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Avec les Sombrals
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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Ven 30 Déc - 11:30

Une envie de tout savoir, de tout découvrir. La curiosité est un vilain défaut, que je possède. Comme beaucoup d'autres. Presque tout le monde, au final. Je n'ai encore jamais connu quelqu'un qui ne soit pas curieux. O'Leary, par exemple, l'est. Elle cherche des renseignements sur une personne qui désire ne rien partager avec elle. Ça fait d'elle une sacré curieuse. Je le suis aussi. Même si la situation actuelle exige que je le sois. Même si, dans le fond, je ne suis pas obligé de savoir pourquoi elle essaie d'en découvrir plus sur moi. C'est juste de la curiosité. Je pourrai laisser tomber, de toute manière elle ne trouvera jamais rien. Mais non, j'ai envie de savoir.


- Milles excuses M.Benbow, j'ai du mal m'informer à votre sujet. Et je ne vois absolument pas de quoi vous parlez pour les faux compliments. Vous avez 24 ans, à cet âge la majorité des sorciers sont encore en formation, dans des petites jobines au ministère dans l'espoir vain de se faire embaucher comme Auror. Et pourtant, vous, vous avez réussi à devenir professeur à Poudlard dans une matière nécessitant autant de connaissances pratiques que théoriques. Il y a là largement de quoi piquer l'intérêt

Elle persiste. J'ai envie d'éclater de rire, pour de vrai. Elle sait que je sais qu'elle se fout de la gueule, mais elle continue avec son histoire d'homme intéressant. Elle est presque convaincante, un naïf se laisserait avoir. Il accepterait ses compliments, se laisserait lécher les couilles par la rouquine et lui dirait de s'en aller vaquer à ses occupations. Parce qu'un homme flatté, par une jolie femme qui plus est, est un homme content. Nous aimons être complimentes sur notre force, sur comment nous arrivons à nous démarquer des autres. Et c'est justement ce qu'O'Leary me fait en ce moment. Et même si je sais que ce qu'elle dit est vrai, après tout je suis bel et bien au dessus du lot, je sais aussi que ce n'est pas pour cette raison qu'elle cherche à en savoir plus sur moi.

Au vue de l'évolution de la situation, je sais que je n'aurai pas ma réponse à cette question ce soir. Je l'aurai d'une autre manière, un autre jour. Elle parlera, elles le font toutes. Il me suffit juste de rester patient.

- Qui voudrait séduire les puceaux de Poudlard? J'ai bien peur de manquer d'intérêt envers ceux qui perdent tout leur moyens lorsqu'une fille les regarde. Les pucelles et les séduisants professeurs de Défense contre les Forces du mal par contre c'est autre chose.

Je souris en réponse. Elle continue sa phase de séduction. Elle sait se rendre intéressante et doit arriver à ses fins à presque tout les coups. Franchement doué. Dans une mauvaise journée, je pourrai même me laisser avoir par son tour de charme. J'ai faillit être piégé d'ailleurs. Je ne sais pas qui lui a appris ça, mais il a bien fait. Une femme dangereuse est une femme qui sait se servir de ses charmes. Nul besoin d'être puissante quand on est assez intelligente pour séduire et manipuler. J'ai presque envie de l'applaudir, pour lui montrer que j'apprécie son talent.

Bizarrement, en entendant ma question, la rouquine se stoppe quelques petites secondes avant de reprendre, comme si de rien était. Je n'arrive pas à donner un sens à cet arrêt. La question inattendue ? Mais laquelle ? Sur qui elle est ou sur les adultes sur qui elles se reposent ?

- Au risque de vous décevoir M.Benbow, les adultes ne s'arrêtent pas réellement pour me conseiller. Après tout, qui s'intéresserait à une petite comme moi?

Cette fois, je n'arrive pas à dire si elle essaie de m'embrouille ou pas.

- Je doute être le premier à voir en toi un sacré potentiel O'Leary. Avec un peu d'aide, tu peux devenir une sorcière de renom. Malheureusement, je n'ai pas le temps de m'occuper de toi.. Petit silence. Enfin. De ta formation privée, je veux dire. J'essaie un clin d'œil, même si je suis presque sur qu'elle ne le discernera pas. Je peux toujours me renseigner, voir si quelqu'un se sent de t'apprendre ce qu'est la vraie vie. Je ricane.

Je connais bien quelques personnes d'un assez bon niveau qui devrait être prêt à aider une jeune sorcière ayant besoin d'expérience. Vhagar et Jean, par exemple.

- Pour ce que je suis, je pense que vous le savez déjà. Une petite étudiante banale qui est allée trop loin et qui se mérite une retenue. C'est tout.

Oui, ça, encore une fois, je suis persuadé que c'est une connerie. On a tous un passé, peu importe notre âge, notre profession, notre rang social. De ce que je sais d'elle, je dirai qu'O'Leary vient d'une riche famille de sorcier. Sang pur ou pas, j'en sais rien. Probablement des irlandais vu le nom.

- N'essaie pas de m'embrouiller comme tu le fais avec les autres. T'es gêné de me parler de ta vie ? Tant mieux, ça veut dire que ça cache quelques choses d'intéressant. Je me tais quelques secondes. C'est de nos pires expériences que l'on apprend le plus. Ceux qui grandissent au chaud dans leur petit manoir finissent rarement en haut de la pyramide. La richesse, penser que tout leur est acquis.. ça les rends faible, les ramollit. Moi, par exemple, j'ai vécu dans la rue pendant 4 ans. Et si, lorsque je le vivais, je ne rêvais que d'une chose : oublier cette partie de ma vie, maintenant que j'en suis sorti, je ne changerai rien. Je revivrai cette période exactement comme je l'ai fais. Parce que ça m'a forgé un caractère, ça m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui.

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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Sam 21 Jan - 2:15

Se concentrer sur le fumier. Se dépêcher pour s'échapper de l'enclos qui devenait de plus en plus une prison pour la rousse. Elle pouvait encore s'échapper, Benbow ne devait pas avoir la moindre idée de ses capacités, il ne devait la voir que comme une petite étudiante avec du cran. Rien de plus. Et cela devait rester comme ça. S'effacer pour mieux voler. Se retirer pour mieux frapper. Et frapper juste cette fois, pas à moitié en ne visant rien de particulier. Le professeur avait piqué sa curiosité, lui résisterait-il si elle se mettait à danser? Qu'est-ce qui pouvait bien occuper ses pensées en soirée? La rousse doutait que les femmes soient la seule réponse à cette question.

- Je doute être le premier à voir en toi un sacré potentiel O'Leary. Avec un peu d'aide, tu peux devenir une sorcière de renom. Malheureusement, je n'ai pas le temps de m'occuper de toi...

Ainsi le professeur voyait en elle du potentiel, la voyait devenir une sorcière de renom. Aileen ravala un ricannement. Comme si elle cherchait une quelconque forme de reconnaissance publique. Là ou certains cherchent la gloire et la fortune, la rousse ne cherchait que des moyens d'échapper à la monotonie du monde sorcier, du nid qu'était Poudlard. Elle brûlait d'envie de retourner sentir le vent sur les toits de Londres, de se promener là ou les moldus ne peuvent que rêver d'accéder.

- Enfin. De ta formation privée, je veux dire. Je peux toujours me renseigner, voir si quelqu'un se sent de t'apprendre ce qu'est la vraie vie.

L'envie de rire reprend, plus forte cette fois. Elle n'avait nul besoin de lui pour pouvoir évoluer. Le fait qu'elle pouvait voir les Sombrals ne lui indiquait-il pas qu'elle avait cotoyé aussi bien la vie que la mort?

-Généreux de votre part M.Benbow, mais je n'ai guère envie de m'aventurer dans ce genre d'eaux troubles. Cela peut paraître stupide mais j'ai toujours aspiré à une vie calme, avec possiblement un mari ou une femme à qui revenir le soir. Rien de bien glorieux en soit, vu que c'est un destin auquel même les moldus peuvent prétendre.

Une vie calme et paisible à se balader partout sur le globe, à découvrir de nouvelles choses chaque jour, loin de sa famille, loin des manigances et des traitrises, loin des jeux manipulateurs ou le sang fait toute la différence. Une belle utopie.

- N'essaie pas de m'embrouiller comme tu le fais avec les autres. T'es gêné de me parler de ta vie ? Tant mieux, ça veut dire que ça cache quelques choses d'intéressant.

La rousse haussa un sourcil et regarda fixement son professeur. Il était moins con qu'elle ne le pensait, mais s'il s'imaginait que cela suffirait à la faire parler, il se trompait lourdement.

- C'est de nos pires expériences que l'on apprend le plus. Ceux qui grandissent au chaud dans leur petit manoir finissent rarement en haut de la pyramide. La richesse, penser que tout leur est acquis.. ça les rends faible, les ramollit. Moi, par exemple, j'ai vécu dans la rue pendant 4 ans. Et si, lorsque je le vivais, je ne rêvais que d'une chose : oublier cette partie de ma vie, maintenant que j'en suis sorti, je ne changerai rien. Je revivrai cette période exactement comme je l'ai fais. Parce que ça m'a forgé un caractère, ça m'a permis d'être là où je suis aujourd'hui

Flash

Une enfant qui crie dans une mare de sang.

Flash

Une jeune fille qui vomit et se débat à la suite d'un nouveau sortilège.

Flash

Un corps qui se liquéfiait devant elle.

Flash

Un homme qui lui racontait son premier meurtre sur les toits de l'Allée des Embrûmes.

Étaient-ils tant similaires?

Dragon et Ian.

Nordique et anglais.

Auror et professeur.

Que dire à un homme qui vient d'expliquer une des parties les plus difficiles de sa vie? Lui rendre la pareille? Comment agir sans donner l'impression d'une compétition, d'une comparaison malsaine des expériences qui ont forgées une vie ? Avait-elle réellement envie de se livrer à son professeur aussi, de le laisser rentrer dans une partie de son intimité qui lui appartenait à elle seulement?

Partager son corps passait encore, elle n'allait y mêler son essence non plus.

Encore une fois Aileen se tenait face à deux choix. Terminer de parler et se dépêcher de finir sa retenue. Avec un peu de chance, elle n'aurait juste qu'à retourner dans sa chambre en toute sécurité et le lendemain Benbow l'aurait probablement déjà oubliée. Ou s'ouvrir, un peu, voir si elle était capable de garder un lien avec Ian, voir si ce dernier était capable d'écouter aussi bien que de parler.

-Dites moi M.Benbow, êtes-vous déjà allé en cour? Avez-vous déjà assisté à un procès ou tout était déjà joué d'avance? Le procès d'une gamine accusée d'avoir blessé grièvement un membre respectable de la société et de sa mère qui utilisait les moldus du coin comme sujets d'expérience à la magie noire.

Une pause, le temps de s'essuyer les mains, le temps de reprendre ses idées.

-Sentir les regards des membres du jury qui ne désiraient qu'une chose, voir la petite et sa mère coupables pour passer à autre chose. Pour protéger celui qui, d'habitude, travaillait avec eux. Sentir l'aura des détraqueurs qui ne désiraient qu'une chose, les enfermer.  Après quelques semaines de débats d'influence, de couverture de masse dans les journaux, de discussions sans fin , le juge reçut une importante somme d'argent. Deux jours plus tard, le cas fût réglé à coup de Veritaserum et de Pensine, la mère fût jugée innocente et la gamine fût acquittée pour légitime défense. Cette dernière quitta Dublin pour devenir personne.
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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Sam 4 Fév - 12:29

Dur de se livrer comme ça, alors que ce n'est pas dans tes habitudes. Certains disent que ça fait du bien, de se laisser aller. D'avoir assez confiance en quelqu'un d'autres pour lui révéler ses secrets. De laisser sortir une histoire, son histoire, douloureuse. De l'exprimer avec des mots au lieu de la laisser pourrir au fond de sois. D'avoir quelqu'un pour nous écouter. Pourtant, ça ne me fait rien. Premièrement parce que je suis loin d'avoir confiance en O'Leary. Ce n'est rien de personnel, je n'ai confiance en personne. Tous devrait faire comme moi, ça évite les trahisons. Puis, je sais aussi que si l'élève m'écoute, c'est parce qu'elle est une élève et qu'elle se sent obligé de m'écouter, de faire semblant de s'intéresser à mon histoire. Alors qu'au fond, elle ressent peut-être l'envie de se moquer. Certainement même. Ian Benbow le clochard, ça lui fera une belle histoire à raconter aux autres. Osera t-elle le faire ? Elle n'est pas idiote. Elle sait que je localiserai la fuite très rapidement. Et si elle ne sait pas de quoi je suis capable, elle le découvrira.

Le but de cette histoire était de la mettre en confiance, car même si moi je ne suis pas adepte de ce concept, je sais que la plupart des gens le sont. En entendant mon histoire, elle se sentira mal à l'aise. Elle va peut-être se dire que si j'ai fais l'effort de lui parler de ma vie, elle devrait en faire de même. Parce que  je me suis confier, elle devrait le faire aussi. Me rendre la pareille. Que les humains sont con. Franchement.

- Dites moi M.Benbow, êtes-vous déjà allé en cour? Avez-vous déjà assisté à un procès ou tout était déjà joué d'avance? Le procès d'une gamine accusée d'avoir blessé grièvement un membre respectable de la société et de sa mère qui utilisait les moldus du coin comme sujets d'expérience à la magie noire.

Ce début d'histoire est intéressant. Une maman qui se servait des moldus comme sujet d'expérience ? Je serai ravi de la rencontrer cette maman, si elle est aussi sexy que la fille, on risquerait de très bien s'entendre. Après tout, moi aussi je m'amusais à tester des choses sur les moldus. La magie noire également. À la base, j'avais décidé de l'exercer sur des animaux. Le problème était que les animaux ne pouvaient pas partager avec moi leur sensation, les humains eux le pouvaient. Ne souhaitant pas gâcher la vie de sorcier, j'avais décidé de me servir de ces sous-être qu'étaient les moldus pour tester les sorts de certains de mes livres. Une très bonne expérience.

- Sentir les regards des membres du jury qui ne désiraient qu'une chose, voir la petite et sa mère coupables pour passer à autre chose. Pour protéger celui qui, d'habitude, travaillait avec eux. Sentir l'aura des détraqueurs qui ne désiraient qu'une chose, les enfermer.  Après quelques semaines de débats d'influence, de couverture de masse dans les journaux, de discussions sans fin , le juge reçut une importante somme d'argent. Deux jours plus tard, le cas fût réglé à coup de Veritaserum et de Pensine, la mère fût jugée innocente et la gamine fût acquittée pour légitime défense. Cette dernière quitta Dublin pour devenir personne.

Un pot-de-vin, hein ? Les riches familles de sorcier en faisaient souvent usages, afin de s'en sortir face à des situations compliqués. Comme celle que venait de me soumettre Aileen. Ainsi, sa famille avait dû disparaître à la suite de ce procès. Le nom O'Leary ne me disait rien, peut-être était-ce un faux nom ? La jeune fille semblait venir d'une famille riche et influente, pourtant son nom de famille ne semblait pas être craints ou respectés. En tout cas, pas à ma connaissance.

- Nous ne sommes jamais personne. Un homme plein de philosophie je suis. Bien que ces événements ait pu être.. traumatisant pour une jeune fille, je te suggère de les accepter. La vie est faite ainsi, sans arrêt nous avons des merdes qui nous tombent dessus, qui nous font trébucher. Il faut se servir de ces obstacles comme d'un tremplin et non les voir comme un mur. Tu t'en sers pour aller plus loin, plus haut. Ou alors, ils se serviront de toi et t'empêcherons d'avancer.

