Son sac était plus lourd que d'habitude. La jeune Isolde, qui avait toujours pris soin de ne circuler qu'avec le minimum requis – et encore –, arpentait désormais les couloirs de l'école avec une besace chargée de cahiers, un pour chaque discipline, ainsi qu'une trousse comportant non pas un stylo en bout de course qui n'écrit qu'une fois sur deux, mais bien deux stylos – un bleu, un rouge – flambant neufs, et enfin de quoi grignoter tout au long de la journée – mais ça, c'était habituel. Elle avait un costume de préfète à revêtir et il était de bon ton de faire bonne figure.

La Gryffondor avait fait des efforts pour mériter ce badge qui, s'il lui permettait de frimer quand bon lui semblait, bien qu'elle ne le fît pas, lui offrait l'accès à la salle la plus sympa du château après les cuisines : la salle de bain préfectorale. Elle seule savait à quel point elle devait rester propre. On s'attire les faveurs des autres lorsqu'on sent bon le savon, c'est scientifiquement prouvé.

Désireuse d'honorer ses nouvelles fonctions, la cinquième année se forçait à arriver (parfois) bien en avance aux cours. Attendre était une torture pour cette adolescente souffrant d'hyperactivité, mais elle agissait pour une bonne raison. Elle pouvait échanger quelques paroles avec ses camarades, voire avec ses professeurs, avant le début des cours. Le prix à payer était qu'à la fin de la journée, Isolde s'isolait totalement des autres – sauf quand le devoir l'appelait – et il était vain d'essayer d'interagir avec elle, même pour lui proposer quelque chose à manger. Dans ces moments-là, son regard était différent, presque farouche, et dans tous les cas plutôt mystérieux.

Mais nous reviendrons là-dessus plus tard. Pleine d'énergie pour le cours de défense contre les forces du mal, bien que ce fût avec ce crétin d'ancien auror qui était responsable d'une blessure au poignet, Isolde franchit le seuil de la porte, un sourire aux lèvres. À l'exception de Lhow qui sirotait son café et parfumait par la même occasion toute la salle de classe avec ce désagréable fumet de grains torréfiés, l'adolescente était seule. Elle avisa le cercle de fauteuils qui trônait au centre de la pièce et repéra rapidement les victuailles que le beauf-gosse avait disposées sur un plateau. Voilà qui était intéressant. Cette délicate attention méritait bien une cordiale considération :
— Bonjour, fit-elle d'un ton neutre et résolument flegmatique.

Oui, c'était cordial pour Isolde – pour quelqu'un qui ne regardait ni ne saluait jamais ses professeurs.

Ça ne se bousculait pas vraiment au portillon. Isolde soupira, agacée. Elle avait bien envie de s'étaler de tout son long sur le canapé, mais elle se retint de justesse. Elle partit en quête d'elle ne savait quoi dans sa besace, la laissa choir à ses pieds, la reprit, la reposa à nouveau sans y avoir récupéré quoi que ce fût. Elle se leva et, embarrassée, fit les cent pas avant de se rediriger vers sa place. Entre-temps, un élève de sa propre maison était entré. Il salua brièvement le professeur en se présentant comme « le nouveau Gryffondor », sans un regard pour Isolde. Il ne sembla pas vouloir engager la conversation avec elle. Parfait – elle n'avait absolument aucune envie de discuter avec ce garçon aux cheveux brun cuivré qui n'avait pas l'air commode.

Les secondes s'écoulaient. Isolde se demanda ce qu'elle mangerait pour le goûter : de la brioche aux pépites de chocolat dérobée le matin même au réfectoire, ou bien des chips en forme de fantôme qu'elle avait pris en douce chez sa mère avant de démarrer sa nouvelle année à Poudlard ? Ou peut-être les deux, tiens. Mais qu'aurait-elle au second goûter ?

L'élève sortit ses affaires en silence et attira l'attention de la cinquième année qui l'observa du coin de l'œil. Puis elle se lassa de cet ennuyeux silence qui commençait à l'énerver et à lui donner faim.
— Nouveau, tu dis ? interrogea-t-elle son camarade même le regarder.

