Se lasser des choses ? Des quelles ? L’alcool, la chaleur, la danse, l’oubli ? Il y’avait pas mal de chose dont on ne se lassait pas au jeune Age du désir de l’évasion. Un sourire en simple réponse, amusé, en la voyant lâcher la bride de la sobriété. Un souci quand on ne mangeait pas et qu’on ne s’était pas encore perdue dans une habitude d’accoutumance alcoolisée. Un spectacle amusant à observer, quand la surprise faisait encore son effet. Le verre aux lèvres puis la chips sous la dent, Elhiya se contentait de laisser ses mirettes se divertir d’une manière, à son gout, agréable. L’évocation d’une perte volontaire d’un ruban, suivit d’un silence, marquant la réflexion, ou la perdition des sens, qu’importait réellement, la blonde savait, depuis quelques temps, écouter et patienter, même si son verre venait de se vider.

Alors ces mots, glissés, en confession, écopaient qu’un acquiescement de tête. Etre quelqu’un d’autre, fuir certaine réalité, certaines craintes. C’était une bonne raison, bien qu’il n’y en avait jamais de mauvaise si on regardait bien. Elle souriait de nouveau, avec doucur, terminant sa bouchée et abandonnant le verre cadavérique avant d’hausser les épaules avec non-chalence.

– Et pourquoi pas ? Il est important de changer d’horizon, de ne pas s’habituer toujours au même, après, ça fait peur quand il disparait. Et puis… tu semblais en avoir besoin au final

Pas besoin de raison de plus en fait. Ne pas avoir l’impression de tourner en rond comme un lion en cage, ne pas regarder éternellement les même barreaux, les même reflets, pour ne pas s’en accoutumer, se rappeler que rien, jamais, ne durait, même si elle voulait croire le contraire.

– Et l’instant présent à quelque chose de bien plus pétillant, autant en profiter non ? En a tout le temps de rester dans des petites cases toutes faites

Un clin d’œil abandonné avant de fuir vers la piste de danse, en invitation à s’oublier, à faire comme si rien n’existait, comme s’il était possible d’être quelqu’un d’autre juste pour quelques heures.

Généralement on commence toujours nos histoires par quelque chose d’attirant, de marquant… Un truc qui fait que vous allez vous plonger dans le récit tout en attendant les péripéties, suivre les différents actes tout en tentant d’imaginer le dénouement final. Mais pour une fois, l’histoire comment par quelque chose de banal, de simple (bien que ça ait déjà été fait), la seule chose que je peux vous promettre c’est qu’il y aura quelques péripéties. Enfin bref, tout ça pour dire que cette histoire commençait après une soirée dans les rues de la capitale, simple, a la recherche de divertissements et peut-être même de rencontre, j’avais fait la tournée des bars et de plus ou moins tous les lieux où il y avait du monde et majoritairement des moldus. Oui j’avais envie de changer un peu d’ambiance, voir la modernité du monde et quitter le style rétro de la magie… Des lumières dans toutes les rues, des gens collés à leurs téléphones, connectés en permanence… Bon ça n’était pas ce que je préférais le plus, mais lorsque l’on arrivait dans un bar ça changeait complètement, peut-être que l’alcool y était pour quelque chose.

C’est donc après cette soirée riche en divertissement et rencontres diverses, que j’envisageais la possibilité de rentrer chez moi, prendre l’itinéraire le plus cours m’obligeait à passer dans une rue un peu moins fréquentée. Cela pourrait en dissuader plus d’un, mais je commençais à avoir assez d’expérience dans le domaine pour être convaincue qu’il fallait absolument emprunter ce genre de rue si l’on voulait qu’il se passe des choses… intéressantes dans notre vie. Cela pouvait être simplement croisé un gars ayant un peu abusé de l’alcool, aux criminels les plus féroces, ou les moins bien avisés. Et tandis que je marchais paisiblement dans la rue, j’aperçus soudain au loin quelqu’un qui me semblait chercher quelque chose, comme si cette personne avait perdu son téléphone ou les clés de son appartement. M’approchant peu à peu, je ne pouvais distinguer le visage de la personne, l’éclairage public n’étant pas assez puissant dans cette rue, mais comme j’étais d’un naturel serviable et voyant quelqu’un ayant potentiellement besoin d’aide, je fis ce que je savais le mieux faire, proposer de l’aide…

- Bonsoir, je peux vous aider ?

