Aujourd'hui tu ne bosses pas. Vive le dimanche, c'est ton jour de repos. Mais ce n'est pas pour ça que tu ne fais rien de ta journée. Pas de repos pour les braves. Tu passes ta matinée dans la Forêt Interdite, du côté de Pré-au-Lard. C'est ton territoire, et tu te dois de le conserver. C'est ton côté chien-loup qui ressort, t'arrives pas à t'en empêcher. Dès que tu peux aller courir dans les bois et faire le tour de ton territoire pour bien le marquer et ainsi repousser les autres créatures de la forêt, tu ne peux pas t'en empêcher. Tu chasses même quelques petits rongeurs en route dès que tu saisis l'odeur de l'un d'eux et qu'il est assez téméraire (ou stupide) pour ne pas rentrer chez lui.

T'as beau amplement préféré les créatures et les animaux aux êtres humains, lorsque t'es transformé tu ne parviens pas à empêcher tes instincts de chasseur de prendre le dessus. L'odeur des proies, de leur sang qui pulse, de la peur qui les saisit lorsqu'elles comprennent qu'il est déjà trop tard pour elles et qu'elles ne peuvent plus s'échapper. Le goût du fer dans ta gueule, le sang chaud qui éclabousse ta fourrure... T'en frissonnes de plaisir à chaque fois. T'as arrêté de culpabiliser lorsque tu retrouves forme humaine. Au contraire, tu acceptes totalement cette partie de toi.

Pas le chasseur en lui-même, mais le chien-loup. C'est ton animal totem, il te représente dans ton entièreté, dans tes défauts comme dans tes qualités. Aucun jugement vis-à-vis des animaux. Simplement de l'instinct et de la liberté. Ce matin ne déroge pas à la règle. Tu t'es déjà régalé d'un lapin et de plusieurs mulots un peu trop curieux. A présent, tes pattes battent la terre à toute allure, profitant du vent qui s'engouffre dans ta fourrure et de l'ivresse que la vitesse et la liberté te procurent. Les odeurs de la forêt t'assaillent, que ce soit la terre mouillée, l'herbe fraîche, ou encore la sève qui s'écoule des troncs. T'es entièrement dans ton élément.

Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Ta course effrénée également. Il te faut bien rentrer à un moment donné ou à un autre. Tu trottines donc jusqu'au pied de l'arbre creux qui accueillent tes vêtements ainsi que ta baguette magique. Tu sens une drôle d'odeur, une odeur étrangère. Tu n'y prêtes pas forcément attention, quelques promeneurs s'égarent parfois par ici. Il se trouve non loin de la Cabane, mais pas à vue non plus. Tu préfères éviter qu'Arty te voie à poil, il risquerait de se faire des idées. Sinon, tu laisserais probablement tout sur le canapé. Tu reprends donc forme humaine pour aussitôt passer un short un peu large et un vieux t-shirt. Autant dire que t'es dans un sale état, couvert de terre et de sang séché. Mais t'es très content de ta matinée.

Sauf que maintenant, en plus de l'odeur sentie lorsque tu étais encore sous forme Animagus, t'as l'impression d'être observé. N'ayant pas l'intention de jouer à cache-cache plus longtemps, tu élèves la voix.

- Montre-toi.

Je n'avais encore jamais vu un un tel spectacle de ma vie. Oh bien sûr, je n'étais pas ignorante sur le sujet mais de voir un Animagus de mes propres yeux était quelque chose auquel je ne m'étais pas attendu en me rendant par hasard, au début, dans la forêt du Pré-au-Lard.

Cachée derrière mon arbre, je ne peux détacher mes yeux de ce spectacle que cet individu dont je ne connais rien m'offre. Ok, je me sentirais coupable plus tard mais pour l'instant c'est tout bonnement impossible à mes yeux de quitter du regard le chien qui se transforme en humain. Cette transformation est pour moi une énigme à elle toute seule et me fascine d'autant plus. Je ne connais pas grand chose encore à l'Animagie mais quelque chose me dit que, plus tard, j'aimerais aussi pouvoir avoir cette chance de pouvoir me transformer ainsi. Cela ne doit pas être facile, enfin si peut être après des années d'expériences mais il doit y avoir tout un tas de techniques notamment pour découvrir son animal totem.

