Convocation Générale

We create our own fate

Every human being is a puzzle of need.
You must become the missing piece.

Départ d'Aysha & d'Enzo.

Tu sais, ma belle, ce qui me paraît le plus étrange dans cette pièce. C’est de me sentir comme un étranger parmi une foule de personne qui savent s’exprimer entre eux sur un sujet que j’refuse d’y prêter attention. Je ne me sens pas à ma place parmi eux, mais peut-être que toi, tu y vois plus clair que moi. On n’en a jamais vraiment parlé, ni vraiment eu l’occasion de s’exprimer sur plusieurs choses qui nous lient ensemble. Ô, je sais bien qu’il va falloir que je te parle de certains détails, d’autres pourront attendre que j’réalise plus officiellement que t’es la fille qu’il me faut. J’ignore pourquoi j’aime prendre mon temps avec toi, Aysha, mais j’espère que tu le sais. Je fais de mon mieux pour essayer de rester calme tout en restant assis à ce banc ou plutôt, à cette table. Il est clair que c’est loin d’être évident, parce que je ne prête même plus attention à ce qui se passe. Et la seule raison qui fait que je suis encore là, c’est toi. Est-ce que tu sais que j’ai la ferme intention de mettre mon plan à exécution avec toi, qu’on se tatoue la peau avant que je ne désire passer un anneau à ton doigt. Je pense même que d’ici quelques mois, quand je reviendrais du japon, quand j’aurais fuit ce château maudit, que je te préparerais une surprise qui t’en coupera, sans aucun doute, le souffle. Pendant que je continue de dessiner nos tatouages sur le parchemin, je ne peux m’empêcher de penser à ce jour où je te demanderais ta main. Je t’imagine déjà dans ce kimono de fleurs, sous un ciel à peine voilé par des nuages, par une belle journée ensoleillé. Je t’imagine avec une confiance aveugle répondre positivement à ma demande, mais ce qui me stresse au point de me remuer le contenu de mon ventre, c’est ce moment intime que j’aimerais partager avec toi. Ce moment où on s’inscrira nos envies sur des emplacements précis de notre corps. J’aimerais te dire combien je t’aime, j’aimerais que tu le saches en te le montrant de diverses façons, mais je ne sais pas par où commencer. Je suis même pas mal intimidé pour une fois, parce que jamais, je n’ai ressentit ça pour une fille, ni pour qui que ce soit. Tu me rends dingue, me rends meilleur aussi. Et à force de penser comme ceci, je trouve de plus en plus que je suis de trop dans cette pièce, entouré de pas mal de personnes dont je me fiche pas mal de leurs parcours de vie.

- « Faut que je sortes, j’ai besoin de prendre l’air. Et c’est pas l’infirmière qui va pouvoir m’aider. Tu m’accompagnes ? »

Alors je remballes le tout dans mon sac et me lève de table avant de lui tendre le bras. Puis, je remarque qu’Aysha s’empresse, elle aussi, de prendre ses affaires pour me rejoindre.

Aysha : - « Bien entendu, j'arrive... Attends. »

Après qu’elle est jetée un rapide coup d’œil à sa table, elle vient me prendre la main et ensemble, on se dirige à l’extérieur de la grande salle pour pouvoir nous rendre dans le parc de l’école. Ce n’est pas plus mal de pouvoir en profiter pour respirer un peu d’air frais. Une seconde de plus dans cette immense salle et qui sait ce que j’aurais fini par faire. Ainsi, à l’extérieur en compagnie de ma copine, je ne peux qu’être heureux de pouvoir en profiter pour me changer les idées et de penser à autre chose qu’à ces plusieurs réflexions étranges qui me sont venues en tête.

CODAGE PAR AMATIS

Le collègue de Finrod semblait décidément ne pas être l'idole de la jeune fille qui semblait tout se permettre. Elle avait bien de la chance qu'ils étaient en mission officielle et qu'elle était entourée du corps enseignant. Car sa langue aurait vite fini sur les dalles de pierre du château, tâchant ainsi de la soumettre au silence.

