La sorcière contempla encore la toile quelques instants puis soudainement, un bruit extérieur vint perturber l’atmosphère de complicité qui régnait dans la pièce.
Sa mère se raidi d'un coup : elle semblait aux aguets. Oui, mais de quoi ?

« Susan ? Susan, tu es encore en train de peindre ? »

Le réponse vint bien assez tôt. Corrigan-père venait troubler ces instants de retrouvailles. Encore...Il excellait dans ce domaine.
Un doigt sur les lèvres, Susan ferma le verrou d'un petit 'clac' sonore. Elle ne voulait pas que son mari participe, visiblement. Pourtant, malgré les horribles propos qu'il avait tenu la dernière fois, Violaine aurait été bien contente de le voir. Histoire que lui aussi, soit au courant qu'elle venait prendre de ses nouvelles et lui souhaiter de joyeuses fêtes.

De nouveau, son paternel prit la parole, pour demander implicitement à sa femme de lui ouvrir. Ça sentait pas bon : quelle réaction aurait-il en la découvrant au beau milieu de la pièce ? Surpris ? En colère ? Sans doute un peu des deux, car la réplique de sa mère n'était vraiment pas faite pour le rendre de bonne humeur.
Décidément oui, beaucoup de choses avaient changé depuis son second départ. Jamais Susan n'aurait eu de tels propos auparavant, cette façon de lui tenir tête à lui, Edward Corrigan, chef de la famille ! C'était impensable !La Moldue n'était plus tout à fait la femme peureuse et soumise qu'elle connaissait. Ne sachant pas si elle devait s'en réjouir ou non, Violaine se contenta d'esquisser un timide sourire, en réponse au regard plein de gaieté que lui lançait sa mère.

« Je ne vais pas pouvoir me cacher toute la journée ici, il va falloir que tu te fondes dans le décor… Vois-tu un endroit où tu pourrais te mettre ? »

Visiblement, la situation l'amusait. C'était...étrange.
Se cacher ? Ah bon...ainsi, il était exclu qu'elle voit son père aujourd'hui. Ou du moins, sa mère ne l'envisageait pas de cette manière. Au vu de tous les efforts qu'elle avait fait pour elle, la gryffondor décida de lui obéir et se mit en quête d'un endroit pouvant l’abriter en toute discrétion. Il faut dire qu'il n'y avait pas énormément de possibilités, le choix fut vite fait.

Elle opta pour la fine armoire où la peintre rangeait son matériel, pinceaux, pots, toiles vierges et autres. Néanmoins, celle-ci était pleine alors, elle la déplaça légèrement pour pouvoir se glisser derrière, tout contre le mur. Elle avait dû se séparer momentanément de son cadeau, posant son portrait contre le mur, face cachée. Il ne fallait pas tenter le diable en l'exposant aux yeux de son père.

"C'est bon comme ça ?" demanda-t-elle d'une voix étouffée.  Elle était compressée et devait rentrer son ventre pour tenir dans l'espace étroit qu'elle s'était crée. Les bras le long du corps, elle fit de son mieux pour que rien ne dépasse de la cachette.
Ainsi postée, elle se rendit compte de la situation : Jamais sa mère n'avait eu l'intention d'informer son père de sa visite. Parce que celui-ci n'avait toujours pas changé d'avis à son sujet et "l'épisode Solange" y était sans doute pour quelque chose. En l'accueillant à bras ouverts, sa mère s'exposait à de graves problèmes. Violaine avait parfois été témoin de violentes disputes entre ses parents : son père hurlait à s'en rompre la voix, pour des broutilles, des choses que sa mère n'aurait pas fait assez bien à son goût. Ces phénomènes restaient assez rares, car en général, celle-ci savait palier à ce genre de situation en étant aux petits soins pour Edward.
Qu'est-ce que ça serait alors si il la découvrait ? Il ne fallait pas y penser...

Finalement, le petit 'clac' du verrou se fit de nouveau entendre. Sa mère avait laissé 'entrer le fauve'. Retenant sa respiration, Violaine tenta un déplacement vers la droite, histoire de voir un peu la scène. Centimètre par centimètre, elle glissa la tête et entre-aperçu brièvement son père, réclamant des explications. Mais ce fut une toute autre chose qui la glaça d'horreur :

Le paquet qu'elle avait acheté pour son Papa était toujours là, au pied du tabouret où elle était assise précédemment, exposé à la vue de tous !

Merdum !

"C'est bon comme ça ?"

Sa petite était toujours aussi obéissante. Décidément, elle avait bien été élevée. Susan en rougissait rien que d’y penser. Ce n’était pas bon de se féliciter ainsi, cela donnait beaucoup trop de place à son égo. Elle se voyait en train de se représenter elle-même sur une toile, et se faire une tête bien plus grosse qu’elle ne l’avait réellement rien que pour représenter ce débordement d’estime qu’elle avait pour elle-même. Elle ne devait pas.

