Oui, le travail des Aurors est de chasser les mages noirs. Non, c'est pas du tout ce que t'es en train de faire aujourd'hui dans ton bureau. Faut dire que t'as reçu tes jolis lots de la fête foraine, et que tu t'es bien rendu compte que ces charlatans s'étaient bien foutus de la gueule du monde. Alors t'es quand même un peu décidé à les retrouver, pour qu'ils te rendent tes Gallions, ou qu'ils aient la décence de te filer des lots un peu mieux que ceux que t'as eu. Enfin, tu vas pas les échanger, parce que t'as tout refilé au petit frère de Velina, Ben'. Paraît que le gamin a des idées par millier pour se servir de trucs qui servent à rien, alors tu lui as tout refilé. Tout sauf le PQ, faut pas déconner, c'est un peu la meilleure farce & attrape qui soit dans le lot, et t'as bien l'intention de t'en servir. Pas pour toi, évidemment, mais pour faire une blague à quelqu'un. Genre quelqu'un que t'aimes pas des masses et qui mérite ça.

Mais pour l'instant, t'es plus dans l'optique de retrouver ces forains escrocs parce que t'aimes pas beaucoup qu'on se foute de ta gueule. Le problème, c'est qu'ils sont vraiment pas facile à retrouver, et toutes les minces pistes que tu as trouvé jusqu'ici n'ont abouti à rien du tout si ce n'est à une rage certaine de ta part. Aussi, c'est avec un léger soulagement que tu vois Arty débarquer dans ton bureau, tout sourire, limite en train de sautiller même si tu ne sais pas trop pourquoi. Enfin, si, parce que c'est Arty, et que quand il sautille pas ça veut juste dire qu'il est malade ou qu'un truc ne va pas. En tous cas, ses bouclettes rebondissent avec une joie non dissimulée.

Tu t'affales alors contre le dossier de ta chaise, tournant légèrement à gauche et à droite en le regardant, un sourcil haussé, attendant qu'il prenne la parole. Connaissant l'énergumène, ça devrait ne pas trop tarder, parce qu'il a tendance à être incapable de garder le silence plus d'une seconde et demie. T'es même étonné de ne pas le voir arriver en trombe dans ton bureau plus souvent que ça depuis qu'il travaille au Ministère. Ou alors il le fait peut-être quand t'es pas là. Parce que t'es pas franchement du genre à rester enfermé toute la journée. Toi, ce que t'aimes, c'est le terrain, pas la paperasse. C'est pour ça que tu t'appliques à la refourguer au premier qui passe. Faut bien que ça serve à quelque chose d'être chef des Aurors.

Aaah ! Soulagement enthousiaste alors que les baskets outrepassent avec joie le seuil de la porte d’Azaël. C’est vrai qu’aujourd’hui il n’avait pas enfilé un costume somptueux, simplement un accoutrement moldu coloré, comme lorsqu’il ne travaillait pas.
Parce que ras le bol, tout simplement. La comédie avait peut-être trop duré, ou alors la comédie l’avait complètement retourné, toujours est-il qu’il commençait à avoir la gesticulotte de façon beaucoup, beaucoup trop prononcée. Et les levers d’yeux à son passage dans ces couloirs malheureux, ça l’énervait. Il aura tout fait pour essayer d’injecter un peu de merveillosité au Ministère : un cuisant échec. Peine perdue pour laquelle il avait trop lutté, il était grand temps de s’envoler.
Évidemment, il aurait pu déposer délicatement sa démission sur le bureau de la directrice de son département, mais quitter la scène discrètement n’était pas dans les habitudes du Fripon. Cela nécessiterait de l’éclatant éclatement.

