Bien entendu, cette pause ne plu pas particulièrement à William qui, pris au piège, roula des yeux. Tel un enfant insatisfait, il soupira, sachant pertinemment que la belle ne le laisserait pas tranquille tant qu'elle n'aurait pas toute les informations nécessaires à satisfaire sa curiosité.

- Oui, j'ai trouvé. Je bosse pour la société qui s'occupe de la sécurité de Gringotts. A vrai dire ça fait déjà quelques temps que j'y suis et il se trouve que mon départ de Poudlard tombe au meilleur moment, William adorait tourner les choses à son avantage comme utiliser le terme départ plutôt que renvoi, mais passons. Jouer avec les mots était une qualité que les deux Serpentards possédaient. Le directeur prend sa retraite, il a prévu d'aller finir ses jours sur une plage de sable blanc si j'ai bien compris.

C'était drôle que West lui parle de cela comme si elle n'en savait rien. Hé-ho, il a oublié ? Enfin, la Higgs ne fit aucun commentaire à ce sujet et laissa le jeune homme poursuivre ses explications. À savoir qu'il y avait des postes libres et que, justement, il pouvait y investir tout son temps. Lorsqu'il mentionna de graisser les pattes et montrer les crocs aux bonnes personnes, Axelle secoua brièvement la tête, amusée par la situation.

- ...Il y a moyen d'obtenir un très, très bon poste... T'en fait pas, je sais exactement comment présenter ça aux journaux si jamais on me pose la question. Tu me connais, j'aime pas être en bas de l'échelle, je vise toujours le top...

Et, comme il visait toujours le top, il se déroba, tel un serpent, de l'emprise de sa partenaire et s'empara à nouveau de ses lèvres. Subtilement, ou pas, les mains de William se glissèrent sur son corps : l'une dans son dos et l'autre sous son chandail, près des hanches. À ce contact la sang pur eut un frisson et il la plaqua contre lui, la poitrine de la brune s'écrasant pratiquement contre le torse musclé du sorcier, histoire qu'elle ne se faufile pas afin de le questionner à nouveau.     

S'amusant à mordiller les lèvres du jeune homme, l'ancienne Serpentard profita du moment et glissa une main sur sa nuque, tandis que l'autre s'affaira à descendre vers les cuisses du sorcier. La sorcière savait qu'elle s'aventurait vers un terrain miné et qu'en moins de deux secondes elle se retrouvait sans doute à califourchon sur West. Chose qui ne lui déplairait pas, au contraire, bien qu'ils devraient avoir une discussion sérieuse sur leur relation. Cela pouvait sans doute attendre encore un peu, ou pas. Malgré toutes les belles paroles du sorcier, un dernier doute subsistait dans l'esprit Axelle, compte tenu de la réputation de l'ancien maître des potions, ainsi que de la nature paranoïaque de Higgs la verte. Peut-être que la sang pur l'avait trop fait languir au cours des dernières années et que, maintenant, il prendrait un malin plaisir à prendre sa revanche, la faisant souffrir un maximum. La sorcière chassa cette mauvaise pensée de sa tête, après tout c'était ridicule ! Suffisait de penser à cette promesse qu'il lui avait faite, jadis. Mieux qu'une demande en mariage ! De quoi rendre jalouse toute les femmes  

Puis, alors que la main droite s'affairait à dénouer la ceinture de West, Axelle se recula rapidement et, sans prévenir, dévia la tête vers la droite. Elle toussa dans son coude, une fois, deux fois. La petite toux dégénéra en une quinte de toux plutôt creuse car, rappelons-le, la sorcière avait chopé un mauvais rhume. Trouvant la situation un brin cocasse, un fou rire décida de se mêler à cette toux et les larmes se mit à couler sur ses joues.

Lorsqu'elle reprit une respiration normale et que l'air circula librement dans ses poumons, la jeune femme releva les yeux vers William :

- On est quoi, West ?

Évidemment, la question de la sorcière ne sembla pas plaire à l'homme sous elle. Il garda le silence quelques instants, avant de soupirer, résigné. Bien entendu, il préférait sans doute leur activité précédente aux questions chiantes qu'ils évitaient depuis plusieurs semaines déjà. Depuis la fois où Axelle avait interrompit son dîner avec Face, en fait.