- Décidément, vous avez la langue bien pendue, voire trop. Cela peut vous jouer des tours. Peut-être que le corps enseignant est trop laxiste. Regard avec les deux sorcières à la tête de l'école. "Les colonies de ces créatures ont pour but la sauvegarde de leur espèce. Elles ne sont pas apprivoisées, ni même approchées. Elles évoluent dans leur habitat naturelle, nous nous en assurons. Et tâchons de ne pas attirer l'attention des moldus sur elle. C'est tout.

Un mouvement attire l’œil du presque géant. Deux jeunes gens se lèvent en toute impunité.

- Il semblerait que le sujet du jour ne vous intéresse pas. Mais la politesse, lorsque vous êtes à une convocation obligatoire, c'est de savoir sortir en toute discrétion et non de laissez croire que le monde vous appartient. Adressa-t-il aux jeunes sorciers en herbe. Étonné qu'aucun enseignant ne daigne ouvrir sa bouche pour les obliger à rester.

- Reprenons. L'insolence n'a que trop dirigée cette présentation. Il toise l'assemblée afin de faire comprendre qu'aucun écart ne serait à présent toléré. "Le département dans lequel je travaille à lancer conjointement, avec le Département de mon collègue ici-présent, un recensement. Il est fort probable que vous en ayez entendu parler. Le but d'une telle action est d'assurer la sécurité des sorcières et sorciers. En effet, vous n'êtes pas sans savoir que les créatures magiques ont été classifiées par le Ministère dans certaines catégories. Les quadruples X nécessitent un permis que le Département de contrôle et régulation des créatures magiques délivre après une petite enquête afin de s'assurer que la personne en faisant la demande est capable de s'en occuper autant pour la créature que pour les êtres humains, magiques ou non. Le Département peut ainsi s'assurer que le bien-être de chacun est respecté. Avez-vous des questions à ce sujet ?

Il avait ainsi préciser que seules questions sur ce sujet étaient tolérées. Si rien ne venait, alors les questions d'ordre général suivront.

Finrod ne s'était pas déplacé. Il avait surtout joué sur le regard, sa voix portante et faisant écho dans cette salle au plafond haut. Tenant à ce que chaque personne dans la salle se sente observée et n'échappant à ses yeux émeraudes perçants.

Matt fit mine de réfléchir tandis qu'il essayait de trouver une réponse à la question qui taraudait son esprit inattentif. Qui était le plus emmerdant dans cette convocation générale ? Nombreux candidats pouvaient prétendre au titre : le vieux du Ministère dont il avait aussitôt oublié le nom dès lors qu'il s'était présenté, la peintre du dimanche aux idées libertaires de la Maison Rouge, les questions stupides d'élèves en manque d'attention, leur manque d'intelligence et de politesse pour couper la parole à des politiciens dont le discours est déjà bien assez long et ennuyeux sans interruptions pour qu'on se permette d'en rajouter...

Fatigué. Pourquoi avait-il quitté son lit ce matin déjà ? Il aurait très bien pu sécher cette assemblée aussi utile que débattre avec la Grosse Dame sur ses compétences vocales. Ah bah oui, mxrde. Il était préfet. Enfin le chauve ministériel reprit la parole. Sans savoir pourquoi, le Deliers l'écouta avec intérêt. Peut-être sa taille imposante ou encore ses propos aiguisés qui tranchaient dans le vif ? Il remballa tout ce beau petit monde qui caquetait depuis des plombes et poursuivit le fil de son Histoire. Enfin quelqu'un qui faisait avancer les choses.

Le regard du Gryffondor croisa celui du presque géant. Ses yeux verts étaient étranges et captivants. Il maintint le regard jusqu'à ce que l'ex-propriétaire de la BAM ne détourne le regard.

Les deux agents du Ministère se renvoient la balle, mais en gros personne ne sait répondre. Voilà qui est fort peu utile. Après, il y a une phrase qui sous-entend que tout n’est pas perdu : la teneur du casier judiciaire du candidat doit je suppose être laissée à sa libre appréciation. Peut-être que si je redore suffisamment mon image, je pourrais un jour avoir la possibilité de les rejoindre… Enfin j’imagine qu’ils n’avaient pas préparé ce genre de question, s’attendant à des choses plus générales sur l’orientation des élèves. Les exclamations des uns et des autres s’égarent sur la voie de l’insolence, et je décroche un peu.