Pffouuu. C'était mon moment philosophe. Beaucoup de connerie dans une seule tirade. Je jete un œil à montre, le temps à avancer à une allure folle. L'heure que je m'étais fixé comme limite pour la retenue était dépassée de dix minutes.

- Rejoins-moi. La retenue se termine O'Leary. Si c'est ton vrai nom.

Bon, j'ai fais un clin d'œil, mais c'est impossible qu'elle l'ait remarqué vu comment il fait sombre autour de nous. D'un coup de baguette magique, je commence à terminer le travail de la verte et argent, faisant disparaître le crottin de sombral petit à petit.

- Tu peux toujours m'aider hein. Un sourire.Moi qui pensait trouver une adolescente en pleine crise, j'en ai découvert une pleine de surprise.
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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Ven 14 Avr - 21:48

Sorry pour le retard x.x le RP va être assez court aussi

Elle avait la tête dans les nuages, pensant à son passé, à la cour de justice et ses trop nombreux regards. Elle ne pourrait plus jamais monter sur scène devant une foule. Elle ne pourrait plus jamais faire entièrement confiance au système de justice. Elle ne pourrait plus jamais....

- Nous ne sommes jamais personne. Bien que ces événements ait pu être.. traumatisant pour une jeune fille, je te suggère de les accepter. La vie est faite ainsi, sans arrêt nous avons des merdes qui nous tombent dessus, qui nous font trébucher. Il faut se servir de ces obstacles comme d'un tremplin et non les voir comme un mur. Tu t'en sers pour aller plus loin, plus haut. Ou alors, ils se serviront de toi et t'empêcherons d'avancer.

Un rire qui mourut dans sa gorge.

-Quel bel homme complet M.Benbow. Beau corps et un esprit de philosophe pour aller avec. Rappelez moi comment vous êtes devenu enseignant à Poudlard déjà? Un homme de votre carrure aurait mieux trouvé sa place en politique.

Du sarcasme. Du sarcasme pour se remettre, se replacer.

- Rejoins-moi. La retenue se termine O'Leary. Si c'est ton vrai nom.

Sourire en coin, félin qui revint.

-Vous pensez que je suis capable de vous mentir M.Benbow? Alors que je viens d'avouer ma flamme la plus sincère à votre sujet.

Un clin d'oeil avant de rejoindre son enseignant. Des blagues, ce n'était simplement que des plaisanteries entre eux...N'est-ce pas?

- Tu peux toujours m'aider hein.

- Et rater la vue de mon professeur faisant du travail manuel? Mais jamais de la vie!

Un soupir de soulagement et la rousse était dans l'enclos à aider son professeur. Somme toute, la retenue aurait difficilement mieux pu se passer.

FIN DU RP POUR MOI
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re: Avec les Sombrals
Invité, le  Ven 26 Mai - 20:49

R.P. privé avec Jessy Brown

Ce jour là, Luna avait rendez vous avec Jessy pour aller trouver les Sombrals dans la forêt interdite, à l'est du château de Poudlard. La jeune irlandaise avait fait passer une annonce dans la Gazette il y a quelques jours pour entrer en contact avec d'autres apprenties magicozoologistes qui pourraient lui en apprendre plus sur ce métier fascinant. Jessy lui avait répondu par hibou qu'elle pensait aller dans cette fameuse forêt pour approcher les Sombrals et les étudier d'un peu plus près.

Elles s'étaient donc donner rendez-vous à la lisière du bois. L'intérêt de cette expédition en tandem était que l'une des deux voyait les Sombrals et l'autre non. Elles auraient alors deux points de vues et deux analyses différentes, donc beaucoup plus construites qu'une personne seule.

Luna s'était réveillée aux aurores. Même si elle avait déjà quitter le château, elle n'était jamais lassée de revoir ce vieux monument. Depuis l'orée de la forêt, la vue était spectaculaire. Les toits d'ardoises noires surplombaient la vallée avec une majesté légendaire.
Enfin libre, elle volait maintenant de ses propres ailes et vivait vraiment pour changer. La vie en dehors de l'école s'était avérée moins hostile que ce que la jeune irlandaise s'était attendue à trouver.

Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la jeune femme brune qui s'avançait vers elle.
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Invité, le  Sam 15 Juil - 18:12

Reprise du sujet : me MP si problème !
PV avec Kohane Werner
L.A. mutuel accordé pour toute la durée du RP
Kohane & Asclépius ont tous deux 17 ans dans ce RP

Ils s’avançaient dans la nuit, main dans la main, le noir autour d’eux, pour ne pas se faire repérer des adultes. Dans cette proximité singulière, chacun apprenait à faire confiance à l’autre, à suivre ses pas, accepter une ouverture qu’ils auraient très certainement jugés contre-nature, si la peine de l’un ne les avait pas rapproché. Leurs cœurs battaient au rythme de leurs pas, qu’ils avaient doux, modérés et prudents : éviter les obstacles, trouver ses repères dans un environnement familier de jour, mais instable de nuit. Seule leur volonté et leur envie de partage les guidaient dans la pénombre : des cachots aux couloirs, des couloirs au passage secret, du passage secret à la Forêt interdite.

En sortant à l’air libre, tous deux avaient pris une grande inspiration. Comme s’ils avaient été en apnée, dans les cachots, et qu’à l’air libre, sous le regard lunaire, ils pouvaient enfin se permettre de relâcher la pression.
Le serpentin glissa même un sourire, tandis que Morphée sommeillait sur son crâne.

Les deux étudiants firent quelques pas à tâtons, ne souhaitant pas faire usage d’un quelconque sortilège d’éclairage pour ne pas ameuter les alentours (vu qu’ils ne savaient pas où ils se situaient dans la forêt, si le garde-chasse était dans le coin, ou d’autres bestioles peu recommandables). L’un manqua tomber, rattraper par l’autre, et ils finirent par prendre place sur un arbre à moitié déraciné, prenant assise sur sa verticalité de tronc.

Le jeunot lâcha la main de sa camarade, gesticula un temps, puis finit par trouver une position qui lui convenait, afin d’être confortable sur son séant. Il balança ensuite ses jambes un instant, profitant de la prise de hauteur qui lui permettait de ne pas se reposer sur ses extrémités défaillante, puis observa la lune un instant, avant de reprendre un parole : semblant de calme plat, après la précédente explosion sentimentale.

« - Mmh, du coup, vu qu’on est amis, tu veux en parler ? Je veux dire, ça avait l’air de te peser alors… Entre le besoin de philtre de paix, Rachel, ta solitude, tout ça… »

Etre sincèrement concerné par quelqu’un d’autre que lui-même était étrange et nouveau pour lui. Surtout, entretenir un dialogue aussi… Intime ? Percutant sentimentalement parlant ? Sujet aux pleurs ? Il était encore un grand débutant, sur beaucoup de sujets, principalement ceux qui concernaient les interactions avec d’autres êtres humains.
Mais son désir naïf d’aider son prochain, était lui, bien que candide et maladroit, profondément vrai. Surtout si le prochain en question était Kohane. Allez savoir pourquoi.
Kohane W. Underlinden
Kohane W. Underlinden
Gryffondor
Gryffondor
Année à Poudlard : Diplômé(e)

Matière optionnelle : Étude des moldus

Spécialité(s) : Permis de Transplanage
Occlumens


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Re: Avec les Sombrals
Kohane W. Underlinden, le  Mar 18 Juil - 0:31



Il y a deux choses.
Il y a la main d'Asclépius dans la mienne.
Et il y a la grande bouffée d'air frais qui, d'un seul coup, nous surprend.
Inspiration profonde. Comme si la fin du passage secret signalait une ruée vers une Liberté tant désirée. Après avoir vécu l'enfermement six pieds sous terre au beau milieu des cachots, nous voilà enfin dehors. Dans la nuit et le silence. Le frais et les cris nocturnes. Nous voilà hors de ce château étouffant. Prêts à continuer de marcher vers le vent de liberté qui vient de nous être insufflé.
Et nous avançons.
Sans un mot.
Côte à côte.
Main dans la main.
Un contact physique à la fois rassurant et étrange. Un rapprochement inattendu qui ferait presque peur.
Même si, évidemment, je me doute bien que ceci n'est qu'une parenthèse d'un instant figé, avant que tout ne reprenne son cours normal. C'est-à-dire disputes et sarcasmes à gogo. Parce que, dans le fond, nous ne parvenons pas à nous entendre autrement. Et c'est comme ça qu'on est amis, après tout.
Mais ce soir, peut-être, est-ce justement cette parenthèse pour permettre de montrer un autre côté de soi. En dehors des disputes et des sarcasmes. En dehors des moues et des reproches. Une part plus vacillantes, plus fragile, plus nuancée, contrastée. Plus tendre, aussi. Instant d'affection consolatrice pour ceux qui titubent, comme nous.
Ce soir, c'est peut-être l'heure de se dévoiler un peu. Sur ce que l'on est. Réellement.
Parfois, c'est déstabilisant, effrayant, de montrer son âme à nu, dans toute sa fragilité. Parce qu'on aimerait tant être fort ! Et ce l'image qu'on veut laisser aux autres.
Mais il y a toujours l'instant où tout est trop.
Et, sans prévenir, l'ensemble s'écroule, découvrant plus de failles qu'on aimerait le montrer.
Alors, maintenant que c'est fait, pourquoi aurais-je peur de continuer ?

Nous ne sommes plus que deux silhouettes.
Se glissant dans l'ombre, entre les arbres, au travers des feuillages.
Pas silencieux sur la terre légèrement humide de la nuit.
Un bruissement de temps en temps.
Mais pas de bruit suspect.
Protégés par Mère-Lune et sa ronde bouille bienveillante.
Nous nous éloignons toujours plus. Loin, loin des autres, du château, de ses règles, de ses lois qui empoisonnent notre liberté. Loin de la société qui aimerait qu'on marche droit alors même que nous ne voulons que laisser aller nos pas, en courbe ou diagonale, qu'importe.
Partir ainsi, comme des enfants qui fuguent l'autorité parentale, me donne soudainement un sentiment de respirer. Pour de vrai. Etrangement, il y aurait presque l'adrénaline de la désobéissance. De celle-là que je n'ai plus ressenti depuis un moment tellement braver le couvre-feu était devenu une habitude pour moi.
Mais ce soir, c'est différent.
Sans doute parce que ma fugue nocturne n'est plus pour les mêmes raisons.
Ce n'est plus pour fuir la douleur que je marche au beau milieu de la nuit.
Mais pour une simple discussion dans le but de... s'ouvrir à l'autre ?



Un arbre à moitié déraciné se dresse soudainement devant nous.
Il nous appelle. Il nous accueille.
Et nous n'hésitons pas.
Et nous grimpons sur son tronc.
C'est un siège majestueux qu'il nous offre là !
Je sens la main d'Asclépius quitter la mienne et le voilà qui cherche à poser ses marques, trouver la meilleure position position possible. Il bouge, il gesticule un peu. Et ça me fait sourire dans le noir.
Ainsi en hauteur, nos pieds balancent dans le vide. Nous avons même fui la terre.
Il n'y a plus que le ciel.
Il n'y a plus que la lune.
Et elle est belle, ce soir. Elle sourit. Elle nous sourit. Jean de la lune abrité dans sa boule lumineuse qui nous regarde avec tendresse. Je l'aime bien. Je le rejoindrais bien, tiens. Ca doit être amusant, d'être là-haut. Et regarder le monde qui doit lui apparaître si petit.

La voix à côté de moi flotte et brise l'instant en suspend de contemplation.
C'est soudainement si calme, j'ai l'impression. Comparé aux mille et unes émotions déferlantes que j'ai pu ressentir précédemment, dans les cachots.
C'est si plat.
Presque trop.
Mais ça fait du bien.
Vraiment. Du bien.
Je l'écoute sans le regarder. L'âme toujours accrochée à la belle lune, là-bas.
Cette fois, c'est lui qui a envie de parler, on dirait. C'est lui qui pose des questions. C'est lui qui veut savoir. C'est lui qui cherche le contact. Etrange. On ne s'y attendrait pas vraiment. Compte tenue du côté renfermé et peu à l'aise dans les relations sociales que j'ai pu voir chez lui.
Mais ça me fait plaisir, dans le fond.
Que ce soit lui. Cette fois. Qui cherche le contact.



Je me penche doucement en arrière, appuyée sur mes mains posées contre le tronc noueux.
L'oeil perdu dans la couverture de nuit.
Et le cœur se nourrissant des rayons de lune.
Je laisse passer un temps.
Il est peut-être temps. De sauter le pas. Pour enfin dévoiler. Cette unique fois. Un peu de notre âme à nue, un peu de nos failles si souvent dissimulées sous des tonnes de maquillage.
Je balance mes jambes, fouette l'air et le rien.

-Mmmh... moui... j'peux en parler.

Pause.
Je peux
Sans dire je le ferai
Car ça ne se fera pas sans condition.
Evidemment.
Une telle opération aux risques si élevés ne se fera pas sans frais. C'est qu'il faut bien s'assurer, dans la vie.
Je tourne mon visage vers Asclépius et le dévisage dans le noir.

-Mais c'est donnant-donnant.

Un sourire un peu malicieux.
Il y aurait tellement de choses à savoir si lui, j'en suis sûre.
Il aurait tellement de choses à dire pour essayer de s'en débarrasser. Et de cesser de courber le dos sous leur poids trop lourd.
Alors, si cette nuit je dois parler, je ne serai pas la seule.
Parce qu'il y a tellement de choses que je n'ai presque jamais dites et qui pourraient sortir sans que je le veuille. Je ne veux pas être la seule à donner.

-Voilà ce qu'on a qu'à faire : tour à tour, une question, une réponse. C'est simple. Et c'est équitable. Sinon, moi, je joue pas.

La fausse moue de la gamine vexée, insatisfaite.
Par ce moyen, il est sûr que je ne serai pas la seule à dire, à confier.
Je sais bien qu'il n'est pas vraiment sur un terrain qu'il maîtrise, là.
Je sais bien qu'il est trop gauche quand on parle de relations humaines et bancal quand il s'agit de se livrer à une oreille extérieure.
Mais il faut bien un début à tout.
Puis, de quoi a-t-il peur ?
De toutes façons

-On est amis, non ?

Mes jambes continuent doucement de se balancer.
Fouetter l'air leur donne un sentiment de liberté.
Comme si elles volaient indépendamment de moi. Je crois qu'elles aiment ça.
Et, en attendant sa réponse, je pose quand même une question. Parce que j'en ai envie.

-Il... ou elle s'appelle comment ? je demande en désignant du menton son couvre-chef somnolant.

Son tranquille batracien me rappelle Hope. Ma grenouille censée être porteuse de lumière. Des temps d'avant. Pleine d'affection et en quête de l'amour que je pourrais lui donner.
Si ça se trouve, son petit animal aussi, est en quête d'amour pour combler sa vie.

