Samedi matin, me voilà dans le parc de Poudlard en train de trépigner sur place. C'est qu'il fait encore frais frais le matin ! Habillée d'un gros pull à capuche aux couleurs bariolées, d'un blue jean et de mes baskets,  je sautille sur place pour me tenir chaud. Capuche rabattue pour protéger mes oreilles et mains dans la poche ventrale de mon sweat, on peut pas dire que je respire la distinction accoutrée comme ça !

J'ai donné rendez vous ce matin à Matt, le garçon de Gryffondor que j'ai rencontré par hasard en train de mettre le bazar dans le bureau de la prof de vol. Lui et son copain m'avaient fait une bonne impression ! Suffisamment pour que je m'incruste avec eux de temps en temps quand ils jouent ou que je pense à eux quand j'ai besoin de demander un coup de main d'un genre particulier ... comme c'est précisément le cas aujourd'hui !

J'ai passer un mot au blond en lui disant de venir me rejoindre ici ce matin et que j'avais un truc d'enfer à lui montrer (Ce qui est carrément vrai ! ). J'ai aussi essayé de faire venir Arthur, son copain de maison, mais sans succès. Pourtant ca doit pas être le genre à dire "oh non, j'ai trop de travail, je dois réviser". Il devait être occupé ailleurs j'imagine.

Matt est du genre lève-tard ? J'espère qu'il va pas m'obliger à aller taper à la fenêtre de son dortoir. Je suis sûre que les préfets trouveraient à y redire ... (Gnagnagna, dortoir des garçons, t'es une fille, blablabla. Pff )

Je prend donc mon mal en patience et finis par me mettre à faire les cent-pas sur le sentier du parc. Je souffle en l'air pour observer les volutes de buée qui se perdent dans l'air matinal. Je m'amuse ensuite à titiller du bout du doigt un massif de géraniums dentus à côté duquel je passe. Elles remuent à peine, leurs fleurs mordeuses ne sont pas encore ouvertes. Je suis déçue. Je soupire et me remets à marcher sans but.

Et après on dit que ce sont les filles qui sont longues à se préparer ... Le temps me parait long. J'aurais peut être pas du venir autant à l'avance en fait ...

Ah le voilà enfin !

« Désolé. J'étais en train de me coiffer. Et ensuite je me suis perdu. » Je répond à son sourire. C'est du pipeau on le sait tous les deux, mais ca me fait rire.

Hey Matt, salut ! Clair que t'as du y passer la matinée ! Mon ton est évidemment teinté d'une douce Ironie.

Petite vanne du matin. Il comprendra que c'est gentil. J'espère. En tout cas je suis bien contente de le voir.

« Fait longtemps que tu m'attends ? »

Je hausse les épaules, l'air de minimiser les choses.

Boaf. Ça va. Je n'ai eu le temps de compter que 14934 brins d'herbe, tu m'as interrompu avant que je finisse. Ah j'ai pas pu m'empêcher ! C'est marrant. Pourquoi est-ce qu'à chaque fois que je le vois, j'ai envie de l'asticoter ? Une petite vengeance pour continuer de lui faire payer notre toute première rencontre ? Hum ... je crois pas non. Je fais pas ça du tout méchamment.

Allez viens c'est par là, c'est un truc génial ! Tu va voir !

Sans faire trainer davantage, je lui fais signe de me suivre et l’entraîne vers mon petit bout de jardin aménagé derrière les serres. C'est vraiment pas loin de là où on est. Si un doute subsistait, j'ai entouré le bout de terrain de petits panneaux en bois peints à la main :

Jardin de Daisy <3. Sur certains d'entre eux, une petite pancarte a été rajoutée Arrêtez de piétiner mes trucs ! Je vais finir par piéger !!

Je marche d'un bon pas mais détail qui cloche finit par me frapper. Juste avant qu'on arrive en bordure de mon jardin, je tourne la tête vers lui pour y regarder à deux fois et être sûre.

