S'il est une chose à laquelle je ne m'attendais pas, c'est bien que les réunions du magenmagot puissent servir à quelque chose. Mais ce tour de table, la présentation des membres composants le groupe, a déverrouillé quelque chose en moi. Un souvenir, habilement protégé derrière une protection magique. Un souvenir qui m'est aujourd'hui pleinement revenu et que je me doit de porter à connaissance de son destinataire.

Pianotant sur la borne d'accueil, je pivote vers l'homme lorsqu'il arrive enfin. Un sourire de circonstance, je lui tends la main. Adonys Montgomery, ravi de faire votre connaissance monsieur Peverell. On m'a longuement parlé de vous... pourrions-nous nous entretenir en privé je vous prie ? Ce que j'ai à vous dire ne concerne que vous. Attendant qu'il me serre la main et m'emmène dans un endroit plus calme, je tente de donner à mon visage une expression résolument neutre.

Se pourrait-il qu'il ait changé ? Quoi qu'il en soit, il me serre la main et me mène à son bureau sans chercher à m'envoyer sur les roses. Le ton est plutôt distant, mais l’intérêt semble bien présent. Le suivant sans un mot, je finis par m'installer sur la chaise face à son bureau. M'éclaircissant la gorge, avant d'aller plus loin, je dois vérifier qu'il est bien celui à qui le message est destiné.



Je suis navré, mais le message que j'ai à transmettre ne concerne qu'une personne bien précise. Il y'a quelques années, un jeune homme survolait le ciel de Londres en s'amusant à balancer des feux d'artifices à travers le ciel... quel est le sortilège qui lui a été lancé et qui a permit son arrestation ?

De but en blanc, cela ne pouvait sembler qu'étrange... mais sans la réponse à cette question, le message ne sera pas délivré. Joignant les mains devant mon visage, je plonge mon regard sur l'homme qui me fait face, chercher ses yeux, cherchant à capter son regard, cherchant à lire en lui comme il me l'avait appris.

Son expression change, son état d'esprit change, il m'analyse à présent avec un intérêt renouvelé. Nos regards s'entrelacent, puis ses lèvres bougent enfin pour laisser s'échapper la réponse attendue. Un sourire affiché, je me redresse dans ma chaise pour faire pleinement face à l'homme. Parfait ! Nous aurons besoin d'une pensine. Sans attendre qu'il ne dise ou fasse quoi que ce soit, j'extirpe de la poche intérieur de ma veste une fiole en cristal vide et ma baguette magique. Accolant la baguette sur ma tempe, j'extirpe un long filament argenté que je place dans la fiole, avant de lui tendre.

Je serai disposé à répondre à toutes vos questions, mais seulement après que vous ayez pris connaissance de ce message. Bien que cordial, le ton est ferme. Certaines réponses lui seront apportés par le biais de cette fiole. Inutile de paraphraser et... si c'était moi qui tenais les propos qui lui sont destinés, la situation deviendrait franchement gênante.

Comme un chien en cage, il tourne et semble bouillir intérieurement. Jusqu'à ce qu'enfin quelqu'un ne frappe à la porte pour délivrer l'objet tant attendu. Sans perdre une seconde, Azaël déverse le contenu de la fiole dans la pensine tandis que j'attends patiemment qu'il prenne connaissance du message.

Deux hommes se font face dans une petite chambre. Par sécurité, ce souvenir sera occulté de ta mémoire, il ne refera surface que lorsque que tu seras à proximité de son destinataire. Adonys acquiesce, sans un mot. Je vais en profiter pour occulter toutes les autres informations sensibles que nous avons pu partager, tu sauras comment y faire appel en cas de besoin. Un nouvel hochement de la tête, toujours silencieux, le coeur lourd... il ne reste que quelques minutes à passer ici avant le grand départ. Artemis s'approche de la porte, puis semble se raviser. Avant que je ne te l'envoi, j'ai un petit message également pour Azaël... merci, et bon courage. Un sourire radieux aux lèvres, l'homme sort de la pièce quelques instants, puis revient accompagné d'un jeune garçon d'une dizaine d'années. Je vous laisse... L'homme ressort, laissant seul son fils et son ami.

L'enfant semble hésiter, se tortillant les mains, se mordillant la lèvre. Alors... il faut que je fasse comme si tu étais lui, c'est ça ? Adonys esquisse un sourire Oui, il te verras et t'entendra comme s'il était là, à ma place. Alors sans un mot, Enzo plonge dans les bras de l'homme. Enserrant de ses bras la taille du sorcier, enfouissant son visage sur sa poitrine, avant de relever la tête, un sourire lumineux aux lèvres, les yeux embués de larmes.

Tonton ! Le garçon se détache, fait de nouveau face au sorcier. C'est trop bien ici, je me suis fais de nouveaux copains et j'apprends la magie avec papa et maman ! Je ne peux pas te dire où on est, mais on va tous très bien même si tu me manque un peu. Y'a pas de magasin de bonbons ici et j'ai plus personne pour faire des bêtises avec moi. J'espère que tu vas bien ?! Papa m'a dit qu'on était parti pour être en sécurité, mais j'espère que tu m'oublieras pas et qu'on se reverra quand même hein dis ?!

