Première rencontre [Terminé]

La petite a les joues et le bout du nez rouge à cause du froid. Faut dire que quitte à partir dans un pays étranger, elle aurait autant aimé choisir un endroit avec plus de soleil que l'Angleterre mais personne ne lui a demandé son avis. C'est pour ça qu'elle a les yeux un peu rouge aussi. Toutes ses crises n'ont pas suffit mais au moins elle aura tenté. C'est ce qu'elle se dit avant de traverser le mur pour atteindre la bonne voie. Sur le quai, il y a foule ; des parents, des enfants plus au moins grands, des chouettes et des valisettes. Vanille se sent de trop. Sa mère à elle n'est pas venue, elle n'est restée qu'un week-end à Londres pour l'accompagner dans ses achats scolaires avant de la laisser se débrouiller. Il faut dire qu'elle a quinze ans mais la gamine ne trouve pas ça assez.

Elle fronce les sourcils et pousse tous le monde sur son passage pour accéder au wagon le plus proche. Vanille déteste la rentrée. Elle soulève sa grosse valise avec hargne et rentre dans le ventre du train. Il y a des petits surexcités qui sautent partout mais la rouquine n'a pas envie de s'amuser. Rapidement, elle pousse la porte d'un compartiment vide et s’installe à l'intérieur. C'est vieux, c'est moche, la future élève à la critique facile, la mauvaise humeur n'arrange rien et le ciel gris non plus. Elle regrette vite sa ville natale, seul les souvenirs du beau temps lui reviennent dans une ironie qui la fait grimacer. Paris une ville ensoleillée ?

Lassée de tout et surtout d'elle-même, elle pose sa grosse valise devant elle et étend les jambes dessus avant de se laisser tomber sur la banquette. C'est pas super confortable alors elle couine un peu avant de gigoter quelques instants pour se mettre mieux. Vanille fixe le plafond d'un œil vitreux et baille un coup avant de cligner trois fois des yeux. Elle frotte son petit nez qui a envie d'éternuer et sort un miroir de sa poche pour vérifier son maquillage pas trop raté. C'est bientôt l'heure mais elle n'a pas tellement hâte d'arriver.

À chaque fois qu'elle remonte dans le train, c'est comme une renaissance. Le début de nouvelles choses, aussi fantasques, ne peut être mauvais, si bien qu'elle sent en elle une bouffée de plaisir incomparable. Gaëlle sourit à ce petit monde pressé, sourit en sentant le froid lui mordre les joues, sourit au climat glacial de l'Angleterre qu'elle préfère aux champs chauds d'Espagne. La rentrée est un moment formidable et peu importe le nombre de râleurs qu'elle croisera sur sa route, personne ne pourra lui enlever ce bonheur qu'elle ressent en posant le pied sur la première marche d'un wagon pris au hasard.

Elle vacille un peu sous le poids de ses sacs - un brin trop lourd, elle emporte toujours des tas de babioles inutiles - avant de s'engouffrer entière dans la chenille roulante. Derrière, on se moque; qu'elle est lente, la bouclée ! Sans y faire gaffe, elle choisit avec soin un compartiment qui lui semble vide, et surtout, qui sent bon. On aura beau dire, l'odeur, c'est important, quand on doit passer un petit bout de temps dedans.

Gaëlle ouvre, referme et laisse tomber la lourdeur infernale par terre. Elle attrape son oreiller qui était coincé sous la mallette dédiée aux livres de cours et se cale sur la banquette. Une, deux, trois, non toujours pas, c'est dix secondes qu'il lui faut pour enfin comprendre qu'elle n'est finalement pas si seule. En face, il y a quelqu'un. Quelqu'un d'inconnu. Une fille qui à l'air beaucoup plus fatiguée qu'elle. Un peu honteuse de s'être interposée entre le calme et sa compatriote sorcière, Gaëlle attrape la pointe de son coussin et le tend vers l'inconnue. Poudlard est si grande qu'elle découvre de nouveaux élèves chaque année qui passe; n'est-ce pas merveilleux ?

- Désolée ! elle maudit les r qui ne cessent de rouler sous le sorry anglais. Tu comptais dormir, tu veux que je parte ? Au final, ce ne serait pas si grave, bien que tous les wagons doivent puer à présent.

Il y a pas mal de choses qui manquent à Vanille maintenant qu'elle est en Angleterre mais ce qui lui fait le plus de mal c'est d'avoir eu à abandonner sa fratrie de félins. Elle a peur qu'en revenant pour les vacances, ils ne la reconnaissent plus ou la traite en ennemie. Sans parler des bébés qu'elle laisse derrière elle et qui ne seront plus là à son retour. Elle maudit sa mère qui a décidé de l'exiler si loin de son petit monde tout en fermant son miroir pour le ranger dans sa poche. La petite n'a pas encore mit sa robe de sorcière, près des moldus ça ferait bizarre ; ce n'est pas encore Halloween.

Elle aimerait bien piquer un petit somme mais se rend bien compte que c'est impossible. L'inconfort du train, le bruit des élèves et l’appréhension de la découverte prochaine de son nouveau monde qui l'inquiète plus qu'elle ne le pense l'empêchent de fermer l’œil. Vanille n'est pas une amoureuse du changement, cet exil forcé la traumatise et brise tout ses repères, elle a envie de se rouler en boule pour se rassurer.