Je me suis toujours demandé ce qu’il était préférable de faire, toujours se mêler des choses qui ne me regardent pas, ou bien alors passer mon chemin, continuer à vaquer à mes occupations. Rentrer chez moi et lire un bon bouquin ou encore regarder le dernier film à la mode… La réponse à la question était souvent évidente et impulsive, j’avais toujours ce besoin de me mêler des affaires des autres, non pas pour y mettre mon grain de sel ou apprendre d’éventuelles choses intéressantes, mais plutôt parce que j’avais toujours envie de venir en aide aux personnes qui en avaient potentiellement besoin… Alors croyez-le ou non, mais lorsque je croise quelqu’un à moitié dans l’ombre à une heure tardive dans une ruelle sombre, je ne pense pas à fuir et éviter que ça finisse mal. Je me jette dans la gueule du loup la tête la première malgré un risque majeur de cela se finisse mal. Mais à l’exception d’un contexte peu convaincant, je n’avais aucun indice me faisant remarquer que j’aurais peut-être dû me tirer de là en quatrième vitesse…

- Tout dépend de l’aide que vous pouvez proposer ?

Quelle question, c’était bien au gars qui se tenait là dans l’ombre de savoir s’il avait besoin qu’on l’aide pour quelque chose non ? Comment pouvais-je savoir comment l’aider s’il ne savait pas lui-même ? Bon après tout, peut-être que l’individu était dans un état second, le cerveau imbibé d’alcool ou toute autre substance ayant potentiellement altéré ses capacités de réflexion anéantissant au passage toute logique, mais je crois que je vais un peu loin.

- Oh et bien je ne sais pas, à vous de me le dire, vous avez peut-être perdu quelque chose ? Est-ce que vous vous sentez bien ?

Après tout, il valait peut-être mieux se rassurer sur l’état de santé de la personne, je n’avais pas envie de me retrouver face à un junkie agressif qui tente de me piquer avec sa seringue utilisée pour la trente-deuxième fois et laissée trainer je ne sais où… Mais alors que je me posais tout un tas de questions, j’aperçus comme des reflets sur le visage de la personne, l’éclairage public jouais enfin son rôle et j’aperçus alors que la personne était masquée… Un masque à une heure tardive dans une rue à l’écart dans Londres, cela ne me rassurait guère, mais après tout, peut-être venait-il de quitter une soirée costumée ou tout autre délire du genre nécessitant de porter un masque.

- Vous sortez d’une soirée costumée ? Ce masque vous va à merveille !

Un pas en avant, deux en arrière, je me montrais hésitante, je crois qu’au fond de moi je craignais plus le fait de prendre le risque de me chopper une saleté de maladie que de me faire passer à tabac. J’ai vu tellement de choses durant mon périple vers l’orient que je ne pouvais être que prudente, peut-être un peu trop, car malgré la démarche légèrement hésitante, je réduisais tout de même la distance qui me séparait de l’individu masqué. Je cherchais ses mains, je regardais au sol pour voir la moindre trace d’une aiguille mal traitée. Après quelques instants d’inspection, je ne remarquais rien d’alarmant, je pouvais donc baisser ma garde concernant les éventuelles attaques bactériologiques. Cependant, je ne savais toujours pas si la personne en face de moi sortait d’une soirée ou non, je n’avais pas encore eu réponse à ma question, cependant, j’entendis le souffle de sa bouche passer par les interstices de son masque, un signe annonciateur d’une prise de parole à venir et l’instant d’après, j’avais ma réponse qui n’en était pas réellement une selon moi. Non mais c’est vrai, s’il y avait une soirée masquée, je voulais savoir où elle avait lieu ! Mais bon après tout comme pour me consoler de ne pas avoir la réponse attendue, je recevais une invitation ma foi plutôt intrigante, amusante, intéressante !

