Je me redresse légèrement sur mon fauteuil quand le Professeur lance un sort sur le mannequin ne m'étant pas vraiment attendue à cette réaction de sa part. Belle démonstration, je dois avouer, Professeur mais je ne peux m'empêcher d'avoir une légère grimace face à la vision de l'abdomen ouvert sur le mannequin. Je me retiens même fortement de lever les yeux au ciel face à sa question. Il est certain qu'on ne peut classer les sorts dans un tableau magie noire / magie blanche au sens stricte du terme mais je garde quand même mon opinion pour moi.

« Evidemment tout est relatif... mais vous ne pouvez nier que certains sorts penchent plus vers une magie qu'une autre comme ils peuvent influencer le sorcier sur la notion du bien et du mal. En fait, je pense que tous les deux se complètent et s’attirent plus ou moins.. »

C'est un sourire également que j'affiche lui rendant le sien tout en écoutant toujours les avis de mes autres collègues. Chacun est intéressant et apporte quelque chose en plus. D'autres questions fusent ensuite plus intéressantes les unes que les autres. A nouveau, je me dois de lui répondre même si les avis seront partagés et que ma réponse sera sans doute incomplète. J'ai l'impression d'assister en tout cas à l'un des cours philosophiques que les moldus aiment tant mais pour le coup, le thème de celui-ci serait vraiment peu commun pour eux.

« Les résultats en magie noire sont souvent plus grands qu’en magie blanche, les forces employées étant plus puissantes quoique là encore cela dépend de la puissance du sorcier qu'il soit tourné vers l'une ou l'autre magie... Je crois aussi que leur création peut leur faire pencher plus vers une magie qu'une autre. Peut on vraiment rejeter la magie noire cependant ? Personnellement, je ne sais pas du tout mais si on tient absolument à classer les sorts, il est essentiel de connaître le mal et c’est cette connaissance qui permet de le combattre comme quand on apprend à un enfant la différence entre le bien et le mal et donc de catégoriser ainsi les différents sorts. Puis ce sont, en effet, les conséquences comme vous venez si brillamment de démontrer sur ce pauvre mannequin, Professeur, qui fait qu'on les range plus dans une catégorie qu'une autre mais je crois qu'en fait il y a dans les deux un juste milieu à avoir... là se trouve la limite.  »

Bon. Je ne sais pas si tous mes propos seront compris comme je le voudrais mais, moi qui suis au premier abord plutôt silencieuse et observatrice même si bien entendu il m'était déjà arrivé de participer en cours, heureuse d'ailleurs, je crois qu'avec lui, j'aurais battu mon record de parole pour son cours.

L'opinion de la lionne ne faisait pas l'unanimité dans la salle. Isolde s'y attendait et se fichait pas mal de ce que les autres pouvaient bien penser. La préfète de Poufsouffle, qui arriva en retard, précédée de peu par une camarade de maison, rétorqua que le sortilège Endoloris, puisqu'il visait à faire souffrir la personne visée, était nécessairement mauvais. Repousser durablement son agresseur par ce moyen certes violent, mais radical, n'était pas considéré comme de la légitime défense. La cinquième année haussa les épaules ; à coup sûr, Marjorie aurait tendu l'autre joue. Chez les Hawkes, c'était œil pour œil, dent pour dent, et il était hors de question de se laisser marcher sur les pieds. Le professeur émit un avis plus nuancé :
— Si c'est le premier sortilège qui te vient à l'esprit, l'utiliser n'est pas mauvais… mais à moins que tu sois foncièrement mauvaise toi-même, le sortilège n'aura aucun effet ! Il faut vraiment vouloir dominer, faire souffrir ou tuer l'autre pour parvenir à lancer un impardonnable. Comme beaucoup de sortilèges, la formule seule ne suffit pas…

Pensive, Isolde restait silencieuse. Elle demeurait persuadée qu'elle n'était pas foncièrement mauvaise mais que si quelqu'un venait à la menacer, elle était bien capable de réussir son sort. Évidemment, elle ne souhaitait pas se retrouver dans une telle situation, mais elle savait au fond d'elle que cela ne ferait pas d'elle quelqu'un de diabolique. Lhow précisa ensuite que dans l'absolu, chaque sort pouvait avoir un effet jugé « négatif ». Ce n'était pas faux : un Aguamenti bien abondant pouvait probablement causer des problèmes à quiconque ne possédant pas de branchies.

