Ah, voilà, j’ai enfin trouvé. Propriétés des plantes aquatiques du bassin méditerranéen. Je retire le livre de la bibliothèque, l’observe quelques instants et commence à le feuilleter. Eh bien, l’ami, je suppose que tu aimerais bien savoir ce que je fiche avec ce pesant ouvrage. Pour tout te dire, je cherche quelque chose qui pourrait m’être utile pour un projet personnel. Oui, tu as raison, j’ai aussi essayé d’apprendre à lancer le Charme de Désillusion pour un projet personnel. Ce n’est pas que je prévois beaucoup de choses, c’est surtout que tout ceci n’est lié qu’à un seul et unique but. Mais je ne te dirai rien. Tu n’as pas à tout savoir tout de suite, ce ne serait pas très drôle.

Je ramène le livre jusqu’à ma place, mais je m’immobilise rapidement en apercevant une fille rousse assise à ma table. Ce n’est pas n’importe quelle fille, d’ailleurs. C’est une gryffondor qui vient très souvent lire à la bibliothèque. J’ai parfois l’impression qu’elle vit ici. En plus, elle n’est pas assise n’importe où : pile en face de là où j’ai déposé mes affaires. Je m’installe donc devant elle, en déposant doucement l’ouvrage sur la table. Elle a l’air totalement absorbée par son roman, je ne veux pas la déranger en faisant du bruit.

Je m’étire paresseusement avant d’ouvrir le livre. Les cours de la journée sont finis, je n’ai pas de devoirs, j’ai fini de lire mon recueil de poésie il y a deux jours et je me retrouve quand même ici à bouquiner. Et, franchement, j’aime bien. Le calme de la bibliothèque et la présence d’une telle profusion de savoir à portée de main… c’est mon péché mignon. En plus, il y a souvent du monde et j’adore imaginer ce qu’ils font de leurs journées.

Bref, il faut que je me concentre. Ce n’est pas pour rien que je suis ici. Je tourne frénétiquement les pages à la recherche de la table des matières lorsque j’entends un énorme éternuement à l’autre bout de la bibliothèque. Je lève vivement la tête, suffisamment rapidement pour voir la gryffondor sursauter. Ses joues virent à l’incarnat et elle relève son bouquin très haut pour se cacher derrière. Il n’y a plus que son front qui dépasse. Je souris malgré moi. Après tout, ce n’est pas très grave de se faire surprendre par un simple éternuement. J’ai presque envie de la rassurer. D’instinct, je me penche en avant, veillant à ce que la bibliothécaire ne puisse pas m’entendre, et je murmure à la rouquine sur le ton de l’humour :

 - J’espère qu’il va soigner son rhume, ça peut faire faire des crises cardiaques à n’importe qui un éternuement pareil.

Bon, ce n’est pas très drôle mais j’espère que ça la détendra un peu. T’as rigolé, toi ? Moi, je laisse apparaître un petit sourire pour faire semblant que je trouve ça marrant. Je ne sais pas trop si ça marche.

 - Il a l’air bien ton livre, dis-je pour faire la conversation. Ça parle de quoi ?

Elle rigole à ma blague, c’est plutôt bon signe. Elle a l’air rassurée, un peu plus en confiance. Ça me fait du bien de voir ça. Je me sens utile. Alors je souris de plus belle en m’intéressant à l’ouvrage qu’elle me tend. Un livre de potions ? Pas mal, pas mal du tout même. Il m’arrive d’en lire également. Ce que je préfère, c’est découvrir les effets des mixtures. La préparation, c’est parfois trop compliqué pour moi. Enfin, je me débrouille mais ce n’est pas la partie la plus intéressante à découvrir.

- C'est un livre qui traite des différentes potions qui existent, et leurs effets. Je suis très intéressée par le sujet !

