Virée au Pérou [en cours]

Saison 31 - Été

Huit jours que Lenwest foulait les terres du Pérou. Après un débarquement à Lima, elle ne s'est pas attardée plus que ça dans la capitale, trop curieuse de découvrir ce que renfermait ce pays du sud. Elle avait hâte de découvrir cette culture qui lui était jusque là inconnue. Mais ce qui lui procure le grand frisson, ce sont les nombreux sites archéologiques qui renferment encore de nombreux secrets du passé. Elle était d'abord partie vers le sud, et alternait centres historiques et randonnées dans les hauteurs péruviennes. Ce voyage en solitaire lui faisait le plus grand bien. Loin de son Londres quotidien, elle pouvait se concentrer sur elle et les somptueux paysages qui l'entourent. Elle prenait cette occasion comme une cure.

Les géoglyphes de Nasca l'ont rendue bouche bée. Elle y a passé des heures, écoutant avec amusement les hypothèses des nombreux touristes qui défilaient. Même si elle souhaitait se retrouver seule pendant ce road trip à durée indéterminée, elle faisait de nombreuses rencontres épatantes. Afin de se plonger au mieux dans la culture, elle avait choisi de dormir chez l'habitant. De nombreuses familles accueillent des voyageurs chez eux, le temps d'une ou deux nuits, et vivent de cette façon. Ainsi, Lenwest pouvait déguster tous les soirs des plats typiques en écoutant les légendes péruviennes. Elle voulait que cette escapade dure encore de nombreux jours. La famille qu'elle venait de quitter l'avait particulièrement marquée. Elle était même repartie avec un poncho confectionné par la maman, cadeau qui l'avait beaucoup touchée. Elle ne le quittait plus. C'est encore remplie d'émotions qu'elle arrivait à sa prochaine destination, un village près de Cusco.

Comme d'habitude, l'accueil avait été chaleureux. La petite maisonnée appartenait à un jeune couple dont le bonheur rayonnait. Deux autres voyageurs étaient déjà là. Elle ne leur prêta pas attention, l'hôtesse l'invitant déjà à s'asseoir parmi eux tout en l'interrogeant sur le début de son séjour. La fatigue se faisait de plus en plus ressentir, mais elle ne voulait pas donner mauvaise impression. Adossée contre un mur, elle ne manquait pas de sourire à chaque fois que la jeune péruvienne la questionnait, tout en dégustant une soupe de quinoa délicieuse.

こち

はかの

Virée au Pérou
with Lenwest Peters
- Saison 31, Été

Ma prochaine étape serait Cusco et sa fameuse vallée sacrée des Incas. Magnifique ville, de ce qu'on m'en avait dit. Ancienne capitale du Monde disparu si convoité. Je n'aspirais désormais plus qu'à une chose sur les prochains jours : vérifier par moi-même ! Et puis j'irai probablement aussi visiter le grand Temple du Soleil. Excursion péruvienne aux airs de baptême du feu pour l'historien amateur en herbe que j'étais. La mythologie née ici, aux plus hauts des sommets de la Cordillère, éblouissait le reste du continent sud-américain, de toute sa prestance et de sa splendeur. Toute l'histoire ancienne autour de cette civilisation disparue m'intéressait au plus haut point. J'aurais tellement aimé rencontrer des sorciers de leur époque.

La bonté des péruviens. La beauté des péruviennes. La richesse de leur patrimoine naturel et culturel. Tout me charmait. Assis, perdu dans mes réflexions, je dégustai mon souper tout en réfléchissant à ce que je ferai demain. Je souriais à l'hôtesse qui, avec son homme, m'avait accueilli le temps de quelques nuits. Arrivé hier soir, j'envisageai de repartir dans quelques jours. Le temps d'avaler une portion de ma soupe que mon attention, elle, fut absorbée quelques instants par une jeune demoiselle qui venait de s'asseoir à la table. Un signe poli de tête inclinée avant de reporter mon attention sur mon bol. Je venais cependant de noter qu'elle n'avait pas l'air du coin non plus. Tout comme l'autre type assis de l'autre côté et qui ne parlait pas. La nouvelle venue avait l'air éreinté, voyage épuisant probablement.

