Dites-moi qui je suis [En cours]

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Dites-moi qui je suis > Avec Finrod - Saison 31 - Été

D'un majeur humide, élancé depuis mes lèvres rieuses, la garde se retrouve congédiée devant le seuil du bureau Ministériel. J'suis libre, peu importe vos tronches de scroutts à pétard furieux. Contemplez cette merveilleuse tunique rayée, si bien portée une dernière fois - et l'éclatant pantalon tout droit venu d'Azkaban, cachant à moitié les fabuleuses chaussures de sécurité qu'on m'a gracieusement offertes là-bas. L'hôtellerie laisse à désirer, croyez-moi. Il suffit d'apercevoir les sillons sous mes yeux, les stigmates contre ma peau, la confusion dans mon regard, pour comprendre que c'était pas un séjour en club de vacances mais plutôt l'enfer en pleine Mer du Nord. Comme s'ils avaient appris à ignorer ma grossièreté - ou peut-être afin de s'assurer que je m'en aille vraiment, les surveillants me raccompagnent en direction de l'Atrium magistral.

C'est un grouillement presque vivifiant de sorciers qui vont et viennent au cœur du hall. Mon minois fasciné se laisse engloutir vers ce bain de foule sans même saluer mes guides tournant sûrement déjà leurs talons. Avec cet accoutrement plus que singulier, je ne tarde pas à sentir les regards sur moi. Ouais vous êtes tous en jolies robes pendant qu'ils m'ont filé des guenilles en prison, y'a quoi ?!

Une journée qui avait commencé aux premières lueurs du soleil, elles avaient d'ailleurs tiré le presque géant de son sommeil en lui chatouillant le bout du nez au travers des espaces laissés par des rideaux mal fermés. Profitant du calme du lit encore chaud. Retrouver le brouhaha du Ministère ne le pressait pas. S'étirant en long et en large, la porte s'entrouvrit pour laisser passer deux yeux globuleux puis une petite voix se fit entendre pour demander ce que le sorcier prendrait au petit déjeuner. Réponse faite, il se leva et se dirigea vers la salle de bain pour prendre une douche qui finirait de le réveiller.

Loin de la tranquillité matinale d'il y a quelques heures, le Directeur, dossiers dans les bras, réunion qui avait duré plus longtemps que prévu, marchait d'un pas décidé à travers son département, lui agent du Ministère avec responsabilités certes mais cela était d'une ironie sans nom, personne ne pouvait dire le contraire. Direction le hall à présent, l'endroit que Finrod appréciait probablement le moins, un flux constant de personnes, toutes plus bruyantes les unes que les autres. Mais il devait le traverser. Sauf que son rythme rapide fut ralenti par un accoutrement peu commun. Ce dernier attira son regard et le stoppa net. L'individu à l'accoutrement rayé semblait être à sa place. Aucun garde ne paraissait paniqué qu'il traîne dans le coin.

Finrod n'était pas vraiment intéressé par la Justice, du moins celle du Ministère. Était-ce peut-être l'occasion de s'assurer d'ajouter un nouveau partisan à la Cause même si recruter sur le territoire ennemi n'était pas la meilleure des idées. Il passa quelques minutes à observer l'individu qui semblait perdu dans la foule. Il ignorait qu'il s'agissait d'Askin déjà parce qu'ils ne s'étaient jamais rencontrés mais parce que lors des différents communiqués, sa photo n'avait jamais été montrée. Pourtant l'affaire avait fait jaser quelques employés de son Département. Les commérages au travail ont de beaux jours devant eux.

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Prendre un shoot de scène sous la lumière dorée des projecteurs sera probablement ma première activité après avoir traversé les coulisses du grand Cabaret. L'entrée principale ne me verra pas accoutré comme ça ; c'est en artiste que ma silhouette frêle reviendra à la Maison, aussi fière qu'elle l'a quittée. Mille fois mon esprit a fantasmé ce moment où les sièges émeraude se prosterneront à mes pieds affranchis d'enceinte, exhalant quelques ovations fantômes pour souhaiter un bon retour à leur enfant prodige. Profitant d'abord du bouillonnement sorcier offert par le cœur de l'Atrium, ma mine hagarde balaye leurs traits sérieux, se moquant presque d'à quel point ils ignorent l'orgasme de leur liberté. Hurler serait vain ; survivre au pénitencier n'a rien d'exceptionnel lorsqu'on l'imagine être une banale prison - anciennement sous la houlette d'inhumains détraqueurs. Pourtant je m'apprête à déclamer cette chance dont ils doivent se rendre compte, les bras levés, la bouche ouverte, quand soudain deux émeraudes coupent mon élan.

