Sept ans de malheur [En cours]

Saison 32 - Été
L.A. mutuel

La plaie. L'énorme pxtain de plaie. Autant se taper la corvée de la terreur tous les étés lui posait plus de problème tellement elle était rodée sur les meilleurs stratagèmes pour pas se faire embobiner, autant là, là elle avait vraiment autre chose à fxutre ! Et elle avait prévenu ! Ouais elle avait prévenu. Mais non, évidemment, le Père avait cette giga méga importante réunion de dernière minute pour son super projet top secret de la mort qui pue. Et la Mère qu'était, pour changer, en remplacement à l'hôpital pour sauver des vies. Sauver sa libido ouais ! Elisa bouillait. Littéralement. Elle avait prévenu.. KAT !

Évidemment elle répond pas. Évidemment. KAT BXRDEL SI TU DESCENDS PAS JE DEGOMMES TON BOURSOUFLET ! Un bruit de pas précipité, et la bouille de la terreur qui tire une tête de dix pieds de long. Si tu fais du mal à Philibert j'le dirais à papa ! Cet air. Cet air bxrdel. Elisa hausse un sourcil, très peu impressionnée. Elle se pince l'arrête du nez, inspire à fond. Kat j'ai un truc de prévu là. Reprendre un ton calme, conciliant. Bah vas-y. C'était le concert à pas rater. Le groupe s'était reformé pour un soir. Elle serait pas la seule péquenaude à manquer ça. C'était hors de question. Tu dois v'nir avec moi, j'peux pas te laisser toute seule et tu le sais. Les bras se croisent, les traits se tirent. La révolte gronde. Non ! Non ? NON ! Juste non ? Juste pour me faire chixr c'est ça ? Pxtain mais t'as pas le choix en fait tu viens !

Sauf que sitôt chopée par le bras, la môme commence à se débattre comme une demeurée, en hurlant à toutes berzingues. Génial. Elle allait carrément rameuter les voisins. Elisa parvient finalement à lui couvrir la bouche d'une main, l'autre enserrant le corps minuscule de la gamine pour l'empêcher de bouger. Stop. Arrête, j'suis plus forte que toi. Si tu viens avec moi j't'offre un truc. Ce que tu veux. C'est qu'elle était prête à tout. Kat reste inerte une seconde, deux secondes, trois secondes. C'est déjà gagné. Finalement, la Lewis la libère pour entendre un soupir. C'que j'veux ? Ouais. Ok.

Il faut quelques minutes avant que les deux filles ne soient prêtes, mais enfin elles prennent le départ. Elisa a cédé à tous les caprices. Résultat ? La gosse porte les vêtements - beaucoup trop larges - de sa soeur, à une glace dans la main, et un sourire machiavélique sur le visage. Elle sait qu'elle peut faire chanter Elisa à tout instant. Mais Elisa elle, elle s'en fout. Elle va le voir son concert. C'est bien tout ce qui compte. Un bus les déporte en banlieue de Londres, et une navette sur les lieux du festival. Bien, bien. La musique est encore en sourdine, rien n'a encore commencé. C'est parfait. Bon tu restes près de moi, et tu te tiens tranquille. Pour toute réponse, Kat tire une langue puérile.

Ça devait être une histoire diplomatique, ou une idée que le Renard-Moldu avait chipée dans l’une des séries télévisées de Biggleswade. Un truc de gang, d’extremistes non-magiques et on ne sait pas trop pourquoi, le Mangemort avait décidé d’aller fouiner. Il s’agissait de se montrer avenant affable amical avec un groupe de moldus peut-être pour s’assurer, éventuellement, un jour, une passation de pouvoir magique avec plus de douceur. Sans guerre civile et explosions de sang. Comme quoi, Cinquante-deux se montrait prévenant. Excepté que les réunions, les négociations, les rencontres diplomatiques, ce n’était pas du tout son truc. Le jeune Mage Noir aimait l’action, les combats, la torture, mais pas tellement les ennuyeuses discussions. Pourtant, une fois que l’idée avait fait frétiller ses moustaches – pas question de s’en débarrasser.
Il s’agissait pour le moment d’observer, le Masque rivé sur la civilité, de voir comment étaient composés certains groupuscules moldus, si certaines sectes se doraient la pilule librement au soleil et comment elles pourraient leur être utiles. Le cerveau du Renard en ébullition sous cette tonne d’élucubration.