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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Sam 22 Juil - 17:40


C’était comme la fois où il était sorti d’une coquille, littéralement, à la bibliothèque, la nuit. Toujours, la nuit, il y avait un souffle de renouveau qui venait de la Lune, pour alimenter ses poumons. Etrange, quand on a un nom si proche du Soleil, au point d’aimer se faire de nouvelles ailes de cire à chaque fois qu’on se brûle, à trop vouloir côtoyer la lumière. Il y avait le calme, il y avait la chaleur. Il y avait ce souffle, qui transportait les mélodies des sélénites. Il y avait la chaleur de Kohane, juste à côté de lui, à une distance confortable : suffisante pour qu’il ne ressente pas la cavalcade des taupes sur sa pulpe en frissons désagréables.
La Lune ronde et brillante, comme un gros œil de poisson au fond d’une mare couleur glauque, déposait son regard lumineux sur eux, dans ce petit trou d clairière, sur cet arbre défoncé, racines ouvertes, comme le cœur dans la poitrine. Ça battait encore un peu, fort, comme s’il y avait eu une dérivation, de celui de Kohane à lui. De sa détresse vers la sienne. Résonnance tardive, le temps de l’écho.

Une déglutition, parce que déjà, il avait puisé dans sa source de courage pour poser cette simple question. Simple question pour ouvrir un dialogue. Simple question pour accéder à quelque chose de plus, de plus grand, de plus incompréhensible, de plus profond, de plus intime… Creuser et fouiller jusqu’au cœur.

Il était sur le fil du rasoir, un peu plus tendu, face au calme de sa voisine, attendant le couperet, le souffle qui reviendrait. Qu’on ne se moque pas de lui, pour avoir essayé. Cette peur paralysante de l’échec, qui l’empêchait de tenter.
Il avait tenté, en se fabriquant une nouvelle cire.

Il sembla se détendre, en entendant sa camarade dire qu’elle pouvait le faire, et soupira en un rire étranglé face à sa demande, le sourire dans la voix de Kohane lui vrillant le canal auditif.
Fixant les mouvements obscurs sous ses pieds nus, il entremêla un instant ses phalanges, cherchant une diversion qu’il ne trouva pas. Il se sentait forcé, un peu pris au piège. Pas très à l’aise.

Les songes revinrent. Considérer la situation. Chacun son tour, dans une sorte de compromis commercial. Ça ne lui plaisait pas. Mais sous couvert d’un arrangement tacite, il pourrait peut-être délier sa langue empâté.
Son regard dériva un instant en direction de Kohane, le souci derrière les prunelles, et la considération en avant.

Sceptique.
Il se sentait encore trop tendu pour partager quelque chose d’intime avec quelqu’un.

Puis, elle le rassura, sur son amitié.
Et ses épaules s’abaissèrent quelques peu.

Il se contenta d’acquiescer légèrement, relevant la tête, pour observer la dame de moire de nouveau, soupirant dans l’air de ce soir de printemps. Bientôt la fin. Bientôt les ASPIC. Bientôt il quitterait Poudlard. Et la fièvre lui arrachait toujours les cellules.

Distraites, ses jambes se balançaient, et déjà, il se perdait, entre ses pensées, et les paroles en face. Si bien qu’il faillit répondre tout autre chose à la question qui suivit. Il faillit répondre un nom qui n’avait rien à voir avec l’interrogation. Il faillit tomber directement dans le lac des confessions, histoire de se déverser comme une cascade.

Un raclement de gorge, pour gagner en assurance : « - Morphée. C’est un cadeau de Leo. Elle est narcoleptique. J’aime bien me caler sur sa respiration pour dormir. »

Ça faisait beaucoup d’informations d’un coup. Il ne savait même pas si elle connaissait Leo… Peut-être que si, vu qu’il est le propriétaire de l’établissement où elle travaille.
Peut-être que non, parce que Leo n’existe peut-être tout simplement pas. Que c’était une rencontre dans les arbres, avec les poissons-chats de la Tamise, et que ça s’est évanoui. Même si Azaël le connait…

C’était complexe, et c’était désagréable comme façon de penser. De se dire qu’il y avait… D’autres façons de penser que la sienne. Que les autres ne pouvaient comprendre qu’en contextualisant ses paroles.
Il n’avait pas envie de faire d’efforts pour les autres : il ne remettait pas les choses dans leur contexte, préférant piocher çà et là.

Parfois, il attrapait le train en route, avec quelqu’un sur les rails.
Là, tout était à l’arrêt, mais le souffle n’était pas retenu.

« - »

Il avait essayé de dire quelque chose, mais rien n’était sorti, rien ne venait, malgré sa bouche ouverte. Il était perdu, dans cet échange, ne sachant comment commencer, quoi dire, quoi faire… Comment on se confie à quelqu’un ? Est-ce que c’est comme pour les fruits ? On se roule dans un coin et on attend d’avoir des rides, et du sucre qui sort de nos pulpes ? Pour ensuite rouler sur une langue prête à la dégustation ?

Inspiration.

« - Tu souffres, d’être seule ? »

Expiration.

Faire un premier pas, était toujours difficile. Même si c’en était un détourné, un pas de côté.
Kohane W. Underlinden
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Re: Avec les Sombrals
Kohane W. Underlinden, le  Mer 26 Juil - 16:28



C'est assez étrange.
De se retrouver tous les deux.
Dans ce calme plat.
Sans cri ni altercation.
C'est la deuxième fois qu'on est compagnons de sortie nocturne, d'infraction au règlement. La première fois, c'était presque se retrouver pour prolonger la dispute de la bibliothèque. Cette fois-ci, c'est se retrouver pour prolonger l'instant de partage des cachots.
A croire que les escapades nocturnes sont, chez nous, un point d'aboutissement à une expérience commencée plus tôt, dans l'enceinte du château.
Mes jambes continuent de se balancer.
Et je me dis que c'est quand même sacrément rare et précieux, ces petits moments où on parvient à parler sans se disputer.
D'ailleurs, j'sais même pas vraiment pourquoi on se dispute souvent. Presque tout le temps.
Sans doute parce que c'est ainsi qu'on s'apprécie.
Si je ne l'appréciais pas, je ferais en sorte de ne plus le croiser. Et il n'y aurait plus d'altercations, comme ça.
Mais, apparemment, ça n'est pas le cas.
Il y a toujours le moment où nos pas empruntent à nouveau le même chemin. Pour un temps plus ou moins long.
Il y a les furtives retrouvailles dans les bars.
Les piques lancées au vent parce qu'on est incapables d'établir des retrouvailles sereines et tranquilles. Parce qu'on est toujours obligés de se chercher l'un l'autre. Sans jamais se fuir, ceci dit.
C'est qu'on doit aimer ça.
Je ne trouve pas d'autre explication logique à ce comportement. Bien que, faut l'avouer, la logique ne soit pas vraiment ce dont je suis le plus dotée.

C'est quand même étrange.
Ce soir, dans cette parenthèse infime à l'échelle du Temps, tout semble s'apaiser.
Et je me dis qu'un instant de paix, ça fait aussi du bien. Il y a la guerre, il y a la trêve, il y a la paix, il y a la reprise de la guerre.
Je pense que ce soir, c'est plutôt une trêve.
Le temps pour nous de reprendre notre souffle au milieu du monde.
Le temps d'essayer de se comprendre. Se comprendre soi-même. Comprendre l'autre. Dans ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses. Le temps de l'accepter pour ce qu'il est.
Une fois que cela sera fait, les hostilités seront rouvertes.
Mais après tout, elle est peut-être là, notre preuve d'amour.

Un léger hochement de tête dans le noir.
Le visage qui se lève vers Jean de la Lune.
Le paysage est beau. J'aime le voir se découper ainsi, entre arbres et feuillages, sous un ciel d'encre avec, pour unique point de repère, le visage poupon, là-haut.
Un point de repère bien trompeur, d'ailleurs.
Car où qu'on soit, on la voit. A la même distance. Elle ne guide pas, finalement. Elle regarde seulement. Elle regarde les êtres se perdre. Et ne les aide pas.
Je ne sais pas bien si c'est cruel de sa part ou non.
Après tout, elle ne peut pas tout faire. Elle offre déjà lumière et espoir.



La voix d'Asclépius s'élève alors, répondant à la question.
Un sourire s'échappe de mes lèvres. Une grenouille narcoleptique... avec un nom tout à fait en accord.
Sans même la connaître, je l'aime bien, sa bête. Parce qu'elle est calme. Tranquille. Ou parce que sa respiration semble se substituer à la berceuse du soir. Comme un enfant s'endort en se calant sur les notes de la comptine maternelle, Asclépius, lui, se cale sur la douce respiration de sa grenouille.
Je me demande s'il parle du Leo que je connais.
Ce n'est pas rare, comme prénom.
Mais en même temps, je sais pas pourquoi, j'ai envie de penser qu'il s'agit du même.
Alors, à tout hasard, je sors :

-Moi aussi, il m'en a envoyée une. Elle s'appelle Hope. En souvenir des rires colorés d'autrefois, je pense.

La phrase s'achève sur un ton amer.
Une légère boule dans la gorge. Ou au creux de l'estomac. Je sais pas bien.
Ca coince quelque part, en tout cas.
De se rappeler les bulles pastel d'avant.
Et les rires innocents de ce temps lointain.
Ca fait un peu mal. Se souvenir qu'à cette époque, tout paraissait si simple. Si lumineux. A portée de main.
Je baisse les yeux sur mes jambes qui pendent dans le noir.
Le silence.
Emplit de nouveau notre univers nocturne.
Il y a la maladresse de ne pas savoir par où commencer.
Et finalement, il trouve les mots, il rassemble les idées. La première question tombe.

Le regard toujours baissé, je m'accorde un temps de réflexion.
Je ne sais pas bien comment y répondre.
Parce qu'à dire vrai, je me suis jamais interrogée sur ça. J'ai jamais réfléchi à ma solitude. Et puis... je crois que c'est plus complexe que ça.
Tout est toujours plus complexe que ça en a l'air.
Tout est si compliqué, quand on grandi, quand on s'assombrit, quand les couleurs pastel se sont envolées pour faire place au gris.
J'inspire profondément en relevant la tête.
La lune guette toujours.
Et je sens la présence maladroite d'Asclépius à côté de moi. Je me doute que ça a dû lui coûter de hocher la tête à ma proposition. D'avancer d'un pas. De poser la première question.
Il aurait peut-être aimé se défiler.
Mais je ne l'aurais pas laissé faire.
Parce que ces instants de calme sont trop rares pour qu'on se permette de les gâcher.



-D'habitude, je commence d'un ton lent, en pleine réflexion, je m'en fiche. Au moins, comme ça, les gens me foutent la paix. Puis j'aime bien être seule. Pour réfléchir. Et me perdre. C'est toujours embêtant de se perdre avec quelqu'un si on ne le connaît pas bien. Ca peut être quelqu'un de très terre-à-terre avec la tête sur les épaules. Dans ce cas-là, il déteste la perdition et gâche ces bons moments loin de tout.

Une pause.
Ca, c'est la position habituelle comme je l'ai précisé.
Mais il y a les situation exceptionnelles.
Comme ce soir.
Les moments où tout va tellement mal que le noir solitaire pèse trop sur les épaules.
Les moments où tout déraille, tout s'effondre. Et on n'est jamais assez fort tout seul.

-Puis, parfois, j'ai besoin des gens. Parce que je me rends compte que je peux pas me passer d'eux. J'suis pas assez forte toute seule. J'ai du mal à me porter. La plupart du temps, je fais des efforts pour y arriver. Mais... y'a certains moments... où...
Ca va trop mal. Et c'est plus possible.


Un soupir. A la nuit. A la lune.
Ce soir est un de ces jours.
Où ça va trop mal.
Où j'ai terriblement des autres, d'un autre. Pour un appui, pour un tremplin.
Me permettre de rebondir et continuer de vivre.
Car, malgré toutes les m*rdes qu'on peut avoir, il faut continuer de vivre. C'est tout ce que notre âme demande.

-Et en fait, je reprends après un long silence, tu vois, j'suis même pas sûre d'être aussi seule que ça. Enfin... je veux dire... y'a des gens. Des gens que j'aime. Par exemple Peter. Ou mon frère étoilé. Même toi, tiens. Des gens qui me tiennent à cœur. Dans le fond, je crois que je sais qu'ils sont là. Quelque part. C'est juste qu'on n'est pas toujours ensemble. Ils sont des présences coup de vent, des présences éphémères qui vont et qui viennent. Moi, ça me convient. J'aime pas l'idée de dépendre d'une personne en particulier. De ne rester attachée qu'à elle et ce tout le temps.

Je me tais.
J'ai beaucoup parlé.
Je n'ai pas mentionné Rachel.
Alors que, bien évidemment, elle aussi, elle fait partie de la liste des gens que j'aime et qui me tiennent à cœur. C'est juste que...
J'ai encore besoin de réfléchir à elle, à moi, à nous. Avant de la lancer en pâture au milieu d'une conversation.
Je sais plus très bien où on en est, elle et moi.
Impression dérangeante qu'on s'éloigne chaque jour davantage.

Un air serein sur le visage, je profite de la caresse nocturne.
Il n'y a pas de vent.
Juste l'air stagnant. L'air frais. Le silence. Le...
Bruissement.
Ou craquement.
Soudain.
Je me retourne brusquement, scrute les arbres, les feuillages. Je ne sais pas bien où nous sommes dans la forêt. Ni si quelqu'un nous a repérés.
Je scrute. Quelques secondes. Suspend. Attente. J'attends.
Mais il n'y a pas de mouvement. Pas de silhouette. Le bruit s'est tû.
J'attends encore quelques secondes pour m'assurer qu'il n'y a réellement rien. Puis mon regard quitte les fourrés et revient sur l'instant présent.
Il n'y a pas de quoi s'inquiéter.
Nous ne sommes que nous. Deux. Sur notre arbre. C'était juste un bruissement nocturne. Comme il y en a tant.

C'est à moi.
De poser une question.
Pour en savoir plus.
Sur lui.
Je n'ai jamais de problème pour poser des questions aux autres. Curieuse comme je suis. Puis, concernant Asclépius, il y en aurait beaucoup, qui pourraient être posées.
La difficulté est donc dans le choix.
Je m'accorde encore un petit temps de réflexion. Histoire de faire du tri dans toutes mes pensées.
Au-dessus de nos tête, la Lune, unique témoin de cette mise à nue de nos âmes, semble prête à recueillir toutes nos confidences.
Finalement, je me lance à mon tour.

-C'était vrai, ce que tu as dit lors de notre première rencontre ? Quand t'as dit que t'avais pas d'amis. Même après cinq ans passés à Poudlard.

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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Mar 1 Aoû - 22:44


Il y avait l’air des feuilles dans les cheveux. Assit sur la souche, chacun regardant la lune. Une connexion par cet astre, sans pour autant véritablement oser se faire miroir de l’autre. Peut-être qu’il y avait trop de familiarités, découvertes au fil des piques. Ou peut-être que ce n’était que des idées volages, destinées à être balayées au moindre coup de vent.
Des idées qu’on envoie tanguer, au fur et à mesure que ces jambes dodelinent dans le vide. Plaisir de l’apesanteur. De ne pas avoir à porter le poids du corps sur ces extrémités. Sur ce poids. Cet espèce de boulet, qui le fait boiter. Ce boulet qui l’entraîne au fond d’un lac amer d’une souffrance physique continue. Cette cheville droite et cette blessure jamais guérie. Entorse, puis déchirure… Un ligament, ça ne se reforme pas. Et la douleur qu’elle diffuse ensuite en flux constant… Peut-on seulement s’y habituer ?

Une autre acidité, en entendant un soupçon d’amertume au coin du souffle de sa camarade. Probablement un souvenir qui se défile à sa mémoire, comme lui, à l’instant, par ce rappel physique. Qu’on est juste des tas de chairs, électrifiés parfois par des souvenirs vaincus.