Je ne pouvais refuser, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais j’avais soudainement envie de partir quelque part avec cet individu qui n’inspirait pas confiance, après tout peut-être pourrions-nous simplement discuter de tout et de rien, peut-être que cette rencontre pouvait s’avérer enrichissante. Oui à l’instant, je pense pouvoir affirmer que mon cerveau déconnait quelque peu, l’instinct de survie était éteint, parce que après tout qui de normalement constitué suivrait une personne masquant son identité et rencontrée au beau milieu de la nuit dans une ruelle mal éclairée ? Et bien moi j’étais sur le point de le faire, sans trop comprendre pourquoi. Peut-être que le fait de me dire que je savais me défendre me poussait à prendre des risques ?

- Oh et bien si vous avez envie de passer votre soirée avec une inconnue, pourquoi pas… Je n’avais rien de prévu de toute manière. Je m’approchais encore de la personne masquée, proche d’elle je lui adressais un sourire tout en me demandant si j’en avais un en retour, caché sous le masque… Alors comme ça vous aimez les soirées costumées ? Ce masque est-il censé représenté quelque chose en particulier ?

Suicidaire, peut-être l’étais-je devenu du jour au lendemain, peut-être cherchais-je le meilleur moyen d’en venir à bout ? A bout de la vie que je vivais, un moyen simple et efficace de rejoindre mon père, si pieds sous terre… C’est ce que j’aurais pu penser il y a bien plusieurs années à présent, mais depuis la donne avait changé, les enjeux étaient différents et j’avais à présent de quoi tenir le coup, une chose qui me motive à rester debout, droite sur mes deux guibolles. Alors non je n’étais pas suicidaire, j’étais juste quelqu’un de différent, qui prenait des risques, je savais bien qu’au fond de moi j’aurais mieux fait de passer mon chemin, de prendre un autre itinéraire, mais je ne voulais pas reculer, alors oui, je faisais des choses inconscientes, mais pourquoi ne pas prendre des risques lorsque l’on sait que l’on peut s’en sortir sans dommage ou presque ? Je découvrais la une nouvelle façon de prendre des risques, qui sait, peut-être pouvais-je apprendre des choses plutôt intéressantes sur cette… expérience plutôt peu commune.

- C’est intéressant, après tout nous avons tout un passe-temps, cependant, je pense que j’aurais du mal à m’habitué au masque… Mais chacun ses passions après tout.

J’imaginais alors plusieurs scénarios possibles nécessitant le port d’un masque et pour être honnête avec vous, les choses auxquelles je pensais allaient de la chose la plus mignonne et sympa que l’on pouvait imaginer, à la plus étrange voir glauque ou morbide… Mais bon, ne partons pas du principe que tout le monde est dans les extrêmes. Ou pas, puisque à ma question à propos de la signification du masque, je reçu en plus d’un ricanement une réponse peu banale.

- Et bien c’est effectivement vrai, nous finirons tous un jour où l’autre par mourir… Mais je trouve dommage d’avoir ce genre de pensées… Après tout, comme vous le dites, ça peut arriver plus ou moins rapidement donc autant profiter de chaque instant non ? A moins que vous ne décidiez de jouer un rôle plus ou moins important pour la grande faucheuse.