Plus rien ne compte autour de moi en tout cas à cet instant face à cette vision et je trouve la fin de cette transformation bien trop vite à mon goût. Soudain, je tressaille quand sa voix même se fait entendre clairement dirigée à mon attention et me fait me sortir de mes pensées. Je lève les yeux au ciel. Eh m*rde, je suis grillée ! Un instant, j'hésite mais me mordillant la lèvre, je sors finalement de ma cachette, prudemment. De toute façon, foutue pour foutue... Question filature, on repassera...

« Je.. je suis désolée. Je ne voulais pas paraître impolie...  »

Allait-il me croire ? Je le regarde limite d'un air géné pas si sûre mais en tout cas, j'étais sincère. Cependant, c'est un regard presque d'excuse que je lui lance. Si je pouvais me cacher à nouveau, je repartirai direct derrière mon arbre.

Quelques secondes s'écoulent avant que ton impression d'être observée ne se confirme. En effet, à ta sommation, une jeune fille sort de derrière un arbre, visiblement gênée, tout en baragouinant quelques excuses à ton intention. Tu hausses un sourcil en l'entendant. Tu te fous un peu d'avoir été observé sur le principe. Ce qui te dérange, c'est que quelqu'un dont tu ne sais rien sache soudainement que t'es Animagus. N'étant pas déclaré, une gaffe de la part de la demoiselle pourrait vite t'attirer des ennuis. Mais tu ne te démontes pas. Tu gardes un air calme, froid, et quelque peu distant. Tu sais que tu peux être impressionnant pour peu que tu t'en donnes la peine. Après tout, tu restes un Peverell.

Tu toises donc la gamine qui te fait face d'un air glacial. Elle est gênée, et tant mieux. Cela joue en ta faveur. Tu ne dois pas perdre la face, tu dois être celui qui mène la danse ici. Ne rien laisser paraître si ce n'est une force tranquille et inaltérable. Tu finis par lâcher à nouveau quelques mots, essayant volontairement de la mettre de plus en plus mal à l'aise.

- Tu te caches pour observer les gens et tu ne veux pas paraître impolie ? Tu devrais sans doute revoir les bases de la politesse. J'espère au moins que ce que tu as vu t'as plu.

Parce qu'elle était là avant que tu ne reprennes forme humaine. Et par conséquent, avant que tu ne sois revêtu. T'es à peu près certain que mater des gens à poil sans qu'ils ne soient consentants est puni par la loi. Mais d'un autre côté, l'exhibitionnisme l'est également, et tu n'es pas franchement sur ta propriété, bien qu'elle ne soit pas loin. Tu finis par enfin la lâcher du regard le temps d'enfiler tes chaussures et de ranger tranquillement ta baguette dans la ceinture de ton short. La gamine n'ayant pas bougé, tu t'autorises une nouvelle moquerie.

- Tu peux repartir, j'ai pas l'intention de me remettre à poil tout de suite.

T'as du mal à t'en empêcher. Faut toujours que tu te foutes de la gueule du monde. T'aimes bien mettre les gens mal à l'aise. Faire en sorte qu'ils ne sachent pas sur quel pied danser face à toi. Et rien de tel qu'une gamine inconnue pour se permettre ce genre de choses. Dès que les gens te côtoient un peu trop souvent ils finissent par comprendre que ton sarcasme n'est pas vraiment de la méchanceté gratuite. Uniquement un moyen de communication qu'il t'est aisé d'utiliser.