En bref, Arty s’assoit de travers sur la chaise faisant face au bureau très adulto-sérieux du Serpentard, les genoux sur l’accoudoir, c’est écrit dans sa gestuelle en réalité : il n’était pas là pour une broutille ministérielle. Bon ! J’me casse ! Un timbre résolu et déterminé qui ne présageait rien de bon, mais qui avait au moins la qualité d’être intéressant. Il développe, ne pouvant se cantonner à cette seule annonce mystérieuse : j’en ai maaarre de bosser ici, j’suis devenu … il hésite à dire comme toi à l’adresse de son Meilleur Ami, mais son grand sourire avale la pique afin de tempérer les propos, bizarre. Le Ministère, ça retourne le cerveau, tu sais ça ? Surtout pour quelqu’un dont le cerveau ressemblait davantage à une éponge usagée laissée sur les bords d’une route infâme. Les baskets battent l’air – il finirait par tomber, s’en fichait complètement.
Ah non, puisqu’il décide de se mettre debout sur la chaise (trône), et tu sais c’que ça veut dire mon très cher Azaël d’amour ? De ses mains, de ses pieds, il mime avec grandiloquence des roulements de tambours faisant échos dans ses tympans échauffés. Farce de départ, bêtise de départ, bouquet finaaaaal ! Alors oui, il s’emballe.

Mais il était absolument hors de question de ne pas quitter le Ministère sans avoir laissé une trace mémorable, un petit écriteau rigolo encastré bien profondément dans un des insipides murs. Petits applaudissements et rebondissements, quel serait le rôle d’Azaël dans tout ça ? Il le pointe du doigt, lui et son allure parfaitement bureaucrate sur son siège de cuir, tu vas m’empêcher de finir en prison, et tu vas m’donner une idée grandiose ! J’prends tout sur le dos, pas de problème, j’me fais virer, j’fais la une de la Gazette et à moi la célébrité ! Et puis cela permettrait de dérider le Meilleur Copain sans que son travail super très hyper important ne soit en danger.
Courbette satisfaite.

Évidemment, t'avais raison. A peine assis le blaireautin ne perd pas de temps pour t'exposer la raison de sa venue. Et tu dois bien admettre que ça te laisse un instant sans voix. Il se casse. Ok. Apparemment, il a besoin d'air, d'aller respirer autre part. Pas étonnant le connaissant. T'es même limite étonné qu'il ait tenu aussi longtemps sans se faire virer. Honnêtement, quand on a l'habitude de côtoyer l'Arty, on sait que les choses ont de grandes chances de finir en feux d'Artyfices explosifs et autre pyromanie abusive que dans un bureau sagement assis sur une chaise. Oui, t'as tendance à être dans le coup quand ça part en flammes, mais faut bien dire ce qui est, dès que ça parle explosion et feu de joie t'as du mal à résister.

Tu hoches donc légèrement la tête, toujours silencieux. Tu te contentes de lui faire savoir que tu entends bien ce qu'il te raconte. Tu sais qu'il y a une suite qui arrive. Autre que le "Ministère ça retourne le cerveau". C'est pas nouveau. T'as envie de lui rappeler que vous portez tous les deux un masque la nuit justement pour lutter contre ce fichu Ministère. Mais il n'est pas vraiment du genre à comprendre la subtilité d'une infiltration, et encore moins à avoir la patience d'entrer dans les rangs pour mieux les faire exploser. Lui, ce qu'il veut, c'est que ça pète directement. Et tu sais déjà que t'as aucune chance de le raisonner alors même que son avis est déjà si tranché.

Et voilà. Il se met debout sur la chaise en un show qui serait bien plus divertissant s'il finissait le nez par terre, et t'annonce qu'il doit absolument faire une grande blague de départ. Et que t'as ton rôle à jouer dedans, en l'empêchant d'aller en prison. Cette fois-ci, tu ne peux pas garder ton sérieux plus longtemps, tu éclates de rire.

- Non mais sérieux Arty j'ai pas le pouvoir de t'éviter la prison ! Tu peux peut-être juste éviter de buter quelqu'un en partant, ce serait plus simple.

Oui, tu préfères quand même le prévenir des risques. Tu t'es toujours porté garant pour lui et ses conneries, mais chef des Aurors ce n'est pas chef du Magenmagot. Autant dire que t'as tout autant de pouvoir décisionnel que le reste de tes collègues de l'assemblée. Bref, expliquer tout ça à Arty ne servirait à rien, bien qu'il soit Magenmage tout autant que toi. Tu hausses alors les épaules avec un petit sourire, sortant un rouleau de papier toilette du tiroir de ton bureau. Le fameux rouleau.