Elle fit mine de s'intéresser à quelque chose au-dehors, puis vint se rasseoir à sa place et se gratta la nuque. Sans en demander la permission, elle attrapa un bonbon qui traînait sur le plateau. La conversation se révélerait probablement fade, alors autant profiter d'un peu d'acidité.

L'autre Gryffondor était à Poudlard depuis quelques années déjà. Isolde ne l'avait jamais croisé – ou du moins, elle n'avait jamais prêté attention à lui. Elle n'avait pas un très bon sens de l'observation et n'était pas particulièrement physionomiste. Cependant, il était hors de question d'avouer sa faiblesse, aussi s'arma-t-elle de sa mauvaise foi légendaire et répondit sans hésiter :
— Ah mais je le savais, ça. Je parlais du cours. J'suis censée vérifier la présence des gens. Elle tapota sur l'insigne de préfète épinglé à son uniforme. Ça ira pour cette fois. Mais vérifie ton emploi du temps la prochaine fois.

Une petite courbette verbale, un sourire amical – elle ne s'en sortait pas trop mal. Elle le dévisagea aussi discrètement que possible, mais O'Sullivan ne lui disait vraiment rien. Peut-être ses chaussures, à la rigueur ? Par chance, il enchaîna une longue tirade. Visiblement, il savait parfaitement qui elle était et semblait s'y connaître drôlement bien en quidditch. Il commenta les derniers matches joués par les lions et prodigua avec enthousiasme ses conseils en matière de stratégie. Il fit ensuite référence aux équipes de la ligue et joua les historiens en faisant référence aux Tornades de Tutshill.

Malgré l'interminable semi-monologue du garçon, Isolde écouta avec attention. Elle adorait le quidditch, elle le pratiquait même à haute dose. Elle avait été jusqu'à emprunter un ouvrage à la bibliothèque afin de se renseigner, bien qu'elle n'eût pas pu le lire jusqu'au bout. Les schémas étaient trop complexes, les descriptions incompréhensibles ; l'impression en petits caractères avait fini par la décourager. Ainsi donc, ses connaissances théoriques étaient plutôt limitées. Elle ne croyait pas trop au savoir et son credo penchait du côté du savoir-faire.
— C'est surtout une question de mental. Si tu insistes sur l'attaque, les adversaires commencent à s'inquiéter et oublient de défendre.

La jeune joueuse n'était pas du genre défensif lorsqu'il s'agissait de sport. Bien campée sur ses appuis (ou juchée sur son balai), elle frappait, frappait encore, essoufflait l'autre, comptant sur sa propre endurance pour l'avoir à l'usure – physique ou psychologique.
— T'as jamais pensé à rejoindre l'équipe ? s'enquit-elle, curieuse. Zephyr est parti. Captain Felagünd te l'a pas dit ?

Ce n'était peut-être que du vent, un joli discours destiné à épater la galerie ; y avait-il un véritable joueur derrière ce puits de science quidditchienne ou ne s'agissait-il que d'une façade ? Elle leva le nez du plateau (sur lequel elle avait piqué deux ou trois bonbons) et chercha le regard de Lhow qui faisait partie de l'équipe. Elle ne l'aimait pas beaucoup mais elle devait reconnaître qu'il était un très bon attrapeur.

J'avais aimé le premier cours de Défenses Contre les Forces du Mal, il m'avait été naturel de m'inscrire à un second cours. Le sujet avait l'air d'autant encore plus intriguant... parler de magie blanche et noire... Personnellement, je n'étais de loin pas une adepte de la magie noire bien qu'elle m'intriguait, j'étais bien curieuse de connaître en tout cas l'avis de mes autres camarades.

