Petit briefing avant grande aventure [Terminé]

Saison 32
Hiver (janvier)

T'as pris ta décision. Tu t'es porté volontaire pour aller explorer cette fameuse faille qui fait tant parler d'elle. L'inconnu t'effraie, bien évidemment, probablement comme tout le monde. Mais t'es le chef des Aurors, tu te dois de montrer l'exemple à l'ensemble de la communauté magique. Et tu n'es plus l'enfant que tu étais, qui fuyait ses peurs. Depuis plusieurs années maintenant, tu les affrontes, et tu te dois de faire tout ton possible pour refermer ce fameux vortex. Pas seulement pour ce que tu représentes aujourd'hui, mais aussi pour Alhena, et son enfant à naître. Ton futur neveu, ou ta future nièce. Sa grossesse doit reprendre son cours. Voilà pourquoi tu l'attends dans cette salle d'entraînement des Aurors. Parce qu'elle sait que tu vas y aller. Et qu'elle est probablement la mieux placée pour t'aider à y voir plus clair dans tout ce bordel temporel.

ft Aza, LA mutuel
Saison 32, Janvier 2179

Elle marchait dans les couloirs du Ministère, direction une salle d'entrainement pour Aurors. Son visage était fermé, elle répandait l'hiver sur son passage. Clairement, ce n'était pas le jour pour venir embêter la Directrice du département des Mystères. La brune était en colère, passablement bien énervée. Ses veines bouillonnaient. Son frère était un idiot, un profond et parfait idiot. Elle avait les dents qui grinçaient et la baguette qui la démangeait. Alhena entra dans la pièce brutalement, faisant claquer la porte contre le mur, puis la referma avec encore plus de fureur.

Pour le coup, elle en avait rien à faire si la porte devait être remplacée ou réparée, ce qui la préoccupait c'était le petit avorton qui l'attendait dans la pièce. Elle le dévisagea, on aurait dit qu'elle allait lui gueuler dessus. Sauf qu'étrangement, son ton était calme et était aussi si froid que la glace sibérienne : Non mais ça va pas bien dans ta tête ? Hors de question que tu entres dans cette faille, tu es mon frère. Jamais je te laisserai prendre un tel risque. Elle était à la limite de vouloir lui foutre un coup volontairement, pour qu'il se blesse et ne puisse pas se porter volontaire. Elle n'allait clairement pas être d'accord avec cette décision.

Tu ne pensais pas qu'elle prendrait les choses comme ça. C'est qu'elle n'a pas l'air ravie de la décision que tu as prise. Si auparavant tu te serais probablement rangé à sa décision, les choses ont changées. Tu fais tes propres choix, et celui-ci est non négociable. Et le ton qu'elle utilise n'y changera rien. Comme si tu avais le droit de te tourner les pouces en laissant les autres prendre des risques alors que t'es chef des Aurors. T'as juré de protéger la communauté magique. Et t'es bien décidé à tout faire pour que la grossesse d'Alhena se déroule comme il le faut.

- Je ne te demande pas ton avis, Alhena. Je te demande ton aide. La question ici est simplement de savoir si je vais aller dans cette faille suffisamment préparé, ou si je vais m'y rendre sans avoir la moindre idée de ce qu'il m'y attend.

Elle l'a dit elle-même. T'es son frère. Pas son fils. Le regard planté dans le sien, ta détermination ne fait aucun doute. Quand se rendra-t-elle compte que tu es bel et bien devenu adulte ?

La brune soupire, longuement. Elle ferme les yeux, les poings. Elle hésite vraiment à lui en décocher une à ce gamin. Qu'ils aient cinquante ans ou quinze ans, elle ne le verrait jamais autrement que son petit frère, celui qu'elle doit protéger, parce que c'est sa mission. C'est comme ça. Elle doit réparer les erreurs du passé. Lentement, elle s'avance, pose ses mains sur son visage et le regarde profondément. C'était comme si c'était la dernière fois qu'elle le voyait. Elle avait cette peur incroyable, de le perdre, lui, alors qu'ils venaient à peine de se retrouver. Enfin façon de parler.

C'est dangereux. Je ne sais pas combien de temps, toi, tu seras coincé à l'intérieur. Des heures, des jours, des mois, des années... Jusqu'à ce que tu réussisses à trouver la solution. Je suis l'aînée, je dois te protéger. Je ne veux pas te perdre. Elle disait cela avec une profonde douceur, mais au plus profond d'elle-même,elle savait qu'il serait bien trop têtu pour l'écouter. Elle savait d'avance, vu son regard, vu ce qu'il venait de dire, qu'elle avait déjà perdu ce combat. Sauf qu'elle ne pouvait pas baisser les bras comme ça, là immédiatement. Elle se devait d'essayer un minimum et si vraiment, elle n'y arriverait pas, alors elle céderait et ferait tout pour qu'il passe le moins de temps possible à l'intérieur.