Susan hocha la tête pour lui signifier que tout était bon et tourna le verrou dans un nouveau clac sonore. La porte était libre de toute entrave et Edward ne mit pas longtemps pour pénétrer dans la pièce. Le changement d’attitude de Susan était presque immédiat. Tête baissée, corps légèrement vouté, elle s’effaça pour se placer sur le côté et laisser son mari regarder.

Dans l’esprit d’Edward, quelque chose n’allait pas. Susan s’enfermait de plus en plus souvent dans son atelier, et bien qu’il s’agisse par excellence de son lieu privé à elle, cela montrait qu’elle cultivait de plus en plus son jardin secret. Or, Susan aimait savoir ce que le voisin faisait pousser dans son jardin. Aussi aimait-il être au courant de tout. Et cette manie de toujours lui rétorquer quelque chose. On aurait dit une adolescente en pleine crise. Les lèvres serrées, il regardait tout autour, à l’affut du moindre détail qui clochait.

Dès qu’il fut entré, Susan sut que c’en était terminé, qu’il verrait tout de suite que ça n’allait pas. Elle n’était ni décoiffée, ni habillée telle qu’elle l’était lorsqu’elle peignait. Aucune toile ne reposait tranquillement sur son trépied. Sa palette de couleur n’était pas sale, les pinceaux étaient bien rangés. Il n’y avait rien du bazar habituel qu’elle mettait, pour la simple et bonne raison qu’elle ne peignait pas. Rapidement, elle essayait de trouver une excuse qui justifierait cette inactivité, un livre posé, ouvert sur la table, indiquant qu’elle avait lu mais rien… Rien ne vint.

« Tu sais qu’il va être l’heure de passer à table ? Et je ne sens aucune odeur alléchante… Je ne vois rien sur le feu, rien dans le four, et la table n’est pas mise. Tout ça parce que tu es encore enfermée ici ! Je croyais que nous avions fait un espace personnel à chacun à condition qu’il n’entrave pas nos habitudes ! »

Edward commençait à s’énerver et Susan ne savait pas si elle devait en être heureuse ou non. Elle savait que plus il se mettrait en colère, moins il ferait attention aux petits détails, mais aussi plus il risquait de s’emporter s’il tombait sur quelque chose – ou quelqu’un – qui lui déplaisait. Et c’était bien le risque. Susan essaya de se déplacer discrètement, gardant la tête basse, comme un enfant que l’on prive de sucette parce qu’il venait de faire une grosse bêtise. La punition n’allait pas tarder à tomber, mais surtout, il ne connaissait pas encore l’intégralité de ce qu’elle lui cachait.

« Qu’est-ce que tu me caches Susan ? Depuis le jour… Tu sais bien, le jour noir… Quelque chose ne va plus entre nous. Que fais-tu dans ton atelier si souvent ? Et… c’est quoi ça ? »

Son doigt désigna quelque chose. Un petit paquet, au pied du tabouret. Susan ne l’avait pas remarquée, trop occupée qu’elle était à baisser la tête. Le rouge lui monta aux joues rapidement, ne sachant encore une fois ce qu’elle allait inventer pour sauver la mise. Retrouvant sa liberté de mouvement elle fit de grands pas pour se placer devant et simplement dire…

« Non… Non ce n’est rien… Tu ne devrais pas voir ça… »

« Je suis ton mari ! J’ai le droit de savoir ce qui se passe dans notre maison ! Chez moi ! Chez nous ! Alors tu vas me dire ce que c’est que ce petit paquet ! »

Susan se décala et le laissa voir, n’ouvrant plus la bouche. Ma mine défaite, elle sentait que cela n’allait pas se passer correctement. Elle jeta un coup d’œil vers l’endroit où Violaine devait se trouver et fit un léger mouvement de tête, comme pour lui indiquer qu’elle devait sortir. C’était le moment… De toute manière elle ne pourrait plus cacher sa présence très longtemps…

Quelques secondes à peine après que Violaine se fut cachée, son père entra avec force dans l'atelier. L'atmosphère changea soudain, sa mère n'avait plus du tout ce ton rieur de tout à l'heure et affichait maintenant une mine inquiète. Celle qui lui était la plus coutumière.

Dès que son père entra, il se mit en tête de fureter et balayer du regard chaque centimètre carré de la pièce, à la recherche d'indices. D'indices qu'il aurait trouvé en moins de cinq secondes si il ne s'appliquait pas à réprimander sa mère qui ne préparait pas le dîner. Parfois, Violaine se disait qu'il avait raté sa vocation et qu'il aurait dû être militaire de carrière : personne à sa connaissance (à part Mia Wilson peut-être, la directrice des Gryffondors), n'arrivait maintenir l'ordre et faire droper ses troupes avec autant d'ardeur.
Susan était en bien mauvaise posture et la gamine ne pouvait que la regarder se dandiner de droite à gauche, en gardant la tête baissée et les lèvres scellées. Il était triste de la voir comme ça, et si jamais son père découvrait sa présence, nul doute que la réprimande pour le déjeuner ressemblerait à une douce comptine en comparaison.

