L’aube n’était pas encore levée que déjà, Émilie se précipitait à pas de loup en-dehors du dortoir. Les couloirs étaient vides et la jeune lionne ne rencontra seulement qu’un Serdaigle qui semblait plonger dans de si profondes réflexions que la sang-mêlé se demanda  si il l’avait au moins vue. Elle descendit les escaliers de marbre et arriva dans la Grande Salle tout aussi vide que les couloirs. Apparemment, elle était la seule Gryffondor levé. Traînait deux trois Poufsoufle, une dizaines de Serpentard qui chuchotait à vois basse et une Serdaigle seule au milieu de sa table.  La rouge et or s’assit au bout de sa table et se servit un verre de  chocolat chaud. Elle sortit de son sac un manuel sur les sortilèges et le feuilleta en même temps qu’elle trempait une tartine dans son bol. Aujourd’hui, elle commençait avec un cours de défense contre les forces du Mal. D’une certaine manière, elle ne savait pas vraiment si cette idée l’enchantait. Le dernier cours s’était révélé catastrophique et la jeune fille espérait en apprendre plus cette fois. Pour commencer, elle voulait s’intégrer et montrer qu’elle était là, qu’elle savait faire des choses.  Une fois sa dernière bouchée de pain avalée, elle se leva et sortit dehors. Une brise glacial lui souffla au visage et elle resserra un peu plus son écharpe autour d’elle. Même si le ciel brillait d’un joyeux bleu clair, l’air était glacé. Une bourrasque souffla et le visage d’Émilie vira brusquement au bleu pâle. Frigorifiée, elle courut se réchauffer à l’intérieur.


Une longue heure s’était écoulée et la jeune lionne attendait impatiemment que la sonnerie retentissent pour signaler le début des cours. Elle s’accroupit prit sa baguette entre ses mains. La sang-mêlé fit agilement tourner le bout de bois entre ses fins doigts  et l’examina. C’était une petite baguette légèrement tordue à l’extrémité. Son bois était plutôt particulier car il ne convenait qu’à certaines personnes et donnait un gros avantage à la baguette : seule son légitime propriétaire pouvait s’en servir en étant sûre que le sort ne dérape pas. En gros, il était presque impossible de s’approprier cette baguette. Le poil de lion que contenait l’objet magique reflétait bien la personnalité de la fillette, même si elle n’était pas paresseuse. Soudain, la sonnerie tant attendu retentit. La porte était déjà grande ouverte et Émilie pénétra dans la salle de classe. Elle retrouva la même classe que quelques jours auparavant. Le professeur n'était pas encore là et la première année remarqua une écriture soignée sur le tableau:

- Pas de baguette sur votre bureau
- Le silence règnera à mon entrée

Elle regarda autour d'elle mais il n'y avait toujours personne. Timidement, elle s'assit à la première rangée et fourra sa baguette dans une poche de son sac.

Asclépius s'observa une dernière fois dans la surface miroitante du miroir qui lui faisait face : teint blafard, lourdes cernes et regard antipathique. Et bien, il commençait à avoir meilleure mine ! Et grâce à qui ? A son ami le philtre de paix, il ne le dira jamais assez. Malheureusement, il arrivait au bout de ses "réserves", il faudrait qu'il en refasse rapidement. Le problème restait de trouver les ingrédients nécessaires... Peut-être qu'en demandant gentiment à son professeur de potions... ? Peut-être... ? Il allait finir par exceller dans la préparation de cette potion, à force. C'était toujours cela de prit, surtout pour quelqu'un comme lui.
Le Serpentard sortit des toilettes situées non loin de la bibliothèque afin de se diriger en direction de la Grande Salle : son estomac criait famine et il avait cours dans un peu plus d'une heure.. Il avait le temps, inutile de s'affoler.. Tiens, il neige !

