CRAC

Ici, ils seraient à l'abri. Il était fort probable que Wolf's House soit désormais compromis, impossible de retourner dans le petit appartement de Pré-au-Lard sans risquer de se faire attaquer, par une bande de mages noirs en quête de vengeance, à n'importe quel moment de la journée. D'ailleurs Eden était toujours dans leur ancienne habitation, il faudrait qu'il aille le chercher au plus vite... Mais pas maintenant, il devait s'assurer qu'Elenna était en sécurité. Il devait dresser des sortilèges de protections. Il devait attendre que July arrive. La jeune médicomage avait-elle seulement reçu son hiboux ? Hermes était-il parvenu à la retrouver ? Les probabilités pour la retrouver étaient minces, faibles, infimes, maigres et que ferait-il si son amie ne venait pas ? Amy était-elle déjà assez douée en médicomagie pour soigner sa fiancée ? Devrait-il l'emmener à Ste Mangouste ? Là-bas nul doute qu'elle recevrait les soins adéquates mais lui comme elle attireraient les regards et leur situation leur interdisait plus que jamais de se faire remarquer. Les mangemorts ne devaient pas les découvrir. Le ministère de la magie ne devait pas les découvrir. En conséquence aller dans l'hôpital sorcier le plus connu de Grande-Bretagne était totalement hors de question, alors quoi ? Alors où ? Alors comment ? Impossible de faire appel à Mkrovsk, non seulement ce dernier avait disparu mais en plus il avait toujours eu le plus grand mal à lui accorder sa confiance. Lui offrir ses propres soins en matière de médicomagie semblait également être une mauvaise idée, peut-être la plus mauvaise idée quand on savait de quoi il était capable dans ce domaine. La vérité ne tarda pas à frapper le jeune homme de plein fouet, la survie de la chef de l'Ordre du Phénix, la survie de son aventurière des neiges dépendait entièrement de July Swann.  

Alexander sentit ses jambes trembler et sa vue se brouiller et l'aide du mur ne fut pas de trop pour éviter de s'écraser au sol avec son précieux fardeau. Depuis combien de temps n'avait-il pas dormi ? Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Impossible à dire, cela faisait des jours qu'il se posait des questions, qu'il échafaudait des plans, qu'il réfléchissait à l'avenir. Seriez-vous capable de dormir lorsque la moitié de votre être peut vous être arrachée à tout moment ? D'un geste maladroit de sa baguette magique le sorcier de l'est alluma la lumière à l'intérieur de la pièce dans laquelle ils étaient atterris. Pas de meubles, une forte odeur de peinture, un silence absolu pas de doute ils étaient au bon endroit. Snow Cocoon, une habitation dont le couple avait fait l'acquisition quelques jours auparavant et qui était encore en rénovation il y a peu. Personne ne connaissait l'existence de cette maison, ni dans l'Ordre, ni au ministère. La seule et unique personne qui pourrait les trouver ici était July Swann.  Avec la plus grande difficulté du monde Alexander agita sa baguette magique pour faire apparaître un lit, essayez donc de créer un lit avec une mourante dans les bras, plusieurs essais furent nécessaires avant que le sorcier d'élite ne parvienne à faire apparaître un lit deux places totalement quelconque mais qui suffirait amplement pour le moment. Le russe tituba jusqu'au couchage et y déposa précautionneusement sa dulcinée qui oscillait dangereusement entre conscience et inconscience.  

- Courage, July ne devrait pas tarder à arriver, je suis persuadé que Hermes est parvenu à la retrouver.

Que pouvait-il lui dire d'autre ? Bien sûr qu'il n'était pas certains de la réussite de sa chouette mais pouvait-il sérieusement ne serait-ce que penser lui avouer la vérité ? Lui dire que sa seule chance de survie reposait sur la sens de l'orientation d'un oiseau ? Que sa vie ne tenait qu'à un peu de chance et de magie... Alexander embrassa tendrement la front de sa dulcinée et dégagea les quelques mèches rebelles qui recouvraient son visage... Calciné. Les mages noirs étaient responsables de nombre de blessures mais cette dernière était de son fait, c'était lui qui lui avait carbonisé la peau du visage. Évidemment c'était Elenna elle même qui le lui avait expressément ordonné mais tout ceci ne serait sans doute jamais arrivé si il avait été assez réactif. Les adversaires qu'ils avaient affrontés cette nuit là étaient loin d'être monstrueux, loin d'être hors de sa porté, loin d'être à son niveau mais il les avait sous estimé et voilà où ils en étaient aujourd'hui. Qui sait combien de blessures avait subie l'anglaise ? Qui sait combien de sévices moral elle avait enduré ? Qui sait de quoi l'Ordre allait devoir se relever ? Si l'avenir avait été radieux fut un temps, les nuages avaient depuis recouvert cet avenir de leur sombre manteau. Les mains du pourfendeur de magie noire se crispèrent sur le lit lorsqu'il constata la marque qui avait été apposée sur la peau de sa belle. 67, ces monstres avaient marqué sa dulcinée comme une simple bête. Pour la première fois depuis bien des années les yeux d'Alexander Scott s'embuèrent de larmes, lui qui n'avait jamais été vaincu en combat singulier se retrouvait complètement débordé, acculé, terrassé. Que devait-il faire ? Le sorcier de l'est fit apparaître une chaise dans un coin de la pièce et détourna les yeux pour éviter que l'ancienne vendeuse de baguette ne remarque ses larmes.  

Que devait-il faire désormais ? Rester ici jusqu'à l'arrivée de July et s'assurer de l'état d'Elenna ? Retourner à Wolf's House pour récupérer Eden, de la nourriture et de l'eau ? Le coeur lui commandait de suivre le premier commandement. La raison lui ordonnait de s'en tenir au deuxième. il ne voulait pas la laisse seule, même ici où elle ne risquait rien... Sa seule compagnie durant les derniers jours avait été des psychopathes meurtriers. Il ne pouvait pas la laisser seul. Et pourtant pour qu'elle ait une chance de survie il devait la laisser seul. Le combattant attrapa la main de fiancée, l'anneau d'or y était toujours comme la promesse d'un avenir meilleurs.

-Je dois retourner à Wolf's House, je vais chercher Eden et de quoi nous sustenter.

L'aller retour ne prit que quelques minutes mais le russe ne cessa de s'inquiéter pendant chaque seconde de ces longues minutes. Que trouva t'il à Wolf's House ? Trois pommes, deux bières, deux conserves, un pack de bouteille d'eau, un paquet de croquette et Eden, pas vraiment de quoi nourrir une blessée... De retour au chevet d'Elenna Alexander l'aida à boire de l'eau avant d'aller s'assoir pour attendre l'arrivée de July.  Si Hermes était parvenu à délivrer le message alors elle viendrait c'était une certitude mais Alexander n'avait aucune adresser à fournir à sa chouette... Seul son instinct avait pu la guider. Qui sait où pouvait se trouver la rayonnante Poufsouffle à l'heure qu'il était ? Elenna avait désespérément besoin d'elle. Il avait besoin d'elle, besoin de son sourire, besoin d'une lumière à laquelle se raccrocher.  Bien évidemment Scott n'était pas blessé mais il était émotionnellement et psychologiquement plus faible que jamais, ces derniers jours avaient été éprouvant et l'avaient pousser à commettre des gestes qu'il n'aurait jamais pensé, qu'il n'aurait jamais dû commettre. July lui avait sauvé la vie plus d'une fois, nul doute qu'elle parviendrait à sauver Elenna...

Le monde de July s'était écroulé, il y a de cela plusieurs mois. Sa mère était morte en quelques semaines d'un cancer fulgurant. Le diagnostic avait été posé trop tard et ni les médecins moldus ni la médicomage n'avaient pu y faire quoi que ce soit. Un choc pour la jeune femme qui n'avait jamais vu aucun de ses patients mourir d'une chose aussi bête que le cancer. Cela avait été d'autant plus difficile à vivre qu'elle n'avait rien pu faire. Une perte brutale et violente qui mit à mal sa relation déjà conflictuelle avec son jumeau. Son père, quand à lui, se laissa sombrer dans la dépression.
Si seulement il n'y avait eu que cela. Mais dans sa vie professionnelle aussi, tout volait en éclat. Elle qui travaillait si dure, qui s'était investie corps et âme à l'hôpital, ne se retrouvait pas récompensée pour ses efforts. July rêvait de devenir chef de service, mais le poste lui passa sous le nez, dérobé par une expatriée.
Ses rêves partaient en fumé sans qu'elle ait pu les retenir. La vie qu'elle s'était imaginé lui échappait totalement, tout semblait s'écrouler sous ses pieds. Elle ne trouva d'autre solution que de fuir ce monde en ruine. Alors elle partit. Un matin, elle rendit à Griffiths sa liberté, prit quelques vêtements chauds, son balai, un peu d'argent et disparut.

Suivant son instinct, elle parcourut rapidement l'Europe de l'ouest puis de l'est. Parfois à pied, le reste du temps sur son balai, camouflée par un sortilège de désillusion. Elle profita de ce trajet pour visiter des lieux emblématiques du monde magie. Son chemin la mena jusqu'en Roumanie où elle résida quelque temps. La culture magique de ce pays l'intriguait, elle visita les lieux historiques et consulta nombre d'ouvrages. C'était ceux sur l'ancienne magie qui l'intéressaient le plus.
July, qui avait jusqu'alors l'impression de se laisser conduire par son instinct, finit par réaliser qu'elle s'était raccrochée à l'une des seules choses qui n'avait pas été ébranlée durant ces dernières semaines : sa passion pour la magie et les recherches qu'elle menait pour la Guilde. C'était une échappatoire, une façon de fuir ses problèmes. Ce n'était pas très mûr de tourner ainsi le dos à la réalité, mais la réalité était laide et elle n'avait vraiment plus envie de la regarder en face.