A cette pensée, Violaine se tassa un peu plus derrière le placard, faisant de son mieux pour respirer le moins fort possible. Mon Dieu, pourquoi mangeait-on si bien à Poudlard ? Même un Boursouflet au régime n'aurait pu partager sa cachette en cet instant.

« Qu’est-ce que tu me caches Susan ? Depuis le jour… Tu sais bien, le jour noir… Quelque chose ne va plus entre nous. Que fais-tu dans ton atelier si souvent ? »

Le Jour noir ?
Ainsi sa dernière visite était classée comme une journée à oublier, à bannir ? Certes pour elle non plus, ce souvenir n'était pas particulièrement accompagné de pensées heureuses, mais elle avait espéré que ses parents en reparlent avec nostalgie. Après tout, c'était la dernière fois qu'ils avaient vu leur fille cadette !

« Et… c’est quoi ça ? »

Hélas, rien n'échappe à un homme comme Edward Corrigan. Etant plus petite, Violaine se demandait souvent si son père n'était pas doté d'un sixième sens, qui lui permettait de trouver le détails, la nouveauté, ou la plus petite chose qui n'avait pas sa place dans la situation présente.
Se souvenant de ça, son paquet devait se voir comme le nez au milieu de la figure !

Quelle gourdasse elle faisait ! Laisser une preuve aussi évidente en plein milieu de la pièce !

« Non… Non ce n’est rien… Tu ne devrais pas voir ça… »

« Je suis ton mari ! J’ai le droit de savoir ce qui se passe dans notre maison ! Chez moi ! Chez nous ! Alors tu vas me dire ce que c’est que ce petit paquet ! »

Pauvre Maman...elle n'en menait pas large et ne savait pas quoi répondre devant tant d'acharnement.Pensa Violaine.
Elle semblait désormais au bord des larmes et ne savait visiblement pas comment se sortir de cette situation. En désespoir de cause, elle hocha légèrement la tête dans la direction de sa fille, comme pour l'inviter à se montrer.

Était-ce vraiment une bonne idée ? Sa mère pouvait toujours prétexter que c'était le cadeau qu'elle voulait offrir à son mari pour Noel...après tout, Violaine n'avait apposé aucune signature ou aucune marque pour signaler que le présent venait d'elle. Susan pourrait dire qu'elle le cachait là, en attendant, pour éviter qu'il ne le trouve avant...
Mais comment lui faire parvenir cette idée ? La sorcière ne pratiquait pas la legillimencie ni quoiue ce soit de similaire, et sa mère ne s'inventerait pas télépathe. Il devait peut-être y avoir un autre moyen ? Magique mais discret ?

Violaine entama un mouvement pour prendre sa baguette dans sa poche et progressa millimètre par millimètre jusqu'à ce que ses doigts entrent en contact avec le bout de bois. Mais elle se souvint du conseil que lui avait donné Solange lors de sa venue ici : N'utiliser la Magie qu'en dernier recours et faire aller sa tête en premier. Elle avait tenté d'utiliser sa tête oui, mais ça n'avait donné que des idées farfelues comme lire dans les pensées des gens...
Et si elle se servait de sa tête, mais au profit de la magie ? Réfléchissant le plus vite possible, elle chercha un enchantement qui pourrait contenir et eu tôt fait de faire le tour de tout ce qu'elle connaissait. La liste était courte. Et en plus, rien ne convenait !

Alors, la petite finit par sortir de sa cachette, terrifiée, se collant au mur.
Elle était prête à subir les foudres de son père.

"En fait Papa, le paquet est pour toi..." dit-elle d'une petite voix aiguë.

Inutile de se perdre en salut et autres politesses, car elle savait que son père n'y aurait de toute façon pas répondu.

Pour Susan, le temps était long. Pour Edward, il passait rapidement, et chaque nouvelle seconde explosait dans son esprit, le mettant de plu en plus en colère devant le secret évident de sa femme. Cachait-elle quelqu’un ? Un amant ? Elle ne pourrait pas. L’idée l’avait à peine effleuré qu’elle s’en alla d’elle-même. Leur couple n’en était pas à ce point là. Ils étaient soudés. Ils ne devaient rien avoir à se cacher.

Susan attendait patiemment que sa fille décide de sortir, mais même avec toute la patience dont elle pouvait faire preuve contrairement à son mari, elle trouvait qu’elle prenait son temps. Pour une fois elle aurait apprécié être celle qui donnait les ordres et qui ne se laissait pas discuter. Pas celle qui attendait tête baissée que son couple soit dévasté. Pourtant elle ne pouvait rien dire. Elle ne faisait qu’entendre le sifflement caractéristique de l’obus au-dessus de sa tête, creusant bientôt un profond fossé dans le sol de sa maison.