- Je l'ignore...

Ces mots firent mal à la Serpentard qui sentit son coeur se coincer dans sa poitrine. Et si ? Doutant de la suite des choses, son regard s'accrocha aux iris émeraude de West le suppliant mentalement de ne pas la repousser, car elle ne le supporterait sans doute pas.

- Je sais ce que je veux... Je sais ce que j'aimerais qu'on soit...

Le temps semblait s'être arrêter, tandis que West tergiversait.

- Mais j'ignore si c'est ce dont tu as envie...

Pour une rare fois, Higgs sentit la fébrilité dans la voix de William. Lui qui était habituellement si sûr de lui, c'était peu commun de le voir dans cet état et cela en était presque inquiétant. Inspirant, le sorcier attrapa la main de la sorcière avant de se lancer :

- Je t'aime Axelle...

Laissant sa main liée à celle de West, la Higgs garda le silence, son regard détaillant le visage de l'ancien Serpentard. Elle y découvrit de la sincérité et peut-être de la peur, compte tenu du nombre de fois qu'elle l'avait repoussé. Elle se sentie alors idiote de lui avoir fait autant de peine, à travers les années. Se rappelant alors de cette discussion qu'ils avaient eu, quelques mois plus tôt, où elle avait prétexter le mauvais timing comme embûche à leur relation la sorcière esquissa un sourire. Rapprochant ensuite son visage tout près de celui de William, elle appuya son front contre le sien.

- Je t'aime, William, susurra-t-elle tout près des lèvres de l'ancien professeur de potions.

La Higgs n'avait jamais été douée avec les mots dans les situations comme celles-ci, alors elle s'était contentée de la formule la plus simple, mais la plus efficace. La main libre de West était posée sur la hanche de la jeune femme, la tenant ainsi en place sur lui. Maintenant qu'ils avaient mis les choses au point, ils pouvaient sans doute poursuivre leur activité précédemment interrompue par la quinte de toux de la sorcière. La bosse qu'elle sentie lui fit comprendre que West était également impatient de reprendre là où ils s'étaient arrêtés.

Maintenant qu'ils avaient fait la mise au point sur leurs sentiments, les deux sorciers purent continuer leur intéressante activité. Chose que tout les deux attendait avec impatience. Les vêtements volèrent un peu partout dans la pièce, tandis que leurs lèvres ne se lâchaient plus. La passion les avaient enflammé au point que chacun oublièrent leurs tracas et c'était sans doute mieux ainsi. Sentant les mains du sorcier se presser davantage dans son dos,  la Higgs lâcha un soupir. Alors qu'elle atteignit le septième ciel, la jeune femme renversa la tête, ses ongles rentrant un peu plus dans les épaules de l'homme.

~

C'est avec une douceur qu'elle ne connaissait pas que la Higgs caressa la joue de William qui récupérait. Ce dernier ne pouvait s'empêcher de déposer des baisers sur les épaules dénudées de la sorcière. Soudainement, celle-ci se rappela de cette fois dans la salle commune, sept ans auparavant, où ils avaient failli s'embrasser, mais que West avait plutôt embrassé le poing de Charli. Cela avait été le premier "mauvais timing" entre les deux Serpentards. Par la suite, s'en suivit une multitude de mauvais timings, mais c'était maintenant chose du passé.

Une petit moue pensive sur les lèvres, la sorcière frissonna légèrement, alors qu'elle récupérait sa culotte. Avoir un rhume et se balader seins nus n'étaient pas nécessairement une bonne idée. Attrapant donc la chemise de West qui traînait sur le sofa, elle l'enfila et boutonna quelques boutons. Toujours assise sur le garçon, elle appuya sa tête contre son épaule et se lova un peu plus contre lui. Elle toussa légèrement alors que le sorcier prit la parole :

- Je pense que je devrais faire des visites surprises plus souvent... T'as prévu quelque chose cet après-midi ou je peux rester un peu ?
- Tu peux rester autant que tu veux, sourit la jeune femme d'un air malicieux, à condition que tu me concoctes un petit quelque chose qui fera partir ce foutu rhume.