La porte du compartiment s'ouvre. On lui a dit qu'il y avait beaucoup d'élèves à Poudlard du coup elle ne s'est pas bercée d'illusion en pensant qu'elle pourrait échapper à la marrée de gamins et avoir son espace à elle seule. Elle observe longuement la nouvelle venue sans ciller, s'attendant à devoir se présenter, mais la fille ne lui adresse pas un regard alors Vanille prend une mine boudeuse. Elle avait presque envie d'être dérangée. Heureusement, ce n'est pas long, la mademoiselle nouvelle la remarque et lui tend même son oreiller. La rousse le regarde avec envie avant de l'attraper sans dire merci. Elle replie même les jambes pour le cacher entre ses genoux et son ventre. C'est que l'autre fille gagne de l’intérêt, alors, Vanille la regarde un petit peu mieux.

Tu peux rester.Ça sonne un peu comme un ordre mais la petite ne se rend pas bien compte. Elle penche la tête sur le côté et ses lèvres laissent place à un sourire amusé.Moi c'est Vanille. Elle veut bien jouer parce que l'autre est gentille.

Le plus inquiétant lorsque l'on fait des cadeaux à un.e inconnu.e, c'est qu'il est très rare qu'iel accepte. Papa dit, on ne leur parle pas, maman dit, on n'approche pas. L'autre est une denrée qui fait peur, mais quel met délicieux ! Gaëlle ne se lasse pas des rencontres, les meilleures, ce sont celles qui vous prennent par surprise. Aussi, le soulagement qu'elle ressent alors que l'inconnue attrape son coussin lui donne un sentiment de merveilleux. Un conte se passe sous ses yeux, là, juste devant elle. On s'accapare le présent. La gamine se sent utile et hoche la tête, comme signe de consentement. Son oreiller, c'est le confort assuré. Beau, pâle, qui n'a que pour crasse le passage du temps. Ceci dit, cela lui donne un peu de mollesse, donc elles ne sont pas si mal parties.

Dans un nouvel élan de chauffage du coeur, la demoiselle - Vanille, de son prénom, elle lui a dit ! - lui offre en retour la plus merveilleuse des choses qui existe : un sourire. C'est le premier depuis le début de la journée. Entre la tête des parents tristes du départ, le monde qui ne se rend pas compte de la beauté du froid, un seul étirement des lèvres est plus chaleureux qu'une bouillotte. Gaëlle se presse d'échanger à son tour la vue de ses dents, cette fois, un remuant le visage de droite à gauche. Et moi, c'est Gaëlle. Simple présentation pour commencer.

Une chose en suit une autre. La bougeotte la quitte, elle se met à son tour à l'aise et se couche. Il existe un sort pour allonger les banquettes ? Parce que les genoux repliés pour se reposer, ce n'est pas vraiment l'idéal. Les yeux collés au plafond, le dos fixant presque le sol, Gaëlle ressent l'énergie du train lorsqu'il vibre, tout autant pressé de partir qu'elle. Ça y est ! L'aventure reprend. Elle se mordille les lèvres pour éviter de pousser un petit cri de joie strident qui aurait vite fait de faire fuir sa camarade. Déjà qu'elle avait acceptée son inopinée présence, s'il fallait en plus lui détruire les tympans, ça ne risquait pas de faire bon ménage. En tentant de garder une voix plus ou moins neutre - toujours dans l'optique de ne faire fuir personne, elle chantonne Tchoumtchoum-tchoumtchoum comme le train qui avance à toute vitesse vers le lointain. Je crois que c'est bon, plus personne ne viendra ici. Affirmation de connaisseuse qui au fond n'en sait vraiment rien.

Le coussin est moelleux, Vanille l'adopte. Elle laisse l'autre se présenter et pose un nom sur son visage. Gaëlle. Elle n'a pas relevé l'accent anglais désastreux de la brune parce qu'elle n'est pas non plus anglaise d'origine alors ça passe au dessus de sa tête sans percuter. C'est aussi pour la langue que sa mère l'a forcée à partir, à croire que toutes les excuses étaient bonnes pour l'envoyer bien loin. Vanille n'a pas de soucis avec l'anglais, elle regarde beaucoup trop de séries pour ça.

Sa compagne de voyage pose une question à propos de l'extension des banquettes mais Vanille n'est pas rassurée. Avec une multitude de calculs sans queues ni têtes, elle se demande si ça ne risque pas de causer des dommages au train, si les sièges ne sont pas dotés d'une protection magique ou si le poids d'un agrandissement ne perturberait pas le train. Finalement, elle ne répond rien, préférant éviter d'avoir l'air idiote au cas où l'autre serait une sorcière bien plus douée.

Gaëlle se met à l'aise et fixe tranquillement le plafond tandis que le train démarre, elle a l'air sereine. La nouvelle élève au contraire sursaute très légèrement lorsque le wagon se met en branle et jette quelques regards effrayés autour d'elle. Cette fois, ça y est, c'est le grand départ. Elle est bien heureuse d'avoir un coussin contre elle, ça fait de la matière à serrer. La brune annonce que plus personne ne viendra, elle ne doit pas s'en douter mais ça soulage beaucoup Vanille.

Celle-ci se met alors à observer l'endroit plus joyeusement, elle trace le contour des coins de ses yeux et revient vers le corps de la jeune fille étalée sur la banquette. Vanille se trémousse sur place, elle s'ennuie et se balance d'une fesse sur l'autre. Maintenant qu'elle connaît son terrain de jeux, elle a envie d'en renifler tous les coins sans oser faire un pas. Elle fixe de temps à autre Gaëlle dans l'espoir d'attirer son attention. Elle n'a plus envie de penser à la destination.