La jeune femme nous hébergeant s'intéressa à la nouvelle étrangère, j'écoutai malgré moi les échanges. Un rapide coup d’œil envers la demoiselle récemment débarquée. Elle avait l'air d'avoir mon âge et le même goût prononcé pour le voyage et l'aventure. Appréciable : je n'étais pas seul à partir à l'autre bout de la planète sur un pseudo coup de tête. Profitant d'un silence commençant à s'installer j'en profitais. « Votre soupe de quinoa est délicieuse. » Je m'inclinai deux fois de suite pour accentuer mon remerciement. Mes lèvres s'étirèrent en un sourire pour répondre à celui de l'hôtesse. « Merci beaucoup. Arigatō gozaimasu, en japonais. » Nouvelle inclinaison de politesse.

« Si un jour vous souhaitez venir au Japon, je serai ravi de vous faire visiter et déguster des Takoyakis notamment. » S'il y a bien une chose qui me manquait, là, tout de suite, maintenant ; elle était bien là → la bouffe japonaise made in Japan. Et autant dire qu'en trouver ici relevait du fantasme. « Bon c'est vrai que c'est pas le Portol.. » Ressaisissement instantané. « La porte à côté mais ça vaut vraiment le coup. » J'espérai m'être rapidement rattrapé avant qu'il ne soit trop tard et que je ne doive répondre à une question potentiellement embarrassante. Un regard circulaire aux autres personnes de la pièce. Personne n'avait sourcillé et je me rassurai de ce fait ; je me voyais mal justifier ce qu'était un Portoloin auprès de moldus. Le type ne mouftait pas comme si on n'existait pas à ses yeux. La nouvelle, toujours assise contre un mur dans son poncho, semblait savourer sa soupe. L'hôtesse n'avait pas relevé. Tant mieux.

La soupe qu'elle sirotait était délicieuse. Tout le monde semblait la déguster parcimonieusement, poliment. L'un des deux autres voyageurs remercia les habitants de la maison, appréciant son goût. La jeune femme acquiesça de la tête, sa bouche étant encore remplie de soupe. Elle ne voulait pas paraître impolie et risquer de tout recracher. Non, elle préférait rester discrète. Peut-être bien qu'elle ne voulait même pas parler. Alors elle écoutait, avec attention. Le jeune homme qui avait pris la parole la retenait naturellement. Un voyageur sans doute, originaire du Japon comme il venait de le signifier. Elle n'y avait jamais mis les pieds. Sa concentration divagua, et se porta sur un chemin paisible, entouré de cerisiers en fleurs dont les pétales suivaient le fil du vent. Son imagination prenait rapidement le dessus dans ces moments là.

Mais ses fantasmes de voyages s'arrêtèrent net, et un frisson lui parcourut le dos quand elle crut entendre un mot, presque échappé de la bouche du même jeune homme. Portol... Loin. Portoloin! Il allait dire portoloin! Pour la deuxième fois en quelques minutes, elle réussit à retenir la soupe et l'avaler avec une déglutition dont elle tentait de couvrir le bruit. Ses yeux devaient être grand ouverts, entrain de mitrailler du regard ce mystérieux inconnu dont elle connaissait maintenant un secret. Un instant, elle porta le regard sur sa baguette toujours coincée dans sa ceinture. Un réflexe. C'était un sorcier! Ou peut-être pas? Il aurait pu faire un simple lapsus qui aurait pu faire penser à portoloin. Parmi les Moldus, elle était toujours d'une extrême prudence, et n'avait jamais commis aucune erreur qui aurait pu mettre en péril le secret magique. Mais le fait qu'un étranger puisse le faire en sa présence la remplissait d'effroi. Lenwest avait toujours du mal à relativiser, davantage encore quand elle ne maîtrisait pas la situation. Alors qu'elle était paniquée pour une simple anecdote, le probable sorcier, lui, avait rebondi avec grâce, dissimulant avec habileté sa maladresse aux autres. Elle en était agréablement surprise. Mais la panique ne la quittait pas, et prenait le dessus sur tout le reste. Il fallait qu'elle en ait le cœur net.