Asclépius s'arrêta à l'une des fenêtres du couloir dans lequel il se trouvait afin de mieux observer le spectacle de la Nature : Poudlard recouvert de son beau manteau. En cinq années consécutives dans cette école, il ne s'était toujours pas habitué à cette magnificence. Mais bien que magnifique et enchanteur, ce spectacle avait également le don de réveiller en lui des sentiments plus nostalgiques : au gré du ballet des flocons, il revoyait le château Underlinden où il était né et avait grandit... Il faut dire qu'à la frontière danoise, il était servi, côté blanc manteau...
Un long temps de contemplation plus tard, il repartit, le visage austère, afin de se sustenter, en prévision du cours à venir. S'il se fiait aux rumeurs dispersées par ses camarades, ayant eut le privilège d'assister au premier cours du nouveau professeur de DCFM : monsieur McKinley ; ce dernier était un peu... Comment dire... Autoritaire ? ça ne l'inquiétait pas plus que ça : né au Schleswig-Holstein, Asclépius était quelqu'un de discipliné ; en tant qu'élève de Serpentard, il avait apprit à survivre. Et en tant qu'Asclépius... Il savait ne pas se trahir. Les gens aimaient les actes : paraître, voilà ce qu'il y a de plus important ! Après, qu'importe les pensées cachées derrière ! Et le jeune homme avait apprit à agir.
Et puis, que risquait-il de si terrible ? L'humiliation ? Il s'en remettrait ; les actions des autres ne dépendaient pas de lui, donc n'avaient rien à voir avec sa personne. CQFD.

Rasséréné par son coaching mental, le Serpentard prit le chemin de sa classe de DCFM. Il ne pouvait nier qu'il appréhendait ce cours, plus que les autres. Asclépius était un angoissé, un anxieux... Et par-dessus tout, n'avait aucune confiance en lui. Alors en sa magie... Il risquait d'en prendre pour son matricule. Et pour ce cours-ci, il doutait pouvoir s'en sortir uniquement avec ses connaissances théoriques : ce n'était visiblement pas quelque chose apprécié du bonhomme... Que faire ? Et bien, face à la Fortuna, ne restait plus que la virtù : il saurait comment agir au moment venu. Et s'il ne savait pas, tant  pis ! ç alui fera une leçon de vie.

De loin, il apperçu que sa salle de classe était ouverte. Bon, cela voulait dire qu'il pouvait entrer, normalement, peut-être... Il commençait à se méfier. Entrer, ou ne pas entrer ? Avant de faire quoique ce soit, mieux valait prendre le temps  de faire le vide dans son esprit, de se calmer, d'inspirer puis d'expirer lentement... C'est bon, il était plus serein, il pouvait franchir cette porte.. Et avec dignité, s'il-vous-plaît.

" - Bonjour monsieur. Dit-il poliment... Avant de rougir légèrement de gêne. Il n'y avait pas de "monsieur", juste une fillette de Gryffondor. En voilà une belle occasion manquée.. "

" - Euhm, bonjour. Dit-il à l'adresse de la jeune fille avant de s'asseoir au deuxième rang, comme il en avait l'habitude. " Le Serpentard affectionnait ses place qui avait le mérite de ne pas être en ligne de mire direct d'un quelconque membre du corps professoral, tout en conservant les avantages du premier rang : à savoir, l'écoute studieuse et attentive. Etre un bon élève, ça se travaille.

Le jeune homme sortit d'ailleurs, son kit du bon élève : plume et parchemins, avant d'observer le tableau où avait été inscrit des consignes préliminaires : pas de baguette et un silence monacal. Soit, il en prenait note. Ainsi que de la sublime chouette posée sur le bureau... S'il devait investir dans un messager, son cœur balancerait probablement pour un animal de ce calibre.
Suivant docilement les instructions, il ne sortit point sa baguette de son fourreau et attendit patiemment l'arrivée de ses camarades. Et d'un en particulier : son futur voisin. Il espérait que ce soit un certain Serpentard avec qui il entretenait une relation désormais amicale. Finalement, il avait prit goût à sa compagnie studieuse et motivante : c'était quelque chose de très plaisant, auquel on prenait rapidement goût.