T'as quel âge ? La petite rousse a arrêté ses yeux verts sur l'autre humaine et ne la lâche plus. Elle comprend qu'elle doit faire aller sa voix si elle veut interagir. Vanille n'a plus l'habitude des débuts de relation, elle se souvient comme sa première année à l'école de magie française avait été difficile quand il avait été question de se faire des amis. Au fil du temps, il y a moins besoin de parler, on se regarde et on se comprend, avec les chats, il n'y a pas besoin de passer par l'étape des mots, c'est plus facile. C'est bien Poudlard ? Elle avoue seule son plus grand secret, c'est une nouvelle élève. Elle se dit sûrement que souvent si ce n'est pas maintenant, c'est jamais.

L'autre point génial avec ce train, c'est son côté masseur-intégré. Gaëlle profite des vibrations qui coulent le long de son dos et le lui soulage beaucoup par la même occasion. Le travail dans les serres lui avait mine de rien beaucoup abîmé. Bien que cela fasse cinq années qu'elle en est libérée, les séquelles sont encore trop présente. Alors elle profite, elle sent que tout au long de sa colonne vertébrale, des choses se dénouent. Elle pense parfois que ce n'est plus qu'une vieille habitude tous ses grincements qui ne la quitte pas. Comme un cauchemar qui colle à la peau sans avoir demandé l'autorisation.

Il n'y aura pas de réponse pour la banquette, mais au final, elle s'en fiche. Pas de soucis. La brunette étire ses jambes sur le mur d'en face et regarde quelques secondes ses souliers. Tous beaux, tous dorés. Une nouvelle acquisition qu'elle peut se permettre grâce aux galions. L'objectif cette année, c'est de trouver un travail et de rapporter des cadeaux à tout le monde pour Noël. Elle a eu le droit à sa partie de vie privilégiée, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Bien que toute la famille Panyella soit à présent dans un coin pas trop cher de l'Angleterre, le père travaille toujours sans relâche. Mama a bien essayé de se réintégrer au monde magique, mais ça n'a pas fonctionné. Il lui manque apparemment des qualités pour travailler au ministère. Mais Gaëlle ne peut pas leur en vouloir. Après tout, Mama elle l'aime très fort, mais elle n'a plus les épaules pour avoir encore des responsabilités sur le dos.

J'ai quinze ans, répond-t-elle à Vanille en finissant par se relever pour retrouver ses yeux. Et toi ? Gaëlle se grattouille le menton et entend la suite. Une nouvelle élève, fou ça ! Elle se relève, pétillante d'excitation. La rouquine ne paraît pas forcément plus jeune qu'elle. Première année ? Tout bonnement impossible. C'est une école géniale ! Enfin, pas pour tout le monde, mais moi, je l'adore ! Voilà qu'elle sautille, fait des petits bons heureux. Quelle chance inexprimable ! Je vais te faire visiter moi ! En un autre mouvement de jambe, elle se retrouve à côté de la petite nouvelle. Enfin, il y a des gens vraiment pas fréquentables, mais parfois ils sont gentils, je sais pas. Moi je souris et ça passe. C'est comme si on avait appuyé sur le bouton play d'une radio impossible à arrêter. Ce que je préfère, c'est le parc. Et puis la botanique. En fait, être en harmonie avec le reste, tu vois, c'est magique, c'est comme une bouée à l'énergie propre. Elle met ses mains devant la bouche, honteuse. Vanille a dit qu'elle était nouvelle à Poudlard, pas dans le monde de la magie. Mince. Bon avec un peu de chance, elle ne lui en voudra pas. Mais du coup Tu viens d'où ?

L'autre a le même âge que Vanille, elle trouve ça vraiment bien. Quinze aussi ! Son sourire est immense, celui de l'autre aussi. Elles ont comme des étoiles dans les yeux et en leur trouvant un point commun, la rousse se sent trop bien. C'est que tout n'est pas perdu en fin de compte. Pour tout dire, elle n'est pas vraiment défaitiste, seulement perdue dans ce monde qu'elle ne connaît pas. Le bonheur lui vient d'un coup très fort avant de disparaître complètement. C'est comme ça quand on manque de repères. La petite ne s'y attendait pas, elle ne pouvait pas savoir tant qu'elle ne l'avait pas vécu.

Gaëlle a l'air trop heureuse de savoir que Vanille est nouvelle et sa joie déteint sur elle. Elle copie son attitude dans son cœur sans faire exprès et hoche la tête en écoutant le flot de paroles quand le sens lui échappe pourtant. La française aime l'enthousiasme, elle se délecte de toute l'énergie qui se déverse de son interlocutrice avec plaisir. Ça fait comme une bulle autour d'elles qui grandit, grandit, grandit jusqu'à épouser les parois du compartiment. La petite fait tinter ses boucles d'oreilles comme pour offrir une bande sonore à son bonheur invisible. L'instant la fait sentir comme chez elle.

Vanille aime qu'on lui prête attention. La motivation de cette fille est à ses yeux une marque d'affection indéniable. Gaëlle explique plein de trucs et beaucoup glissent à côté des oreilles de la nouvelle, peut-être que l'anglais est trop rapide, Vanille se sent coupable et tente de rebondir comme elle peut. Moi j'aime pas la botanique parce qu'il faut se salir les mains. Elle est honnête. Mais généralement, les gens, ils m'aiment bien. C'est vrai qu'elle a pas trop d'ennemis, elle cherche dans les yeux de la brune une sorte d'approbation. Je suis française. Réponse évasive. Elle a pas trop envie de se rappeler son école, ses amies, sa maman et surtout, surtout sa fratrie adorée.