En trois cuillerées elle avait fini son bol. Elle s'excusa auprès de la jeune femme qui l'hébergeait, en lui précisant qu'elle devait s'absenter un petit instant. Déterminée, elle s'avança vers l'inconnu gaffeur. Si elle avait fait une tête de plus avec le double de son poids, peut-être que sa démarche aurait pu faire peur. Ce n'est pas en se déplaçant silencieusement qu'elle paraîtrait menaçante. Arrivée à sa hauteur, Lenwest lui dit froidement: "Rejoins moi dehors.". Sans l'attendre, elle sortit de la maison, et s'éloigna de quelques pas, histoire que leur conversation reste entre eux deux.

Encore une fois, la panique la saisit. Et si elle se trompait? Si ce jeune homme était simplement un Moldu? Et si son intuition la trompait totalement? Inversement, si c'est un sorcier, il pourrait la trouver ridicule à se mettre dans un état pareil pour finalement un détail. Tout s'embrouillait dans sa tête. Mais elle devait lever ce doute, pour se détendre, et réussir à profiter de la soirée.

こち

はかの

Virée au Pérou
with Lenwest Peters
- Saison 31, Été

A peine finissais-je ma soupe que l'étrangère venait vers moi pour me lancer un froid et sans appel « Rejoins moi dehors ». Froncement de sourcils. Chef, oui chef. Qui était-elle ? Que voulait-elle ? Et pourquoi un ton aussi sec envers quelqu'un qu'elle ne connaissait, je crois, pas ? Le temps de mes réflexions qu'elle avait déjà disparue, engloutie dans l'obscurité naissante de la nuit péruvienne. Me levant de ma position assise, je remerciais à mon tour notre hôtesse avant de m'incliner poliment. La pauvre femme ne devait pas comprendre ce qu'il se passait. Et je dois dire que j'étais dans la même situation. Que me voulait Miss Poncho ?

Je partis dehors à la poursuite de l'inconnue dans le crépuscule. Mes pas me guidèrent sur le perron et ensuite un peu plus loin, là où la demoiselle semblait m'attendre. Mes yeux la dévisagèrent un court instant avant de balayer l'espace environnant. Un piège ? Pourquoi voulait-elle que je la rejoigne dehors, à l'abri des regards et des témoins si ce n'était pour me détrousser avec l'aide de quelques amis brigands ? Pas trop rassuré je tâtais fébrilement ma poche au cas où je devrais faire usage de mon bois de cerisier. Bien que je n'en avais ni l'envie ni... l'envie. « Bonsoir. » Politesse oblige. Légère inclinaison de la tête pour manifester ma passivité. « Qu'est ce qui se passe ? » Je regardai autour de nous. Il ne semblait y avoir personne d'autres que nos deux âmes inconnues l'une de l'autre. « Pourquoi me demander de venir dehors, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes ? »

Mes iris l'observèrent avec grande attention. Elle semblait définitivement jeune. Elle m'avait tutoyé. On devait avoir le même âge ; pas loin d'une vingtaine. Ses traits n'étaient pas typés de la région. Elle n'était pas d'ici, je l'aurais parié. Cette demoiselle m'intriguait. Que voulait-elle ?

Elle attendait dehors, les mains dans les poches, les yeux fixés sur la porte par laquelle elle venait de passer. La fraîcheur commençait à pointer le bout de son nez, heureusement qu'elle portait son poncho. L'inconnu ne se fit pas attendre. Il ne semblait pas trop rassuré. Comme quoi, pas besoin d'avoir des gros bras pour réussir à intimider. Un ton froid et sûr de soi, il n'y a rien de meilleur! Le fait que le jeune homme se méfie la faisait rire intérieurement. Il n'avait rien à craindre de la jeune femme, ou au pire de subir ses humeurs. Mais elle gardait la même attitude, droite, sévère. Elle voulait avoir sa réponse. Après, elle pourrait se détendre.