Rachel traînait des pieds, ne prenant même pas la peine de les soulever tant ses jambes lui paraissaient lourdes aujourd’hui. Elle n’avait pas dormi de la nuit, trop anxieuse. Pas mangé, trop fatiguée. Aujourd’hui elle était de mauvaise humeur, une mauvaise chose, surtout quand on savait par quel cours elle commençait…

Leister… Rachel n’avait pas envie de le voir aujourd’hui, n’avait pas envie de l’entendre insulter chaque âme et chaque être, l’entendre se vanter des choix difficiles qu’il avait dû faire pour survivre. Elle n’avait pas envie de le voir essayer de faire de ses élèves des monstres.

Simplement vêtue de son uniforme et de sa cape, Rachel avait attaché ses cheveux pour ne pas les avoir dans les yeux et surtout pour ne pas avoir à les coiffer. Puis elle était sortie de sa salle commune, pas maquillé, pas parfumé. Trop la flemme. Pas assez d’envie. Aujourd’hui elle n’était prédisposée à rien si ce n’est au mimétisme, elle ne ferait que le stricte nécessaire. Mais la sorcière savait, que malgré sa mauvaise humeur, qu’elle n’allait pas pouvoir rester muette si les choses dégénéraient autant qu’au premier cours… Sa propre réaction risquait même d’être largement plus explosive, sachant que la première fois elle s’était laissée plus ou moins faire, s’était même excusé auprès de McKinley.

Atteignant malgré elle la porte tant redouté, Rachel hésita à entrer. La première fois il avait fallu attendre et rentrer tous en silence, comme en maternel ou en primaire. Ainsi il aimait varier les plaisirs ? Finalement Rachel entra quand, en passant la tête dans l’encadrer de la porte, elle vit que quelques élèves était déjà présents. Elle les connaissait tous… Mais les connaissait-elle vraiment ? Sans doute que non.

Sans grande motivation, la sorcière se dirigea au deuxième rang, juste derrière la petite Emilie, ne lui accordant qu’un misérable sourire, laissant délibérément une place à côté d’elle, espérant qu’on la laisserait en paix. D’ailleurs, pour s’en assuré, elle alla même jusqu’à y placer son sac. Sortant ses affaires les unes après les autres, Rachel était bien consciente qu’elle n’avait salué personne, mais s’en contrefichais pour une fois. Les pauvres n’allaient mourir, et elle connaissait le prix trop élevé d’un « bonjour » même discret dans cette salle de cours.

Pourquoi s’était-elle de nouveau inscrite déjà ? Ah oui, Malicia… La blonde l’avait forcé et, exaspérée, Rachel avait fini par lui promettre qu’elle ferait l’effort d’essayer de s’inscrire. La sorcière était alors venue durant les dernières heures, alors que la liste était déjà pleine depuis longtemps et avait mis son nom. Persuadée qu’elle aurait la paix, mais non, comme toujours avec son cours elle était surprise, mais pas dans le bon sens. Et elle se retrouvait là. Fichtre !

S’adossant au mur, Rachel releva enfin la tête. Ce n’est qu’à ce moment qu’elle vu les inscriptions annoté sur le tableau :



Soufflant, Rachel reprit sa baguette pour la dissimuler dans son sac en prenant bien soin de pouvoir la récupérer facilement. Pas question qu’elle se retrouve sans défense, même si au fond elle savait qu’elle ne pouvait rien contre son professeur, même armé d’une baguette. C’était plus pour la rassurer, elle qui gardait encore les traces physique et mental de ce dernier cours.

Puis elle se terra un peu plus encore dans le silence, puisque c’était la volonté du démon.