July poursuivit son chemin en direction de l'Asie. Elle survola le Proche-Orient, puis s'arrêta au Tibet. Elle fut fascinée par cette région montagneuse, tantôt verte, tantôt brune, tantôt blanche. Perdue dans les montagnes, elle partir à la recherche de villages sorciers. Certains, vivant en quasi-autarcie, avaient des pratiques magiques bien différentes de celles qu'elle avait connues en Angleterre. Rares étaient ceux qui utilisaient une baguette. Leur magie à eux était faite de rites et de longues d'incantations. Ils s'intéressaient aux énergies vitales et magiques, apprennent à les sentir, à les comprendre et à les manier pour qu'elles leur soient favorables. En plus des rites, July découvrit de nombreuses façons de canaliser les énergies. L'art de Feng Shui pour organiser les espaces, l'acupuncture pour le corps.
L'ancienne médicomage trouva refuge chez un vieux sorcier. En échange d'aide pour entretenir sa maison et ses cultures, il lui promit de lui apprendre la magie traditionnelle tibétaine. Une aubaine pour la rousse qui déchanta vite lorsqu'elle constata que cela demandait plus qu'un peu de concentration et d'imagination, comme pour utiliser sa baguette. Il fallait aller bien au-delà. Il fallait sentir, ressentir, prendre conscience de soi et du monde autour. Percevoir ce qui ne pouvait être vu, ce qui ne pouvait être touché.

Là-bas, July perdit la notion du temps. La vie y était douce et paisible. Dure aussi, car il fallait travailler chaque jour pour pouvoir manger. Sa baguette rangée au fond d'un tiroir, elle dut se servir de ses mains, pour la première fois de sa vie. Pécher, travailler la terre, s'occuper des animaux, réparer les enclos. Autant de choses qui auraient pu prendre quelques minutes avec sa baguette mais qui lui blessaient les mains faute de pouvoir s'en servir. Les Tibétains ne voulaient pas de cette magie là, elle ne respectait pas les équilibres.
Quand elle ne travaillait pas, July méditait. Au début, ce ne fut pas facile pour l'ancienne Poufsouffle qui trouva cela bien trop ennuyeux. Mais à force de persévérance, un déclic se fit. Elle ne percevait pas encore, mais elle sentait les biens faits de la méditation. Les jours passaient et l'apaisement la gagnait. Elle était plus en paix avec elle-même, avec son passé. Sa vie en Angleterre lui paraissait lointaine, comme un vieux souvenir diffus. Elle n'avait ressenti une si grande sérénité là-bas. Elle avait eu des joies, des peines aussi, une vie très colorée, pleine de sentiments forts. Mais pas la paix.

La paix, un équilibre si fragile. Il fut brisé par une chouette. Un animal éreinté qui avait dû parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour la trouver. Hermès. July l'aurait reconnu entre milles.
Dès qu'elle le vit, la jeune femme sentit que quelque chose n'allait pas. Que si l'oiseau était au bord de l'épuisement, c'était parce que le message qu'il transportait était de la plus haute importance. July hésita, une fraction de seconde. Elle savait que si elle ouvrait l'enveloppe, le havre de paix qu'elle s'était trouvé ne serait plus, qu'elle replongerait dans la violence qu'elle avait connue. Mais l'affection qu'elle portait à sa meilleure amie fut plus forte que ses craintes. Alors elle lut.
Le parchemin lui glissa des mains, virevoltant telle une feuille voguant au gré du vent. Le souffle lui manqua tout à coup. Comme si un étau lui cerclait la poitrine. Elenna était en danger. Les forces du mal qu'elle combattait avec tant de fougue avaient eu raison d'elle.

July rassembla ses affaires à la hâte, balais, baguette et cape d'hiver, c'était tout ce dont elle avait besoin. Elle prévint aussi son hôte, en lui promettant de revenir. Accompagnée d'Hermès, qu'elle installa sur son balai, elle s'éloigna du village. Pour rentrer, elle n'avait d'autres choix que d'utiliser la magie. Le vol lui prendrait beaucoup trop de temps. La seule solution était le portoloin. Elle n'en avait plus fait depuis Poudlard, mais la magie c'était comme le balai, ça ne s'oubliait pas. Elle prit ainsi la direction du nord de la France, puis rejoignit Londres en volant.
Lorsqu'elle arriva devant la porte du couple, July sentait son cœur battre la chamade contre sa poitrine. Sa main gagna la poignée sans oser la tourner. Elle redoutait ce qu'elle allait trouver. Une maison vide, signe qu'Elenna se trouvait toujours captive ? Ou pire, que les choses avaient dégénéré ? Une Elenna entre la vie et la mort ? Ou déjà morte ?
July sentit la gorge se serrer. Mais elle savait que si elle était là, si Alex avait fait appel à elle, ce n'était pas pour la voir pleurer à chaud de larmes. C'était pour qu'elle s'occupe se sa meilleure amie, ce qu'elle ne pouvait pas faire les yeux embués. Alors July souffla un grand coup, fit le vide, comme elle le faisait à St Mangouste, et ouvrit la porte.

L'entrée était totalement vide ce qui donnait à l'endroit un côté lugubre. La rousse n'eut pas le temps de plus s'attarder sur la décoration car un éclair blond lui fondit dessus.
- Eden, murmura July en enfouissant ses mains dans les longs poils du golden.
Derrière lui apparut un Alex méconnaissable. L’ancienne médicomage l'avait déjà vu mal en point, mais jamais avec les traits aussi tiré et l'air aussi fatigué.
- Elen' ?, souffla-t-elle inquiète.
Il lui fit signe d'approcher.
Un lit avait été posé dans ce qui semblait être le salon. Dessus, gisait une Elenna à la respiration faible. July s'y approcha à grands pas. Lorsqu'elle vit l'état de la jeune femme, elle faillit reculer devant l'horreur de ses blessures. Son doux visage n'était maintenant plus que charbon et sang. Ses vêtements en lambeaux laissaient transparaitre plusieurs blessures.
- ça va aller Elen', je suis là, murmura la rouquine, la gorge serrée.
D'un coup de baguette, elle fit disparaitre ses guenilles pour voir l'ampleur des dégâts. Son sein gauche présentait une entaille semble-t-il couplé à une brulure, à en juger par la couleur rouge vif de la peau. La cuisse aussi avait été lacérée. Quelques ecchymoses légères sur le haut de son corps venaient colorer sa peau blanche.

July saisit la main molle de son amie. Elle y exerça une légère pression, pour lui faire sentir qu'elle était là et qu'elle allait s'occuper d'elle. Etant donné l'état de la jeune femme, la soignante savait que le mieux à faire était de l'anesthésier. Ce qu'elle fit, armée de sa baguette et de toute la concentration qu'elle avait à sa disposition. #Anesthesia minima. Elenna avait assez souffert, elle n'avait plus à endurer quoi que ce soit. Ainsi, le sortilège atténuerait la douleur tout en la laissant consciente. Dans son état July ne voulait pas prendre le risque de l’endormir.
- Alex, appela l’ancienne Poufsouffle, la brulure, elle est ... Les plaies anciennes sont plus difficiles à soigner, je ne suis pas sure ... Elenna risque de rester défigurée. Elle lança à l'ancien auror un regard où se mêlaient tristesse et compassion. Une once de terreur aussi. La seule chose ce serait ... Des larmes de phénix. Si je pouvais en mettre dans une pâte pour soigner les brûlures ... Mais c'est tellement rare. Même à St Mangouste on n’en avait pas.
En quelques mois, July n'avait pas tellement changé. La principale différence résidait en ses cheveux qu'elle n'avait pas pris le temps d'entretenir et qui avaient poussé de plusieurs centimètres. Sa peau était également plus colorée, la faute aux nombreuses heures passées dehors à s'occuper du bétail et des cultures.

L'homme, certaines personnes n'hésitent pas à qualifier cette espèce comme le sommet de l'évolution, ont-elle raison ? Ont elle tort ? Difficile à dire cependant il est indéniable qu'au cours des siècles l'espèce humaine est parvenue à obtenir le contrôle de la plupart des choses qui l'entourent. La technologie a permis aux moldus de leur environnement, de créer de nombreuses sources d'énergies, d'inventer des armes destructrices et même d'explorer de nouvelles planètes. Les sorciers quand à eux sont parvenus à maîtriser la magie, pas la magie inoffensive des moldus mais plutôt une magie sauvage et destructrice permettant de réaliser un bon nombre de choses qu'on supposait auparavant impossible. Malgré toute l'inventivité de l'espèce humaine, ni les sorcier, ni les moldus ne sont parvenus à maîtriser le Temps. Le temps, chose inexplicable. Parfois on a l'impression qu'il passe bien trop vite. Parfois on aimerait qu'il passe bien plus vite. Parfois on regrette qu'il passe aussi vite. L'emprise de l'espèce humaine sur le temps est toute relative et les sorciers ont appris à leur dépend comme le manipuler pouvait être dangereux. Dans sa situation Alexander Scott aurait tout donné pour pouvoir maîtriser une magie temporelle, si tant est qu'une telle magie existe. Au fur et à mesure des heures qui défilaient le sorcier de l'est voyait l'état de sa dulcinée s'aggraver sans rien pouvoir y faire, lui même avait perdu toute notion du temps, depuis combien de temps étaient-ils arrivés à Snow Cocoon ? Plusieurs heures ? Plusieurs jours ? Quelques minutes ? Impossible à dire. Le chasseur de mage noir avait l'impression de se noyer dans un affreux cauchemars, d'être spectateur d'une macabre comédie sur laquelle il n'avait aucune emprise. L'ancien membre du ministère de la magie ne parvenait pas à garder les yeux ouverts tant la fatigue l'accablait, plusieurs fois il sombra dans le sommeil mais chaque fois il fut tiré de son sommeil par Eden qui semblait comprendre la gravité de la situation et qui tournait littéralement dans le salon faisant des vas-et-vient entre les deux personnes qu'il affectionnait le plus au monde. La présence du Golgen Retriever était réconfortante pour le sorcier de l'est qui aurait peut-être sombré sans ce dernier.

