Cours n°2 : Les Sortilèges informulés

Quelques autres élèves avaient senti l'odeur des pâtisseries et me regardaient bizarrement. Et sh*t, j'aurais pas dû faire ça, je vais avoir des ennuis... pensai-je.

Le jeune bleu et bronze, visiblement affamé, se précipita sur un muffin et n'en fit qu'une bouchée. Enfin, il n'en aurait fait qu'une bouchée, s'il n'y avait pas eu le petit papier posé en-dessous afin que les gâteaux ne collent pas aux doigts... Visiblement embarrassé de sa gloutonnerie (qui avait laissé des traces de chocolat bien visibles autour de sa bouche), il se tourna vers moi en s'essuyant avec sa manche.
M'enfin, ça ne se fait pas! me dis-je. Mais comme il était affamé et crevé, je fus indulgente et ne lui fis pas de remarque.

Tout le plaisir est pour moi, je suis Harradas Spinner ! dit-il en me tendant la main.

Je le regardai un moment sans comprendre: il n'y avait que les "personnes d'un certain âge" qui se serraient la main, non? Mais n'osant pas provoquer un froid, je serrai la main tendue.

Harradas, puisque c'était comme ça qu'il s'appelait, fit une drôle de grimace puis regarda autour de lui et dit

Oh et je suis vraiment désolé pour ton muffin, mais je n'ai pas mangé ce matin et hier soir je n'ai pas eut le temps avec le devoir sur le Mimbulus Mimbletonia & ses Environnements qu'on avait à faire !

Ce n'est pas grave tu sais, ils sont là pour ça... Être mangés, je veux dire!
J'avais remarqué poursuivis-je, mon frère fait la même chose; il pense que le fait de se nourrir est optionnel, et visiblement il n'est pas le seul.

Au moment où il me parlait du Mimbulus Mimbletonia, je le vis sortir de son sac un dossier qui devait facilement contenir quarante pages et qu'il balança avec désinvolture sur ma table. Il affichait un air satisfait qui me fit comprendre que,comme pour mon frère, la nourriture et la boisson étaient "des options non négligeables mais non prioritaires" (et je reprends l'expression de Peter, là).

En tout cas merci beaucoup pour ce snack, et tu remercieras ta grand-mère, c'était absolument délicieux, une bouchée de merveille !

Euh... Merci.

"Snack"? "Bouchée de merveille"? Mais enfin! Il n'y avait réellement que les vieux pour parler comme il le faisait! Il exagérait là? Ou alors c'était la fatigue qui le faisait délirer...
Quoiqu'il en fût, il s'empressa de me piquer mon sac et d'y ranger soigneusement les biscuits.

Tu peux les avoir, si tu veux. Ma grand-mère m'en envoie autant que je le lui demande, alors sers-toi! lançai-je en poussant le colis sur sa table.

Et après un certain temps, nous nous trouvions en train de discuter du prof: je racontai à Harradas l'épisode du dernier cours, durant lequel Mr. Scott avait vu flamber son matériel, par la faute de Jean-Baptiste Flitwick (en fait, c'était Calvin Stark qui avait mis le feu aux plumes que nous allions utiliser pour nous exercer à la Lévitation, mais il s'était vu souffler l'idée par ce malveillant Pouffy ( ce qui est tout de même exceptionnel; les Pouffys sont d'habitude les plus gentils et inoffensifs sorciers du château!)).
Après cela, je lui racontai une autre "farce" du JB; le premier jour de cette même année, alors que moi et quelques autres sixièmes/septième années guidions des premières, ce
crétin des îles orientales de Flitwick nous avait aspergés de la plus grosse Bombabouse que j'aie jamais vue.

Mais je finis par revenir au prof; j'avais compris que cet Harradas n'aurait pas la même patience que moi à son propos, aussi je l'implorai de se tenir à carreau durant ce cours. Le prof était nouveau, et par conséquent susceptible, car désireux de prouver sa valeur: il n'hésiterait pas à sévir, du moins c'est ce que je pensais.