Je grimace à sa réflexion. D'accord. Il a pas tout à fait tord si on suit sa logique mais que je sois tombée sur lui était complètement inattendu même pour moi et, je dois le reconnaître une chance pour moi de croiser un Animagus. Je trouvais son don réellement fascinant. J'en avais jamais vu encore jusqu'à présent de mes propres yeux. Je ne peux d'autant plus froncer les sourcils et me raidir à sa deuxième réflexion même si j'avais déjà compris son premier sous entendu. Je n'étais pas là pour son corps comme il le pensait si bien même si je pouvais reconnaître que ce dernier possédait bien des atouts et ne manquait pas de charme. Bien des demoiselles auraient craquées devant celui-ci. Pour autant, je n'appréciais pas vraiment les types qui possédaient une telle arrogance, cela leur enlevait tout le charme qu'ils possédaient bien que certaines trouveraient cela aussi sexy sans doute mais pas moi. Peut-être que cette arrogance trouvait sa source face à un agacement de l'avoir surpris en pleine transformation. Sentiment que je pouvais tout à fait comprendre cependant.

« Crois ce que tu veux mais je n'étais pas là pour ça. »

Je ne sais pas pourquoi mais je ne bouge toujours pas. Je devrais pourtant partir et ne pas l'importuner plus mais c'est plus fort que moi, il faut que je reste.

« Si tu as peur que je parle, tu peux rester tranquille. Je serai muette sur ton don. »

Il peut ne pas me croire. Après tout, il en a le droit. Je suis pourtant des plus sincères et je tiendrais parole. Quelque chose me dit qu'il n'avait pas forcément envie que tout le monde l'apprenne. Autre point de vu que je peux saisir.

« Je suis navrée de t'avoir surpris ainsi, ce n'était pas du tout intentionnel (enfin à moitié) mais c'est que j'aimerais devenir Animagus plus tard aussi. Ton don me fascine vraiment, j'en avais jamais vu un avant toi jusqu'à maintenant mais je ne te dérangerais plus puisque tu ne sembles pas apprécier ma présence. »

Dans un léger soupire, je commence à partir espérant qu'il me retienne car j'aurais, je dois l'avouer, bien aimé en apprendre plus sur son don...

Tu ne la quittes pas du regard tandis qu'elle affirme qu'elle n'était pas dans cette forêt pour te voir à poil. Quelque part, tu t'en doutais un peu. Parce que si ça avait vraiment été le cas, tu lui aurais probablement fait remarqué à grands coups de sortilèges. T'aimes pas tellement te faire mater par des étudiantes perverses. Et t'espères bien que c'est jamais arrivé en fait. Tu te contentes donc de lui renvoyer un air neutre, totalement indifférent, comme blasé par sa non-répartie quant à ta petite pique ironique. Et la voilà qui t'assures de ne pas parler de ton statut d'Animagus.

Tu hausses un sourcil, légèrement surpris. Tu te demandes vaguement si elle se doute que tu n'as jamais déclaré ta condition ou si elle pense simplement que tu la gardes pour toi bien qu'elle soit légale. Mais tu hoches légèrement la tête de haut en bas pour lui répondre.

- Parfait dans ce cas.

Petit sourire de circonstance, pas franchement sincère, uniquement poli. Parfois t'essaies de faire des efforts pour te comporter comme un être humain normal. C'est à dire que tu essaies d’interagir avec tes pairs sans forcément les provoquer ou les pousser totalement à bout. Mais faut bien dire que ce n'est pas très naturel. La gamine n'a cependant pas l'air de vouloir partir de suite. La voilà qui se met à te parler comme si tu pouvais t'intéresser un tant soit peu à sa vie. C'est uniquement lorsqu'elle annonce vouloir elle-même devenir Animagus que ta curiosité s'éveille légèrement.

Tu l'observes avec davantage d'attention, comme pour la jauger. Comme si tu pouvais voir dès à présent si oui ou non elle est capable d'un tel exploit. Et c'est le moment qu'elle choisit pour faire demi-tour et se barrer. Tu lèves les yeux au ciel en poussant un soupir. Il faut croire que les gens sont incapables d'énoncer clairement une demande.

- Si tu veux en parler j'habite un peu plus loin. J'aime autant pouvoir me débarrasser du sang et de la terre avant.