Le chasseur de mage noir avait de nouveaux sombré dans un sommeil tourmenté et une fois encore ce furent les aboiements de Eden qui le tirèrent des bras de Morphée. Combien de fois le chien l'avait-il réveillé ? Une bonne dizaine de fois sans aucun doute, mais cette fois les choses étaient différentes, Eden avait quitté le salon et ses aboiements semblaient presque joyeux si toutefois des aboiements de chien pouvaient être joyeux. Le sorcier de l'est se leva péniblement et suivi la direction des aboiements. Au fond de lui Alexander savait bien ce que tout cela signifiait mais tout son être refusait d'y croire, il avait connu bien trop de désillusions ces derniers jours et ne voulait pas subir une fois de plus le poids du désespoir. July était-elle ici ? Hermes était-il parvenu à retrouver la médicomage ? Les chouettes et les hiboux du monde magique étaient une véritable énigme pour l'ancien Serdaigle, comment ces rapaces faisaient-ils pour retrouver les destinataires des messages à chaque fois ? Cette fois-ci Scott avait envoyé son messager sans même lui donner la moindre indication ! La cible du message pouvait se trouver n'importe où sur Terre et les chances de la retrouver en volant au hasard étaient pour ainsi dire... Nulles. Si la Poufsouffle était là aujourd'hui alors cela tenait tout bonnement du miracle mais Alexander ne voulait, ne pouvait plus croire aux miracles. Le jeune homme n'avait même pas encore passé l'embrasure du salon mais il dut se rendre à l'évidence, impossible de ne pas reconnaître cette chevelure de feu même si ils étaient bien moins ordonnées qu'à l'époque. July était là, emmitouflée dans épaisse cape d'hiver, accompagnée de Hermes qui piailla de joie en apercevant le sorcier de l'est.  D'un simple regard le pourfendeur de magie noire sut que l'anglaise avait changé, elle semblait revenir d'un interminable voyage et avait indéniablement gagné en... En quoi ? Son visage était plus marqué que par le passé. Impossible de dire ce qu'elle avait vécu lors de ces dernières années et à vrai dire peu lui importait pour le moment. Alexander sentit sa gorge se serrer lorsque July posa ses yeux bleus pâles sur lui, comment expliquer cette sensation ? Cela faisait maintenant plus d'une semaine qu'il avait perdu pied malgré les grands airs qu'il se donnait en présence des autres Phenixs, maintenant que la médicomage était là il avait besoin d'évacuer toute la pression, de tout lui raconter sans exception, il avait terriblement besoin de parler à quelqu'un. Mais pas maintenant. Pas pour le moment. Pour l'instant il y avait bien plus important.  

- Elen' ?

Alexander désigna sans un mot la pièce dans laquelle se trouvait sa moitié. La vérité c'est que le courageux chasseur de mage noir n'avait pas la force de prononcer le moindre mot. Que devait-il dire ? Comment expliquer comment la situation avait dégénéré à ce point ? Comment remercier July pour ce qu'elle faisait pour eux ? Comment lui dire que tout ce qui arrivait était de sa faute ? Qu'il n'avait pas été à la hauteur pour protéger Elenna et que les brûlures qu'elle arborait sur son visage était de son fait. Scott préféra ne pas prononcer la moindre mot, de toute façon la médicomage s’affairait déjà autour de la patiente. Le soulagement qu'avait dans un premier temps éprouvé le membre de l'Ordre du Phénix s'était envolé, Elenna lui semblait plus cadavérique que jamais, médicomage ou pas leur amie ne pouvait pas accomplir des miracles. L'ancien Serdaigle n'avait aucune notion en médicomagie mais à en juger par le visage qu'arborait son amie, les choses ne se présentaient pas bien.  Une simple soirée d'amusement. Une simple soirée de liberté. Un brin de folie. Voilà les seules crimes que le couple avait commis et qui risquaient de les mener à la pire des issue. Le sorcier de l'est croisa les bras et se mordit les lèvres tandis qu'il observait la rouquine s'affairer autour de la mourante. Le membre de l'Ordre du Phénix aurait pu demander comment ça s'annoncer, il aurait pu s'enquérir de la situation, réclamait un point sur la situation mais bizarrement il n'en avait plus envie du tout... Il avait peur. Il avait peur comme il n'avait jamais eu peur auparavant. La vérité c'est qu'il était tout bonnement terrifié.

- Alex la brulure, elle est ... Les plaies anciennes sont plus difficiles à soigner, je ne suis pas sure ... Elenna risque de rester défigurée. La seule chose ce serait ... Des larmes de phénix. Si je pouvais en mettre dans une pâte pour soigner les brûlures ... Mais c'est tellement rare. Même à St Mangouste on n’en avait pas.

Les paroles de la Poufsouffle n'avait assurément pas pour but de blesser Alexander mais elles eurent sur lui l'effet d'un véritable coup de poignard qu'on aurait plusieurs fois retourné à l'intérieur même de sa chaire. July ne savait pas tout, elle ne connaissait pas tout les tenants et les aboutissants de la situation, elle ne pouvait pas savoir que c'était lui qui l'avait blessé, lui qui l'avait affreusement défiguré, lui qui l'avait brûlé au troisième degré. Le regard que le sorcier de l'est renvoya à son amie était triste, incroyablement triste. La jeune femme recherchait des larmes de phénix ? Le russe ne savait pas où trouver des larmes de phénix mais il savait assurément où trouver un phénix, restait à faire pleurer ce dernier mais nul doute que l'état de celle qui l'avait recueilli devrait suffire à lui mettre la larme à l’œil. Lorsque le chasseur de magie noire prit la parole pour la première fois depuis l'arrivée de l'anglaise, ce n'était pas sa voix habituelle grave et rauque mais un chuchotement qui franchit ses lèvres.

-Je ne peux pas te trouver de larmes de Phenix, July mais je peux peut-être te trouver quelque chose qui y ressemble. Je reviens rapidement, prends soin d'Elenna pendant mon absence.

Le sorcier de l'est disparu dans un craquement et réapparut aussitôt dans la bibliothèque du quartier général de l'Ordre du Phénix. La bibliothèque, c'était ici que Hope le phénix recueillit par l'Ordre aimait se reposer. L'arrivée du pourfendeur de magie noire fut saluée d'un cri lui apprenant que la créature magique était là. Alexander éprouvait le plus profond respect pour les phénix, ces créatures étaient rares, combien en existait-il sur Terre ? Sans doute pas plus d'une vingtaine et ils avaient le privilège d'en avoir un ici, au quartier général de l'Ordre. Comment avaient-ils rencontré l'oiseau de flamme ? Et bien ils l'avait tout simplement acheté à la boutique d'animaux magiques du chemin de Traverse... Il semblait qu'un terrible trafique faisait rage au sein du Royaume-Unis et que ce dernier n'épargnait même pas des êtres aussi nobles que les phénix. Hope devait être reconnaissant envers l'organisation puisque depuis l'achat il demeurait en leur compagnie. La créature mythique s'était en particulier attachée à Elenna, Alexander quand à lui n'avait pas réellement eu l'occasion de le côtoyer. Ironiquement au fond de lui le pourfendeur de magie noire craignait cet être mythologique autant qu'il lui témoignait du respect. Après quelques instants l'animagus s'inclina devant le phénix comme il aurait pu le faire avec un hippogriffe, une telle chose n'était peut-être pas utile mais premièrement Scott n'avait jamais été doué en soin aux créatures magique et deuxièmement il tenait à témoigner le respect que cet être méritait.    

-Je ne sais pas si tu me comprends, on m'a dit le plus grand bien de l'intelligence des phénix alors je suppose que oui. J'ai besoin de toi, Elenna à besoin de toi. Tu sais c'est la femme qui passe beaucoup de temps avec toi, c'est aussi la personne à qui je tiens le plus au monde et... J'ai peur qu'elle ne survive plus longtemps, elle a été grièvement blessé par des mages noirs. Je te supplie de venir nous aider Hope, je te serai éternellement reconnaissant.

Le sorcier de l'est tendit son bras dans l'espoir que l'oiseau mythologie viennent s'y poser et après un cri d'approbation de ce dernier c'est d'ailleurs ce qui se produisit. Dans un craquement sonore le drôle de couple disparut de la bibliothèque et réapparut dans le salon de Snow Cocoon.

-July, je te présente Hope. C'est un phénix que l'Ordre a recueilli, à défaut de trouver des larmes c'est la seule chose que je peux t'amener malheureusement, je ne sais pas faire pleurer des phénix sur commande...

Le monde était violent. Ce n’était pas la première fois que July s’en rendait compte, bien sure, mais elle le voyait plus nettement à présent. Elle l’avait déjà appréhendé, tout au long se son parcours. Dans des paroles blessantes, jetée comme on parle de la pluie et du beau temps. Dans une attitude acerbe causée par l’usure et les désillusions. Dans la solitude ressentie après la perte d’un être cher. Dans les injustices du quotidien, tous les braves jamais récompensés pour leurs bonnes actions.
De la souffrance, il y en avait partout. Petite, éphémère ou infinie, brutale ou lancinante. La violence allait bien au-delà de la cruauté des Mangemorts. Mais les mages noirs étaient responsables des plus fortes et des plus destructrices.
July avait l’impression que grandir se résumait à perdre son innocence. Comme si l’on vous arrachait des bouts d’âmes, des bouts d’espoir. Qu’on piétinait les rêves naïfs de votre enfance, pour vous faire voir le monde sans pitié, blessant et ravageur qu’était celui des adultes.

