¡Ay, caramba! [En cours]

pv Lilou Fantozzi
Saison 31 - Eté
Alicante, Espagne.
suite d'ici.
LA partagé.

Elle était venue te chercher dans ta maison de vacance. C'était la chose la plus improbable qui soit. Vous n'êtes jamais vraiment restée en contact. Vous aviez fait plusieurs voyages, c'était votre truc. Vous bougiez, vous vous amusiez et vous rentriez chez vous comme si de rien n'était. C'est le genre d'amitié pas prise de tête qui te faisait du bien. C'est pour ça, que tu n'as pas hésité longtemps. Tu avais préparé tes affaires rapidement, embrassé ton fils et Gisèle, donnant assez à l'adolescente pour qu'elle puisse s'occuper du petit pendant les trois jours. Et de là, c'était parti.

*****

Vous aviez disparue toutes les deux pour réapparaître en Espagne, proche de l'océan pour profiter du soleil et de la chaleur, des cocktails et de la brise maritime. Tu allais pouvoir souffler un peu, te retrouver avec quelqu'un de ton âge déjà qui était plus à même de comprendre ce que tu ressentais. Loin des responsabilités. Installée l'une à côté de l'autre, un verre à la main, vous le sirotez en observant un peu les alentours. Enfin plutôt pour regarder les touristes se promenant sur la jetée. Tu lances un regard à ton amie, alors c'est quoi le plan ?, est-ce qu'on profite seulement du soleil, on se détend pendant trois jours ou est-ce qu'on va bouger un peu ? comment se fait-il que tu ne sois pas en Italie ? Une simple envie de bouger ou tu as quitté le domaine familial ?, tu la quittes du regard pour reprendre quelques gorgées de rhum et tu te laisses retomber sur le transat, te découvrant au maximum, ça serait pas mal de prendre un peu de couleur pendant ces quelques jours.

Pour les 72 prochaines heures, ça sera Malicia et Lilou. Rien d'autre. On ne pense pas aux enfants, à toutes les responsabilités que tu vas devoir re.prendre quand tu reviendras à la maison. Tu voulais profiter de l'alcool, pourquoi pas des touristes aussi. Ce qui se passe en Espagne, reste en Espagne, non ?

Lilou recoiffa ses longs cheveux qui étaient un peu en bataille après ce double voyage Italie-Angleterre; Angleterre-Espagne. Elle avait choisi l'autre côté de la Méditerranée pour lâcher prise. Pour partager cette aventure avec elle, qui de mieux que Malicia ? Malicia et Lilou n'entretenaient pas une amitié ordinaire. En même temps, qu'est-ce qui demeurait ordinaire avec Lilou dans les parages ?! Rarement l'atmosphère, qui basculait d'un coup dans un tourbillon de bonne humeur et un ouragan. Rien, plus rien n'était ordinaire quand Lilou et son enthousiasme beaucoup trop communicatif débarquaient.

Lilou et Malicia avaient vécu des aventures folles ensemble. Et elles en vivraient encore. Ici, au bord de la plage. Le soleil était haut dans le ciel azur, pas un nuage à perte de vue. Qu'elle semblait loin la grisaille et la pluie anglaise ! L'horizon, au loin, se confondait même avec la mer d'un bleu limpide. Lilou inspira. Elle laissa l'air marin lui chatouiller les narines. Malicia, elle, buvait déjà une gorgée de Rhum. Lilou la rejoignit dans sa lancée.

Malicia lui demanda alors :"Alors c'est quoi le plan ?"
Lilou lui répondit le plus naturellement du monde :"Mais quel Plan ?"
Depuis quand Lilou étirait-elle des plans sur la commette ?
"Je n'ai rien prévu. Je pense qu'on doit simplement se laisser porter par l'instant présent." Comme toujours. Lilou vivait dans un monde de possibilités existentielles qui eût été angoissantes si elle ne s'était pas accrochée à la perspective que seul l'instant présent comptait réellement.
Malicia enchaîna : "Comment se fait-il que tu ne sois pas en Italie ? Une simple envie de bouger ou tu as quitté le domaine familial ?"
Lilou reprit une gorgée de rhum. Puis une autre. Puis, finit son verre.
"Tu te souviens, quand je suis rentrée la dernière fois, ma Mama était morte"
Sa mine s'assombrit un court instant. Un voile de tristesse passa dans ses yeux gris.
"J'ai dû retourner en catastrophe au pays. Mon père, qui faisait mine de ne pas être affecté, l'a été. Il est lui aussi tombé très malade, et quelques temps plus tard, c'est lui que j'ai dû laisser partir...Et puis tout s'est enchaîné. J'ai repris l'entreprise familiale qui cachait un commerce beaucoup plus lucratif avec des commerçants pas tout à fait...pas tout à fait comme les imaginais. J'ai cru pouvoir tenir un temps, en me disant que tout allait bien, si mon père l'avait fait c'était que...c'était pas si mal. Mais je n'ai pas pu continuer. Tu me connais, je suis trop entière pour ça."
Lilou remplit son verre et but de nouveau. "J'ai tout vendu. Tout. La villa familiale. L'entreprise familiale. Toute mon enfance. J'ai tout laissé derrière et je suis partie. Et...me revoilà. Me revoilà dans le seul lieu qui je l'espère me permettra de rebondir. De me retrouver."
Lilou laissa planer un silence.
"Et toi, alors, que s'est-il passé pour que tu deviennes maman ?"