Surplombant la masse grouillante, vous m'observez et jurez des autres avec une aura désarmante de présence. Contrairement à ce que paraissent vouloir camoufler les ornements bardant votre visage blanc, il me semble y voir une faille dans laquelle j'aimerais m'engouffrer tout entier. Seulement ma splendeur vient de prendre l'humidité pendant plus ou moins six mois alors mes échanges sont engourdis. Un mètre soixante-dix-neuf d'épiderme gratté au sang s'approche lorsque mon poignet se tend. Baisez-la Monsieur, n'ayez pas peur - c'est juste une main qui a passé trop de temps à Azkaban. Vous êtes ? Irrésistible très certainement, mais sinon ?

LA d'Élius

L'énergumène en tenue de détenu s'approche du presque géant qui s'en étonna. Ce genre d'attitude n'était pas dans les habitudes des personnes l'entourant. S'approcher de lui de manière aussi désinvolte, comme s'il n'était qu'un être humain parmi les autres au physique tout à fait standard. Pourtant, paré de bijoux peu communs et aussi grand, il ne paraissait qu'être intimidant. Du haut de son mètre nonante-sept, Finrod regarda ce que lui tendait le jeune homme. Un poignet aux multiples blessures, que voulait-il qu'il en fasse ?

- Finrod Elensar, Directeur du Département de Contrôle et Régulations des Créatures Magiques. Se contenta-t-il de dire. Un titre pompeux mais qui devrait faire son effet... Si Askin était conçu comme les autres, or cela était un point non négligeable que Finrod ignorait. Et vous ? Ajouta-t-il, malgré tout intrigué par ce sorcier qui semblait plutôt éloigné du communs des mortels.

Proche, Élius, paraissait plutôt fatigué et lessivé. Il s'agissait donc les effets parmi tant d'autres d'un séjour en prison, ce que l'on pouvait présumé par la tenue que le jeune homme portait. Car aucune fête déguisée ne semblait avoir été annoncée au sein du Ministère. Quoique Finrod n'était pas l'invité d'office, il était donc tout à fait probable qu'il ne soit au courant de rien mais cela lui paraissait peu probable qu'en pleine journée. Un détail perturba quelque peu le presque géant, il avait comme l'impression que les yeux de l'inconnu changeait de couleur ainsi que quelques mèches de cheveux. Croyant d'abord à quelque hallucination, le sorcier se demandait s'il n'y avait pas là une once de magie voire de métamorphomagie... Il se reconcentra sur le visage de son interlocuteur, les mains toujours pleine de paperasse.

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Voilà, il aura suffit d'une seconde, pour que l'Atrium accueille mon premier spectacle involontaire de métamorphomagie depuis l'enfermement. C'est un détail, pas grand chose ; juste une fantomatique trace de lèvres apparaissant comme consolation au dos de ma main orpheline. Les contours du baiser imaginaire, moins éclatants et précis que prévu, s’effacent quand votre bouche s'entrouvre sur une dénomination presque prévisible en plusieurs actes ; il fallait se douter que ces doigts bien trop chargés en paperasse étaient ceux d'un fonctionnaire. Le bourdonnement incessant d'allées et venues couvre à peine mes ricanements parce que Monsieur Elensar, permettez-moi de penser que ce titre vous convient peu. Les hommes aussi jolis devraient être poussés au devant d'une scène ou conservés précieusement au fond des coulisses - ou les deux ? Trahi par un malheureux maintien sans prestance, j'essaye d'annoncer l'évidence avec panache :