Voilà, c’est bien ce que je pensais. On préfère se renseigner sur les effets que sur la mise en œuvre. Je hoche la tête pour montrer mon intérêt. Parce que oui, ça m’intéresse ! J’emprunterai sûrement le livre, à l’occasion. Cette fille a les mêmes goûts que moi. Dans ce genre de situation, les gens disent généralement que l’autre a « de bons goûts » mais je trouve ça idiot. Ce n’est pas parce que j’apprécie quelque chose que c’est bien, et c’est pareil pour les choses que je n’aime pas. Mais c’est cool de voir qu’on a des points communs, elle et moi.

- Et toi, qu'est-ce que tu lis ?

De quoi ? Ce que je lis ? Je baisse les yeux sur l’ouvrage qui me fait face et ouvre de grands yeux. C’est vrai que je n’étais pas venue pour rien. Cette fille m’a un peu perturbée, apparemment. Qu’est-ce que je cherchais, déjà ? Ah oui, je me rappelle. Il me semble que je ne voulais pas t’en parler, l’ami. Désolée mais c’est un secret. Tu seras mis au courant en temps voulu.

Je passe mon doigt le long du manuscrit. Est-ce que je dois dire à la Gryffondor ce que je cherche ? Je ne pense pas que ce soit nécessaire. Je n’inventerai pas d’histoires, bien sûr, puisque je n’aime pas trop les mensonges. En plus, ça ne me réussit pas. Je referme donc le bouquin pour le lui montrer.

- Propriétés des plantes aquatiques du bassin méditerranéen, dis-je fièrement. C’est de la botanique. J’avais envie de me renseigner sur certains types de plantes en particulier.

Voilà, je pense que j’en ai assez dit. Je relève la tête vers la rouquine et lui adresse un énième sourire. Elle a l’air gentille… Mais j’ai l’impression de dire ça pour chaque personne que je croise, je me trompe ? Je suis peut-être un peu trop naïve. Ou optimiste, va savoir. En tout cas, je pense pouvoir m’entendre avec elle. Je la vois très souvent à la bibliothèque, donc je suppose qu’elle adore lire, tout comme moi. Et elle aime les potions. Moi aussi, j’aime bien. C’est peut-être le début d’une grande amitié ? Ou peut-être que je m’enflamme un peu trop ? Qui ne tente rien n’a rien, comme on dit. Alors je tente, et avec le sourire !

- Au fait, je peux savoir comment tu t’appelles ? Moi, c’est Alice.

La rouquine semble toute gentille. Franchement, l’ami, tu n’es pas d’accord avec moi ? Regarde la bien et ose me dire qu’elle n’a pas l’air sympa. Attends un peu… Pourquoi est-ce que je te demande ce genre de choses ? Tu ne parles jamais, c’est assez idiot de ma part d’espérer que tu me répondes. Et je devrais m’inquiéter si tu te mettais soudainement à parler. Après tout, tu n’existes probablement pas… Mais j’aime bien ta présence, si on peut appeler ça une présence. Du coup… Puis-je supposer que tu es d’accord avec moi, concernant la fille ? On va dire que oui. De toute façon, tu n’as pas ton mot à dire. Je reporte donc mon attention sur la Gryffondor. Elle me sourit et répond simplement à la question que je lui avais posée :

 - Je m'appelle Morgana ! J'allais continuer en te donnant un surnom "pour les intimes", mais je n'ai pas de surnom.

Je laisse échapper un petit rire. Elle a de l’humour, donc. J’ai l’impression que nous sommes vraiment faites pour nous entendre ! Et Morgana est un joli prénom. Je ne m’y connais pas trop en étymologie, mais il est plus ou moins certain qu’il dérive du prénom Morgane. Et, Morgane, c’était une sacrée enchanteresse ! J’ai lu plein de choses sur elle, et j’aime beaucoup son histoire, alors je ne peux pas m’empêcher de m’exclamer :

 - Ça me fait penser à la fée Morgane ! C’était une très grande sorcière, et une animagus de surcroît. Je ne me souviens plus de l’animal dont elle prenait la forme, mais je crois que c’était quelque chose de classe.