D’autant que dans le dos d’Antonius — c’est plus simple de retenir son prénom que son nom de famille — j’ai cru voir apparaître une chèvre. Et pas n’importe laquelle : je parle de La chèvre, la bête, le diable. Est-ce une simple fabrication de mon esprit ? Peut-on la relier aux contes que je lis parfois aux enfants ? Je n’en sais trop rien, mais derrière toi Antonius, je la devine. Il y a cette silhouette fantomatique qui t’entoure, comme si elle appartenait à ton aura.

L’as-tu vue toi aussi ? Y a-t-il une règle rendant cette vision possible ? Pour voir un chétif sombral, il faut avoir vu la mort. Peut-être que le vrai visage de ce monstre n’apparait qu’à condition d’avoir été torturé ou quelque chose de cette famille-là. Je reste silencieuse un instant, te regardant en partie, mais regardant surtout au delà, comme au dedans de toi, dans cet espace-brume impénétrable.

Un rappel à l’ordre — du jour — de Finrod me permet de me reconnecter un peu au réel. A sa relance sur le recensement je réponds :
— Quelles sont les conditions d’obtention de ce permis ? Y a-t-il des différences lorsque l’on est mineur ?

Les paroles s'envolent et ricochent dans tous les coins. D'une petite séance d'information officielle est né un mélange étrange de joute verbale, règlement de compte, et autres questions en tout genre. Heureusement pour nos têtes, le débat est d'un coup recentré. Le ton de l'homme coiffé de perles est sans équivoque et celui ou celle qui dérivera encore du fil rouge de cette réunion sera sans doute à plaindre.

Comme toujours c'est la professeure de vol qui réagit en première, avec une question pertinente. Oui, comment on fait si on se retrouve avec une créature de je ne sais combien de X sur les bras ? Et même si on n'est pas son « propriétaire » au sens où l'entendent généralement les gens, est-ce qu'on doit les signaler tout de même ? J'aimerais poser la question mais je me sens tout gêné de prendre la parole alors que l'effervescence des interventions passées planent encore dans l'air. Au fond je me dis que ce n'est pas très grave, quelqu'un le demandera certainement un peu plus tard, je ne dois pas être le seul à me poser la question.

Du coin de l'oeil je vois Aysha et son prétendant se faufiler vers la sortie, pas le moins du monde dérangé par la remarque qu'on leur a adressée. Ils sont mignons, bras dessus bras dessous, et je ne peux pas m'empêcher de sourire à cette image. Mon regard coule alors vers Jackson et son prince à lui. Décidément, c'est une bonne saison pour les amours de Serdaigle ! Qui sait, cherchant un peu, il y a certainement d'autres couples dont j'ignore l'existence au sein même de ma maison. À cette pensée mon coeur bat comme d'un nouveau souffle, va savoir pourquoi, ce cheminement mental m'a donné du courage et je lève la main pour prendre la parole. Une fois qu'on me la donne, j'en profite pour essayer de formuler une phrase cohérente, ce que j'ai eu du mal à faire jusqu'ici, il faut le rappeler : « Euh je me demandais, si on croise une créature - qui ne soit pas à nous, je veux dire - classée comme potentiellement dangereuse, on doit en informer vos services ? »

Une fois formulée à voix haute j'ai envie de me faire tout petit. Évidemment Osvald que si tu croises un Basilic dans la nature, il faut en avertir les autorités, c'est débile comme question ! Mais en même temps si le principe est clair, comment on est censé savoir ce que le Ministère a déjà recensé ou non ? Donc il faut bien que quelqu'un leur dise qui (ou quoi) se trouve où, non ?
Se faire fusiller du regard ne sera surement pas agréable, je me prépare déjà a baisser le nez pour me faire oublier le reste de la séance...

Le calme était revenu après l'intervention du presque géant. Autorité naturelle ou simple flemmardise d'être provocant ? Aucune idée ni importance, le principal était que le silence était revenu dans la Grande Salle, tellement silencieuse qu'on se demandait s'il y avait encore quelqu'un.

Finrod attendait d'éventuelles questions avant d'amener à une conclusion. Le succès de cette intervention était plutôt mitigé, surtout lorsque des élèves se permettent tout et n'importe quoi. Mais ce n'était pas le première fois que le sorcier pouvait constater un tel manquement de respect et un surplus de stupidité chez les jeunes têtes blondes de Poudlard.