— Ex-détenu 469, artiste libre - propriétaire de l'Occamy Doré, Directeur de la noble Maison Serpentard et danseur de cabaret à mi-temps. Les mots se coupent avant, dépouillés de mon habituelle éloquence forgée pendant une enfance chargée en cours de théâtre, ils se perdent aujourd'hui dans mes pensées labyrinthiques, avortés. Cellule 126 - orientée plein Nord, vous d'vriez essayer. Si ma chevelure est soudain veinée de couleurs aussi incontrôlables que changeantes, le reste s'immobilise face au désordre interne, incapable d'une parole supplémentaire. Il va falloir lire entre les lignes, Monsieur Elensar, pour deviner que je suis bien ce métamorphomage là - celui dont parlait tout Londres, sûrement. Enfin, les créatures régulées par vos soins ne discutent pas vraiment, alors ça devrait être facile, de comprendre un animal comme moi, non ? Mais dites, vous étiez caché là, jusqu'à maintenant ?

C'était un bien drôle animal qui se présentait devant le Directeur du Département de Contrôle et de Régularisation des Créatures Magiques. Normalement habitué à toutes les bêtes à plumes, à poils ou à écailles, Finrod restait plutôt sur la défensive avec un tel énergumène.

Un matricule, douce ironie mais dont le Fourchu ne montra rien. Les quelques folies capillaires attirèrent son attention et la réflexion fit son petit bout de chemin dans le crâne chauve du presque-géant. Était-ce... ? Probablement. Bien que ce n'était pas du ressort de son Département, de part son poste, il avait ouï dire de nombreuses choses sur une grosse bavure qui avait mis Charlie en rogne, la bougresse de Ministre craignait pour son poste et à sa réputation. Si elle connaissait la vérité sur ses employés... Elle finirait par faire une syncope. Quoiqu'il en soit, un métamorphomage avait fait grand bruit et le Directeur Ravental aussi.

- Vous devez être le métamorphomage qui... Il ne termina pas sa phrase, préférant s'abstenir de commentaires. Le sorcier ne devait guère apprécier le Ministère à présent, s'il l'avait apprécié un temps soit peu. Finrod avait autant envie de partir que de rester. Il fallait dire que l'extravagance de l'ex-détenu avait été aussi mise en avant dans les bruits de couloir, autant dire que c'était un aspect que le presque-géant avait mis de côté depuis bien longtemps. Être le centre de l'attention en civil était ce qu'il évite absolument.

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Azkaban résonne encore derrière mon front moite de fièvre. Chaque seconde qui passe transporte l'écho d'une vague salée, heurtant mes tempes évidées par l'ennui, affolant l'ombre des rats traînant ici. Ils me rongent de l'intérieur et déchirent le fil de ma pensée - rendant impossible toute réflexion. Noyé sous la rumeur du troupeau d'employés, je vacille, pendant que mon regard s'accroche à votre rassurante envergure. Êtes-vous fabriqué de marbre blanc, solide au point d'être inerte parmi leurs bousculades qui tirent parfois mes épaules en arrière, à m'en faire reculer de quelques pas ? Pourtant ma frêle silhouette revient inlassablement, refusant qu'on lui arrache cette providentielle entrevue. C'est en luttant à contre courant que mon oreille rattrape une parole incomplète, plantant soudain mes pieds dans le sol de l'Atrium.

— Le métamorphomage qui... éblouit Londres de sa féerie ? Le métamorphomage qui organise les plus extraordinaires fêtes du monde sorcier ? Le métamorphomage qui enflamme la foule par son charme sans égal sur terre ? J'ai tout oublié. Dites-moi qui je suis, Monsieur Elensar, sous mon costume de prisonnier. Dites-le à ma figure lorsqu'elle avance pour mieux entendre la réponse. Dites-le à mes yeux violets comme on brûle d'impatience. Dites-le à mes lèvres attentives, entrouvertes d'appétit. On me racontait artiste, Prince, muse, génie, amant et même fils. Mais que suis-je devenu ? Deux centimètres séparent mon buste de votre paperasse quand ma nuque bascule, suspendue. Un étrange silence apaise mes excès d'être si près. Le métamorphomage qui quoi ? dites-le moi, pendant que j'observe quelques dards de métal sur lesquels il doit faire bon s'empaler.

