu’il y a un grand discours qui veut sortir mais j’sais pas faire non plus, et moi j’veux porter des pantalons, tout simplement. C’est pas juste que ce soit juste les garçons, et puis, ils peuvent bien porter des jupes, j’m’en fiche, j’leur prête la mienne quand ils veulent ! J’ai l’impression que j’me perds dans ma propre élocution – trop de chemins sinueux. J’ai volé un pantalon parce que j’ai envie de porter des pantalons, parfois. Voilà, ça avait au moins le mérite d’être un peu plus clair.
J’essaie de me convaincre que non, je n’étais pas tout à fait coupable, qu’en réalité c’était cette Poudlard vieille et austère avec des règles coincées qui m’avait forcée à vandaliser un dortoir qui n’était pas le mien. Au lieu de ça, mon intelligence perspicace – des fleurs pour moi-même – me chuchote que t’as pas le droit non plus d’être là. Elle était Préfète mais faut pas déconner non plus, tu espionnes les garçons ? Tu fouilles leurs affaires ? J’essaie de prendre le visage de Maman lorsqu’elle me surprenait à faire une énorme bêtise quand j’étais petite – j’suis pas très forte j’crois. Tu déposes ton odeur pour qu’ils pensent à toi la nuit ? What ? Mais ? Qu’est-ce qu’on dirait pas pour détourner l’attention.
Re: My gosh [En cours] Riley Callaghan, le Dim 7 Juin - 14:48
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Avec Winniemae Bishop
Saison 31 Automne
Les cheveux se dressent sur sa tête, un semblant d’idéogramme en vaguelettes et une onomatopée qui la rapprochent drôlement des personnages de bandes dessinées, cheminent dans mon imaginaire. Je mords l’intérieur de ma joue pour ne pas laisser un rire râcler les murs du dortoir. Il fallait que je tienne l’air sérieux des préfets, au moins jusqu’au dénouement final de cette histoire. L’histoire d’un pantalon d’homme qu’elle tient dans ses petites mains comme un enfant aggriperait son doudou, refusant de l’abandonner pour aller à la crèche.
L’explication arrive rapidement. Entre le poing de la brune qui se colle à la hanche et la détonnante conviction qui lui coule de la bouche, c’était pas de la rigolade mais bien une affaire importante qui se glissait sur le paillasson. Ses raisons font écho dans ma tête, l’accord faisant lentement hocher mon menton de bas en haut. Je croise les bras sous mes seins, adosse l’épaule sur le chambranle de la porte et la darde comme une curieuse petite bestiole. Ça se voit que t’es pas d’ici, la Voleuse. Un sourire en coin déforme mes lèvres, mais je poursuis sur un ton amusé. Poudlard c’est une antiquité. Et leurs fringues, bahhh, je lève la main droite en supplication, paume vers le haut, on s’y conforme. Parce qu’on n’a pas le choix.
C’est loin d’être dans mes habitudes, de me plier à un ordre ; douce ironie quand on sait que je l’incarne aussi d’une certaine façon entre les murs du château. Être arrivée à ce poste reste un mystère non élucidé, je le dois peut-être à l’absence de notre directeur, avec qui les choses auraient sans doute été très différentes. Quoi que... ‘paraît qu’il est loin d’être un saint - sans parler des raisons qui l’ont conduit à Azkaban - alors bon... mais ça veut pas dire que j’suis pas d’accord avec toi. Une phrase que j’aurais pu accompagner d’un clin d’oeil si Winnie ne s’était pas d’un coup immiscé dans mes propres affaires. T’étais plus mignonne en revendicatrice qu’en rabat-joie !
Je fronce les sourcils, pas encore certaine de savoir si je dois m’indigner ou trouver sa répartie attirante. Je suis préfète, comme tu dis, j’vais où j’veux, enfin j’crois et de toute manière, avec ou sans l’insigne je ne m’en serais pas privée, et ensuite, j’ai besoin de pinceaux et de colle. Ma fabrication maison, made in Bubobulbe, s’était épuisée depuis le temps, et j’avais clairement d’autres dépenses plus importes à faire des quelques sous que je parvenais à amasser. Mais ça peut attendre... Pas vraiment, mais je ne connais pas assez la petite dame pour lui parler de ma boîte à secrets. Si tu veux, j’peux t’ajuster le pantalon à ta taille. J’ai du fil qui doit traîner quelque part. Si elle comprenait pas que j’en avais strictement rien à faire de la trouver dans le dortoir, c’est qu’elle était beaucoup moins futée que c’que je pensais. Et après on pourra remplacer tous les pantalons des mecs par nos jupes ? Le sourcil se hausse, une, deux, trois fois avec malice. Pas de raison pour que les garçons soient cantonnés à porter des pantalons toute leur vie, non ?