Harradas était vraiment inquiet au sujet du professeur. Car dans un cours c'était l'élément essentiel ! Pas aussi important que le contenu du cours en lui même, mais bon... Quand même ! Puis Catherine commença à lui décrire comment s'était déroulé le cours précédent, c'est à dire le premier cours de l'enseignant. A son plus grand désarroi, il l'entendit parler de flamme, d'objet volants... Mais qu'est-ce que c'était que ces cours ?! Si cela allait se tourner au carnaval ce n'était pas la peine qu'il reste. Il se souvient encore d'un professeur de l'école qui n'avait absolument aucun charisme, qui ne faisait que réciter son cours, avec une monotonie disons... Déconcertante.

Il avait bien du faillit s'endormir une bonne centaine de fois durant ses cours, et il peinait à apprendre ses leçons, même s'il finissait toujours pas les connaître sur le bout des doigts. C'était sans doute la personne la plus déplorable qu'il ait jamais connu. Il se demandait encore comment est-ce que Poudlard avait put embaucher un tel incompétent. Manque de candidats sans doute. Mais au moins il n'était pas pire que les noms cités dans "Le TOP 25 des Erreurs de Professeurs à Poudlard".

Tel que le numéro trois qui était Gilderoy Lockhart. Celui là l'avait particulièrement marqué parce qu'il n'avait absolument rien fichu de son année à part distribuer des questionnaires sur sa vie privée et mettre des élèves en retenue pour qu'ils l'aident à répondre aux courriers de ses admirateurs. Le Serdaigle se souvient encore avoir explosé de rire lorsqu'il avait lu qu'il avait fini par demander sa démission. Repenser à ce livre le fit sourire et il jeta un nouveau coup d'oeil au professeur qui lui sembla tout à coup plus sérieux et mieux instruit. Ce cours allait sans doute mieux se passer que ce qu'il ne pensait.

Puis la demoiselle poursuivit dans sa lancée expliquant mieux qui était à l'origine des trois quarts des farces dans le château apparemment. Jean-Baptiste chez les Poufsouffles ? Non cela ne lui disait rien. Il se dit qu'il allait devoir inspecter de plus prêt cet énergumène. Il s'apprêta à lui poser une question sur ces fameuses bombabouses géantes mais elle entreprit de l'avertir d'être prudent avec le professeur qui était nouveau et allait sûrement être des plus sévères. Harradas rit à cette réflexion. Ce qu'elle dit est vrai mais il riait principalement parce qu'il savait très bien que si le professeur commençait à rater son cours, il n'allait pas s'empêcher de lancer des remarques désobligeantes. Cependant il lui assura qu'il ferait de son possible pour ne rien dire de mesquin à l'égard de l'enseignant.

Après ces discussions, il se dit qu'il serait temps de se taire et de faire attention au cours qui n'allait pas tarder à commencer. Il prit son cahier et l'amena à hauteur de ses yeux. Les yeux fatigués, il parvint difficilement à lire : Sortilèges Informulés. Il leva les yeux un instant, le temps de réfléchir, et d'un coup cela arriva au cerveau.

- Les sortilèges informulés ! S'écria-t-il un peu trop fort à sa voisine.

Il n'avait pas pu se retenir. C'était sans doute le cours qu'il attendait le plus impatiemment depuis qu'il était arrivé à Poudlard ! Lancer un sortilège comme ça sans même prendre la peine d'ouvrir la bouche était un luxe ! Il avait tenté à maintes reprises sur des Alohamora ou des Incendio mais sans succès. Pour une fois il reconnaissait qu'il avait besoin l'aide d'un professeur pour mieux comprendre. En même temps, il n'avait pas encore lu de livres dessus -par manque de temps- et il était certain que s'il avait pu aborder "Informulation Concrète", il saurait déjà parfaitement les mettre en oeuvre.

- J'ai toujours rêvé d'avoir ce cours ! Une fois sortis de là on sera de véritables sorciers expérimentés crois moi ! Il lui sourit à nouveau puis détourna son attention.