"En fait Papa, le paquet est pour toi..."

Une petite voix aiguë, intimidée. Susan n’osa même pas la regarder. Elle levait timidement les yeux vers Edward qui lui, avait lentement tourné la tête et regardait sa fille, bouche-bée. Son visage semblait secoué de tics nerveux. Il ne disait rien. Seule sa joue se soulevait par intermittence, si bien que Susan se demandait s’il allait bien. Pour ne rien arranger, Susan fit volontairement quelques pas en arrière pour rejoindre sa fille et lui passer un bras autour des épaules.

« Il faut te rendre à l’évidence, Edward… Je ne peux ignorer ma propre fille. »

Edward était dévasté. En plein conflit intérieur. Son monde idéal venait de partir en fumée, sous ses yeux. Il ne contrôlait plus rien. Si sa joue n’était pas secoué de tics, on aurait pu penser qu’il était complètement déconnecté de la réalité. En état de choc. Et d’ailleurs c’était précisément cela. Il ne disait plus rien. Il tourna la tête vers le petit paquet d’un geste mécanique, s’abaissa tout aussi machinalement et le prit en main tel un robot. Il découpa méthodiquement le papier comme pour le défaire, et une fois déballé, le regarda de ses yeux vides, inexpressifs, sans le voir. Ca ne lui faisait rien. Il ne ressentait plus aucune émotion.

Sa vue se brouilla pourtant. Le tic s’arrêta. Le cadeau tomba de sa main et rebondit sur le sol dans un bruit assourdissant. Une larme roula. Seule. S’échouant bientôt sur le sol. Sans retenue. Bientôt suivie d’une deuxième. La bouche d’Edward se contracta avant de s’ouvrir très légèrement pour prononcer quelques mots, alors même qu’elle ne bougeait pas. On aurait dit que sa voix sortait d’ailleurs.

« Qui êtes vous ? »

Parfaitement immobile, la petite n'avait d'yeux que pour son père. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, alors qu'elle attendait une réaction. Qui ne vint jamais. Peu à peu, le timide sourire qu'elle affichait alors s’effaça, laissant place à une petite moue de déception.
Elle ne s'attendait pas à cela. Oui, elle avait secrètement espéré un accueil aussi chaleureux, peut-être pas autant que celui que lui avait offert sa mère...un sourire, une parole amicale. Quelque chose qui aurait montré qu'il était heureux de la revoir après tout ce temps où ils étaient restés loin l'un de l'autre.
Rien, aucune émotion, aucun geste. Uniquement le silence.

Violaine sentit qu'on la prenait par les épaules et elle tourna la tête vers sa mère, en quête de réconfort. D'une certaine manière elle en reçut. Susan était en train de faire un choix, un choix difficile qui plus est. Sa fille se serra contre elle. Qu'allait-elle devenir si on l'abandonnait de la sorte ? Les paroles de sa mère la rassurèrent quand à son sort et elle reporta alors son attention sur le paternel qui s'était baissé pour prendre le cadeau qui lui était destiné.

Il le déballa et observa l'écharpe en soie d'accromentule sans un mot. Le tissu s'échoua alors au sol, suivit du paquet qui rompit le silence dans un bruit sourd.

Un rayon de soleil perça au travers de la pièce vitrée et vint mettre en lumière une petite perle translucide sur la joue de l'homme. Une larme. Une authentique larme, qui roula sur son visage un bref instant avant de disparaître.
C'était la première fois que Violaine voyait son père pleurer. Spontanément, elle se dégagea de l'étreinte de sa mère et fit un pas en avant. Elle ne supportait pas cette scène, ça la rendait malade de voir la détresse de ses parents. Car ils étaient malheureux. A cause d'elle.

Edward tourna vers elle son regard absent et parla d'une voix que Violaine ne lui connaissait pas.

« Qui êtes vous ? »

La petite se figea. L'atmosphère devint soudain irrespirable, elle suffoquait. Une impression de vide se referma sur elle, engourdissant ses membres. Elle accusa la réplique comme un coup de feu et se courba sous l'impact.
Elle savait qu'il n'avait pas dû penser à elle bien souvent, mais de là à ne plus la reconnaître, à l'oublier...Ça faisait trop mal. Il l'avait volontairement rayé de sa vie, on ne pouvait effacer ses souvenirs de la sorte. Son Papa...
La mini-sorcière n'avait eu de cesse de se rappeler leurs précédente entrevue, lorsqu'il l'avait traitée d'anomalie et d'erreur de la nature. Elle avait fait son possible pour le digérer, pour se convaincre qu'il avait parlé sous l'effet de la colère, parce que Miss O'Riley lui avait tenu tête.
Mais en cet instant, ce douloureux souvenir lui revenait en pleine face, et peut-être même pire que ce qu'elle avait connu avant. La critique c'était une chose, mais l'ignorance....
Les jambes flageolantes, elle s'approcha encore pour ne plus être qu'à quelques centimètres de lui.
Il paraissait si tranquille, si détaché....et pourtant c'était loin d'être le cas, les larmes sur le sol en témoignent.