La réponse de Finrod ne tarda pas et c'est avec une joie non-dissimulée que la sorcière constata qu'il répondait à l'affirmative à son petit caprice. Griffonnant à la hâte son adresse et l'heure du rendez-vous, la Higgs renvoya rapidement la courte missive. D'ici le week-end elle aurait donc son petit reptile. Nelson émit un long miaulement, comme s'il avait deviné les pensées de sa maîtresse et ne semblait point d'accord avec cette idée saugrenue.

Vendredi arriva rapidement et c'est en coup de vent que la sorcière quitta le niveau 3 du Ministère de la Magie, effectuant un beau vent à son misérable collègue Jasmin. A l'extérieur, le temps était gris et lourd, mais cela importait peu à la Serpentard qui n'avait pas prévu de sortir, mais plutôt de recevoir. Transplanant prestement, la sorcière retrouva rapidement le confort de son logement et remarqua que Morphine avait effectué la plupart des tâches demandées. Tant mieux.

La jeune femme eut à peine le temps de troquer ses vêtements pour quelque chose de plus décontracté, à savoir un legging lustré et une longue chemise à carreaux, de la couleur de son ancienne maison, ouverte sur un débardeur blanc au décolleté plongeant, que l'on toqua. L'elfe de maison délaissa le brossage du félin, à son grand regret, et trottina jusqu'à l'entrée. Ses grand yeux s'agrandirrent de terreur lorsqu'elle y découvrit l'homme baraqué qui dirigeait la boutique d'animaux magiques. Venait-il la récupérer ? Morphine n'avait aucune envie de retourner avec les autres ! Elle lâcha un terrible couinement et s'enfuit à toute jambes. Sympa l'accueil, n'est-ce pas ?

- Entre Finrod ! lança Axelle depuis la cuisine où elle préparait un petit quelque chose.

Sa légendaire paranoïa l'avait quitté, surtout que la visite du sorcier était attendue. D'un rapide #Wingardium Leviosa, Axelle fit l'éviter un plateau de bois jusqu'à la table basse du salon. Deux tasses contenant un liquide fumant répandit une bonne odeur de café et d'alcool à travers l'appartement. Quelque chose de réconfortant et sucré pour pallier à cette maussade soirée. Outre un café à la base de noisette, Higgs s'était amusée à ajouter une bonne larme de whisky et d'amarula avant de disposer une petite garniture de crème fouetté sur le dessus. Elensar devait plus être du type café noir, mais il apprécierait sans doute l'attention de la sorcière ou, du moins, ferait preuve de politesse.

Une fois qu'elle eut rejoins l'homme dans le salon, son regard ne peut s'empêcher de diverger sur la boîte contenant l'impertinent ami à écaille. Un petit sourire naquit sur ses lèvres. A l'intérieur, le reptile semblait s'agiter. D'un geste de la main, elle invita l'ancien Serpentard à se dévêtir de son manteau, ordonnant prestement à Morphine -qui observait d'un œil craintif la scène à partir des escaliers- de le débarrasser du vêtement, et lui indiqua un des canapés.

- Installe-toi, tu n'as pas eu de mal à trouver l'endroit à ce que je vois !

Elensar complimenta l'appartement de la sorcière qui le remercia d'un aimable sourire. Après avoir goûté le breuvage préparé par la jeune femme, Finrod reprit la parole. Il avoua avoir été surpris par la missive de l'ancienne Serpentard, car elle ne semblait pas avoir prêté attention au serpent lors de sa visite à la boutique. La vérité c'est qu'elle avait fait exprès, puisque le serpent n'arrêtait pas de parler et elle ne voulait pas griller son don de fourchelang. Elle tenta d'expliquer son comportement de cette fois-là, tout en lançant un regard à la cage que le sorcier avait déposé sur le sol :

- Cette journée-là, j'étais plutôt concentré sur mon objectif de me trouver un elfe de maison, expliqua la jeune femme tout en désignant Morphine. Et je voulais voir si elle allait bien s'adapter avant de me procurer un nouvel animal.

~ Je t'avais bien dis qu'elle me voulait ! s'exclama le petit reptile dans sa cage.