Alors que j'entre enfin dans la salle, mes yeux y lancent un regard circulaire, une fois à l'intérieur. Apparemment, le Professeur l'avait aménagée de façon cocooning pour l'occasion. Des canapés y étaient disposés de façon à avoir une discussion confortable. Je sens que ce cours va me plaire déjà. Je peux noter que le professeur est déjà installé ainsi que deux Gryffondor sont déjà également présents que je ne connais pas encore.

« Bonjour Professeur et vous deux ! »

Un sourire timide en leur direction, oui bon, j'aurais sans doute pu faire une meilleure entrée mais je n'avais pas l'habitude à me mettre en avant bien qu'une fois les présentations faîtes, je ne demandais qu'à rencontrer de nouvelles personnes. Je finis toutefois par m'avancer dans les lieux et prendre place à mon tour dans l'un des fauteuils attendant patiemment le commencement du cours.

Le professeur m'invite gentiment à rejoindre le coin de discussion, je le remercie d'un sourire. Il nous encourage en plus à prendre part aux petites douceurs face à nous, je ne me fais pas prier pour l'écouter.  Franchement, je ne doutais pas que ça serait un des cours des plus "cools" entre l'ambiance et le thème de ce dernier. Ensuite le Professeur commence son cours donc nous invitant à donner une définition de la magie noire puis celle de la magie blanche. Tout en prenant un petit biscuit et une boisson chaude devant moi, je réfléchis dans mon coin pour ensuite profiter à lui répondre la première.

« Je dirais que la magie noire a des effets négatifs et a des buts consciemment maléfiques et des moyens intentionnellement négatifs comme le diabolisme. Les sortilèges impardonnables, par exemple, font partis intégralement de la magie noire. Il n'y a pas de retour possible en arrière. La distinction magie noire, magie blanche, recoupe presque la distinction entre magie illicite et magie licite. Pour autant, je pense qu'il est intéressant justement d'étudier la magie noire pour comprendre et faire la différence entre les deux magies. Concernant la magie blanche elle est inoffensive, utilisée pour nous aider et généralement donc à des fins positives que ce soit pour nous même ou sur une autre personne... »

J'avais parlé d'une traite. Moi qui ne pensait pas beaucoup participer au début même si le cours était plus qu’intéressant. Même si il n'existait pas de "mauvaises réponses" pour le Professeur dans ce cours, je n'étais pas tout à fait certaines de mes réponses mais au moins j'avais prouvé ma participation avec mon petit discours. Je grimace avant de porter le verre à mes lèvres, avoir parlé ainsi avait rendu ma gorge pratiquement sèche, j'avais peut-être été un peu loin pour la magie noire mais en même temps c'est ce qui était sorti instinctivement de mes pensées la concernant.

Les deux Gryffondor débattirent d'abord tranquillement sur les différentes stratégies possibles au quidditch – l'un pensant qu'une attitude défensive était préférable, l'autre affirmant qu'il valait mieux y aller plus franchement en optant pour l'attaque. Lorsque la cinquième année évoqua le recrutement que le capitaine des Gryffondor venait d'ouvrir, l'adolescent parut, comme par hasard, beaucoup moins sûr de lui.
— T'as jamais pensé à rejoindre l'équipe ?
— Moi ? Euuuuh jamais vraiment pensé à ça. C'est plus un truc pour les gens populaires, non ? Je connais tous les bouquins de quidditch de la biblio' par cœur, mais j'ai jamais vraiment joué pour vrai.

Encore quelqu'un qui fanfaronnait, qui avait un avis sur tout mais ne pratiquait rien. Il eût mieux fait de garder ses commentaires tactiques pour lui. Isolde hocha la tête d'un air dédaigneux et se contenta de répondre :
— Ah.

Incisif, peut-être un peu déçu aussi. Parfaite diversion, une aiglonne à la coiffure très travaillée fit irruption dans la salle, saluant tout le monde avec enjouement. Isolde tourna son visage neutre dans sa direction et suivit l'intégralité de son déplacement jusqu'aux canapés centraux, sans pour autant lui adresser la moindre parole. Gong supplémentaire, la cloche se mit à retentir de sa désagréable mais habituelle sonorité. Ils étaient trois élèves à l'heure, c'en était presque insultant pour le professeur et il s'en fallut de peu pour que l'adolescente éprouvât de la sympathie pour lui.
— Bonjour à tous ! Servez-vous en biscuits et autres boissons, vous aurez vite la gorge sèche sans cela.

