La Gryffondor semble légèrement étonnée de mon hilarité soudaine. Ça me fait rire encore un peu, puis je me rappelle finalement que je ne suis pas censée faire du bruit. C’est vrai que j’avais légèrement oublié qu’on se trouve actuellement dans une bibliothèque. Un rapide coup d’œil balaye les alentours, mais je n’ai pas l’impression que la bibliothécaire nous ait remarqué. Tant mieux, j’ai envie de dire.

- Et bien, non tu ne te trompes pas, mais cette école est très éloignée de ce que j'ai toujours connu, ce qui m'effraie un petit peu honnêtement.

Et c’est tout à fait normal d’avoir peur de l’inconnu. Moi-même, j’ai eu beaucoup de mal à accepter le fait d’aller à Poudlard, surtout que je ne connaissais personne qui y avait fait ses études. Tu t’en souviens, n’est-ce pas ? Je n’arrêtais pas d’angoisser en lisant et relisant L’Histoire de Poudlard, et je te posais sans cesse des questions pour essayer de glaner quelques informations utiles. Et, comme à ton habitude, tu ne me répondais jamais.

- Je comprends totalement, dis-je d’un air réconfortant, j’étais moi-même terrifiée en arrivant en Angleterre. Et je n’étais pas enchantée à l’idée d’étudier à Poudlard puisque je ne connaissais pas du tout l’école.

Puis Morgana accepte ma proposition de lui présenter ma mère, en précisant que « Si ta maman est aussi sympa que toi je pourrais passer un très bon moment ! ». Ce qui signifie, si je ne suis pas trop à l’ouest, qu’elle me trouve très sympa ! Wouah, c’est qu’elle sait comment faire passer subtilement un message. Et ce message me plaît beaucoup, alors je me mets à rougir comme une idiote. Et je souris également, mais ça c’est normal puisque je le fais sans arrêt.

- Elle est adorable, tu verras. Et elle aime bien rencontrer de nouvelles personnes, surtout lorsque celles-ci sont aussi agréables que toi.

Bah oui, l’ami, je veux lui rendre son compliment. Parce qu’elle le mérite, déjà, elle est vraiment gentille, et aussi parce que c’est un juste retour des choses. Elle me fait un bel éloge donc je veux lui rendre la monnaie de sa pièce. Et ça peut être dur de dire ce qu’on pense de quelqu’un, surtout quand on vient de se rencontrer, alors j’applaudis d’autant plus son courage.

- Dis-moi quand tu veux la voir et on pourra s’organiser ça, rajouté-je. Un week-end ou pendant des vacances, selon tes préférences et ses disponibilités.

La Gryffondor me rassure en disant qu’elle-même aurait eu une grosse appréhension à ma place. Je ne réponds rien mais, au fond, je trouve ça assez drôle. Parce que, selon moi, il y a beaucoup moins de différences entre Illvermorny et Poudlard qu’entre Poudlard et Ouagadou. Elle devrait donc avoir plus de raisons de s’inquiéter d’aller dans l’école ougandaise que moi lorsque je suis arrivée ici. Mais un changement reste effrayant, peu importe le nombre de similitudes entre l’avant et l’après. Moi, j’ai quitté mes amis, mon école… Ça n’a pas l’air d’être grand chose mais c’est très déstabilisant. Mais le pire, c’est quand je me suis rendue compte que l’accent anglais s’était immiscé partout. Et moi, je n'arrive pas trop à parler comme les anglais. J’ai parfois du mal à cacher mon origine américaine à cause de ça, et ça me donne l’impression d’être totalement décalée. Mais bon, je suppose qu'il y a pire dans la vie.

Le compliment que j’ai laissé échapper arrache un petit sourire à la rouquine. J’aime bien faire plaisir à ceux qui m’entourent, alors je me sens plus légère en voyant sa réaction. Et c'est donc avec un grand intérêt que j'écoute la réponse de la jeune fille.

- Pour ma part je suis toujours disponible pendant les vacances vu que je les passe ici. Du coup je bloquerai la date qui arrangera ta maman.

Cette information me fait hausser un sourcil. Alors comme ça, elle passe ses vacances ici ? Quelle chance ! Tu dois te souvenir de Noël dernier, l’ami. C’était catastrophique. Ça l’est presque toujours, d’ailleurs. Si encore Ayden était là, mais il n’est jamais là… Même quand il est censé venir, il ne vient pas. C’est très frustrant, et blessant aussi. Alors j’espère vraiment que je pourrai rester ici la prochaine fois. Enfin pas pour Pâques parce que je dois récupérer quelque chose à la maison et faire des recherches dans les bouquins de mon père. Mais peut-être pour le prochain Noël ?

Bip ! Bip !

Tiens ? Une petite sonnerie vient de retentir. Je jette un coup d’œil interrogateur à Morgana avant de me rendre compte que, en fait, c’est ma montre qui vient de sonner. Je regarde donc l’heure qu’il est et me mords la lèvre. Mince, j’avais complètement oublié que je m’étais fixé une limite de temps, mais il est vrai que j’ai beaucoup de travail pour demain et je ne peux pas me permettre de le bâcler. Alors… je suppose qu’il faut que je retourne dans la salle commune. Quel dommage, pour une fois que je rencontre quelqu’un de sympa à la bibliothèque !

- Vraiment désolée, dis-je d’un air triste à la Gryffondor. Il faut que j’y aille, j’ai plein de choses à faire.

Je jette un regard dépité au vieux livre qui me fait face. Finalement, je ne l’aurais même pas lu. Je le referme donc et le prends dans mes bras. Oh non, l’ami, je ne vais certainement pas le ranger. J’ai trop besoin de savoir s’il contient des informations qui pourraient m’être utiles. Je vais plutôt l’emprunter pour pouvoir le lire avant d’aller me coucher. Oui, c’est une bonne idée. Du coup, je me redresse et accorde un regard désolé à Morgana. Qu’est-ce que j’aimerais rester ici ! Mais j’ai vraiment intérêt à travailler si je veux continuer d’avoir des bonnes notes… Donc, malheureusement, le choix est vite fait.

- Je t’envoie un hibou dès que j’ai une réponse de ma mère, alors surveille bien ton courrier. À la prochaine !

J’accorde un dernier sourire et un signe de tête à la rouquine et commence à m’éloigner, le livre toujours dans les bras. Maintenant, je n’ai plus qu’à aller emprunter l’ouvrage et je serai libre de retourner dans mes dortoirs.