Axelle se leva alors et prit la cage qui contenait le petit serpent. Elle le déposa sur la table basse et le contempla quelques instants, avant de lever à nouveau le regard vers Finrod :

- J'ai jamais eu de serpent, [i]avoua-t-elle, presque gênée, comme s'il s'agissait d'un crime, Cette cage est suffisamment grande pour lui ?

~ Non ! s'exclama la bestiole à écailles.

Axelle se demanda alors s'il ne profitait pas de son manque de culture sur les reptiles pour se procurer un vivarium digne d'un château.

- Et quelques conseils de base afin qu'il ne meurt pas dans la semaine suivante ? reprit la sorcière sans se préoccuper de l'impertinent reptile.

C'était sans doute son caractère qui avait séduit la sang-pur, bien que la couleur de ses écailles était très original. Trempant à nouveau ses lèvres dans la tasse, en attente d'une réponse de son interlocuteur, elle se demanda depuis combien de temps Finrod était le propriétaire de la boutique d'animaux magiques.

L'ancien Serpentard répondit aux réponses de la jeune assistante Oubliator, lui indiquant que cette cage serait trop petite pour lui et qu'il se nourrirait essentiellement de rongeurs ou de petits oiseaux. Il lança ensuite un regard remplis de sous-entendu au reptile. Ce dernier, étrangement, garda le silence. Il avait perdu la langue ou quoi ? Elle se serait attendue à une remarque, mais non. Le serpent était plutôt occupé à observer son nouvel environnement et avait sans doute perdu le fil de la discussion entre les deux humains. Axelle changea légèrement de sujet, revenant sur les propos de Finrod concernant la réaction de l'elfe de maison :

- Oh, Morphine va bien. Je crois qu'elle a juste eu peur en te voyant, expliqua-t-elle tout en tournant le haut de son corps vers la cuisine.

L'elfe était là à y mettre un peu d'ordre, le chat sur ses talons qui n'hésitait pas à frôler sa tête contre les fines jambes de l'elfe, lui faisait presque perdre l'équilibre. Trempant à nouveau ses lèvres dans la boisson chaude, Axelle adressa un regard chaleureux à Finrod avant de reprendre la parole :

- Elle craint peut-être que tu la ramènes à la boutique ! blagua-t-elle.

Repensant à ce qu'avait dit le propriétaire de la boutique d'animaux magiques concernant l'habitat du serpent, la sang-pur posa une nouvelle question :  

- Tu parlais de terrarium mais.. Je peux le laisser libre dans l'appartement ou il va se sauver ? demanda-t-elle en désignant de l'index le reptile qui reporta son attention sur les deux sorciers.
~ Si t'es gentille, j'vais rester. Et je ferais même pas mal au félin !  

Ben, encore heureux ! S'il touchait un cheveu de Nelson, l'animal à écailles pouvait dire adieu à sa courte existence.

- Et il bavasse toujours autant ? poursuivit Axelle un brin moqueuse, faisant références aux sifflements du serpent, bien que le terme employé, bavasser, pouvoir laisser croire qu'elle comprenait ce qu'il racontait.

La chasse aux souvenirs n'était pas une mince affaire. Les docteurs avaient prévenu Charli, il fallait qu'il soit patient. Ses souvenirs reviendraient sûrement, mais il ne fallait pas s'attendre à ce que cela se fasse dans l'immédiat. Il devait vivre sa vie, espérer rencontrer des personne qu'il connaissait afin qu'ils puissent l'aider dans sa quête ou tout simplement lui faire déclencher des flashback. L'abus de substances avait été défaillant sur le réseau synaptique menant à l'hippocampe, il fallait espérer que les terminaisons se rétablissent correctement.

Il y avait de cela quelques jours, Charli avait rencontré une ancienne connaissance, Kyara. Ils avaient discuté un moment et ayant appris sa nouvelle situation, elle lui avait conter son ancienne vie. Elle lui avait notamment parler d'une certaine Axelle avec qui il aurait eu une relation sur une plutôt longue durée. Ayant fait preuve de gentillesse, elle avait fini par lui donner son adresse afin que Charli puisse lui rendre visite si il le désirait.