Ouais, parce que ça tiraille la peau le sang sec. La boue sèche aussi d'ailleurs. Et dans tous les cas être propre de temps en temps c'est sympa. Surtout que ça peut t'éviter de passer pour un psychopathe tueur si jamais quelqu'un d'autre décidait de venir se promener par ici. Et tu n'attends pas sa réponse pour prendre la direction de la Cabane. Si elle veut en savoir plus, elle te suivra. Sinon, tant pis pour elle. A vrai dire, tu ne sais même pas vraiment pourquoi tu lui as proposé d'en parler. Peut être parce que l'Animagie t'a offert une nouvelle vie, t'a aidé à te libérer de tes chaînes. Tu ne peux pas refuser ça à qui que ce soit.

Je m'arrête alors que j'allais continuer ma route sans lui prêter plus d'attention mais, toutefois, je me retourne vers lui, bien surprise par son changement d'attitude. Je n'ose un instant croire à ce qu'il est en train de me dire. Une invitation ?! Sérieux ? Finalement, ma révélation sur mon souhait de devenir comme lui plus tard avait très certainement du éveiller sa curiosité. Un sourire amusé s'affiche alors sur mes lèvres. A peine perceptible, cependant. Je ne voulais pas qu'il est en plus l'impression de croire que je me moquais de lui, ce qui n'était en rien le cas. Juste la tournure que les événements prenaient me surprenait.

Un instant, je regarde autour de moi me demandant ce que je devais faire. Un instant, je réfléchis, puis ma décision est prise. Qu'il m'invite chez lui pour en discuter était une chance inouïe et à saisir tout de suite! Finalement, je finis par le suivre. Mes pas succèdent les siens, tout en restant à bonne distance néanmoins de lui. Il m'avait invitée certes, invitation d'ailleurs dont je ne me remettais toujours pas mais bon je préférais garder encore un peu mes distances vu comment il m'avait traitée au départ le suivant presque à pas de loup (futur animal totem ?). Quoi qu'il en soit, sont invitation me touchait et j'avais hâte de pouvoir en savoir plus sur ce don. A dire vrai, j'étais plus qu'impatiente !

Tu ne t'es pas retourné pour voir si elle te suivait, mais tu as bel et bien entendu ses pas qui t'emboîtaient le chemin. Toi-même lorsque tu as voulu devenir Animagus, tu n'as pas franchement laissé le choix à Lennox, elle a bien fini par te filer un coup de main. Et un sacré en plus de ça. La gamine est encore trop jeune pour parvenir à ses fins, mais il n'est jamais trop tôt pour en apprendre davantage. Une fois devant la Cabane, tu ouvres la porte avant de lui faire signe d'entrer.

- Vas-y, entre. Tu peux t'installer sur un des canapés, si tu veux boire un truc, demande à Balthazar.

Le petit Elfe de Maison est justement venu vous accueillir. Tu lui adresses un sourire.

- Moi j'prendrais bien un café, mais occupe-toi de notre invitée d'abord, j'vais m'passer un coup.

Balthazar s'enquit alors immédiatement auprès de la jeune demoiselle afin d'être sûr qu'elle s'installe correctement et qu'elle ne manque de rien en t'attendant. L'Elfe est adorable, et tu ne te fais aucun problème quant au fait qu'il saura s'occuper de la jeune fille tout en la surveillant pendant que tu vas te débarbouiller. Une fois débarrassé du sang et de la terre, tu en profites pour troquer ton short et ton t-shirt pour une chemise et un pantalon plus convenables et tu redescends pour te laisser tomber sur un canapé, exténué.

Une tasse de café fumante t'attends déjà sur la petite table, et tu remercies Balthazar tout en t'en saisissant pour en avaler une gorgée. Et enfin, tu reportes toute ton attention sur la demoiselle qui te fait face.

- Pourquoi veux-tu devenir Animagus ?

Le don est difficile à obtenir. Il nécessite bien plus qu'une simple envie de se transformer en animal, il demande un besoin de se connaître soi-même et de s'accepter pleinement. Elle est sans doute encore trop jeune pour se rendre compte de l'importance d'une telle acceptation de soi. A son âge, tu ne savais même pas qu'il était possible de vivre en paix avec toi-même, c'est pour dire.