Quel plan ? Bien sûr, il fallait s'y attendre, on y allait à l'improvisation et c'est ça qui te plaît. On se pose pas de questions, on ne prévoit rien du tout. Tu bois quelques gorgées de ton cocktails pendant qu'elle te parle de sa famille. Ses parents sont décédés, est-ce qu'elle avait dû affronter tout ça, seule ? Une once de tristesse qui passe dans tes yeux, ça doit être dur de vivre ça. Au fil de son histoire, tu te redresses un peu sur ton transat. Son père gérait ce genre de commerce, ça restait quelque chose d'intéressant, non ? Et dire que tu es passée au domaine familial. Au final, ce n'est pas étonnant que tu n'as rien remarqué, c'est pas quelque chose que tu criais sur tous les toits. C'était tragique comme histoire, elle avait tout perdu, d'un seul coup. Obligée de tirer un trait sur son enfance et commencer une nouvelle vie. Je suis sincèrement désolée de ce que tu as vécu. Je suis persuadée que tu arriveras à rebondir !

Elle restait forte et étonnant toujours pleine de joie de vivre et même si sa mine est plus sombre, tu sais qu'elle reprendra vite ses vieilles habitudes. Elle respirait quelque chose que tu n'avais pas, l'espoir. Et toi, alors, que s'est-il passé pour que tu deviennes maman ? Ouf. Il fallait vraiment tout expliquer ? Non, parce que tu ne sais pas par où commencer. C'était arrivé comme ça et tu n'étais absolument pas prête à devenir maman. Tu t'affales sur le transat en terminant ton cocktail d'une traite. On pourrait aller au plus simple, tu t'es fais sautée, t'es tombée enceinte. Point barre. Oui mais non. Il va falloir que tu parles un peu plus, j'étais encore professeure à l'époque, j'ai passé une nuit avec... et là encore, comment tu expliques ça ? Leo, le père, il était qui pour toi ? Un ami, un ennemi, un client, un toxico que t'as essayé d'aider, quelqu'un que t'as aimé, que t'as détesté... Aucune idée. Soupir. Un collègue. Je suis tombée enceinte et tout est allé très vite. Je n'ai pas vraiment eu le temps de me rendre compte de tout ce que ça impliquait. Et puis, Enzo est venu au monde et je crois que c'est devenu comme une évidence. Je l'aime, malgré tout. Tu ne mentionnes pas les passages les plus sombres dont tu n'es pas fière.

Bon terminé, le résumé de vos vies. T'en as marre, t'as envie de t'amuser. Enfin, t'as pas envie de penser au passé. Ca te fait plus souffrir qu'autre chose. Allez, on se reprend un verre, on va s'amuser ?, tu lui montres d'un signe de tête, un groupe de touriste plus loin, y en a pas un qui te plait dans le lot ?. Tu lâches un petit rire avant de reprendre de grande gorgées de ton verre. Vous n'allez pas rester là seules, de tout façon, tu prends la main de l'italienne pour l'entraîner vers eux, en rigolant, salut, on peut se joindre à vous ?

"Je suis sincèrement désolée de ce que tu as vécu. Je suis persuadée que tu arriveras à rebondir !"
Malicia fit une moue réellement désolée lorsqu'elle comprit les tragédies qu'avaient traversés l'Italienne. Lilou lui sourit, bien sûr qu'elle allait rebondir, et avancer.
"Tu sais, maintenant que j'ai tout perdu, je n'ai plus rien à perdre." Se contenta-t-elle de répondre. "Je ne peux que gagner." C'était l'évidence même.