Quand Rose s’était réveillée ce matin-là, elle avait pu avoir le bonheur de voir la neige tomber sur le parc. Elle l'adorait. Douceur blanche qui donnait un côté pur à tout ce qu'elle touchait. C'était fou comme un peu de neige l'avait rendu de bonne humeur dès le matin. Elle sentait que cette journée allait être des plus intéressante. Bon, il ne fallait pas qu'elle se mente à elle-même, la matinée fut des plus décevante. Simples cours barbants avec plus de théorie que de pratique. Mouais... elle s'attendait à tout à fait autre chose quand elle était venue à Poudlard. Elle voulait pratiquer la magie, apprendre comment transformer l'apparence des objets par un simple sort, comment contrôler les corps grâce à une potion ou tout simplement comment se battre face à des ennemis. Être une vraie sorcière en somme. Tout ce qu'elle faisait pour l'instant était bien trop rudimentaire à son goût. Bien sûr elle avait besoin des bases mais elle s'ennuyait à mourir. Elle en attendait donc beaucoup de son prochain cours : défense contre les forces du mal. Elle avait déjà participer à un cours et elle avait été très intrigué par la... nous allons dire méthode d'enseignement du jeune professeur. Monsieur McKinley n'était pas le genre de professeur qui vivait dans le monde des bisounours. Loin de là. Il avait une notion de l'apprentissage propre à lui-même. Il n'hésitait pas à dire ce qu'il pensait et à user la force pour se faire respecter. Preuve de force de sa part ou alors de faiblesse ? Tout en lui intriguait Rose. Elle appréciait le fait qu'il n'ait pas peur de faire faire aux élèves des choses qui pouvaient se révéler dangereuses ; après tout c'était ce qu'elle attendait de ses professeurs, qu'ils lui fassent faire ce qu'elle ne pouvait pas faire elle-même ; mais il pouvait aussi s'avérer comme étant antipathique et avait un côté cruel.

Elle était sortie de son premier cours totalement perdue. Elle avait été déçue car elle n'avait pas pu pratiquer autant qu'elle l'aurait souhaité et en même temps en provoquant certains élèves elle avait réussi à avoir un entraînement supplémentaire. Il n'empêche elle en attendait bien plus d'un cours de ce genre. Ok, elle ne savait pas trop quoi en attendre mais elle savait tout de même que ce professeur pourrait lui en apprendre beaucoup. Enfin... s'il continuait à s'obstiner à lui faire porter un costume ridicule de créature là elle ne serait plus vraiment d'accord. Elle passa donc son déjeuner à attendre et à se demander comment se déroulerait son cours.

Elle ne passa pas beaucoup de temps à la table des Serpentards et décida d'aller faire un petit tour dans le parc pour au moins se préparer psychologiquement à ce qui l'attendait. Même si elle ne savait pas sur quoi allait porter sa prochaine leçon une chose était sûre, ils allaient souffrir d'une façon ou d'une autre (les élèves, bien sûr). C'était donc emmitouflé dans sa robe de sorcière et son écharpe qu'elle parcourait le parc rêveuse, la poudreuse tombant légèrement sur ses cheveux ébène. Elle aimait bien cette sensation de froid sur son visage et elle rit légèrement en se disant qu'au moins la salle de classe lui paraîtrait surchauffer quand elle arriverait. Elle fit alors attention à l'heure et se dit qu'il serait grand temps qu'elle se dirige jusqu'à sa salle de classe. C'était bien le cours auquel il ne fallait pas qu'elle arrive en retard et avec son sens de l'orientation il fallait vraiment qu'elle parte en avance. Elle se déplaça alors jusqu'au château le pas léger.

Étrangement elle ne se perdit que deux fois dans les couloirs et arriva plus qu'à l'heure. La porte de la salle était ouverte. *Euh... bon ou mauvais signe Rose ? * Elle passa alors sa tête dans l’entrebâillement de la porte curieuse et intriguée. Elle entra alors discrètement d'un pas et eu la désagréable sensation qu'un mauvais coup se préparait. Il n'y avait que cinq élèves et encore pire, McKinley n'était pas là. Ça sentait le roussi. Elle eut le malheur de reconnaître la fille de Serpentard qui avait bien souffert au dernier cours de défense contre les forces du mal. *Donc elle est suicidaire ? Je ne vois que cette explication, se dit Rose.* Elle ne semblait d'ailleurs pas très ravie de se trouver là. Rose décida donc de prendre une place stratégique seule. Au fond c'était une très mauvaise idée et au premier rang encore pire car c'était le meilleur endroit pour recevoir les sorts du professeur machiavélique. Ensuite si elle allait vers la fenêtre elle risquait beaucoup trop de regarder au travers et ça ne plairait sûrement pas à McKinley, sans oublier qu'il ne fallait pas être trop proche de la Pasca qui devait encore lui en vouloir. Elle se rendit donc silencieusement jusqu'au second rang en saluant poliment les élèves déjà en place et s'assit à une table proche du mur. Elle regarda devant elle et vit un animal qui les fixait ainsi que des consignes écrites sur le tableau :