Je continue toujours de le suivre lorsque nous arrivons devant chez lui. Enfin, je présume. Mon idée se confirme quand il ouvre lui même la porte pour m'inviter à rentrer ensuite. Tandis que je passe alors le pas de la porte, je hoche la tête à mon hôte du jour pour esquisser ensuite un sourire bienveillant en direction de l'Elfe. Je m'en vais pour m'installer sur les canapés quand je revois l'Elfe revenir. Par pure politesse, je finis finalement par prendre une boisson.

« Juste du thé, s'il vous plait. Ça sera parfait. »

Mon regard se met à détailler la pièce pendant que l'Efle enfin Balthazar s'en va préparer ma boisson et que mon hôte est occupé à se changer. Chose que je peux comprendre. Puis, c'est tout de même mieux pour discuter convenablement. Je n'aurais jamais penser me trouver là tout au début de notre rencontre. Sa démarche pourtant d'aller voir plus loin que la première impression que je lui avais apparemment laissée ne me laisse pas insensible. D'un sourire, je remercie Balthazar qui revient avec ma tasse fumante tandis que je la prends délicatement dans mes mains.

Le garçon revient alors lui aussi presque en même temps et ne perds pas de temps pour commencer l'apprentissage posant la toute première question qui devait sans doute déjà servir à me cerner davantage. Après tout, il a raison. Commençons tout de suite. Je bois cependant doucement juste une gorgée de mon thé avant de lui répondre en toute sincérité malgré d'être toujours un peu sur la réserve.

« Je crois que j'ai ce désir depuis un long moment déjà. Ça ne quitte pas mon esprit. Je sais qu'on ne devient pas Animagus d'un coup de baguette magique mais c'est un don qui m'a toujours fasciné... Je me pose beaucoup de questions là-dessus. Dès que je regarde un animal, je me vois me transformer mais cela me le fait plus particulièrement avec les oiseaux en fait. »

Je hausse des épaules. Non pour lui être impolie mais parce que je ne sais pas quoi ajouter de plus bien que ma réponse lui sera sans doute incomplète. Je ne lui mentais pas en disant que ce don me fascinait depuis un bout de temps, je ne saurais dire trop depuis quelle période en fait. Et pour revenir aux oiseaux, mon Patronus était un cygne, cette attirance venait-il de lui ? Je ne savais pas mais j'étais bien curieuse de savoir comment lui était parvenu à être aujourd'hui un Animagus aussi accompli.

Tu écoutes la réponse de la demoiselle. Si tu ne doutes pas de son envie de devenir Animagus, tu doutes clairement de ses raisons qui sonnent un peu à tes oreilles comme un caprice d'enfant. Vouloir quelque chose qui nous fascine s'apparente pour toi à un caprice, et tu vis avec Arty, donc tu t'y connais en la matière. Mais tu te doutes bien que tout le monde ne devient pas Animagus par nécessité, comme tu l'as fait. Enfin, c'était un choix personnel, mais pris pour pallier à un problème bien trop important, et non pas pour satisfaire une lubie par curiosité.

Au-delà de ça, que tu ne peux te permettre de juger, la réponse est plutôt incomplète. Car si la jeune fille semble attacher de l'importance aux animaux et vouloir se mettre à leur place... Il lui manque le pan le plus important pour ne serait-ce que débuter un apprentissage en la matière. Quoi que son attirance pour les oiseaux pourrait déjà être un début.

- Quel genre d'oiseau ? Qu'est ce qui te fait t'en sentir proche ?

Là est l'important si elle veut pouvoir parvenir à ses fins un jour ou l'autre. On ne lui demande pas de se transformer en animal. Ni même de se mettre à leur place. Elle doit être l'animal. Ne former qu'un avec celui qui est son animal totem. Son esprit humain doit cohabiter avec son esprit animal, plus primitif, plus instinctif, plus sauvage. Elle ne peut probablement pas encore savoir quel animal la représente. Ce qu'elle veut et ce qu'elle est sont deux choses différentes, comme pour tout le monde. Mais elle tient peut-être une piste en parlant volatile.