Tu vois bien que c'est pas franchement la réponse qu'elle attendait. Mais elle va bien devoir se faire à l'idée, parce que t'as pas l'intention de changer d'avis, quoi qu'elle puisse en dire. Tu la regardes approcher, baissant légèrement la tête pour la regarder lorsqu'elle prend ton visage entre ses mains. Pas de mouvement de recul. Plus maintenant. Uniquement un léger sourire, parce que tu sais qu'elle t'aime, et que ça te fait chaud au coeur, même si ça ne change rien à la finalité.

Tu l'écoutes, posant tes mains sur le dos des siennes, sans te départir de ton petit sourire. Parce que tu sais que t'as gagné. Tu sais qu'elle a déjà compris comment tout ça va finir.

- Je suis conscient du danger, mais t'as pas à me protéger. Je reviendrais, ça prendra le temps qu'il faudra, mais je reviendrais. Je te le promets.

C'est étrange d'inverser ainsi les rôles. Que ce soit à toi de la rassurer. Il faut croire que les temps changent réellement. Ou peut-être commences-tu simplement à prendre davantage conscience des choses. De ce que ça veut dire, d'être une famille.

- Je m'en suis toujours sorti, pas vrai ? Fais-moi confiance.

T'as frôlé la mort plus de fois que la majorité des gens. Faut dire que t'avais un don pour t'attirer les ennuis en étant plus jeune. Tu les cherchais même. Peut-être as-tu besoin de retrouver cette adrénaline qui te manque tant tout en étant utile. Mais le soutien d'Alhena compte pour toi, tout autant que son aide, si ce n'est plus. Savoir qu'elle croit en toi.

Elle serre les dents, elle a peur. Il y a de très fortes chances qu'il ne meure pas, mais qu'il en ressorte peut-être détruit. C'est ça qui l'effraie. Elle se souvient des regards égarés de ses collègues, la frayeur et la folie qu'on pouvait voir dans les yeux de chaque agent qui était revenu. Lentement, elle pose son front contre le sien. Il y a cette chaleur humaine étrange, qu'ils n'avaient jamais partagée auparavant. Un geste crucial dans l'avancée de leur relation : ils s'apprêtaient tous les deux à grandir. C'est vrai. Tu es un sacré survivant.

Elle disait cela comme si c'était la pire et la meilleure des choses. Elle aurait voulu qu'il n'ait jamais eu à vivre, ce qui avait fait de lui ce qu'il était aujourd'hui, mais en même temps, cela la rassurait de savoir qu'il était capable d'aller au-delà de toutes ses limites. Il l'avait toujours fait. T'as intérêt à revenir, c'est une promesse. Tu n'as pas le droit de la briser. Elle se détache, observe le sol et finit par se redresser. Il reste un avorton à ses yeux, mais c'est vrai, il est désormais un homme capable de prendre ses propres décisions et d'en assumer les conséquences de lui-même. Même s'il reste son petit frère.

Elle se détourne de lui, contemple la salle et se met un peu à marcher en rond. Qu'est-ce qu'elle doit lui dire spécialement. Au final, elle n'était jamais allé de l'autre côté et le hasard était leur plus grand ennemi. Quand tu seras à l'intérieur, tu ne dois que réparer le temps. On ne s'amuse pas à ramener un objet par exemple. Il faut en plus, que tu connaisses par cœur les moments historiques de notre communauté sorcière. Tu étais fort en histoire de la magie déjà ? Elle soupire. Elle savait bien qu'il ne serait jamais près à temps à ce niveau-là, mais elle avait un peu d'espoir.

Le moment partagé est à la fois doux et grave, dans un mélange étrange et paradoxal. Pourtant, c'est comme si votre relation n'avait jamais été aussi normale, aussi saine, alors que c'est surtout totalement nouveau, pour toi comme pour elle. Légèrement penché vers elle, tu la laisses maintenir ce contact, te contentant de hocher la tête lorsqu'elle s'écarte en t'annonçant que tu as intérêt à tenir ta promesse. Tu n'as pas l'intention de la briser, pour toi comme pour elle. Tu refuses qu'elle porte le poids de ta potentielle disparition sur les épaules alors même que cela ne dépend que de toi. Tu feras ce qu'il doit être fait pour revenir.