Jusqu’à ce que la musique vienne chiffonner sa concentration. Sans s’en rendre vraiment compte, le museau s’était détaché des groupes de moldus pour gesticuler au rythme des airs ma foi pas si mauvais. C’était bien trop compliqué de le noyer sous cette ribambelle de stimuli, la musique, les bousculades, les cris, la chaleur de l’été sous ce Masque – et les regards déplacés qui coulaient sur les poils empaillés, aussi.
Bientôt, les yeux amarrent un drôle de petit couple, très jeune, très curieux. Deux jeunes filles quittent la horde en liesse et Cinquante-deux en est persuadé, il a vu briller une baguette magique. A son tour, il s’éloigne, suit les jeunes silhouettes comme si de rien n’était. Comme si sa carrure déguisée ne faisait pas de lui un Prédateur. Il s’appuie sur les toilettes mobiles, alpague la plus vieille : tu veux changer le monde petite ? Révéler à tout le monde qui on est ? Un coup de menton vers la Demoiselle et la Rikikie : et sois gentille avec ta sœur. Supposément. C’est qu’il ne fallait pas oublier que le Malicieux s’apprêtait tout bientôt à accueillir dans ses bras un adorable bébé, cela réveillait ses hormones de paternité.

Le concert avait commencé brillamment. Parfaitement. Quelques secondes à peine avaient suffit à faire comprendre à Elisa qu'elle n'aurait définitivement pas pu louper ça : genre pour rien au monde. La foule avait hurlé avec hystérie dès les premières notes, et tout s'était enchaîné avec une fougue légendaire qui ne pouvait exister que pour ce groupe. Ignorant totalement la soeurette qui bougonnait parce que la musique était trop forte et que c'était même pas cool d'abord, Elisa se trémoussait comme une dingue sous des accords de guitare qu'elle connaissait presque par coeur. Jusqu'à ce que j'ai envie de faire pipi ! Mais Kat juste ça peut pas attendre la fin de la chanson là ? J'ai envie d'faire pipi, j'ai envie d'faire pipi, j'ai envie d'faire pipi, J'AI ENVIE D'... Elisa sort sa baguette, et après un bref regard alentours fait taire sa soeur d'un sort acerbe. Tu m'fais chxer. Elle traîne la gamine par le bras, se faufile entre les groupements joyeux des autres spectateurs.

Le repérage ne dure pas bien longtemps, fort heureusement. Clairement la môme est très en colère d'avoir perdue l'usage de sa voix insupportable, mais Elisa a aucune envie de lui remettre le volume. Elle la maintient fermement contre elle, la fait avancer de plus en plus vite. Grouille. J'veux pas rater tout l'concert parce que t'as une vessie de minimoy là. Aussi exceptionnel que ça puisse paraitre, y a pas la queue. Sans doute parce que les gens ont pour habitude d'attendre la fin d'un set pour faire des pauses sanitaires. Évidemment. Au moins ce serait rapide. Elle défait son sort et s'apprête à ouvrir la première cabine pour balancer sa soeur dedans, mais une voix la coupe dans son élan. Pour le coup, Kat ouvre même pas sa guexle pour se plaindre du mauvais traitement qu'elle vient de subir. Comme Elisa, elle a l'oeil rivé sur le masque d'animal arboré par le type, nonchalamment appuyé contre les toilettes. La Lewis observe l'intrus les sourcils froncés, la main plus serrée encore sur sa baguette.

Y avait des détraqués partout, elle en était bien consciente : ce mec, sous sa tête de renard, appuyé contre des toilettes et tapant la discute à deux fillettes, en faisait forcément partie. Y avait rien de sain dans ce qu'elle avait sous les yeux. T'as pris de la drogue ou quoi ? Dégage, on veut juste aller aux toilettes. Sans plus attendre, elle range sa baguette - probablement que c'est un moldu qu'a abusé sur la boisson, suffit donc de l'ignorer -, se saisit de la poignée du toilette suivant et tire dessus. Vas-y Kat, et grouille toi. Mais elle bouge pas. Grouille toi j'ai dit ! Elle pousse sur l'épaule de la gamine, jette un oeil nerveux vers le masque, puis vers le concert. Elle va tout rater avec ces cxnneries.