Si rien ne venait dans quelques secondes, le Fourchelang inviterait son collègue à mettre fin à ce cirque qui n'avait que trop duré. Mais vint une question. Jeune inconnu, plutôt au niveau de la sécurité mais c'était un point important à rappeler.

- Exactement, il est important que vous ne jouiez pas aux héros ou aux inconscients. Certaines créatures paraissent inoffensives alors qu'elles n'attendent qu'à ce que vous vous approchiez. Cependant, si la créature ne fait rien de particuliers et se trouve loin d'habitations sorcières ou moldues, il n'est pas nécessaire de nous avertir. Cela est une bonne chose afin que nous gardions un oeil afin de prévenir d'éventuels incidents. Pensez sécurité pour vous et pour les autres. Silence. Si vous êtes intéressés par les créatures magiques, je ne peux que vous conseiller de bien écouter en cours et d'éventuellement décrocher un stage à la BAM. Le Département dont je fais parti va envisager la venue de stagiaires en son sein. Nous tâcherons de vous tenir au courant. D'autres questions ?

Voilà que le but principal de cette conférence arrivait enfin. Discussion autour du Ministère sans intervention inutile ou puérile. Le presque géant se tenait face à l'assemblée. Il aurait bien aimé présenter quelques-unes de ses créatures mais il était certain qu'Azkaban serait sa prochaine demeure s'ils les avaient dévoilés ici.

Le couperet que j'attendais ne tombe pas. Je relève alors les yeux pour ne pas paraître impoli, et hoche la tête en écoutant la réponse donnée. Un stage au service de protection des créatures magiques ? Ce serait tellement étrange de se rendre au Ministère pour y travailler. Parmi toutes les possibilités d'avenir qui s'offrent à moi, c'est un chemin que j'avoue n'avoir jamais réellement considéré. Passer toute sa journée enfermé dans un bureau, entouré seulement de paperasse, sa vie rythmée par des formulaires et des réunions. Les seules petites touches de nature présentes à l'aller et au retour de chez soi. Non, vraiment, je ne me vois pas en employé du Ministère, ce n'est pas fait pour moi...

Un silence plane dans la salle. Je lance un regard à Jackson et son prince charmant, on est plusieurs à se regarder les uns les autres pour voir qui sera celui ou celle qui prendra la parole à nouveau. J'espère juste que ce sera en faveur de paroles calmes, personne n'a envie de terminer cette réunion par une colère générale et un renvoi direct aux dortoirs.

Un silence s'installa. Il fallait croire que l'intérêt s'était perdu. Il était beau le Ministère. Motiver les acteurs de demain paraissait bien plus compliqués que ce que les deux compères avaient imaginé.

- Pour vous répondre, Miss Bennet. Faire comme s'ils ne se connaissaient pas afin d'éviter de dévoiler le lien qui les unissait. "Les permis sont octroyés au cas par cas. Les mineurs attirent évidemment plus l'attention, car nous souhaitons assurer autant leur sécurité que celle de la créature. De plus, certaines créatures sont interdites à la domestication. Pour de bonnes raisons. Nous recevons donc la demande de permis et analysons selon certains critères que je ne peux pas dévoiler mais l'âge influence, oui. Comme le lieu d'habitation. Nous menons également des enquêtes afin d'éviter tout trafic, braconage ou danger pour la société. Léger sourire pour signifier la fin de sa réponse.

Il était probablement temps de mettre fin à ce malaise qui s'était installé. Le (vieux) collègue du presque-géant n'ajoutait rien.

- Bien, vu que tout le monde reste silencieux. Nous levons la conférence. Si vous avez des questions, nous resterons encore quelques minutes, vous pouvez venir nous voir. Merci de votre attention. Et bonne chance pour vos études.

Le sorcier attendait de voir le mouvement de foule se mettre en marche vers la sortie. Peut-être une ou deux personnes viendrait à leur rencontre mais rien n'était moins sûr.

Nous resterons jusqu'au 14.03 afin de répondre à vos questions ou autre, merci à vous !