Re: My gosh [En cours] Winniemae Bishop, le Ven 12 Juin - 23:24
J’aime pas ça. J’aime vraiment pas beaucoup trop ça. C’était les britanniques, typiquement, leur manière de regarder de haut – alors, certes, elle était plus grande - et de crachoter des paroles condescendantes qui feraient des nœuds à mes cheveux bouclés. J’passe d’ailleurs ma main dedans, pas question de laisser les mots faussement moralisateurs de la Préfète s’y emmêler. Mes joues se gonflent d’exaspération, la vieillotterie de l’école rendait-elle ses règles judicieuses ? Absolument pas. T’es p’tet pas pas d’accord avec moi, mais t’es d’accord avec ça. J’hausse les épaules, j’m’en fiche, c’est une évidence, si elle n’était pas d’accord avec ces injustes maudites règles, elle ferait quelque chose. T’es Préfète après tout. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? J’sais pas, quelque chose entre le, si tu voulais faire quelque chose, tu pourrais, et au contraire le, enfin, t’as sûrement été choisie pour ta docilité. Puisqu’elle préfère plier l’échine devant les commodités vestimentaires de cette vieillerie qu’on appelle école. Ou alors ce qui s'écoulait de ma bouche était de la provocation, tout simplement. Sûrement. Je souris légèrement – un peu faussement. Je serre l’emprise sur le tissu volé, c’est dingue comment les Poudlariens étaient enfermés dans des idées bien coincées. C’est comme s’ils n’avaient aucune valeur pour laquelle lutter. Enfin, je pince fort fort fort les lèvres pour pas que les mots ne débordent davantage et ne viennent piquer le nez de la Grande – elle m’en voudrait. J’en avais suffisamment fait.
Il ne faudrait pas qu’elle s’empare de ma pantalonesque trouvaille et me la confisque – tout ce travail pour rien ! Non non non. Aaaaaaaah ! Que j’articule sans faire attention, la surprise étant l’émotion qui vient faire gesticuler ma bouche… bah, par surprise tiens. Du coup quand toi t’as besoin de quelque chose, ton badge préfectoral tombe à pic ! Les privilèges, excellente et brillante chose, ça me fait rire, sincèrement. J’essaie de l’embêter, pour décorer ma soirée après ce vol réussi, on s’occupe comme on peut que voulez-vous. J’quitte finalement le dortoir sans la regarder, balançant des non non, j’garde ma jupe ! Comme ça j’pourrais alterner ! Ma voix se perd dans les escaliers que je dévale en sautillant. Mais j’veux bien qu’t’ajustes mon pantalon, peut-être qu’elle ne m’écoutait déjà plus, j’en sais trop rien. Je rejoins la tamisée salle commune, scrute les canapés de cuir vides, son propriétaire est plus jeune que moi mais bon ! J’suis petite, pire que ça, j’suis rikiki. Après vérification, j’enlève ma jupe, prête pour les essayages et l’atelier couture/ajustement de tissu. Bon alors ?! J’m’impatiente.
Re: My gosh [En cours] Riley Callaghan, le Dim 21 Juin - 19:06
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Avec Winniemae Bishop
Saison 31 Automne
La petite - ouais, parce qu'elle est ridiculement minuscule, pas moyen de l'appeler autrement -, c'est pas la plus détendue des filles. Y'a pas trois secondes où elle ferme sa bouche ; c'est pire qu'une bouche d’égout, ça sort de partout. Elle me laisse pas en placer une, entre les étages, entre les lignes, y'a rien qui peut se caser. Elle sait pas que j'l'ai jamais demandée l'insigne, que c'est plus une punition qu'un réel engagement. Y'a comme des ombres qui planent sur nous, à chaque couloir, même la nuit elles sont là à nous surveiller. Et si on peut pas s'en débarrasser, on peut au moins essayer de les bluffer. De leur mettre sous le nez un miroir, la parfaite illusion d'un préfet dans les clous.