*Bon et bien au moins ça a le mérite d'être clair et concis.* Un début de colère commença à monter en Rose. La partie concernant le silence était tout à fait compréhensive mais sur l'interdiction d'avoir sa baguette... Comment ils feraient pour lancer des sorts sans baguette ? Il était hors de question qu'elle suive un cours purement théorique ! Non elle en avait bien trop mangé ! Il avait plutôt intérêt à leur donner un excellent cours sinon elle retirerait tout ce qu'elle avait dit sur le fait qu'il pouvait être un bon professeur. Elle mit sa main dans sa poche et sentit sa baguette et c'est avec une certaine rancœur qu'elle sortit son manuel et de quoi noter pour le cours.

Ce matin là, le jeune Serpentard s'était levé de très bonne heure. Dans la grande salle, il avait rejoint quelques uns de ses camarades. Il n'y avait que quelques Pouffsouffles, un Serdaigle, et il vit une jeune élève de Gryffondor, Émilie entrer dans la grand salle. Il l'avait reconnu parce qu'elle avait passé la cérémonie de répartition en même temps que lui. Il replongea son nez dans sa tasse de thé. Une fois terminé, il consulta sa montre. Il lui restait une bonne demi heure avant le début du prochain cours. Il décida d'aller prendre un peu l'air. A l’extérieur, la nature s'était parée de son manteau blanc. Un vent glacial soufflait. Le jeune Russe esquissa un léger sourire. Ce n'était qu'un léger Suroît pour lui. C'était un temps à barbecue en Sibérie. Il avait néanmoins passé sa lourde cape de laine doublée de deux peaux de loup arctique. Regardant l'horizon enneigé, il esquissa un sourire.

- Зима близко.

Il décida de prendre la direction de la salle de classe. Il vérifia une dernière fois s'il avait tout son matériel dans son sac et sa précieuse baguette. Il traversa les nombreux couloirs sans se perdre une seule fois. Il commençait à s'habituer aux fourberies des escaliers, des faux passages secrets, des portes capricieuses. Lorsqu'il arriva devant la salle de classe, il avait encore un bon quart d'heure d'avance, mais de toute évidence, il n'était pas le plus en avance. Il constata d'abord que le professeur n'était pas là. Voila qui était singulier. Il reconnu la plupart des élèves présent pour les voir régulièrement en cours ou dans la grande salle. Il reconnu Émilie qu'il avait vu plus tôt dans la grande salle. Pour une fois qu'il n'était pas le seul élève de première année en cours. Il lui fit un petit signe de la main, sans savoir si elle se souviendrait de lui. Puis il vit que son ami Asclépius était déjà là. Il se dirigea directement vers lui et posa son sac.

- Bonjour Asclépius. Comment tu aller?

Il s'installa sur son siège et sortit ses affaires. Il s’apprêtait à attraper sa baguette qui pendait à sa ceinture quand il vit "Pas de baguette". Comment ça pas de baguette? Sa baguette était toute sa vie. Pourquoi voulait on l'amputer de sa baguette? Allons, du calme. Wait and see. Il se rengorgea et garda sa baguette au fourreau. La seconde phrase inscrite au tableau était plutôt claire également. Autoritaire. Mais certainement pas aussi autoritaire que le patriarche Korval lorsqu'il lui donnait des cours préparatoire à l'école à grand renfort de badine. Soit, il attendrait le professeur en silence.