Sa gorge se noua et elle articula difficilement.

...M..mais Papa, c'est moi. C'est Violaine...

Elle ne voulait pas le brusquer, le forcer à lui parler. Le fait de juste lui faire sentir qu'elle était là à ses côtés et qu'elle avait besoin de lui, lui suffisait pour le moment.
Alors elle lui prit la main en priant intérieurement pour qu'il ne la rejette pas.

Edward Corrigan voyait son monde s’effondrer. Celui qu’il avait mis tant d’années à bâtir. Celui qu’il montait avec minutie, avec une perfection non dissimulée. Son univers s’écroulait aussi rapidement qu’un château de carte dont on aurait retiré la base. Justement, la base, sa base, celle de son univers, était son entente parfait avec sa femme, cet amour qu’ils se vouaient l’un pour l’autre et qui rendait leurs fondations inébranlables. Sauf qu’elle l’abandonnait. Elle le trahissait.

Edward sentait son cœur ralentir et battre au rythme auquel ses larmes coulaient, glissaient, s’écrasaient contre le sol dur d’une pièce à laquelle il n’était pas sensé avoir accès. Le jardin secret de sa femme était devenu une jungle impénétrable dans laquelle il se sentait complètement perdu, laissé pour compte, abandonné.

Il ne réagit pas lorsque sa fille s’avança et lui prit la main. Il renifla à peine au moment où elle lui annonça son prénom, comme à un enfant qui avait oublié ses parents. Mais il n’était pas un enfant, et elle ne semblait pas l’avoir compris. A moins que ce ne soit lui qui se fourvoie sur sa propre identité. N’était-il qu’un enfant capricieux, lui qui s’était efforcé d’être un excellent père de famille jusqu’à ce que survienne cette anomalie dans le système ? Ses yeux trouvèrent ceux de Violaine, et pourtant il la voyait sans la voir. A ses pieds gisait une écharpe de soie particulièrement douce qu’il ne pouvait pourtant pas tenir dans ses mains tant le contact lui coûtait.

Brusquement, se rendant compte que la main de sa fille était en contact avec la sienne, il la retira, et émergea dans un monde nouveau, un monde changé. Un monde sans couleur. L’atmosphère boisée et intime de cet atelier lui paraissait morne et fade, comme s’il était désormais dans une Bande Dessinée et noir et blanc. Il se tournait, cherchait à reconnaître en ces lieux un endroit qu’il avait jadis connu.

« Je n’ai désormais plus ni femme, ni fille. »

A ces mots, Edward Corrigan se retira de la salle, espérant ne pas être suivi. Ne sachant où il allait, il marcha automatiquement en direction de la porte d’entrée et partit. Loin. Très loin. Le plus loin possible de cet endroit où il n’avait plus aucun contrôle. Il souhaitait reprendre sa vie en main. Et par-dessus tout, il voulait se réveiller et sortir de ce mauvais rêve.

De son côté, Susan Corrigan ouvrit simplement la bouche et ne put prononcer un mot avant de retrouver le contact de sa fille. En entendant son mari parler ainsi, elle avait compris. Il avait besoin de solitude. Il avait besoin de contrôle. Et il n’en aurait pas ici. Il était donc parti. Elle empêchait Violaine de s’enfuir alors que son sourire disparaissait à mesure que l’inquiétude augmentait. Qu’allait-il advenir de leur couple ? Avait-elle fait le bon choix ?

« Ne t’en fais pas, je prendrai le temps de discuter avec lui… C’est beaucoup d’émotions d’un seul coup ma chérie. Mais… J’ai peut-être moi aussi besoin d’être seule. »

Susan Corrigan serra sa fille dans ses bras, sa petite fille qui devenait grande et qui grandissait loin d’elle. Elle posa son menton sur son épaule et son nez dans ses cheveux pour sentir l’odeur familière de sa fille. C’était actuellement le seul membre de sa famille qu’elle pouvait ainsi serrer contre elle, et elle risquait de partir bientôt.