- J'ai pas de grande idée. Mais déjà une petite pour commencer. On met ça dans les chiottes de Ravental. Enfin de de Lanxorre. Enfin t'as compris.

Et comme ça peut sembler absolument inutile sans la moindre explication, tu ajoutes tranquillement :

- Il disparaît quand on s'essuie avec...

Les baskets d’Arty regagnent subitement le sol, il a le museau happé par ce qu’est en train de dévoiler Azaël. Un sourcil haussé, grimace circonspecte déformant la bouille du Poufsouffle : il ne comprend pas très bien. Ravental devait bien avoir des toilettes équipées, et quand bien même que non, ce serait plus rigolo de le laisser sans papier qu’avec. Avant que le gosier du Fripon explose de rire – hahaha ! ouuuiii ! – quand il comprend de quel type de papier il s’agissait.
Du pur génie. Du pur génie farcesque, Arty applaudit, forcément. Faut absolument qu’on mette une caméra dans les toilettes pour voir sa tête ! Le ventre ne cesse de rire, il sait pertinemment qu’il est impossible de faire fonctionner la technologie moldue au sein du Ministère, mais il aurait férocément envie d’être là lors la réalisation de la farce. Tant pis. Il ferait défiler les expressions dégoutées et surprises du Directeur d’il ne sait même plus quel département dans ses songes les plus étranges, histoire d’avoir quelque chose à se mettre sous la dent. Allez c’est parti ! Chop-chop qu’il fait de la main, absolument pressé.

Sur le chemin, il se sent comme obligé de préciser, tu sais que j’avais pas prévu de tuer quelqu’un non plus. Oui, il n’était pas exactement un psychopathe sans cœur qui tuerait pour défiler dans les journaux – presque. Juste, si ça déborde de trop. Il sait à quel point les employés du Ministère aimaient remplir à tout va les cellules juste pour le plaisir de marquer une vaine autorité. Sauf si un quelqu’un se met devant moi aujourd’hui, il hausse les épaules. Vrai qu’il n’aimait pas du tout, du tout être contrarié lors de la concoction incroyable de méfaits. Ne pas apprécier être dérangé tout simplement, on pouvait le comprendre.
Le plus naturellement possible devant le bureau du haut fonctionnaire, les yeux du Malicieux balaient les alentours, et les sorciers passant, vacant à leurs sérieuses activités. Pas évident de se faufiler dans les toilettes privés avec des regards qui pouvaient à tout moment se braquer sur eux. J’détourne l’attention – j’suis plus beau - t’ouvre la porte. En espérant que Monsieur Antonius ne se trouve pas à l’intérieur, évidemment.
A quelques pas de là, discrètement et les lèvres pincées, Arty & Odette III pointent vers le plafond un #Bombarda. Pas très fort, simplement pour faire gronder le plafond, créer quelques fissures et, une fuuuiiite ! qu’il crie – déranger les canalisations. Il aurait pu noyer le couloir d’un brouillard épais noir, mais non, le Wildsmith préférait en faire des tonnes avec ses gestes exagérément inquiets sous le trou qu’il venait de former dans le plafond.

Un petit attroupement d’employés subitement concernés se crée autour de lui, ils se questionnent, s’alarment. L’occasion de glisser quelques coups d’œil prudents en direction du Meilleur Copain, assurer ses arrières pour qu’il puisse pénétrer tranquillement dans l’antre directorial.