La détresse d’Alexander ressortait clairement sur son visage. Le voir ainsi bouleversé était un nouveau coup de poignard dans le cœur de July. L’Anglaise avait beaucoup d'affection pour lui. Pour tout ce qu'il apportait à Elen', pour sa droiture. Ainsi, la douleur d’Alex s’ajoutait à la sienne.
La rousse connaissait mieux que quiconque l'amour qui unissait les deux sorciers. Elenna était sa meilleure amie, elle l'avait vu tomber amoureuse. Elle avait vu comment Alex avait réussi à soigner son coeur éconduit et blessé. Elle avait souvent constaté la force et l'apaisement qu'ils s'apportaient mutuellement. Ils se complétaient, tel le ying et le yang.
July avait parfois l’impression qu’ils étaient deux moitiés d’un seul être. Elle n'imaginait pas comment l'un pourrait survivre sans l'autre. La situation en était d'autant plus stressante pour l’ancienne médicomage qui avait bien plus que la vie de sa meilleure amie entre les mains.

Alexander disparut dans un craquement, sur des paroles mystérieuses. Il lui avait dit pouvoir trouver quelque chose qui ressemble à ce dont elle avait besoin pour soigner sa belle. La rousse n'avait pas eu le temps de répondre que rien ne serait aussi efficace que des larmes de Phénix. Aucun autre composant ne pouvait égaler ce produit à la magie terriblement puissante.
C'est un peu troublée par ce départ précipité que July entreprit de poursuivre les soins. Elle réalisa plusieurs examens pour vérifier l'état de la blessée. Toutes ses constantes vitales étaient faibles mais néanmoins présentes. La première chose à faire était de redonner des forces à Elenna. Elle était probablement affamée et déshydratée. Armée de sa baguette, d'un verre d'eau, d'une pomme et d'une conserve, la rousse lança plusieurs sortilèges pour que le corps d'Elenna assimile les quelques nutriments qu'elle avait à sa disposition.

Un crac sonore fit sursauter la jeune femme. Elle se retourna vivement mais l'intrus n'était autre qu'Alexander, accompagné d'un grand et majestueux oiseau aux plumes de feu. Comme beaucoup, la rousse éprouvait une sorte de fascination pour cet oiseau légendaire. Après tout, le phénix était le symbole de l'espoir, de la guérison et de la renaissance.
Ce n’était, certes, pas la première fois que July voyait un phénix – ses longues escapades dans la boutique d’animaux magiques y étaient pour quelque chose – mais voir l’animal sans les barreaux, ça ne produisait pas le même effet.
July en resta bouche bée, tandis que le Serdaigle lui présentait Hope. Il exprima également des doutes quant à sa capacité à lui extorquer des larmes. Une inquiétude inutile car le phénix s'envola de lui-même pour aller rejoindre la blessée. À l'évidence l'oiseau comprenait parfaitement la situation et savait très bien ce qu'il avait à faire. Il s'allongea auprès de la belle aux cheveux blancs et inclina la tête vers son visage calciné.

L’oiseau était à portée de main pour July qui sentit en elle l’envie de toucher du bout des doigts ses plumes soyeuses. Mais ce n’était pas le moment. Tous les êtres vivants dans cette pièce n’étaient là que pour une chose : sauver Elenna. Et c’était bien ce que July avait l’intention de faire.
D'un coup de baguette, la rousse fit apparaître une petite fiole et la plaça sous les yeux du phénix. Ce dernier laissa échapper trois larmes. Trois petites perles qui roulèrent le long de son bec brun et vinrent s’écraser au fond de la fiole.
- Cela devrait suffire, commenta July en tournant la tête vers Alexander. Par contre, il me faudrait de la pâte pour brûlures. C’est assez long à préparer et je ne peux plus aller me servir dans la réserve de l’hôpital. Est-ce que les Phénix ont un contact qui pourrait nous en fournir à St Mangouste ? J’aurais aussi besoin d’un philtre de la matière grise.

Avec l’arrivée du Phénix, July avait l’impression que l’atmosphère pesante avait été chassée. Comme s’il s’agissait d’un signe. On ne pouvait pas mourir avec un Phénix à ses côtés. Il était là pour qu’Elenna puisse survivre, July en était certaine.

La présence de l'oiseau légendaire était à la fois rassurant et apaisante. En soi la situation n'avait pas changé d'un iota, l'aventurière des neiges était toujours étalée sur un lit dans un état plus proche de la mort que de la vie et July n'était toujours pas certaine de pouvoir la sauver. Au fond les choses étaient toujours tragiques mais le sorcier de l'est pouvait sentir l'espoir renaître au plus profond de son être. L'ancien Serdaigle n'avait jamais été très attentif en cours de soin aux créatures magiques, cette manière n'était pas utile pour devenir Auror, et en conséquence il ne connaissait pas les divers pouvoirs des Phénix pourtant il était prêt à jurer que ce soudain changement d'atmosphère n'était pas étranger à la présence de l'oiseau dans la pièce. L'arrivée de Hope au sein de l'Ordre du Phénix était indéniablement une bonne chose, c'était comme avoir un neuvième membre doté de pouvoir plus grands que ceux de n'importe quel sorcier ! L'oiseau de flamme pouvait se téléporter là où personne ne pouvait transplaner, il pouvait guérir ce qu'aucune potion ne pouvait faire cicatriser, il pouvait insuffler le courage lorsque tout semblait perdu... Le pourfendeur de magie noir observa le visage de sa dulcinée, ce dernier était toujours d'une blancheur cadavérique, avait-elle songé à tout ça lorsqu'elle avait recueilli l'être mythologique ? Probablement pas, Elenna n'était pas le genre de personne à faire de bonnes actions simplement pour être récompensée par la suite. De toute façon il était probable que le volatil soit resté au sein de l'organisation si il avait senti que la lupine n'avait pas le cœur pur.  Quoi qu'il en soit, si la présence de Hope n'était pas la garantie de la guérison de la chef de l'Ordre du Phénix, elle augmentait tout de même grandement les probabilités que cette dernière reste en vie. Comment Elenna aurait-elle pu abandonner la lutte alors qu'elle avait July et un Phénix à son chevet ? Pouvait-on rêver meilleurs médecins ?

Scott sentit un sourire poindre sur ses lèvres tandis qu'il observait July s'affairer à récupérer les larmes de l'oiseau mythologique, il était évident que la présence de ce dernier avait également remonter le moral de la rouquine. Tout les êtres de la pièce semblait pouvoir ressentir cette nouvelle atmosphère, et Elenna ? Ressentait-elle la présence de Hope à ses côtés ? Difficile à dire, cela faisait maintenant plusieurs heures que la sorcière ne montrait plus aucun signe de vie même si elle était indéniablement toujours parmi les vivants. Le sourire du russe disparut aussi vite qu'il était apparu, aussi ironique que cela puisse paraître il venait de réaliser que la guérison de sa moitié ne prendrait sans doute pas plusieurs heures mais plutôt plusieurs jours voir plusieurs mois. July allait faire son possible évidemment mais elle n'allait sans doute pas rester là éternellement, ce serait alors à lui de soutenir Elenna et de l'aider à remonter la pente... Le moment venu les blessures les plus importantes ne seraient sans doute pas physique mais bien psychologiques, qu'avait-elle bien pu vivre lorsqu'elle était au main des masqués ? Un frisson parcouru l'échine du jeune homme en imaginant les tourments qu'elle avait du vivre ces derniers jours.    

Par contre, il me faudrait de la pâte pour brûlures. C’est assez long à préparer et je ne peux plus aller me servir dans la réserve de l’hôpital. Est-ce que les Phénix ont un contact qui pourrait nous en fournir à St Mangouste ? J’aurais aussi besoin d’un philtre de la matière grise.

De la pâte pour brûlures et un philtre de matière grise ? Scott n'avait jamais été très doué en potion mais il fallait tout de même une certaine maîtrise dans ce domaine pour devenir Auror ainsi le russe savait pertinemment que ces deux potions étaient difficiles à stocker et à conserver en conséquence il était peu probable que l'infirmerie de l'Ordre en dispose... Il restait évidemment une seule solution, cambrioler Ste Mangouste, dans des conditions normales le pourfendeur de magie noire ne s'y serait jamais résolu mais ce soir il allait faire une exception. Ironiquement le sorcier de l'est aurait préféré être dans des conditions normales pour cambrioler la réserve de l'hôpital... A cet instant l'animagus était à bout de force, psychologiquement instable et physiquement exténué, les conditions n'étaient donc pas réellement idéales.

Le pourfendeur de magie noire acquiesça d'un signe de tête sans détailler à son amie ce qu'il en tête, cette dernière avait travaillé à Ste Mangouste pendant de nombreuses années et en conséquence il était peu probable qu'elle soit ravie à l'idée de cambrioler l'hôpital. Le chasseur de mage noir disparu dans un craquement sonore pour réapparaître à plusieurs centaine de kilomètres de là, Ste Mangouste ? Non, Wolf's House encore une fois. Visiblement les mages noirs n'avaient pas encore pris possession des lieux, peut-être qu'ils n'en feraient rien, peut-être qu'ils ne savaient pas mais dans le doute Alexander Scott préférait éviter cet endroit pour une longue période. Le pourfendeur de magie noire savait parfaitement ce qu'il faisait et il se dirigea rapidement en direction du placard de sa dulcinée et récupéra sa cape d'invisiblité, il était peu probable qu'elle ait quelque chose à dire contre ça vu son état... Nouveau craquement sonore et le russe réapparut dans la hall d'accueil de l'hôpital sorcier de Ste Mangouste. Malgré l'heure avancée, il n'y avait rien d'étonnant à ce qu'un sorcier apparaisse ici, l'endroit était quand même réputé pour traiter toutes sortes d'urgences à n'importe quel moment du jour ou de la nuit. D'un air détaché l'ancien Auror se dirigea vers l'organisation des différents niveaux.  