Le soleil berçait littéralement le dortoir. Lïnwe venait de remonter dans sa chambre pour passer du temps avec sa sœur et sa lyre, les deux choses qui lui étaient le plus cher. Bien que ce ne soit qu'un objet, c'était à la fois son instrument, son outil vital, son âme, sa possibilité d'exprimer ses émotions. Noires ou blanches. Même grises, peu importe. Il lui permettait de vivre et survivre. Comme un ouvrier et son marteau. Un soldat et son courage. Mieux supporter son entourage, se supporter soi-même. Il pouvait oublier, comme se ressasser. Comme un écrivain et sa plume. Un poète et son inspiration. Lui faire du mal comme du bien. Et sa sœur, le moteur de son cœur. Elena était quelqu'un d'exceptionnel à ses yeux, la meilleure personne qui puisse exister pour lui. Il se passerait bien autant de parent que de petite amie. C'était elle, la clé de tout. Comme un maître et son pantin, dépendant des mouvements supérieurs.

Les deux frangins étaient assis en tailleur sur un lit. Autrement, le dortoir était vide. Tout le monde était en cours ou en train de manger. Heure de pointe en bas des marches. Tout le monde se presse et se bouscule sur les dalles de pierre, entre deux larges murs. Derrière une porte de bois ou encore entre deux armures. Une pression quotidienne se dégageant des corps et des esprits. Certains irrités, fatigués ou encore réactifs. Maintenant, revenons quelques sept étages plus haut, dans la Tour de Gryffondor. A l'instar des étudiants de sexe masculin, les lionnes avaient accès aux chambres des garçons. A présent, le deuxième année accompagnait sa sœur sur une chansonnette. Douce mélodie irlandaise, à peine audible. Quelque chose d’indicible et d’insaisissable. Un retour aux sources pour ne pas se perdre. Stay on the Road my child.

Soudain, une dissonance des plus inattendues. Une cloche parmi les vaches. Un cri strident parmi le silence. Un crissement d'ongles à en faire saigner les tympans. Le Felagünd fit volte-face. C'était encore son réveil-hurleur. « TU VAS TE FAIRE TIRER LES OREILLES PAR MCKINLEY ESPÈCE D'ID- » annonça-t-il d'une voix criarde avant de se reprendre le mur pour la deuxième fois de la journée. Le garçon embrassa sa sœur sur la joue et lança un dernier regard de pitié sur la petite horloge : « Oh, McKinley ferait bien pire... si tu savais. Mais toi, tu as de la chance, tu n'es qu'un réveil » avant de s'engager hors de la salle commune.

Là-bas, au bout du couloir, la porte était encore ouverte. Une chance que le prof ne soit pas encore arrivé. Il s'apprêtait à sortir une excuse digne d'un petit kholovien à son professeur de Défense contre les Forces du Mal mais il n'en fit point. A moins que ce dernier ne soit un animagus, l'enseignant le plus haïe de l'établissement était absent. Cela lui rappelait la fois où Evan leur avait concocté ce petit cours avec les portoloins. Comprendra qui pourra. En attendant que le tyran face son apparition, il s'avança de quelques pas et s'installa au troisième rang, près d'une de ses camarades (Merry). Une classe hétéroclite à première vue. Des jeunes, des plus âgés. Des rouges, des verts, des bleus ou des jaunes. Des beaux comme des moches. Mais surtout timides ou renfermés. Pas un mot. Peut-être des murmures, mais pas sûr.

- Je peux m'asseoir ici ? demanda-t-il à sa future voisine, ou pas.

La neige frigorifie mes pores, j'aime tellement cette sensation. Le froid vient me caresser tendrement, comme un vieil ami, comme un frère. Est-ce que mon frère va bien ? La forêt est magnifique en cette saison, j'aimerais bien m'y promener un jour. L'air si frais semble vouloir tout figer sur son chemin. Du bout de mes doigts je laisse les flocons suivre leur course en embrassant mes mains, en passant. Les secondes filent, elles se transforment en minutes, et le froid a fait de mon cœur son foyer. Je me sens tellement vivant que j'en ris bêtement. J'aime cette journée. Et je vois ce vieil hibou, mon ami, qui vole vers moi. Il semble avoir un message. Il atterrit d'abord. Je le caresse ensuite.  Il me tend le message, heureux d'avoir fait son travail.