T'étais sûr que ça lui plairait à Arty, même s'il lui faut toujours un peu de temps pour comprendre les choses. Faut dire que c'est pas franchement une lumière le garçon, mais t'as l'habitude maintenant. Ton sourire s'élargit lorsqu'il se met à applaudir, visiblement très enthousiaste à l'idée de ce qui va suivre. Tu hausses un sourcil légèrement dépité lorsqu'il parle de placer une caméra dans les chiottes de Ravental. Outre le fait que ça ne risque pas de fonctionner, l'idée de regarder ton directeur de département en train de poser sa pêche dans l'intimité de ses toilettes ne te donne pas si envie que ça, papier qui disparaît ou non. Mais voilà, apparemment, faut y aller de suite. C'est qu'il a hâte de se faire virer le petit. Et comme t'es un copain très investi, tu te lèves, PQ dans la main, pour sortir de ton bureau à ses côtés.

Tu écoutes ses explications d'une oreille distraite. Tu le connais trop bien, tu sais que n'importe quelle petite farce peut tourner au drame avec lui, alors tu ne prends même pas la peine de lui répondre. Faut dire qu'il se débrouille très bien pour faire la conversation tout seul. C'est un peu comme ça qu'a toujours fonctionné votre amitié. Il parle beaucoup, et tu fais semblant de l'écouter quand t'as le temps. Et ça marche très bien ainsi ! Heureusement que t'as cette capacité à mettre ton cerveau sur off quand il parle trop, parce que c'est vraiment très utile au quotidien. Alors tu hoches la tête vite fait, pour montrer que t'as bien compris ce que t'as à peine écouté.

Et une fois à proximité du bureau de Ravental, le voilà qui prend les choses en main avec un semblant de plan qui ne fonctionne que dans sa tête. Parce qu'il part déjà avec un avis biaisé : t'es carrément plus beau que lui, et ça, n'importe qui pourrait en attester. Enfin n'importe qui sans problème de vue. Oui, de loin, Arty peut paraître beau. Mais suffit de s'approcher pour voir qu'il ne t'arrive pas à la cheville. Pas pour rien que tu traînes avec lui, il te sublime dans tous les points : t'es plus mature, plus responsable, plus sérieux, et plus beau. Voilà la base d'une amitié qui fonctionne dans une égalité totalement inexistante.

Ceci dit, t'as pas vraiment le temps de lui expliquer le b.a-ba qu'il met déjà son plan à exécution avec la subtilité d'un éruptif dans un magasin de nécessaire à potions. Tu retiens un soupir, de plus en plus dépité, mais à la réaction des employés tu dois bien admettre que ça fonctionne pas trop mal. Tu sors donc ton canif magique de ta poche et commence à t'atteler à la serrure des toilettes qui ne tarde pas à lâcher. Tu entres donc dans les lieux et échanges rapidement le papier toilette présent avec le tien, bien plus intéressant. Et tu ressors directement en refermant la porte derrière toi avant de te joindre à la foule pour prendre les choses en main.

- Bougez-vous bon sang !

Et tu lèves ta baguette pour lancer un #Reparo sur la canalisation endommagée en jetant des regards noirs aux curieux qui t'entourent.

- Bande d'incapables...

La remarque est grommelée entre tes dents, et tu prends directement la direction d'un autre couloir en faisant discrètement signe à Arty de te suivre.

- Ok, mission accomplie. Maintenant, faut que tu te fasses virer. Une idée ?

Il en a sans doute des tas, mais tu préfères donner ton approbation avant qu'il ne se lance dans quelque chose qui l'enverra directement derrière les barreaux pour le reste de sa vie. C'est qu'il a un peu de mal à comprendre les conséquences que peuvent entraîner ses actes le gosse...

Aaaah Aza avait toujours cette dégaine imposante, notamment lorsqu’il réparait des situations aux airs condamnés. Quel sauveur ! C’était un rôle qui lui sied à la perfection, au moins autant que le rôle de l’idiot faisait briller Arty. Enfin, le jeu se dissipe en même temps que la petite foule et le Fripon sautille immédiatement derrière le Meilleur Copain. Le PQ avait été interchangé, et malgré tout, la bouille est traversée par un air tristounet : c’était ce genre de blague qui n’avait aucune conséquence visible, qui n’éclatait pas au grand jour devant la centaine d’employés. Ravental ne serait qu’humilié qu’en privé – quelle déception !
Pas le temps de s’attarder sur cette pensée, les deux Compères devaient passer à la suite du plan pour l’instant inexistant. L’index grattant le menton – posture sublime du songeur – Arty babouille des idées lancées comme ça à travers des méninges j’peux tuer personne, j’peux pas m’en prendre à un directeur ou une directrice sinon c’est cellule – elles sont pas confortables en plus – il faut juste que j’insère une petite bille farceuse dans les rouages du Ministère. Le regard se perd dans le décor sinistre du couloir. OU ALORS !