Toi, t'étais persuadé que ton animal totem serait un oiseau aussi. Ou une chauve-souris. Quelque chose qui vole en tous cas. Tu pensais que ta recherche de liberté ne pouvait trouver de sens qu'une fois que tu aurais littéralement pris ton envol. Et tu t'es rendu compte à force de méditations que tu étais bien loin du compte. Tu as même découvert un animal qui t'était jusque là inconnu. Tu as dû apprivoiser ton animal totem, apprendre à cohabiter avec lui avant de le considérer réellement comme part de toi. Avant de te rendre compte que vous étiez semblables en tous points.

Ses questions suivantes sont pertinentes et méritent tout à fait leur attention. Je me laisse le droit de rester pensive un instant face à lui. Rien ne sert de répondre dans la précipitation. Je me racle doucement la gorge avant de lui répondre à nouveau.

« Je pense à ceux qui font partis de la famille des Passerides en particulier les moineaux. J'ai l'impression d'avoir beaucoup plus d'affinités avec eux que tout autre animal. Que je ne pourrais faire qu'un avec eux. En fait, oui. Je me sens clairement comme eux. J'aime leur liberté, leur indépendance bref leur façon de gérer leur autonomie ainsi que leur vivacité d'esprit. Rien qu'en les regardant, je me sens pousser des ailes... D'ailleurs j'ai depuis longtemps cette attirance pour eux et non parce que je souhaite juste devenir Animagus. »

Bien entendu, le vouloir est une chose mais le pouvoir en est une autre. Je le sais comme je sais que quelque part cette sensation de pouvoir me transformer était clairement présente. Je me doutais que le travail était long et sans doute fastidieux, réflexion qui m'amène à mon tour à d'autres questionnements bien curieuse de connaître comment lui a pu trouver sa voie.

« Si je peux me permettre de te poser une question également, comment as-tu pu trouver ton animal totem ? On dit qu'il correspond à notre caractère, est-ce vrai ? »

C'était ce que, du moins, j'avais pu entendre et c'est plus qu'attentive que j'attends ses prochaines réponses d'un haussement de sourcils. Je ne serais peut être pas faite pour devenir Animagus mais j'en avais en tout cas réellement le désir comme cette sensation de pouvoir se libérer qui était quasi constante dans ma chair et qui n'attendait qu'une clé pour se délivrer. Du moins, j'en étais persuadée...

Les moineaux. Tu l'observes un peu plus attentivement tandis qu'elle t'explique pourquoi elle pense à cet animal, ce qui l'en rapproche. Elle semble sûre de ce qu'elle avance, du moins, elle croit à ce qu'elle dit. C'est un très bon début. Elle se connaît mieux que tu ne te connaissais lorsque tu as pris la décision de devenir Animagus. Elle ne prendra probablement pas autant de temps que toi pour rencontrer son animal totem pour la première fois. Tu hoches légèrement la tête d'un air pensif.

- Je vois...

Tu espères pour elle qu'elle ne se trompe pas. Lorsque tu t'es rendu compte que ton animal totem était un chien-loup, ça t'a fait un choc. Tu ne t'y attendais vraiment pas. Tu n'es pourtant pas déçu, bien au contraire. A présent, l'idée de voler de tes propres ailes ne te fait ni chaud ni froid. Tu préfère amplement courir à toute vitesse et pouvoir chasser. Pourtant, ça ne te serait jamais venu à l'esprit avant.

Ton instinct animal est toujours très puissant lorsque tu te transformes. Si tu es aux commandes, tu ne parviens pas à empêcher l'esprit joueur et le besoin d'affection de prendre le pas avec certaines personnes. Un oiseau sera probablement moins problématique de ce côté-là de par l'éloignement instinctif avec l'être humain. C'est alors à son tour de te poser une question. Tu avales à nouveau quelques gorgées de café.

- J'ai médité pendant plusieurs semaines.