Hey mais ... t'as perdu ton bonnet ? Perdu oui. C'est la seule explication que je vois à l'absence de couvre-chef. Matt n'aurait jamais "choisi" de sortir sans. C'est la loose .. il t'allait bien. Je compatis pour du vrai cette fois.

Samedi matin. Arthur dormait paisiblement, la couette levée jusqu’au niveau des yeux. Oui, il était frileux. Rares étaient les fois où on le voyait levé avant l’heure du déjeuner pendant le week-end. Il sortait du lit à peine quelques minutes avant, souffrant d’un ventre vide qui ne cessait de gargouiller. Habituellement, il avait un sommeil lourd ce qui lui permettait de ne pas se faire réveiller par les lève-tôt, personnes qu’il ne comprenait pas, ou encore par les rayons du soleil qui traversaient les rideaux du dortoir. Cependant, aujourd’hui, il se fit réveiller par un élève. Il ne prit même pas la peine de vérifier qui était le coupable, mais il ronchonna. Il ouvrit tout de même les yeux pour vérifier l’heure. Dehors, il ne faisait pas encore totalement jour, mais quelque chose sur sa table de nuit attira son attention. Un papier froissé. “P*tain”, il jura intérieurement. Voilà pourquoi il s’était réveillé. Inconsciemment, il savait qu’il avait quelque chose à faire.  

Dans la semaine, le lion avait croisé Daisy qui lui avait donné un papier lui demandant de la rejoindre samedi matin, dans le parc de Poudlard. Sans aucune précision. Il avait récupéré le mot, mais avait complètement oublié de lui répondre. Tout comme il avait oublié le rendez-vous. Il attrapa la couette et la releva jusqu’au sommet de son crâne. Il ferma les yeux, cherchant la motivation pour se lever aussi tôt, surtout pour aller dehors alors qu’il faisait très certainement froid. Finalement, il se rendormit… Fort heureusement, seulement pendant dix minutes. Il se réveilla en sursaut. Arthur jeta sa couette à ses pieds et se leva d’un bond. Il passa rapidement à la salle de bain, puis il attrapa discrètement les premiers vêtements qu’il trouva, c’est-à-dire, un sweat à capuche noir en effet peau de mouton, cela allait parfaitement avec ses bouclettes, accompagné d’un jean et d'une paire de basket. Ah et n’oublions pas sa casquette. Il enfila cette dernière et pour encore plus se protéger du froid, il mit sa capuche sur sa tête.  

Arthur était certes en retard, mais il était inutile de se presser. Il passa d’abord dans la Grande Salle pour récupérer deux viennoiseries françaises, puis prit la direction du parc. Il se fit surprendre par l’air frais et frissonna. Décidément, après quinze ans d'existence, il n’arrivait toujours pas à s’habituer au froid. Au loin, il remarqua deux silhouettes. Il reconnut Daisy qui était face à lui et ne reconnut pas encore l’autre personne qui était de dos.  Ils se dirigaient à l’arrière des serres, alors le bouclé accéléra le pas pour ne pas se faire distancer. Il les rattrapa et put enfin reconnaître Le Deliers, sans son couvre-chef. A leur hauteur, il enleva sa capuche et sourit légèrement.

– Désolé Daisy... De ne pas avoir répondu et d’être en retard, j’avais complètement zappé. J’ai récupéré ça pour me faire pardonner. Il tendit la viennoiserie à la jeune fille tout en lui faisant un clin d’œil, puis il se tourna vers son collègue de maison. Mec, déso je savais pas que tu étais là. On fait moit-moit ? Dit-il en montrant son petit-déjeuner.  

Il ne savait pas ce qu’il faisait là, mais lorsqu’il avait lu qu’elle avait quelque chose d’incroyable à montrer, il l’avait cru et il était curieux de savoir quoi. Tant pis pour sa grasse matinée, il aura tout le temps de la faire demain. Puis, il ajouta :

– C’est rare de te voir sans ton bonnet. Non conscient que Daisy venait de faire la remarque il y a quelques secondes.