Inspirant un grand coup, le gamin reprends sa tirade, sans quitter des yeux l'homme qui lui fait face. Papa m'a expliqué l'histoire des feux d'artifices, c'est trop bien ! Bon il a un peu peur que je fasse pareil maintenant, il a dit qu'entre toi et Arty vous aviez pas fini de lui causer des soucis. Mais franchement toi et tonton chapeau rigolo vous aviez quand même de sacrées idées !!! Si un jour on se revoit tu m'apprendras hein ? Un long silence s'installe... si un jour...

Posant sa main sur le haut de son crâne, Adonys observe le garçon, un sourire aux lèvres, le regard pétillant d'amour. Azaël sera content de te revoir, je suis sûr que vous vous reverrez un jour ou l'autre. La garçon plonge à nouveau dans les bras du sorcier. Le souvenir se dissipe, se délite, dans un tourbillonnement de couleurs, tandis que le chef du bureau des aurors revient à la réalité froide et austère de son bureau.

L'homme se relève et reste quelques instants résolument tourné vers le mur. Je ne dis pas un mot, lui laissant le temps d'encaisser ce qu'il vient de voir. Lorsqu'il se retourne enfin, son expression a changée, encore, pour un sourire léger et un visage plus amical. Je réponds en inclinant doucement la tête tandis qu'ils remplit deux verres dhydromel avant de m'en tendre un. Artemis avait pleinement confiance en vous, tous les souvenirs qui ne sont pas protégés peuvent vous être dévoilés, sachez également que si vous le souhaitez, je peux partager avec vous la position de la famille... avec quelques conditions toutefois. Levant légèrement mon verre en guise de remerciement, je trempe mes lèvres dans le breuvage, le laissant à ses réflexions avant que n’affluent les premières questions.

Une première question, simple, qui appelle une réponse tout aussi simple, avec quelques détails tout de même histoire qu'il ait le contexte de la chose. Trois fois rien, un serment inviolable. Portant à nouveau le verre à mes lèvres, j'en avale une gorgée avant de poser le récipient sur le bureau. Artemis m'a confié le secret de leur position, il m'a donné quelques noms également de personnes que je pourrais contacter s'il venait à être en danger. J'ai l'autorisation de dévoiler la position de la famille aux personnes présentes sur cette liste... et vous en faites partis. Toutefois, bien qu'il ait confiance en vous... ne le prenez pas mal, mais je ne vous connais pas personnellement. Aussi, si vous souhaitez connaitre leur adresse, il vous faudra me faire le serment que vous ne ferez aucun mal à la famille Lhow. Que ce soit par vous même ou par procuration.

Je doute fortement qu'il apprécie l'idée, si Artemis disait vrai à son sujet, il risque même de se mettre en pétard. Mais peu importe... il n'est pas question de mettre en péril ceux qui m'ont accueillis comme un frère en leur demeure. C'est d'ailleurs l'objet de la question suivante. J'ai passé neuf mois en France... Artemis m'enseignait... Mon don n'est pas enregistré... je prends une longue inspiration avant de me reprendre certaines formes de magie. N'ayant nul part où dormir, il m'a hébergé chez lui tout le temps de mon séjour en France et nous nous sommes lié d'une certaine affection l'un envers l'autre. Le regard soudain lointain, je réfléchis à mes propres mots... en réalité, il est le seul que je considère comme un ami...

J'incline doucement la tête pour toute réponse à son refus, il n'y avait là de toutes manières qu'une proposition polie sans obligation aucune. La question qui suit est posée sur un ton plus formel, plus professionnel, mais après toi il n'y a pas de raison que tu sois le seul à être maladroit avec les autres... ou alors il a soudainement trouvé un intérêt quelconque à l'inquisition. Esquissant un sourire, tu réponds d'un ton égal Je n'avais jamais eu pour projet de m'installer ailleurs qu'en Grande-Bretagne, découvrir le monde et d'autres formes de magie est une chose, vivre en ermite toute sa vie en est une autre... et je ne voulais pas imposer ma présence à la famille plus que nécessaire. Bien que j'aie été accueilli à bras ouverts, j'imagine que l'intimité d'une vie de famille est mise en sursis lorsque l'on a des invités.

Terminant mon verre d'une traite, je le repose sur le bureau avant de joindre sur mon genou gauche (oui, c'est précis). Puis-je vous demander si le nom de Arty Wildsmith ou de Shela Diggle vous est familier ? Ces noms bourdonnent à côté du vôtre et je suis presque sûr avoir à leur attention un souvenir enfoui... Qui ne tente rien n'a rien et il est la seule piste que j'ai aujourd'hui. Puis il est responsable du Bureau des Aurors, un poste prestigieux que Artemis avait occupé lui-même, j'imagine qu'il doit pouvoir trouver cette information...