J’avais besoin de le dire. Cette fille, Morgana , est passionnée de lecture donc l’histoire de Morgane ne doit pas lui être inconnue. Ça me ferait plaisir d’être comparée à une légende du monde des sorciers, j’espère que c’est également son cas. Mais, en même temps, Morgane n’était-elle pas une adepte de la magie noire ? C’est vrai que, vu comme ça, ce n’est pas très folichon. Et ça peut être vexant si l’on est contre ces choses-là. Tu crois qu’elle va m’en vouloir d’avoir dit ça ? Ce serait bête que je gâche tout en disant des trucs vexants. D’instinct, je me mets à tripoter le coin le plus abîmé du livre qui me fait face et je me mords la lèvre inférieure. Non, ce n’est pas grave. Ce n’est pas grave. N’est-ce pas, l’ami ?

 - Est-ce que tu viens souvent ici ? Parce que je ne fais pas vraiment attention aux visages des autres quand je vais quelque part.

Je regarde la rouquine un instant et me pare à nouveau de mon plus beau sourire. Si elle ne prête pas attention aux autres, c’est peut-être qu’elle aime bien se cacher dans sa petite bulle. Je ferais bien la même chose si je le pouvais, mais le fait de te parler m’empêche déjà d’interagir convenablement avec les autres. Ou, du moins, d’interagir comme je le voudrais avec les autres. Mais bon, j’aime bien te parler alors ce n’est pas très important.

 - Je viens même très souvent, réponds-je avec entrain. J’y vais pour faire mes devoirs, lire des livres ou simplement faire des recherches sur des sujets qui m’intéressent. Du coup, je suppose qu’on peut même dire que je suis tout le temps là, haha !

Et je souris derechef. Oui, décidément, j’ai bien envie d’être son amie. Elle a vraiment l’air sympa. Du coup, il faut que je continue à parler pour faire sa connaissance. Je ne vais pas lui demander si elle passe également beaucoup de temps ici parce que je connais déjà la réponse. Voyons voir… Qu’est-ce que je pourrais lui demander ?

 - Et, du coup, tu es en quelle année ?

Ce n’est pas une question extraordinaire, mais c’est déjà bien. Ça montre que je m’intéresse. Et, en plus, je ne connais pas la réponse. À vue de nez, je dirais entre la cinquième et la septième année, mais c’est assez large. Autant lui demander, comme ça je serai fixée.

La Gryffondor ne s’offusque pas le moins du monde de la remarque que j’ai faite sur son prénom. Au contraire, elle se pare d’un agréable sourire et me répond presque immédiatement. Apparemment, Morgane était un animagus corbeau. C’est vrai que, quand j’étais plus jeune, je voulais m’acheter un corbeau à la Boutique d’Animaux Magiques. Je sais pertinemment que, s’il s’était agi d’une femelle, je l’aurais appelé Morgane. Et si jamais il s’était agi d’un mâle, il se serait nommé Sayre, comme William Sayre qui était l’un des descendants de la fée et le père de l’un des fondateurs d’Ilvermorny.

- Ta réflexion me fait rire car j'ai justement pensé à ton prénom. Pour moi il évoque d'abord le conte Alice aux pays des merveilles, mais si on va plus loin, nous avons aussi Alice Londubat, mais son histoire est assez tragique.

Je me retiens de rire. Franchement, cette fille et moi avons beaucoup trop de points communs. Et, en plus, j’adore l’histoire de Lewis Caroll. En revanche, j’ignore complètement qui est la seconde personne dont elle vient de parler. Alice Londubat ? Ça me dit vaguement quelque chose mais impossible de me rappeler d’où elle vient ou quand elle a vécu. Je décide donc de faire part de mon ignorance à Morgana.

 - C’est une britannique ? Je ne connais pas vraiment l’Histoire magique du Royaume-Uni en-dehors de ce qu’on voit en cours.