-Ah ouais. Moche pour ton bonnet. Tu voudras que je t'en prête un des miens ? Tu pourras en changer la couleur si ils te plaisent pas ...

Je compatis. C'est le monde à l'envers un petit peu. Moi qui m'étais promise un jour de lui piquer son bonnet pour l'essayer, je lui propose maintenant  de le dépanner. Comme quoi la vie réserve des surprises !  

D'ailleurs je suis toute aussi surprise quand je vois Arthur débarquer. Une agréable surprise ! Je m'attendais pas à ce qu'il vienne. En plus il ramène le petit déj' !  C'est de la gourmandise (parce que j'ai déjà déjeuné !) mais j'accepte quand même avec un sourire reconnaissant.

-Hey salut Arthur ! Merci pour le déj'. C'est cool que tu sois là.

L'aveu de Matt me passe complètement au dessus de la tête. Je ne le remarque même pas. Je mord dans la viennoiserie et retire les ficelles entourant mon jardinet. Je les invite à me suivre d'un geste tout en mangeant. Je les mène vers le fond, vers une espèce de grand cube bâché posé entre des pots vides.

Une voix tonitruante retentit de la grande boite couverte.

Enfo*rééé de fils de [ dialogue censuré, imaginez une profession réputée être le plus vieux métier du monde, en quatre lettres ! Si vous ne devinez pas, c'est que vous êtes trop jeune pour lire ce rp ] !

Ah il est réveillé ! dis-je avec un grand sourire. Il a du nous entendre approcher.


Je m'approche et tire la bâche, dévoilant en fait une grande cage en acier. (Un vieux machin rouillé trouvé dans les réserves ... c'est fou le nombre de bidules jetés aux oubliettes au fond des cabanes à jardin) Mais c'est pas tant la cage qui attire le regard que son occupant : Une espèce de gros furet ébouriffé, l'air passablement énervé.

-Viens m'embrasser le [ Dialogue censuré, imaginez ce que vous voulez comme partie du corps fort vulgaire ], espèce de face de [ censuré idem, mais on reste dans le même champs lexical ! ]  ! Oui c'est bel et bien de sa bouche que sort ce langage fleuri.

-Je vous présente Gaston ! Un Chartier ! Je l'ai attrapé ! On dirait que j'ai pas dégnommé suffisamment, il est venu dans mon jardin se faire son casse-croûte. Alors je l'ai piégé.

De fait, il y avait dans sa cage les restes d'un gnome à moitié boulotté. Un spectacle peu ragoutant pour les coeurs sensibles. Moi je finis les dernières bouchées de mon croissant, indifférente à la "viande" étalée. L'animal magique continue de nous agonir d'insultes. J'avoue qu'il y'en a certaines que je ne comprend pas.  Notamment ce qui concerne les instruments en bois servant à fumer ...

-Vous en pensez quoi ? C'est pas génial ça ?? Je regarde Matt et Arthur tout à tour. Est-ce que le potentiel incroyable de cet animal va leur sauter aux yeux comme il a sauté aux miens ?

En tout cas je glisse insidieusement une idée.

-On peut même lui en apprendre de nouvelles insultes ... Vous voulez essayer ? Oui j'ai fait le test ... Et ca marche. Et même avec les langues étrangères. Si le chartier se met soudainement à crier des insultes en français, je pourrais plaider coupable ! Ils sont forts les français pour avoir des jurons qui ont la classe.

Arthur n’avait absolument rien contre l’idée de partager son petit-déjeuner. L’altruiste en lui, applaudissait son geste, mais son ventre était actuellement en train de le haïr. Le dîner commençait à dater. Heureusement pour lui, Le Deliers déclina l’offre et à la seconde même, Arthur croqua dedans son croissant avec appétit.  