Vanille sourit à la fille, qui s'est assise tout près d'elle maintenant, comme pour se faire pardonner de ses réponses bancales. Elle sait pas trop comment réagir, il y a un décalage entre ce qu'elle pense et ce qu'elle dit. Ça la frustre beaucoup. Alors, elle pose de nouvelles questions pour faire parler Gaëlle, ça lui plaît quand elle parle, elle envoit du soleil et Vanille aime bien ce qui brille et qui réchauffe. C'est vrai qu'il y a des maisons ? T'es dans laquelle toi ? Elle a déjà envie d’atterrir dans la même. Ce sera plus facile pour être aidée au début de l'année. Même à la fin d'ailleurs, Vanille, elle a juste besoin qu'on s'occupe d'elle.

Gaëlle sent son coeur sursauter lorsqu'elle apprend l'âge de Vanille. Quinze ans, mais comme c'est parfait ! Elles pourront avoir des cours ensemble. L'histoire pleine de féerie se poursuit, le cauchemar de tout à l'heure oublié pour faire face à un rêve beaucoup plus agréable. Elle en voit même des paillettes autour d'elle. De poussière, certes, mais des paillettes quand même. Et dans le cocon du wagon, c'est joli, c'est pétillant, comme le visage de la rouquine quand elle semble être de plus en plus à l'aise. Gaëlle a l'impression d'avoir touché là un état jusqu'alors inconnu auparavant. Et comble des combles, elle pense que l'odeur si délicieuse qui l'avait attirée dans cette pièce n'était autre que celle de la jeune fille elle-même. Son odorat ne la trompe jamais, les bonnes personnes sentent bon, et avec un nom aussi sucré que le sien, il ne pouvait en être autrement.

Oh, dommage. J'espère que j'arriverais à te faire aimer alors. S'ensuit un clin d'oeil raté, finalement ce sont les deux paupières qui s'abaissent. Voilà un don qui s'est perdu dans le néant à la naissance. Pour Gaëlle, chouchouter les plantes, il n'y a que ça de vrai. Elle devrait en être dégoûtée pourtant, mais ses parents pensent qu'il y a là derrière une certaine déformation professionnelle. Et puis, les plantes magiques, c'est autre chose qu'un ogm tout lisse. Rien que le mot. Ogm. Il lui tire des frissons. Elle chasse la pensée d'un revers de la main comme s'il se trouvait un quelconque moustique et tombe nez à nez avec celle de Vanille. Gaëlle comprend un peu mieux. Des ongles pareils ne doivent pas êtres cachés dans la terre, ils sont vraiment trop jolis. Mais elle garde cette pensée pour elle, comme pour l'odeur. Il vaut mieux demander la recette de ces secrets-ci un peu plus tard.

Tu as raison. Mine mystérieuse, du moins, qui veut l'être. Je t'aime bien. Et je suis un gens, je crois, alors c'est parfait. Puis il y a la découverte de la nationalité, qui donne envie de voyager. Nos pays sont voisins. Je viens d'Espagne ! Entre elles, il n'y aura pas de moqueries sur l'accent, et ça, c'est déjà bien. Gaëlle n'a jamais été autre part que dans les champs, poudlard, la nouvelle maison, la gare. Elle ne connait du reste du monde que ce qu'elle voit sur les photos. Et de ce qu'elle en avait vu, la France avait l'air chouette. Raison de plus pour bien t'aimer. Encore un sourire, toujours de la chaleur, de nouveaux mots sur le plancher. Oui, il y en a quatre. Moi je suis à Serdaigle. Une maison où les gens réfléchissent trop. Je sais pas trop ce que je fais là, mais le choixpeau m'a dit que j'avais l'intelligence des sens. Il se trompe jamais, alors je lui fais confiance. Il en existe trois autres. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il y a des gens gentils dans toutes, c'est promis !

Puis la brunette touche l'une des joues de Vanille, là, avec le bout de son auriculaire. Pourquoi ? elle n'en sait trop rien. Elle ferme les yeux dans l'espoir de créer une connexion psychique inexplicable. Un courant, il faut un courant, qui circule et paf ! Satisfaite, elle récupère sa main comme s'il ne s'était rien passé.

Vanille est presque sûre que sa nouvelle amie n'arrivera jamais au grand jamais à lui faire aimer la botanique alors, elle ne lui dit pas. Il faut dire que quand la petite à une idée en tête, il est bien difficile de lui enlever et c'est aussi ça qui fait son charme de vilaine entêtée. La rouquine se sent aimée, elle en a l'habitude mais ça lui fait toujours un bien fou. L'autre la met à l'aise et elle a presque envie de ronronner. Ses yeux verts dévorent le visage de la presque inconnue dans un élan d'affection et d'envie. La jeune fille est bien heureuse d'avoir croisée pareil créature dans ce milieu hostile, elle sent qu'elle va lui être bien utile.

Il parait qu'elle vient d'Espagne, Vanille y est allée une fois mais elle ne se souvient pas, elle devait être trop petite ou désintéressée de l'endroit. C'est chouette, elles sont deux rescapée dans ce monde d'anglophones dont elle ne sait pas encore trop quoi penser. Elle comprend maintenant d'où vient le soleil de ses yeux et la chaleur de ses gestes, là bas c'est sûr qu'il pleut moins. Vanille se demande si l'autre aussi a été forcée de quitter son beau pays mais devant ses airs amusés, elle pense que si c'était au départ le cas, elle ne doit rien regretter. Un monde entier les sépare encore.