- Ca fait une semaine que je ne t'ai pas vu, où étais-tu passé ?

J'ouvre le message, je reconnais mon écriture, je reconnais ce message qui date de la semaine passée.



- Ah ?

En effet, j'ai ce cours cet après-midi. J'avais oublié cette information, mais je n'ai pas oublié que j'allais surement l'oublier. Je remercie Bubo, et l'admire s'envoler et se réfugier dans la volière. Il est quand même bien grand cet animal.

Avant d'être en retard, je retourne à l'intérieur, avec le froid qui s'est apparemment attaché à moi. Ce vieil ami frigorifique. A la recherche de la salle, je croise des personnes, des visages que j'ai déjà vu, alors je décide de les suivre un peu, je leur souris, je leur dis bonjour. Puis je me rends compte que nous n'allons pas au même cours… Dommage.
Ca y est, j'ai trouvé la salle. Enfin je crois. Le professeur n'y est pas en tout cas, mais des personnes y sont installées. Je reconnais quelques visages. Les deux serpentards côté à côté. Je leur présente un sourire sincère. Et puis il y a ce serdaigle avec ces yeux aux couleurs différentes. Je lui souris également.

- Bonjour.

Je regarde l'animal magnifique en disant cela, avant de me rendre compte des consignes qui sont notés..

- Oh …

Je regarde les camarades un par un. Il n'y a pas encore trop de mondes.

- Et bien, bonjour quand même.

Assez remarqué maintenant, je m'en retourne à ma place, près de la fenêtre. Le froid m'enlace encore tendrement, mais je le sens déjà qui s'évanouit. J'essaie quand même de marquer sa présence sous ma peau. Je n'ai pas envie de lui dire adieu, à ce vieil ami. Je ne sors pas la baguette.

J'attends.

Un manteau blanc était étendu sur le sol quand je me levais avec un léger petit soleil qui illuminait le tout. Aujourd'hui il allait faire plutôt froid, les petits flocons dansaient dans le ciel, même si je craignais un peu, ou peut être beaucoup, le spectacle était toujours beau à voir. Le réveil était difficile, je m'habillais avec ma robe de sorcier et l'écharpe de ma maison, les bons vieux Pouffys. Ce matin, cours de Défense contre les Forces du mal, j'aimais beaucoup ce cours, j'espère que ce sera plutôt une ambiance détendue. Je sortais donc de la salle commune des merveilleux Pouffys et me dirigeais vers la nouvelle leçon qui m'attendais. En effet il faisait un froid de canard, je commençais déjà à grelotter quoi, la neige tombait en douceur dans mes cheveux bleus et décoiffés. J'arrivais donc devant la salle de cours, je me demandais bien qui allait être présent. Je rentrais donc de ma démarche habituelle de petite racaille et je regardais le monde qu'il y avait, quelques élèves étaient déjà présents dont Gwen, une de mes amies rencontrée dans la salle des archives à la bibliothèque. Me demander pas comment, ce fut le hasard total. Dans mon élan je m'écriais joyeusement :

- Bonjour Monsi.. Euh.. Il est où le prof' ?

Certaines personnes me regardaient d'un air interrogateurs, d'ailleurs il y avait plusieurs personnes que je ne connaissais pas, enfaite il n'y avait que Gwen dans mon cercle d'ami, mais la jeune brune était déjà assise à coté d'une personne. Je lui adressais un sourire et un petit coucou amicale de la main, et je partais m'assoir à une place vide tout en regardant les élèves quand je passais dans la rangée et passant ma main dans mes cheveux, un petit réflexe ou peut être une grosse habitude.
Je m'installais sur le siège, sortant mes affaires et bien sûr, pas de baguette cette fois-ci.

- Bon bah plus qu'a attendre, murmurais-je à moi-même.