Lumière éblouissante sous les boucles folles du Blaireautin. Il saisit vivement le bras du Serpentard – qui se défait, oui oui, on sait – pour l’emmener vers le hall du Ministère. A la fois enthousiaste et essoufflé, il s’arrête derrière un coin de mur, à peine discret.  Le monument, l’effigie, le symbole du bâtiment trônait toujours là, au milieu de l’atrium. Les statues d’or surveillaient avec bienveillance la foule éparpillée des employés et des visiteurs. Regarde ! J’attaque personne, et en même temps, ce sera vu par tout-le-monde. Tout le monde étant la clé de la réussite, de la célébrité, son nom crié et scandé pendant des années. Odette III réapparaît de derrière l’oreille, se faufile gaiement entre les doigts plaisantins. Alors, explosion ? peinture ? métamorphose ? Ouhla, il a quand même de l’ambition le Malicieux, métamorphoser un objet d’une telle dimension convoquait une énergie magique (une concentration) qu’il n’avait pas vraiment, et surtout pas tout le temps. J’peux pas juste la casser, c’est pas rigolo. C’est qu’il fallait prendre des pincettes, il s’agissait de sa seule chance pour s’illustrer dans un coup mémorable. Incroyable la façon qu'il avait d'être consciencieux dans les bêtises, s'il l'était autant dans son travail, mazette il serait employé de l'année.

Wahou, c'est qu'il commence à comprendre vite l'Arty ! Il a saisi qu'il ne pouvait tuer personne, franchement, c'est déjà un grand pas en avant. Et t'as même pas besoin de lui dire qu'agresser un Directeur de Département c'est pas la meilleure idée du monde. Comme quoi, bien caché derrière les bouclettes folles, il y a bel et bien un cerveau ! C'est sans doute la bonne nouvelle de la journée, tu tâcheras de t'en rappeler à l'occasion, ça t'évitera de toujours devoir être sur son dos pour rattraper ses conneries. Plus le temps passe et plus tu te dis que tu ferais mieux d'arrêter de le surprotéger comme tu le fais, c'est sans doute ça qui lui fait penser qu'il ne risque jamais rien, peu importe ce qu'il fait. Ouais, tu vas le laisser se débrouiller tout seul plus souvent, ça aura sans doute du bon. Jusqu'à ce qu'il tue quelqu'un, évidemment.

Et tandis qu'il semble avoir une illumination en te tirant par le bras, tu pousses un soupir en te dégageant pour tout de même lui emboîter le pas. A dire vrai, t'es plutôt content de savoir qu'il va se lâcher, foutre un beau brin de bordel en plein coeur d'un Ministère trop sérieux et trop abusif. T'aimes ton travail d'Auror, mais t'as comme l'impression que tout est à revoir au sein même de la structure du Ministère. Et les gens... Les gens sont incapables de s'amuser ici. Incapables de lâches prise. Il faut toujours donner l'image parfaite, quitte à se rabaisser ouvertement devant ses supérieurs. Une hiérarchie qui te file la gerbe, alors même que tu n'hésites pas à user de ton rôle de chef des Aurors pour prendre les gens de haut sans qu'ils n'osent te répondre. Tu le fais parce que tu peux. Parce qu'ils sont tous trop faibles pour se rebeller. Incapables de voir qu'on les traite aussi bien qu'une m*rde sous la godasse.