Tu la regardes s'éloigner, marcher en rond tandis que tu restes statique, te contentant de la suivre plus ou moins du regard en retenant les informations qu'elle te donne. Tout ça reste plutôt vague, mais elle fait sans doute bien de te prévenir de ne pas ramener un souvenir, après tout, qui ne voudrait pas quelque chose pour se rappeler d'une telle aventure ? Tu devras sans doute te contenter de ta mémoire. Réparer le temps, la tâche semble déjà tellement énorme... Mais tu t'y attèleras. Sa question te tire un léger rire.

- Je crois que tu connais déjà l'étendue de mon niveau en la matière... J'ai vaguement les grandes lignes, mais je suis pas contre un petit briefing de ce côté-là.

Tu le prends plutôt bien, pour quelqu'un qui n'y connaît rien en histoire de la magie et qui a l'intention de se rendre dans le passé pour que tout s'y passe correctement. Mais tu sais que t'as la meilleure personne qui puisse te préparer en face de toi. Et si t'as de grandes lacunes en la matière, t'as bien l'intention de les réduire au maximum avant ton départ. Et t'as toujours su te débrouiller pour compenser tes points faibles avec tes points forts.

Un léger rire qui s'élève, oui, elle se rappelait un minimum de son niveau et comment dire... Il n'était pas vraiment doué dans sa matière le gamin, mais elle avait osé espérer depuis qu'il s'était un peu amélioré. Ils avaient été longtemps séparé, donc peut-être qu'il s'était plongé, ne serait-ce qu'une fois dans les bouquins pour pouvoir ne serait-ce avoir un peu culturel. Elle aimait se dire qu'il avait fait, ou qu'il allait en faire pour lui prouver que la matière qu'elle avait enseignée n'était pas si inutile que ça. La brune savait très bien que les gens détestaient souvent la matière : ennuyant, ça ne sert à rien. La plupart ne se rendaient pas compte à quel point il était important de se souvenir du passé, ne serait-ce pour connaître comment on en était arrivé là, pour pouvoir mieux s'améliorer par la suite. Il ne fallait pas refaire les mêmes erreurs. En plus de cela, peu de gens le savent, mais dans les livres d'Histoire de la magie, lorsqu'on est une chercheuse experte comme elle, on pouvait faire de très grandes découvertes. Beaucoup de sorts puissants et objets oubliés par le temps. Une source de pouvoir inattendu se cachait entre les lignes de chaque livre qu'elle avait lu.

Je crois qu'un petit briefing ne suffira pas. Elle avait ce beau sourire, celui qui voulait dire tu vas souffrir des heures durant, prépare-toi bonhomme, tu vas en avoir des choses à rattraper. On commence demain, soit à l'heure comme aujourd'hui. En attendant, je veux que tu aies lu un livre d'histoire de la magie, qu'importe l'époque, tu choisis. Je veux juste que tu saches tout sur le bout des doigts. La brune lui lança un regard qui voulait tout dire. Ils allaient bien s'amuser. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas donné de cours, mais avec lui, ça n'allait pas être très compliqué. Elle était déjà enjouée à cette idée, ça allait être l'enfer sur terre pour lui.

C'est qu'elle serait presque vexante à te dire qu'un petit briefing ne suffira pas, mais tu ne peux pas vraiment lui en vouloir étant donné l'énergie que tu mettais à faire en sorte de ne pas avoir à retenir la moindre information qu'elle pouvait donner dans ses cours. Cependant, son sourire ne t'effraie pas outre mesure. Tu sais que tu t'es quand même un peu amélioré depuis le temps. T'es loin d'être un fan des bouquins et de l'histoire, mais t'as fait quelques efforts, ne serait-ce que lorsque tu as repassé tes ASPICs en candidat libre. Tu savais pertinemment que l'Histoire de la Magie serait l'une des matières les plus compliquées pour toi, mais tu as réussi à ne pas être trop ridicule.

Elle semble cependant prendre son rôle très au sérieux, et le sourire qu'elle affiche en t'annonçant que vous allez commencer des cours particuliers de remise à niveau dès le lendemain ne te rassure pas outre mesure. Mais c'est pour la bonne cause, et t'es bien décidé à y mettre de la bonne volonté cette fois. Petit salut militaire pour lui répondre avec le plus grand sérieux.

- Cheffe, oui, Cheffe !

Tu fais vraiment un magnifique petit soldat. Tandis que tu te diriges vers la porte de la pièce, tu enfonces tes mains dans tes poches, balançant tout de même l'info d'un air léger, comme si ça n'avait pas vraiment d'importance alors même que t'es plutôt fier de toi.

- J'ai quand même eu Acceptable à mes ASPICs dans ta matière.

Sourire angélique lorsque tu te retournes une dernière fois vers elle avant de lui faire un petit signe de la main, quittant la pièce en jetant un enthousiaste "A demain !".

Fin du RP