Alors je dodeline de la tête, tu sais que dalle de c'que j'fais ou pas, de qui je suis ou pas, je la suis dans les escaliers, j'l'es dévale pour essayer de la rattraper. Faut croire qu'être plus à ras du sol ça permet de faire défiler ses pieds plus vite. J'aime pas les gens trop énergiques, on dirait qu'ils ont toujours un truc important à faire alors qu'ils tournent juste en rond. Comme des vilains moustiques qui viennent grésiller dans nos oreilles - ça agace vite et on s'en passerait bien d'une paire de claques. Mais bon la Winnie, elle a pas tord dans le fond, regarde, je défais les boutons de mon uniforme préfectoral avec une certaine précision et dextérité. Quand le dernier bouton valse entre mes doigts, je retire d'un coup sec les manches et dévoile l'ensemble caché par mon uniforme. J'ai un style assez bohème d'habitude, plutôt sauvage - pas très pudique aussi -, j'ai pas honte d'exposer ma peau ou mes cicatrices. Ça c'est ce que j'suis. Je désigne ensuite l'uniforme jeté négligemment sur le fauteuil, ça c'est ce que je montre.
Je prends mon temps pour contourner les fauteuils avant de m’asseoir sur le coin de la table. Mais t’as raison hein. Faudrait pouvoir montrer qui on est vraiment, je souris, même si j’suis pas sûre que ça change grand chose à la façon dont elle me voit, c’est juste que j’ai passez de poids pour dire quoi que ce soit, même avec ça, je désigne l’écusson sur ma cape. Je sors ensuite ma baguette, en soupirant, la fait tourner entre mes doigts avant de lancer un #Accio Boîte de couture. Un bruit sourd provient aussitôt de l’étage, suivi de quelques cliquetis et de crissements stridents, comme si une fourchette grattait une assiette. m*rde j’espère que rien n’est cassé. Oups.
La petite commence alors à se déshabiller, la jupe bientôt à terre, sur le carrelage froid. J’espère que c’est pas une frileuse parce que je vais en avoir pour quelques minutes à reprendre son pantalon. Enfin, c’est pas son pantalon, mais j’étais pas là pour débattre de l’importance des déterminants. Viens par là, ma main l’invite à se rapprocher tandis que je saute de la table. J’vais prendre tes mesures, mets tes pieds bien à plat. Après avoir attaché mes cheveux, je place entre mes dents une aiguille et déroule un ruban rose, étalonné, du haut de ses cuisses jusqu’à la pointe de son talon. Pardon, j’ai les mains sûrement froides, je m’excuse alors que mes doigts décrivent des tracés sur la peau brûlante de Winniemae. Ça doit venir de ses origines, mais lesquelles ? Tu viens d’où au fait ?
Re: My gosh [En cours] Winniemae Bishop, le Mer 15 Juil - 14:23
Vrai qu’en fait Riley, je la connaissais pas. On partageait un lit, enfin, un dortoir, des nuits pesantes où nos esprits vagabondent sur la mer de nos propres petites égoïstes problèmes, et pourtant, la conclusion était là : j’la connaissais pas. Cela mériterait grandement une soirée pyjama. Maman avait l’habitude de faire ça avec les cousins, des tas de matelas et des gâteaux et des bonbons et des rigolades. Presque ça me manquerait. J’avais tourné mollement le nez lorsqu’elle avait retiré sa cape, je m’étais même préparée à être éblouie par ce qui se cachait par dessous : des habits. Si encore elle était vêtue d’un costume secret de super-héroïne, j’aurais pu esquisser un wow, mais même pas. Enfin toujours est-il que, t’es un pigeon Riley, c’est pas du tout méchant en réalité, c’est la vérité. Elle obéissait vainement à la souveraineté de l’administration – sans questions, sans possibilité de crier quelques fois non. Enfin, j’suis mal placée pour dire quoi que ce soit, moi je le porte avec joie leur uniforme banal, leurs couleurs obligées – alors que disons-le, le vert n’est pas du tout ma couleur.