– Mmh, les Anglais ont le don de ne pas chavoir faire des viennoiseries auchi bonnes qu’en Franche. Dit-il, tout en reprenant quand même un morceau. Et chi tu veux Matt, on cherchera ton bonnet après.

Le lion suivi Daisy et Matt vers le fond de la serre. Face à lui, une bâche. Il fronça les sourcils, curieux, puis sursauta soudainement, suite à des insultes venues de nulle part. La Poufsouffle n'était pas étonnée, plutôt souriante même. Aurait-elle osé enfermer quelqu’un dans une serre ? Non, voyons, elle était trop jeune, trop petite et trop innocente pour faire quoi que ce soit de mal à un élève. Il pencha légèrement la tête sur le côté. La bâche se retrouva au sol. Arthur écarquilla les yeux et ouvrit la bouche. Il était impressionné par la créature mais aussi par la jeune fille qui avait capturé le Chartier.  

– P*taiiiin...  Chuchota Arthur.

Le lion s’approcha du gros furet qui ne cessait de les insulter et s’accroupit face à lui. Il engloutit une dernière fois sa viennoiserie et observa l’animal avec admiration. Il se retourna vers la Poufsouffle, un grand sourire aux lèvres.

– Daisy, cette chose est incroyable. Comment t’as fait pour le capturer ?  

En écoutant l’idée de la jeune fille, il se tourna à nouveau vers la créature, mais s’écarta sur le côté pour laisser Matt l’observer aussi.  

– Daisy, en fait, c’est toi qui es incroyable. Ton idée, c’est du génie. Comment on fait pour lui en apprendre ? Et tu veux en faire quoi après ? Les professeurs sont au courant ?

Trop de questions traversaient l’esprit du jeune homme, mais comment faire autrement et rester calme face à cet adorable Gaston ?

L'élan d'approbation immédiate des deux griffondors me fait un plaisir fou ! Leurs compliments me va droit au cœur, je dois même en rougir un peu. (Ils mettront ça sur le compte du froid ! Enfin ... peut-être ... ?)

-Oh heuh ... oui ! Je l'ai appâté avec un gnome attaché dans cette cage ... C'était pas difficile mais ca a demandé de rester à l’affût un moment !

Pas un seul instant l'idée m’effleure qu'il s'agit d'un traitement cruel pour le gnome. Les chartiers mangent les gnomes, point. C'est la nature. Qu'il soit vaguement humanoïde change rien à mes yeux. C'est comme si j'avais attaché un asticot au bout d'un hameçon. Même méthode, même but.

Gaston réplique avec vindicte à l'insulte de Matt.

-T*te de noeud toi même face de [ Dialogue censuré ! Les lecteurs imaginatifs peuvent m'envoyer en rp des propositions, les meilleurs retrouveront une touffe du pelage de Gaston la prochaine fois qu'ils se promèneront dans le parc]. Ta soeur en string sur un balais !

Evidemment je ne peux pas m'empêcher d'en rire.

-C'est moi qui l'ai appelé Gaston ! Et si ca tombe c'est Gastonne ... J'en sais rien. Et non les professeurs sont carrément pas au courant ! Faut surtout pas qu'ils le soient ! En vrai, j'envisage de l'utiliser pour faire une sacrée blague !

Conscient d'être au centre de l'attention, Gaston intervient de sa voix grinçante.

-Vos mères [ Dialogue Censuré , mais imaginez que vous ne voudriez plus faire la bise à ces braves dames après ] à l'Occamy.

J'écarquille les yeux et gonfle un peu les joues sous l'insulte. Je sens de nouveau le rouge me monter aux joues. Là c'était vraiment vulgaire ...