Oope.
C’est mignon.
Mais l’amertume derrière, contenu dans la deuxième partie de la réplique, entrouvre le voile d’autres questions.
Elle parle de Leo… Le même ?
Entre ce Leo et Kohane : Hope. Mais une grenouille en simulacre d’un concept vivant.
A y penser, à cela, sans même savoir exactement de quoi il en retourne, le voici déjà avec un clou dans le cœur.

Et, finalement, se lancer.

Puis le silence.
Plus l’action nous paraît grande, plus nous en attendons beaucoup. Quitte à surestimer.
Ce qui serait stupide, étant donné que tous deux étaient à la même hauteur, sur cet arbre avachi. Une hauteur en pente, mais, une hauteur égale. Chacun sur un rayon de Lune parallèle.
Se tenir la main, en marchant sur ces rayons, permettait d’y créer des ponts. Des croisements…

Le couperet tombe, la réplique, réponse à sa question.
Un sourire léger, doux, lunaire lui aussi, un peu maladroit, se forme sur son faciès. Presque comme un geste de réconfort non explicite.
L’explicite vient pendant la pause où, toujours maladroit, comme s’il ne savait pas occuper son corps, sa main se pose sur celle de Kohane. Pour transmettre du réconfort, peut-être ?
Parce qu’il ne peut rester sourd, face à sa souffrance. Qu’il se sent concerné, depuis cet instant dans les cachots. Qu’il a promis d’être là, un pilier, une présence, un ami.
Un peu tout ça : la paume de sa main sur le dos de la sienne, épousant les jointures et le dessin en relief des veines.

Et à la fin, la main s’en va. En compagnie des pensées, pour ne pas être une pesée. Ne pas se faire ancre ou port d’attache ; laisser l’autre s’amarrer ou il le veut, voguer ailleurs… Limiter le contact, pour ne pas s’attacher, garder ses distances.
A la place, garder un silence pensif, la tête dans la Nuit. Penser à Peter, qu’on a côtoyé toute sa scolarité, ou presque. Qu’on a commencé à voir en sixième année. Au mystérieux frère étoilé, qu’on verrait bien faire de la balançoire en croissant de Lune… A ces personnes importantes, pour elle.
Retenir un petit rire nerveux en l’entendant le citer.
Parce que
Parce que…
Parce qu’il ne réalise pas, la possibilité d’avoir un impact sur les autres. D’être quelqu’un pour les autres. Trop éloigné. Trop différent de lui, comme pensée.

Le bruissement de la robe de la dame de moire est soudainement interrompu par un craquement. Un pas sur une brindille ? Une branche qui tombe ?
Sa colonne vertébrale se tend, lui avec. Cervicales qui craquent avec la tête qui se tourne, à l’affut, en direction du bruit. Ouille, trop vite. Toujours trop vite, hein ?

Tension.
Puis, plus rien.
La forêt cesse de retenir son souffle.

Tout comme Kohane : première question. Plus incisive qu’il n’y paraît.

« T’as pas d’amis »
Aïe
Il préfère se faire griller le cœur que clouter.

Il ne peut ainsi retenir un léger rire étranglé, principalement un réflexe nerveux, suite à l’entente de sa question.

C’est…
Comment dire…

Une longue histoire…

Tricot des pattes d’araignées qu’il adopte en lieux et place de doigt. Regard à la Lune, comme s’il pouvait capter ses rayons et son énergie, afin de, peut-être avoir un peu de courage.
En tout cas, ne pas regarder Kohane.

« - Oui. C’était difficile, Poudlard, les quatre premières années. La cinquième aussi, jusqu’à la Coupe de duels. »

Parler vite, comme pour retirer une épine. Mais ça coince, ça coince. Alors, il faut forcer, prendre une plus grosse pince. Et ça presse, ça presse, ça presse… Et le sang finit par couler. Ou plutôt des larmes, qui ne demandent qu’à sortir, au fil des mots-fleuves à venir : « - J’arrivais de nulle part en première année. Fin fond de l’Allemagne, Schleswig-Holstein… Les gens ne savent même pas prononcer ce Länder, alors savoir où il se trouve… Je ne parlais pas bien anglais non plus. Et quand je le parlais, mon accent allemand était si fort… On ne comprenait rien ! La communication… Jamais facile ! Fausse pique humoristique étouffée sous un nouveau rire nerveux. Et puis… Et puis… J’étais… Enfin… Je ne comprenais rien aux autres. C’était la première fois que je me retrouvais dans un lieu avec que des enfants, de mon âge. Je ne savais interagir qu’avec les adultes, je ne savais pas quoi répondre quand on me parlait. On me trouvait bizarre. Ça et… »

Expiration nerveuse, entrecoupée.

« - Et… » Inspiration. « - J’étais en surpoids à l’époque. Ça rajoutait une différence. Et, les autres… On dit toujours que les enfants sont innocents, mais c’est faux. Ils sont cruels. Surtout entre eux. De vraies bêtes sauvages… »

Poings crispés sur les cuisses, loin du tricot. Sourcils froncés, obstinés, pour ne pas laisser les larmes couler. « - C’était… Pas facile, pas facile… On ne me répondait pas quand je parlais, j’arrivais pas à aller vers les autres, on se moquait de moi… Personne ne m’appelait par mon prénom, jamais. Toujours des sobriquets. C’est toujours le cas d’ailleurs. Inspiration un peu plus difficile, par la gorge. Ça presse. Ça presse. C’est quand même pas compliqué à retenir, Ass-clef-pi-u-sse ! Mieux que « cachalot », « perché », « bossu », en tout cas… »

Mordiller la lèvre inférieure, reprendre une goulée d’air. Du contrôle, de la maîtrise de soi. C’est près à déborder, si on demande autre chose. Si on parle sentiments, plutôt que faits. Se concentrer sur les faits, dévier…

« - Et puis… Je suis tombé malade. Très. Je suis parti de Poudlard avant la fin de la quatrième année. J’étais en hôpital, pendant trois, quatre mois peut-être. J’ai perdu beaucoup de poids là-bas. Faut dire, je régurgitais tout ce que j’ingérais… »

Léger sourire en coin, le voici qui se tourne enfin vers son alter-ego lunaire, esquissant un vague geste de la main en un grotesque imitation d’attitude détendu, qui disait « bah, ce n’est rien ! », avec la main qui descend vers le sol en un geste un peu efféminé.
Le sourire haut aux pommettes, qui fait fermer les yeux, pour éviter que ces derniers ne soient trop brillant : « - Aha, navré, c’est vraiment pas ragoûtant ce que je te raconte là ! »

Un soupire.
Une posture qui balaye d’un revers les mots passés, qui les pousse, les écrase, pour les laisser enfoui. Pour arrêter de creuser. Arrêter de vouloir retirer les clous qui percent le cœur, au risque d’une inondation de sentiments.

« - Mais, ça va, j’ai des amis maintenant. » Je suis moins misérable qu’avant. « - Comme quoi, il suffisait de faire un peu plus d’efforts ! » T’as vu ? Je m’en sors, je suis pas un moins que rien. « - Et… Toi. Du coup… Tes amis… Peter, le frère étoilé… Ils savent que tu tâtonne dans le noir ? Comme, tout à l’heure… ? »

Dériver, encore.
Préférer compatir plutôt que pâtir.
Préférer souffrir de la souffrance d’autrui, que de sa propre souffrance.
Distraire la douleur par une autre.
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Re: Avec les Sombrals
Kohane W. Underlinden, le  Dim 6 Aoû - 0:33


   
   

La respiration remplace, au début, les mots qu'on ne parvient pas à sortir.
Les cordes vocales ne vibrent pas ; l'on n'entend que le souffle.
Et les mots se débattent un peu sous la langue. Dans le cœur. Le parti du pour et le parti du contre.
Il se démène entre les deux. Oscille.
Il y a eu le rire étranglé.
Il y a maintenant le silence de l'hésitation.
Il ne me regarde pas. Je ne le regarde pas. Ce serait peut-être trop gênant de parler en regardant l'autre. Peur d'affronter le jugement. Peur de sentir la pression de la pupille, les éclairs ou les éclats de rire alors qu'on ne devrait pas rire.
Je peux comprendre. Qu'il préfère perdre son regard dans la lune. Pour essayer d'avoir un peu de courage.
Alors moi aussi, je vais me perdre dans son visage poupon.
Attendant. Que tombent les premiers mots.
Je pourrai attendre longtemps. Aussi longtemps qu'il le faudra.
Après tout, la nuit est lente. Lente à passer. A disparaître.
Alors, je peux attendre. Nous ne sommes pas pressés. La forêt ne nous a pas encore rejetés l'un l'autre ; je pense que nous pourrons y rester encore un moment.

Il doit avoir à dire.
Mais il ne sait pas comment. Comment.
Peut-être n'a-t-il jamais vraiment su comment.
Peut-être...
Il y a cette maladresse quand on parle trop personnel, il y a son côté gauche quand on se met à s'intéresser à lui.
Il doit avoir des choses à adresser au monde.
Mais ça coince quelque part.

You've got the words to change a nation
But you're biting your tongue
You've spent a life time stuck in silence
Afraid you'll say something wrong
If no one ever hears it how we gonna learn your song? (Read all about it)


Encore une respiration.
Un battement de cœur.
Et, enfin, il se lance.
Il y a les petites hésitations du début. Puis, peu à peu, les mots se déploient. Prennent de l'ampleur. Et se mettent à couler.
Comme les galets poussés par l'eau de la rivière, ils se bousculent un peu entre eux. Se cognent, se frôlent et, pourtant, continuent leur route. Inlassablement.
Ils suivent le mouvement du fleuve.
Rien ne pourrait les arrêter.
Ils se déversent.
Les phrases se forment.
J'ai l'impression que je ne l'ai jamais entendu parler autant
De lui.
Parce que le reste, il sait dire.
Dire tellement qu'on s'y perd.
Mais lui
C'est comme s'il savait plus dire.
Et là, il parle. Entre deux respirations difficiles, le cœur oppressé de souvenirs difficiles.

Je n'ose pas tourner la tête vers lui. Pour voir son profil dans le noir.
Je ne bouge pas.
Regardant toujours le visage au-dessus de nos têtes.
Je me perds dans son éclat laiteux alors que mes oreilles captent chacun de ses mots.
J'imagine.
Puis je n'imagine pas.
Je vois l'enfant à qui personne ne parle. Je vois l'enfant seul dans son coin. Trop différent, pas assez dans le moule de la société pour qu'on daigne s'intéresser à lui.
Je vois l'enfant.
Mais je n'arrive pas à voir Asclépius dans cet enfant.
Alors je n'imagine pas.
J'écoute seulement.



 

Venir de nulle part, débarquer dans un lieu inconnu.
Avec des gens inconnus. Des visages inconnus.
Ne pas savoir où se mettre. Avoir peur de faire un pas, seul.
Moi aussi, j'ai eu peur en arrivant à Poudlard.
Mais, contrairement à Asclépius, j'ai eu la chance de rencontrer Julie dès les premiers instants. Puis Luna. Mes premières amies aujourd'hui perdues de vue. Celles qui m'ont donné confiance en ce lieu trop grand. Celles qui ont accompagné mes premiers pas dans cet univers qui m'était étranger.
Est-ce vraiment dû à la chance ?
Je ne sais pas...
Il ne doit pas y avoir que de la chance.
Sinon, on s'en remettrait toujours à une force extérieure, indépendante de nous. Contre laquelle on ne pourrait rien faire. A laquelle on serait soumis.
Non.
Je refuse de penser ça.
On peut devenir acteurs de sa vie. Et les autres y participent tout autant.
Ce n'est pas qu'une question de chance ou de malchance. Ce serait trop facile de raisonner comme ça.

Je le sens remuer un peu à côté de moi et ses pupilles se braquer dans ma direction.
Alors je tourne aussi la tête.
Il a un léger sourire.
Un geste qui semble vouloir effacer les mots. C'est du passé. C'est pas grave.
Malgré tout, je ne parviens pas à lui rendre son sourire. Pas plus qu'à adopter l'air de ouais, t'as raison, c'est rien, faut plus y penser.
Je reste sans mouvement.
A le regarder.
Alors qu'il paraît vouloir tout balayer avant de reprendre.
Il a des amis, maintenant. Il n'est plus seul. Une histoire triste qui finit bien, alors ?
Peut-être.
Il n'empêche.
Il y a des choses qu'on n'efface pas.
Qu'on a du mal à réparer.
Ca laisse des marques. Traces de couture grossières dans cette peluche de vie.

Toujours immobile, les yeux perdus un peu au-delà de son épaule, je l'entends chercher à changer de sujet.
Avec sa question suivante.
Mais je n'arrive pas encore à y réfléchir.
Mes pensées ressassent encore ses mots.
Je les mâche lentement, les rumine un peu.
Comme il y a eu sa main sur la mienne tout à l'heure, en un réconfort muet, je finis par passer mes bras autour de ses épaules et l'étreindre doucement, légèrement.

-Un peu plus d'efforts, oui, mais de la part de qui ? La vie a été injuste avec toi.

Pause.
Réflexion.
Y'a un truc qui sonne faux dans cette phrase. Un truc qui sonne pas juste. Qui agresse un peu mes oreilles. Ca coince. C'est pas ça, qu'il faudrait dire. C'est pas comme ça. C'est...
C'est autrement.

-Non, je reprends alors, on peut pas parler comme ça. Invoquer la vie c'est retirer aux gens leurs responsabilités. En fait, c'est pas la vie qui a été injuste. Ce sont les gens. Et ça, c'est encore plus moche.

Doucement, je pose ma tête sur son épaule.
Et regarde la nuit s'agiter entre les arbres.
Le ciel obscur couvrir les cimes, demeurer à leur sommet.

-Les gosses, c'est comme les adultes. Ils n'ont juste pas les mêmes critères, les même façons de classer. Mais comme eux, quand ils voient quelque chose qui détonne dans leur monde trop terne, quelque chose de trop différent, ils rejettent.
C'est cruel, l'être humain.

La société laisse toujours sur le côté les poupées cassées ou qui fonctionnent différemment.
Elle les abandonne dans un coin.
Oubliées de tous.
Elle croit qu'ainsi, elle réglera tous ses soucis.
En vérité, elle ne règle rien du tout.
Elle ne fait qu'accumuler les problèmes. Et briser davantage des poupées qui ne demandent rien d'autre qu'un peu d'attention, qu'un peu d'amour.
Ces poupées-là, je les aime. Peut-être parce que je hais cette société trop terne, trop plate, trop étriquée, trop refermée sur elle-même. Alors, parce que je la hais, j'aime regarder ceux qui sont un peu en dehors. Un pied à l'intérieur, un pied à l'extérieur. Parfois volontairement. Parfois non. J'aime les regarder et je pourrais, s'ils le voulaient, leur tendre la main.
Moi-même, parfois, je suis un peu perdue.
Je me cherche.
Je cherche les autres.
Malgré cela, parfois, j'aimerais m'improviser guide ou phare pour eux. Juste le temps d'un battement de cils. Ephémère lueur qui, bientôt disparaîtra.
C'est rapide. Fugace.
Mais je ne veux pas m'attacher complètement aux autres comme je ne veux pas qu'ils s'agrippent à tout prix à moi.