Des personnes parlant de mort en rigolant, je n’en avais pas rencontré beaucoup et généralement, ce genre de personne était associé à certains idéaux que je ne partageais pas vraiment. Cependant, je ne pouvais en avoir la certitude, après tout, des personnes un peu siphonnées du bocal, il y en avait partout et ça pouvait en valoir le coup d’en apprendre plus sur sa vision des choses, enfin peut-être…

Bon et bien visiblement le débat du jour ou plutôt de la nuit allait tourner autour de la vie et de la mort, surtout autour de la mort, c’était assez inhabituel, mais après tout pourquoi pas, il faut bien aborder ces thèmes un jour ou l’autre alors pourquoi ne pas le faire tant que tout cela est possible ? Je commençais un peu à douter de certaines choses, enfin, je laissais enfin parler mes instincts de survie, qui me ciraient depuis « des heures » de partir de là, de me tenir prête à fuir ou du moins à me battre. Mais je restais tout de même assez inconsciente, j’avais envie d’aller jusqu’au bout de cette discussion, j’étais prête à prendre tous les risques pour que cette expérience puisse m’être utile. Utile en quoi, je n’en avais pas la moindre idée, je le découvrirais plus tard avec le recul nécessaire pour tirer les leçons de ce genre de nuit.

- Mon rôle, je n’en ai aucun, j’essaye de juste de survivre dans ce monde, un peu comme tout le monde. Du moins j’essaye d’avoir le moins d’impact que possible, faire comme si je n’existais pas, c’est sans doute ce que l’on peut espérer de mieux à notre époque…

Je ne savais pas si je devais dire les choses telles que je les imaginais ou si j’avais raison de modifier la vérité, légèrement, beaucoup… Je ne voulais pas trop en dire, mais j’en avais dit de trop pour ne pas me permettre de ne plus rien dire, oh oui je divaguais un peu, mon discours tenait plus de l’envie de tenir ma curiosité intacte que d’essayer d’exprimer mes opinons, bien que je le pouvais quand même.

- Et vous alors quel est votre rôle ? J’imagine qu’avec quelque chose symbolisant la mort sur votre visage, vous ne devez pas avoir une image positive de la vie…

Je n’ai jamais eu l’occasion d’avoir de cours de philosophie lors de mon petit parcours scolaire chez les moldus, chose qui fut bien dommage, j’aurais apprécié avoir de longues discussions sur des tas de sujets qui concernent les enfants voir même peut-être aller un peu plus loin. S’ouvrir à d’autres visions, accepter le fait qu’il y en a d’autres que la vôtre ! Sincèrement, je n’ai jamais compris pourquoi on essayait toujours de mettre des œillères aux enfants, certes il ne faut jamais les embêter avec des sujets trop complexes, mais il est toujours intéressant de les conscientiser du monde qui tourne autour d’eux. Enfin quoi qu’il en soit, ce soir j’avais l’impression de rattraper tous ces cours de philosophie que je n’ai jamais pu avoir bien que le sujet n’était pas des plus jovial il restait toutefois intéressant, surtout lorsque la personne en face de vous pensait d’une autre manière.

- Je dirais que la mort est plus qu’un processus, c’est une fin en soit, c’est peut-être le début d’autre chose, mais il est impossible de le dire avec certitude, je pense que nous entrons là dans un débat plus de croyances que de concret… Par contre je ne suis pas d’accord sur le fait de laisser mourir une partie de soi, parce que quoi qu’on fasse, elle reste quand même quelque part en nous, même si elle ne s’exprime plus, c’est cette partie refoulée de nous qui a fait ce que nous sommes aujourd’hui et je suis convaincue qu’on ne peut effacer cela de soi pour te bon. Silence. Je suis loin de maitriser ma vie, bien au contraire, c’est la vie qui me ballote dans une direction, puis une autre. Je n’ai rien d’exceptionnel, je suis comme la majorité, je me laisse aller au gré des événements, tenter d’en prendre le contrôle ne sert à rien, il suffit de voir ce qu’il se passe lorsqu’on essaye. Perte d’êtres proches, d’une partie de sa vie et j’en passe. Et puis généralement, il y a toujours quelqu’un ou quelque chose qui est là pour vous rappeler que  vous n’avez pas droit au chapitre, ce genre de personne qui pense avoir tous les droits sur vous, sur les autres tout simplement parce que ses idéaux sont soi-disant les meilleurs… Alors autant se faire tout petit, se faire oublier et vivre sa vie au calme.