Son camarade de voyage lui souhaita bonsoir en arrivant. Elle afficha alors une moue perplexe. La politesse lui avait manqué! Ce nétait pas son genre d'habitude, mais là les émotions ont parlé avant elle. "Euh oui pardon, bonsoir.". Elle voulait rapidement effacer ce manquement pour revenir à ce qui l'intéressait. Les interrogations du jeune homme allaient rapidement trouver leurs réponses. Quelle stratégie adopter? Si elle se trompait, il allait sûrement lui poser des questions. Bien qu'elle n'aurait aucun mal à les détourner, elle ne préférait pas s'empêtrer dans quoi que ce soit. Et puis il y avait la possibilité qu'il soit bien un sorcier. Plus rien à perdre. "Un portoloin?" Elle l'avait dit calmement, bien que son ton soit toujours aussi sec. En même temps, ses yeux l'interrogeaient. Alors, c'était bien "portoloin que tu as failli lâcher au milieu de tous ces gens?

Avant qu'il ne réponde, elle lui lança: "Si j'ai bien compris, tu n'est pas d'ici?". Sa stratégie était moyenne, mais elle misait dessus. Si son interlocuteur était un sorcier, il rebondirait sur le portoloin. Si ce n'était pas le cas, il demanderait sûrement la signification de ce mot, mais enchaînerait avec la réponse suivante. Elle pourrait alors baratiner ce qu'elle souhaite, mais porter enfin toute l'attention sur la deuxième question.

C'est bon, ce qu'elle avait besoin de demander était extériorisé. Elle pouvait enfin se détendre. L'effet fut immédiat. Les traits de son visage se décrispèrent. Son regard devint plus doux. Mais elle avait les bras croisés, pour ne pas paraître trop détendue non plus. Toute crédibilité s'envolerait. Et après? Elle espère vite oublier ce ressenti désagréable, et enfin profiter de sa soirée. Ce petit incident l'avait bien réveillée.

こち

はかの

Virée au Pérou
with Lenwest Peters
- Saison 31, Été

Portoloin. J'eus un sourire gêné l'espace de quelques instants. Le mot venait d'être dit calmement. Je l'avais fait tomber lors du dîner, cette demoiselle l'avait finalement relevé. Une chose était sûre désormais : elle et moi venions tous deux du même monde. De celui pour qui Magie n'est pas qu'un simple mot destiné à illuminer le regard brillant des enfants.

Sa seconde question me fit tiquer. Regard de surprise et d'incompréhension. Vraiment ? Je ne pus m'empêcher de répondre avec une légère pointe sarcastique dans la voix. Sur le ton de la confidence. « En effet je ne suis pas d'ici. Cela se voit tant que ça ? » Je lui offris un large sourire. Puis un signe de tête incliné. « Je suis japonais. » Politesse. Encore et toujours. Je m'effrayai moi-même d'avoir oser pu penser qu'elle était une brigande désirant m'embarquer dans quelque entourloupe pour me dépouiller.

« Je suis navré. »
Regard circulaire.
Balayer les alentours dans toute leur sphère.
Quelle douce atmosphère.
S'assurer d'aucune autre présence étrangère.

« Un Portoloin oui. Le mot m'a presque échappé. Je ne pensais pas que tu.. vous.. relèveriez. » Nouvelle inclinaison rapide de ma tête. « Pardonnez-moi. » Je me décrispai. J'étais légèrement apaisé.
« Si j'ai bien compris, vous n'êtes pas non plus d'ici. » Un regard amusé. « Et oui, cela se voit mais.. pas tant que ça. » Je continuai de fixer la demoiselle aux bras croisés. Elle semblait méfiante mais satisfaite de mon explication. Je voyais là un point rassurant. Je ne la connaissais pas mais je n'avais pas spécialement envie qu'elle me prenne pour un allumé ou que sais-je ? Curieux j'osais demander.. « Qu'est-ce qui vous amène à Cusco ? Si ce n'est point indiscret... »