L'espace de quelques instants, Violaine sentit le contact de sa main dans celle de son père et ces précieuses secondes la firent voyager loin...dans son enfance, lorsque tout allait bien. Lorsque qu'elle n'était une fillette banale, sans pouvoirs, mais aimée. Son père tourna la tête pour la regarder. Lui aussi semblait loin, à des kilomètres de là...absent.
C'était une vision assez étrange que de le voir comme ça, lui qui d'habitude était au contraire bien trop présent, à inspecter la moindre petite chose de leur quotidien. Ses prunelles étaient vides de toute émotions, et la petite cru qu'il préparait un malaise.
Mais subitement, il sembla retrouver toute sa lucidité et se détourna d'elle avant de lancer d'une voix glaciale et abrupte :

« Je n’ai désormais plus ni femme, ni fille. »

Après un dernier regard empli de larmes vers l'atelier, il tourna les talons et disparut de la maison en fermant la porte derrière lui. Accusant le choc, Violaine mis quelques secondes à réagir puis voulu s'élancer à sa poursuite. Mais son élan fut coupé net par sa mère qui lui l'empêcha de s'enfuir.
Celle-ci la força à se tourner vers elle et regarda le visage défait de sa fille.
Elle avait besoin d'être seule elle aussi. C'est ce qu'elle avait dit. Violaine comprit par là, qu'elle lui demandait gentiment de s'en aller.

B..bien sûr, je comprends.

Elle avait dit ça sans réfléchir, comme pour répondre à un automatisme. Car non, elle ne comprenait pas. Tant bien que mal, elle essayait de faire le tri dans la multitude d'informations qu'elle venait de recevoir, mais c'était comme si son cerceau lui en repoussait l'accès, comme si inconsciemment...elle refusait de les accepter.
La crise de panique était passée, elle avait renoncé à suivre son père. Elle se sentait vide, hagard, comme si rien ne pouvait plus l'atteindre. La neige qui s'entassait sur les vitres semblaient se refermer sur elle. Elle était prisonnière, d'une situation où elle n'avait plus d'emprise.
Violaine tressaillit lorsque sa mère la serra contre elle. Elle savait qu'elle devait profiter de ce moment, car au fond d'elle-même, la petite savait que c'était là peut-être sa dernière étreinte. Un adieu empli de tendresse. Mais elle ne pouvait s'y résoudre.
Raide, elle enserra sa mère de ses bras frêles et ferma les yeux. Les temps sembla s'étirer à l'infini jusqu’à ce que Susan se retire doucement.

Violaine avait saisi. Il était temps pour elle de partir.
Machinalement, elle avança jusque dans l'entrée. Elle avait fait cela tant de fois ! Et sans s'en rendre vraiment compte, elle était dehors.
Le froid la gifla de plein fouet, la ramenant brusquement à la réalité. Jamais elle n'aurait dû revenir ici. Par sa faute, les choses s'étaient empirées. Pire encore, elle avait semé la discorde entre ses parents. Glissant sur les pavés, elle quitta la ruelle qui avait abrité tout son enfance. Quand reviendrait-elle ici ?
Fixant ses empreintes de pas dans la neige, elle se retourna une dernière fois pour apercevoir la petite maisonnée qui lui semblait maintenant si étrangère.
Une larme gela sur ses cils, avant même d'avoir pu prétendre à quelques instants de liberté.
C'était bien ce qu'elle ressentait au fond. Le sentiment de s'éteindre avant d'avoir vécu.
C'est une fois sortie de la banlieue qu'elle se rendit compte qu'elle était partie sans un mot, sans un aurevoir. Même la peinture était restée dans la pièce, cachée à la vue de tous...exactement comme elle.
Ignorant le froid et le cœur lourd de regrets, elle se remit en marche vers le seul endroit où elle pouvait aller désormais : Poudlard.

Habituellement, lorsqu'Aelys venait de rendre visite à sa soeur Erin à Sainte Mangouste après son cours de musique, elle rentrait chez elle d'un pas raide en broyant du noir, le regard fixe, sans faire attention à ce qui l'entourait. Il faut dire que la santé de sa soeur n'allait pas en s'arrangeant, et que les médecins semblaient assez peu optimistes quant à l'amélioration de son état.

Mais ce soir-là, l'étui de sa flûte en bandoulière, la jeune fille refoula ses pensées sombres en s'apercevant de la beauté du soir de Londres : le ciel était zébré de lueurs orangées, un vent doux soufflait et l'herbe du parc avoisinant ondulait sous cette légère brise.
Une soudaine envie de calme et d'air pur éloigna Aelys des rues encombrées du centre ville, et elle laissa ses pensées dériver en même temps que ses pas, profitant pour une fois d'un moment de paix.

Bientôt, elle se retrouva dans un charmant petit village qui lui rappela celui de son enfance, en Écosse. Les maisons de vieille pierre étaient assemblées assez indépendamment les unes des autres, et un sentiment de paix recouvrait le bourg comme un voile léger.

Aelys eut l'impression de se voir enfant, petite boule d'énergie rousse, courir à toutes jambes dans les rues, heurtant parfois un ou deux habitants qui passaient par là. Le sourire aux lèvres, elle arpenta les ruelles du village, jusqu'à arriver près d'un étang bordé de sapins. De l'autre côté, une petite place s'organisait autour d'un kiosque occupé par quelques jeunes gens. Les bancs qui l'entouraient étaient vides à l'exception d'un sur lequel était assise une jeune femme.