Quatrième étage : Service de pathologie des Sortilèges

C'était à cet étage qu'il trouverait les potions dont July avait besoin pour soigner Elenna... Ascenseur ou escalier ? Escalier, le risque de tomber sur quelqu'un dans l'ascenseur était bien trop grand et c'était la dernière chose dont le sorcier de l'est avait besoin même si il avait plus d'un tour dans son sac. Neutraliser un médicomage ne semblait pas être une bonne idée. Montrer son ancienne insigne d'Auror ne semblait pas non plus être la meilleure chose non plus car c'était révéler son identité à tout l'hôpital ce qui faciliterait l'enquête des forces du ministère si sa virée nocturne venait malheureusement à être ébruitée. Ne perdant pas une seconde le pourfendeur de magie noire s'engouffra dans la cage d'escalier et grimpa les marches à grandes enjambées. Quatre étages c'est long ! Et dans la condition physique de l'animagus c'est difficile ! Arrivé au quatrième étage le sorcier de l'est s'arrêta pour reprendre son souffle et pour se draper dans la cape d'invisibilité telle une ombre nocturne. Désormais il n'était plus question de se faire repérer... Comme un murmure Alexander s'engouffra dans le quatrième étage de Ste Mangouste sans réellement savoir où se rendre, devait-il aller dans les diverses chambres dans l'espoir de trouver les potions qu'il cherchait ? Devait-il se rendre dans la réserve directement ? Il était probable que la réserve soit protégée par différents sortilèges dans ce cas sortir de l'hôpital risquait d'être problématique. Le sorcier de l'est pesta, pourquoi ne s'était-il pas renseigner auprès de July avant de venir ? Évidemment elle avait été médicomage. Évidemment elle n'aurait pas apprécié mais Mer** elle aurait compris, elle était loin d'être bête et c'était pour sauver Elenna ! Si ça se trouve elle avait même d'anciens contacts au sein de l'hôpital qui aurait pu leur fournir ce qu'ils cherchaient...  Un retour en arrière semblait difficile puisqu'on ne pouvait pas transplaner au sein des étages de l'hôpital.

Le seul avantage qu'avait Alexander à cet instant c'était l'heure tardive, les patients dormaient presque tous à point fermé et le personnel était réduit au strict minimum. L'éclairage était assez faible pour que le sorcier de l'est passe inaperçu dans les couloirs malgré la cape qui était... Relativement trop petite pour lui.  Plusieurs fois le russe s'arrêta de respirer lorsqu'un guérisseur en robe verte passa à côté de lui. La vérité c'est que l'ancien Auror était totalement désemparé, que faire ? Menacer un des sorciers qui travaillait ici de lui donner les potions ? Fouiller chaque chariot à la recherche des dites potions ? Braquer directement la réserve ? Peut-être la réserve ne disposait-elle d'aucune protection ? Scott avait souvenir d'une attaque mangemort à Ste Mangouste qui n'avait rencontré aucune résistance, avaient-ils augmenté les protection depuis ce jour ? Finalement les pérégrinations de l'animagus prirent fin à l'entrée de la réserve. Combien de temps resta t'il planté là à attendre un miracle ? Plusieurs secondes ? Plusieurs minutes ? Plusieurs jours ? Impossible à dire. A force d'attendre cependant il était certains que le miracle allait finalement se produire et c'est ainsi qu'au bout d'un moment apparut une guérisseuse tout de vert vêtue qui pénétra dans la réserve comme elle aurait pu pénétrer n'importe où ailleurs ! Alexander pesta silencieusement et s'engouffra à la suite de la femme. L'employée de Ste Mangouste semblait être pressée et elle ne reste pas plus de cinq minutes à l'intérieur de la réserve laissant le phénix seul au milieu de centaines de potions toutes plus variés les unes que les autres.

-Et Mer**...

Sérieusement July n'aurait-elle pas pu être plus précises ? Elle lui avait seulement indiqué le nom des potions... C'était tout de même léger pour trouver ce qu'il cherchait au milieu de ce...ce... Bazar. Évidemment pour un médicomage confirmé trouver les deux potions devait être chose aisée mais voilà, Scott était loin d'être un médicomage confirmée. En fait il était loin d'être un médicomage tout court ! A l'aide de sa baguette magique et d'un sortilège d'attraction le sorcier de l'est localisa les deux potions, non avoir briser quelques flacons dans l'action, et quitta la réserve bien plus rapidement qu'il n'y était rentré craignant à tout moment d'être découvert par un médicomage en quête du bruit qu'il avait déclenché. Le chemin du retour fut plus rapide que l'allée, Alexander devait se hâter, il avait perdu de précieuses minutes à attendre devant la réserve pour rien... July devait s'inquiéter et Elenna devait dépérir... Plusieurs fois le russe faillit perdre sa précieuse cape d'invisibilité mais il parvint finalement à ressortir de l'hôpital sans encombres. Scott disparut dans un craque sonore et réapparut à l'intérieur de Snow Cocoon sans même avoir enlever son camouflage ! Après une fraction de secondes l'animagus retira sa protection et adressa un sourire à son amie en lui tendant les potions.

-Si tu as besoin d'autre chose, fais moi signe, c'était une réelle partie de plaisir !

Une nouvelle fois, Alexander disparut pour aller chercher à Elenna de quoi survivre. Un silence pesant suivit son départ. Quatre âmes silencieuses restaient dans la pièce. July chercha des yeux Eden, comme pour trouver le maximum de soutien. Le golden s’était allongé dans un coin de la pièce tandis que Hope avait pris place aux pieds d’Elenna. C’était la présence de cette dernière qui aurait le plus réconforter l’Anglaise. Sa meilleure amie lui manquait, son sourire, sa joie de vivre, sa gentillesse … La voir aussi faible, entre la vie et la mort, lui arrachait le cœur. Malgré la présence du Phénix, July avait tellement peur de la perdre à jamais. A cette idée, la rousse sentit sa gorge se serrer et le souffle lui manquer. Elle détourna les yeux du corps mutilé. Son regard s’arrêta sur Hope qui semblait la dévisager. July eut l’impression qu’il l’interrogeait du regard : « Tu vas la sauver, oui ?! ». Alors l’Anglaise refoula ses larmes et reprit sa baguette en main.

Lorsqu’elle l’examina, la rousse eut l’impression que son amie avait recouvré un peu de force avec le bref repas qu’elle lui avait apporté. Son cœur semblait battre avec un peu plus de conviction. Mais peut-être était-ce seulement parce que July avait envie de le percevoir ainsi.
Ses constantes étant stables, l’ancienne Médicomage entrepris de soigner les blessures. Elle commença par l’entaille présente sur son sein gauche. Du sang séché maculait une grosse partie de sa peau ce qui cachait partiellement l’ampleur de la coupure. Avec plusieurs sortilèges, July nettoya son amie. Elle veillait à ne jamais faire de gestes brusques et à être la plus douce et la plus minutieuse possible.
Une fois propre, la rousse réalisa que l’entaille formait le chiffre 67. On l’avait volontairement marquée et July se demanda bien ce que cela pouvait représenter. Les Mangemorts numérotaient-ils leurs victimes ?

Quelle que soit la raison de cette mutilation, July devait à tout prix la faire disparaitre au maximum. Durant plusieurs minutes, elle s’appliqua à réaliser le sortilège de réparation des chaires. C’était un acte magique difficile qui demandait une grande concentration. Mais il était aussi d’une redoutable efficacité, lorsqu’il était bien maitrisé.
Les mouvements de July ressemblaient à une danse. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait plus pratiqué la magie, et encore moins la médicomagie. Pourtant les choses lui revenaient facilement, comme si elles étaient gravées en elle. On ne pouvait échapper à son passé, malgré ce que July avait essayé de faire. Elle devait bien admettre que tout cela était en elle et qu’il ne servait à rien d’essayer de l’enfouir ou de l’oublier. Premièrement parce que la magie pouvait toujours servir, deuxièmement parce que d’ignorer une douleur ne la faisait pas disparaitre. Il lui sembla comprendre que c’était ce que Tsen essayait de lui enseigner, mais elle ne l’avait jusqu’alors pas saisi.

Au terme du sortilège, la coupure avait été réduite à une marque quasiment imperceptible. Des yeux aguerris la verraient surement car la peau n’était pas tout à fait la même, plus pale et lisse. Mais il fallait vraiment avoir le nez dessus pour voir la différence. July était donc parfaitement satisfaite de son travail.
Heureusement que le sortilège était terminé car le CRAC qui retentit derrière July la fit sursauter. Elle se retourna vivement, s’attendant à trouver Alexander, mais la pièce demeura vide. La jeune femme serra sa baguette un peu plus fort, persuadée que quelqu’un venait bien de transplaner dans le logement. Finalement, Alexander apparut comme par magie, sous un tissu fluide. Une cape d’invisibilité ?! July n’en avait jamais vu, c’était très rare. Décidément, l’Ordre du Phénix était bien équipé.
La rousse s’empressa d’aller récupérer les potions que lui tendait Alex.
- Si tu as besoin d'autre chose, fais moi signe, c'était une réelle partie de plaisir !
La rousse sentit une ironie dans ces paroles, mais elle se garda de lui demander de plus amples explications, il était temps d’agir.