Une fois dans le hall, tu sais déjà ce qu'Arty a en tête. Ici, il n'y a qu'une seule et unique chose qui peut l'attirer. La statue. L'immense statue en plein centre, coeur même de ce que représente le Ministère si on écoute ses plus fervents défenseurs. Tu esquisses un sourire. L'idée est géniale. Et t'as presque envie de participer pleinement toi aussi, mais tu ne peux pas si tu veux garder ton job. Alors tu hoches simplement la tête.

- Commence par la peindre, tu pourras l'exploser après en millions de paillettes colorées !

Pour sûr que les couleurs et les paillettes ça lui parle. Tu sais exactement ce que tu dois dire pour éveiller pleinement ses sens de metteur en scène-comédien. Mais voilà, sur ce coup-là, il est tout seul, ou presque.

- J'te laisse faire, j'me fonds dans la foule. Si j'en vois qui essaient de t'arrêter, j'm'en occupe discrètement. Tu ne touche pas une seule personne qui essaie d'intervenir, c'est clair ? Tu t'occupes que de la statue.

Des ordres, évidemment. Et il va les suivre, parce que c'est comme ça que ça fonctionne entre vous. Il ne doit lever sa baguette sur aucun employé s'il veut être sûr de ne pas finir en cellule. Alors ce sera ta tâche de l'ombre. Les gens verront leur baguette leur échapper sans même savoir d'où ça vient. Ils se retrouveront le cul par terre ou la tête en bas. Et toi, tu ne seras on ne peut plus discret.

Le plan se déroulait sous les yeux enthousiastes du Wildsmith, il se voyait déjà, le fameux peintre de cette statue, celui qui apporterait de la lumière et de la couleur à la morosité du Ministère, il en trépigne d’impatience. Puis, avec Azaël comme son fabuleux ange-gardien, son protecteur dissimulé dans la foule, un véritable travail d’équipe. Alors pas le temps de tergiverser, couvre moi ! Arty s’élance dans l’atrium et galope jusque devant l’immense statue. C’est un premier #Multicorfors, pointé vers les différents gigantesques personnages de la fontaine de la Fraternité. Les crépitements de l’eau viennent rythmer les variations de couleur, évidemment, l’esprit du Diablotin choisit les couleurs les plus vives et criardes possibles, dessinant sur sa bouille de délinquant un sourire joyeux.
Ne surtout pas s’arrêter là, d’un bond agile les jambes lycanthropiques atterrissent sur le rebord de la fontaine, comme une urgente envie de grimper sur ce merveilleux centaure, et peut-être, peut-être… l’idée enchante davantage les boucles folles. Mais d’abord, nuancer le or avec du vert, du rose, et pourquoi pas du violet avec un nouveau #Multicorfors. De là-haut, il entend les murmures s’élever doucement, les regards entre surprise et inquiétude le feraient presque briller davantage.

Heeeeeey ! C’est une vilaine exclamation qui le fait détourner le regard de son incroyable œuvre d’art. Un enquiquinant sorcier s’efforçait de fendre la foule dans sa direction, terrible vision faisait rouler les yeux du Poufsouffle. Joueur, le voici gambadant sur le rebord de la fontaine jusqu’à ce que sa caracolade le mène presque sous le centaure.
Pas facile, mais Arty se hisse, en manquant de tomber deux trois fois, atterrit finalement sur la croupe de la créature légendaire. L’idée revient agiter Odette III qui s’enfonce dans la crinière de la statue. C’est osé mais il essaie, #Piertotom Locomotor ! Oui, parce qu’on sait bien qu’il s’agit simplement de formuler des formules apprises quelque part dans Poudlard pour être grand magicien.
Eh bien non, si le Fripon s’imaginait déjà galoper à travers le Ministère sur un centaure animé, mais le résultat n’est pas tout à fait là, pas du tout en réalité. Au contraire, les pattes du centaure viennent à trembler dangereusement, gronder, quelque chose de pas normal dans l’air. Arty espère toujours, se dit que c’était peut-être là tout à fait naturel pour le sortilège.