Occupé, il avait mis un certain temps à se décider à aller déranger celle qu'il avait apparemment bien connu pendant un certain temps. Fier de lui, il n'avait pas envie de passer pour un boulet amnésique qui vient faire du porte à porte dans l'espoir de faire remonter quelque chose. Mais finalement, l'ennui ayant prit le dessus, il se décida à se rendre chez elle. Il espérait qu'elle soit là pour ne pas avoir eu à se déplacer jusqu'à Londres pour rien. Arrivé devant la porte de sa maison, il se décida à toquer et attendit que la porte s'ouvre.

- Euuh, Axelle c'est ça ?

S'apprêtant à poser une tasse de café fumante sur la table, un évènement inhabituel se passa : on toqua à la porte. Alerte, la belle sorcière releva doucement tête, ayant un bon visuel de l'entrée. À travers les carreaux givrés, il était impossible de distinguer pouvait bien se trouver derrière. Le fait que la personne avait toqué plutôt que sonné l'intriguait profondément, probablement trop. Baissant les yeux vers son corps, elle haussa les épaules avant de s'assurer que sa baguette était bien coincée dans la bretelle de sa nuisette. Ajustant son peignoir court aux motif fleuris, la sorcière se dirigea avec une certaine appréhension, tout en ordonna du regard è son elfe de maison de rester tranquille et n'agir que si la situation dégénérait.

Quand elle ouvrit la porte et que son regard tomba directement sur Proulx, le temps eut l'impression de s'arrêter. Ses doigts se resserrèrent sur l'anse de sa tasse et la sang pur du se faire violence afin de ne pas la lancer sur le sorcier qu'il lui faisait face. pourtant, cela aurait été un tel soulagement ! Hésitant, le sorcier prit finalement la parole :

- Euuh, Axelle c'est ça ?

Il avait l'air perdu, depuis quand il ne la reconnaissait pas ? Allôôôôô. La sinople le fixa d'un regard polaire, ses iris presqu'électriques tentant de déceler les raisons de sa venue ici. Haussant un sourcil face à sa drôle d'entrée en matière, elle rétorqua :

-The f*ck, Proulx ?

Un ton un peu hautain, l'air de dire que les mauvaises blagues avant dix heures sont prohibées dans son monde. D'ailleurs, Charli ne devait même pas être conscient de sa chance, car il était rare que la sorcière se trouvait chez elle, passant plus souvent qu'autrement ses nuits chez William, depuis leurs retrouvailles. Étrange coïncidence.

Cependant, les secondes s'écoulaient et rien ne se passait. Il y avait un étrange malaise qui s'installait entre les deux sorciers et soudainement, la main qui tenait la tasse se mit à lui brûler, mais pas à cause du café, non. Axelle savait pertinemment que c'était sa cicatrice qui la brûlait ainsi. Les années avaient passé, mais la jeune femme se rappellerait toujours de cette nuit comme si c'était hier. Ignorant la douleur qui s'atténuait peu à peu, elle décida de briser le silence :

-Écoute, j'ai pas toute la journée à te regarder faire le poisson mort, qu'est-ce que tu m'veux ?

La porte s'ouvrit sur une demoiselle qui venait apparemment de se lever depuis peu au vu de sa tenue. Peignoir, café à la main, il semblait que ce n'était pas vraiment pas le bon moment pour la déranger mais maintenant, il était trop tard pour faire demi-tour. En la voyant, Charli eu comme une sensation de déjà-vu. Il lui semblait bien qu'elle lui disait quelque chose mais il ne pouvait dire quoi. Heureusement que Kyara lui avait un tant soi peu expliqué leur relation, de sorte à ce qu'il puisse trouver ce sentiment normal.

Malheureusement pour le garçon, Axelle n'avait pas l'air très heureuse de le revoir. Il mit ça sur le compte de l'heure un peu matinale et du fait qu'il l'avait dérangé en plein café mais bizarrement, il se doutait qu'il s'agissait d'une toute autre chose. Il ne pouvait dire de quoi il s'agissait mais le courant n'était certainement pas au goût d'une grande sympathie. Il fallait qu'il sache pourquoi, qu'elle l'aide à faire remonter quelques souvenirs.