Il souriait et criait beaucoup trop. Cela ne faisait pas naturel. C'était pas bon ça. C'était sûrement à cause de l'overdose de sucre. Il prit son bouquin et commença à feuilleter les pages pour trouver le chapitre approprié.

Qu'est-ce que j'avais envie d'aller à ce cours, c'était fou. Vu ce qu'avait donné le premier, j'voulais pas vraiment y retourner. Il était carrément minable ce prof. Mais bon, j'me faisais quand même pas mal chier et puis valait mieux pas que je me fasse trop remarquer en ce moment parce que j'avais quand même pas mal fait de conneries depuis, pis j'étais préfet quoi. Fallait que je le montre un peu. Alors, super motivé, je marchais dans ces maudits couloirs que je connaissais par cœur pour aller rejoindre une table de libre.

Y'avait déjà un peu de monde, enfin pas vraiment non plus. Normal en même temps, depuis l'autre cours sur le sortilège bateau comme pas possible, ça n'avait donné envie que de sécher. Enfin, j'avais toujours l'espoir qu'il s'améliore. J'étais déjà un peu plus enchanté en voyant le titre du cours, les sortilèges informulés. Ça, au moins, ça allait être utile. Enfin, tout dépendrait de la manière avec laquelle le prof allait nous l'apprendre.

Sans même adresser un quelconque mot à personne, je me dirigeai vers une table au fond de la salle, là ou j'étais sûr que j'aurais la paix, que je puisse seulement faire acte de présence. Sans même attendre une petite seconde, je mis ma tête sur mes mains et ferma les yeux aussitôt, espérant m'endormir sans que personne ne me voit.

Après mes réflexions, Harradas observa une minute de silence en fixant le tableau; qu'essayait-il de faire?

Les sortilèges informulés ! s'exclama-t-il soudain, me faisant faire un bond d'au moins un mètre et demie sur ma chaise. Nooon, pensai-je... Il ne sait pas informuler ses sorts? Puis, me reprenant, je me rappelai que j'avais mis plusieurs mois à maîtriser cette difficile discipline en autodidacte (ça signifie que j'ai appris toute seule... mais je m'égare).

J'ai toujours rêvé d'avoir ce cours ! Une fois sortis de là on sera de véritables sorciers expérimentés crois moi ! dit-il avec un grand sourire.

Et alors là, le brun me confrontait à un choix difficile: ou je lui avouais que je maîtrisais (plus ou moins) le sujet, ou je faisais semblant de rien et je l'éblouissais par mes talents "innés" quand on passerait à la pratique... Je préférai la seconde opinion; après tout, peut-être allait-il également maîtriser très vite, auquel cas je me ridiculiserais en lui avouant que ça m'avait pris de longs mois. Et puis je voulais voir l'étonnement (ou l'admiration, qui sait?) naître dans ses beaux yeux en amande.
Tiens d'ailleurs, ses yeux. Etaient-ils bruns... ou verts?

Harradas me souriait toujours, mais au moment où je commençai à l'observer plus en profondeur, il se cacha derrière son livre. Me demandant si je l'avais offensé, je me penchai vers mon sac et prit mon manuel également.

Mais bien sûr, en bonne pipelette que je suis, je ne pus m'empêcher de reposer ce dernier après moins de vingt secondes. Je me tournai franchement vers le beau brun (ben quoi, c'est vrai, il était plutôt mignon!) à ma droite et lui dis:

Tu as fait du piano? 'Fin parce que moi j'en ai fait et du coup, j'ai de longs doigts fins, un peu comme toi, enfin je crois...

Mais pourquoi je bégayais autant moi? D'habitude je ne réagissais pas comme ça... Il allait falloir que ça s'arrête, et vite! En plus, mais pourquoi je lui parlais de ses mains? J'aurais pas pu dire, je savais pas moi, parler de la météo, du prof, du cours? Mais non, il fallait que je lui parle de ses mains! Haa, passez-moi une corde, il va croire (bon d'accord, il va comprendre) que je craque pour lui!! En plus je le connais même pas!