La petite ne sait pas trop ce que ça veut dire, intelligence des sens, mais elle laisse Gaëlle parler parce que c'est chouette à regarder. À vrai dire, Vanille en sait plutôt pas mal sur les maisons de Poudlard, comme elle avait peur, elle s'est renseignée mais vu de l'intérieur ça doit encore différer. C'est vrai que la fille n'a pas trop l'air d'une Serdaigle érudite, la rousse l'aurait plus facilement placée chez les Poufsouffles ou quelque chose comme ça, elle n'a pas l'air de s'ennuyer dans un coin avec un livre à la main et ça leur fait un nouveau point commun. Les études, ça agace Vanille, elle a le don de ne retenir que ce qui lui plaît et c'est aussi bien comme ça.

La brune tend son doigt et vient toucher la joue de la petite qui instinctivement penche la tête pour renforcer le contact. Il y a des yeux qui se ferment de chaque côté avant que l'autre ne reparte. Elle avait les mains chaudes, Vanille en veut encore. Elle tripote ses bas collants avec le bout de ses ongles vernis de rose et réfléchit au moyen de provoquer un nouveau contact physique. Elle aime trop ces moments où il n'y a pas besoin de parler, la chaleur des autres remplit son petit cœur qui tremble comme un bébé.

Moi tu sais, j'ai un peu peur d'y aller, j'ai tout laissé en France alors je suis contente d'être tombée sur toi. Elle veut attirer l'attention et lance un regard plein de tristesse à sa compagne de voyage dans le but assumé de la faire craquer. Avec son regard maquillé et deux battements de cils, elle entreprend de sous entendre ce qu'elle n'a pas envie de prononcer. Gaëlle, elle l'aime bien.

Réaliser qu'une connexion inexplicable fonctionne, c'est un petit peu beaucoup merveilleux. Gaëlle n'a presque plus envie de sortir de ce train où elle se sent si bien. Elle profite de l'instant avec une attraction formidable pour la petite rouquine qu'elle n'a plus envie de quitter des yeux. Il émane d'elle de la sauvagerie et de la prestance. Peut-être est-ce l'influence française ? Pays de la mode et des pâtisseries, voilà tout ce qu'elle en sait et elle a l'impression que les merveilles qui se cachent dans la contrée mystérieuse se dévoilent derrière les prunelles de la jeune fille. Elle tente d'y voir un peu plus clair, sans aucune crainte cette fois de paraître étrange. Mais non, il n'y a pas un seul monument derrière ses yeux. Peut-être un sortilège permettra-t-il de transformer l'iris un jour. Elle ne sait pas et à vrai dire, elle a un petit peu oublié de réviser à la maison pendant les vacances. Ce sera pour plus tard.

Gaëlle hoche la tête. La peur du nouveau, elle connaît. Partir, c'était une chance, mais partir, c'est vraiment étrange. Il faut s'habituer à de nouvelles habitudes qui ne sont pas les siennes, vivre avec des personnes un peu sauvage qu'on se doit d'apprivoiser. Dommage qu'on ne puisse pas apporter toute sa famille dans une de ces espèces de grandes valisette qui cachent un monde entier derrière. L'école n'accepterait sûrement pas. Trop de danger. Et puis, dans le fond, elle ne pense pas que vivre une année entière cloîtrée sans pouvoir sortir juste pour voir quelqu'un de temps en temps soit vraiment une perspective agréable.

Le regard plein de tristesse de la petite nouvelle lui fend un peu le coeur. Contente d'être tombée sur elle, oui, mais à quel prix ? Gaëlle regrette déjà le sourire d'il y a quelques secondes et souhaite redonner un peu de joie à Vanille. Mais comment ? Elle se lève et va trifouiller dans un de ses nombreux sacs à la recherche de sa baguette. S'ensuit un silence seulement teinté du bruit des objets qu'elle accumule sur le sol au fur et à mesure de ses recherches. Petit éléphant, livre sur le soleil, biscuits aux caramels... Là ! Sans prendre la peine de ranger, elle retourne s'asseoir et tapote l'instrument magique sur le bout de ses genoux. Un truc autorisé qui ne fera pas de mal à une mouche, c'est compliqué à trouver.

#Alveolata

Deux petites bulles pas plus grandes qu'une poignée de main se mettent à flotter dans leur compartiment. Le mot moi dans une, le mot aussi dans l'autre. Peut-être trop de fioritures pour exprimer la joie de la rencontre, mais pas assez pour consoler comme elle souhaiterait. Le meilleur remède aux chagrins, petits comme grands, de toute façon, c'est le câlin. Alors sans plus attendre, elle tend les bras, grand comme elle le peut, dans une proposition plus que raisonnable, le sourire toujours aussi présent.

Elles ne se sont pas rencontrée par hasard les deux gamines, ou alors c'est un coup du destin vraiment malin, comme fait malgré lui. Vanille rayonne, elle sent qu'elle est heureuse et ça l'emplit de douceur. Il faut dire qu'elle peut être agressive la petite, quand la haine lui monte à la tête ça lui arrive facilement de ne plus savoir se contrôler et de disjoncter complètement. Sa mère l'a traité de folle quand la rouquine a cassé sa baguette dans un coup de colère intense. Mais cette fois là, elle le méritait vraiment. Elle se dit juste qu'elle est encore un peu trop petite pour gérer ses émotions toute seule, il lui faut de l'aide.