J’ai un peu honte, surtout qu’elle a précisé que l’histoire de cette femme est tragique. Alors, comme pour me justifier, je rajoute :

 - C’est parce que je suis américaine… Ça ne fait que quatre ans que je suis dans ce pays.

Très mauvaise excuse, on est d’accord. Mais c’est la vérité ! À la maison, mes livres traitent majoritairement des États-Unis. Et, quand je vais à la bibliothèque, je ne lis pas forcément des manuscrits sur l’Histoire britannique. Maintenant que j’y pense, ça me donne envie de le faire. Ça peut être intéressant. Aller, c’est décidé : demain, j’irai emprunter un ouvrage sur le sujet. Le premier que je verrai, en espérant qu’il soit bien.

Après que j’ai avoué passer beaucoup de temps ici, Morgana suppose que je l’ai déjà aperçue durant mes nombreuses heures de lecture, ce qui est vrai, et ajoute sur le ton de l’humour qu’elle devrait faire davantage attention à ce qui l’entoure. Je rigole de nouveau. Cette fille a du second degré et de l’autodérision, et j’aime beaucoup ça. Je suis contente de voir qu’elle semble apprécier ma compagnie. Ce serait tellement bien que l’on puisse devenir amies.

 - Je suis en sixième année, dit-elle en réponse à la question que je lui ai posée. Et toi ?

Sixième année, donc elle a déjà passé ses BUSE et commence à préparer ses ASPIC. Je m’empêche de lui demander quelles BUSE elle a obtenue car elle peut ne pas vouloir divulguer les résultats de ses examens. Ce serait bête de la froisser pour si peu. Je me contente donc de répondre avec un sourire :

 - Je suis en troisième année. Et, dis-moi, tu as de la famille à Poudlard ?

Question simple, mais je n’allais pas perdre une occasion d’en apprendre plus sur elle. Tu me connais.

- Pour répondre à ta première question, oui, elle l'est. Elle faisait partie de l'Ordre du Phénix avant la chute de celui qu'on appelait "tu-sais-qui" dans les années 70. Après avoir réussi à échapper au seigneur des ténèbres à plusieurs reprises, elle et son mari furent capturés par des Mangemorts et ont subi le sortilège de Doloris. On parle souvent de Bellatrix Lestrange, comme si elle avait été seule torturer ces deux sorciers, mais j'ai lu quelque part que Barty Croupton Jr. aurait participé. Le malheureux couple ont été internés après avoir perdu la raison. Laissant leur fils, Neville, grandir sans ses parents.

Oh, trop d’informations d’un coup. L’Ordre du Phénix ? J’en ai entendu parler mais mon père refuse que je me renseigne sur le sujet. Du coup, je sais juste que c’étaient des justiciers, ou quelque chose du genre. Et je crois qu’ils sont plus trop appréciés aujourd’hui. Tu-sais-qui, je connais. Ouais, faut quand même avoir vécu dans une grotte toute sa vie pour ne pas savoir. Les Mangemorts, je visualise à peu près. C’étaient les partisans de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom, et je crois qu’il y en a encore de nos jours. Mais ils doivent suivre un autre « seigneur des ténèbres », comme elle dit. Bellatrix Lestrange et Barty Croupton Jr., euh… Jamais entendu parler. Mais ça devaient être des Mangemorts, je suppose. L’histoire en elle-même est assez triste, dommage que je ne sois pas assez informée pour tout comprendre. Enfin j’ai compris l’essentiel : la femme a été torturée avec son mari et ils sont devenus fous. Voilà. J’avoue que c’est très badant comme histoire…

 - Ne t'en fais pas, ne pas connaître un personnage historique comme elle n'est pas un crime, j'ai juste une mémoire sélective, qui se base sur des critères que même moi je ne connais pas.

Ah, vraiment ? Tant mieux dans ce cas. C’est vrai que je ne me rappelle pas avoir déjà entendu parler d’elle. Et c’est vrai que j’ai moi-même une mémoire sélective, j’ignore d’ailleurs sur quoi elle se base.