Finalement, la séance est levée sans accroc de dernière minute. C'est seulement en étant soudain submergé par une foule se levant de concert, reprenant leurs conversations dans un brouhaha généralisé, que je me rends compte d'à quel point j'étais tendu. Les muscles de mes épaules se relâchent et j'ai l'impression que si ça avait duré une minute de plus, je me serais fait une crampe sans m'en rendre compte !
Je laisse le gros de l'assemblée entamer sa sortie, me relevant à moitié sur le banc. Les Serdaigles trouveront bien la sortie, ils ont l'habitude maintenant. Cette pensée me fait un peu rougir, ce n'est pas tellement digne d'un bon préfet de se décharger de ses responsabilités sur ses collègues. Surtout que l'une d'elles est partie bras dessus bras dessous avec son amoureux avant la fin de la convocation. Oups. Il n'y avait plus qu'à espérer que Gaby déploie les ailes dans son dos et gère tout ça. Moi je me contente d'orienter dans la bonnes direction, les Bleus que je vois passer. Une ou deux réprimandes pas très convaincantes pour ceux qui courent ou crient pour se faire entendre par-dessus toutes les voix mouvantes de la salle.

Quand une ouverture se dessine, je prends mon courage à deux mains. À vrai dire je ne sais pas vraiment d'où il me vient, ni comment j'ai pu l'attraper avec une telle prise ! Mon cerveau avait capté quelque chose, s'en était fait une obsession en quelques millièmes de secondes et maintenant je sais que je serais incapable de penser à autre chose si je suis le mouvement.
Braconnage.
C'est fou comme un seul mot peut faire jaillir une tonne de souvenirs et de sentiments, à lui seul, en étant juste prononcé au détour d'une phrase.

J'ai toujours eu l'habitude d'être un peu plus grand que les autres. À part avec les adultes, je devais rarement lever la tête pour discuter avec quelqu'un. Et pourtant, là, je me retrouve à quasiment le croquer le cou. L'estrade doit joué un peu, je n'ai pas eu le cran d'y monter par moi-même sans y être invité. Mais même sans elle, je sens bien qu'il me manque plus d'une tête pour pouvoir regarder cet homme dans les yeux. « Ah euh pardon ? », comme toujours, mes talents d'orateur hors pair s'expriment à la perfection. « Est-ce que je peux encore vous poser une question ? ». Le courage qui s'était stocké dans mes jambes pour me faire venir jusqu'ici commence à s'évaporer je ne sais où. Et sans lui, la gêne revient bien vite. « Enfin si ça vous embête pas, désolé... », main passée dans les cheveux, signe de malaise. Mais qu'est-ce qui m'a pris encore ?

Finalement la séance fut levée. A peine le géant eut-il le temps d'annoncer la fin de la convocation que les élèves se levèrent, délivrés d'un « Petrificus Totalus » vocal bien trop long à leur goût. Sans se gêner des intervenants, ou plutôt en se gênant tous les uns les autres, dans un brouhaha dans lequel une mandragore ne s'entendrait plus gueuler ils se ruèrent vers la sortie comme s'ils avaient perdu une heure cruciale de leur vie. Pouvait-on leur donner tord ?

Matt balaya la table des Gryffondor du regard. Ses yeux se posèrent quelques secondes sur une Charlotte, immobile pour l'instant, avant de fuir vers une autre cible hasardeuse. Il se leva tranquillement incitant les quelques Rouges à côté de lui à faire de même dans le calme. Inutile de se presser pour sortir ; à moins qu'ils ne soient pressés d'aller en cours ou réviser pour les examens. Le Deliers adressa un dernier coup d’œil vers les profs et les nouveaux venus du Ministère avant de disparaître dans le hall du château.

Le chauve est guère mieux. Que mon parrain. Lui aussi me fait une remontrance. Une de plus. Un énième reproche. De quelqu’un me comprenant pas. J’ai plus la force de lutter. Je peux pas gagner seule contre tous. L’affrontement frontal est voué à l’échec. Je préfère me taire. Dans un puissant silence. Inhabituel chez moi. Témoignant de mes blessures. Profondes. La tête dans mes bras. Pour tenter de trouver réconfort. De l’énergie. Nécessaire pour les prochaines batailles. Contre l’ennemi ministériel. Muni de son venin verbal.