L'endroit lui plaisait tellement qu'Aelys eut soudain envie d'extérioriser ses sentiments, de les "partager" avec ce (et ceux) qui l'entouraient. Et en y réfléchissant, elle avait sous la main un excellent moyen de faire ressentir ses émotions.
Comme dans un état second, elle fit passer la bride de l'étui de son instrument par-dessus de son épaule. Si l'alto était l'instrument initial de la rouquine, elle avait eu envie quelques années auparavant de se mettre à la flûte traversière, charmée par sa sonorité pure. En quelques mouvement agiles, elle monta sa flûte, et assise en tailleur sous une branche basse d'un sapin en face de l'étang, elle se mit à jouer.

Aelys avait perdu la notion du temps après les premières mesures du morceau. Depuis toujours, la musique avait été un exutoire pour la jeune fille, et elle avait vite compris que ce n'était pas qu'une affaire de notes et de rythme. Non, c'était bien plus que ça, comme une fenêtre sur l'âme du musicien, une explosion de couleurs et de sensations.
Du point de vue de la jeune sorcière, la musique pouvait blesser, consoler, faire rire ou pleurer même, mais avant tout, la musique était un engagement de soi.
Et devant cet étang, au milieu de ce village qui semblait irréel et hors du temps, Aelys ferma les yeux, laissant ses doigts virevolter à la vitesse de ses pensées. Tout est une question d'émotions, lui avait un jour son professeur de musique, et rien ne lui semblait plus vrai à cet instant.

Elle ne revint à elle que quelques minutes plus tard, lorsque la dernière note eut longtemps résonné parmi les arbres. Aelys, à bout de souffle, esquissa un sourire : l'endroit était toujours aussi beau. La rouquine était toujours dans un état second après avoir joué un morceau qui lui plaisait, mais sous ce sapin (bon, dit comme ça, c'était étrange, c'est vrai), à cet endroit précis, ses sens et ses émotions étaient décuplés. Ael' était d'ailleurs persuadée que la musique était une forme de magie, et que lorsqu'un sorcier jouait d'un instrument, une connexion s'établissait entre la magie du musicien et l'instrument. Restait à le prouver...

Aelys fut sortie de ses pensées fort philosophiques par un mouvement soudain : une jeune femme surgit de nulle part et vint s'asseoir en face d'elle, un sourire mystérieux aux lèvres.
La jeune fille détailla rapidement l'inconnue qui prenait place en face d'elle : ses assez long cheveux bruns encadraient son visage fin qui n'était pas dénué de grâce. Mais ce qui captiva directement Aelys, ce furent ses yeux : brillants de malice, ils révélaient une grand profondeur d'esprit, mais également un caractère enjoué et rayonnant. La sorcière se sentit tout de suite en confiance avec cette jeune inconnue, qui prit rapidement la parole en lui tendant la main sans se départir de son sourire lumineux :

- Salut, je ne te dérange pas? Je m'appelle Crystal et toi? C'était vraiment magnifique ce que tu jouais! Ca s'appelle comment?

La rousse sourit en voyant la jeune fille la regarder avec soudain un peu d'appréhension, comme si elle craignait de l'avoir importunée. Mais bien au contraire, cette avait l'air parfaitement adorable, et elle semblait curieuse de savoir la provenance du morceau d'Ael'. Décidément, elle lui plaisait, aussi répondit-elle en lui serrant la main :

- Salut, Crystal, moi c'est Aelys mais tu peux m'appeler Ael' si tu veux. Tu ne me déranges pas, au contraire, de la compagnie c'est toujours agréable, surtout dans un endroit pareil. Je suis contente que mon morceau t'ait plu !! C'est un extrait du Songe d'une nuit d'été, de Mendelssohn, un compositeur moldu... euh, je veux dire, bafouilla-t-elle en se donnant une claque mentale, un compositeur allemand qui a signé d'immenses chefs d'oeuvres. Tu t'y connais un peu en musique ?

Aelys avait envie de s'enfuir un courant, comment avait-elle réussi à caser le mot "moldu" dans une conversation avec une parfaite inconnue qui, si ça se trouve, ne possédait aucun pouvoir magique ? La jeune fille aurait dû être plus vigilante, au lieu de jouer les têtes en l'air. Mais ce qui était dit était dit, peut-être que Crystal n'avait pas relevé. Et la rouquine attendit d'ailleurs avec impatience la réponse de son interlocutrice, curieuse d'en savoir plus à son sujet.

La réponse de Crystal ne fut pas vraiment celle qu'Aelys attendait :

- Moldu, tu dis? C'est quoi ça 'moldu'?

La jeune fille se sentit blêmir, lorsqu'elle avisa soudain le sourire malicieux de la jeune fille assise en face d'elle, qui d'ailleurs poursuivit bien vite :

- Je rigole, je suis une sorcière moi aussi, une alchimiste en fait aujourd'hui.