La Serdaigle se remit à déverser son interminable discours que la jeune préfète n'avait plus envie d'écouter. Heureusement, O'Sullivan se contenta d'une intervention très courte :
— La magie blanche ne propose pas de souffrance à long terme alors que la noire oui. Elle laisse des traces. C'est ce que je crois en tout cas.
— En parlant de trace, 'y a les malédictions aussi, se souvint Isolde qui se versait un verre de jus de fruits. Ça peut démarrer tout seul, une malédiction ? C'est de la magie noire ?

Je devais bien avouer que je m'étais littéralement lâchée sur ce coup-ci mais bon quand l'inspiration venait... La question de la Gryffondor sur la magie noire était en tout cas intéressante tout comme celle qui venait à suivre du Professeur et dont j'avais tenté de retenir le terme... , après avoir apporté quelques précisions sur ma réponse que je pouvais tout à fait concevoir... Le feu quoi ? Sans doute un rapport avec un élément naturel puisque le début du mot en faisait clairement allusion mais le reste... après je reconnaissais que le terme ne me disait pas grand chose.

« Un rapport avec le feu ? » lui demandais je alors d'un haussement de sourcils.

Je reste légèrement dubitative face à ce terme qui m'est inconnu et bien curieuse d'entendre sa réponse.

« Il y a le maléfice de Flagrance, je crois qui peut être classé parmi les malédictions qui provoque des brûlures. Pour les pires sortilèges de magie noire à part ceux qui sont Impardonnables, je ne vois pas trop... »

Bien entendu, des sortilèges en magie noire, il en existait des milliers tout comme la magie blanche mais comme il souhaitait les pires, je ne voyais pas franchement où il souhaitait en venir.

Isolde fit une pause dans son grignotage, attendant les explications du professeur concernant les malédictions. Il n'en parla pas immédiatement, ce qui agaça l'adolescente. Elle ne supportait pas qu'on l'ignore ainsi. Lhow et elle avaient eu une sorte de différend, il y avait quelques années de cela, lors de l'atelier sur les aurors, mais c'était elle qui devait être rancunière, pas lui ! Il était vraiment gonflé. Isolde soupira, tout bouillante à l'intérieur d'elle-même. Elle regarda au-dehors, perdant le fil de la discussion. Elle glissa le dos des mains sous ses cuisses et remua les jambes pour dépenser l'énergie et la frustration qu'elle avait en trop. Elle parvint ainsi à réprimer un commentaire acerbe à l'adresse de l'ancien auror.
— Connaissez-vous le feudeymon ? interrogea ce dernier.

La Serdaigle proposa une réponse concise, cette fois. Elle se demandait si le sortilège évoqué avait un lien avec le feu. Vu le nom, cela n'eût pas vraiment étonné Isolde qui entendait également le mot « démon ». Tout en continuant de dompter sa colère, elle compléta la proposition de sa camarade :
— Un feu en forme de démon ? grommela-t-elle.

Si c'était le cas, il s'agissait d'un sort aussi cool que dangereux. La Gryffondor tâcha de rester concentrée pour en apprendre davantage. L'échange se poursuivit, puis le professeur revint sur la remarque d'Isolde concernant les malédictions. Il n'avait donc pas ignoré sa question. La jeune lionne se calma aussi vite qu'elle était intérieurement montée au créneau.
— Les malédictions sont une branche plus spécifique encore de la magie. Elle sous-entend deux choses : les pièges magiques déclenchant un effet néfaste à long terme sur la cible ou les pires sortilèges de magie noire. Pourriez-vous me donner un sortilège de chacune de ces deux catégorie ?