 

Le silence est total, désormais.
S'il n'y avait pas nos silhouettes se découpant dans la nuit, on pourrait croire à l'absence totale de présence humaine.
Pourtant nous sommes bien là.
Sous la lune.
Nous sommes là et
A nouveau, le bruissement pas naturel des feuilles. Plus distinct que précédemment.
Je relève la tête, relâche mon étreinte, tous les sens aux aguets.
Le bruissement recommence.
On dirait que ça marche. Sur les feuilles.
Ce n'est pas tout près. Mais assez pour qu'on puisse le percevoir.
Je ne pense pas que ce soit humain. Parce que si humain il y avait, il aurait déjà fondu sur nous pour nous mettre en retenue.
Ou alors un autre élève en pleine escapade nocturne ?
Je me laisse glisser jusqu'au sol :

-J'vais voir ce que c'est.

Le cœur battant, je m'éloigne un peu.
N'ose pas allumer ma baguette, de peur de révéler ma présence ou ma position.
Je ne suis pas nyctalope mais je vais tout de même essayer de me repérer dans le nuit. Après tout, il y a la lune, comme grosse lanterne que je ne perdrai jamais.
Je ne vais pas très loin, à dire vrai.
J'ai beau être une Gryffonne un peu tête brûlée, il y a des limites.
Cette forêt regorge de trucs dont on n'a même pas idée.
Alors je peux m'attendre à tomber sur tout et n'importe quoi. J'ai pas très envie de me perdre là-dedans et devoir attendre une semaine avant qu'on retrouve mon cadavre en décomposition sous un tas de feuilles.
Bref, je m'éloigne quand même un peu, hein.
Je plisse les yeux.
Cherche à percevoir quelque chose de mouvant.
Mais, mise à part les branches agitées par une légère brise, je ne distingue rien.
Je reste encore quelques instants sans bouger, à regarder autour de moi. Les arbres, leurs feuilles, les buissons. Rien d'anormal. Apparemment.
Encore un peu. Souffle mis en sourdine.
J'écoute.
Rien.
Alors je finis par revenir, haussement d'épaules :

-On dirait que c'est encore une fausse alerte.


 

Sur le chemin du retour, tout en surveillant droite, gauche, droite que rien ne surgisse, j'ai quand même eu un peu le temps de réfléchir à sa question.
Alors je remonte sur l'arbre à moitié couché, retrouve une bonne position pour être à l'aise.
Oui.
Là.
C'est bon.

-Sinon, concernant ta question... en fait... je crois pas. On parle pas vraiment de ça. Déjà avec mon frère étoilé, on parle pas beaucoup.

On se regarde.
On se sourit.
Et ça suffit.
Ca nous suffit.
Pour voler. Pour rêver.

-Peter... c'est autre chose. Je crois qu'il me prenait pour une folle, la première fois qu'on s'est rencontrés.

Petit rire amusé à ce souvenir.
Le souvenir d'une nuit où je me suis perdue.
Où il était là. Le Peter. Avec un autre. Hanko.
Tout ça pour finir à boire des verres aux 3B.

-Enfin, il ne l'a jamais dit explicitement. Mais son regard parlait pour lui. J'suis pas folle, hein. Enfin... pas trop... je crois. Bref. Je me rends compte que finalement, Peter et moi, on connaît pas énormément de choses l'un sur l'autre. Je sais même pas de quoi on peut parler quand on se voit. Y'a beaucoup de choses que je ne dis pas aux gens. Je préfère les garder pour moi. Peut-être pour pas leur faire peur. Ou les inquiéter.
Y'a beaucoup de trucs que quasiment personne ne sait. Même ma famille. Surtout ma famille, d'ailleurs. J'ai pas envie de leur raconter tout ça. Les connaissant, ma mère va risquer l'arrêt cardiaque et faire en sorte que je sois virée de Poudlard pour revenir le plus vite possible à la maison.


Encore un rire étouffé.
Ma mère s'inquiète toujours pour rien.
Alors si je lui donnais de réelles raisons de s'inquiéter... Je ne sais pas ce qui m'arriverait.

-Il y a Rachel, par contre. Qui en sait plus que les autres. Parce que... parce qu'elle aussi, elle n'allait pas bien. Et que je l'ai soutenue comme elle m'a soutenue. Parce que j'aimais sa présence. Ca me rassurait. Elle ne connaît pas tous les détails. Il y a des épisodes qu'elle ne sait pas. Qu'elle ne saura peut-être jamais. Mais elle est une des seules à avoir été témoin de certaines de mes errances. A avoir su tant de choses là-dessus.

Inspiration.
L'air frais.
Qui entre.
Par où continuer ?
Jusqu'où aller ?
Asclépius a raconté une partie de son histoire.
Je peux bien en faire de même.
Après tout, c'est moi. Qui ai dit donnant-donnant.
Je peux peut-être continuer sur Rachel. Nos débuts. Ensemble.

-Rachel était présente elle aussi aux Trois Balais quand le masque rouge a débarqué en coup de vent.

Frissons tout le long de l'échine.
Souvenirs des flammes, de la peur, l'angoisse de ne jamais en ressortir.
Sensation encore très présente de la chope de bièraubeurre que je serrais contre moi, comme dernier doudou face aux Monstres.

-Evidemment, un tel événement, ça rapproche. Savoir qu'on avait vécu la même chose a fait qu'on s'est très fortement liées. Elle est devenue... ma meilleure amie. Ma sœur d'arme et de cœur. Toujours là pour moi comme j'étais toujours là pour elle. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle m'a envoyé un jour une fiole de philtre de paix. Parce qu'elle savait mes angoisses nocturnes, mes incapacités à dormir.

Une grimace qui déforme le visage.
Rappel de la lettre acerbe de la part de ce cher Underlinden à côté de moi.
Sans doute qu'il s'en souvient aussi. Ou... peut-être pas...
Je n'en parle pas, en tout cas.

-Jusque là, pendant longtemps, elle a su mes tâtonnements. On cherchait, à deux, notre voie. C'était rassurant. D'être avec elle. Mais maintenant... j'sais pas trop. Où on en est. L'impression qu'on s'éloigne chaque jour un peu plus. Et je n'arrive même pas à savoir pourquoi.

Soupir dans la nuit.
Je suis perdue, dans cette histoire.
Je ne parviens pas à savoir d'où, précisément, vient le sentiment qu'on se sépare inexorablement. Je ne suis même pas sûre que ce soit le mort qu'elle a laissé derrière nous pour nous sauver.
Cet homme qu'elle a tué.
Alors que c'était à moi de le faire.
C'était à moi que l'Ombre avait ordonné vous ou lui.
Et c'est elle qui a brisé son âme sur le roc de la Mort.
Mais, en vérité, je ne suis même pas sûre que ce soit ça, qui nous sépare. Non. Au contraire. On devrait... on aurait dû se serrer les coudes après.
C'est autre chose.
Les expériences différentes qui nous ont forgées l'une l'autre. Nos façons si peu similaires d'agir et de considérer le monde.
En fait, c'est plutôt

-Je crois qu'on n'a plus les mêmes rêves. Ca doit être aussi simple que ça. On ne poursuit plus les mêmes papillons. Alors, elle part d'un côté, moi de l'autre. Elle ne saura plus grand-chose de mes errances.



 

Je m'arrête là.
Un haussement d'épaules.
Air fataliste : c'est la vie, que veux-tu !
On se rencontre, on se lie, on s'adore, on se sépare.
C'est la vie.
Même si c'est dur à accepter.
Je ne l'ai pas encore accepté, d'ailleurs
.

Je tends l'oreille.
A l'écoute d'éventuels nouveaux bruits.
Mais je crois que la forêt s'est calmée. Presque tue.
Je n'entends plus que nos souffles. Mon cœur. Mes pensées qui tourbillonnent.
A la recherche du prochain point à aborder.
Voyons-voir. Nous avons parlé de ses amis. On pourrait parler de sa famille qui ne m'a pas l'air d'être la plus sympathique des familles si j'en crois les impressions qui me sont restées de ma première rencontre avec le jeune Underlinden. Cette constatation, cette conclusion si simple qui m'est venue : il n'a pas l'air heureux de son passé.
Ouais. On pourrait commencer à mettre un pied sur ce terrain trop glissant. Je sens qu'on va s'y casser les dents mais bon.
Ou alors...
Oh, voilà un autre sujet tout aussi intéressant. Et sur lequel je ne connais rien pour le coup. Absolument rien. Jamais un mot, jamais une réflexion, une allusion... vide total.
Je balance mes jambes, posée sur l'instant d'hésitation.
Voir les deux chemin s'offrir à moi. Une question pour chacun. La question prononcée arrêtera le choix sur l'une ou l'autre voie à emprunter. Mais, vers où aller ?

Two roads diverged in a wood, and I—
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference. (The road not taken – R.Frost)


Parfait. Prenons donc le chemin le moins emprunté.
La voie la moins questionnée.
Le sujet le moins abordé.

-Hum... tu t'es fait des amis, donc, je commence en cherchant mes mots. Ca, c'est cool. Mais... euh... et après ça. Tu as aussi...

Trouvé l'âme soeur de ta vie ?
Même si j'ai tellement du mal à t'imaginer avec cette âme soeur.
Et aussi imaginer cette âme soeur, tout simplement.
Mais j'me trompe peut-être. Sans doute. Enfin... tu me diras...


-Tu t'es aussi attaché à quelqu'un en particulier ?

Roh, pourquoi je cherche mes mots, moi ?
Pourquoi je sais pas comment poser cette question ?
Sans doute parce que je trouve ça tellement irréaliste de la lui poser...
Mais j'aime bien entendre les gens. Parler d'eux. Et de leurs petites histoires. Ca crée un monde.

-Ouais, bref, t'as trouvé quelqu'un qui fasse battre ton p'tit coeur ? Ou même qui l'a brisé, qui sait. C'est intéressant, ça aussi.

Non, je ne ris pas du malheur des autres.
Je les réconforte, la plupart du temps.
Non, je demande pas ça pour me moquer.
J'veux simplement écouter.
Non, je pose pas la question parce que je serais intéressée par une éventuelle place libre.
Je suis juste intéressée par la question en elle-même.
Les p'tits ragots, les p'tits potins...
Quand on sait plus quoi faire, on écoute ça ! Et on se documente pour en savoir davantage.

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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Lun 28 Aoû - 16:12


De nouveau un mouvement involontaire, trahissant sa gêne, son malaise, contrastant avec l’attitude qu’il voudrait avoir détendu. C’est léger, presque subtil : quelques mouvements corporels pour se déplacer légèrement, le pied qui se met à bouger, les doigts qui se balancent un peu.
Parce qu’un face, le regard lui est renvoyé.
Rien de plus, juste le regard.

Un regard intangible, comme il est habitué. Imperméable, comme les plumes d’un canard, sur lesquelles glissent des gouttes de pluie. Un regard lointain, qu’on interprète comme étant désintéressé. Un regard que lui-même adopte très fréquemment, car il ne voit jamais l’intérêt, de le centrer sur quelque chose de précis. De s’arrêter, de cesser le mouvement de la fuite en avant. D’arrêter le parabolique… Il ne faisait du précis que pour les potions. Après… Tout le reste… Particulièrement les interactions avec autrui, ça allait bien au-delà de ses compétences.
Et contre l’ennui, la monotonie, la lobotomie : l’apathie visuelle.

Et c’était peut-être cette façon qu’avait Kohane de voir, de percevoir les rayons de Lune, de dialoguer, elle aussi, avec les puits de lumière étoilée, qui réveillait en lui ce doux sentiment de familiarité.

Et c’est sûrement pour cela, qu’il accueillit l’étreinte.
Comme un assoiffé aurait accueilli un verre d’eau.
Il se laissa porter, presque bercer, avec cette sensation que, d’un seul coup, il pouvait respirer. Un peu mieux. Un peu plus. C’était pas grand-chose. C’était si peu. En fait, il ne s’en rendait pas bien compte mais…
Elle était là.
Elle était là, pour lui, elle écoutait, comprenait.
Comme lui, avait dit qu’il serait là pour elle, quand il lui avait tendu la main dans le noir.

Il aimait sa solitude, mais il était désespéré de l’amour des autres. De leur attention, de leur tendresse, de leur compréhension, de leur acceptation.
C’est pour cela, qu’il l’étreignit à son tour, quand elle vint poser sa tête sur son épaule.
Il ne s’en rendit pas compte immédiatement, mais ses pupilles s’étaient grandement humidifiées : au prochain clignement, quelques gouttes tomberont.
Et pourtant, ce n’était pas de la tristesse. Il avait déjà suffisamment pleuré de son malheur, de ses terreurs, de ses erreurs.
Non.
C’était de l’apaisement.

Et c’était si doux, si doux sur son cœur, que cette simple caresse le brutalisait. Cette caresse des mots, des émotions transmises…
De se rendre compte qu’au-delà de leur animosité puérile, il y avait un lien mutuel. Des sensations de partagées. Une compréhension dans le vécu.
Et c’était si important, tellement important pour lui de savoir qu’il n’était plus tout seul… Qu’il ne l’était pas. Comme lorsqu’il répétait cette phrase, en serrant la main d’Azaël, ou qu’il partait faire de l’aqua sombral avec son petit frère.
C’était ce genre d’absolu, dont il avait besoin.

Il ne rompit pas l’étreinte, en profita tant qu’elle dura, sans pour autant faire un geste qui aurait impliqué un prolongement. Timidité ? Pudeur ? Maladresse ? Un peu de tout ça, tandis que le parfum de Kohane lui faisait verser quelques larmes.
C’était doux.
C’était tendre, sous le sourire de Pierrot.

Puis, presque aux aguets, quasi aussi subitement qu’elle était venue, l’étreinte partie.
Il ne chercha pas à la retenir.
C’était déjà bien, c’était déjà beaucoup. Et son animosité envers le contact humain n’aurait pas supporté davantage.

Il doutait que la Gryffondor ait pu entrapercevoir ses larmes, mais dans le doute, les essuya tout de même. Non pas qu’il ait honte de pleurer en public ou de dévoiler ses faiblesses, cœur-monde ouvert sur la poitrine qu’il était, mais il préférait tout de même le confort d’une acuité visuelle. Ne pas être entravé dans ses actions par un surplus d’émotions. Souvent contradictoires d’ailleurs. Elle l’agaçait, il l’appréciait. C’était son amie et une camarade insupportable. C’était Kohane, partie à la recherche de l’étrange bruit nocturne.

Rétrospectivement, assit sur ce tronc d’arbre, il se dit qu’il aurait mieux valu qu’il l’en empêche. Parce que ce bruit, là… Il lui semblait le reconnaître. Et ça ne lui plaisait pas vraiment. Ça lui injectait une seringue d’une peur froide et familière. Une peur d’enfant jamais surpassée.

Il faudrait qu’il le lui dise…
Mais…
Déjà, la voici qui change le sujet, comme lui l’avait fait auparavant. Même si le contexte actuel lui accordait plus de légitimité.

Un sourire doux, presque encourageant. Veiller par l’attitude corporelle à ne pas oppresser l’autre dans sa confession. Sourire, aussi, à l’entente des noms familiers. Peter, Rachel… Le frère étoilé, il ne le connaissait pas. Mais les autres, ça faisait partie de son décor estudiantin. De tout ça qui faisait qu’on se construisait son chemin, sa vie, son histoire, petit à petit.
Mais, ce n’était pas finit.
C’était un résumé : en grattant plus, il y aurait tant et tant à dire.
C’était presque perceptible : comme s’il avait mis sa main sur une excroissance balbutiante.
A chacun ses cancers.