En m’entendant évoquer sa famille, Morgana semble hésiter un instant, pas très sûre d’elle. Mais elle finit malgré tout par me répondre :

 - Non, enfin j'ai déjà entendu des élèves qui portaient le même nom de famille, mais je ne les connais pas ! Et toi ?

Je n’arrive pas trop à la cerner, pour le coup. Pourquoi est-ce qu’elle a hésité avant de répondre ? J’ai dit une bêtise ? Peut-être qu’elle a un problème avec la famille, ou peut-être que, comme moi, elle aimerait que sa famille soit à Poudlard avec elle. Oui, c’est sûrement ça. La solitude est la pire chose qui existe, tu peux me croire. Et, du coup, je comprendrais qu’elle n’ait pas envie d’en parler. Et, pour le reste, ça arrive que des gens portent le même nom de famille, mais je suis très heureuse d’être, à ma connaissance, la seule Marshall de l’école. Manquerait plus qu’il y en ait d’autres, tiens ! Je suis pas certaine qu’ils apprécieraient d’être comparés à moi, sauf pour les sortilèges et la médicomagie peut-être.

- Moi non plus, dis-je, et je crois qu’il n’y a personne d’autre avec mon nom de famille. Je suis d’ailleurs la seule de ma famille à avoir étudié à Poudlard. Ma mère était à Uagadou et mon père et mon frère à Ilvermorny.

J’en dis peut-être trop, ou peut-être pas, j’en sais rien. J’aime bien parler alors, pour une fois que je croise quelqu’un de sympa qui accepte de discuter, je ne vais pas me priver.

- Oh tu as l'air d'avoir une famille venant de beaucoup d'horizons ! Je ne connais pas très bien ces deux écoles, elles ont l'air très intéressantes !

Ah, enfin un sujet que je connais bien ! D’un côté, elle n’a pas tort en disant que les horizons d’où je viens sont nombreux. Après tout, je suis une américaine dont la mère est égyptienne. Et, pour couronner le tout, je vis en Angleterre avec mes parents tandis que mon frère Ayden s’est installé en Océanie. J’ai de la famille aux États-Unis ainsi qu’en Égypte et je crois même que l’un de mes oncles a déménagé pour aller en France. Alors, oui, je suppose qu’on peut dire que ma famille provient d’horizons nombreux et très divers. Je dirais même que c’est un doux euphémisme.

Mais comment pourrai-je condenser toutes ses informations pour offrir une soupe plus digeste à la Gryffondor ? À mon avis, ne s’attarder que sur les origines serait un bon début. Le reste n’est qu’accessoire.

- Oui c’est vrai, avoué-je donc avec un sourire en coin, ma mère est née à Alexandrie et mon père à Washington.

C’est un très bon résumé. Je ne la noie pas d’informations et, en même temps, elle en apprend un peu plus sur moi. Je trouve ça plutôt bien.
Pour revenir sur l’ignorance de Morgana sur les deux écoles de magie, je suppose que c’est tout à fait normal de ne pas se renseigner sur le sujet lorsque l’on n’est pas touché directement. Pour ma part, toute ma famille y a étudié, c’est donc assez logique que je connaisse bien ces deux institutions.

- Elles sont très intéressantes, je te le garantis. Ilvermorny est une école qui enseigne la magie aux sorciers nord-américains. Elle se trouve dans le Massachusetts, au sommet d’un mont. Là-bas, il y a quatre maisons, comme ici, mais ce sont des statues qui choisissent si elles te veulent ou non dans la maison qu’elles représentent. Et, s’il y a plusieurs statues qui te désirent à leurs côtés, tu peux choisir celle que tu préfères ! Mais, pour moi, le fait le plus important est que la baguette de Salazar Serpentard est enterrée sous une amourette juste au dehors des murs.