Isolde n'était pas sûre d'avoir bien compris la question. Elle allait tout de même reprendre la parole lorsque la voix désormais familière de l'azur et bronze résonna dans la salle. Elle attendit la fin de son intervention pour s'exprimer à son tour.
— Les loups-garous c'est une malédiction je dirais. Et pour les sorts, je sais pas trop. J'avais entendu parler de la malédiction des crottes de nez, mais c'est pas hyper dark comme magie. Mais à long terme ça doit être relou.

L'adolescence dans toute sa splendeur ! On passera sur ce lexique fleuri pour se concentrer sur le contenu des propos de la cinquième année…

Le professeur s'arracha à son siège. Isolde le suivit du regard et resta silencieuse le temps de la démonstration du sortilège. Le pauvre cobaye inanimé ne fit pas long feu – sans mauvais jeu de mots. Il fut détruit en quelques instants par un phénix incandescent et sans pitié. Quand le mannequin fut digéré, le feu s'éteignit et l'oiseau disparut, laissant derrière lui une épaisse fumée noire et une odeur de brûlé. La Gryffondor était restée immobile, totalement absorbée par le bûcher. Le reflet des flammes semblait encore danser au fond de ses yeux fascinés. Un court silence s'installa puis Isolde posa deux questions qui lui brûlaient les lèvres :
— C'est toujours en forme de phénix ? Et pourquoi le feudeymon c'est plus de la magie noire qu'un incendio ?

La cinquième année comprenait bien que la puissance du sortilège dont elle venait d'être témoin était incomparable par rapport à un vulgaire tour permettant tout au plus de cuire des merguez ou d'allumer une bougie, mais on avait vu les plus impressionnants incendies de forêt se déclencher suite à une minuscule cendre de cigarette tombée au mauvais endroit au mauvais moment.

Lhow enchaîna en évoquant les loups-garous. L'adolescente avait vu juste : ces créatures étaient bien en proie à une malédiction.
— Elle est incurable et change le comportement de sa cible de manière permanente… horrible malédiction… commenta-t-il, songeur.

Isolde se demanda qui était le patient zéro de la lycanthropie et comment cette personne s'était retrouvée à hurler à la lune les nuits où celle-ci était pleine. Cette malédiction était telle qu'elle était même connue des moldus. Sauf qu'à présent, les loups-garous n'étaient plus des animaux incontrôlables assoiffés de sang que l'on retrouve dans les histoires d'horreur, mais des créatures bien réelles tout aussi incontrôlables et assoiffées de sang. Les yeux de la rouge et or se perdirent dans le vague : y avait-il des loups-garous à Poudlard ? parmi les professeurs ou les élèves ? Y avait-il des loups-garous dans cette pièce ? Elle détailla le visage de chacun, y cherchant des traces de fourrure, mais aucun signe externe de lycanthropie n'étant visible, elle interrompit sa séance d'interrogatoire silencieux et regarda à nouveau au-dehors – en insistant davantage, on eût pu croire que c'était elle, le loup.

Un magnifique phénix se dessine devant nous pour engloutir le pauvre mannequin, l'oiseau matérialisé disparut ensuite, une fois sa mission accomplie. Le feu m'avait toujours fascinée même si mon élément était plus l'eau. La jeune rouge se met à poser des questions intéressantes, je ne peux nier ne pas avoir envie d'écouter les réponses du Professeur.  

Vient ensuite la lycanthropie comme sujet. Étrangement, bien que je m'y connaissais trop dans ce domaine, cela me ramena à ma volonté de devenir Animagus plus tard. Azaël avait d'ailleurs commencé à m'initier à cette pratique, magie qui n'était pas considérée comme une malédiction car la plupart la souhaitait même si une fois en animal, il était toujours bon de faire la part des choses. Pour la lycanthropie, la plupart du temps, elle n'était, bien entendu, pas volontaire.

Le deuxième gryffondor était resté étonnamment silencieux depuis. Une autre malédiction me revient alors en mémoire, une malédiction que j'avais entendue brièvement parlée

« Et qu'en est-il des "Maledictus" ? On sait très peu de choses sur eux au final mais c'est bien considéré comme une malédiction, non ? »

D'après ce que j'en savais elle se transmettait génétiquement.

Bref, attendons de voir ce qu'en dirait le Professeur... du moins s'il en savait quelque chose à ce propos.