La provocation ne semblait pas l'avoir quitté malgré son séjour à Azkaban. Son envie de rébellion s'était peut-être affiné lors de son séjour à l'ombre. C'était d'ailleurs surprenant qu'une personne semble aussi tête brûlée face à Finrod. Ce dernier n'était pas habitué à quelqu'un montre autant de confiance lors d'une première rencontre. Conscient que son apparence particulière pouvait intimider plus d'une personne, il s'y était fait. Son extravagance voyante faisait partie de lui et n'avait que faire du regard des autres. Il s'amusait même de voir le respect craintif transparaître sur bon nombre de visages.

Ne bougeant pas d'un pouce lorsque le jeune homme avança son visage vers lui, Finrod arqua même un sourcil. Scène bien étrange qui se déroulait. Comme deux animaux qui se découvrent petit à petit.

- Qui ne sait pas se comporter face à l'Autorité mais qui a été libéré à cause d'un zèle prononcé des forces de l'ordre... J'imagine que la Ministre a fait son possible pour que l'affaire ne s'ébruite pas et que soyez oublié de la scène publique où vous avez été jeté contre votre volonté.

Tout ça pour un recensement qui se faisait qu'enfermer les sorcières et sorciers de ce monde. Si une personne découvrait le don de Fourchelang du presque-géant, il se retrouverait au chômage avec une belle amende ou un séjour en prison également. Dans tous les cas, il jouait avec la loi depuis bien longtemps.

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Quel genre de tableau voient-ils ?
L'un très grand et immobile,
L'autre titubant - presque volubile*
[*Entendez ici "trop grêle pour se soutenir et qui s'enroule autour d'un support"]

Trêve d'explication ; ça gâche l’œuvre à force d'en déchiffrer le frisson. Azkaban m'a nourri d'avoine à l'amertume pendant six mois vous savez - alors votre blablabla fronce mes sourcils autant qu'il frôle mon incompréhension. Ces mots doivent sûrement refléter l'intérieur lourd des dossiers parfaitement empilés contre lesquels j'appuie ma poitrine amaigrie en riant doucement.

— La scène, ahah ! Bien-sûr, c'est tellement pertinent. Jolie oraison, plutôt factuelle d'ailleurs, mais quelle opinion se cache réellement derrière cette apaisante stature ? Dite-moi qui je suis, ou même qui vous êtes, ça m'va aussi. Juste un repère, une minuscule vérité à laquelle s'accrocher. Tout semble décousu aujourd'hui plus encore qu'on m'a rendu à l'arène sans préavis.

Leurs semelles foisonnent dans l'atrium plein et mon ventre creux résonne de faim. Mes mains s'y posent comme un pansement, piétinant plusieurs cicatrices - souvenirs de vacances tintées d'insolence - cachées derrière les barreaux gris dessinés sur ma tenue salie. Ravental a affamé l'Enfant, enfermé le Fou et privé le Roi, pourtant aujourd'hui les voici tous réunis libres devant vos émeraudes curieuses Monsieur Elensar.

Maintenant on fait quoi, moi qui manque de conversation, vous d'implication ? Ma silhouette brisée par l'enfermement chancelle une autre fois, risquant d'écraser cette précieuse paperasse que j'envie d'être contre votre robe divinement ajustée. Heureusement la poigne ferme du garde me rattrape en m'intimant aussi d'aller plutôt embêter quelqu'un dehors. Sérieux c'est quoi leur délire au Ministère là ?

Incapable d'improviser, le pénitencier a bouffé mes réflexes - ils ont épuisé l'épuisant - enfin, pour combien de temps ? Déjà mon sourire ravageur (ou ravagé) renaît, les yeux accrochés à l'angle de vos lèvres lactées quand l'homme me traîne vers l'extérieur. Parce qu'on va se revoir hein ? V'nez à l'Occamy Doré ! Chantonne ma voix cristalline dans votre direction avant de disparaître au coin d'une cheminée.

RP terminé de mon côté, merci Finrod !