Les secondes défilaient sans qu'un seul mot ne soit prononcé. Charli était comme bloqué, il ne savait pas quoi dire. Il fallait qu'il reprenne ses esprits. Une sensation de picotements se mit à lui traverser la paume de sa main gauche. il ressentait comme une légère brûlure mêlée à un léger chatouillis. La même sensation que lorsque Kyara lui avait parlé d'Axelle. Cependant, il ne fit pas le rapprochement avec elle. Pour lui, il s'agissait seulement de son corps qui faisait des siennes et se contenta de frotter sa main pour atténuer cette gène.

-Écoute, j'ai pas toute la journée à te regarder faire le poisson mort, qu'est-ce que tu m'veux ?

Elle avait raison. Il fallait que Charli parle, ou qu'il parte. L'un ou l'autre. Mais dans tous les cas, il ne pouvait pas rester sur le pas de porte sans dire le moindre mot. A part passer pour un idiot, ce n'était pas très productif. Il mit alors en route son neurone en route et se lança, espérant que cette conversation se passerait bien. Du peu qu'il venait de voir, Axelle avait un comportement plutôt bien trempé.

- Désolé d'venir à l'improviste comme ça, Kyara, ta cousine me semble, m'a dit que j'pouvais trouver là. Du coup, bah j'suis là. C'que j'vais t'dire, tu vas sûrement trouver ça bizarre mais t'inquiète, j'suis autant perdu.

Charli frotta de nouveau sa main, la douleur semblait s'amplifier au fur et à mesure de ces paroles. Mais, il ne s'inquiéta pas plus que ça et continue son petit speech introductif.

- Bref. Il parait que j'te connais. Toi t'as l'air de m'connaître en tout cas. Mais vu que j'me souviens de vraiment pas grand chose, j'me suis dit que t'allais p't'être pouvoir m'aider. J'peux rentrer ?

Charli n'attendit pas l'autorisation et entra tout simplement dans la maison de la jeune Higgs. Il avait peut-être perdu la mémoire mais Proulx restait toujours fidèle à lui-même. Si il avait décidé quelque chose, rien ne le ferait changer d'avis.

Charli obéit et se décida à parler, au grand bonheur de son ex qui en avait déjà marre d'être plantée dans l'embrasure de la porte, attendant à ce qu'il éclaircisse tout ce cirque. Point étonnement surprenant, il s'excusa ! Chose très rare chez le sorcier. Ensuite, il lui fournit des explications un peu décousues, mentionnant que c'était Kyara qui lui avait filé son adresse, avant de la prévenir que ce qu'il s'apprêtait à annoncer serait bizarre et que, lui aussi, était perdu. Wow, ça augurait bien. Et puis, effectivement, la suite était bizarre :

- Bref. Il parait que j'te connais. Toi t'as l'air de m'connaître en tout cas. Mais vu que j'me souviens de vraiment pas grand chose, j'me suis dit que t'allais p't'être pouvoir m'aider. J'peux rentrer ?

Avant que la verte ne puisse répondre, un tantinet insultée qu'il prétendre ne plus se souvenir d'elle, Proulx se faufila sournoisement entre la sorcière et l'ouverture, appuyant légèrement son épaule contre son corps afin d'avoir suffisamment d'espace pour passer. Se laissant pousser contre le cadre de la porte, la sorcière roua des yeux :

- Fais comme chez toi.. lâcha-t-elle d'un air blasé tout en suivant du regard le jeune homme qui traversait le hall d'entrée.

Pour quelqu'un qui avait perdu la mémoire, il n'était pas gêné. Pis c'était quoi cette histoire de perte de mémoire ? Dans quel merdier pas possible il s'était foutu encore ? Oui, Axelle avait une opinion sévère de Proulx, mais juste. Apparament que lorsque nous nous comparons, nous nous consolons. Dans ce cas-ci, c'était bien vrai.

Refermant et verrouillant la porte derrière elle, la sang pur suivit Charli qui n'eut pas de réelle difficulté à trouver le salon et choisit le siège qui lui sembla le plus moelleux. Prenant place sur le canapé, la sorcière déposa son café sur la table prévue à ce effet et reportant son attention sur Proulx, à la recherche d'un indice. Paranoïaque comme elle était, la jeune femme pensait que Proulx jouait la comédie, mais ne trouvait aucun raison valable pour justifier son petit jeu.

- Depuis quand t'es comme ça ? Qu'est-ce que tu sais d'avant le clash ?