- Oh heuh ... L'Occamy ? Je bredouille, gênée malgré moi. Le petit diable va un peu plus loin que je voudrais. Mais je dois pas perdre la face devant les deux gars qui ont du en entendre bien d'autres ... J'imagine que d'autres élèves ont joué avec lui dans le parc ... Je sais pas où il aurait appris ca sinon ... Ah oui parce qu'il répète les insultes qu'il entend. J'imagine que les parents apprennent ce qu'ils savent à leurs petits et que par la suite ben ...  ils doivent apprendre seuls.

-p***** de b***** de m**** ! *En français Lâchez moi la grappe !

- Ah, les insultes en français par contre, c'est de moi ... Dis-je avec une pointe de fierté dans la voix par contre.

Arthur fit une moue impressionnée. Il n’aurait sûrement pas été aussi doué pour capturer la créature.  La jeune Poufsouffle était pleine de ressources. Le lion se tourna à nouveau vers elle et lui demanda très sérieusement :

– Y a des trucs que tu sais pas faire Daisy ?

Il sourit face à au rougissement de la jeune fille et réfléchit à la meilleure insulte possible. Il ne put s’empêcher d’éclater de rire lorsque le Chartier se mit à parler de leurs mères qui allaient s’amuser au bar.  

– Ok, il est déjà pas mal niveau insulte. Presque plus inventif que moi.  

Le bouclé écouta Daisy s’expliquer, mal à l’aise. Il répétait toutes les insultes qu’il entendait, et apprenait celle de ses parents. Cette créature devait être une encyclopédie à vulgarité. Certainement qu’il connaissait plus d’insultes que lui, et en plus, en plusieurs langues. Arthur écarquilla les yeux lorsqu’il parla en Français.

– Tu parles français Daisy ? Stylé. Il ajouta dans sa langue maternelle : Très bien, alors qu’est-ce que je vais lui apprendre ? Il reprit en anglais : Les miennes n'ont pas beaucoup de sens et sont moldues... je trouve que les insultes du monde sorcier ne sont pas assez violentes. Après j’avoue que j’insulte pas beaucoup les gens. Vous savez ce qui est drôle ? Il fixa le Chartier droit dans les yeux. “Catapulte toi, fils de p***”.  

Arthur se releva et posa une main sur l’épaule de la jeune Poufsouffle.  

– Gaston est parfait. Imagine un peu qu’il s’échappe malencontreusement dans la Grande Salle ?  

Il lâcha Daisy et mit les mains dans ses poches. Il posa son regard sur Matt, puis sur l'animal.

– Y a matière de faire une bonne blague ouais. Dit-il presque rêveur.

– Y a des trucs que tu sais pas faire Daisy ?

Whoah carrément. Venant d'un autre j'aurais pu croire à de l'ironie mais non. Arthur a l'air d'être sincère.

-Oh heuh ... ben ...oui ... j'me foire sur des tas de trucs tu sais ... tout l'temps.

Je suis hésitante, je tripote à mes cheveux pour me cacher le visage par réflexe. Une belle démonstration que l'éloquence ne fait pas non plus partie de mes qualités premières, il suffit d'un compliment inattendu pour me faire perdre mes moyens et de nouveau me faire rosir les joues. Je donne vraiment cette impression-là ? Peut-être que je me la joue trop ... ? Je déteste les gens qui se la jouent trop !

Heureusement la conversation enchaîne sur autre chose.

-Oh heuh ... oui, un peu. Ma maman est française. Elle a essayé de m'apprendre un peu. Beaucoup en fait. Mais j'étais pas forcément été l'élève la plus disciplinée pendant les leçons qu'elle me dispensaient avec patience. Mais les jurons ça vient pas d'elle ! Tu es français toi du coups ? Stylé.

Je rajoute avec un ton espiègle. Ça explique pourquoi nos croissants étaient pas assez bien pour toi. Je sais que c'est pas du tout ce qu'il a dit. Mais je le taquine. Je vous ferai des cookies à l'occasion.