Je me moque de la suite des événements. Je suis dans ma bulle. Pas celle de l’Artiste. Je cherche à planifier. Quelque chose de concret. Une action. Sans parole. De l’agitation m’extrait de mes songes. L’assemblée se lève. Repartant à ses occupations. La torture semble terminée. Enfin. Je me hisse sur mes pattes. Mes yeux fixent le cadet des deux représentants. J’enregistre le visage. D’un nouvel homme à éviter. Avant de faire mon mouton. Suivant mes camarades. Une fois est pas coutume. J’ai perdu cet assaut. Mais la guerre ne fait que commencer.

Départ de Charlotte. Merci à tou.te.s

Un infime espoir de voir la jeunesse venir poser quelques questions, Finrod la regarde filer vers la liberté dont elle semblait en manque. Privée de ce besoin vital pendant quelques petites heures, elle semblait en avoir bien besoin à présent. Une dépendance qu'il fallait cultiver afin de les réveiller... Prochainement.

Alors que le presque géant allait se tourner vers son collègue afin d'amorcer leur départ, une voix interrompit le cours de ses pensées. Du haut de son mètre nonante-sept, le sorcier vit un jeune homme tenter de s'exprimer.

- Oui, bien sûr. Nous sommes encore là quelques minutes. En quoi puis-je t'aider ?

öe département de Finrod avait besoin de recrues, si certains élèves se voyaient évoluer au sein du Ministère dans quelques années grâce à lui, c'était un point positif pour lui. Probablement qu'il y serait encore. Le sorcier avaient encore tant qu'à faire. Notamment prendre la tête du département.

Quelques autres élèves avaient attendu que la masse s'estompe avant de sortir de la Grande Salle. Poudlard devait être sacrément laxiste de ce qu'il avait pu voir. Aucun enseignant ni rien n'était intervenu aux départs des insolents. Le Magizoologiste n'en revenait pas.

Le tutoiement me surprend un peu sur le moment mais je me force à passer outre même si je sens mes joues commencer à chauffer. Seuls les professeurs avec qui je suis assez proche me tutoie, et là c'est carrément un géant imposant sous tous les aspects et qui travaille au Ministère qui s'adresse à moi comme ça ! Je me gratte la joue en m'approchant un peu plus, vu que j'y suis invité, pour poser ma question. « C'est par rapport à ce que vous avez dit juste avant... au sujet des braconnages et des trafics ! »
Dans la salle le brouhaha des sorties augmente avant de diminuer, certains se bousculent pour jouer, d'autres pour que ça avance plus vite et qu'ils puissent profiter encore de quelques minutes de liberté avant la reprise des cours.

Mon histoire avec le braconnage n'est pas bien reluisante. Je devais avoir treize ou quatorze an quand c'est arrivé. Et on peut dire que ça s'est relativement mal fini : j'ai perdu mes runes dans la course à travers la forêt interdite et une amie avait été blessée. Enfin, à cette époque-là, je ne savais pas qu'elle était humaine, je la prenais pour une nymphe des bois. Il m'a fallut du temps pour comprendre mon erreur et quand ce fût le cas, c'était trop tard, elle avait disparu à tout jamais... Tout ça à cause d'une rumeur et de notre incapacité, tout à fait enfantine, à ne pas reconnaitre nos limites.
Le presque adulte que je suis aujourd'hui a appris de ses erreurs. Ou au moins de ces erreurs-là.
« Je me demandais : comment vous faîtes ? Les enquêtes et les procédures pour trouver et arrêter les pratiques comme ça ? »

Peu d'élèves suivent l'exemple de leur camarade, pour être précis. Aucun ne semble avoir de question pourtant, la visite du Ministère n'était pas une chose courante et la volonté de se vendre ne semblait pas avoir fonctionné. Peut-être qu'avec un Auror, poste probablement le plus connu du Ministère, le succès aurait été au rendez-vous. Chasser les mages noirs... Cela attire plus, même s'ils enchaînent plus les échecs que les réussites ces dernières années.

Le presque géant écoute attentivement la question du jeune homme. Le braconnage semblait avoir remué son âme sensible. Au moins, lui, ferait attention aux contacts de créatures.

