Durant leurs années à Poudlard, Lilith ne l'avait jamais marquée par un besoin de reconnaissance, ou une manque de confiance en elle. Plutôt l'inverse, en réalité, elle était une lionne qui n'aurait jamais laissé personne lui marcher dessus. Aussi, quand elle lui dit : "Tu saurais réagir. Parce que tu es plus réfléchie, plus intelligente et surtout plus douée que moi." Izsa se rendit compte qu'elle avait vraiment changé. Ce type avait brisé quelque chose en elle. Pas que la Serpentard refuse les compliments, mais ses compliments là lui restait en travers de la gorge. Se comparer aux autres... ça n'était pas une bonne idée. On était toujours nuls, quand on cherchait un peu. Ça n'était pas sain de s'y arrêter.

- Le pire, c'est qu'il n'est peut-être même pas mort. Parfois, je me demande ce que je préférerai : être une meurtrière mais en être débarrassé, ou l'avoir loupé et qu'il trouve une autre "victime" ?

Izsa ne lui répondit pas là-dessus, parce qu'elle savait exactement ce qu'elle préférait, elle. Qu'il soit encore en vie. Elle ne voulait pas que son amie est commis un tel crime. La Phénix était de ces gens avaient beaucoup de scrupules, ce qui était étonnant quand on considérait à quel point elle fonçait dans des situations dangereuse. Mais non : elle n'avait jamais tué, et ne comptait jamais le faire. Même les Mangemorts, elle ne les tuerait pas si elle en avait la possibilité. C'était la faute d'Eb : on se savait pas ce qu'il y avait derrière les masques. Il pouvait s'agir d'amis, de parents, de jeunes gens ayant tout juste quitté Poudlard ou y étant encore. Même si -peut-être- il existait des gens profondément mauvais, dans leur essence même, il était peu probable que ça soit la majorité d'entre eux. Aussi Izsa ne pardonnait pas, mais elle considérait qu'il y avait une marge de punitions entre l'exécution et laisser la personne libre. Et ce type, même si il était de toute évidence un énorme c*nnard, ne méritait probablement pas de mourir.

Mais pendant qu'elle s'était perdu dans des considérations philosophiques, Lilith avait commencé à répondre à sa dernière question. Sa famille. Sa mère, en particulier.

- J'ai dis que je rentrais en Angleterre, retrouver mes amis "comme moi". Ma mère n'a jamais bien compris ce que j'avais de différent, donc elle n'a pas posé plus de questions que ça. Je leur écrirai. Plus tard.

D'accord. Pour le coup, Izsa retenait tout avis sur la question. C'était, comme on disait dans le jargon, pas ses Bubobulb. Elle voulait surtout tester l'eau, voir où elle pourrait mettre les pieds à l'avenir. Pas trop dans ce bassin, de toute évidence.

- Tu sais, tu es la seule qui a continué à m'écrire après mon départ. Même si ça n'a duré qu'un an. J'étais en colère, et jalouse de ceux qui étaient restés. J'ai préféré couper les ponts. Mais s'il te plait, ne soit pas désolée. Si il y a une personne qui devrait s'en vouloir, c'est Rurik... Il m'a donné le goût du sang, m'a embarqué dans des histoires moldues de mafia, et m'a abandonnée dès qu'il en a eu l'occasion.

Wait. Wait. La mafia ? Il y avait tout un chapitre qu'Izsa avait manqué. Elle n'était pas étonné que le sorcier russe est ce genre d'activité illégale, ça non. Sans rien savoir en particulier, elle n'était pas aveugle, ni stupide. Mais il avait emmené Lilith là-dedans ? Non mais il était complètement irresponsable ou quoi ? Oui, se rappela-t-elle alors, il était complètement irresponsable. Rurik lui avait pourtant appris deux grandes leçons qui lui servaient aujourd'hui très régulièrement : 1/ ne jamais s'attaquer à plus fort que soit 2/ si la condition 1 ne peut être remplie, toujours avoir un médicomage sous la main. Mais il semblerait que Lilith avait reçut des leçons bien différentes.

- Alors lui, par contre... Je pense qu'il est mort. De là à savoir si il avait disparu avant ou bien de manière concomitante, c'était une autre affaire. Les résultats en demeurait le même.

Elles étaient proches du Chemin de Traverse à présent. Cela devait rappeler des souvenirs à son amie. Était-elle revenue ici depuis son retour ? Vu ce qu'elle lui avait dit, elle en doutait. Izsa sourit :

- Allez, assez parlé de ça. Est-ce que tu veux voir Ollivander's ? Les choses ont pas mal changé. Il y a eu... comme qui dirait... un accident. Un vol, un incendie, et une Izsa qui ne maîtrise pas sa Manumagie. Alors j'ai tout refais à neuf. Puis elle réalisa que cela faisait peut-être beaucoup de choses d'un coup, pour quelqu'un qui revenait de mettre les pieds dans le monde sorcier. Sauf si tu veux juste rentrer dans l'appart et te reposer, après ta journée.

- Mmh... Voilà, sur ce grognements que Rurik lui-même n'aurait pas renié, Lilith décida de clôturer le sujet du Russe.

Mort, il ne l'était sûrement pas à la réflexion. Trop coriace, trop têtu aussi... Mais cela ne les concernerait plus puisque de toute manière elles ne le reverraient surement jamais.  

- Allez, assez parlé de ça. Est-ce que tu veux voir Ollivander's ? Les choses ont pas mal changé. Il y a eu... comme qui dirait... un accident. Oh ? Bizarrement, les "accidents" cachaient souvent plus que ça lorsqu'on trainait dans l'entourage d'une Phénix. Et Lilith se douta qu'Ollivander's ne devait pas faire exception. Alors j'ai tout refais à neuf.  Sauf si tu veux juste rentrer dans l'appart et te reposer, après ta journée.

Lilith retrouva instantanément un grand sourire. Et toute son énergie. Elle se mit presque à sautiller et répondit avec enthousiasme à Izsa.

- Allons chez Ollivander's ! Et par la même occasion, je t'offre un truc à grignoter sur le chemin. Lilith faufila une main dans sa besace et compta rapidement les pièces qui glissaient entre ses doigts. Par contre, coté moldu, j'ai que ça comme argent sur moi. Ça te va ?

L'idée d'aller voir la boutique de baguettes magique n'était pas particulièrement alléchante pour Lilith. Cependant, cela signifiait retourner rue de Traverse et la sorcière en mourrait d'envie tout compte fait. Seule, elle avait tourné autour toute la journée sans oser passer le cap. Alors qu'avec Izsa à ses cotés elle pouvait déplacer des montagnes !
De plus, la jeune sorcière n'était pas fatiguée. Elle avait trainé toute la journée, avait bu des cafés au gout douteux, avait grignoté un sandwich poulet-mayo passable ... Bref, rien qui justifia qu'elle souhaite se reposer.
Remise de ses dernière émotions, Lilith entendit de nouveau son estomac protester. Même si Izsa ne voulait rien manger, elle, elle allait trouver quelque chose à se mettre sous la dent de toute urgence. "Ventre affamé n'a pas d'oreille" disait sa mère. Une phrase des plus sages pour une fois.