Quand Vanille pense petite, elle veut dire jeune, parce que malgré son mètre soixante, elle n'est pas certaine de grandir encore. Ça la désole bien mais voilà, ce sont des choses auxquelles il faut se faire pour être heureuse. Gaëlle a eu l'air surprise quand elle lui a avoué qu'elle était nouvelle et ça, la petite ne n'oublie pas parce qu'avec sa bouille d'enfant et son corps minuscule, elle aurait pu passer facilement pour une première année.

La brune farfouille dans ses affaires et la rousse penche la tête sur le côté en suivant ses mouvements du regard. Gaëlle a une façon particulière de se mouvoir, on dirait qu'elle fait corps avec toutes les particules invisibles qui les entourent. Elle est entière et ça impressionne beaucoup Vanille. Voilà qu'elle revient avec sa baguette en main, attentive, la petite ouvre de grands yeux en attendant la formule. Rapidement, de petites bulles sortent du bout de bois et elle applaudit joyeusement. Sur leurs surfaces colorés, il y a les lettres de « moi » puis d'« aussi » et les joues de Vanille rosissent de plaisir.

Soudain, Vanille éternue. Elle envoit valdinguer les ronds de savon plus loin sans faire exprès et en profite rapidement pour souhaiter que la brune de s'éloigne pas trop d'elle pour cette année. Quand elle rouvre les yeux, Gaëlle lui tend les bras alors la nouvelle se dit que sont souhait a été exaucé. Elle ne se fait d'ailleurs pas prier et vient se blottir près de la brune. La petite est tactile, elle espère que ce n'est pas dérangeant mais de toute façon, c'est l'autre qui a proposé le câlin alors bon.

T'es douée en magie, moi j'ai cassé ma baguette avant de venir alors j'ai du en acheter une nouvelle ici, maman n'était pas très contente. La voilà qui se confie, elle qui aime pourtant plus que tout le silence pendant les câlins commence pourtant à raconter ses petits malheurs. Gaëlle lui renvoit une image de stabilité solide et de fantaisie apaisante, instinctivement, elle a l'intuition qu'avec elle, il n'y a pas besoin de mettre des barrières et ça la fait sourire. Pourquoi tu es venue dans cette école toi ? Elle a besoin d'un autre témoignage, un ressentit différent pour changer son regard sur la situation. Tu étais contente ? Vanille finit par se taire et profite de la douceur du câlin, elle est vraiment trop bien.

Les petits soleils de couleur ne sont pas censés durer bien longtemps. Une ou deux minutes, plus si volonté du lanceur y est, mais dans le cas de Gaëlle, ils ne servaient qu'à faire passer son message de la plus jolie des façons possible. C'est pourquoi elle est étonnée quand les bulles rebondissent comme les sphères de plastique avec lesquelles jouent certains moldus. L'action réaction produite avec une chose si légère et fragile est remarquable, vraiment. Elle se réjouit de tester ça avec d'autres beaucoup plus grandes pour voir à quel point elles peuvent résister. Avec un peu de volonté, peut-être qu'elle pourrait envoyer un message à sa mama. Mais il faudra encore beaucoup d'entraînement pour ça.

Les bras de la rouquine trouvent pour la première fois les siens. Elle la sert avec l'envie de ne plus la lâcher. Cette impression double ne la quitte plus. Fragilité et force se dégagent d'elle dans un méli-melo qu'elle n'arrive pas - encore - à saisir. Mais pour l'instant, ce n'est pas important. Gaëlle ne pense plus rien d'autre qu'à ce câlin. Elle presse un peu son corps contre le sien dans une tentative fonctionnelle de donner un peu de chaleur. D'un autre côté, elle profite encore du parfum de Vanille qui enchante son nez comme jamais encore une odeur ne l'avait fait auparavant. Ses doigts jouent avec une mèche oubliée qui flotte, sans pour autant trop s'en amuser. Une fille aussi bien sur elle qu'elle doit sans doutes porter une importance capitale à sa chevelure.

Quand elle lui explique pour la baguette, Gaëlle rigole un peu. C'est pas grave, ça arrive. Mais je suis pas si forte que ça, enfin. Je ne crois pas. C'était un sort facile. Retrouvé au fond du vieux grimoire de sa mémoire un peu trop défaillante à son goût. Gaëlle ne se rappelle que de peu et de beaucoup de choses à la fois. Ses souvenirs jouent au ping-pong avec la logique. Au final, ils s'emmêlent et ne forment plus qu'un gros patchwork dans lequel il est parfois compliqué de retrouver une information. Les noms, par exemple, ils sont tous quelque part. Mais dans le dédale de la galerie des portraits des gens à qui elle a adressé un sourire, il lui faut parfois beaucoup de temps pour remettre la main dessus. Le pire, ce sont les personnes avec qui elle se retrouve en cours. Que faire avec une multitude de têtes ? Se souvenir de les avoir déjà vu. Oui. Mais les prénoms, c'est bien difficile.

Elle ferme les yeux l'espace d'une seconde pour croquer le visage de Vanille à une place de choix. Au moins, là-bas, elle est certaine que jamais elle ne pourra l'oublier.