Et lui, écoute les battements. C’est un peu noué. C’est vaguement dégrossi. Ça donne l’impression que c’est la première fois, qu’elle en parle réellement. Qu’il y a l’historique d’une amitié : de ses débuts à ce détachement.
Et malgré son manque évident d’empathie pour le genre humain, son cœur se serre légèrement. Perdre un ami, c’est la chose la plus terrible qui pourrait lui arriver. Comment ferait-il sans ses amis ? Sans personne pour lui dire qu’il n’était pas qu’un idiot perché, mais qu’on l’appréciait. Qu’on serait là pour lui.
Alors, il comprenait Kohane. Cette tristesse de la séparation alors qu’il y avait, apparemment, un lien qui n’aurait pas dû être brisé.

Mais…
C’est la vie.

C’était cruel.



« - Je ne pense pas, que tu sois folle. »

Un instant, le regard dans la mousse, et l’autre, à observer sa camarade : « - Tu es différente. »

C’était un constat sans animosité.
Plutôt, un constat dans la familiarité.

Il ne savait quoi dire, pour la rassurer. Les mots n’étaient pas synchronisés, avec son esprit.
Mais, doucement, il venait à penser que Kohane était vraiment quelqu’un de fort.
Face à l’attaque, Rachel, l’opinion des autres… Il ne connaissait pas toute son histoire, avait même parfois l’impression d’être un intrus, lui, le petit Serpentard qui n’avait cessé de jouer de sa rhétorique acerbe contre elle.
Et pourtant…
C’était vraiment quelqu’un de fort.

Et puis, il la sent hésitante.
Une page se tourne : il fallait savoir continuer à avancer. Comme il l’avait fait en se faisant des amis. Comme elle le faisait, avec le deuil de son amitié.

Les quelques phrases qui suivirent lui décrochèrent d’abord un léger sourire, avant que ce dernier se ne se mue en un rire amusé. Pas incisif, juste, naïvement amusé.

« - C’est marrant, Peter m’a posé quasiment la même question, il y a quelques temps. »

Un grand sourire aux lèvres, il semble prêt à reprendre sur un ton plus léger.
Pour effacer, tout ça, les malheurs, les tourments, les apitoiements : « - Je lui ai répondu que je n’aimais que les potions. C’est ma passion. Et voir que lui, ce sont les filles qui font battre son cœur… Je n’ai jamais vraiment compris. »

Léger silence, descente du sourire.

« - En fait, je n’ai jamais vraiment compris ça. » ça : l’amour. Mais l’avouer à voix haute… « - C’est beaucoup trop éloigné de moi. Même si… »

Même si…

« - Même si… J’ai rencontré quelqu’un. Qui m’a accepté, comme j’étais. Qui m’a compris, qui a partagé son histoire avec moi. Qui m’a dit de vivre, que c’était possible. Qui ne m’a pas jugé, qui m’a témoigné de la tendresse. Qui voyait en moi un potentiel… Que je pouvais aimer... »

39.
Sa plus grande affection.

Songer à ce qu’il lui avait promis. A sa façon de se rendre digne de sa considération. A aller vers les autres, pour partager cette idéologie nouvelle, aider les feuilles mortes tombées de l’arbre…

« - Quand j’y pense… J’ai peut-être le béguin, pour lui, le caméléon. Un peu. »

C’était balbutiant.

« - Je ne sais pas, en fait… Tant que je peux le voir, être à ses côtés, ça me suffit. Il m'a promis une famille. »

Un léger sourire, en conclusion.

De nouveau, cette impression de terreur familière. Le vent qui craque ? Des centaures en balade ? Mais le bruit retentit de nouveau, en parallèle avec ce sourire conclusif. Comme pour mettre un terme aux interrogations de sa camarade. Parce que, de toute façon, il n’aurait pas répondu davantage.
Ce coup-ci, ce fut son tour de quitter le tronc, et d’aller voir. Faire quelques pas hésitants dans la végétation, et sentir un poing glacé lui tenir les entrailles.
Pourtant…
Pourtant : rien, personne. Pas même un écureuil ou une autre bestiole.
Ce qui ne faisait que confirmer cette peur d’enfant.

Hésitant, il revint, avant de se poser sur le tronc, et de murmurer dans un souffler : « - Je crois que le Erlkönig est là, qu’il veille… »

Ils feraient mieux de ne pas s’attarder.
Mais…
Mais ce n’était que leur imagination, pas vrai ?

Encore un peu fébrile, il finit néanmoins par relancer leur petit jeu des confessions, poursuivant sur la lancée de sa camarade.
Parce que, pourquoi pas ?
Et puis, il paraîtrait qu’on ne badine pas avec l’amour. C’était un sujet sérieux. Et ils étaient, ce soir, tous deux très sérieux sur leurs sentiments.

« - Et toi ? Tu as quelqu’un à aimer pour empêcher que ton cœur ne devienne velu ? »

Pius et la subtilité.
Une histoire d’amour.
Kohane W. Underlinden
Kohane W. Underlinden
Gryffondor
Gryffondor
Année à Poudlard : Diplômé(e)

Matière optionnelle : Étude des moldus

Spécialité(s) : Permis de Transplanage
Occlumens


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Re: Avec les Sombrals
Kohane W. Underlinden, le  Jeu 7 Sep - 19:33


   
   LA de Pius

Dans l'atmosphère fraîche d'une forêt plongée dans le sommeil, le partage d'une étreinte.
Et les mots qui volent.
Confessions intimes.
Poser une parole sur ce qui n'a jamais été dit. Ce qui a toujours été intériorisé, conservé précieusement pour usage personnel.
Ce soir, accepter d'en donner un peu. Pas tout. Ce serait trop long, faire don de l'entièreté de l'histoire. Puis, il faut aussi savoir conserver des parts d'ombre, un espace de jardin secret.
Ne pas tout lancer à l'autre, comme ça. Savoir conserver les non-dits. Qui seront peut-être dits un jour. Mais qui ont encore besoin de macérer. Avant d'être donnés au public.
Les confessions s'envolent comme de petits papillons. Je les laisse partir. Aux autres de les attraper s'ils le désirent.
Et je sens qu'à côté de moi, Asclépius les regarde tous, les uns après les autres, attentif aux mots et aux histoires.
Puis,
une phrase. Rassurante.

Je ne pense pas, que tu sois folle.

Je ne sais pas pourquoi. Elle me rassure autant.
Je croyais que ces jugements de valeur ne m'atteignaient pas. Qu'on me prenne pour une folle ou pas, je croyais que je n'en avais rien à faire. Je laisse parler les autres s'ils y tiennent tant. Je laisse couler le regard sans jamais me sentir visée.
Et pourtant, là, à cet instant précis, au moment où j'entends ses mots, il y a comme un noeud que je n'avais jamais remarqué qui se défait dans mon estomac.
Peut-être, finalement, n'étais-je pas si insensible au regard des autres ? C'était seulement un sentiment enfoui, balayé, pour essayer de prendre de la distance, de la hauteur, et avancer.
C'est étrange.
De prendre conscience d'un noeud qu'on n'avait jamais remarqué auparavant.
Et qui, pourtant, était là.

Tu es différente

Le regard posé dans le noir.
Son attention reportée sur moi.
Mon œil se perd dans les méandres du soir et des pensées. Sous la lune-mère réconfortante.
Merci.
Un léger sourire de reconnaissance aux lèvres.
Rassurée de sentir comme une impression de familiarité. A certains moments, on marche peut-être sur les mêmes plate-bandes. Un peu ici, en dedans, un peu là-bas, en dehors, toujours en mouvement, jamais statique, voguer aussi loin que l'on peut, de ses propres ailes, ce vent de liberté entremêlé dans les cheveux. Peut-être que dans le fond, on se ressemble plus qu'on ne le croit. C'est pour ça. Qu'il sait que je ne suis pas folle.
Ce sont les autres qui utilisent cet adjectif. Pour qualifier ce qu'ils ne comprennent pas. Et qui peut possiblement les effrayer. Dévaloriser l'inconnu. Pour se protéger.
Mais lui, Asclépius, ne doit pas faire partie de ces autres-là.
Lui aussi un peu en marge, un peu au bord, différent.
L'enfant étrange qu'on évite.
Mais qui, malgré tout, a su garder le cap. Malgré ses séjours en hôpital, malgré les mauvais souvenirs des années précédents. Il a eu le courage de revenir. Et le vent a tourné.
C'est toujours comme ça.
Comme s'il fallait souffrir, en baver pour arriver à un rayon ensoleillé.
Comme si une parcelle de bonheur ne pouvait si mériter sans douleurs endurées.
Il est vrai qu'on a souvent plus d'admiration pour les gens qui ont trimé et arrivent désormais à trouver de quoi leur arracher un sourire sincère. On se sent proche d'eux, compatissant, attendri.
Mais pourquoi, par Merlin, faudrait-il avoir le sentiment de ne pas mériter un rire qui monte en nous si nous n'avons pas versé de larmes avant ?



L'air pincé, je décide de chasser ces questions à grands coups de pied.
Pour revenir à l'instant présent.
Puis la question.
Et le rire amusé d'à côté. C'est un sujet rigolo ? Oh, très bien ! On va s'amuser, alors ! Ca va changer un peu du début de cette soirée. Des sanglots et des souvenirs qu'on aimerait effacer.
Asclépius commence en disant que Peter lui a posé quasiment la même question, il y a peu. On doit être en communication à distance inconsciente, alors. Ou tout simplement parce que quand on voit le jeune Underlinden, c'est, outre le sujet de la famille, la première question qu'on a envie de lui poser.
Y'a des gens, comme ça. Qui intriguent. Parce qu'on ne sait pas trop quoi en penser.
Différents
Et je n'essaie pas de les caser ici ou là pour les rendre plus proches du monde soit-disant normal ; je veux juste connaître cette différence, poser des mots dessus, l'entendre.

Un léger sourire aux lèvres, je l'écoute.
Un rire étouffé lorsqu'il parle de Peter. Et des filles. A chacun sa passion. L'un apprécie tout particulièrement de courser la gente féminine, l'autre aime se perdre au milieu de ses fioles de potions.
Ce sont des passions qui se valent tant qu'elles nous donnent le sentiment de vivre et d'exister. La mienne serait sans doute les étoiles. Cette famille souriante. Qui promet aucune traîtrise, aucun tracas du quotidien et se contente de donner un peu de lueur et d'amour quand on en a besoin. Cette famille qui me fait me sentir si bien, dès que je les regarde. Cette famille qui m'a permis de trouver -ou retrouver- mon frère astral, pièce manquante d'un très vaste puzzle de vie.
Je peux comprendre qu'Asclépius ne saisisse pas ce qui anime Peter.
On en arrive souvent à se demander comment, par Merlin, untel peut aimer telle chose à ce point. Parfois, le goût des autres nous est tellement étranger qu'il nous dépasse.
Puis

en fait, il dit n'avoir jamais vraiment compris.
Ca. Comme un sentiment lointain qui ne le toucherait pas.
Tu sais, on le comprend rarement. Ca tombe, un jour. On sait pas pourquoi. Mais c'est ça.
Le voilà soudain qui parle de quelqu'un qui...
Ca a l'air un peu confus, tout ça.
Lui-même ne semble pas vraiment savoir ce qu'il en est de tout ça. Peut-être un béguin. Ou  juste une présence qu'on aime avoir à ses côtés. Un sentiment qui, finalement, va bien au-delà du simple béguin. Une attirance qui n'a rien de banal. Et c'est pour ça qu'elle est belle.
Il a un léger sourire. Qui brille dans le noir.
Le ton est plus détendu, moins dramatique qu'avant.
Une tranquillité toute nouvelle qui se met à planer.

Bientôt brisée par une sorte de brise peu naturelle. Encore les froissements nocturnes au loin. Les bruits dont on ne repère pas l'auteur. En tout cas, je n'ai rien vu quand j'y suis allée.
Asclépius prend le relais et s'éloigne. Alors que, sans vraiment le regarder partir, je tends l'oreille. A la recherche d'un son qui se rapprocherait d'ici.
Mais je ne capte pas grand-chose.
Et bientôt, mon compagnon d'escapade revient. Il a l'air moyennement rassuré. Alors qu'il reprend place sur le tronc, il me murmure un truc au sujet du Erlkönig. Je le regarde avec des yeux ronds.

-Le Erlkönig ? Celui de la légende ?

Ce nom me rappelle vaguement un folklore dont j'ai pu entendre parler.
Des sonorités qui ne me sont pas étrangères.
Un peu de peur, surtout en voyant le visage d'Asclépius. Lui, il paraît carrément totalement inquiet. Y'a peut-être une raison...
Ou pas...
Ce n'est peut-être que le vent. Rien de plus. Juste le vent qui craque et grince. On se raconte des histoires...
Et si
pas tant que ça, finalement ?
Je ne sais plus trop quoi penser. Je ne suis pas trouillarde, loin de là, sinon je pense que je n'aurais jamais porté les fières couleurs rouge et or. Cependant, là, le Erlkönig, c'est autre chose. S'agit plus de savoir si on est de nature lâche ou tête brûlée. Parce que ça nous dépasse. Et face à ce qui dépasse, on est tous morts de peur.
A côté de moi, je sens Asclépius lui aussi un peu fébrile. Pourtant, il ne propose pas de rentrer. Ne propose pas de nous éloigner d'ici. Et relance même la machine des confessions. Me renvoyant la balle. Forcément. J'aurais pu m'y attendre. Mais je ne m'y suis pas préparée.



Contrairement à lui tout à l'heure, ce n'est pas un rire léger et amusé qui suit sa question.
Plutôt un silence perdu.
Arrière-goût amer des souvenirs.
Personne ne m'a jamais vraiment posé cette question. De ce fait, je ne suis pas habituée à poser des mots sur tout ça.
Pourtant, il y en aurait, à poser.
Il y aurait des choses à conter.
Les choses que je n'ai jamais vraiment dites. Ni à mes proches. Ni à ma famille...
Ma famille...
Si je leur avais raconté Leo, est-ce que ça les aurait touché ?
Sans doute, oui.
Est-ce que ça aurait changé leur abominable chantage ?
Je ne crois pas.

Finalement, c'est tout aussi bien qu'ils n'en aient jamais rien su.

-Il y a mes amis, pour m'apprendre à continuer de faire battre mon cœur, j'avance prudemment.

Je me tais.
Oui, je suis en train de contourner la question, là.
Je pourrais continuer sur cette voie. La plus simple. Véridique, aussi. Parce que je les aime, mes amis. Ils comblent une part de ma vie. De manière différente suivant chacun.
Mais je pourrais aussi vraiment répondre à la question.
Comme ce qu'a fait Asclépius.

-Mais... il y a aussi eu...

Leo.
Le nom ne sort pas.
Je me retrouve face à deux choix.
Le nommer. Et ne pas tout raconter.
Garder l'anonymat. Et dire. Jusqu'au point final.
Inspiration.
Bouffée d'air frais.

-...lui, j'ai l'impression que c'était y'a très longtemps, je sais plus trop, le temps, c'est bizarre, hein, comment il peut filer. Il était drôle, il avait un joli sourire et aussi un regard pétillant. On avait une certaine complicité et une expédition en forêt hantée pour nous rapprocher. Un an après, il n'était plus vraiment le même mais... c'est pas grave. Je l'aimais.