Malicia enchaîna alors sur sa propre histoire :"J'étais encore professeure à l'époque, j'ai passé une nuit avec..." Elle ponctua son discours par un soupir. Lilou devina aisément que cette personne ne représentait plus rien, s'il avait seulement un jour été quelque chose à ses yeux. "Un collègue. Je suis tombée enceinte et tout est allé très vite. Je n'ai pas vraiment eu le temps de me rendre compte de tout ce que ça impliquait. Et puis, Enzo est venu au monde et je crois que c'est devenu comme une évidence. Je l'aime"
Et Malicia se ferma alors dans un mutisme qui continuait probablement le flot de ses pensées tout comme le liquide qui coulait par gorgées entre ses lèvres. Elle avait toujours été ainsi, à ne dire que ce que les autres pouvaient entendre, et à garder pour elle ce qu'elle ne pouvait confier à personne, à part à sa conscience, peut-être.
Elle se redressa et dans ses yeux les sombres pensées se dispersèrent.
"On va s'amuser ?" Proposa-t-elle.
"Bien sûr ! Andiamo ! " Répondit la brune.
Malicia avait repéré une horde de touristes non loin de là. Les touristes, en Italie, Lilou les connaissait. Ils vivaient principalement en troupeaux, les mâles les plus virulents étant souvent les plus fauchés, ils leur étaient impossible de partir seul se dorer au soleil. Attirés par toutes les étendues d'eau leur permettant de déballer les attributs virils durement entretenus durant l'hiver, ils se nourrissaient essentiellement de denrées alimentaires préchauffées qu'ils avaient chassées dans le super marché le plus proche, pour préserver leur argent afin de générer une parade de séduction dans l'unique but de conclure un coït dont ils se vanteraient pour les mois à venir. Si possible, ils préféraient s'en prendre à des proies locales.
Ici, Lilou était une touriste, et ce fut avec plaisir qu'elle se laissa mener par Malicia vers ce troupeaux de jeunes mâles.
" Y'en a pas un qui te plait dans le lot ?"
"On verra lequel embrasse le mieux" se décida Lilou.
Elles rirent.
"Salut, on peut se joindre à vous ?" Demanda Malicia.
"Oui, nous vous vus et comme nous buvions des cocktails, nous nous sommes dit que vous aviez l'air fort sympathiques et que vous ne diriez pas non à un cocktail gratuit en charmante compagnie !" S'imposa Lilou.
Les jeunes hommes, cinq au total, ne se firent pas prier. Ils étaient probablement étudiants, peut-être même moldus. Mais Lilou et Malicia n'étaient absolument pas racistes. Surtout pas avec de jeunes et jolis étudiants. Lilou repartit chercher des verres et de l'alcool. Elle revint vers eux.
"Alors, vous venez d'où ?" Demanda Lilou.
Les jeunes répondirent qu'ils étaient français, et chacun étudiait dans un domaine différent.

Tu entraînes Lilou jusqu'au groupe d'étudiants, riant après la remarque de la brune. Non loin d'eux, tu demandes si vous pouvez vous imposer dans leur groupe. Alors que l'italienne repart récupérer de quoi boire et s'amuser, tu restes avec les étudiants, discutant avec eux, surtout avec un jeune homme, un certain Thomas, étudiant en ingénierie acoustique, domaine que tu ne connais absolument pas. Toujours entourée par le groupe, tu te concentres uniquement sur ce jeune ingénieur, obnubilé par lui sans aucune raison. Ton amie sorcière te tend un verre que tu t'empresses de récupérer pour en boire quelques gorgées rafraichissantes. Et sinon, vous venez d'où ? demanda un des étudiants, Et vous faites quoi dans la vie ? Un regard en biais vers la brune. Il fallait s'en douter, si vous posez la question, elle sera forcément reposée en retour. Je viens de Londres et j'étais enseignante en.. chimie dans une école privée, il y a encore peu de temps. Professeure de potions, ça se rapproche de la chimie pour les moldus, non ? Tu t'arrêtes là parce que tu ne te vois pas raconter que tu es la tutrice d'une adolescente et mère d'un enfant de six ans. Ca ne regarde personne à part toi et tes proches.

Et pour toi Lilou ?