Dès qu'Arty commence à s'élancer vers la statue, tu t'éloignes de quelques pas, te fonds parfaitement parmi les employés du Ministère qui avance comme des automates dans leurs costumes de plus ou moins bonne qualité. Et tu te lances un #Kaleidem qui te fait disparaître aux yeux de tous ces gens bien trop obnubilés par leur travail pour remarquer cette drôle de distorsion de l'air lorsque tu bouges doucement. Tu te noies parmi cette marées d'hommes et de femmes qui se ressemblent tous, suivant le mouvement des vagues de leurs pas, te menant plus proche d'Arty, tout en en restant suffisamment éloigné pour conserver une vue d'ensemble, baguette toujours en main.

Un sourire s'esquisse sur tes lèvres tandis que les personnages de la statues se colorent peu à peu de laideurs criardes. L'oeuvre sans raccord d'un enfant de cinq ans qui découvre l'effet d'un pinceau et de la peinture. C'est moche, surtout le rose. Probablement qu'Arty aime, lui. Tu l'espères du moins, car il n'aura pas de seconde chance pour s'en prendre à cette statue, véritable symbole du Ministère. Une voix s'élève. Pas le premier qui remarque que quelque chose cloche, mais le premier qui se dit qu'il doit intervenir. Suffit de le voir fendre la foule, baguette en avant, comme s'il avait le pouvoir de faire quoi que ce soit. Quelle naïveté de penser ainsi. Ta baguette se pointe sur lui, que tu suis, toujours aussi invisible. #Crocura.

Tu le regardes qui s'étale au sol, si bien qu'il en lâche sa baguette magique. C'est que ça en est presque trop facile pour toi. N'y a -t-il personne de compétent dans ce Ministère pour parvenir à empêcher Arty de faire son mauvais coup, alors même qu'il se trémousse sur le dos d'un Centaure qui risque à tout moment de s'effondrer ? Regard vers l'homme qui se relève tant bien que mal et qui pose le regard sur sa baguette au sol, prêt à la récupérer pour agir tel le héros qu'il se voyait déjà être. Malheureusement pour lui, aujourd'hui, il ne passera que pour un incapable, maladroit de surcroît. Ta baguette se pointe sur la sienne et l'envoie valser plus loin d'un #Repulso.

Tu relèves alors les yeux sur Arty, dont la monture semble de plus en plus fragile. Les pattes ont eu envie de bouger, mais au lieu de les actionner réellement, le sort n'a eu pour effet que des les fragiliser, les fissurant de part en part en d'inquiétante rainures qui ne cessent de gagner du terrain. Légère grimace. Tu sais que ton pote est plutôt agile, tu ne doutes pas un seul instant qu'il est capable de se sortir de ce mauvais pas avec brio, voire même presque avec une allure maladroite bien à lui. Mais pour cela, il faudrait sans doute qu'il se rende compte que quelque chose cloche...

Bon, finalement, il ne met que quelques dangereuses secondes à réaliser que toute la statue commençait à chanceler. Certaines fissures grimpaient jusqu’à la croupe sur laquelle il n’était pas du tout confortablement installer. Le Wildsmith se voyait déjà s’écrabouiller sur le sol brisé du Ministère dans un brouhaha légendaire, tonitruant – ça le fait sourire autant que ça l’embête. C’est qu’il commence à voir la hauteur trembloter dans son regard tandis que le centaure s’actionne de travers, que ses pattes colorées s’emmêlent dans une mécanique désastreuse. De son perchoir branlant, Arty entend les cris d’effroi s’élever alors que la foule se disperse, se précipite tous azimuts, c’est qu’il y a ce suspens fracassant : où le colossal centaure allait-il s’écraser ?
Pourtant, le Poufsouffle ne peut s’empêcher de rigoler, il était ce cavalier funeste apportant la panique dans le cœur monotone des employés du Ministère – quelle agréable jubilation ! Fuyez ! Pauvres fous ! Là, clairement, il s’emballe. Odette III brandie au-dessus de ses boucles diablotines.