Papa était persuadé que je ne serai jamais magicienne. Mama lui avait dit son secret, mais voilà ce qu'il s'était dis: la seule chance de ma vie, c'est d'avoir trouvé cette femme. La chance n'accorde sa bonne étoile qu'une seule fois à des familles comme la nôtre. Bref, il croyait que j'allais naître cracmol. Gaëlle reprend un peu de son souffle, le coeur serré. Elle n'aime pas le début de cette histoire. Celle d'un père poisseux qui par un étrange coup du hasard s'est retrouvé à Grenade alors qu'il pensait avoir une destination quelque peu plus féerique. J'ai grandi avec ce rêve d'une mère sorcière qui n'avait jamais pratiqué la magie devant ses enfants, tout simplement parce qu'elle avait perdu sa baguette. À vrai dire, j'y croyais à moitié. Puis un jour j'ai eu onze ans. Et la suite, elle pense que sa nouvelle amie la connait. Une lettre, des nouvelles découvertes. Pour Gaëlle, c'était le début d'une nouvelle ère. On a fait la fête, on a pris les derniers gallions de mama, puis j'ai découvert le monde magique. Elle s'est même rachetée une baguette l'année passée. J'étais plus que contente d'aller à Poudlard. C'est l'une des meilleure chose qui me soit arrivé. Et je crois qu'on a un peu brisé le cercle de malchance qui nous pesait sur le front. Aujourd'hui, ses trois petits frères attendaient à leur tour leur onze ans avec une impatience quasiment agaçante. Elle ne pouvait imaginer leur déception s'ils ne finissaient pas dans la prestigieuse école à leur tour.

Ce n'est pas dans son habitude d'autant parler. Elle préfère les regards et les contacts à la voix maladroite. Pourtant, elle est heureuse d'avoir pris le temps de poser des mots. Peut-être que ce miracle espagnol allait rassurer Vanille.

Vanille ne connaissait pas la formule des bulles, il faut dire que même si on la lui avait apprise, elle n'est pas sûre qu'elle l'aurait retenue. Ce n'est pas qu'elle ne peut pas être fascinée par les jolies choses – bien au contraire – mais plutôt que comme les bulles qui se dissolvent rapidement dans l'air, son intérêt ne se prolonge pas plus longtemps. Ça l'amuse parce que pour Gaëlle, on dirait que c'est tout le contraire.

La petite est bien dans les bras de son amie, c'est tout doux et tout chaud, elle ferme un peu les yeux, puis les rouvre et tout semble plus coloré. Les filles se sont lâchées sans pourtant vraiment trop s’éloigner comme si maintenant qu'elles s'étaient trouvées, il était impossible de les décoller. Vanille, appuyée sur Gaëlle l'écoute qui raconte son histoire. Elles n'ont décidément pas la même vie mais la rousse comprend bien. Après tout, ses sensations là, elle les connaît aussi, ce sont celles qu'elle a ressenties en entrant à Beauxbâtons et ça ne l'a pas trop dérangée, son soucis c'est le second changement, bien plus difficile à avaler.

Vanille joue avec une mèche de ses cheveux mi-longs, elle l'enroule autour de son doigt inlassablement et la fait passer sous son nez de temps en temps. C'est tout doux. Quand la brune a fini de parler, elle se redresse un peu. Ma maman aussi est sorcière et pas mon papa ! Mais je crois pas qu'il sache que moi et maman on a de la magie en nous, il est fort occupé avec son travail et tout. La petite n'est pas triste, elle ne manque de rien puis il est là quand elle en a besoin, c'est un homme simple et rationnel, sa mère n'avait pas besoin de lui en parler, il faut dire qu'elle n'a pas de don transcendant en ce qui concerne l'utilisation de la baguette magique, son vrai talent ne se révèle que dans le contact avec les animaux alors tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

On est toutes les deux des sangs mêlées alors ! Elle réplique, trop heureuse de se trouver des points communs avec Gaëlle. Tu crois qu'il faudrait se changer ? Elle veut pas dire mais l'heure commence à tourner, le stress monte petit à petit dans sa poitrine, elle a peur et hâte en même temps de passer la cérémonie de la répartition. Comment on va choisir ma maison ? Ça fait peur ? Quand elle la regarde, elle trouve que la brune a l'air sûre d'elle, la petite à peur de ne pas être assez douée pour entrer dans l'école. Il n'y avait pas d'examens à passer mais elle a peur de se ridiculiser devant une assemblée d'élèves qu'elle ne connaît pas. Déjà qu'elle va passer avec tous les petits premières années.

Gaëlle sent un petit vent de révolte en elle. La vie est parfois bien cruelle. Qui, qui, dans ce tumultueux univers a décidé que parler tout en faisant un câlin n'était pas pratique. Qui ? Levez les bras, le fusil (rempli d'eau) pointe sur le bout de vos têtes. On ne peut tolérer pareille injustice. Mais le monde est fait. Elle aura beau sautiller de frustration, nul ne pourra changer l'immondice vérité. Il faudrait peut-être communiquer à coup de bulles envolées, mais une longue conversation serait vite impactée de toutes ces sphères qui se mélangent suite à une seule respiration trop forte. Avec les mots, on s'emmêle. Avec les bulles, c'est pareil.