Ouais, dit comme ça, ça a l'air vraiment ch*ant. D'ailleurs, au début, tu n'avais pas la moindre idée de comment t'y prendre, et tu te sentais vraiment stupide à essayer de méditer. Mais petit à petit, tu t'es rendu compte que ça te permettait de prendre davantage de recul, sur le monde et sur toi-même. Tu as commencé à entrevoir qui tu étais réellement. Ou plutôt celui que tu voulais réellement être et pour qui tu étais prêt à tout.

- Il ne correspond pas vraiment à notre caractère, ce dernier peut évoluer, tandis que notre animal totem le reste à vie. Plutôt à notre nous profond. Au-delà de ce que je peux dégager, ou de ce que je peux penser être. C'est comme mon essence profonde, ce qui est immuable en moi et le restera à tout jamais. Tu vois ce que je veux dire ?

T'as pas l'impression d'être très clair. Ce sont des choses que tu as découvert à force de méditation justement. Avant de l'observer par toi-même, avant de pouvoir transformer ton corps et de fusionner totalement avec ton Animagus, tu aurais probablement eu du mal à visualiser. C'est sans doute ce qui rend l'apprentissage si difficile. Ou qui l'a rendu si difficile pour toi.

C'est un sourire que j'affiche presque d'excuse face à sa réponse pensive alors que je bois une gorgée de mon thé également encore chaud entre mes mains tandis que je continue de fixer mon hôte et professeur du jour.

J'hausse finalement des sourcils à sa réponse qui suit. Ah... La méditation ? Ma surprise devait certainement se voir, j'aurais du toutefois m'y attendre. C'était plus que logique en fait pour ce genre de résultat final. Enfin, au moins, je savais par quoi commencer même si la méditation ne faisait clairement pas partie de mes points forts... moi qui était plutôt du genre dynamique mais peut être que j'allais apprendre vite et aimer cela, pourquoi pas ?

« Tu as médité à des moments précis de la journée ? »

Raclement de gorge timide tandis que je finis par poser ma tasse sur la table, pensive à mon tour avant d’enchaîner. Le pauvre, j'espère qu'à la fin de cet entretien, il n'aura pas la tête farcie à cause de mes questions sans fin.

« Pour être tout à fait honnête, je n'ai jamais fait de méditation de ma vie, il y a t-il une technique spéciale à adapter à part bien sur celle d'être au calme ? »

Attentive, je suis à la limite d'être fascinée par ses révélations. Quand il me demande si je peux voir de quoi il parle, je le pense même si je doutais encore un peu. Trouver son animal totem était quelque chose de fort et de puissant, un peu comme un symbole profond.

« Je crois oui. C'est comme un "Moi" profond, une sorte de double en fait mais animal qui te représentera pour ta vie entière... Dis-moi, si je me trompe ? »

Cela me rappelait d'ailleurs de ce livre moldu que j'avais pu lire une fois, ou chaque enfant avait son deamon qui le suivait partout, c'était comme un second compagnon qui le symbolisait et le représentait en quelque sorte. Une histoire très intéressante...

La gamine semble curieuse, elle pose des questions, elle s'intéresse. Un autre bon point pour elle. C'est que tu commences à te dire que t'as peut être bien fait de ne pas l'envoyer bouler comme une malpropre lorsqu'elle était en train de te mater te retransformer. D'un autre côté, tu te rends compte avec le temps qu'être désagréable avec les inconnus n'apporte rien. Tu préfères amplement garder ta colère et ton besoin de te défouler pour tes nuits animées. L'équilibre que tu as atteint en ce moment est sans doute précaire, mais c'est le plus stable que tu aies trouvé depuis bien des années.

Tu t'affales un peu plus sur ton canapé, bras sur le dossier et jambe repliée posée sur le genou avant de répondre à sa première question.

- Le matin au réveil et le soir au coucher souvent. C'est le plus facile pour être dans le bon état d'esprit, du moins ça l'était pour moi. Mais j'étais pressé d'atteindre mon but. Donc j'ai parfois passé des journées entières à méditer. Je pense que tu dois trouver ton propre moment, celui où tu es sûre de ne pas être dérangée et où tes pensées ne seront pas parasitées.