Mais le glorieux moment ne s’étire pas davantage, rapidement, après quelques mètres d’avancée, la statue s’étiole, s’effondre. Jusque-là tout va presque très bien, si ce n’est qu’Arty se dit que ce serait le moment parfait pour décoller. Éviter de se retrouver le corps broyé par un lourd morceau d’or. Il tente alors une acrobatique figure, se met debout afin d’essayer de surfer sur le mouvement périlleux de la chute du centaure ; il s’imagine déjà atterrir sans encombres, les deux pieds fixés au sol, brave pirouette conclue par une courbette.
Mais c’était trop beau. L’effondrement n’a rien de stable et malgré l’agilité lupine, le Fripon perd l’équilibre, dévalant quelques mètres d’altitudes. Les quarts de secondes défilent bien trop vite pour qu’il espère se réceptionner correctement. Ridicule catastrophe, son ventre percute violemment le rebord de l’imposante fontaine. AÏE ! Quelques côtes craquèlent. Il ravale in extremis le réflexe d’appeler Azaël au secours, ne surtout pas soulever la couverture secrète du Meilleur Copain-complice.  
Quelques vérifications vitales avant de se rendre compte : ses tympans bourdonnaient de silence. Durant sa téméraire cascade, le centaure s’était complètement écroulé, répandant de gros éclats d’or partout dans l’atrium, devant les yeux estomaqués des sorciers. Oups. Cela n'avait pas eu la splendeur prévue.

Les yeux à présent rivés sur Arty, tu le regardes essayer de se soustraire à une chute pourtant inévitable. Certains tentent d'intervenir, mais tu fais ton travail à merveille. Si encore ils essayaient de sauver ton pote, mais même pas ! Tout ce qui intéresse ces imbéciles c'est leur belle fontaine et toute la bien-pensance de la société sorcière qu'elle représente. Quelle horreur ! Non, tu ne peux laisser de telles personnes intervenir, et ta baguette s'occupe parfaitement de les ridiculiser avec une discrétion étonnante venant de ta part. A croire que tu commences à avoir l'habitude d'agir dans l'ombre.

Pendant ce temps, les autres spectateurs ébahis ne semblent bons qu'à laisser échapper des "Ooooh" et des "Aaaah" à chaque nouvelle étape passée par ton pote sur son centaure. Et enfin, la gravité semble faire réellement effet, et voici que la chute la plus spectaculaire de l'histoire de Ministère se déroule sous tes yeux. tu le regardes tenter de surfer sans y parvenir, comme dans un ralenti inarrêtable. Et ce qui devait arriver arriva : il finit sa course directement sur le rebord de la fontaine. De ta position, t'es bien incapable d'avoir entendu quoi que ce soit d'autre que le fracas de la statue qui s'est explosée au sol en même temps que le compère.

Décidant qu'il est grand temps pour toi d'intervenir, tu repars du côté des ascenseurs avant de redevenir visible. Dans le chaos de l'instant, personne ne semble faire attention à toi. Tu te diriges donc vers la scène en courant, donnant quelques ordres au passage, baguette en main, comme si tu n'avais pas la moindre idée de ce qu'il vient de se passer.

- Ecartez-vous, laissez-moi passer !

Enfin à niveau d'Arty, tu te rends compte qu'il n'a pas l'air au top de sa forme. Mais il n'est pas une menace, et tout le monde sait que vous êtes proches. Aussi tu ranges ta baguette, et te contentes de le remettre sur pied fermement.

- Qu'est-ce que t'as foutu bordel ? On va voir ton chef de département, j'crois que t'as des trucs à lui dire.

Quel comédien hors pair, n'est-ce pas ? Comme ça, tu prouves à tout le monde à quel point tu es intègre et que tu ne fais pas dans le copinage. Quel homme de justice ! Pour bien tenir ton rôle, t'en profites même pour envoyer un Patronus au dit directeur de département. Arty veut se faire virer, c'est par lui que ça doit passer. Puis regardant les curieux toujours autour de la fontaine, tu en désignes quelques uns.

- Mais occupez-vous donc de réparer tout ça plutôt que de rester là comme des abrutis !