Je passe les détails compliqués.
L'histoire du je suis gay et en fait je ne le suis, mensonge sorti alors que je ne savais plus quoi te répondre.
Je passe une partie du chemin chaotique, cette année qui a suivi l'expédition en forêt.

-Y'avait de belles couleurs, à cette époque. Tu vois, des bulles de vie qui respiraient le bonheur. Je croyais qu'on allait pouvoir être heureux ensemble. D'ailleurs, je crois que j'ai été heureuse. Il m'a donné un peu d'espoir. J'ai cru qu'on saurait combattre nos démons ensemble. Et en fait...

Je me mords la lèvre.
J'ai comme l'odeur du sang qui revient.
Alors que je ne suis même pas sûre de l'avoir sentie, cette odeur.
Je ne suis plus sûre de rien.
Tout me paraît si irréel. Perdu, enfoui dans une mémoire défaillante.
Encore une inspiration. Pour un peu de courage.

-Y'avait de la neige, ce soir-là. C'était beau. Mais sur la neige, y'avait du sang. Et y'avait une femme, par terre -c'était son sang. Et y'avait lui, baguette en main. Perdu et glaçant. Je... me suis enfuie. Je n'ai pas essayé de sauver la femme.

Frisson.
Glacé.
Dans le dos.

-Je l'ai sauvé, lui. Lui ai permis de partir, courir loin de la scène du crime. Je n'ai jamais parlé. Je me suis contentée de fuir tout ça. Et toujours ressasser.

Ce que je ne dis pas, c'est que la femme continue de me hanter.
Ca fait si longtemps.
Mais elle est toujours là.
Et le pire, dans tout ça. C'est que j'ai croisé sa fille.
Je savais pas, qu'elle avait une fille. Qu'il y avait une orpheline. Et que j'étais complice de son statut d'orpheline. Complice de celui qui lui avait ravi sa mère. Témoin muet. Qui restera muet. A jamais.
D'un rapide revers de manche un peu rageur, j'essuie les quelques larmes qui commencent à perler.
J'ai déjà trop pleurer ce soir.
Je prends un temps, pour que me cœur se calme un peu.

-Après ça, c'était étrange. Comme si... j'pouvais plus vraiment aimer. Pas comme ça, en tout cas.

Parce que je peux aimer d'une toute autre façon.
Comme j'aime mon frère étoilé.
Mais d'un amour qui n'a rien de terrestre, rien de charnel, rien de banal humanité. Un amour astral, tout particulier. Et qui le rend si important à mes yeux.

-Puis en fait, tout ça, ça n'a plus vraiment d'importance.



La phrase qui m'a échappé.
Suivie d'un rire aigre.
La phrase de trop, peut-être.
Du coin de l'oeil, je regarde à côté. Je regarde Asclépius. C'est comme s'il attendait. Une suite. Ou peut-être que je me fais des idées. Toujours est-il que je sens comme une légère pression qui pousse à dérouler ce qui reste du fil.

-On peut parler de ses sentiments et de ses amours quand on est sûr que tout ça nous appartient encore. Alors que, j'sais pas trop pourquoi, comme ça, du jour au lendemain, ma famille a décrété qu'en fait, non, ça ne m'appartenait pas.

Je tourne brusquement la tête vers mon voisin de tronc d'arbre.
-oui, y'a les voisins de banc d'école et les voisins de tronc d'arbre.

-Et c'est pas une blague. Mes grands-parents se sont levés un matin en se disant que maintenant, il serait temps qu'ils reprennent tout ça en main et se sont mis dans la tête qu'il fallait que je me marie -comme si j'en avais envie- mais pas avec n'importe qui, hein, avec quelqu'un qui leur conviendrait autrement dit soit quelqu'un de riche, soit quelqu'un issu d'une famille noble, un truc comme ça... Ou les deux à la fois, ça marche aussi.

Je commence à me dandiner un peu sur mon siège.
La colère qui a chassé les larmes.
Le Leo oublié très loin.
Et l'amertume de l'amour perdu remplacée par l'aigreur de la trahison.

-Leur ambition les dévore plus que je le croyais. Et moi, j'crois que je suis pas encore assez forte pour y faire face et m'y opposer...

Soudain, un craquement beaucoup plus proche et beaucoup plus distinct me fait littéralement sursauter.
En un dixième de seconde, les grands-parents s'évaporent et un seul mot se met à résonner en moi Erlkönig.
Et s'il avait raison ?
Et si ce n'était pas que notre imagination ?
Et si...
Le bruit se rapproche et je crois subitement distinguer comme une ombre.
Un sursaut, le poil qui se hérisse et je finis par m'agripper au bras d'Asclépius.

Sueurs froides.
On fait quoi, si vraiment... ?



Et l'ombre sort des fourrées.



Oh.
Je crois que c'est...

-Eh mais c'est un Sombral, non ?

Je n'en avais jamais vraiment vu. Avant ce soir.
Faut dire, je ne peux les voir que depuis la femme morte dans la neige. Tiens, étrange, j'en parlais justement tout à l'heure...
Mais je suis sûre que c'en est un. D'après les descriptions que j'ai pu lire, entendre...
C'est un instant presque magique.
D'en voir enfin un.
Je reste immobile, les mains toujours agrippées au bras d'Asclépius. Un drôle de sourire dessiné sur mes lèvres. Et je contemple la bête tranquille passer au milieu des arbres.
C'était donc toi, petit coco, les bruits répétés depuis tout à l'heure ?
C'était toi, le Erlkönig de la forêt interdite ?
Ca me rassure.
C'est moins effrayant.
J'ai plus de raison d'avoir peur.
Du coup, je crois que je peux lâcher le bras que j'ai empoigné avec la force de frayeur.
Je finis donc par retirer mes ongles plantés dans la manche de la robe de chambre avec un petit rire de soulagement.
Ce n'était finalement rien.
Un regard pour Asclépius. Qui semble, lui aussi, voir le Sombral.
Je savais pas qu'il le pouvait.
Du coup, cela soulève soudain une nouvelle question que je m'empresse de poser :

-Depuis quand tu peux les voir ?

Quand as-tu croisé le chemin de la Mort ?
Quel effet ça fait, de la voir ?
De sentir son souffle glacé dans la nuque ?
Et de la voir se pencher sur un.e autre. Aspirer sa vie. Tout en te laissant la tienne.

Moi.
Ca me pétrifie.

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Re: Avec les Sombrals
Invité, le  Ven 15 Sep - 18:30


Une certaine pesanteur d’agrume dans l’air. Quelque chose d’un peu acide, qui reste sur la langue, le palais. Qui s’entente à se coincer entre les dents en filaments jaunes, qui finissent par noircirent, pour, enfin, s’enfoncer dans la gorge et étouffer de l’intérieur.
Sa vision des paroles, de la vie, de Tout : des petits filaments, des couleurs, des sons, des mots… Tout cela en pièces rapprochées, ou écorchées. Le sujet a repris un ton plus grave. Plus sérieux. Loin de l’aigu joyeux de son rire étouffé. Etouffé, lui aussi, car il reste la plupart du temps dans une indifférence de terre de cimetière. De la glaise qui viendrait, avec de la pluie par-dessus, histoire de consolider et de bien enfouir le tout. Cette grosse boule, qu’on a parfois si envie de vomir…

Kohane l’a aussi, cette grosse boule.
Il en voit, quand elle ouvre la bouche, entre les deux, un aperçu. Pas tout, parce qu’elle ne veut pas tout dire. Mais ça reste un peu perceptible. Un peu intangible. Sûrement douloureux.
C’est pour cela, qu’elle est différente, pas folle.
Peut-être pas différente comme lui, mais… Pas besoin d’être semblable pour être ami. Juste se rendre compte que tous deux, n’étaient pas de l’huile et de l’eau. Mais plutôt deux matières solubles, sans trop savoir lesquels.

Cette boule, entourée de bile. Des regrets.
Il déglutit, comme si il voulait enfoncer la boule plus profondément, à son tour. La remettre à sa place, au creux de ses tripes. Faire en sorte qu’elle ne remonte pas.

L’histoire d’un amour. De l’idée de l’amour, qui semble perdu. Idée, également, teintée d’une indifférence… Protectrice. Un peu de semblable. Cette apathie qui permettait de dire « c’est pas grave, la vie continue ». C’était vrai. Rien n’arrêtait le courant de la vie. On pourrait bien mourir nous-même, que ça ne toucherait pas les autres. C’est ça, exister. Avoir conscience de ce qu’on est.

Il hésite… A quoi ? Il ne sait pas. Peut-être la prendre dans ses bras ou, pleurer, lui-même… Ou encore, aller trouver cette personne, le secouer, le gifler, lui dire d’assumer ses responsabilités… Ou même étrangler Kohane, la griffer pour qu’elle ne reste pas passive dans cette situation pour… Agir ! Mais agir comment, quoi donc ?
Pour ça qu’il ne fait rien. Mis à part un regard, plus qu’un sourire. Un regard de compréhension, peut-être un peu plus lointain. Car il ne comprend pas ses regrets. Il comprend l’impuissance de l’inaction. Cette mollesse humaine qu’il souhaite secouer. Mais… ça avait l’air d’être y a longtemps, non ? Ça s’oublie ça, tout s’oublie…

C’était probablement la boule, là, qui lui étrangle la gorge, qui l’empêchait d’oublier. Qui sécrétait des regrets acides. Pincer les lèvres. Compatir, peut-être. Quand l’aigre remplace l’acide et l’amer.

Lui, reste sur sa faim.
Les histoires d’amour, c’est censé réchauffer le cœur. Donner conscience qu’on peut vivre, par soi-même, pour soi-même, avec autrui. Que quelqu’un, là, dans l’univers, en a quelque chose à faire de notre personne. Que ça lui importe même plus que tout au monde. Et, soi-même, on a les mêmes considérations envers cette personne…
Alors, l’amour ne devrait pas être aussi acide-amer.
C’était injuste.

Tout comme la situation qu’elle lui décrivit ensuite. Tiens, ça, c’était étrangement familier. Mais, étrange qu’elle ne s’en soit pas douté. Ça arrivait, ces choses-là. Et puis, si elle n’était plus amoureuse du meurtrier, peu importait celui avec qui elle devrait arranger un mariage, pas vrai ?
Acidité.
Cette situation, c’était un vague prisme mit en lumière de quelque chose de plus complexe, de plus exigeant, de plus insidieux de plus… Familial.

Tremblement d’une feuille dans l’air du soir.

Et cette familiarité intrusive, qui lui percute le cœur. Comme un marteau sur un gong. Ça résonne, le cri intérieur. Celui de la révolte. Celui de la liberté. Celui qui questionne sans cesse, s’interroge, contredit… Pourquoi devrais-je me laisser faire, ne puis-je pas choisir moi-même ?

Ses mots futurs avortent dans un souffle, tandis qu’il se crispe, que Kohane se crispe, que tout semble être mis sur pause, l’espace d’un instant. Un instant incalculable. Minutes ? Heures ? Secondes ? Une goutte de sueur froide dégouline lentement le long de sa colonne vertébrale.
Une voix résonne, dans sa tête, dans ses tripes, dans son cœur qui se glace : Erlkönig ! Erlkönig !

Puis
Un souffle qu’il ne pensait pas avoir retenu, s’échappe finalement. Constat. Libération. Soulagement. Les épaules ne sont plus crispées. Ni la nuque, ni la posture.
Dans une sérénité morbide, il observe le mouvement du sombral passer entre les armes : la lumière blafarde de la lune se réverbérant sur ses côtes, son cou. Ce gracieux de la mort. Cette attirance presque irrésistible. Morbide. Malsaine.

Ce fut comme une apparition.
La bête quitta leur champ de vision.
Et cette lumière lunaire, quasi irréelle pendant le passage du cheval de la mort, sembla s’adoucir. Comme pour rassurer ses deux enfants, blottis l’un contre l’autre, sous elle.

Mécanique, il se frotte le bras où Kohane s’accrocha. Bouée éphémère dans la mer de terreur. La douleur lui revenait, en même temps que ses perceptions, la couleur sur son visage, auparavant drainé par la peur.

La tension chuta brutalement et, de nouveau, il ne put retenir un rire, léger, tout simple. Nerveux.

« - J’ai vraiment cru… Le Erlkönig… ça m’a toujours terrifié. Et fasciné. J’avais peut-être peur de mon attirance pour ce conte. Ça parle de la Mort, tu sais, qui vient chercher un enfant, pour le libérer du monde.. »

Un silence, on reprend son souffle et on continue, histoire de montrer que la question est entendue, pas mise de côté. Maintenant qu’on a avancé sur le terrain de sa terreur d’enfant, ce serait dommage de s’arrêter : « - Je venais à peine d’avoir quinze ans, j’allais retourner à Poudlard. J’étais sorti de l’hôpital plus tôt que prévu, avant la fin du séjour : mon frère, Scarvius, se mariait. Beau contrat. Elle riche, lui noble. Ça aurait bien arrangé nos affaires.

Cynisme de la réalité scabreuse. Où l’on troque ses enfants sous forme de contrats de mariage.

Et puis, un type a surgit. Comme le Erlkönig, il a emporté la vie en-dehors de la mariée. Devant tout le monde. Ça a tellement jasé après… Et moi, devant cette destruction… J’étais irrésistiblement fasciné. Il n’y avait plus une seule goutte de sang dans le corps de cette fille. Juste une petite trace de piqûre.

Un sourire.
Le plus lointain de tous les précédents. Probablement.

J’ai eu envie de piquer, après, moi aussi… De caresser les bords rouillés de la réalité. »

Un coup de vent, peut-être plus insistant que les précédents. Une naïveté qui se fascine pour le morbide, au point de porter une réplique de l’arme du crime au doigt. Une bague en pierre de Geb.
Qui s’y frotte s’y pique.

Des considérations qu’il n’avait généralement pas : les remords, les regrets… ça ne lui caressait pas un seul instant la cervelle. C’était juste… Trop éloigné de lui. Lui, simple observateur. Pas acteur de tout ça. Non. Il aimait caresser la bague du bout d’un gant, rêveusement, la nuit. Mais, jamais, jamais il n’irait ôter la vie de qui que ce soit.
Blesser ? Oui.
Brutaliser ? Sûrement.
Intimider ? Peut-être.

Mais tuer…
Ça non plus, ça ne lui était jamais passé au-travers de la conscience. Juste, devant. Comme le défilé du sombral, un peu plus tôt. Y a longtemps, on dirait… Pourtant, ce n’était que l’instant précédent…

DD’humeur aérienne, il quitta le tronc, en une simple poussée de ses avant-bras. Faisant quelques pas nus, sur la mousse et la nature environnante. Yeux fermés. Comme, pour, peut-être, entendre le chant des arbres autour de lui. Ce silence de forêt, cette tranquillité de tronc.
Un soupire, exhalé, avant de se retourner, exalté.

D’une violence tranquille, là, au creux du cœur.

« - En fait… Nous sommes un peu comme des pièces défectueuses, d’un puzzle qui ne cherche pas à donner du sens. »

Des mots, pour Kohane. Les siens propres.
Qui, comme le courant imperturbable de la Vie, glissaient sur sa langue à la façon d’un ruban de soie, contre la surface moirée d’un miroir.