Néanmoins, il reste toujours un point positif à l'édifice. Elle retrouve le regard pétillant de sa toute nouvelle amie. Voilà qui enlève en un coup de vent toutes les révoltes qui subsistaient en elle. L'enthousiasme d'un nouveau point commun ne la laisse pas non plus indifférente. Je trouve ça super pratique d'être sang-mêlée. On a un pied dans les deux mondes, dans le fond, rien ne nous est étranger. Moi je préfère. Comme ça, on n'a pas l'air perdue devant une voiture ! elle lâche un rire un peu gros en portant la main à son ventre. Sa mama lui avait raconté la première fois qu'elle en avait vue une. Son coeur s'était arrêté de battre et elle avait lâché à son amie qu'un balai pareil ne devrait pas exister tant il était teinté de laideur. Et puis, un pareil engin qui raclent le sol, comme ça doit l'abîmer !

La petite ne laisse pas trop montrer son hilarité. Elle ne veut absolument pas que Vanille croie qu'elle se moque d'elle. Elle remet juste à plus tard le moment de raconter l'histoire. La rouquine a bien raison. Derrière la vitre, le château pointe doucement le bout de son nez. Regardeeee ! Tu as raison, on y est presque. Gaëlle s'assied sur le sol et se met à ranger tout ce qu'elle avait laissé par terre. Elle retrouve même une chocogrenouille dans le coin de son sac datant sans doutes de sa première année. Ah, la voilà ! dit-elle en extirpant sa robe de sorcière. D'habitude elle pense à la mettre, c'est étrange que ça ne soit pas le cas cette fois. Après une petite vérification pour être sûre que personne ne risque de rentrer, elle entreprend d'enlever ses vêtement pour l'enfiler tout en poursuivant ses explications.

Comment ça se passe en France ? De son côté, elle savait à peine qu'il existait d'autres écoles de magie. Ici, il y a un chapeau plutôt malin qui parle. Il te jauge, il sait ce qui sera bon ou non pour toi. C'est un type sympa. Je sais plus si c'est de la peur ou de l'excitation qu'on ressent. Peut-être un peu des deux. On est devant tout le monde et puis ils applaudissent quand on crie le nom de ta nouvelle maison. La mine penseuse, elle finit par déclarer : j'espère vraiment que tu seras avec moi ! Elle étire les bras, bien contente d'être enfin prête et ferme une bonne fois pour toutes ses innombrables sacs. Elles les voient déjà à papoter sur les lits en hauteur, à manger à la même table. L'école n'est que qualité mais c'est dommage qu'elle n'encourage pas plus la mixité entre les différentes maisons. La serdaigle fait volte face: en tous cas je croise les doigts ! et pour appuyer tout ça, elle remue devant son petit nez son index et majeur entremêlés.

L.A. de Gaëlle

Elle a raison Gaëlle, en tant que sang mêlée, elles ont aussi l'esprit plus ouvert que la majorité des détenteur de pouvoirs magiques et en particulier les sangs purs. Vanille ne connaît pas de né moldu qui haïssent les sorciers mais ce n'est pas pour ça que ça ne doit pas exister, après tout, il y avait bien la chasse aux sorcières avant. Quoi qu'il en soit, elle et Gaëlle ne sont pas comme ça, elles sont adaptées à tout, ça les rends un peu spéciales mais ordinaire l'une pour l'autre. Elle aime cette idée.

Sous l'impulsion de son amie, la rouquine se redresse pour tenter d’apercevoir l'école. Le grand château qui se découpe à l'horizon fait battre son cœur un peu plus vite. Enchantée, ses joues rosissent tandis qu'elle se balance d'un pied sur l'autre pour contenir toutes les émotions qu'elle ressent. La brune s'est mise à farfouiller dans ses nombreux sacs pour trouver son uniforme, celui de Vanille est soigneusement plié et placé tout au dessus de sa valise exprès. Elle a pensé à tout. La petite s'habille rapidement, elle tripote un bout de sa robe avec ses ongles et tire un peu dessus pour l'ajuster. La taille est parfaite, elle l'a fait faire avant de venir, mais Vanille est nerveuse.

Son amie lui explique rapidement la cérémonie de répartition et la petite sent un nœud se défaire dans son ventre, elle soupire silencieusement de soulagement. Si ce n'est que ça, il n'y a pas besoin de s’inquiéter, enfin du moins pas pour cette partie de l'aventure. Vanille raconte alors à son tour brièvement de quelle manière l'académie de magie française regroupe ses élèves. Ce n'est – au final – pas bien différent mais vu la réputation de l'école anglaise à former des héros, elle aurait pu s'attendre à quelque chose de plus épique.

Ses joues rosissent de plaisir lorsque la petite perçoit l'enthousiasme qui perce dans la voix de Gaëlle. Amusée, elle croise à son tour les doigts et les colle un bref instant contre ceux de son amie avant de lui offrir un grand sourire. Elle est heureuse de cette rencontre, c'est comme un rayon de soleil dans son ciel gris. Le train ralentit et elle se mord la lèvre inférieure alors qu'une vague de stress s'empare d'elle. Elle décroise les doigts et recommence à tripoter ses longueurs rousses sans trop bien savoir où se mettre. Mal à l'aise, la petite attrape sa valise et la place devant elle comme un mur capable de la protéger avant de se raviser. Il faut laisser nos affaires dans le train, non ? Je crois que j'ai lu ça quelque part.

C'est le moment de sortir, Vanille prend la main de Gaëlle pour se donner du courage. Mais, il est vite temps de la lâcher car une voix appelle les premières années. J'imagine que ça vaut pour moi aussi ? Soupire la rouquine. Laissant son amie à contre cœur, elle se dirige vers la marée de petits surexcités qu'elle ne dépasse même pas d'une tête. C'est donc ici que tout commence.

[Fin du RP pour moi]