En quelques coups de baguette, la pâte pour brulure était mélangée aux larmes de phénix et July s’appliquait à l’étaler de façon homogène sur le visage d’Elenna. Ceci fait, elle fit apparaitre des bandages pour couvrir la blessure.  Avec le peu qu’il lui restait, elle badigeonna le haut de la cuisse de la jeune femme ainsi que la peau rougie qu’elle avait au niveau du sein gauche.
Continuant dans son élan, July pesa son amie pour calculer la quantité de philtre de la matière grise à lui administrer. Elle utilisa un sortilège pour transférer la potion directement dans l’estomac d’Elenna. Pour finir, elle lança un sortilège de détente musculaire. July supposait que tout le corps de la louve devait être meurtri et que cela l’apaiserait un peu.

- J’ai faits le plus urgent, conclut l’Anglaise. Il n’y a plus qu’à attendre qu’elle se réveille. Je ne sais pas combien de temps ça peut prendre. Quelques heures, quelques jours … Il faudra régulièrement la faire boire et manger avec un sortilège. Je vais aller faire des courses, il n’y a pas grand-choses ici. Je te laisse veiller sur elle ? S’il y a le moindre souci tu m’envoies un patronus.
July déposa un baiser sur le haut des cheveux de sa meilleure amie. Rejoignant Alexander, elle exerça une légère pression sur l’avant-bras de l’Auror, pour lui témoigner son soutien, avant d’attraper sa cape d’hiver et de s’éclipser.

Le froid saisissant de l’extérieur lui fit du bien. Elle avait l’impression que son cerveau, accaparé par l’idée de sauver Elenna, avait fait des nœuds. Elle en avait presque le tournis, de toutes les questions et de toutes les réflexions qui lui étaient passés par la tête.
July prit une direction au hasard et profita de la marche qui se présentait à elle pour faire le point, pour remettre les choses à plat. Elle passa en revue ses diagnostics puis ses actions, à la recherche d’une faille, de quelque chose qu’elle aurait pu oublier. Mais il ne lui vint pas d’idée miraculeuse pour sauver son amie. Restait la patience et de veiller sur elle à chaque instant. Sur ce point là, Elenna n’avait pas de soucis à ce faire, entre Alexander et la rousse, elle ne serait jamais seule. Jamais.

July finit par tomber sur une petite épicerie. Elle y acheta des fruits et des légumes variés, des féculant ainsi qu’un peu de viande. Au moment de payer, la rousse se retrouva bien embêtée.  Elle n’avait plus un galion sur elle, et encore mois de l’argent moldu. Mine de rien, elle lança un petit sortilège de confusion en se promettant de revenir payer son dû.
C’est avec deux sacs bien remplis que July passa le seuil de la maison.
- C’est moi, prévient-elle avant de rejoindre le salon. Comment va-t-elle ? Son état est resté stable ?
Après s’être enquis de l’état de la blessée, July retourna vers ses provisions.
- Je peux préparer à manger, si tu veux. J’imagine que tu n’as pas mangé depuis … plusieurs jours ?... Mais je te préviens, je suis toujours aussi nulle.

En l'espace d'une semaine tout avait changé. Jusqu'alors Alexander s'était efforcé de suivre les lois, évidemment il faisait parti de l'Ordre du Phénix cependant il n'avait jamais franchi les limites qu'il s'était fixé. Tuer, voler et utiliser les sortilèges impardonnables était une chose inenvisageable dans l'esprit du pourfendeur de magie noir. Depuis plusieurs années maintenant Scott avait pris conscience que la seule personne qui pourrait le faire enfreindre ses règles, ce code d'honneur, c'était Elenna. Pour l'aventurière des neiges le sorcier de l'est aurait pu trahir n'importe qui, commettre n'importe quoi et traverses toutes les épreuves. C'est bien simple, dans l'esprit de l'ancien Auror, rien ne passait au dessus de la protection de sa fiancée. Jusqu'où aurait-il pu aller pour l'arracher des griffes des mangemorts ? Jusqu'où aurait-il pu aller pour soigner ses blessures ? Utiliser un sortilège impardonnable n'était pas un obstacle suffisant, pas plus que cambrioler Ste Mangouste. Durant le laps de temps qu'avait duré le kidnapping Alexander était devenu tout ce qu'il avait juré de combattre, ironique n'est-ce pas ? Le sorcier de l'est en venait à se demander jusqu'où il serait allé si Laurae n'était pas parvenue à trouver là où le chef de l'Ordre du Phénix était retenue. Combien d'innocents auraient-eu à souffrir de sa folie ? Comment s'en était sortie la vendeuse de la boutique de magie noire ? Il avait utilisé le sortilège impardonnable doloris sur une femme enceinte.  Le pire dans tout ça ? Si tout cela avait été à refaire pour sauver Elenna, Alexander l'aurait fait sans hésiter une fraction de seconde. Le chasseur de mage noir en venait à se demander comment il en était arrivé là. Le garçon qu'il était à la sortie de Poudlard, ce serait-il reconnu ? Était-ce le fait d'être un Auror qui l'avait endurci à ce point ? Était-ce le fait d'être un membre de l’Ordre qui l'avait rendu ainsi ? Était-ce le prix à payer pour la vie qu'ils menaient ?  Finalement peut-être était-ce le ministère qui avait raison, peut-être que la guerre idéologique menée par les deux camps causait plus de mal que de bien.  

Le russe observa son amie qui s’affairait autour d'Elenna. Finalement c'était sans doute July qui avait sans doute choisi la meilleurs voix. Les médicomages étaient sans doute les personnes les plus bienveillantes de la communauté magique, et la communauté magique avait besoin de ce genre de personne par le temps qui couraient. Alexander se sentait envahit par un immense sentiment de lassitude, peut-être provoqué par les évènements, peut-être provoqué par la fatigue, peut-être provoqué par la faim, ou peut-être en avait-il réellement assez. Le sorcier de l'est était certains d'une chose, quand tout serait rentré dans l'ordre il faudrait qu'il trouve quelque chose pour se rendre de nouveau utile auprès de la communauté magique. Pour le moment la seule chose que le chasseur de mage noir pouvait faire, c'était d'attendre car il ne pouvait être d'aucune utilité à July en ce qui concernait les soins. Peut-être que prendre des cours de médicomagie pourrait-être une bonne idée pour l'avenir, il n'avait jamais été très doué dans cette matière mais il ne s'était jamais réellement donné les moyens d'y arriver.  Demander de l'aide à son amie serait sans doute un bon point de départ, peut-être pourrait-elle lui donner quelques conseils. En observant la rouquine tout cela semblait si compliqué, si minutieux... Combien d'années d'études lui avait-il fallu pour apprendre tous ces gestes ? Combien d'heures nocturnes avait-elle loupé pour connaître tout ses sortilèges ? Combien d'après-midi avait-elle sacrifié pour connaître toutes les potions et toutes les onctions ? July était impressionnante.

- J’ai faits le plus urgent Il n’y a plus qu’à attendre qu’elle se réveille. Je ne sais pas combien de temps ça peut prendre. Quelques heures, quelques jours … Il faudra régulièrement la faire boire et manger avec un sortilège. Je vais aller faire des courses, il n’y a pas grand-choses ici. Je te laisse veiller sur elle ? S’il y a le moindre souci tu m’envoies un patronus.

Alexander acquiesça d'un hochement de tête vidé de toute énergie. Il était nécessaire de faire des courses, c'était une évidence. Combien de temps allaient-ils devoir rester ici à surveiller Elenna ? Sans doute plusieurs jours voir plusieurs semaines, en tout cas ce n'était pas avec les quelques boîtes de conserve et les croquettes qu'il avait ramené de Wolf's House qu'ils pourraient survivre. Au fond de lui le chasseur de mage noir se sentait soulagé que la rouquine se propose pour s'occuper de cette tâche, il ne se sentait pas d'aller faire des courses en plein milieu de Londres... D'autant plus qu'il était fort probable qu'il soit recherché par leurs ennemis. A cet instant le russe était las, fatigué, vidé de tout énergie, il n'avait qu'un souhait dormir et manger, en vérité cela faisait même deux souhaits. L'animagus se laissa tomber sur la chaise qu'il avait précédemment fait apparaître. Même s'assoir était devenu un véritable supplice, comment rester éveillé dans ces conditions ? Alexander caressa distraitement Eden qui était venu pauser sa grosse tête sur ses genoux, il était là, fidèle au poste comme si il comprenait que son maître ne devait s'endormir sous aucun prétexte. Hope était là lui aussi, il restait au chevet d'Elenna et l'observait de ses grands yeux, sa simple présence était rassurante, réconfortante et le russe était persuadé que sa fiancée sentait la présence du phenix. Le pourfendeur de magie noire était en train de somnoler lorsque la porte de la bâtisse retentit, instinctivement le duelliste rechercha sa baguette. Quel piètre gardien il faisait ! Que serait-il capable de faire si par malheur les mangemorts débarquaient ?

- C’est moi, c'était la voix de July, le sorcier de l'est se détendit à l'instant même où il l'entendit, la jeune femme le rejoignit rapidement dans le salon transformé temporairement en salle d'opération Comment va-t-elle ? Son état est resté stable ? Je peux préparer à manger, si tu veux. J’imagine que tu n’as pas mangé depuis … plusieurs jours ?... Mais je te préviens, je suis toujours aussi nulle.

La simple perspective d'un repas mettait l'eau à la bouche de l'animagus, à cet instant il aurait même pu manger les croquettes de Eden ! Manger serait un bon commencement pour retrouver un peu de force mais il faudrait à tout prix dormir un peu également. Comment diable July allait-elle se débrouiller pour cuisiner ici ? La cuisine était normalement entièrement équipée mais théoriquement il n'y avait pas les ustensiles nécessaires pour cuisiner. Le russe chassa rapidement cette question de son esprit embrumé, la magie pouvait tout résoudre.