Aelys eut un soupir de soulagement tellement immense qu'elle eut l'impression que tout Londres pouvait l'entendre. Quelle chance elle avait eu de tomber sur une sorcière, comme elle, une alchimiste de surcroît ! Cela faisait déjà des choses à partager, songea-t-elle en laissant son corps de décrisper. En face d'elle, Crystal remua un peu et continua :

- Un "songe d'une nuit d'été"? C'est un beau titre et un beau morceau! J'avoue que je ne m'y connais absolument pas en musique, je n'ai jamais pris le temps pour ça. Mais quand je t'entends jouer comme ça, c'est incroyable l'effet que ça peut me faire! On dirait que tu as lancé un sortilège pour me détendre complètement! Tu en connais beaucoup des morceaux comme ça?

Cette petite brune était décidément vive d'esprit, et pleine de curiosité. Aelys se sentait de mieux en mieux avec elle. Pas besoin de faire de courbettes ou autre, et puis elle n'avait pas beaucoup d'amis en dehors de Poudlard. Aussi s'empressa-t-elle de répondre :

- Et tu fais quoi en alchimie ? J'ai toujours trouvé cette matière super intéressante ! Le Songe c'est une pièce de Shakespeare à l'origine, et Mendelssohn a composé une musique qui pour lui représentait parfaitement l'oeuvre. Elle s'arrêta, ayant peur de paraître un peu trop pompeuse, ou d'étaler ses connaissances à l'infini, puis enchaîna sur un autre sujet. Je connais pas mal de morceaux comme ça oui, mais j'en connais plus à l'alto. En fait, s'empressa-t-elle d'expliquer, je jouais de l'alto au départ, et puis j'ai décidé de m'étendre un peu, de découvrir de nouvelles choses, tu vois. Mais je suis contente que tu t'intéresses à ça, il n'y a pas d'âge pour se mettre à la musique !

La jeune sorcière s'arrêta pour respirer un peu (elle était bavarde aujourd'hui !) lorsque soudain, une idée un peu dingue (pour ne pas dire complètement folle) traversa l'esprit d'Aelys :

- D'ailleurs, puisque tu y es si sensible, je pourrais t'enseigner les bases. Si tu veux bien sûr, hein, ajouta-t-elle nerveusement, se mettant à triturer une de ses longues mèches rousses. Elle ne savait pas d'où venait cette idée, mais plus elle y pensait, plus l'idée lui paraissait réalisable.

Si Aelys avait craint d'essuyer un refus de la part de Crystal, elle fut bien vite rassurée en voyant se peindre sur son visage tour à tour le choc, l'étonnement, puis finalement une certaine forme d'excitation :

- Tu es sérieuse là? Je veux dire, c'est pas une blague? Tu me proposes ça alors qu'on ne se connait que depuis deux minutes!

Sur le coup, la rouquine se sentit un peu stupide. C'est vrai ça, pourquoi faisait-elle ça ? Mais d'un autre côté, cette fille avait l'air tellement intéressante... mais venait-elle de refuser en prononçant ces mots ? Aelys se rendit compte qu'elle se posait beaucoup trop de questions au moment où Crystal, rayonnante, continua :

- Si tu es sérieuse, je crois que ça me ferait trop plaisir! Mais je pense que je ne suis pas très douée en la matière, d'abord parce que je n'ai absolument aucune expérience et aussi parce que je suis pas du tout patiente.

Elle acceptait ! La jeune sorcière n'arrivait pas à y croire, elle avait une élève ! Une vraie de vraie, quelqu'un avec qui elle pourrait peut-être devenir amie, quelqu'un à qui elle pourrait enseigner la musique telle qu'elle la voyait. Et ce quelqu'un semblait vraiment porter la flamme nécessaire à la pratique de la musique. Aelys s'empressa donc de rassurer la petite brune, un immense sourire aux lèvres :

- Non je ne plaisante pas, je crois que ça me ferait plaisir autant qu'à toi. Et puis, sincèrement, je pense que tu as beaucoup de potentiel : regarde la manière dont tu as aimé le morceau tout à l'heure ! Si elle te fait te sentir bien, alors c'est que tu es à l'aise avec. En jouer ne devrait vraiment pas être un problème, je t'assure ! J'ai encore chez mes parents - la sorcière ne put s'empêcher de grimacer - ma première flûte, elle est en assez bon état. Je pourrais te la prêter si tu en as envie, et on pourrait se retrouver quelque part pour jouer de temps en temps. Quant à la patience, je t'apprendrai que je n'en ai pas une once non plus, mais on concilie parfaitement les deux. La jeune fille rit, fit une pause, puis termina en rougissant un peu : Si tu trouves que c'est un peu trop rapide, tu peux réfléchir et m'envoyer un hibou, ou quelque chose comme ça. Je ne veux pas te forcer, vraiment !

Et pourtant, au fond d'elle, Aelys avait envie que Crystal accepte.