Je regarde ensuite les deux gars essayer d'apprendre leur insulte en français à un Gaston récalcitrant en train de montrer les dents. Ma compréhension de la langue de ma mère est imparfaite, mais je peux en imaginer vaguement le sens. Je pouffe de rire de les voir aussi assidus face au Chartier. Mention optimale en soin aux créatures magiques.

Evidemment, pendant tout ce temps, Gaston donne la réplique en filigrane. Les mots orduriers continuent d'être débités à flot régulier.  Certains ont un sens très mystérieux pour moi. Je ne peux en citer qu'un florilège, difficile de se concentrer au milieu du babillage constant du pseudo-furêt.

"- Eh banane, t'es plus c*n qu'un troll qui vient d'naître." (Là je comprend )
 
"- T'as été fini à la [Dialogue censuré. Liquide corporel nauséabond ] sale [Dialogue censuré. Personne née hors des lien sacrés du mariage] !" (Là c'est déjà plus obscur )

"- Fermez vos clapets les p*ceaux, vous êtes pas prêts de jouer la culbute avec vos tronches boutonneuses" (Ouch ...)

"- Elius il s'tripotte chez Gringot" ( Qu'est ce que ca peut bien vouloir dire ?? Même si le sens est obscur pour moi, ca ne fait que confirmer ce qu'on se disait : Gaston a visiblement déjà croisé le chemin d'élèves de Poudlard.)

Enfin le chartier finit par lancer le tant attendu :

"-Catapulte toi, fiiiils de p*********** !" * en français

Je salue ce succès par de joyeux applaudissements.  Quand ils évoquent l'avenir du petit Chartier, j'ai l'air de réfléchir.

- Ah c'est vrai que de Lanxorre ca lui ferait les pieds ! Mais si je me fais attraper je peux dire adieu au petit bout de jardin qu'elle me laisse utiliser ... Ce serait vachement dangereux pour moi ! J'adore jardiner ici. Et puis je crois qu'elle est un peu méchante, elle ferait peut-être exploser le pauvre Gaston ...

Faire une bonne blague oui, mais risquer de tout perdre pour ça ? Non. Et c'est pas forcément que j'aime de Lanxore, mais je me sentirais mal de mordre la main qui me nourris. Ça me paraîtrait très ingrat, même envers cette femme peu agréable. Indirectement, le jardin, tout ça, c'est quand même grâce à elle. Ou du moins parce qu'elle le tolère.

A vrai dire, j'avais imaginé l'utiliser pour venger une de mes copines qui a été punie par une préfète un petit peu vache ... J'ai regardé cette nuit et j'ai trouvé un endroit parfait dans les poutres du plafond, juste au dessus de là où elle dort, dans le dortoir des septième années. C'est là que je comptais aller le fourrer.

Un plan aux petits oignons avait germé dans ma tête. Ils ont l'habitude de me voir passer avec des pots, je participe activement à l'entretien de toutes les plantes du terrier. J'aurais pu introduire le chartier sans éveiller les soupçons à un moment de la journée où tout le monde sera parti. C'est l'avantage du samedi : les salles communes se vident quasiment entièrement. Et Cassie, ma "cible" va accompagner les élèves jusqu'à pré au lard, même si ca la fait royalement suer. A moi de profiter de ce créneau. Mais évidemment, tout c'était sans compter sur les deux copains qui bien sûr ont envie de goûter à la blague ! Je fais une petite grimace.

Evidemment ce serait moins rigolo pour vous, vous pourriez pas en profiter ... Alors on peut réfléchir à autre chose ?  De toutes façons, il faudra qu'on prenne nos précautions pour emmener Gaston dans l'école ! Il va au moins nous falloir un bon sort de mutisme ...

Arthur ignora la douce réponse que lui offra le Chartier pour écouter les propos de Daisy qui avait du mal à se débarrasser de sa gêne. Le lion lui sourit et continua sur le sujet suivant :

– Oh cool ! Ouais je suis Français, j’ai déménagé juste avant la rentrée de Poudlard pour des raisons qui sont pas très intéressantes. Dit-il en haussant les épaules nonchalamment. J’ai très hâte de goûter à tes cookies ! Tu cuisines souvent ? Demanda le lion avec intérêt.  