T'es sans doute pas le meilleur exemple en ce qui concerne l'art de la méditation. T'as galéré comme pas permis avant de parvenir à méditer réellement. Parce que pour être capable de te mettre dans cet état si particulier, tu as dû faire la paix avec toi-même. Avec ton passé, avec tes actes, notamment. Tous ceux que tu regrettes. La liste n'était pas si longue, mais elle restait lourde de sens et de responsabilités. Peut-être est-ce pour ça aussi, que cette gamine est assise dans ton salon et que tu réponds à ses questions. Tu penses peut être encore pouvoir te racheter. Qu'une bonne action peut en faire disparaître une mauvaise.

Sa seconde question est un peu plus complexe. La méditation n'a rien d'évident. D'autant plus qu'il est difficile de savoir exactement où ça mène sur le moment. Question qu'il ne faut d'ailleurs pas se poser si on veut pouvoir être dans le bon état d'esprit. Tu réfléchis un instant.

- Tu ne dois pas te forcer, déjà. Si tu n'y arrives pas quand tu l'as décidé, c'est que ce n'est pas le bon moment. Tu réessaies plus tard. Et le plus important, c'est de s'ouvrir à l'extérieur. Tu dois laisser entrer toutes les sensations que ton environnement apporte à l'instant même. Ressentir au plus profond de toi. Pour permettre à tes pensées de passer, sans pour autant les orienter. Et surtout sans les juger, sinon ce n'est pas de la méditation, juste de l'introspection.

Ce qui est déjà un bon début pour devenir Animagus. Mais la différence entre les deux doit être souligner. Définir la méditation est difficile. Définir l'état exact dans lequel elle peut plonger l'est encore plus. Tout ce que tu sais, c'est qu'il t'a fallu un bon mois avant de réellement parvenir à quoi que ce soit. Ce n'était pas fait pour toi. Et pourtant, maintenant, c'est un exercice que tu aimes encore pratiquer. C'est étrangement apaisant. Tu hoches légèrement la tête lorsqu'elle reformule tes propos.

- T'as l'idée. Tu penses en être capable ?

Petit sourire ironique, ta voix sonne comme un défi. T'as pas la moindre idée de pourquoi, mais t'as bien envie qu'elle essaie réellement, qu'elle se donne à fond. Peut être que ça te prouvera quelque chose à toi-même par la même occasion.

Toujours attentive, je l'écoute presque fascinée par ses paroles même si la méditation... et bien, je devrais apprendre à l'apprivoiser. Je note toutes les informations qu'il me donne et que je peux mémoriser.  D'après ce qu'il me décrivait, cela semblait être un long travail où j'allais devoir apprendre très certainement aussi la patience.

Un petit sourire en coin, le rendant presque complice au sien lorsque mon regard le fixe alors qu'il me demande si je m'en sens capable. Je ne pourrais affirmer pouvoir réussir entièrement mais je suis bien déterminée à atteindre mon objectif moi aussi tout comme lui. Et, il est certain que je ferai tout pour être un jour Animagus même si je dois vivre certaines épreuves pour pouvoir y arriver un jour. D'un sourire plus franc, je lui réponds alors.

« Hmm, je crois oui. Même si je n'ai pas encore l'âge pour, je ne manque pas de motivations cependant et je suis bien décidée à être un jour Animagus. »

Dans un sens, j'ai envie qu'il soit celui qui m'enseignera cette discipline. Personne d'autre ne la connait mieux que lui. Et, surtout, quelque part, je n'ai pas envie de le décevoir et baisser les bras maintenant. Bon, tout en faisant le point dans ma tête, il est clair que la première chose par laquelle commencer était donc cette fameuse méditation, mais ensuite ?

« Et après la méditation, quelles sont les autres étapes ? »

Je n'allais pas trop vite non. Enfin, je le pensais. J'étais trop jeune pour l'instant de toute façon pour en devenir une même si ça ne m'empêchait pas peut-être de commencer la méditation dès maintenant. Il n'y avait pas de mal à prendre en tout cas toutes les informations nécessaires afin de s'y préparer au mieux.