Hum... Voyons... Sortilèges Informulés... Sortilèges... S... Ah ! Voilà ! C'était dans les derniers chapîtres, ceux qui étaient encore inexplorés par le jeune homme. Il fit tourner fébrilement les pages, à cet afflux de connaissance qu'il ne détenait pas encore. C'est excitant de savoir que l'on tient entre ses mains quelque chose dont on ignore encore tout. Sa main, prenait soin de ne pas corner la page en la tournant. Il devait y avoir au moins cinq pages sur la simple théorie de cette pratique ! Les yeux écarquillés, il secoua la tête et se dit qu'il ferait mieux de s'y mettre tout de suite, histoire d'avoir quelques notions au moins lorsque le professeur démarrera son cours.

Il attaquait le troisième paragaphe quand il entendit sa voisine remuer à côté de lui. Ah oui mince, il avait oublié qu'elle était là. Quand le Serdaigle se plongeait dans un livre il avait le don d'oublier tout ce qui l'entourait. Il se mordit la lèvre se demandant s'il devait lui parler ou pas, après tout ils étaient voisins de table et peut-être qu'il ne fallait pas se reclure de la façon. A son soulagement, il l'entendit feuilleter son livre, et il sourit, en se disant qu'elle était un peu comme lui après tout. Cependant après quelques secondes il entendit sa voix lui adresser quelques mots sur... Du piano ? Comment est-ce qu'elle... Il baissa lentement son livre, et observa ses doigts. Oui c'est vrai qu'il avait de longs doigts. Il jeta un coup d'oeil à celles de la jeune fille et vit qu'elle avait les même que lui. Hésitant, par une telle déduction, il commença :

- Hum... Oui c'est vrai j'ai fait du piano, il déglutit ne sachant que dire de plus.

Il avait fait du piano auparavant mais il avait du s'arrêter quand il avait abordé Poudlard. Cela lui faisait de la peine d'y repenser car le piano était une réelle passion pour lui. Il s'était renfermé dans ses livres et ses écrits sans jamais tenter de rejouer sur le clavier. En réfléchissant il ne savait pas bien pourquoi. Déjà, il n'avait trouvé aucun piano à Poudlard. Mais il n'était pas sûr qu'il en aurait joué, même s'il en eut trouvé en un. La découverte de la magie l'avait tant obsédé qu'il avait délaissé doux son de ses mélodies. Il réfléchissait. Devrait-il recommencer ? Après 6 années sans pratique il devait sans doute avoir tout oublié. Mais c'était l'une des seules choses qui le rendait de bonne humeur. Bien sûr il lisait et il écrivait aussi mais c'était tellement frustrant de toujours devoir tout faire à la perfection sans jamais être certain de la qualité de ce que l'on écrit ! Avec le piano c'était naturel, c'était beau, et quand il faisait fausse note, il le savait immédiatement. Hum, oui. Ce serait une bonne idée de reprendre.

- Tu en as fait aussi ? demanda-t-il intéressé, il jeta un nouveau coup d'oeil aux mains de la jeune fille. Je peux voir ?

Il prit sa main aussi délicatement qu'il saisit un livre et l'examina. Elle avait la paume douce. Ses longs doigts étaient en effet caractéristique d'une joueuse de piano et ses extrêmités fermes témoignaient de son expérience dans le domaine de cet instrument de musique. Il lui sourit et lui rendit sa main. C'était rare de rencontrer quelqu'un qui nous ressemble pourtant quand cela arrivait on en était certain.

- Wow... Je... Il secoua la tête et la regarda dans les yeux. Ton morceau préféré ?

Il se demandait si les sorciers pratiquaient aussi la musique classique moldue telle que Mozart ou Bach. Que ce soit le cas ou non, les deux camarades pourraient sans doute tenter de trouver un piano à Poudlard et pratiquer leur musique ensemble.