Le Chartier ne cessait de les insulter et dès qu'il ouvrait la bouche Arthur riait. Il n'était certes pas un public très compliqué, mais la créature avait beaucoup d’imagination. Il les garda en mémoire, cela pouvait toujours servir. Quoique ? Avec lui, ça lui arrivait très peu d’entrer en conflit avec quelqu’un. Mais qui sait, un drame pouvait vite arriver.  

– Elius ? C’est pas le directeur de Serpentard ça ? Sérieux, qui a pu lui dire ça ? Le bouclé rit. Il se baissa vers l’animal lorsqu’il reprit son insulte dans un français presque parfait. Ca va Matt, tu le prends comment que cette chose ait un meilleur accent que toi ?  

Il se tourna vers Le Deliers avec un sourire en coin. Lorsque son ami avait répété la phrase, il n’avait pas commenté, mais là, l’occasion était trop belle. Arthur se leva. L’idée de le balancer dans la Grande Salle ou dans l’appartement de Madame de Lanxorre, mais l’objectif premier de la Poufsouffle lui convenait aussi.

– Après c’est ton Chartier, t’en fait ce que tu veux. C’est pas grave si on profite pas tant que ça. Je serais tout autant content d’emm*rder la préfète. Sinon, aura qu’à le cacher et le faire crier dans les couloirs le temps de l’amener au-dessus du lit. J’te suis.  

Le Gryffondor se tourna vers Le Deliers pour obtenir son avis.

-Ouais, je cuisine carrément souvent ! C'est ma famille qui m'a appris. On tient un genre de .. heu ... auberge. J'aimerai bien en faire mon métier plus tard.

Les insultes permanentes de Gaston deviennent un filigrane à nos conversations. Entre deux vagues de grossièreté, on continue de parler comme si de rien n'était. La scène donne une impression surréaliste et un rien comique.

(... ) Ca va Matt, tu le prends comment que cette chose ait un meilleur accent que toi ?  

Je pouffe un peu de rire en entendant la vanne.

Qu'est-ce qu'il a mon accent.

Ces deux là forment un sacré duo. Je suis heureuse d'avoir réussi à ce qu'ils m’acceptent de temps en temps avec eux. Mais je me sens obligée de quand même prendre la défense de Matt !

-Bhoah, il est chouette ton accent je trouve ! Je pourrais ajouter qu'il me rappelle l'accent de ma maman mais j'ai comme dans l'idée qu'il ne le prendra pas bien.

Je suis surprise quand quelques instants plus tard Matt sort directement le nom de Castielle.

-Ouais c'est elle ! Comment vous avez deviné ? J'ai peu de points de référence mais on dirait que d'une manière ou d'une autre elle doit sortir du moule "ordinaire" des préfets. Et visiblement, ça ne plait pas à tout le monde ! Je ne lui veux pas foncièrement du mal de mon côté, mais j'estime qu'elle mérite au moins une bonne blague pour les punitions qu'elle a infligée à Lilith. Question d'honneur ! Il faut défendre les camarades, non ?

-C'est super sympa que vous vouliez bien m'aider ! Ca me fait super plaisir. Ça vous dirait dans un premier temps de m'aider à apprendre des insultes envers elle ?

J'hésite avant de rajouter du bout des lèvres

-J'avoue, je connais pas beaucoup de vraies bonnes insultes ... bref silence avant de reprendre ... Je comprend pas la moitié de ce que dit Gaston en fait.

Bon voilà, ça c'était avoué. Un poids de moins à porter. Je m'attend à recevoir une ou deux vannes. Des vannes légitimes, je leur en voudrais pas. Je tend le bâton pour me faire battre, je vais pas me plaindre après.