Alors que tu laisses l'italienne répondre aux questions, tu te re-concentres sur le brun, intéressée par ce qu'il fait ou plutôt en réalité, juste intéressée par lui. Tu ne fais plus vraiment attention à rien, est-ce à cause de l'alcool ou juste une autre raison, aucune idée mais tu ne profites du moment loin de ta famille, t'as juste un besoin de souffler. Tu termines d'une traite ton verre avant de le laisser sur le côté et récupères de quoi rouler une cigarette qui te détendra, après l'avoir allumée, vous en voulez ? Il n'y a pas tout le monde qui fume ce genre de clope mais t'allais pas te cacher, t'en es plus à ce stade puis c'est commun non ? L'odeur vient envahir l'espace où tout le groupe se trouve. Lorsque les regards se posent sur toi, tu lâches un petit rire avant de le tendre innocemment à qui veut le prendre.

Lilou revint et versa des portions généreuses aux étudiants, dont certains tentèrent de la stopper net.
"Pas trop, pas trop" Lui demandaient-ils.
"Il n'y en a jamais trop" Répondit-elle, un sourire en coin.
Ils leur demandèrent alors ce qu'ils faisaient dans la vie.
Les cinq garçons étaient des jeunes hommes issus de bonne famille. Il y avait Thomas, Paul, Samir, Louis, et Ahmed. Ils étaient français, mais parlaient très bien anglais, surtout pour des français. Thomas étudiait l’ingénierie acoustique, Théo préparait un concours pour entrer dans une grande école de commerce, Samir était en deuxième première année de médecine, Louis, le solitaire du groupe, étudiait le Japonais en fac de Langues et Ahmed était en deuxième année de Droit. Ils avaient tous entre dix-neuf et vingt-et-ans. Thomas, Samir et Ahmed étaient bruns. Samir semblait métissé, il avait des yeux noisette, tirant sur le verts et d'épais cheveux frisés. Il était vêtu d'un sweat à manches courtes ouvert sur son torse musclé, et d'un caleçon de bain. Quant à Ahmed, il était noir, des yeux ténébreux, le crâne presque chauve tant il était rasé, il ne portait qu'un slip de bain qui moulait parfaitement tout ce qu'il y avait à mouler. Paul était petit et châtain, coiffé à la dernière mode, portant un polo et un pull noué en croix sur ses épaules alors qu'il faisait rudement chaud, un short politiquement correct et des mocassins. Louis était blond, des yeux bleu océan dans lesquels se perdre et se noyer. Il était habillé et coiffé comme un ado, fan de manga et complètement passionné par les PC et les langues qu'il étudiait.
"Vous êtes donc tous majeurs !" S'exclama Lilou enthousiaste. "C'est parfait."
Ils en vinrent à leur demander ce qu'elles faisaient dans la vie. Malicia donna le métier le plus proche du sien, un équivalent moldu. Lilou, elle n'eut pas besoin de broder la réalité, elle était styliste-conceptrice de mode, ancienne PDG.
"Mais tu es tellement jeune !" Ne put s'empêcher de remarquer Louis.
"Oui, mais tu vois, c'est une entreprise familiale" Eclipsa Lilou d'une simple parole afin de ne pas non plus leur dévoiler sa triste réalité. Malicia, fortement intéressée par Thomas, sortit alors son arme fatale qu'elle proposa de faire tourner. Lilou la saisit dès la première occasion et avala longuement la fumée parfumée.
"Est-ce qu'un petit jeu tenterait quelqu'un ?" Proposa Lilou.
Les garçons étaient partants et Malicia leva les yeux au ciel. Lilou et ses jeux...
"Alors voilà, il s'agit du "Qui pourrait ?". Je serais la maîtresse de ce jeu au moins pour le premier tour. Je vais poser une question comme par exemple "Qui pourrait tellement boire qu'il s'endormirait la tête sur les toilettes ?" Et je vous laisse deux secondes de réflexion chacun. Il faut du silence. Pas de concertation. A trois, vous désignez la personne qui pourrait le faire. Si elle a un maximum de voix, elle boit cul-sec. Si il y a des ex aequos, ils boivent cul sec. Si tout le monde désigne quelqu'un d'autre, tout le monde boit cul sec ! On change de maître du jeu à chaque tour. Ok, vous avez compris ? C'est parti ! Qui pourrait enlever ses mocassins sur le bord de la plage ?"
Le groupe attendit à trois et désigna le pauvre Paul, qui s'auto-désigna lui-même et but en guise de pitance, après avoir enlevé ses chaussures. Lilou fit alors place à Malicia.