-Elle n'a pas bougé d'un poil, tu as fait un excellent travail, j'en suis persuadé. Alexander esquissa un sourire qui se voulait rassurant. Peu importe, je pourrais manger n'importe quoi, et puis ce sera toujours meilleurs que ce que je pourrais préparer... July, je vais avoir besoin de dormir, si des mages noirs débarquent par ici, je ne suis pas certains de pouvoir tenir correctement ma baguette dans ma main, ne parlons même pas de me battre. J'ai réfléchi et faire venir un membre de l'Ordre ici me semble être la meilleure solution même si je n'aime pas l'idée de faire circuler l'adresse de cette bâtisse. Je ne sais pas où sont les membres à cet instant, je les ai quitter précipitamment pour emmener Elenna ici. Je vais écrire une lettre pendant que tu prépares le repas.

Ni une, ni deux les deux amis s’attelèrent à leur tâche. Alexander rechignait à faire venir un membre de l'Ordre dans cette maison, lorsqu'il s'agissait de la sécurité d'Elenna le pourfendeur de magie noir préférait agir seul... Toutefois Laurae avait prouvé qu'elle méritait toute sa confiance dans cette affaire et c'était elle qu'il allait appeler pour l'assister dans ce moment difficile. Trouver une plume et un parchemin ne fut pas difficile grâce à la magie, trouver la bonne formule pour éviter des soupçons fut en revanche bien plus compliqué. Il n'était pas question d'éveiller les soupçons des aurors ou des mangemorts si jamais ces derniers venaient à s'emparer du courrier. Finalement le sorcier de l'est se contenta d'inviter Laurae à une crémaillère. Le russe préféra également envoyer Hermes plutôt que Hope, la chouette Lapone était littéralement à bout de force mais la nécessité réclamait de lui demander encore quelques efforts. Le sorcier de l'est se sentait coupable d'en demander tant au rapace, il se promit de lui offrir une longue période de repos par la suite. La fin justifiait les moyens. Dans un premier temps la chouette rechigna à repartir mais devant l'insistance de son maître elle finit finalement par prendre son envol dans les rues de Londres. C'était sans doute là le moment le plus dangereux, il n'était pas courant de voir une chouette voler au dessus de la capitale de l'Angleterre et elle pouvait assurément se faire aisément repérer, une fois ce passage délicat terminé tout devrait bien se dérouler. Le ventre du sorcier de l'est gargouilla, réveillé par l'odeur qui s'élevait de la cuisine.

C’est à July qu’il incomba la lourde tâche de préparer le repas. Si elle avait été sur le chemin de Traverse, elle aurait pris quelque chose à emporter. C’est ce qu’elle faisait, lorsqu’elle rentrait tard du travail ou que ses placards étaient vides – ce qui arrivait, à l’époque, bien trop souvent. Mais elle ne se sentait pas la force de retrouver la civilisation sorcière alors que son amie avait été mutilée par ces mêmes sorciers. Il lui paraissait pour le moment moins difficile d’affronter sa baguette et une armée de carottes.
La cuisine ne comportait, pour ainsi dire, aucun équipement. Le problème n’était pas tant l’absence de plaque de cuisson que l’absence de vaisselle. Qu’à cela ne tienne, July avait prévu le coup en achetant assiette en carton et couverts en plastique. Quant à la cuisson, il était parfaitement possible de préparer un repas sans feu, restait à savoir si elle se souviendrait des sortilèges.

La jeune femme sortit carottes et courgettes qu’elle entreprit d’éplucher malhabilement, à l’aide de sa baguette. Le résultat ne fut pas meilleur lorsqu’elle tenta de les couper en julienne ; les morceaux étaient irréguliers. Mais July ne s’en formalisa pas, peu importe l’apparence, le tout était que cela soit mangeable.
Et maintenant, le sortilège de cuisson … Lequel était-ce, déjà ? Peut-être qu’avec un maléfice cuisant ?... Non, ça n’avait rien à voir. Incendio risquait d’être un peu trop radicale. À force de cogitation, July finit par se souvenir du sortilège que Némésis lui avait appris.
La rousse s’acharna sur ces pauvres légumes durant plusieurs minutes, ponctuant le sortilège de jurons marmonnés. À la fin, l’ancienne Poufsouffle était à bout de nerfs, plus concentrée que jamais sur la mission qui lui incombait : ne pas laisser Alex mourir de faim. Elle s’était refusée à demander de l’aide à l’Auror, installé au chevet de sa dulcinée. Il devait se reposer.

Entre sortilèges et jurons, July n’entendit pas la voix qui retentit dans l’entrée. C’est seulement le bruit de verre brisé qui lui fit lever la tête. Elle sursauta et se tourna vivement vers Alex, le pensant responsable du vacarme. Sauf que les petites fioles qu’elle avait utilité précédemment étaient encore intactes.
- Toi ! Lève tes mains ! Qui es-tu ?  Où est-elle ? Où sont-ils ?
Demi-tour. July se retrouva face à une femme échevelée, aux traits tirés. Elle avait quelque chose de fou dans le regard, une rage qui terrifia la rouquine. Comment les Mangemorts avaient-ils pu le retrouver avec autant de facilité ?!

July laissa échapper un cri étouffé et fit la première chose qui lui passa par la tête : elle lança un sortilège de désarmement informulé. La rousse aurait bien appelé Alex à l’aide, mais cela supprimerait l’effet de surprise. Il valait mieux que l’attaquante la croie seule, qu’elle n’ait pas le temps de se préparer à une autre riposte. Restait à espérer qu’Alex comprenne la situation assez vite. Il était tellement fatigué qu’il aurait bien pu s’endormir. July s’attela donc à attirer son attention et reprit en cirant aussi fort qu’elle le pouvait :
- Expelliarmus !
Il était rare pour la médicomage de lancer des sortilèges formulés. Elle avait bien retenu ses leçons de défense contre les forces du mal et savait que cela permettait à l’adversaire d’esquiver plus facilement.

La rousse était prête à bondir de tous les côtés pour éviter les sortilèges qui ne manqueraient pas de déferler sur elle. Car elle ne se faisait pas d’illusion, face à une Mangemorte surentrainée, conditionnée pour tuer, elle n’avait aucune chance. Elle savait que ses petits sortilèges de désarmement se révèleraient, sur elle, moins douloureux qu’une pichenette.
Peut-être que le plus prudent était qu’Alex prenne la fuite avec Elenna. Combien de temps mettraient à arriver toute la bande de masquée ? À deux, non, un et demi – July n’était pas suffisamment bonne en défense pour compter pour un – voir un tout court – au vu de la fatigue de l’Auror – ils n’avaient aucune chance. Il fallait qu’ils fuient, c’était la seule solution, la seule chance pour que le couple s’en sorte. July les retarderait, ils n’en avaient rien à faire d’une pauvre médicomage, elle n’avait aucune valeur. Et s’ils devaient la tuer, tant pis, elle était prête. Prête à mourir pour sa meilleure amie.

De quoi serait faite sa vie si il venait à la perdre ? Cette question il se l'était posé des centaines des fois l'espace de ces derniers jours. Depuis plusieurs mois le pourfendeur de magie noir vivait en pensant plus à elle qu'à sa propre personne. Depuis qu'ils s'étaient rencontrés aux confins de la taïga russe, il n'y avait plus de je, il n'y avait plus que nous. Depuis qu'ils vivaient ensembles il n'y avait plus Elenna, il n'y avait plus Alexander, il y avait une symbiose entre deux êtres, il y avait une famille. Désormais le pourfendeur de magie noir ne pouvait plus imaginer sa vie sans elle. Le chasseur de mage noir savait qu'il ne trouverait plus le courage de continuer la lutte si elle venait à disparaître.  Si elle partait alors il partait, c'était aussi simple que ça. Oh bien sûr le sorcier de l'est ne se donnerait pas le mort, il n'était homme à faire ce genre de chose. Peut-être chercherait-il à se venger dans un premier temps. Ensuite il y avait fort à parier qu'il quitterait l'Ordre du Phénix et l'Angleterre pour se perdre au milieu de la Sibérie. Plus personne n'entendrait plus jamais parler d'Alexander Scott. Laisser libre court à son alter-égo animal était peut-être la meilleure solution... Il avait déjà entendu parler d'animagus qui avait perdu le contrôle. Dans un premier temps on le traiterait de pleutre, de couard mais peu lui importait.  Alexander était dépendant d'Elenna. L'espace de plusieurs heures les mangemorts avait eu entre leur main l'arme la plus puissante dont ils pouvaient rêver. Le plus ironique dans cette situation c'était qu'il y avait fort à parier que les mages noirs n'aient jamais soupçonnés la valeur de leur otage, ils avaient du la prendre pour une simple alliée de l'Ordre du Phénix et il y avait fort à parier que la chef ne leur ait rien révélé sur son identité.  