Je pouffe légèrement entendant la boîte à couture s’extirper de là où elle était. Bourdonnements de ferraille, faudrait pas qu’elle ait abîmé quelques biens futiles et inutiles des autres Serpentines. J’obéis alors correctement, gentiment, c’est que j’suis envoûtée par la précision de ses gestes, une chorégraphie assurée, enchanteresse. Je cligne des yeux pour les empêcher de fixer l’aiguille dans la bouche de la Préfète, comme une envie de la lui voler – ou un baiser. Aah les embêtantes adolescentes hormones, je détourne le regard vers les canapés de cuir, je rougis un peu. Je titube alors, j’ai bougé, je me raccroche aux épaules basses de la Verte. Pardon. Mes protestations semblent s’être adoucies, fascinées par les soins couturiers de Riley. J’éclaircis ma gorge embrouillée, des États-Unis, Louisiane, La Nouvelle Orléans. Je n’avais pas le même accent qu’eux, ces britanniques arrogants. Là où il fait chaaaaud et humide. Mais chaud. Où le soleil c'est un diamant à te faire saigner les yeux. Y'a pas ça ici. Une contestation sans jugement, juste une épluchure de nostalgie - ça me manque. alors que je me replonge dans le teint pâle de la Camarade. C’est rigolo, ses mains blanches le long mes jambes hâlées – c’est beau. Toi tu viens d’un pays où il fait moche. Tu manques de vitamine D. Tout le monde aurait pu le deviner, je n’avais pas tant de facilités en divination.
Mes bras se mettent à se balancer, je voulais pas que s’immisce là une situation gênante – j’en avais assez. Fais moi un beau pantalon, un style entre l'élégance et l'insolence ! J'ai oublié de dire s'il te plaît, Maman me l'aurait fait remarquer. Je rigole, j’ai l’impression que c’est ma styliste personnelle, et c'est pas désagréable.
Re: My gosh [En cours] Riley Callaghan, le Lun 17 Aoû - 18:28
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Avec Winniemae Bishop
Saison 31 Automne
Concentrée sur ma tâche, le fil s’enfilait comme du beurre dans le jean grâce aux automatismes couturiers acquis au cours de mon enfance dans les familles d’accueil ; il y avait toujours une pièce ou l’autre à raccommoder, celles-ci provenant souvent d’anciens enfants qui avaient logé là avant moi. Des boutons à ajouter, des trous et des taches à cacher ou des ourlets à coudre pour rendre les vêtements présentables à l’assistante sociale. Y’avait presque un aspect rassurant dans cette entreprise, parce qu’elle m’était familière et aisée. J’ai le geste suffisamment expert - et une curiosité étonnante - pour laisser mes yeux vagabonder de temps à autre sur le corps gracile de Winnie. Assez pour voir aussi ses petites joues rosir de... honte ? De froid ? De gêne ? Elle se rattrape ensuite à mes épaules et je souris légèrement, nullement déconcentrée. C’est pas grave.
La Serpentard me parle alors de La Nouvelle Orléans. J’écoute attentivement sa réponse, me surprend à être touchée par la mélancolie dans sa voix, avant de hocher la tête en riant à sa remarque sur mon teint. J’suis irlandaise, c’est compris dans le package malheureusement. À part me transformer à coups d’UV ou de crème teintées, je resterai pâle comme la lune toute ma vie. Et au fond, ça me dérange pas plus que ça, on s’y habitue très bien au mauvais temps. J’suis désolée que l’Angleterre te réussisse si peu. Et je le pensais. Même si notre relation n’avait pas débuté de la meilleure manière. J’ai une idée ! Bouge pas, j’arrive. Vraiment faut pas qu’elle bouge, parce qu’elle a plein d’aiguilles plantées dans le jean. Un petit geste de travers et PIC ! Au pire une goutelette de sang perlera, au mieux ça la chatouillera. Mais il est hors de question de tacher son nouveau pantalon.
Sur les genoux, je me relève en les poussant de mes mains puis viens trifouiller ma boîte de couture. Gigote pas trop, j’en ai pour une minute... Bon sang, où est ma bobine ?! Je m’excite un peu sur la vieille boite en bois. Quelques secondes encore où mes doigts font la rencontre des aiguilles dans le petit bordel que j’y avais mis avant qu’enfin... Ah te voilà ! Une minuscule et magnifique bobine de fil jaune. Ni une ni deux, je l’enfile dans mon aiguille et me remets aux pieds de Winnie. Cette fois je ne relève pas la tête, dans un silence pesant je lui offre ma nuque pour seule vue. J’veux lui faire la surprise, ça m’était venu comme ça. J’espère que ça lui plaira, que ça la consolera un peu aussi. Tadaaa, dis-je en m’écartant au bout d’une dizaine de minutes, révélant deux soleils jaunes discrets sur les ourlets de son pantalon. Maintenant le soleil sera toujours avec toi, où que tu ailles. J’observe mon exécution ; c’est peut-être pas insolent, mais au moins c’est original. Comme elle. Je souris un peu bêtement, c’est la première fois que je fais un truc pareil pour quelqu’un d’autre que moi. Et... j’aime bien ? Je crois ? Ça te plaît comme ça ?
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