« - J’ai aussi, des parents, qui cherchent à donner un sens à l’existence de leurs enfants. Une utilité. Nous sommes des outils d’un jeu social millénaire. Et… Je veux détruire. Tout ça. N’être le sujet que de moi-même, pas des autres. Je veux créer du désordre dans cette machine à la fois rouillée et bien huilée. Je veux une révolution : renverser la machine tête en bas, pour qu’elle perde tous ses rouages. Elle n’a plus besoin d’exister. Nous n’avons pas à être asservis comme ça. Comme des bêtes à la foire. »

Ses yeux brillaient, sous le rayon lunaire, donnant plus d’intensité à sa figure osseuse, famélique, brûlante, inconditionnellement.
Il fit quelques pas, face à Kohane. Elle pouvait comprendre. Elle devait comprendre. « - Un plan, pour se libérer. Avoir à son côté, un allié, toujours, jusqu’à ce qu’on puisse n’avoir plus rien à faire de personne. Qu’on puisse se fondre dans l’atmosphère, si ça nous chante ! Qu'on les renverse de l'intérieur ! »

Brusque, enivré d’une liberté qu’il tâtait du bout des doigts depuis si longtemps sans pouvoir l’attraper, il prit la main de Kohane dans la sienne : « - Veux-tu m’épouser ? »
Kohane W. Underlinden
Kohane W. Underlinden
Gryffondor
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Année à Poudlard : Diplômé(e)

Matière optionnelle : Étude des moldus

Spécialité(s) : Permis de Transplanage
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Re: Avec les Sombrals
Kohane W. Underlinden, le  Ven 22 Sep - 23:52


   
   

La Mort, parfois, elle finit par devenir presque comme une vieille amie. Sauf qu'on ne l'a pas vraiment choisie. Elle s'est contentée de venir seule s'introduire au milieu du cercle de connaissances. Pour ne plus en ressortir. Et on n'y peut pas grand chose, en fait. On se contente de la regarder et la laisser faire. Elle prend ses aises. On sait qu'elle ne repartira pas de sitôt.
Je suis hantée par les humains murmure-t-elle (La voleuse de livres, M.Zusak).
Et nous, c'est par elle, que nous sommes hantés.
Ce doit être donnant-donnant, je suppose. Chacun dans les pas de l'autre.
Les jambes balançant nonchalamment dans le vide, j'écoute Asclépius parler d'Elle, du mariage et de la coquille vide laissée derrière le passage de la bourrasque humaine. Le messager de Dame la Faucheuse, venu de loin pour un seul être. Venu pour vider ce corps d'âme en l'emporter tranquillement entre ses bras. Ce n'est pas un travail facile. Ni très gratifiant, d'ailleurs. On insulte toujours la Mort et ses assistants. On leur en veut toujours cruellement. Rien n'est jamais bien, jamais juste dans ce qu'ils font. Alors que s'ils n'étaient pas là, si nous étions tous amenés à vivre éternellement, nous les prierions de revenir pour diverses raisons.
Je regarde mes jambes qui se balancent.
Tandis qu'un petit frisson parcourt malgré tout mon échine en imaginant. L'âme envolée. Un jour où elle n'aurait pas dû. C'était trop tôt. Ou trop tard. C'était pas le moment attendu, en tout cas. Rien n'arrive au moment attendu.
Et un nouveau frisson en l'entendant se décrire comme fasciné. Par le corps laissé au sol, sans vie. C'est étrange ce pouvoir d'attraction qu'a la Mort. Alors même qu'elle nous terrifie tout autant. Et peut-être que finalement, le plus terrifiant n'est pas de la croiser, de la voir à l'oeuvre, mais de se voir soi, comme d'un regard extérieur, immobile dans la fascination, se dire qu'on ne devrait pas ressentir un tel goût morbide et pourtant, ne pas réussir à lutter. Ne pas vouloir lutter.
Posés sur le tronc de l'arbre, mes poings se crispent un peu. Et j'ai presque l'impression de La voir, elle, dans un coin, cachée entre deux arbres, à nous observer de son mutisme habituel. Je la sens toujours hanter mes pas. Et ces derniers temps plus qu'à n'importe quel autre moment. Ce soir peut-être plus que les autres soirs. Parce qu'on en parle, parce que y'avait le sombral, parce qu'on a cru au Erlkönig, parce que, aussi, il y a eu Rachel et le type qu'elle a tué pour nous sauver et que cette image ressurgit d'un seul coup. Superposée à ce que j'imagine de la scène précédemment décrite. Ca fait un mic-mac pas possible, ça. Entre une fiancée qui s'est écroulée le jour de son mariage et un Moldu inconnu dont le corps a été abandonné sur le macadam froid d'une ruelle sans nom, quelque part, à Londres.
Je suis persuadée que quand on rencontre la Mort une fois, elle continue de nous suivre jusqu'au bout de nos nuits, de nos jours, de nos heures.
Un coup d'oeil en coin à Asclépius. Mais il ne parle que de cet épisode. C'est peut-être la seule fois où il L'a croisée. Malgré tout, elle semble rester collée à lui par cette fascination qu'elle continue d'exercer. Les souvenirs ancrés à jamais. Dans l'esprit. Dans la chair.

Brr
Morbide
Nouveau frisson.
En fait, c'est franchement pas un sujet à aborder au milieu du forêt interdite -et interdite pour quelques bonnes raisons que j'aime ignorer quand ça m'arrange.
Ces arbres et cette obscurité Lui donnent trop de possibilités de se dissimuler pour observer. Et ça ne me plaît pas.
J'avais calmé mes pleurs, j'avais calmé mes angoisses tout à l'heure.
Mais voilà que la boule revient.
Merlin. J'aurais dû m'abstenir d'aborder le sujet.
Pour éviter de sursauter en surprenant une quelconque ombre cachée au milieu des arbres, je me contente de continuer de regarder les jambes. Au moins, si je ne vois pas, je ne peux pas flipper. Puis j'aime bien observer mes jambes qui se balancent doucement. C'est intéressant, comme vision. Voir le sol si éloigné des pieds alors que nous avons toujours l'habitude de le sentir si près de nous, fiers que nous sommes de pouvoir tenir sur son dos en position verticale.
A côté de moi, c'est le silence. Qui a suivi l'histoire de mort, de fascination, de coquille vidée et de traces imprimées sur l'espace souvenir de l'âme.
Et tout à coup, le mouvement brise l'immobilité de la scène.
Mes yeux passent de mes jambes à Asclépius qui a retrouvé le contact avec la terre. Finie la prise de hauteur, le voilà désormais en communion avec la réalité, quelques pas sur le sol forestier pour retrouver ce contact évité pendant un long moment. Pour ma part, je reste perchée sur le tronc, n'ayant pas grande envie pour l'instant d'en redescendre. J'suis bien, là, en hauteur. A voir le monde sous un nouvel angle. Je me demande quand même, alors qu'il esquisse ses quelques pas sur la mousse, s'il va partir et me planter là sans prévenir. Qui sait. Il en serait peut-être capable. Toujours se méfier des autres, qu'importe si on pense bien les connaître. Le monde est fourbe.
Et...
Finalement non, il se retourne.
L'air de son visage n'est sensiblement plus le même que celui de tout à l'air. Ce n'est plus cette morbide attraction pour le corps vide qui l'anime. Mais une exaltation incompréhensible, venue de nulle part alors qu'il reprend la parole. Parlant d'un puzzle sans sens et de pièces défectueuses.
C'est sans doute vrai.
En tout cas, je me dis que je suis sans doute une pièce défectueuse du puzzle que les autres veulent m'imposer. Mais peut-être que je m'accorde davantage avec d'autres morceaux -ceux que j'ai choisi. Je m'accorde parfaitement avec mon frère étoilé, pour un puzzle et une vie astrale au milieu d'une famille cent fois plus accueillante qu'une famille terrestre.
Mais il est clair que ce que les autres, la société, les soi-disant adultes et responsables veulent m'imposer n'est pas pour moi. J'suis toujours à côté, un pied en dehors et fière de le clamer ainsi. Même si nul ne m'écoute, finalement, chacun campé sur ses positions, personne n'en démordra. Et ils taperont, forceront la pièce à rentrer malgré tout dans leur cadre.
C'est ça, qui est effrayant.
Leur capacité à forcer les pièces défectueuses à se faire passer pour correctes et à leur place. Tout ça pour former un vaste truc sans queue ni tête, qui n'a de sens que pour eux -et encore, je n'en suis même pas sûre.



 

Je me contente d'un discret hochement de tête dans la nuit tandis qu'Asclépius, bien lancé apparemment, continue. Et rien ne l'arrêtera dans les mots qu'il a à dire. Ceux-ci d'ailleurs s'enchaînent les uns aux autres, pas de répit pour le silence hésitant. Non. Y'a pas d'hésitation, en fait, il y a seulement ses rêves et son désir puissant de se débarrasser de tout ça, la puissance de l'implacable machine qui veut à tout prix nous faire rentrer quelque part, dans la typologie qu'elle a créée et aucune autre. La machine qui refuse que l'un de ses éléments n'aille à l'encontre de tout le reste et ne bouleverse ses schémas préétablis. Mais qui dit, déjà, qu'on a envie d'en faire partie, de ses éléments ? Qui dit qu'on ne rêve pas d'en sortir une bonne fois pour toute ? Se libérer d'elle en l'éliminant, purement et simplement.
Pas bête idée.
La renverser, l'éliminer en tant que telle, éliminer ce qu'elle est aujourd'hui pour que plus personne ne puisse en être de nouveau prisonnier. Qu'il soit enfin accepté de vivre en dehors !

La lune éclairant sa longue silhouette noire, je le vois faire quelques pas pour revenir vers moi.
Il y a comme l'exaltation de l'idée du siècle qui flotte dans l'air.
L'idée de tout renverser, apprendre le désordre à l'ordre et rire dans ce désordre des mœurs bien-pensantes, rire dans ces schémas chamboulés et ces plans huilés contrariés.
Dans le fond, c'est un chouette plan.
Un travail colossal en vue pour tout déconstruire, mécanisme par mécanisme. Remettre en question un ordre millénaire, l'obliger à vaciller.
Détricoter ces valeurs sans intérêt et étouffantes qui nous ont si bien emmaillotés depuis qu'on est bébé. Assassiner ces vieilles façons de penser qui ne font qu'entraver davantage la liberté. Sortir de nos concepts dépassés et apprendre à voler vers le nouveau. Laisser la société derrière, ébranlée, tanguante, l'abandonner après l'avoir forcée à enfin ouvrir ses bras et relâcher ses prisonniers. Ceux qui, comme nous, ne se plaisent pas dans son univers trop étroit.

Soudain, je sens sa main se saisir de la mienne.
Un contact inattendu. D'autant que j'étais perdue dans ce flot de mots, de pensées, d'idées, d'images. Ces projets fous qui, pourtant, me semblent plus que nécessaires. C'est vital. Renverser cette société étouffante. Celle qui coule dans l'immobilisme. Celle qui crachote encore ses vieilles valeurs traditionnelles, patriarcales, conservatrices, basées sur de grands mots qui ne veulent rien dire.

-Veux-tu m’épouser ?
-Hein ?

C'est le premier mot qui franchit le seuil de mes lèvres.
Alors même que je ne suis pas très sûre d'avoir bien compris. Ou que mon cerveau ait réceptionné toutes les informations nécessaires.
J'étais en train de songer à son idée de renverser le puzzle sans sens. Que toutes ses pièces défectueuses ne soient désormais plus obligées de se contorsionner pour s'adapter à tout prix à lui. J'étais en train de penser au besoin impérieux qui nous anime -et qui doit en animer bien d'autres- de déconstruire pour pouvoir avancer.
Et voilà qu'il enchaîne avec une question des plus... surprenantes.
Je le scrute quelques secondes dans le noir.
J'suis pas certaine d'avoir tout saisi. Sur le coup, j'ai comme l'impression que c'est un genre de blague. Ou que j'ai mal compris. Mais je pense avoir bien compris et il ne semble pas plaisanter. Au contraire. Y'a toujours l'exaltation de l'idée du siècle qui continue de planer entre les arbres, sur la mousse, sur la terre forestière. L'idée du siècle d'un plan pour se libérer.
Je fronce les sourcils, quand même pas tout à fait sûre de saisir la bonne logique.

-Une alliance pour la liberté ? j'avance prudemment. Contre cette machine infernale qui cherche à tout prix à nous assimiler sans même trop savoir pourquoi ?

Je laisse flotter un silence.
L'idée est folle. Je ne l'aurais jamais envisagée avant. Je n'aurais même jamais pu y penser. Cela m'aurait paru trop incongru. Irréel. Irréaliste.
Mais finalement...
C'est peut-être bien le moyen de se sauver de là. Jouer le jeu de la machine pour mieux la fuir. Ne pas attaquer de front, prévisibles et à découvert. Préférer la plus subtile méthode de sourire, faire bonne impression pour mieux poignarder.
Lentement, un léger sourire vient se former sur mes lèvres. De ce sourire songeur qui évalue toutes les possibilités à disposition.

-C'est une idée qui me plaît. A deux, on se sentira moins seul dans cette lutte qui paraît sans fin.

Une simple petite impulsion.
Et je me laisse glisser au bas du tronc.
Faire face de plein pied à Asclépius. Le fixer dans les yeux. Sous un rayon de lune qui donne un aspect si particulier aux êtres. Fantomatique et irradiant de ces rayons nocturnes.

-Il reste juste à voir si la machine se laissera avoir. Si elle acceptera notre soif de liberté contre le jeu qu'on accepte de jouer pour elle.

Reprenant la main d'Asclépius dans la mienne, je la sers doucement. Comme un pacte à mi-mot.

-De toutes façons -murmure- on lui laissera pas le choix. Et puis. On finira pas avoir raison d'elle, hein ?

L'espoir qui point dans la voix.
Parce qu'il ne faut jamais le perdre. Jamais éteindre cette flamme de combativité au creux des tripes.
C'est uniquement comme cela qu'on survit et qu'on garde le cap.
Un sourire. La question était sans doute juste rhétorique. Parce qu'il y a la confiance. Qu'un jour. Tout s'écroulera.



Fin du Rp.
Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup pour tout amour


Dernière édition par Kohane W. Underlinden le Dim 31 Mar - 22:44, édité 2 fois
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Madilyn Nebulo, le  Dim 11 Fév - 17:10

PV 33

Assise sur un rocher solitaire, les yeux perdus dans la blancheur sélénite, t'as la tête vide, les pensées fuyantes, la cervelle percée. Même ton regard n'a plus de fond, tu t'es fait statue de roche sous l'aube rosée. Un vent matinal t'effleurant ne te fait même pas frissonner. La nature en l'aurore sous le ciel carné s'est parée de blancs draps, les nuages ont comme pris l'ascenseur direction la terre.
Ce paysage pourrait être tellement beau, mais c'est si lunaire, désert de l'espace abandonné par les étoiles.

Neige vierge, lisse, à une exception laissée par tes seules empreintes, pureté souillée. Dans la blancheur se reflète les ombres, silhouettes squelettiques des arbres morts, un corbeau qui passe, annonciateur de la fin de la nuit. Bientôt tu devras te lever et repartir mais pas encore. T'as trop de temps à perdre.

Un flocon atterrit sur ta main, éphémère, et meurt en silence après avoir fait un si grand voyage, né des nuages pour s'éteindre sur une terre si loin d'être la promise. Une terre brumeuse, floue et folle, noire et fumeuse. Une terre vaste et étriquée, sale et tachée. Une terre chaotique, à nettoyer.

Là-bas, une feuille morte, laisse sa trace creusée dans la douceur enneigée au sol. Les autres, ses soeurs, constellant le parterre, ont givré.

Tu attends la renaissance solaire, et un signe.
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