Je lui laisse le temps de digérer ce que je viens de raconter. C’est que je connais bien cette école et je ne veux pas la noyer sous une tonne de détails inutiles. J’ai donc dit ce que je considère comme essentiel à savoir, ni plus ni moins, même si je me permets d’ajouter avec un petit sourire :

- Si mon père n’avait pas été muté, j’aurais étudié là-bas.

Parce que, quand j’étais plus jeune, je n’arrêtais pas de m’imaginer dans cette merveilleuse institution. Mais, finalement, je suis plutôt contente qu’on se soit installé en Angleterre. J’ai rencontré pas mal de gens sympas, ici. Et, plus important encore, je t’ai toi. Tu es arrivé après le déménagement, l’ami, alors imaginer ma vie sans cet événement reviendrait à imaginer que tu ne sois jamais venu à ma rencontre. J’ai des frissons rien qu’en y pensant.

- Concernant Uagadou, ajouté-je, c’est une école se situant en Ouganda, construite sur un flanc de montagne et dissimulée par de la brume. C’est une très vieille institution, longtemps préservée de la civilisation européenne. Par conséquent, les élèves sont des adeptes de la manumagie. Et ils sont aussi très portés sur l’astronomie, la métamorphose et l’alchimie. Ma mère a étudié là-bas, ainsi que ses parents et leurs parents avant eux.

Et ma mère est une grande alchimiste, une animagus et un génie de la métamorphose. À mon avis, l’enseignement là-bas est de bonne qualité. Mais, malgré tout, je suis très heureuse de n’y avoir jamais été. Tu m’imagines, entourée de sorciers capables de métamorphoser tout et n’importe quoi ? Quelle horreur.

Durant toute mon élocution, Morgana me regarde avec intérêt, dévorant mes paroles. J’ai l’impression de me voir lorsque j’étais plus jeune, quand Ayden me racontait tout ce qui lui arrivait à Ilvermorny, en Égypte et, plus récemment, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Ça me fait plaisir alors je fiche une énième fois un sourire sur mes lèvres. C’est drôle, d’habitude c’est moi qui écoute les histoires des autres. Ça fait même un peu bizarre.

Lorsque j’en viens à parler de Uagadou, je vois les yeux de la Gryffondor pétiller. Elle est véritablement émerveillée. Quelle ironie, sachant que cette école ne m’aurait certainement pas convenue. C’est pour cette raison que j’explose de rire quand elle me dit :

- Pourquoi n'as-tu pas été dans la même école que ta maman ? Ne regrettes-tu pas d'être ici à la place ?

Non mais c’est vraiment hilarant, tu ne trouves pas ? Moi, qui suis la plus mauvaise en métamorphose… J’aurais fait des ravages là-bas, mais pas dans le bon sens du terme. En fait, je crois que j’aurais même fait exploser l’école entière. Alors c’est vrai qu’elle a l’air très intéressante de part son ancienneté et sa localisation, mais les enseignements qui y sont dispensés sont très loin de ce qui me fait vibrer généralement.

- Je ne regrette pas du tout ! La métamorphose et moi… c’est pas l’amour fou. Je suis beaucoup mieux à Poudlard, avec les potions, les sortilèges et la médicomagie.

Je finis avec un rire franc, parce que je trouve quand même ça très drôle. En revanche, la Gryffondor semble très intéressée par cet établissement de l’Ouganda. Je suppose que ça peut se comprendre, beaucoup de gens apprécient la métamorphose, et l’astronomie a plus d’adeptes qu’on pourrait le croire.

- Tu aurais bien aimé y aller, je me trompe ? demandé-je avec un sourire. Si tu veux, je pourrais te présenter ma mère. Elle serait très heureuse de te renseigner sur Uagadou.

Et ce n’est pas du tout un mensonge. Cette école est le meilleur endroit qui puisse exister sur terre aux yeux de ma mère. Et je sais qu’elle aurait bien aimé qu’Ayden et moi y fassions nos études, mais la distance l’a dissuadé de nous y envoyer. Pour mon plus grand bonheur, cela va sans dire.