- Nous surveillons les réserves animales mises en place pour protéger certaines créatures. Le Département dans lequel je travaille voyage régulièrement afin de s'assurer que toutes sont à l'abris. Le Département de mon collègue ici présent. Finrod se tourne vers Antonius. Peut aussi nous venir en aide si nous apprenons que des sorcières ou sorciers s'approchent trop proches. Et si un accident doit arriver, un groupe d'enquête est mis sur pied afin d'assurer de trouver les coupables. Mais dans ces cas-là, nous faisons office d'experts et non d'enquêteur. Chacun à son poste mais c'est un travail de collaboration entre les départements. Le Ministère est une grande horloge où chaque rouage travaille avec un autre pour faire fonctionner le tout.

La banale métaphore du travail d'équipe en mécanisme d'horlogerie mais c'était ce qui était venu à l'esprit du Magizoologiste.

- As-tu d'autres questions ?

Je bois ses paroles en hochant la tête. C'est plus compliqué que ce à quoi je m'attendais. Enfin non, compliqué n'est pas le mot exact. Je ne sais pas trop à quoi je m'attendais. Sans doute à une explication nettement plus romantique que celle-ci, à base de protecteur des animaux qui se lancerait sur les traces des braconniers laissées dans une forêt. Puis s'en serrait suivi une course poursuite dont le seul véritable amoureux de la nature sortirait vainqueur et ramènerait à la maison les pauvres êtres blessés. La réalité est bien plus pragmatique que ça, il fallait respecter ses limites et agir avec prudence et protocole. Rien ne se faisait sur un coup de tête, une horloge a beau être composée des plus beaux rouages du monde, elle n'en reste pas moins réglée sur un tempo défini.

La musique que je me faisais d'une telle problématique s'éteint donc rapidement et les souvenirs de notre chasse essoufflée dans les bois, à la poursuite de ravisseurs imaginaires, me paraît encore plus absurde. Pourtant c'était notre seule et unique réalité, à l'époque.
« Oh, je comprends. »

Sous ce regard sondeur, je cherche d'éventuelles autres questions. Est-ce que j'en avais ? Là comme ça, je sèche. C'était cette expérience personnelle qui m'avait poussé à monter sur l'estrade pendant que tout le monde prenait la fuite vers l'air libre. Je ne dirais pas non à poursuivre la conversation dans le parc, on y est toujours mieux, mais ce serait impoli et puis de toute manière j'ai beau chercher, je ne trouve pas de réponse.

Ou alors peut-être une. « Oui ! Euhm, en fait je me vois pas trop travailler au Ministère - même en simple stagiaire, je veux dire - mais est-ce que parfois vous avez besoin de bénévoles ? Pour certaines actions ou autre ? » C'était une question assez naïve, je ne suis rien ni personne, mais de temps en temps la population peut donner un coup de main, non ? En tout cas, pour ce genre de causes, moi ça ne me dérangerais pas de mettre la main à la patte.

C'était presque de la déception qui se fit entendre dans la réponse du jeune garçon. Enfin, Finrod ne le remarqua qu'à peine. À cet âge-ci, les rêves sont maîtres dans l'esprit. Ils s'évaporent au fur et à mesure de la découverte du monde. Le presque géant avait perdu tous ses rêves lors d'une nuit affreuse. À présent, il ne s'était attaché à qu'un seul : bien trop dangereux pour être dévoilé.

- Il est assez rare que nous fassions appel à des bénévoles. Bien que cela peut être une idée dans le cadre d'une sensibilisation ou si une catastrophe arrive. Chaque baguette ou mains supplémentaires peut permettre de sauver des vies. Je pense que si cela devait arriver un jour, tu seras vite au courant. Léger sourire. Et tu sais, je ne pensais pas faire carrière au sein du Ministère, vraiment pas mais la situation a fait que j'y ai trouvé une place qui me convient et me permet d'agir presque comme je le souhaite. Les créatures méritent notre temps et protection. Avec ce poste, je peux leur offrir ceci.

Probablement que la discussion arrivait à son terme mais si un jour les secrets de Finrod faisaient surface. Plus d'un serait surpris de les découvrir. Il ne faut pas se fier aux apparences, ni croire que tout est écrit à l'avance. Autant se laisser surprendre par ce que la vie souhaitait nous offrir de temps en temps.