July avait fait un travail incroyable, pour autant l'aventurière des neiges allait-elle s'en sortir ? Entre ses mains rugueuses la main de la lupine était glacée, congelée. Alexander avait évidemment confiance dans les soins de son amie, elle faisait partie des rares personnes en qui il avait une confiance aveugle, mais il ne pouvait pas s’empêcher d'avoir peur... N'était-ce pas ironique ? Il avait combattu les plus grands mages noirs contemporains aux quatre coins de la Grande-Bretagne. Il avait participé aux plus dangereuses batailles de son époques partout en Angleterre. Il avait frôlé la mort plusieurs fois contre plusieurs adversaires différents. Il avait sans cesse exposer sa vie et pouvait à tout moment être envoyé à Azkaban. Pourtant jamais le pourfendeur de magie noir n'avait craint pour sa propre existence. Et aujourd'hui ? Il était là, assis au chevet de celle qu'il aimait, qu'il respectait, qu'il idolâtrait plus que tout au monde. On disait que l'amour pouvait permettre de soulever des montagnes et d'écarter des océans, qu'il procurait une force comme nulle autre force. Pourtant malgré ce qu'on racontait Alexander savait que l'amour était sa plus grande faiblesse.  La solution pouvait paraître simple, évidente. Pour le sorcier de l'est cette solution n'existait pas. Le sorcier de l'est se recroquevilla sur la chaise et posa sa tête à côté du corps inanimé de sa dulcinée. Il était fatigué... Si fatigué. Juste une instant. Juste une pause.

- Alex !  J'suis là!  Z' êtes où? Alexander ouvrit les paupières, c'était quoi ce bordel ? Bruit de bouteille éclatée. Le sorcier de l'est grimaça, Laurae était arrivée...   Toi! Lève tes mains! Qui es-tu?  Où est - elle ? Où sont-ils?  

En temps normal l'ancien auror aurait réagi en une fraction de seconde pour éviter le drame, c'était quelque chose qu'il avait acquis au cours de ses années au ministère de la magie. La fatigue était telle qu'il était incapable d'analyser la situation comportement. Il y avait July qui cuisinait. Il y avait Laurae qui criait. Quel mal à cela ? Ce n'est que lorsqu'il visualisa la rouquine qui tirait sa baguette que le pourfendeur de magie noir commença à assembler les différents de la scène. July ne connaissait pas Laurae et même si il l'avait prévenu que cette dernière arrivait, elle pouvait très bien la confondre avec une mage noir... Quand à la Phénix... Elle ne savait même pas que July était présente dans cette maison ! Il y avait donc fort à parier pour que chacune prenne l'autre pour une ennemie. Devant les yeux impuissants du sorcier de l'est la scène se passa au ralenti, July tira sa baguette et utilisa le sortilège de désarmement pour se débarrasser de la menace potentielle.  Alexander connaissait les capacités de son amie en terme de duel, il était probable que Laurae soit toujours armée et il devait intervenir avant que les choses ne dégénèrent. Le russe se leva péniblement cherchant sa baguette même si il était peu probable qu'il en ait besoin. Avant même d'avoir sa sœur d'arme en visuel, il prit la parole.  

- Je suis là Laurae, pas la peine de hurler ni de t'en prendre à notre alliée la plus précieuse. Si tu lui fais le moindre mal tu risques de sérieusement amputer les chances de survie d'Elenna. Elle risquait aussi fortement de s'attirer sa haine et son courroux éternel mais il se garda bien de lui faire la remarque, la situation était assez tendue comme ça. Tandis qu'il parlait, Alexander continuait d'avancer si bien que Syverell pouvait maintenant le voir. Elenna va bien, elle est allongée à côté et elle doit sa survie à cette femme. Le sorcier de l'est garda bien de donner le prénom de July pour garder son anonymat, elle se présenterait elle même si elle le désirait. Je te présente... Morrigan. La réciproque était valable.

Alexander détailla sa sœur d'arme, elle semblait aussi fatiguée que lui. Sa baguette gisait à côté d'une bouteille d'alcool brisée à ses pieds. Il était étonnant de voir que le sortilège de la médicomage avait touché la duelliste chevronnée qu'était Laurae, ça prouvait bien que cette dernière n'était pas au mieux de sa forme. Le sorcier de l'est grimaça, ils allaient devoir faire des tours de gardes si ils voulaient être efficaces en cas d'attaque. Mais à quoi s'attendait-il ? Aucun phénix n'avait dormi ces derniers jours.

Les choses auraient probablement dégénérées si Alexander n’était pas intervenu. La femme échevelée qui venait de surgir était une alliée, celle qu’Alex attendait. L’ascenseur émotionnel que ressentit July lui donna la nausée. Elle s’était vue mourir, durant une fraction de seconde. Elle s’était vue mourir.
L’Anglaise se fustigea de ne pas avoir fait le lien avant. Après coup, cela paraissait évident. Elle savait que l’auror avait demandé du renfort mais elle ne s’était pas attendue à ce que ce même renfort débarque en la menaçant. La rousse baissa sa baguette un peu confuse tandis qu’Alex lui présentait la jeune femme sous le nom de Morrigan. Cette dernière avait l’air tout aussi penaude. Comme Alexander, elle semblait à bout de forces. Ce que July avait pris pour de la folie et de la rage était en fait due à une immense fatigue. La rouquine avait même l’impression qu’elle aurait pu fondre en larmes à tout moment. Pourtant, elle parvint à articuler quelques mots, présentant ses excuses et s’inquiétant d’avoir pu la blesser. July se montra rassurante sur ce point, elle n’avait rien.

En quelques coups de baguettes, les vestiges de la bouteille cassée disparurent. Sa bêtise réparée, la jeune femme s’avança et tendit à l’ancienne Poufsouffle une main qu’elle serra avec un sourire pale. Le visage qui lui faisait face lui parut familier. Si l’Anglaise avait une mauvaise mémoire des noms, elle était en revanche très physionomiste et eut la sensation qu’elle avait déjà croisé le chemin de la brune. Peut-être lors d’une soirée ? Elle ne retrouvait pas laquelle. Ou à Poudlard ? C’était possible, mais tellement loin.
Sans parvenir à se détacher de la certitude qu’elle avait déjà vu cette Morigan quelque part, July reprit la cuisine là où elle s’était arrêtée. Petits légumes, OK, il ne restait plus qu’à cuire la viande. Tandis que la rousse se débâtait avec un sortilège de cuisson, la jeune femme lui tendit un couteau de cuisine. July la remercia en se félicitant de ne pas en avoir eu un avant. Armée d’un couteau plutôt que de sa baguette, elle ne savait pas comment elle aurait pu réagir. Même s’il était relativement facile pour un médicomage de soigner une blessure par arme blanche, cela aurait été bien plus douloureux qu’un petit sortilège de désarmement.

Une fois ses affaires rangées, la jeune femme revint vers July et de se présenta sous le nom de Laurae Syverell. La rousse s’étonna que son nom de famille ne soit pas Morrigan, comme la présentation d’Alexander le lui avait laissé penser. Elle supposa alors qu’il s’agissait de son pseudonyme pour les phénix et qu’elle était donc bien plus qu’une alliée.
- July Swann, de même, répondit la rousse avec un sourire bienveillant, tout en détaillant ce visage qui lui donnait du fil à retordre. Tout est prêt, reprit-elle à l’attention des deux combattants. Ça risque de ne pas être terrible mais je compte sur vous pour manger votre part, en entière. Je me doute que vous n’avez pas faim, mais il n’est pas question d’appétit en ce moment. Si vous voulez être utile à Elenna, il faut absolument que vous ayez quelque chose dans le ventre. Et après ça il faudra que vous alliez dormir chacun votre tour, quitte à ce que je vous donne un philtre calmant, votre corps a besoin de repos.
L’ancienne médicomage comptait sur leur bonne volonté et sur la confiance qu’ils accorderaient à ses conseils pour ne pas avoir à les forcer.

July savait qu’il ne serait pas facile pour eux de manger, et encore moins d’aller dormir. La peur de manquer quelque chose d’important et le besoin presque vital de se sentir utile en pareilles circonstances étaient souvent plus fort que tous les signaux envoyés par le corps humain. C’était pourtant ce qu’ils pouvaient faire de plus utile pour la louve, reprendre des forces. Et s’ils n’étaient pas disposés à s’y plier, July était prête à les y contraindre.
Elle remplit successivement trois assiettes, avec les légumes et la viande, par endroits un peu trop cuit et d’autres pas assez.
- On peut manger par terre, si ça vous va ?
Durant le repas, July répondit à quelques questions sur l’état d’Elenna mais la conversation ne dévia pas sur des sujets plus légers. Personne n’était vraiment d’humeur à faire la conversation. Toutes leurs pensées étaient portées vers la blessée inconsciente.
Une fois les assiettes vidées, la rousse suggéra à Alex d’aller dormir un peu.
- On veille sur Elenna, s’il se passe quoi que ce soit ou qu’elle se réveille on viendra te prévenir, c’est promis, dit la rouquine pour rassurer son ami.

Seule avec Laurae, les questionnements de July reprirent. Où avait-elle pu rencontrer la jeune femme ? Elle jetait des coups d’œil répétés vers la brune, comme si le fait de la fixer pouvait déclencher quelque chose. Ce visage anguleux, ces cheveux d’un noir corbeau qui faisaient ressortir des yeux d’un vert très particulier, elle les avaient déjà vu, mais où ?! C’était tout à fait désagréable cette sensation de savoir quelque chose sans parvenir à trouver quoi.
Machinalement, la main de July s’était portée sur son sternum. Sous le tissu de sa robe, elle sentait les pendentifs qui lui avaient été offerts après avoir soigné deux malades. C’est à ce moment-là que les rouages se mirent en place. Laurae était la patiente qu’elle avait reçue avec une faiblesse au cœur !
Elle était à la fois semblable et très différente. Elle avait muri, sans nul doute, et la rouquine supposa que son appartenance au groupe des Phénix en était à l’origine.
- Miss Syverell !, dit July avec un éclair de compréhension dans les yeux. Vous êtes la patiente que j’avais reçue aux urgences pour un malaise cardiaque ? Comment allez-vous ? Votre traitement a été efficace ? Vous n’avez pas eu de nouvelles crises ? Êtes-vous blessée ? Je veux dire, avec ce qu’il s’est passé pour Elenna … Vous voulez que je vous examine ?