Pour ça, tu peux être sûr que je vais pas me priver, répondit intérieurement Isolde qui se rua sur un cookie qui traînait là et ne demandait qu'à être consommé. Tandis qu'elle mâchait au ralenti afin de capter un minimum ce qui se disait autour d'elle, Lhow procéda au rituel d'introduction. Il expliqua qu'il ne s'agissait pas d'un « cours descendant » ; cela fit une belle jambe à la lionne qui n'avait absolument aucune idée de ce que cela signifiait. Elle en déduisit qu'elle assisterait à un cours ascendant et y fut tout aussi indifférente. En revanche, le sujet était intéressant : on allait parler de magie noire et de magie blanche. C'est une thématique qui revenait souvent dans les conversations parmi les sorciers.

L'ancien auror reprit de sa boisson sombre et odorante puis lança le débat.
— Alors ! Pour commencer, pourriez-vous me donner votre définition de la magie noire, celle de la magie blanche et un exemple de sortilège que vous catégoriseriez dans chacune de ces deux classes ?

Peu de temps s'écoula avant la première intervention, digne des élèves de l'illustre Rowena : une réponse longue et pleine de mots conceptuels tels que « consciemment maléfiques », « intentionnellement négatifs », « diabolisme ». Il fut bien évidemment question des sortilèges impardonnables, dont Isolde avait entendu parler. Enfin, la Serdaigle exposa son point de vue sur la magie blanche.

Isolde avait vu, deux ans auparavant, un Mangemort lancer un Avada kedavra sur une créature incurablement difforme qu'elle avait elle-même créée. Une métamorphose d'une corde en oiseau qui avait mal tourné. Ce soir-là, elle avait pensé que le sortilège de mort était le bienvenu, et surtout, la seule solution possible pour mettre fin au supplice que subissait l'oiseau-corde. Sans le moindre filtre, Isolde fit part de son objection :
— J'pense qu'on peut utiliser un sort « mauvais » pour faire le bien. Il n'était cependant pas question de tout raconter. Si je me fais agresser et que je veux me défendre mais que le seul sort qui me vient à l'esprit c'est Endoloris, j'trouve pas ça mal. Légitime défense.

Sans se départir de son assurance ni de son appétit coriace, la préfète plongea la main dans le bocal de bonbons, en attrapa deux ou trois – quatre, en réalité – et les déballa puis les mangea un par un.

Effy se réveilla en sursaut, effectuant le sprint de sa vie, elle n'avait jamais couru aussi vite de toute sa vie. Elle manqua de tomber et de rentrer dans quelqu'un à de nombreuses reprises, elle tomba même une fois, se prenant le pied dans une colonne trouant alors son uniforme. Elle grimaça mais reprit sa course jusqu'à entrer en trombe dans la salle dans un boucan sonore et gestuel. Elle reprit son souffle tête baissée pour ne pas voir les autres élèves ainsi que le professeur le regarder d'un mauvais œil.

Tout en gardant la tête baissée elle rejoignit une place libre à petits pas et s'excusa tout de même :

- B...Bonjour... Excusez moi de... Mon retard, je suis vraiment désolé... Et pardon d'avoir interrompu le cours de... De cette façon... dit-elle en rougissant de honte.

Elle sortie ses affaires et écouta alors la première question. N'osant pas répondre, elle nota sur son cahier les réponses tout de même.

Magie Blanche : Magie visant à l'amélioration de la condition d'une personne ou d'un objet. Souvent sur actes de bienveillance.

Magie Noire : Magie visant à détériorer  la condition d'une personne ou d'un objet souvent sur des actes malveillants.

Sort magie blanche : Vulnera Sanentur
Sort magie noire : Sortilèges impardonnables